La F1 à l'heure saoudienne
La Formule 1 débarque pour la troisième fois sur la Corniche de Djeddah, prête à affronter ce circuit à haut risque, déjà théâtre de nombreux accidents, le plus spectaculaire étant celui subi par Mick Schumacher l'an passé. Atteindre les vitesses de Monza en frôlant sans cesse les murs ne va pas sans péril. Face aux critiques, les organisateurs ont élargi les zones de dégagement aux virages n°14 et 20, tandis que les n° 22 et 24 ont été modifiés afin d'être pris à vitesse plus basse. Enfin, la dernière cellule de détection du DRS a été repoussée après le virage n°27, afin d'éviter le jeu des freinages intempestifs dans lesquels se sont distingués par le passé Lewis Hamilton, Max Verstappen et Charles Leclerc. Les autorités saoudiennes veillent à assurer la sécurité sur la piste, mais surtout en dehors. En 2022 les rebelles yéménites houthis ont lancé un missile sur un entrepôt pétrolier situé à quelques kilomètres de Djeddah pendant que se tenaient les premiers essais libres. Cet attentat a vivement ému les pilotes qui ont envisagé un boycott du Grand Prix, avant d'être rappelés à la réalité face aux énormes enjeux économiques. Car l'Arabie saoudite jouit de beaucoup de privilèges. Elle peut proposer un circuit dangereux et organiser un Grand Prix de Formule 1 alors qu'elle est en conflit armé avec un de ses voisins. Rappelons que la guerre du Yémen aurait provoqué plus de 300 000 morts selon l'ONU. Mais Riyad est via Aramco le principal sponsor de la F1, et cela autorise certains passe-droits que même la presse française ose parfois soulever.
Ainsi, l'Arabie saoudite pourrait fort bien à l'avenir accueillir un second Grand Prix. A l'origine, le circuit de la corniche de Djeddah ne devait servir que d'intérimaire avant un nouveau tracé à Qiddiya, un méga-complexe touristique en construction à Riyad. La livraison de ce second circuit saoudien est désormais reportée à 2027, mais Djeddah et Qiddiya pourraient cohabiter au calendrier, comme le suggère le prince Khaled ben Sultan Al-Abdallah Al-Fayçal, président de la fédération nationale: « L'Arabie saoudite est un très grand marché, nous avons une économie forte. L'idée d'avoir deux courses est réalisable. Il y a trois courses aux États-Unis parce que le marché y est important et qu'il y a une demande. Nous sommes aussi demandeurs ».
Présentation de l'épreuve
Max Verstappen ne se repose guère au cours des deux semaines qui séparent les Grands Prix de Bahreïn et d'Arabie saoudite. Le double champion du monde est atteint par une sorte de gastro-entérite et reste fiévreux pendant plusieurs jours. Remis sur pied, il n'arrive que le vendredi 17 mars à Djeddah. Red Bull a envisagé un temps son forfait, et pour ce faire a sollicité le jeune Liam Lawson et non Daniel Ricciardo, ce qui signifie que l'Australien sera bien cantonné à quelques exhibitions promotionnelles en 2023. En tout cas, après avoir dominé de la tête et des épaules la première manche à Bahreïn, Verstappen apparaît comme le grandissime favori à Djeddah. Pour tous les observateurs, la RB19 sera imbattable cette saison. George Russell prédit même qu'elle gagnera les 23 courses du championnat ! Toutefois, Red Bull remplace déjà les boîtes de vitesses de Verstappen et Pérez, ce qui laisse augurer que la fiabilité de la dernière-née d'Adrian Newey n'est pas optimale.
Après la mauvaise prestation des Ferrari à Bahreïn, Frédéric Vasseur, tout juste arrivé à la barre de la Scuderia, doit déjà faire face à sa première tempête. La presse italienne fait ses choux gras du départ de l'aérodynamicien David Sanchez, confirmé à Djeddah, et qui pourrait précéder celui du directeur technique Enrico Cardile. Le directeur adjoint Laurent Mekies pourrait lui aussi quitter Maranello, peut-être afin de rejoindre Alpine. L'ingénieur français s'entend bien avec son ami Frédéric Vasseur, mais pas du tout avec le directeur général de Ferrari Benedetto Vigna qui selon certains bruits s'immiscerait de plus en plus dans la gestion de l'écurie, au grand dam de Vasseur et de Mekies. Jeudi, en conférence de presse, Vasseur dément fermement ces bruits. Il affirme que sa relation avec Vigna est « transparente » et que Mekies restera chez Ferrari. « Je connais Laurent depuis qu'il a vingt-cinq ans, lorsqu'il était étudiant, et je peux vous dire qu'il sera un des piliers de cette équipe », assure-t-il. Il balaie aussi une autre rumeur affirmant qu'après son abandon à Bahreïn Charles Leclerc aurait sollicité une entrevue avec John Elkann en personne.
