Présentation de l'épreuve
Le paddock retrouve les bords de la mer Caspienne pour la huitième édition de ce Grand Prix à Bakou. Ce ne sera pas la dernière puisque le contrat signé entre la capitale azérie et la Formule 1, qui expire fin 2026, devrait sans aucun doute être renouvelé. Et ce malgré un contexte géopolitique régional très tendu à cause des récentes guerres entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, et de l'annexion par ce dernier de la région du Haut-Karabagh en 2023. Par ailleurs, le gouvernement azéri est accusé par la France d'ingérence dans les émeutes qui secouent depuis le printemps la Nouvelle-Calédonie: c'est pourquoi, en guise de rétorsion, la Formule 1 doit se passer ce week-end des services de Météo France, son service météorologique et radar officiel.
Il est bien difficile de désigner un favori avant cette épreuve sur ce tracé si atypique. Une portion sinueuse dans la vieille ville réclamant beaucoup d'appuis précède en effet une interminable ligne droite où la vitesse de pointe est primordiale. La principale question est de savoir où en est Red Bull après un Grand Prix d'Italie calamiteux. L'écurie austro-britannique, qui écrasait la concurrence en début de saison, ne cesse de régresser dans la hiérarchie et court après la victoire depuis le GP d'Espagne, fin juin. Ainsi, si Max Verstappen conserve grâce à ses sept succès du début de saison une solide avance au classement des pilotes, RBR (446 points) est très menacée chez les constructeurs par McLaren (438 pts) et Ferrari (407 pts). Le Taureau Rouge peut-il encore renverser la vapeur ? Les évolutions apportées à la RB20 paraissaient si peu efficientes que celle-ci a retrouvé son fond plat de Bahreïn. Christian Horner assure néanmoins que son équipe n'est pas démotivée et se battra jusqu'au bout pour conserver les deux titres: « Tout ce qui est négatif est positif (sic). Et Monza a mis en lumière certains problèmes-clés de la voiture. Cela nous a donné une direction de recherche claire. Toute l'équipe, des pilotes qui passent beaucoup de temps sur le simulateur jusqu'à chaque département, est vraiment déterminée à vaincre. »
En Italie, McLaren a dominé les essais et les qualifications, mais s'est inclinée en course face à la Ferrari de Charles Leclerc qui avait mieux préservé ses gommes du grainage. L'équipe papaye ne veut plus laisser passer ce genre d'occasions. Afin de remporter le titre des constructeurs, ce qui serait une première depuis... 1998. Et pour permettre à Lando Norris de devenir champion du monde, même s'il concède 62 points à Max Verstappen. Ce dernier l'a clairement désigné comme son rival n°1 pour la fin de saison, mais le Britannique admet que sa tâche est difficile: « Max peut dire ce qu'il veut, c'est lui qui a 60 points d'avance, remarque-t-il. Ce n'est pas facile de rattraper cela en huit courses. Même si je gagne à chaque fois, cela devient très difficile. Je préférerais être à sa place. » Norris est d'autant plus gêné aux entournures qu'il doit aussi prendre la mesure de son ambitieux équipier Oscar Piastri qui joue toujours sa propre partition, comme l'a montré son assaut réussi contre l'autre McLaren à Monza. Et ce, avec la bénédiction de Zak Brown et d'Andrea Stella qui refusent pour le moment d'établir une hiérarchie entre leurs deux jeunes loups.
La Scuderia Ferrari revoit son organigramme après le départ d'Enrico Cardile vers Aston Martin et sa tentative infructueuse de recruter Adrian Newey. L'ingénieur français Loïc Serra, arrivé en mai 2024 en provenance de Mercedes, succède à Cardile au poste de directeur technique en charge du châssis. Il chapeautera cinq directeurs de départements: Fabio Montecchi (ingénierie), Marco Adurno (performance), Diego Tondi (aérodynamisme), Matteo Togninalli (ingénierie de piste) et Diego Ioverno qui cumule les fonctions de directeur sportif et de responsable de la performance pour le châssis. Le Belge Jérôme d'Ambrosio, lui aussi chipé à Mercedes, prend en outre ses fonctions d'adjoint de Frédéric Vasseur, en charge de l'Académie Ferrari.
