La chasse au marsouin
Depuis le début de la saison, les écuries font face avec plus ou moins d'intensité au phénomène du « marsouinage », c'est-à-dire au rebond des monoplaces à effet de sol en pleine ligne droite et parfois même dans les courbes rapides. Ces tressautements soumettent à rude épreuve le dos des pilotes, et chacun a pu constater l'étendue du mal au soir du Grand Prix de Bakou, lorsqu'un Lewis Hamilton perclus de douleurs a mis de longues minutes à s'extraire de sa monoplace. De nombreux pilotes s'alarment des conséquences sur leur organisme que pourrait engendrer à terme pareil méfait. Cependant, Mercedes, l'équipe la plus affectée, a mené un intense lobbying auprès de la FIA pour que celle-ci prenne des mesures, sans doute afin de ménager ses pilotes, mais aussi pour combler son retard sur la concurrence... En effet, l'équipe allemande s'imaginait que les autorités allaient contraindre ses rivales à relever la hauteur de caisse de leurs bolides, à son profit puisqu'elle est incapable de faire évoluer sa W13 près du sol sans générer des rebonds insupportables.
Jeudi 16 juin, soit la veille des premiers essais du GP du Canada, le directeur technique fédéral Nikolas Tombazis publie une directive « anti-marsouinage », mais celle-ci ne va pas dans le sens souhaité par Mercedes. Au lieu de pénaliser tout le peloton en relevant la hauteur de caisse, le pouvoir sportif établit un seuil de marsouinage à ne pas dépasser. Concrètement, après avoir annoncé qu'elle contrôlerait d'avantage l'épaisseur des planchers et des patins qui frappent le sol, la FIA évaluera la « charge verticale » exercée sur les pilotes, et ce au moyen de deux types de capteurs (accéléromètres): l'un situé sur les oreilles du conducteur, l'autre sous les baquets, près du centre de gravité des F1. Les données récoltées par la boîte noire permettront de définir l'oscillation métrique (Aerodynamic Oscillation Metric, AOM) de chaque bolide. Le seuil de tolérance sera défini lors des essais du vendredi et les données de chaque concurrent seront contrôlées lors de la séance libre du samedi matin. Un participant qui ne répondrait pas aux conditions de l'AOM devra alors adopter le réglage qui le rapproche le plus de la mesure de référence et rehausser sa voiture de 10 millimètres, sans toucher à la rigidité verticale ni à l'aérodynamisme. Or, on estime que ces 10 mm valent 3 ou 4/10e au tour... Dans les faits, au Canada, vues les conditions météorologiques du samedi, une tolérance totale est appliquée, et la loi entrera véritablement en vigueur quinze jours plus tard en Grande-Bretagne. Cependant la FIA ne précise pas comment elle sanctionnera une voiture qui rebondirait trop pendant la course. Il ne s'agit de toute façon que d'une première étape avant l'adoption de mesures de plus grande ampleur pour 2023.
