L'écurie Alpine vit jusqu'ici une saison fort morose, avec des résultats en dents de scie, en raison d'une A523 fort difficile à mettre au point. En 2023, les Bleus souhaitaient réduire le fossé les séparant des trois « top teams » (Red Bull, Mercedes, Ferrari). Mais Aston Martin les a devancés dans cette ambition et voici le constructeur français éjecté du « top 4 » et de nouveau en concurrence directe avec McLaren. Le bilan de cette première partie de campagne est plus que médiocre et justifie le mécontentement de Laurent Rossi à l'égard de ses troupes. Le team principal Otmar Szafnauer paraît sur la sellette et des têtes pourraient tomber parmi les ingénieurs, notamment du côté d'Enstone.

 

Fin juin, l'écurie anglo-française enregistre cependant une bonne nouvelle. Son propriétaire, le Groupe Renault, réussit à lever 200 millions d'euros (218 millions de dollars) en vendant 24 % de l'équipe à un groupe d'investisseurs américains. Celui-ci comprend trois sociétés de capital-investissement déjà très impliquées dans le sport: Otro Capital (dirigée par Alex Scheiner, ancien dirigeant de deux clubs de NFL), RedBird Capital Partners (qui possède les clubs de football du Milan AC et du Toulouse FC) et Maximum Effort Investments dirigée par l'acteur hollywoodien Ryan Reynolds en partenariat avec ses collègues Rob McElhenney et Michael B. Jordan, une société qui a placé de nombreuses billes dans les clubs de football. Cette injection d'argent permet de valoriser Alpine F1 Team à hauteur de 900 millions de dollars. Par ailleurs, selon le communiqué officiel, l'écurie bénéficiera de l'expérience du groupe d'investisseurs « dans les domaines des médias, du sponsoring, de la billetterie, du réceptif (sic), des licences et de la stratégie de merchandising ». Alex Scheiner représentera le consortium au conseil d'administration d'Alpine Racing Ltd. A noter qu'Alpine Racing SAS, c'est-à-dire l'usine de Viry-Châtillon, n'est pas concernée et reste l'entière propriété de Renault.

 

Luca de Meo, directeur général du Losange, se félicite de cette capitalisation qui démontre l'attrait exercé par la marque Alpine et la pertinence de son engagement en Formule 1: « La F1 et Alpine sont des atouts stratégiques pour le groupe Renault. Au cours des deux dernières années, nous avons redynamisé Alpine en capitalisant sur sa célèbre voiture de sport, l'A110, et en la propulsant en F1, où elle vise à devenir une prétendante au titre mondial. Ce partenariat accélérera le développement de l'équipe en diversifiant les sources de revenus et en augmentant la valeur de la marque. » L'origine américaine de ces nouveaux investisseurs n'est pas fortuite car Luca de Meo et Laurent Rossi souhaitent implanter la marque au A fléché sur le marché américain. Et la Formule 1, de plus en plus populaire outre-Atlantique, est une remarquable vitrine publicitaire dans la perspective du lancement en 2025 des deux nouveaux SUV électriques produits par la firme dieppoise. « La F1 est un bon moyen d'étudier la dynamique du marché de l'automobile, souligne Rossi. Cette année, il y a trois Grands Prix aux Etats-Unis. C'est un pays qui a montré beaucoup d'intérêt pour Alpine au cours des dernières années. Au lendemain de la victoire d'Esteban Ocon en Hongrie en 2021, la fréquentation de notre site internet a augmenté de 400 %. Cela venait du monde entier, mais en particulier des USA, alors que nous ne sommes pas du tout implantés là-bas. » On l'a compris, la Formule 1 reste un splendide outil marketing pour une industrie automobile en phase de transition écologique. Reste que, pour ce qui concerne le sport lui-même, l'écurie Alpine stagne dangereusement. Ces 200 millions de dollars injectés changeront-ils la donne ?

 

Sources :

- https://sportune.20minutes.fr/sport-business/f1/formule-1/alpine-f1-leve-200-me-avec-ryan-reynolds-pour-investisseur-309704

- https://www.largus.fr/pros/actualite-automobile/alpine-laurent-rossi-mise-gros-sur-le-marche-americain-30027652.html

Tony