Quoiqu'il en soit, le jeune pilote monégasque ne cache pas sa morosité. A Sakhir, Leclerc a été frappé par deux défaillances d'unité de contrôle électronique (ECU), le dimanche matin, puis pendant la course. Il utilise donc ici son troisième ECU de la saison, au-delà du quota autorisé. Comme sa Ferrari reçoit en outre un troisième récupérateur d'énergie, le vice-champion du monde sera pénalisé de dix places sur la grille de départ. En outre, Ferrari remplace les unités de puissance de ses deux monoplaces, preuve qu'elle redoute de nouvelles défaillances. Certains se demandent si, comme en 2022 après Bakou, la Scuderia ne sera pas contrainte de diminuer la puissance de son moteur pour l'épargner, mais cette hypothèse est rejetée par Frédéric Vasseur.
Le navire tangue aussi chez Mercedes. Deux semaines plus tôt, face aux piètres performances de la nouvelle W14, Toto Wolff a annoncé un prochain « changement de concept », en clair la fin du « zéro ponton ». Reste à savoir si ces changements auront lieu en 2023 ou en 2024. Du fait de la réduction du plafond budgétaire (tombé cette année à 135 millions d'euros) et de l'inflation, Wolff admet à Djeddah faire face à dilemme: soit tenter d'améliorer la W14 en dépit de ses problèmes fondamentaux, soit passer tout de suite à la W15, au risque de sacrifier la saison en cours. « A court terme, cela signifierait faire un pas en arrière pour en faire deux en avant », prévient-il. Mercedes semble avoir décidé de transformer la W14, mais cette option est critiquée par Lewis Hamilton. Celui-ci ne croit pas qu'il serait pertinent de greffer les pontons de la Red Bull sur la Mercedes. Durant tout le week-end, le champion anglais tire une gueule de six pieds de long et les journalistes commencent à broder autour d'un possible départ... peut-être chez Ferrari ! Wolff dément bien sûr toute crise, tout en admettant que « l'heure n'est pas à la blague avec Lewis »...
Le 17 mars, Lewis Hamilton annonce la fin de sa collaboration avec sa physiothérapeute Angela Cullen qui travaillait à ses côtés depuis 2016. On ne verra plus cette inévitable silhouette blonde, l'ange gardien du septuple champion du monde. Ce départ surprend et n'est pas expliqué. Mais Hamilton rend en tout cas un chaleureux hommage à celle qui fut à la fois une confidente et un mentor: « Travailler avec Angela a été l'une des meilleures choses qui me soient arrivées dans ma vie. C'est la femme la plus travailleuse que je connaisse. Elle est concentrée, désintéressée et rend mes week-ends paisibles. C'est quelqu'un d'extrêmement positif et elle a ainsi joué un rôle curial à mes côtés ».
Jérôme d'Ambrosio intègre l'équipe Mercedes en tant que responsable du programme des jeunes pilotes, une tâche jadis dévolue à James Vowles, parti prendre les rênes de Williams. Le pilote belge commence à bien connaître le management puisqu'il a récemment occupé les fonctions de directeur sportif de l'écurie Venturi de Formule E sous la direction de Susie Wolff, l'épouse de Toto. D'Ambrosio travaillera en étroite collaboration avec Gwen Lagrue, le « chasseur de têtes » de Mercedes dans les catégories inférieures. D'autre part, Williams poursuit sa restructuration sous l'égide de James Vowles et recrute un nouveau directeur des opérations en la personne de Frédéric Brousseau, un ingénieur québécois néophyte en F1, issu de l'aérospatiale. Il occupait jusqu'ici les fonctions de vice-président des opérations chez Pratt & Whitney, firme pour laquelle il travaillait depuis 25 ans.