Cette directive technique satisfait les pilotes, à l'exception des deux rivaux pour le titre mondial, Charles Leclerc et Max Verstappen, qui voient d'un mauvais œil ce changement de règles en cours de saison. Selon eux, c'est aux équipes de fournir un bon matériel à leurs pilotes. Tous deux sont en retour taxés d'égoïsme par leurs collègues. Les managers sont en revanche pour la plupart remontés contre un texte délivré quelques heures avant les premiers essais officiels. Le clan Red Bull, pourtant le moins exposé au « marsouinage », retrouve ses réflexes de 2021 et accuse la fédération de voler au secours de Mercedes. « C'est complètement absurde, tonne Helmut Marko. Si certaines équipes ne sont pas capables de faire face au règlement, cela ne signifie pas que celui-ci doit être changé ou que la FIA doit mettre son nez dans les réglages. Il suffit d'élever la voiture et de la faire rouler plus haut - c'est tout. » Franz Tost, le patron d'AlphaTauri, toujours aligné sur les positions « markesques », s'en prend aux pilotes Mercedes: « Ce sont des Formule 1, pas des Rolls Royce, et les pilotes doivent en être conscients. Si les voitures sont trop rigides ou trop difficiles pour eux, peut-être qu'ils devraient rester dans leur salon, assis sur une chaise, et ils pourront alors faire la course à la télévision ! » De son côté, Christian Horner critique la méthode employée par la fédération: « Lâcher une directive comme celle-là alors que nous abordons un Grand Prix n'est pas la bonne façon d'agir. Il doit y avoir une consultation appropriée avec des experts. Il est très dangereux de donner à la FIA le droit de fixer la hauteur de votre suspension arrière et tous vos réglages. Que se passe-t-il si le vent change pendant la course ? Si le marsouinage s'aggrave pour une raison quelconque ? »
Le clan Red Bull n'est pas seul à tempêter. L'incompréhension règne aussi chez Alpine, équipe très affectée par le marsouinage. « Je ne pense pas que nous puissions commencer à introduire au milieu de la saison des règles qui conviennent à une équipe et pas à une autre. », assène Otmar Szafnauer, qui fait en outre remarquer que les données du problème vont changer selon la nature de chaque circuit visité: les F1 rebondiront beaucoup plus sur des pistes bosselées comme Bakou ou Montréal que sur des « billards » tels Montmeló ou Le Castellet. Enfin, Mercedes, insatisfaite, maintient qu'il faudrait rehausser toutes les monoplaces, car le marsouinage serait un défaut de design généralisé lié à l'effet de sol... ce que contestent bien entendu Red Bull et Ferrari, les grandes gagnantes du changement de réglementation entre 2021 et 2022...
Présentation de l'épreuve
Après Bakou, le paddock parcourt près de 9000 kilomètres pour rallier Montréal, soit un périple fort long, fort coûteux et fort polluant comme la si vertueuse F1 « made in Liberty Media » en a le secret. Néanmoins, chacun est ravi de retrouver le Canada et la Belle Province après trois ans d'absence, pour un nouveau grand succès populaire puisqu'une affluence de 338 000 spectateurs est enregistrée en trois jours. Le promoteur François Dumontier se réjouit d'un taux de fréquentation record, avec des hôtels remplis dans toute l'agglomération de Montréal. La Formule 1 en Amérique, ce ne sont pas seulement les nouvelles épreuves « bling bling » de Miami et de Las Vegas, mais aussi la tradition québécoise, fondée par le légendaire Gilles Villeneuve disparu il y a tout juste 40 ans.
Pour la première fois depuis 1969, deux Canadiens, Lance Stroll et Nicholas Latifi, vont prendre le départ de leur Grand Prix national. C'est un baptême pour le second qui, bien que disputant sa troisième saison de F1, n'avait pas roulé en 2020 et 2021 sur le circuit Gilles-Villeneuve en raison de la Covid-19. A vrai dire, beaucoup pensent que ce GP du Canada sera pour Latifi son premier et dernier, tant ses performances sont médiocres au volant d'une Williams-Mercedes FW44 déjà bien pataude. Dominé par George Russell ces deux dernières années, le fils du millionnaire Michael Latifi ne fait pas mieux cette saison face à Alexander Albon qui l'a toujours devancé en qualifications. Depuis plusieurs semaines court la rumeur d'un proche remplacement par le jeune espoir australien Oscar Piastri, champion 2021 de Formule 2 et réserviste de l'écurie Alpine. L'arrivée de Piastri à Grove pourrait être le corollaire d'un nouveau partenariat entre Williams et Renault, puisque les relations entre l'écurie britannique et son actuel motoriste Mercedes se sont distendues depuis que l'an passé Jost Capito a préféré engager Alex Albon, pilote estampillé Red Bull, plutôt que Nyck de Vries, protégé du constructeur allemand. En outre, le prêt de Piastri à Williams permettrait à Alpine de conserver Fernando Alonso encore un an ou deux, tout en permettant à sa jeune pépite de faire ses premières armes.