Au soir du GP d'Italie, Kevin Magnussen accumulait 12 points de pénalité sur son « permis » et est donc suspendu pour ce GP d'Azerbaïdjan. En toute logique, Haas le remplace par le jeune Oliver Bearman qu'elle titularisera en 2025. Ce dernier effectue donc sa deuxième « pige » de la saison, après celle, très réussie, avec Ferrari à Djeddah. Et Bearman pourrait briller sur les bords de la mer Caspienne puisqu'il avait ici même dominé le meeting de Formule 2 en 2023, remportant les deux courses, sprint et principale. L'opportunité est à saisir, d'autant qu'Ayao Komatsu laisse entendre qu'il garderait bien l'Anglais jusqu'à la fin de la saison, en lieu et place d'un Magnussen dont la carrière en F1 est de toute façon finie. Cependant, la suspension de ce dernier fait grincer des dents dans le paddock. Après tout, son infraction à Monza, un petit « coup de coude » contre Pierre Gasly dans un freinage, était mineure. Lors du briefing des pilotes, ce même Gasly s'élève pour demander une réforme du permis à points pour 2025, afin que seules des conduites vraiment scandaleuses débouchent sur ce genre de punition.
Stake-Sauber et Audi n'ont pas encore annoncé le nom du futur coéquipier de Nico Hülkenberg. Si Guanyu Zhou, auteur d'une saison calamiteuse, paraît désormais hors-jeu, Valtteri Bottas conserve l'espoir de rester à Hinwil grâce à son expérience et des résultats corrects vue la profonde médiocrité de son bolide. Le Finlandais a pris langue avec Mattia Binotto, et à Bakou affirme être « certain » d'être prolongé pour 2025. Mais cela semble pure fanfaronnade, car Binotto souhaite associer un jeune espoir au vétéran Hülkenberg. Son premier choix était sans Liam Lawson, mais Red Bull refuse de céder ce dernier, sans doute pour lui donner un volant chez Visa Cash RB. Théo Pourchaire, champion en titre de F2 et ancien de la maison Sauber, a un excellent pedigree, mais n'amènerait aucun sponsor. Ce n'est pas le cas du Brésilien Gabriel Bortoleto, champion de Formule 3 en 2023, en lice cette saison pour le titre de F2 et puissamment soutenu par la Banco de Brasilia. Conseillé par A14, la société de management de Fernando Alonso, le Pauliste est certes sous contrat avec McLaren, dont il a intégré la filière « jeunes » voici un an, mais un accord de prêt aurait été conclu entre Woking et Hinwil.
Les salariés de Viry-Châtillon poursuivent leur mobilisation pour protester contre l'abandon du groupe propulseur Renault par Alpine F1 Team. Soutenus par la CGT, ils organisent jeudi 12 septembre une manifestation devant le siège historique du Groupe Renault à Boulogne-Billancourt, tandis qu'environ 40 d'entre eux protestent le même jour sur le circuit du Mans. Les autres sites de fabrication du constructeur français annoncent leur soutien au mouvement. Mais ce dernier ne déplace pas les foules, en dépit des déclarations des syndicats. La résignation semble l'emporter. Luca de Meo fait tout de même un geste en acceptant de rencontrer les salariés de Viry après le GP d'Azerbaïdjan, le vendredi 20 septembre. Dans le même temps, le team principal Oliver Oakes annonce que l'usine châssis d'Enstone va faire l'objet d'une étude similaire à celle subie par Viry, afin de détailler ses forces et ses faiblesses. D'autres têtes pourraient donc valser de l'autre côté de la Manche...
Un peu avant cette course, la FIA annonce que toutes les équipes ont respecté le plafond budgétaire en 2023. Une bonne nouvelle, d'autant que cet exercice marquait l'entrée en vigueur de la réglementation concernant les motoristes qui sont tous restés dans les clous. Alpine Racing SAS (ex-Renault Sport) et Honda Racing Corporation se font toutefois taper sur les doigts pour des violations de procédure. Les infractions sont toutefois bénignes et les deux entités ne les contestent pas. Elles devraient s'en sortir avec un « accord de violation accepte », ce qui avait été proposé en 2022 à Red Bull qui avait dépassé le budget capé.
Le risque d'accident étant élevé à Bakou, les écuries y apportent peu d'évolutions. Red Bull adopte un plancher qui reprend des solutions des différentes spécifications aperçues cette année. Aston Martin apporte de nouvelles pièces sur son train arrière, tandis que Visa Cash RB se singularise en apportant un aileron avant spécifique pour ce tracé.
Essais et qualifications
Vendredi, sous, le soleil, Verstappen réalise le meilleur chrono (1'45''546''') de la première séance d'essais libres, interrompue par des accidents de Leclerc et Colapinto. Un peu plus tard, Leclerc est le plus rapide (1'43''484'') des seconds essais devant Verstappen et Pérez. Samedi, sous un ciel gris, Russell prend l'avantage (1'24''514''') devant Leclerc et Norris. Deux drapeaux rouges sont brandis, suite à une panne d'Ocon et un accident de Bearman.