Alpine-Renault a connu des débuts mouvementés à Bahreïn. Si Pierre Gasly est parvenu à engranger deux points, Esteban Ocon a vécu une course calamiteuse, avec trois pénalités dont une mal exécutée par l'écurie... Pourtant, l'A523 parée de rose avait en course rythme similaire à celui des Mercedes. A Djeddah, circuit rapide favorable au moteur Renault, elle pourrait se mêler aux Ferrari et aux Aston Martin. En tout cas, Laurent Rossi affiche sa confiance dans le futur de l'équipe et dévoile les deux axes de sa stratégie à moyen terme: accroître les investissements et améliorer la synergie entre Enstone et Viry-Châtillon afin de faire d'Alpine un vrai team d'usine: « Nous n'en sommes pas encore au niveau voulu et cela va prendre un peu de temps car il y a le plafonnement des coûts. On ne va pas rattraper comme ça Ferrari ou Mercedes qui ont vingt ans de surinvestissement d'avance. Nous développons donc très massivement toutes nos installations, nos équipements, nos ressources physiques et humaines. Nous nous rapprochons de plus en plus d'une structure de très haut niveau, ce que nous n'avions pas auparavant. Par exemple, nous avons désormais un banc dynamique à Viry pour essayer ensemble le châssis et le moteur ». Il n'est jamais trop tard. Le retour de Renault en tant que constructeur remonte quand même à 2016...
L'AlphaTauri AT04 est l'une des plus mauvaises voitures de ce début de saison, même si Yuki Tsunoda a failli inscrire un point à Bahreïn. Une année noire s'annonce pour l'écurie italienne et son patron Franz Tost s'en prend publiquement au staff technique dirigé par Jody Egginton et Paolo Marabini: « Les ingénieurs me disent que nous allons faire des progrès, mais je ne leur fais plus confiance. Pendant l'hiver, ils m'assuraient que la voiture était fantastique, que nous avions fait de gros progrès. Puis nous arrivons à Bahreïn et nous ne sommes nulle part. Que devrais-je dire ? » Il explique ensuite le mauvais comportement de l'AT04: « Pas assez d'appui. Par conséquent, la voiture est instable au freinage, elle surchauffe les pneus arrière, elle est pataude en sortie de courbe, a une mauvaise motricité - tout ce dont on a besoin pour faire un bon chrono ! » Cette sortie de Tost, d'ordinaire fort maître de ses nerfs, étonne les journalistes. Certains se demandent si cette irritation ne découle pas aussi de ses premiers contacts avec Oliver Mintzlaff, le nouveau responsable des projets sportifs chez Red Bull, qui serait dit-on partisan de la vente d'AlphaTauri.
Sur le plan technique, les écuries enlèvent de l'appui à leurs bolides pour ce circuit de Djeddah qui exige une faible traînée. Tandis que tous les autres concurrents se contentent d'affiner le second volet de l'aileron arrière, Red Bull reprend une solution aperçue à Bakou en 2022 : un « beam wing » plat, à un seul élément. La RB19 produit en effet un tel appui avec son fond plat qu'elle peut rouler avec un minimum d'aileron, d'où une excellente vitesse de pointe. Ferrari apporte ici quelques modifications à la SF-23, notamment une nouvelle échancrure sur le fond plat.
Essais et qualifications
Vendredi après-midi, Verstappen domine aisément la première séance libre (1'29''617'''), une demi-seconde devant Pérez. Seules les Aston Martin évoluent dans la même seconde que les Red Bull. Un peu plus tard, alors que la nuit est tombée sur la Corniche, Verstappen confirme son ascendant (1'29''603''') et précède Alonso et Pérez. Samedi après-midi, sous un ciel couvert, le champion en titre enchaîne de nouveau avec un meilleur chrono (1'28''485''').
Rien ne semblait donc pouvoir priver Verstappen de la pole position quelques heures plus tard. Las, ce samedi soir, un bris d'arbre de transmission le contraint à stopper dès la Q2. Il s'élancera seulement 15e. Son collègue Pérez prend le relais et réalise ici comme l'an dernier la pole position (1'28''265'''). Leclerc signe le deuxième chrono, à 15 centièmes de la pole, mais il partira seulement 12e du fait de sa pénalité. Sainz (4e) estime que sa Ferrari peut au moins viser le podium, même si elle maltraite toujours ses gommes. Alonso (2e) place son Aston Martin en première ligne, ce que le constructeur britannique n'avait pas réussi depuis... 1959 ! L'Espagnol devient un prétendant à la victoire. Stroll (5e) suit son équipier d'assez près. La Mercedes est toujours aussi difficile à conduire, et pourtant Russell réalise un très beau quatrième temps, synonyme de troisième place sur la grille. Hamilton (7e) paraît en revanche désemparé et affirme n'avoir « aucune confiance » en la W14. Satisfaction chez Alpine-Renault: Ocon (6e) et Gasly (9e) parviennent tous les deux en Q3.