Charles Leclerc vit une fin de printemps difficile. Que les succès inauguraux de Bahreïn et d'Australie, en mars et avril, semblent loin ! Deux mois plus tôt, le pilote Ferrari caracolait en tête du classement mondial et se posait en favori pour la conquête du titre. Sa Ferrari F1-75, véloce, agile et fiable, avait pour seule rivale la Red Bull de Max Verstappen, certes rapide, mais encore mal équilibrée et surtout très fragile. Tout ceci n'est plus qu'un bon et lointain souvenir. La hiérarchie s'est inversée, moins en raison d'une supériorité technique de Red Bull sur la Scuderia que des errements de celles-ci. En débarquant au Canada, Leclerc rumine trois victoires perdues coup sur coup: deux casses moteur à Barcelone et à Bakou, une erreur stratégique à Monaco. Relégué à la troisième place du championnat des conducteurs, il concède désormais 34 points à Verstappen. Chez les constructeurs, Ferrari accuse maintenant un retard abyssal de 80 unités sur Red Bull. Et l'épreuve montréalaise ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices. Suite à l'avarie subie en Azerbaïdjan, Leclerc remplace presque tous les éléments sur son groupe propulseur, franchissant ainsi plusieurs quotas, et se retrouve de fait relégué en fond de grille.
On le sait, Sebastian Vettel est un homme engagé, notamment en faveur de l'écologie, position qui n'est pas sans contradiction avec son métier de pilote, comme il le reconnaît parfois lui-même. Au Canada, l'Allemand dépasse toutefois les bornes de l'hypocrisie en arborant un casque protestant contre l'exploitation de sables bitumineux dans l'État de l'Alberta, qu'il qualifie de « crime du Canada ». Vettel s'attire une vive réplique du ministre de l'Énergie de cet État, Mme Sonya Savage, qui lui rappelle que le principal sponsor de son écurie Aston Martin, le pétrolier saoudien Aramco, est l'une des entreprises les plus polluantes du monde. Vettel ne répondra pas et rangera son casque polémique au vestiaire dès samedi soir.
Essais et qualifications
Vendredi après-midi, Verstappen réalise le meilleur temps lors de la première séance libre (1'15''158'''), 2/10e devant Sainz, alors que Alonso obtient une étonnante troisième place. Un peu plus tard, le Hollandais reste en haut de la feuille des temps (1'14''127''') et précède les deux Ferrari. Samedi après-midi, la pluie s'invite à Montréal et les derniers essais se déroulent sur une piste détrempée. Alonso confirme l'excellente tenue de l'Alpine en s'emparant du meilleur chrono. Leclerc ne tourne presque pas pour éviter un accident.
Trois heures plus tard, il pleut de nouveau lorsque commencent les qualifications. L'averse cesse quelques instants plus tard et les concurrents peuvent chausser les gommes intermédiaires à compter de la Q2. Pérez provoque un drapeau rouge au cours de cette manche en tapant les glissières au virage n°3. Le choc paraît anodin, mais le Mexicain en récolte néanmoins une contracture du cou qui le fera souffrir pendant quelques jours.
Verstappen survole les débats sur le mouillé et réalise sa quinzième pole position (1'21''299''') avec sept dixièmes d'avance sur toute concurrence. Pérez, accidenté, partira seulement 13e. L'Alpine-Renault est décidément très performante en terre québécoise, comme le démontre l'exceptionnelle seconde place glanée par Alonso. L'Espagnol occupera une première ligne pour la première fois depuis dix ans ! Ocon (7e) est en revanche quelque peu déçu d'être aussi loin de son coéquipier. Sainz assure une solide troisième place pour Ferrari tandis que Leclerc n'a pas été au-delà de la Q1, puisqu'il s'élancera de toute façon 19e. Les conditions de piste changeantes sourient à Hamilton qui hisse sa rétive Mercedes au quatrième rang. Russell (8e) tente de chausser les slicks en toute fin de séance, mais ce pari osé s'achève contre une glissière, sans grand dommage. Journée faste pour Haas qui place Magnussen (5e) et Schumacher (6e) en troisième ligne grâce à une excellente adhérence.