Un peu plus tard, Leclerc réalise ici la pole position (1'41''365''') pour la quatrième année consécutive, et cette fois estime que la Ferrari peut le conduire à la victoire sur ce circuit. Sainz se classe troisième sur un tracé qu'il n'apprécie guère de son propre aveu. Piastri hisse en seconde position une McLaren qui paraissait jusqu'ici rétive. L'Australien concède toutefois 3/10e à Leclerc. C'est la bérézina en revanche pour Norris (15e) qui ne peut effectuer un dernier tour en Q1 à cause d'un drapeau jaune et est donc éliminé d'emblée. Il devra remonter le peloton dimanche. Surprise chez Red Bull: pour la première fois en 2024, Pérez (4e) devance Verstappen (6e) qui se plaint d'un changement de configuration générant du « marsouinage » en entrée et en sortie de virage. Chez Mercedes, Russell (5e) roule avec un groupe propulseur usagé après une alerte vendredi tandis que Hamilton (7e temps) peine à nouveau à maintenir ses pneus en température. Le septuple champion du monde sera ensuite relégué en fond de grille pour un changement de moteur. Alonso (7e) se dit satisfait de son Aston Martin, contrairement à Stroll (13e) qui pointe un manque d'équilibre.
Malgré son crash de la veille, le jeune Colapinto (8e) fait forte impression en plaçant sa Williams en Q3, qui plus est juste devant son équipier Albon (9e). Ce dernier est victime d'un incident peu banal: il quitte les stands avec un ventilateur fiché dans le ponton droit de sa FW46 et manque de peu d'estropier un mécanicien... Cet incident vaut 5000 $ d'amende à Williams. Les néophytes ont décidément le vent en poupe, puisque Bearman (10e) place sa Haas-Ferrari devant celle d'Hülkenberg (12e). Tsunoda se classe 11e avec une Visa Cash RB en progrès selon lui. Ricciardo (14e) est éliminé dès la Q1. Alpine vite un week-end cauchemardesque. Gasly atteint la Q2 avant d'être disqualifié à cause d'un débit massique de carburant excédentaire. Une nouvelle erreur... Victime de deux pannes lors des essais, Ocon frotte quant à lui le mur en Q1 et ne peut pas aller plus loin. Enfin, les Kick-Sauber sont en queue de peloton. Bottas (16e) précède Zhou (17e), pénalisé suite à des changements d'éléments sur son groupe propulseur.
Le Grand Prix
Il se déroule dans une atmosphère très estivale (25°C). La chaleur de la piste (40°C) pourrait éprouver les pneus, mais les équipes tablent sur un arrêt unique. Pirelli a en effet choisi ses composés les plus rigides. La majorité du peloton s'élance en pneus médiums (C2). Albon, Colapinto, Ricciardo, Norris, Ocon, Gasly et Zhou ont choisi les durs (C1) et partent donc pour un très long premier relai. Hamilton s'élance depuis les stands après que Mercedes a décidé de lui monter son cinquième V6 thermique de la saison. Voilà qui donne un léger coup de pouce à Norris qui s'élancera finalement 15e. Ocon part aussi depuis la pit-lane après que son Alpine a été retouchée durant le parc fermé.
Départ: Leclerc reste en tête devant Piastri tandis que Sainz déborde Pérez par l'intérieur. Mais le Mexicain reprend l'ascendant par l'intérieur au second tournant. Verstappen double Russell au même endroit.
1er tour: Stroll harponne Tsunoda au virage n°4. Le Japonais peut continuer mais le Canadien est victime d'une crevaison à l'avant-gauche. Leclerc mène devant Piastri, Pérez, Sainz, Verstappen, Russell, Alonso, Colapinto, Albon et Bearman. Norris est remonté au 12e rang. Stroll rentre aux stands pour changer ses pneus.
2e: L'usage du DRS est autorisé. Leclerc compte un peu moins d'une seconde d'avance sur Piastri. Norris bute sur Tsunoda.
3e: Norris double Tsunoda au virage n°2. Le Japonais s'incline ensuite devant Hülkenberg et Ricciardo.
4e: Piastri reste au contact de Leclerc. Pérez est quelque peu distancé. Tsunoda se fait doubler par Gasly et Hamilton.
5e: Leclerc devance Piastri (0.7s.), Pérez (2.5s.), Sainz (4s.), Verstappen (6s.), Russell (6.8s.), Alonso (9.8s.), Colapinto (11.2s.), Albon (12.7s.), Bearman (13.8s.), Norris (17.4s.) et Hülkenberg (18.6s.).