Piastri (8e) fait oublier sa piètre prestation de Sakhir et atteint la Q3 au volant d'une McLaren-Mercedes visiblement revigorée. Norris (19e) ruine pour sa part ses chances dès la Q1 lors d'une touchette contre un muret. Les Haas-Ferrari sont plutôt performantes. Hülkenberg (10e) comme Magnussen (13e) manquent la Q3 pour quelques centièmes. L'Alfa Romeo manque d'adhérence. Zhou (11e) en tire un meilleur parti que Bottas (14e). L'AlphaTauri manque encore une fois d'adhérence. Tsunoda (16e) rate de peu la Q2 tandis que de Vries (18e) vit une journée cauchemardesque. Il ne dispute pas les derniers essais suite à un changement de moteur, puis rencontre un problème de batterie et s'offre une pirouette en qualifications. Enfin, chez Williams, Albon (17e) voit ses pneus arrière se dégrader très vite et Sargeant (20e) perd son meilleur chrono après avoir roulé derrière une ligne blanche, puis exécute un tête-à-queue. L'Américain ne réalise ainsi aucun temps décent mais sera tout de même autorisé à prendre le départ.
Le Grand Prix
Ce dimanche soir, sur la Corniche de Djeddah, illuminée de mille feux, Sergio Pérez apparaît comme le grand favori du fait de la panne subie la veille par Max Verstappen. Ce dernier ne vise pas la victoire, mais seulement une bonne remontée, car il craint d'être coincé dans le peloton. A signaler que Red Bull a remonté sur sa voiture la boîte de vitesses utilisée à Bahreïn. La plupart des pilotes s'élancent avec les pneus Pirelli médiums (C3). Hamilton et Sargeant sélectionnent les gommes dures (C2) alors que Leclerc et Norris partent avec les tendres (C4). Un seul pit-stop est prévu car le « billard » de Djeddah maltraite peu la gomme.
Départ: Alonso se porte aussitôt à la hauteur de Pérez qui tente de se rabattre, mais l'Espagnol s'impose par l'intérieur au premier freinage. Suivent Russell, Sainz et Stroll.
1er tour: Piastri endommage son train avant dans un contact avec Gasly à la sortie du premier enchaînement. Stroll déborde Sainz par l'extérieur dans la grande courbe à l'extrémité du circuit. En fin de boucle, Alonso mène devant Pérez, Russell, Stroll, Sainz, Ocon, Hamilton, Gasly, Leclerc et Zhou. Verstappen est 13e. Piastri fait remplacer son museau.
2e: Pérez menace déjà Alonso. Ce dernier écope d'une pénalité de cinq secondes car il n'était pas correctement garé sur la grille: il était trop à gauche sur son emplacement... Verstappen trépigne derrière les Haas. Norris passe à son tour chez McLaren pour changer d'aileron puisque ce dernier a été abîmé par un débris venant de... Piastri.
3e: L'usage du DRS est autorisé. Pérez est sur les talons d'Alonso. Russell évolue à deux secondes du leader.
4e: Pérez ouvre son aileron mobile dans la ligne droite principale, se déporte à l'intérieur et dépasse Alonso malgré un freinage assez tardif.
5e: Pérez mène devant Alonso (0.7s.), Russell (2.2s.), Stroll (2.9s.), Sainz (3.6s.), Ocon (5.2s.), Hamilton (7.6s.), Gasly (8.1s.), Leclerc (8.6s.) et Zhou (10.1s.). Verstappen a doublé Hülkenberg puis Magnussen.
6e: Alonso demeure dans le sillage de Pérez. Stroll est pour sa part sur les talons de Russell. Hamilton n'est pas rapide avec ses pneus durs et se retrouve menacé par Gasly et Leclerc.
7e: Pérez tourne en 1'34''277''' mais Alonso est dans son rythme. Leclerc déborde Gasly par l'extérieur au virage n°1 et se lance à la poursuite de Hamilton.