Ricciardo se montre à son avantage et amène sa McLaren-Mercedes au neuvième rang. Norris (14e) est stoppé en Q2 par une perte de puissance. Chez Alfa Romeo, Zhou (10e) atteint la Q3 pour la première fois de sa jeune carrière. Bottas est victime vendredi d'une nouvelle panne et s'élancera 11e, juste derrière son jeune équipier. Albon (12e) donne à Williams sa meilleure qualification en 2022. Latifi (18e) est en revanche victime d'un problème de freins et ne brille pas à domicile. Les AlphaTauri sont repoussées en fond de grille: Gasly (15e) ne franchit pas la Q1 à cause d'une défaillance de freins et Tsunoda remplace plusieurs éléments sur son moteur, ce qui le relègue à la 20e et dernière place. Grosse désillusion chez Aston Martin : très rapide quelques heures plus tôt sur le mouillé, Vettel ne trouve aucune adhérence sur une piste en cours de séchage et tombe au 16e rang, juste devant son collègue Stroll (17e).
Le Grand Prix
Dimanche, le soleil brille de nouveau au-dessus de l'Île Notre-Dame. La plupart des pilotes partent en pneus Pirelli médiums (C4). Pérez, Bottas, Norris, Stroll et Leclerc, mal placés, optent logiquement pour un premier relais en gommes dures (C3). Le pneu tendre (C5) ne devrait pas apparaître.
Départ: Verstappen prend un bon envol et précède Alonso et Sainz. Magnussen abîme le côté droit de son aileron dans un contact avec Hamilton au premier tournant, alors que Ocon et Russell passent devant Schumacher.
1er tour: Verstappen devance Alonso, Sainz, Hamilton, Magnussen, Ocon, Russell, Schumacher, Ricciardo et Zhou. Mal parti, Bottas court-circuite la dernière chicane.
2e: Verstappen compte une seconde et demie d'avance sur Alonso, menacé par Sainz.
3e: Sainz ouvre son aileron mobile et « dépose » Alonso dans la ligne droite longeant le bassin olympique. Leclerc est remonté en 16e position.
4e: Zhou dépasse Ricciardo. Vettel entre aux stands pour déjà chausser les pneus durs. Gasly fait de même et, ce faisant, évite de peu d'emboutir l'Aston Matin de Stroll qui freine très fort en abordant l'ultime chicane.
5e: Russell déborde Magnussen qui se voit présenter le drapeau noir et orange en raison de son museau abîmé. Verstappen précède Sainz (2.9s.), Alonso (3.6s.), Hamilton (4.5s.), Russell (8.2s.), Magnussen (9s.), Ocon (10.7s.), Schumacher (11s.), Zhou (11.6s.), Ricciardo (12.2s.) et Pérez (13.5s.).
6e: Sainz s'empare du premier chrono de référence (1'17''974''') mais il concède trois secondes à Verstappen.
7e: Contraint et forcé, Magnussen fait escale chez Haas pour remplacer sa calandre et chausser des gommes dures avec lesquelles il devra rallier l'arrivée. Le Danois tombe au dernier rang.
8e: Verstappen répond à Sainz (1'17''828'''). Pérez perd l'usage de ses rapports et se gare dans l'échappatoire du Droit du Casino. Les drapeaux jaunes sont déployés.
9e: La « voiture de sécurité virtuelle » est déclenchée pour permettre d'évacuer la Red Bull de Pérez. Les pilotes roulent au pas. Verstappen saisit cette opportunité pour prendre des pneus durs et ressort en troisième position. Hamilton effectue la même opération, de même que Latifi et Tsunoda.
10e: Les deux Espagnols Sainz et Alonso sont désormais aux commandes de l'épreuve. Le drapeau vert est brandi à la fin de ce tour.
11e: Sainz est premier devant Alonso (2.3s.), Verstappen (6.3s.), Russell (10.3s.), Ocon (12.7s.), Hamilton (13s.), Schumacher (14.4s.), Zhou (14.8s.), Ricciardo (15.8s.), Albon (17.8s.), Bottas (18.4s.) et Norris (19s.). Leclerc est 13e.
12e: Verstappen est le plus véloce en piste (1'17''370'''). Hamilton déborde Ocon par l'extérieur du premier virage.
13e: Verstappen se rapproche d'Alonso. Leclerc prend la douzième place aux dépens de Norris.