6e: Leclerc roule en 1'48''052''' et repousse Piastri hors de la zone d'activation du DRS. En pneus durs, Norris peine à rattraper Bearman, doté de pneus médiums. Hamilton est mécontent de ses pneus jaunes et reste bloqué derrière Gasly.
8e: Leclerc porte son avance sur Piastri à deux secondes et demie. Norris a rejoint Bearman et le déborde par l'intérieur sur la ligne.
9e: Leclerc précède Piastri (2.6s.), Pérez (3.8s.), Sainz (6.8s.), Verstappen (9s.), Russell (12.6s.), Alonso (15.8s.), Colapinto (17.2s.), Albon (18.2s.) et Norris (21.4s.).
10e: Piastri a usé ses pneus dans l'air sale. Il est distancé par Leclerc et est désormais quelque peu menacé par Pérez. Colapinto passe chez Williams pour mettre les pneus durs. Hülkenberg double Bearman.
11e: Leclerc compte trois secondes et demie de marge sur Piastri. Alonso et Bottas prennent les enveloppes dures.
13e: Verstappen chausse les pneus durs (3.1s.) et se relance en dixième position. Russell et Hamilton se succèdent chez Mercedes pour s'emparer du même composé. Tsunoda change aussi ses enveloppes.
14e: Six secondes séparent Leclerc et Piastri. Pérez s'empare de gommes blanches (2.6s.) et se réinsère en 6e position, derrière Norris. Verstappen se défait de Ricciardo sur l'avenue Neftçilər.
15e: Norris contient Pérez, plus rapide avec ses pneus frais. Russell prend la neuvième place à Gasly, puis déborde Ricciardo. Bearman bascule sur les pneus durs. Tsunoda abandonne car son ponton droit est percé depuis sa touchette avec Stroll.
16e: Piastri passe chez McLaren pour prendre des gommes dures. Pérez se défait de Norris avant le premier virage, mais l'Anglais a joué son rôle de bouchon: le Mexicain reste derrière Piastri. Hülkenberg prend des gommes dures.
17e: Leclerc fait escale chez Ferrari pour chausser les gommes blanches et ressort des stands juste devant un peloton comprenant Albon (qui n'a pas stoppé), Piastri et Pérez. Sainz recueille le commandement.
18e: Sainz s'empare à son tour des pneus durs et repart sixième. Leclerc retrouve le leadership. Piastri déborde Albon sur la ligne de chronométrage, puis recolle assez vite à Leclerc qui peine à faire chauffer ses nouveaux pneus. Pérez attaque à son tour Albon au virage n°3, sans succès.
19e: Pérez double Albon sur l'avenue Neftçilər. Leclerc devance Piastri (0.8s.), Pérez (3s.), Albon (3.7s.), Norris (5.3s.), Sainz (8.8s.), Verstappen (10s.), Russell (15s.) et Alonso (21.3s.). Colapinto prend la 10e place à Gasly.
20e: Piastri ouvre son DRS dans la très longue ligne droite, prend l'aspiration de Leclerc, plonge à l'intérieur au freinage et s'impose. Le pilote Ferrari a été surpris. Il tente de répliquer dans le bout droit suivant, mais l'Australien lui bloque le passage à gauche. Leclerc actionne son DRS sur la rue Xaqani, mais celle-ci est trop courte pour qu'il puisse menacer le nouveau leader.
21e: Leclerc prend l'aspiration de Piastri sur l'avenue Neftçilər sans pouvoir se porter à sa hauteur. Pérez revient sur les deux leaders. Ce trio se tient en une seconde et demie. Sainz et Verstappen reviennent sur Norris qui se débat avec des pneus usés.
23e: Leclerc demeure dans le sillage de Piastri. Sainz déborde Norris au virage n°1. Second arrêt de Stroll.
24e: Sainz dépasse Albon au premier tournant et conquiert ainsi la quatrième place. Verstappen reste, pour sa part, bloqué derrière Norris qui lui résiste aux virages n°1 et 2, puis verrouille toutes les issues dans la deuxième ligne droite.
25e: Piastri mène devant Leclerc (0.8s.), Pérez (1.8s.), Sainz (11s.), Albon (13.7s.), Norris (14.8s.), Verstappen (15.4s.), Russell (18s.), Alonso (30s.) et Colapinto (31.8s.). Hülkenberg chipe la 11e place à Gasly.
26e: Leclerc maintient la pression sur Piastri sans porter d'attaque. Norris et Verstappen ont rejoint Albon.