8e: Verstappen s'empare de la 10e place aux dépens de Zhou. Hamilton a louvoyé devant Gasly et se voit présenter le drapeau noir et blanc en guise d'avertissement.
9e: Russell a semé Stroll qui est désormais menacé par Sainz. Leclerc dépasse Hamilton avec facilité au premier tournant. Verstappen efface Gasly dans le dernier virage. Magnussen et Bottas basculent déjà sur les pneus durs.
10e: Pérez est premier devant Alonso (1.6s.), Russell (7.8s.), Stroll (9.2s.), Sainz (10.4s.), Ocon (14.2s.), Leclerc (16.1s.), Hamilton (17.7s.), Verstappen (18.6s.), Gasly (19.6s.), Zhou (21.6s.) et Hülkenberg (24.2s.).
11e: Pérez a maintenant repoussé Alonso à plus de deux secondes. Verstappen est aux trousses de son vieil ami Hamilton.
12e: Trois secondes séparent Pérez et Alonso. Verstappen dépasse Hamilton très aisément dans la ligne droite principale. Zhou et Hülkenberg chaussent les gommes dures.
13e: Leclerc déborde Ocon au virage n°1. Verstappen rejoint ensuite très vite le Normand. En fin de tour, Stroll s'empare des gommes dures (2.9s.) et repart en 11e position.
14e: Pérez compte quatre secondes et demie d'avance sur Alonso, onze secondes sur Russell. Verstappen double Ocon sans difficulté.
15e: Verstappen prend maintenant Leclerc en chasse. Gasly fait halte chez Alpine pour se saisir des enveloppes blanches.
16e: L'écart entre Pérez et Alonso atteint cinq secondes. Sainz s'empare des pneus durs (2.7s.) et se réinsère entre Tsunoda et Stroll qui a donc perdu une place. Leclerc résiste à Verstappen avant de regagner les stands.
17e: Leclerc prend les Pirelli blancs (2.1s.) puis comme Sainz repart devant Stroll. Ocon fait escale chez Alpine (2.3s.).
18e: Stroll stoppe son Aston Martin dans une échappatoire entre les virages n°14 et 15, suite à un problème de récupération d'énergie. La voiture de sécurité est envoyée en piste. Tsunoda, Albon, de Vries et Bottas passent aux stands pour changer leurs pneus.
19e: La Safety Car est sur le circuit. Pérez arrive aux stands pour mettre les pneus durs (2.4s.) et reste premier. Alonso subit sa pénalité et chausse les enveloppes blanches. Russell (2.6s.) et Verstappen (2.8s.) choisissent aussi ce composé. Le Hollandais bénéficie ainsi d'un « arrêt gratuit ». Hamilton bascule en médiums (3.1s.), tout comme Sargeant et Zhou.
20e: La voiture de sécurité s'effacera à l'issue de ce tour. Pérez devance Alonso, Russell, Verstappen, Sainz, Hamilton, Leclerc, Tsunoda, Ocon, Gasly, Magnussen, Albon, Hülkenberg, de Vries, Sargeant, Piastri, Zhou et Bottas. Norris effectue un second pit-stop.
21e: Le drapeau vert est brandi. Pérez garde l'ascendant alors que Alonso résiste à un semblant d'attaque de Russell. En fin de tour, Pérez a déjà deux secondes d'avance sur l'Espagnol.
22e: Pérez s'envole et repousse Alonso à trois secondes. Verstappen est sur les talons de Russell. Hamilton dépasse Sainz au virage n°3.
23e: Le DRS est de nouveau utilisable. Verstappen en profite pour laisser Russell sur place dans l'avant-dernière ligne droite.
24e: Pérez abaisse le meilleur chrono (1'33''440'''). Verstappen rattrape aisément Alonso. Ocon prend la huitième position à Tsunoda.
25e: Verstappen double Alonso sur la ligne de chronométrage. Le voici second. Gasly dépasse à son tour Tsunoda.
26e: Pérez précède Verstappen (5.2s.), Alonso (7.2s.), Russell (9.2s.), Hamilton (10s.), Sainz (12.1s.), Leclerc (13.2s.), Ocon (15.7s.), Gasly (18s.), Tsunoda (19.3s.), Magnussen (19.8s.) et Hülkenberg (20.6s.). Albon est frappé d'une panne de freins et lève le pied.