15e: Verstappen fait la jonction avec Alonso et le dépasse sans difficulté dans la longue pleine charge. Le Hollandais concède quatre secondes et demie à Sainz. Derrière Albon, Bottas, Leclerc et Norris se battent pour la onzième place.
16e: Bottas harcèle Albon mais ce dernier le contient grâce à son excellente vitesse de pointe. Leclerc trépigne derrière ce duo.
17e: Sainz conserve un peu plus de quatre secondes d'avance sur Verstappen. Alonso est semé à huit secondes.
18e: Bottas déborde enfin Albon à la dernière chicane, et Leclerc en profite pour effacer le Thaïlandais dans l'accélération suivante. Albon change ses gommes dans la foulée.
19e: Schumacher est victime d'une nouvelle rupture d'un moteur Ferrari. Il rejoint Pérez dans l'échappatoire de la chicane.
20e: La « virtual Safety Car » est de nouveau de mise. Russell et Ocon plongent aux stands pour prendre les gommes blanches. McLaren rappelle Ricciardo puis Norris, mais ce double arrêt tourne au fiasco car les pneus n'étaient pas prêts ! Zhou, Bottas et Vettel prennent aussi des pneus durs.
21e: Sainz fait escale chez Ferrari, chausse les pneus durs et repart un souffle devant Hamilton. Alonso aurait aimé changer d'enveloppes, mais le drapeau vert est déjà agité.
22e: Sainz rattrape Alonso et le déborde dans la grande ligne droite, comme précédemment.
23e: Hamilton efface à son tour Alonso, en délicatesse avec ses gommes, avant l'ultime virage. Zhou menace Stroll - qui n'a pas stoppé - pour la neuvième place.
25e: Verstappen mène devant Sainz (9s.), Hamilton (12.6s.), Alonso (16.7s.), Russell (23.7s.), Ocon (36.7s.), Leclerc (43.5s.), Bottas (47.1s.), Stroll (49.1s.), Zhou (49.3s.), Tsunoda (50.5s.) et Ricciardo (52.7s.).
27e: Leclerc est aux trousses d'Ocon mais ses gommes lui offrent de moins en moins de grip. Il perd ainsi un temps précieux alors que son unique arrêt est encore lointain.
28e: Alonso fait escale chez Alpine pour mettre des pneus durs (2.8s.). Cet arrêt tardif le relègue derrière Ocon et Leclerc.
30e: Verstappen précède Sainz (8.3s.), Hamilton (14.3s.), Russell (24.6s.), Ocon (39.8s.), Leclerc (40.2s.), Alonso (42.8s.), Bottas (44.9s.), Stroll (49s.), Zhou (49.2s.), Tsunoda (50.4s.) et Ricciardo (52.6s.).
32e: L'intervalle entre Verstappen et Sainz se stabilise autour de huit secondes. Leclerc bute toujours sur Ocon et craint de repartir englué dans la deuxième moitié du peloton après son arrêt.
33e: Verstappen déplore une adhérence médiocre tandis que Sainz n'hésite pas à escalader les vibreurs de la dernière chicane. Stroll retient un peloton comprenant Zhou, Tsunoda, Ricciardo et Vettel.
35e: Verstappen est premier devant Sainz (8.1s.), Hamilton (16.2s.), Russell (26.4s.), Ocon (44.4s.), Leclerc (44.8s.), Alonso (47.8s.), Bottas (51.3s.), Stroll (57.3s.), Zhou (57.5s.), Tsunoda (58.3s.) et Ricciardo (59.3s.). Second arrêt de Gasly qui se bat avec une AlphaTauri sans adhérence.
37e: Sainz bénéficie de pneus plus frais que Verstappen et lui reprend une seconde. Tout va mal pour Leclerc qui non seulement ne parvient pas à doubler Ocon, trop rapide en ligne droite, mais voit en plus Alonso le recoller.
38e: Lanterne rouge, Latifi subit un long pit-stop à cause d'un souci de fixation de roue.
40e: Sainz évolue désormais à six secondes de Verstappen. Ferrari s'apprête à enfin rappeler Leclerc.
41e: Leclerc passe aux stands pour chausser les gommes médiums, et hélas cette opération s'éternise plus de cinq secondes. C'est une très mauvaise affaire pour le Monégasque qui se réinsère derrière le groupe Stroll. Norris prend des pneus médiums, mais traîne sa misère en 17e position.
