Il fait peu de doute que le jeune brésilien devait sa place en Formule 1 davantage à sa nationalité et à l'estime que lui portait Emerson Fittipaldi, qu'aux talents qu'il avait démontrés.
Comme beaucoup de jeunes pilotes de son pays, Chico débute chez lui, au Brésil, avant de devoir émigrer en Grande Bretagne. Que ça soit en Kart, en Formule Vé ou en Formule Ford, Serra se distingue largement pour mériter sa place dans le très réputé championnat britannique de F3. Et comme le veut la tradition, lorsqu'il débarque en Angleterre, c'est l'ancien, Emerson Fittipaldi qui vient le chercher et l'héberge les premiers temps.
Mais son premier championnat ne se déroule pas aussi bien qu'espéré. Il est largement dominé par son compatriote Nelson Piquet avant de redorer son blason la saison suivante, au point d'accéder à l'antichambre de la F1, la Formule 2. Mais cette saison 80 qu'il dispute au volant d'une March marque un point d'arrêt dans la carrière de Chico. A son bon début de saison, ponctué par trois quatrièmes places en quatre courses, on oppose la suite de la saison où il accumuler les déboires, abandons et accident. Il termine seulement treizième du championnat Européen.
Néanmoins, la chance sourit à Serra pour 1981. Emerson Fittipaldi, qui dirige sa propre écurie de F1, se sent incapable de cumuler les casquettes de Directeur et de Pilote. Il choisit ainsi de confier une de ses voitures à son jeune compatriote. Mais la Fittipaldi n'est pas une voiture de pointe, bien au contraire. Chico est contraint lors de chaque Grand Prix de lutter pour se qualifier. Il n'y parvient qu'à six reprises, obtenant malgré tout une très belle septième place, pour son premier Grand Prix, à Long Beach.
Pour 1982, Chico est reconduit chez Fittipaldi où il est l'unique pilote, la structure brésilienne n'ayant plus les moyens d'aligner deux voitures. Mais l'histoire se répète, la voiture dessinée par Ricardo Divila est hors-jeu et ne permet pas à Chico de briller. A une exception notoire. A l'occasion du triste Grand Prix de Belgique, Chico se qualifie en vingt-troisième position. Profitant des abandons, mais également auteur d'une très belle course, Chico se permet d'aller cueillir la sixième place, synonyme d'un point au championnat du monde. Ce sera l'unique de la saison et même l'unique de la carrière du jeune brésilien. Le reste de la saison ne reste pas dans les annales malgré une septième place en Autriche. A la fin de la saison, l'écurie est contrainte de mettre la clef sous la porte. Chico se retrouve provisoirement sans volant.
Provisoirement ? Oui, car en début de saison, Arrows, à la recherche d'un second pilote avec budget, fait appel à Chico. Mais le jeune brésilien n'a le budget que pour les cinq premières courses de la saison. La saison commence chez lui, au Brésil, où il finit à une honorable neuvième place. Lors des deux épreuves suivantes, la Course des Champions et le Grand Prix de France, Chico est contraint à l'abandon à cause de problèmes avec sa boîte de vitesses. Lors du Grand Prix de San Marin, il finit par une très belle huitième place, avant d'obtenir son meilleur résultat à Monaco, avec une septième place à quelques mètres de l'Alfa Romeo de Mauro Baldi.
A cours de budget, Chico voit sa carrière en F1 s'interrompre ici. On ne le reverra que très rarement en Europe : abandon aux 1.000 Kms du Nürburgring. Ses autres participations à des épreuves internationales sont aussi rares : une aux 1.000 Kms de Kyalami et une à une course d'Indycar, à Portland, à chaque fois, contraint à l'abandon.
Chico retourne ensuite au Brésil où il participe encore à de nombreuses courses dans des disciplines très variées.
Alex Mondin