28e: Norris ne peut pas attaquer Albon avec ses gommes usées. Verstappen klaxonne derrière lui, d'autant que Russell fait la jonction avec ce trio.
29e: DRS ouvert, Leclerc tente de déborder Piastri au bout de la grande avenue, mais ce dernier lui coupe l'aspiration en piquant vers la gauche. Le Monégasque se place alors à droite, mais il n'est pas en mesure de s'imposer au freinage.
30e: Piastri précède Leclerc (0.6s.), Pérez (1.9s.), Sainz (10.5s.), Albon (21s.), Norris (21.5s.), Verstappen (22s.), Russell (22.6s.), Alonso (36s.) et Colapinto (38.4s.). Hamilton prend la 12e position à Gasly qui n'a toujours pas stoppé. Bearman double aussi le Rouennais.
31e: Leclerc esquisse une attaque contre Piastri avant le premier virage, mais sans succès. Norris est dans un premier temps rappelé au stand McLaren, avant qu'un contre-ordre ne lui enjoigne de rester en piste.
32e: Russell tente en vain de doubler Verstappen au premier tournant. Albon se saisit de pneus médiums et repart devant Hülkenberg qui le dépasse dans la foulée.
33e: Leclerc assaille Piastri au bout de la longue avenue, mais ce dernier se défend bien et l'empêche de se glisser à l'intérieur au freinage. À la réaccélération, le Monégasque se porte presque à la hauteur de l'Australien qui se rabat pour lui couper l'élan et conserve l'ascendant.
34e: Sainz remonte sur le trio Piastri - Leclerc - Pérez. Russell déborde Verstappen au passage de la ligne et obtient ainsi la sixième position. Alonso emmène un peloton compact comprenant Colapinto, Hülkenberg, Bearman et Hamilton.
35e: Piastri devance Leclerc (0.8s.), Pérez (1.7s.), Sainz (6.7s.), Norris (21.5s.), Russell (23.2s.), Verstappen (25s.) et Alonso (42.2s.). Hülkenberg passe devant Colapinto. Arrêt de Zhou.
36e: Leclerc escalade le vibreur du virage n°16 et rattrape un début d'embardée. Il reste néanmoins au contact de Piastri. Colapinto laisse filer son équipier Albon.
38e: Norris stoppe enfin pour chausser des pneus médiums et se relance septième. Albon reprend la dixième place à Hülkenberg.
39e: Piastri n'a toujours que sept dixièmes d'avance sur Leclerc. Pérez est un peu décroché et voit Sainz le rattraper.
40e: Piastri mène devant Leclerc (0.6s.), Pérez (2.7s.), Sainz (5.5s.), Russell (22.1s.), Verstappen (23.6s.), Norris (36.2s.), Alonso (44.8s.), Albon (47.4s.) et Hülkenberg (49.5s.).
41e: Leclerc essaie à nouveau de se porter à la hauteur de Piastri avant le premier virage, mais en vain. Tous deux glissent ensuite de concert sur le trottoir du virage n°16. Hamilton dépasse Bearman.
42e: Pérez est revenu sur Piastri et Leclerc, mais lui-même est désormais sous la menace de Sainz. Norris signe le meilleur tour de la course (1'45''255''') et remonte à grandes enjambées sur Verstappen.
45e: Leclerc tente un dernier assaut contre Piastri au bout de l'avenue Neftçilər, mais l'Australien freine tôt, et il manque quelques mètres au Monégasque pour se porter à sa hauteur. Norris est revenu à cinq secondes de Verstappen.
46e: Sainz fait la jonction avec le groupe de tête. Les quatre premiers se tiennent désormais en trois secondes. Alors 17e, Stroll renonce suite à un problème de freins.
47e: Les pneus de Leclerc commencent à crier grâce. Piastri s'envole et repousse son adversaire à plus d'une seconde. Leclerc une proie pour Pérez. Norris roule à une seconde et demie de Verstappen.
48e: Piastri devance Leclerc (2.3s.), Pérez (3s.), Sainz (3.8s.), Russell (14.6s.), Verstappen (20.2s.), Norris (21s.), Alonso (43s.), Albon (44.5s.), Hülkenberg (50.6s.), Colapinto (52.5s.) et Hamilton (54s.).
49e: Piastri s'enfuit vers la victoire. Pérez bute sur Leclerc, ce qui permet à Sainz de se mettre sur ses talons. Norris assaille Verstappen au premier virage et le dépose sans peine. Colapinto double Hülkenberg et retrouve les points. Aux termes de premiers relais interminables, Ricciardo, Gasly et Ocon changent leurs pneus.