42e: Verstappen devance Sainz (6s.), Hamilton (17s.), Russell (25s.), Ocon (49s.), Alonso (51.5s.), Bottas (58.5s.), Stroll (1m. 07s.), Zhou (1m. 08s.), Tsunoda (1m. 09s.), Ricciardo (1m. 10s.) et Leclerc (1m. 11s.).
43e: Verstappen paraît chez Red Bull pour prendre un deuxième jeu de pneus durs (2.4s.). Il quitte la pit-lane au même niveau que Hamilton, lequel ne se fait pas prier pour doubler son ancien rival. Toutefois, Verstappen repasse devant le Britannique un peu plus loin, dans l'avant-dernière ligne droite. Hamilton entre aux stands dans la foulée. Leclerc se défait de Ricciardo.
44e: Hamilton passe chez Mercedes pour remettre des gommes blanches (2.8.) et repart en quatrième position. Leclerc double Tsunoda.
45e: Verstappen est actuellement le plus rapide (1'16''959''') et n'évolue qu'à dix secondes de Sainz. Russell s'empare à son tour de nouveaux pneus durs et glisse derrière son équipier Hamilton.
47e: Verstappen est revenu à huit secondes de Sainz. Leclerc prend la huitième place à Zhou. Stroll s'arrête enfin et s'empare de pneus médiums. Tsunoda opère pour sa part son deuxième pit-stop.
48e: Hamilton devient le plus rapide en piste (1'16''549'''). Après avoir chaussé des pneus frais, Tsunoda quitte les stands à trop vive allure, ne parvient à prendre le premier virage... et échoue dans la glissière !
49e: La voiture de sécurité intervient pour ôter la voiture de Tsunoda. Sainz entre alors aux stands pour mettre des pneus durs (3.7s.). Il ressort derrière Verstappen, mais va profiter du regroupement dû à la neutralisation pour combler son retard. Ocon et Alonso se succèdent chez Alpine pour mettre des pneus médiums, alors que Bottas, Zhou, Ricciardo et Albon changent aussi leurs enveloppes.
51e: Le peloton se regroupe derrière la Safety Car, mais les retardataires ne sont pas encore autorisés à se dédoubler.
53e: La direction de course permet aux attardés de récupérer leur boucle de retard.
54e: L'AlphaTauri de Tsunoda été retirée. La course va reprendre au tour suivant. Verstappen devance Sainz, Hamilton, Russell, Ocon, Alonso, Leclerc, Bottas, Vettel, Zhou, Ricciardo, Magnussen, Stroll, Gasly, Albon, Norris et Latifi.
55e: Le drapeau vert est brandi. Verstappen conserve aisément l'ascendant sur Sainz, mais en fin de boucle, il ne devance le Madrilène que de 8/10e.
56e: Sainz profite de ses gommes neuves pour menacer Verstappen. Leclerc pourchasse de son côté Alonso, qui a de meilleurs pneus mais rencontre une perte de puissance à l'accélération, sans doute à cause d'un problème de rappel pneumatique.
57e: Sainz revient à une demi-seconde de Verstappen. Zhou réalise un beau dépassement sur Vettel, par l'extérieur du premier tournant. Ricciardo déborde à son tour le pilote allemand, alors que Magnussen, qui n'a pas changé de pneus, dégringole au classement.
58e: Leclerc dépasse Alonso à l'épingle du Casino. Le pilote Ferrari prend maintenant Ocon en chasse.
59e: Leclerc tente l'extérieur sur Ocon à l'ultime chicane, mais il freine trop tard et emprunte le dégagement pour revenir en piste. Verstappen devance Sainz (0.5s.), Hamilton (2.2s.), Russell (5.3s.), Ocon (12.4s.), Leclerc (13s.), Alonso (13.7s.), Bottas (14.5s.), Zhou (15.8s.), Ricciardo (19.8s.), Vettel (21.1s.) et Stroll (22s.)