27e: Cinq secondes et demie séparent les deux Red Bull. Alonso évolue à trois secondes de Verstappen. Les Ferrari n'avancent pas avec les pneus durs et ne menacent pas les Mercedes.
28e: Hamilton est revenu dans les échappements de Russell grâce à ses gommes médiums. Mais le jeune Anglais résiste à son aîné. Albon rejoint le garage Williams pour abandonner.
29e: Verstappen roule en 1'32''670''' et reprend quelques dixièmes à Pérez. La pénalité d'Alonso n'aurait pas été correctement exécutée. Russell en est averti et reçoit pour mission de concéder moins de cinq secondes à l'Espagnol, au cas où celui-ci serait de nouveau sanctionné.
31e: Pérez devance Verstappen (5s.), Alonso (12.6s.), Russell (14.6s.), Hamilton (16.3s.), Sainz (19.8s.), Leclerc (21.2s.), Ocon (24.2s.), Gasly (26.7s.), Tsunoda (29.6s.), Magnussen (30.9s.), Hülkenberg (32.7s.), Sargeant (33.5s.) et Zhou (34.3s.).
33e: Verstappen est revenu à moins de cinq secondes de Pérez. Leclerc grogne dans sa radio et demande à pouvoir dépasser Sainz car il est plus rapide que celui-ci. Cette requête ne sera pas entendue.
34e: Magnussen pourchasse Tsunoda pour le point de la 10e place. Le Danois n'hésite pas à multiplier les freinages intempestifs.
35e: Pérez est premier devant Verstappen (4.5s.), Alonso (16.5s.), Russell (19.7s.), Hamilton (22.4s.), Sainz (26s.), Leclerc (28.3s.), Ocon (34.3s.), Gasly (36s.), Tsunoda (40.7s.), Magnussen (42.1s.) et Hülkenberg (46s.). Confronté à un manque total de rythme et bon dernier, Bottas remplace de nouveau ses pneus.
37e: Verstappen se plaint de vibrations sur son train arrière et craint la rupture d'un nouvel arbre de transmission. Il concède à nouveau plus de cinq secondes à Pérez.
38e: Pérez réalise son meilleur temps de la soirée (1'32''188'''). Magnussen menace de nouveau Tsunoda pour la dixième place.
39e: C'est au tour de Pérez de se plaindre d'un petit problème: sa pédale de frein s'allonge. L'intervalle entre les Red Bull est de quatre secondes et demie.
41e: Pérez précède Verstappen (4.5s.), Alonso (19.2s.), Russell (24.3s.), Hamilton (27.1s.), Sainz (31.1s.), Leclerc (33.5s.), Ocon (42s.), Gasly (44.2s.), Tsunoda (49.8s.), Magnussen (50.5s.) et Hülkenberg (55s.).
42e: Craignant que les deux RB19 soient frappées du même mal, Red Bull demande à Pérez de ménager sa monture, ce qui chagrine le Mexicain qui aimerait s'assurer du point du meilleur tour.
44e: Verstappen est comme Pérez astreint à la prudence et concède une seconde supplémentaire à son équipier. Sargeant (15e) est menacé par les McLaren de Norris et de Piastri.
45e: Pérez devance Verstappen (5.4s.), Alonso (22.5s.), Russell (27.2s.), Hamilton (30.3s.), Sainz (35.4s.), Leclerc (37.6s.), Ocon (48.4s.), Gasly (51.1s.), Tsunoda (58.2s.), Magnussen (59s.) et Hülkenberg (1m. 04s.).
46e: Magnussen a doublé Tsunoda dans la dernière courbe mais le Japonais reprend l'avantage à l'accélération. Tous deux retardent leur freinage en arrivant au premier tournant, et à ce petit jeu le Scandinave l'emporte au prix d'un furieux dérapage contrôlé.
47e: Pérez possède six secondes de marge sur Verstappen. Red Bull demande au Hollandais de ne pas chercher à glaner le point du meilleur tour, mais ce dernier répond en substance qu'il n'en fera qu'à sa tête ! Russell est invité par Mercedes à hausser son rythme pour concéder moins de cinq secondes à Alonso qui sera probablement pénalisé.
48e: Le jeune Piastri mène une belle fin de course: après une rude bataille victorieuse contre son équipier Norris, il surprendra Sargeant dans le dernier tour.