50e: DRS ouvert, Pérez déborde Leclerc sur la ligne, mais ce dernier reste à gauche de la Red Bull. Au premier virage, Leclerc freine tard, s'infiltre à l'intérieur et repasse en force. Déporté vers l'extérieur, Pérez se fait doubler par Sainz à la réaccélération. Au tournant suivant, le Madrilène esquisse une attaque vaine, par l'extérieur, contre son équipier. Il franchit le second tournant avec peine, ce qui permet à Pérez de se glisser à sa gauche. Les deux hommes entament la rue Xaqani lorsque Sainz se décale légèrement vers la gauche. Surpris, Pérez harponne la Ferrari avec sa roue avant-droite, et les deux bolides sont propulsés à vive allure dans le mur. La « voiture de sécurité virtuelle » est enclenchée. Pendant ce temps-là, Verstappen passe aux stands pour changer de pneus.
51e et dernier tour: Les pilotes accomplissent cette ultime boucle à vitesse réduite, tandis que Pérez et Sainz s'extraient de leurs bolides détruits et enchevêtrés pour s'expliquer chaudement.
Oscar Piastri gagne sa deuxième victoire devant Leclerc. Russell (3e) hérite d'un podium inattendu. Norris se classe quatrième, Verstappen cinquième. Alonso obtient une bonne sixième place. Albon (7e) et le surprenant Colapinto (8e) engrangent 10 points pour Williams. Hamilton est neuvième et le jeune Bearman (10e) marque un point pour sa pige avec Haas. Viennent ensuite Hülkenberg, Gasly, Ricciardo, Zhou, Ocon et Bottas.
Après la course: McLaren, retour au sommet
Oscar Piastri remporte un succès magistral, conquis avec le sang-froid et l'habileté d'un vieux briscard. Le jeune Australien, qui se dépare rarement d'un solide flegme, a su exploiter un moment de faiblesse de Charles Leclerc, à la peine avec ses pneus frais, pour lui chiper une première place qu'il n'a ensuite plus jamais rendue. « J'ai tenté de doubler Leclerc en début de course, mais j'ai alors complétement détruit mes pneus, raconte-t-il. Je n'avais plus de rythme à la fin du premier relais. Mon ingénieur m'a sermonné, me demandant de ne plus recommencer. Je pensais alors finir au mieux deuxième. Mais après l'arrêt, j'étais d'un coup plus proche, j'avais plus de grip et je savais que je devais tenter le dépassement. C'était l'instant ou jamais. Cette fois, je n'ai pas écouté mon ingénieur - désolé pour lui ! J'ai attaqué de loin, j'ai réussi, et ensuite j'ai tenté de survivre. Je n'ai soufflé un peu que quand Leclerc est sorti de la zone DRS. C'est probablement la plus belle victoire de ma carrière. Absorber cette pression pendant si longtemps a été incroyablement difficile. » Avec ce succès, Piastri assoit en outre encore davantage sa position chez McLaren. L'homme fort de la seconde partie de saison, c'est lui: si le championnat avait commencé à Imola, il en serait aujourd'hui le leader ! Dans ce contexte, pourquoi devrait-il aider Lando Norris ?...
Ce dernier a cependant bien sauvé les meubles cet après-midi. Parti 15e après des qualifications désastreuses, Norris est remonté en quatrième position et finit devant Max Verstappen. Grâce au meilleur tour en course, il reprend ainsi trois points à celui-ci. Mais cela reste trop peu dans l'optique du titre mondial. « Je pouvais franchement faire mieux ce week-end comme le montre la victoire d'Oscar, constate-t-il. Hier, j'ai eu la malchance de recevoir un drapeau jaune juste au moment où je commençais mon dernier tour. C'est une occasion manquée. » Le Bristolien reconnaît en outre avoir aidé son équipier en retenant Sergio Pérez lors de la salve d'arrêts. Andrea Stella affirme même que Piastri doit « 50 % » de sa victoire à Norris. Un prêté pour un rendu ? L'Anglais aura plus que besoin de Piastri s'il veut rattraper Verstappen au championnat des pilotes. « Je suis heureux de l'avoir aidé », clame-t-il, en espérant un retour d'ascenseur. Norris pense en outre que l'adversaire n°1 de McLaren est désormais Ferrari et perçoit en Charles Leclerc un autre rival dans la course au titre. « Cependant, grâce aux dernières évolutions, nous avons désormais une voiture capable de s'imposer sur tous les types de tracé », conclut-t-il, optimiste.