60e: Leclerc dépasse Ocon par l'intérieur à l'épingle du Casino. Sous le menace (finalement infondée) d'une pénalité pour avoir roulé trop lentement derrière la Safety Car, Vettel ouvre la porte à son équipier Stroll. Norris écope de cinq secondes de pénalité pour un excès de vitesse dans la voie des stands.
62e: Verstappen rappuie sur le champignon: plus rapide que Sainz dans le premier secteur, il le repousse à huit dixièmes.
63e: Sainz s'adjuge le meilleur tour de la course (1'15''749'''), mais l'aileron arrière mobile ne lui permet pas d'attaquer Verstappen. Stroll s'adjuge la dixième place aux dépens de Ricciardo.
64e: Verstappen tourne en 1'15''839''' et devance Sainz (0.6s.), Hamilton (3.7s.), Russell (8s.), Leclerc (10.7s.), Ocon (15s.), Alonso (15.8s.), Bottas (16.5s.), Zhou (17.1s.), Stroll (25.8s.), Ricciardo (27.3s.) et Vettel (28.8s.).
65e: Alonso est à la peine avec son moteur poussif. Bottas le presse, mais il peut compter sur son équipier Ocon qui ralentit volontairement pour lui permettre de disposer du DRS.
67e: Sainz reste au contact de Verstappen sans pouvoir le doubler. La Red Bull jouit en effet d'une meilleure traction que la Ferrari à la sortie de l'épingle, ce qui prive ensuite Sainz d'une partie de l'avantage offert par le DRS.
68e: Sainz oscille entre rechargement des batteries et attaque dans l'espoir de porter une ultime estocade contre le leader, mais ses pneus médiums avant commencent à s'abîmer.
69e: Une demi-seconde sépare les deux leaders avant le dernier tour. Alonso louvoie devant Bottas et change de trajectoire à plusieurs reprises pour lui couper l'aspiration, ce qui n'échappe pas aux commissaires. L'Espagnol reçoit une pénalité de cinq secondes.
70e et dernier tour: Sainz manque son deuxième secteur et perd ainsi l'usage du DRS pour les derniers kilomètres. La course est jouée.
Max Verstappen remporte son premier Grand Prix du Canada. Sainz échoue à la deuxième place. Hamilton (3e) grimpe sur son premier podium depuis trois mois et précède son équipier Russell. Leclerc conclut sa remontée au cinquième rang. Ocon finit sixième devant son équipier Alonso, mais ce dernier recule en neuvième position du fait de sa pénalité. Cela permet aux Alfa Romeo de Bottas (7e) et de Zhou (8e) d'engranger dix points. La dixième place revient à Stroll. Suivent Ricciardo, Vettel, Albon, Gasly, Norris, Latifi et Magnussen.
Après la course
Max Verstappen et Red Bull assoient leur hégémonie sur cette saison 2022, après cette sixième victoire de rang de la firme au taureau. Et pourtant, le Hollandais n'a guère eu de répit en raison de la pression exercée par Carlos Sainz. Il ne s'attendait pas à voir la Ferrari aussi compétitive, surtout entre les mains de l'Espagnol, mais par chance, la Red Bull bénéficiait ici d'une meilleure motricité que la F1-75, ce qui a sans doute mis Verstappen à l'abri d'une attaque finale de son poursuivant. « Ce fut une course difficile », admet-il. « Je m'attendais à avoir plus de rythme par rapport à Carlos. Notre stratégie a bien fonctionné. Après le deuxième relais, j'avais les pneus les plus frais, mais je n'étais pas sûr de combler l'écart avec Sainz d'ici la fin. Ensuite, la voiture de sécurité lui a permis de passer un set de pneus neufs. J'ai compris qu'il serait difficile de défendre ma position. J'étais à fond dans les 15 derniers tours. Sainz était toujours dans ma zone de DRS, super proche. Pour bien le contrer, il fallait sortir le mieux possible des virages et surtout pousser à la limite sans faire d'erreurs. » Verstappen n'en a commis aucune et, avec six victoires en neuf courses, s'affirme en grand favori pour le titre mondial. Toutefois, la fiabilité de la Red Bull est toujours très perfectible, comme l'a démontré la panne du malheureux Sergio Pérez...