50e et dernier tour: Sergio Pérez remporte sa cinquième victoire devant Verstappen qui chipe in extremis à son équipier le point du meilleur chrono (1'31''906'''). C'est le deuxième doublé consécutif pour Red Bull. Alonso termine de nouveau troisième. Il précède les Mercedes de Russell (4e) et Hamilton (5e) ainsi que les décevantes Ferrari de Sainz (6e) et Leclerc (7e). Les Alpine-Renault d'Ocon (8e) et Gasly (9e) empoche six points. Magnussen (10e) inscrit le premier point de Haas en 2023. Viennent ensuite Tsunoda, Hülkenberg, Zhou, de Vries, Piastri, Sargeant, Norris et Bottas.
Après la course: rififi chez Red Bull
Sergio Pérez a remporté une victoire somme toute tranquille. Après un envol médiocre, il s'est défait facilement de Fernando Alonso et a mené l'épreuve en solitaire jusqu'au drapeau à damiers. Toutefois, le Mexicain tombe des nues après l'arrivée lorsqu'il apprend que Max Verstappen n'a pas respecté la consigne de prudence adressée par l'écurie et lui a pris le point du meilleur tour... ainsi que les commandes du championnat ! Pérez est visiblement irrité lorsqu'il se rafraîchit dans la « cool room » avant la cérémonie du podium, mais il ne se livrera pas devant la presse. « Je préfère en parler en interne », lâche-t-il devant les micros. Max Verstappen n'est pas satisfait non plus. Il estime que sa victoire à Bahreïn fut ternie par la relative instabilité de la RB19 et déplore la panne qui l'a ici affligé en qualifications. De plus, la rivalité avec Sergio Pérez paraît lui peser. « Personnellement, je ne suis pas content ! confie-t-il. Nous devons faire mieux, avoir un week-end plus propre. J'espère qu'on aura pour longtemps encore la F1 la plus rapide, parce que celle-ci doit être plus fiable. Et je tiens à relever que mon premier week-end à Bahreïn n'a pas été idéal, à cause du changement d'équilibre entre les essais et le week-end de course... Sans parler d'autres choses qui se passent en coulisses. » Quoi donc ?
A entendre Pérez et Verstappen, on a peine à croire que leur écurie a signé jusqu'ici un « grand chelem », deux doublés en deux courses ! Christian Horner a beau prétendre que rien n'est joué et que la concurrence peut revenir, chacun a compris que Red Bull va dominer cette saison 2023 et que son principal souci sera de gérer la tension grandissante entre ses pilotes. En ce qui concerne ce meilleur tour subtilisé par Verstappen dans le dernier tour, Horner élude le fait que celui-ci n'ait pas respecté sa consigne: « Nous nous sommes rendu compte, arrivés au dernier tour, que si Max voulait faire le meilleur tour, il le ferait. Sergio savait qu'il allait tenter sa chance. Il a essayé d'améliorer, mais a abandonné après les deux premiers virages car il avait déjà un dixième et demi de retard ». Sa version contredit donc celle de Pérez qui prétend à demi-mot avoir été brimé dans les derniers tours. Reste à voir comment réagira le Mexicain qui avait prévenu en début de saison qu'il ne rendrait service à son équipier que s'il était payé de retour.
Imbroglio autour de la troisième place
Fernando Alonso grimpe ce dimanche soir sur le 100ème de sa carrière en Formule 1, vingt ans presque jour pour jour après le tout premier, à Sepang, le 23 mars 2003. Mais il en redescend aussitôt. Il est sanctionné de 10 secondes car sa pénalité pour mauvaise position sur la grille de départ n'aurait pas été correctement exécutée par Aston Martin. Exactement la même mésaventure que celle survenue à Esteban Ocon deux semaines plus tôt ! L'Espagnol est relégué en quatrième position et George Russell récupère la troisième place. Mais Aston Martin conteste aussitôt la sanction. En effet, Alonso a été puni parce que le préposé au « lève-vite » a touché l'AMR23 dès son immobilisation. Le code sportif précise: « Pendant qu'une voiture est stationnée en conséquence d'une pénalité [...] il n'est pas possible de travailler dessus pendant la durée de celle-ci ». Mais engager le cric sur la voiture revient-il à « travailler dessus » ? Preuves à l'appui, Aston Martin démontre qu'à sept reprises par le passé cette manœuvre a été effectuée sans entraîner de sanction. Les commissaires ne peuvent donc pas maintenir leur pénalité sous peine d'être déjugés par le tribunal d'appel de la FIA. Finalement, ils annulent leur première décision et Alonso retrouve son podium ! Après ce nouvel imbroglio, un porte-parole de la FIA annonce une « clarification réglementaire » pour le GP d'Australie. Ce sera peut-être nécessaire...