Ce dimanche 15 septembre 2024 est un grand jour pour McLaren qui, pour la première fois depuis douze ans, occupe la première place du championnat des constructeurs, qui plus est avec 20 points d'avance sur Red Bull. L'équipe de Woking aligne dorénavant, sinon la meilleure voiture du plateau, du moins la plus régulière en termes de performances, comme le soulignait Norris. « C'est une étape importante, car nous ne devons pas oublier qu'au début de la saison 2023, nous étions bons derniers », souligne Andrea Stella. « C'est le fruit d'un travail acharné de toute l'équipe. C'est d'autant plus remarquable que je ne pense pas que nous ayons la meilleure voiture. Nous n'avons pas d'avantage décisif sur Ferrari et Red Bull. Nous sommes simplement meilleurs sur certains circuits. » Cependant chacun a constaté que la MCL38 volait dans les lignes droites grâce à l'inclinaison de son aileron arrière flexible. Ce « mini-DRS » suscite la colère de Red Bull, mais jusqu'ici la FIA n'a rien trouvé à redire...
Pour la quatrième année consécutive, Charles Leclerc n'a pas converti sa pole à Bakou en victoire. Mais s'il a dû composer en 2021 avec un moteur poussif, avec une panne en 2022 et un manque de rythme en 2023, cette année la Ferrari pouvait vaincre. Hélas, lui et son équipe ont heurté deux écueils. Ils ont d'abord sous-estimé la puissance de l'undercut, alors que le Monégasque comptait six secondes d'avance sur Piastri avant son arrêt. Puis, il a mis trop de temps à appréhender les pneus durs. « Charles était un peu ''en dedans'' car il n'avait jusqu'ici pas fait de longs relais avec ces gommes, explique Frédéric Vasseur. Il était sur la défensive pendant la phase de chauffe, et c'est vrai que la prudence était de mise. Son avance a fondu et il s'est mis à portée de Piastri au pire moment. »
« La course a été assez frustrante, admet Leclerc. McLaren et nous avions deux configurations différentes. Ils avaient, je pense, un package avec moins d'appui. Nous en avions davantage ce qui nous a permis d'être assez rapides dans la section du château. Cependant, dans toutes les lignes droites, ils volaient. Et c'est probablement ainsi que j'ai perdu la course. J'ai mal évalué la situation. Quand Piastri m'a dépassé au premier virage, je n'étais pas trop inquiet. Je voulais rester dans le DRS, préserver mes pneus et tenter un dépassement plus tard. Mais cette opportunité ne s'est jamais vraiment présentée parce que nous étions trop lents dans les lignes droites. Par ailleurs, je n'avais pas une très bonne adhérence avec le pneu dur. J'ai tenté de ménager mes gommes, mais en restant 25 tours dans l'air sale, cela a fini par leur faire très mal. À la fin, ils étaient complètement usés. » Le Monégasque a eu de la chance que Carlos Sainz et Sergio Pérez s'accrochent à deux tours du but, sans quoi il aurait sûrement fini quatrième. En tout cas, avec ce quatrième podium consécutif, il conserve de petites chances dans la lutte pour le titre mondial, même si son retard sur Max Verstappen (78 points) paraît trop grand. En revanche, chez les constructeurs, Ferrari n'a que 31 points de retard sur Red Bull et peut viser au moins la seconde place.
Red Bull: la spirale infernale
Sergio Pérez n'a pas de chance. Ressuscité sur son circuit-fétiche de Bakou, où il a triomphé en 2021 et 2023, le Mexicain accomplissait sa plus belle course depuis des mois et pouvait ramasser de gros points pour Red Bull. Mais il a rencontré la route de Carlos Sainz à deux tours du but. Un accrochage invraisemblable, en pleine ligne droite, a achevé la course des deux hispanophones. Comme de bien entendu, chacun rejette la faute sur l'autre. Sainz tout d'abord: « J'ai suivi ma trajectoire de course normale. En sortant du virage n°2, nous dérivons toujours un peu vers la gauche, mais sans faire de manœuvre bizarre ou erratique. Leclerc devant moi allait aussi vers la gauche. Je suivais son sillage et Checo a décidé de me rentrer dedans alors qu'il avait beaucoup d'espace sur sa gauche. J'ai heurté le mur en béton de plein fouet ! » « À mon avis, Carlos a bougé trop vite pour suivre l'aspiration de Leclerc », estime pour sa part Pérez. « C'était juste le mauvais moment. Cela a entraîné un énorme accrochage. C'est un désastre pour le championnat. Que nos week-ends se terminent comme ça, alors que nous avions clairement plus à gagner, est catastrophique ! » Aucune responsabilité n'apparaissant clairement, les commissaires concluent sagement à un simple incident de course. En revanche, cet accident faire une victime indirecte: Antonio Pérez Garibay, le père du pilote mexicain, est victime d'un malaise cardiaque à son domicile en voyant son fils dans le mur. Ce sexagénaire est heureusement secouru à temps et s'en tire sans séquelle grave.