Carlos Sainz aura tout tenté pour doubler Max Verstappen en fin de course, en vain. Le jeune Madrilène se rapproche de plus en plus du triste record du nombre de podiums sans victoire, détenu par Nick Heidfeld (11 contre 13). Néanmoins, pour la première fois en 2022, Sainz a démontré qu'il était capable de prendre le relais de Leclerc et de prétendre à la victoire. « J'attaquais à fond, déclare-t-il. Je n'ai pas laissé un centimètre avec les murs, dans les freinages. J'ai tout donné avec la batterie. J'ai tout essayé pour dépasser Max. Mais aujourd'hui, je n'avais tout simplement pas la possibilité pour être assez proche dans l'épingle et ensuite me décaler avant la chicane. Mais le positif, c'est que nous étions plus rapides, pendant toute la course. Il nous manquait juste ce petit quelque chose pour dépasser. » En effet, le niveau de performance des Ferrari a surpris mais il confirme que les évolutions apportées à Barcelone sont très efficaces. Le souci est que, quatre Grands Prix plus tard, la Scuderia n'a toujours pas retrouvé le chemin de la victoire... Il en va de même pour Charles Leclerc qui, parti en fond de grille, se satisfait de sa cinquième place après avoir perdu un temps fou derrière Esteban Ocon, puis lors de son pit-stop. Bien qu'il affirme ne pas s'inquiéter pour la suite des événements, le Monégasque concède maintenant 49 points à Verstappen au championnat des pilotes, ce qui commence à ressembler à un gouffre.
Le soulagement règne chez Mercedes qui n'a pas subi autant de « marsouinage » que redouté sur ce tracé bosselé. Lewis Hamilton retrouve le chemin du podium après trois mois de disette. Quant à George Russell, il poursuit sa belle série de « top 5 » avec une quatrième place. « C'est notre meilleure course depuis le début de l'année », déclare Toto Wolff. Toutefois si la W13, très difficile à régler, n'a pas trop rebondi ici, elle conserve encore bien d'autres défauts. Or Wolff assure qu'il ne sera pas possible de concevoir une bonne W14 pour 2023 sans avoir percé tous les mystères de la W13. Le rendez-vous de Silverstone, quinze jours plus tard, s'annonce crucial. « Nous sommes plus performants dans les virages à haute et moyenne vitesse que dans les virages lents, mais nous avons du marsouinage dans ces courbes rapides, donc je ne sais pas ce que cela va donner à Copse ou Stowe », confie Hamilton.
Enfin, Alpine-Renault dresse un bilan mitigé de cette escale canadienne. Certes, Laurent Rossi et Otmar Szafnauer, réalistes, ne pensaient pas que Fernando Alonso pouvait convertir sa deuxième place sur la grille en podium. Mais l'Espagnol, repoussé derrière son équipier Esteban Ocon, puis pénalisé pour une défense rugueuse contre Valtteri Bottas, ne s'attendait pas à finir piètre neuvième. « J'ai été frappé par un mauvais timing lors de la Virtual Safety Car », raconte l'Ibère. « J'étais sur la ligne droite de retour lorsqu'elle a été déployée, donc je n'ai pas pu en profiter avant qu'elle se termine. Nous avons eu ensuite un souci moteur à partir du 20e tour qui nous a coûté une seconde au tour. J'ai essayé de contrôler. Plutôt que d'abandonner, j'ai utilisé le DRS pour me défendre, mais j'ai perdu énormément de temps en ligne droite. C'est une grosse opportunité de monter sur le podium qui s'envole. » Décidément, le légendaire chat noir d'Enstone semble avoir trouvé refuge cette saison dans l'A522 n°14 d'Alonso, accablée depuis cet hiver par une kyrielle de problèmes mécaniques. En revanche, Esteban Ocon a fini lui toutes les courses, et presque toujours dans les points, ce qui permet à la firme au A fléché de talonner McLaren pour la quatrième place du classement des constructeurs.
Sources:
- Auto-Hebdo n°2368, 22 juin 2022
- https://f1i.autojournal.fr/magazine/magazine-technique/technique-f1-montreal-canada-rebondissements/
Tony