Oliver James Bearman est né le 8 mai 2005 à Chelmsford, une ville du comté d'Essex à cinquante kilomètres de Londres. Son père, David, fut en son temps un pilote de club et a transmis sa passion de la course automobile à son fils ainé.
Initié très tôt à l'incontournable discipline du karting, il débute en compétition dès ses huit ans par une anonyme 49e place. Mais très vite, il se distingue malgré son jeune âge. Ainsi il truste vite les podiums des compétitions majeures de cadets en Angleterre que ça soit au championnat national Super 1 (2nd en 2016 et 2017) ou au Kartmasters britannique (Deuxième en 2016 et vainqueur en 2017). Passé en catégorie Junior, il continue d'accumuler podiums et victoires et décide de se lancer en monoplace dès 2020.
Inscrit parallèlement dans les championnats allemands et italiens de F4, ses débuts, à tout juste quinze ans, sont remarquables : une victoire et une septième place au classement général de l'ADAC ainsi qu'une autre victoire dans le championnat transalpin. Oliver confirme son double programme germano-italien pour 2021 et fait coup double : six victoires et le titre en Allemagne ; onze victoires et le titre en Italie. Le garçon est tellement en avance sur ses objectifs qu'il fait même une première incursion en F3 britannique : deux secondes places à ses deux premières courses puis une victoire en milieu de saison pour son retour sur la grille. Impressionnée par le jeune pilote britannique, la Scuderia Ferrari l'enrôle dès cette fin de saison dans son académie de jeunes pilotes.
Zappant la possibilité de s'engager dans des championnats régionaux de F3, Oliver est enrôlé pour le championnat FIA de Formule 3 par la puissante écurie Prema Racing, triple tenante du titre pilote dans la catégorie. S'il peine à franchir la ligne d'arrivée en première position dans un championnat très relevé (une victoire à Spa tout de même), sa régularité lui permet d'aborder l'avant-dernier meeting à Zandvoort en deuxième place du général à un petit point du leader. Las, il ne trouve pas les bons réglages sur la piste néerlandaise et conclut la course sprint à une onzième place alors qu'une pénalité de vingt secondes dans la course principale l'oblige à finir à une lointaine 25e position. S'il se rattrape au cours du dernier weekend de course à Monza, il échoue à la troisième place du classement final du championnat.
Néanmoins ce n'est pas cet échec relatif qui va entraver la marche en avant du pilote anglais et il est promu en Formule 2 dès la saison 2023, toujours au sein de Prema. Au contraire de la saison de F3, cette fois-ci c'est la régularité qui va lui faire défaut. Quatre abandons, huit autres arrivées hors des points font qu'il ne glane pas mieux qu'une sixième place au championnat. Mais toujours en effet miroir de sa saison précédente, il brille par ses coups d'éclats : quatre victoires dont un coup double dans les rues de Bakou prouve que le talent est bien là et qu'il ne demande qu'à mûrir. Car il faut bien préciser que pour ses débuts dans la discipline, Oliver était le plus jeune des participants avec ses dix-huit ans. Et cette précocité et ce coup de volant vont être récompensés puisqu'Oliver se voit promus en Formule 1, au sein de l'écurie Haas, pour laquelle il participera à la première séance d'essais libres à Mexico et Abu Dhabi ainsi qu'à la séance d'essais organisée après le Grand Prix sur le circuit de Yas Marina.
Il est donc tout à fait logique qu'il soit reconduit au sein de la même structure et du même championnat pour 2024. Si son premier weekend de course est totalement raté (16e puis 15e en course), la deuxième manche à Jeddah s'annonçait bien meilleure puisqu'il signait la pole position. Mais un évènement va l'empêcher de prendre part aux deux courses du weekend.
Et cet évènement, c'est chez la Scuderia Ferrari qu'il va se produire : malade depuis quelques jours, Carlos Sainz est contraint de déclarer forfait pour le reste du Grand Prix d'Arabie Saoudite, victime d'une crise d'appendicite. Seul pilote de réserve de la Scuderia présent sur place c'est à Oliver qu'on va demander de piloter la seconde SF-24 pour le reste du weekend. Nommé juste avant la troisième séance d'essais libres, il va devoir utiliser celle-ci pour apprendre la voiture du mieux possible, accumulant les tours (22, le plus haut total des pilotes sur cette séance) mais réalisant une honnête dixième performance au final. S'il passe aisément la première séance de qualification, il se cassera les dents sur le cut de la deuxième, échouant à la onzième place, ce qui reste un résultat remarquable pour un pilote qui vingt-quatre heures plus tôt était encore en F2 ! Auteur d'une course extrêmement solide où il effectuera quatre dépassements, Oliver s'installe à la septième position à douze tours de l'arrivée. Et durant ces douze tours, il aura réussi à contenir les velléités plus ou moins convaincantes de Lando Norris et Lewis Hamilton. Fort de cette performance haut-de-gamme, Oliver déclenche une vague de commentaires et de questionnements de la part des suiveurs de la discipline reine : est-il un futur crack ou la F1 est-elle devenue trop "facile" ? Seul l'avenir (et Oliver Bearman lui-même) pourra apporter les réponses.
Alex Mondin