Un point demeure toutefois quelque peu obscur: pourquoi diable les commissaires sportifs ont-ils attendu si longtemps pour réagir à un incident qui s'est produit en début de course ? La réponse la plus probable est qu'ils n'avaient rien observé et ont été « tuyautés » par la murette Mercedes... « Disons que nous l'avons vu rapidement et que nous nous sommes repassés plusieurs fois la vidéo », admet Toto Wolff. « Mais nous n'étions pas sûrs qu'il y aurait une pénalité. Pour nous, c'était une violation technique comme nous l'avons vu avec Ocon à Bahreïn. Toutefois la pertinence d'une sanction se discute... »
En tout cas, ce nouveau podium d'Alonso confirme l'excellent potentiel de l'Aston Martin qui s'affirme en seconde force du plateau, devant les Ferrari et les Mercedes, même si fiabilité paraît encore perfectible comme l'a appris Lance Stroll à ses dépens. L'AMR23 s'est montrée performante sur deux tracés différents. Même si elle produit beaucoup de traînée, son fort appui préserve correctement les pneumatiques, ce qui lui procure un net ascendant en course sur Ferrari et Mercedes. Fort de cet atout, Alonso vise désormais une 33ème victoire en F1, même s'il admet qu'il lui faudra compter sur de la chance. « Nous aurons besoin de l'aide de Red Bull, mais cela finira bien par venir », sourit-il.
Ferrari et Mercedes sur la corde raide
Ferrari a signé une bien piètre performance. La SF-23 est certes très rapide sur un tour, comme l'a démontré Charles Leclerc en qualifications, mais elle dévore ses pneus sur les longs relais... comme la F1-75 de 2022 en somme. Carlos Sainz tire un triste bilan de ce week-end: « Je suis surpris par notre niveau de performances, car vendredi je pensais que nous aurions une chance d'être la deuxième force à Djeddah. Mais le dernier relais en pneus durs pendant la course a montré que nous avions encore beaucoup de pain sur la planche. On dégrade nos pneus davantage que les Mercedes et les Aston Martin. De plus, en évoluant dans le peloton, on bouffe de l'air sale et on abîme les pneus. La voiture ne marche qu'en qualifications, dans l'air propre ». Frédéric Vasseur confirme cette analyse avec son franc-parler habituel: « Il ne faut pas se raconter de c*nneries. Le résultat du week-end n'est pas bon. Nous n'avons pas su faire fonctionner les pneus durs. Il faut comprendre ce qui s'est passé, parce que nous étions devant les Aston Martin et les Mercedes aux essais, et derrière elles en course. » D'autre part, Charles Leclerc reproche à son ingénieur Xavi Marcos Padros de ne pas l'avoir encouragé à se rapprocher davantage de Carlos Sainz avant son pit-stop, ce qui lui aurait peut-être permis de doubler Lewis Hamilton. Le spectre des erreurs stratégiques de la Scuderia ressurgit...
Enfin, Mercedes quitte l'Arabie avec une performance plutôt encourageante, puisque George Russell n'a fini qu'à quelques secondes de Fernando Alonso. Andrew Shovlin, l'ingénieur de course en chef, se montre satisfait: « La voiture est difficile à mettre dans la bonne fenêtre, mais nous avons certainement trouvé ici un meilleur équilibre qu'à Bahreïn. La W14 aura été beaucoup plus douce pour les pneus en Arabie saoudite ». George Russell est même ravi de son dimanche soir: « Nous avons dépassé le potentiel de la voiture et nos propres attentes. Aujourd'hui, nous avons tiré le maximum de ce que nous avons ». Russell utilise le pluriel, mais en vérité Lewis Hamilton fut bien moins performant. Le septuple champion du monde semble désespérer de cette Mercedes avec laquelle il ne se sent « pas connecté ». Ses divers trahissent son désarroi et beaucoup se demandent si Russell ne serait pas en train de prendre définitivement le pouvoir chez Mercedes...
Source :
https://f1i.autojournal.fr/magazine/magazine-technique/lanalyse-technique-du-grand-prix-darabie-saoudite/
Tony