Sergio Pérez est d'autant plus marri que, pour la première fois depuis plus d'un an, il a dominé Max Verstappen sur l'ensemble du week-end. Le leader du championnat a vécu une nouvelle course difficile, au volant d'une RB20 à l'instabilité diabolique: « Ma voiture sautait beaucoup dans les virages lents. Les roues se détachaient littéralement du sol et je perdais contact avec le bitume. Cela m'a fait glisser davantage, surchauffait les pneus et il n'y avait aucun moyen de contourner le problème. Puis j'ai dû rentrer aux stands et j'ai eu la malchance de me retrouver coincé derrière Albon et Norris. Russell m'a dépassé, mais nous avions un bon rythme, tous les deux. Nous rattrapions les leaders, mais dès que je me suis rapproché de George, je me suis retrouvé dans l'air sale, la voiture glissait et rebondissait encore plus. J'avais en outre des soucis de freins. Nous avons payé une erreur de réglages effectuée samedi. » En effet, Verstappen, pas totalement pessimiste, estime que le fond plat révisé apporte une amélioration appréciable. Reste que Red Bull a perdu les commandes du championnat des constructeurs au profit de McLaren... tandis que Ferrari remonte dangereusement ! « Conserver le titre des constructeurs devient irréaliste, assène Helmut Marko. Nous devons tout miser sur le titre pilotes. Ici, Max n'a perdu que trois points, ce n'est pas grave. Du reste, McLaren doit composer avec deux pilotes capables de gagner. C'est un inconvénient pour eux. » Il est certain que RBR n'a guère été confrontée à ce problème ces dernières années...
Mercedes récolte un podium grâce à George Russell, mais a vécu un week-end très erratique, le comportement de la W15 variant sans cesse, notamment à chaque changement de gommes. Toto Wolff estime qu'il s'agit d'un résultat « chanceux ». De son côté, Russell pense que le problème venait davantage de Pirelli que de sa monture: « C'était une course très étrange. Pendant la première moitié de la course, j'avais 1,5 seconde de retard sur les meilleurs. Mais dans les 20 derniers tours, j'étais une seconde plus rapide que Piastri et Leclerc ! J'étais aussi bien plus rapide que Sainz et Pérez. C'était pourtant le même circuit, avec le même pilote et la même voiture. J'étais juste passé d'un pneu jaune à un pneu blanc. Autant d'incertitude est rageant. C'est de la magie noire. Même les personnes qui fabriquent les pneus ne les comprennent pas. Nous avons besoin de discuter sérieusement de cela. » Mario Isola rappelle cependant que Pirelli avait prévenu que le pneu dur serait plus efficace en course que le médium et ne comprend pas la surprise de Russell. Lewis Hamilton a vu quant à lui sa remontée entravée par un train DRS et ne récolte que deux maigres points. De toute façon après son changement de composant, le Britannique n'attendait plus rien de ce rendez-vous azéri...
Williams inscrit 10 excellents points qui lui permettent de passer devant Alpine-Renault au championnat des constructeurs. Et si Alexander Albon a su magistralement exploiter une stratégie décalée, on salue surtout l'exploit de Franco Colapinto (8e), premier Argentin à inscrire des points depuis le regretté Carlos Reutemann (en 1982 !), et ce dès son second Grand Prix. L'exploit est d'autant plus grand que le natif de Buenos Aires s'est blessé à une oreille vendredi lors d'un entraînement. James Vowles se félicite d'avoir porté son dévolu sur ce jeune garçon, un peu vite étiqueté comme pilote payant par certains journalistes. Du reste, Colapinto, simple intérimaire avant l'arrivée de Carlos Sainz en 2025, se place du même coup sur le marché des transferts, et devient un candidat crédible au volant disponible chez Stake-Sauber. Enfin, l'autre néophyte Ollie Bearman a lui aussi brillé en arrachant un point pour sa première course avec Haas, tout en finissant devant son équipier Nico Hülkenberg. L'Anglais aurait même pu terminer plus haut s'il avait mieux géré ses pneus. Mais qu'on ne s'y trompe pas: loin de les user, il les a trop ménagés ! « Nos attentes étaient très grandes et il y a parfaitement répondu », conclut Ayao Komatsu.
Sources :
- Auto Hebdo n°2479, 18 septembre 2024
Tony