Bottas vers Alfa Romeo-Sauber
Le 6 septembre, Valtteri Bottas officialise comme attendu son transfert vers Alfa Romeo-Sauber à compter de 2022. Après cinq saisons de bons et loyaux services, le Finlandais (32 ans) est remercié par Mercedes qui prépare désormais son avenir avec la promotion de George Russell aux côtés de Lewis Hamilton. Bottas endossera en contrepartie le costume (inédit pour lui) de leader de l'écurie italo-suisse, un point de chute tout à fait logique puisqu'il connaît de longue date Frédéric Vasseur qui fut jadis son mentor chez ART. Le manager français a toujours tenu le pilote scandinave en haute estime et voit en lui le meneur qui tirera Alfa Romeo de l'ornière, rôle que n'a pas su remplir son compatriote et prédécesseur Kimi Räikkönen. Ce transfert a été facilité par l'amitié entre Frédéric Vasseur et Toto Wolff qui est aussi, rappelons-le, l'agent de Bottas, et à ce titre devait lui retrouver un bon volant.
Le nom du futur coéquipier de Bottas ne sera pas connu avant quelques semaines. Il ne s'agira pas d'Antonio Giovinazzi qui ruine ses dernières chances en se crashant bêtement dans le premier tour du GP d'Italie. Nyck de Vries n'est pas retenu non plus, car Ferrari s'oppose au recrutement d'un pilote estampillé Mercedes. Frédéric Vasseur annonce vouloir attendre la fin du championnat de Formule 2 afin de trancher entre trois des cadors de cette catégorie: l'Australien Oscar Piastri, actuel leader du championnat et membre de l'Alpine Academy, le Chinois Guanyu Zhou, son dauphin, autre protégé d'Alpine, et le Français Théo Pourchaire, issu de la filière Sauber. Quant à Mick Schumacher, il devrait demeurer chez Haas en 2022.
Russell chez Mercedes: une pierre dans le jardin de Hamilton
Le lendemain, 7 septembre, Mercedes révèle logiquement que George Russell sera le coéquipier de Lewis Hamilton en 2022. Le jeune Anglais de 23 ans aura deux saisons pour se mesurer à son illustre aîné et, éventuellement, le pousser vers la sortie... Car il est évident que la concurrence sera vive entre les deux Britanniques. Russell ne sera pas un porteur d'eau, Toto Wolff lui ayant garanti une égalité de traitement totale avec Hamilton. « J'arrive sur un pied d'égalité, on me l'a précisé très clairement », assure le nouvel arrivant, d'ores et déjà prêt à en découdre avec la star mondiale du sport automobile. Cependant, beaucoup chez Mercedes redoutent de revivre la guerre interne qui a opposé Lewis Hamilton à Nico Rosberg entre 2014 et 2016. Russell admet avoir été mis en garde contre cet écueil: « Mercedes a déjà fait l'expérience d'une relation assez mauvaise en interne et ils m'ont fait comprendre qu'ils ne voulaient pas qu'un tel scénario se reproduise... et bien moi non plus ! »
De son côté, Lewis Hamilton aurait bien entendu préféré conserver un équipier docile et inoffensif comme Valtteri Bottas plutôt que de se voir un jeune chien fou jeté dans ses jambes. Aussi, le septuple champion du monde, tout en se montrant fort aimable à l'égard de son futur équipier, prévient déjà Toto Wolff qu'il ne souhaite pas revivre les moments difficiles de l'époque Rosberg: « L'histoire montre qu'une telle cohabitation peut bien se passer, comme cela peut dévisser. C'est une question de management. Nous sommes dans un univers un peu étrange, à la fois sport d'équipe mais aussi compétition individuelle. C'est parfois difficile à concilier. J'aimerais croire que nous avons appris des expériences passées et sommes idéalement préparées à aller de l'avant. » À bon entendeur...
Albon chez Williams, ou la déclaration d'indépendance de Grove
Le 8 septembre, suite au départ de George Russell vers Mercedes, Williams annonce que son prochain duo de pilotes sera constitué de Nicholas Latifi, reconduit, et d'Alexander Albon, jusqu'alors réserviste chez Red Bull Racing. Le recrutement du Britanno-Thaïlandais surprend quelque peu car, a priori, Williams semblait vouloir jeter son dévolu sur Nyck de Vries, le candidat de son motoriste Mercedes. Cependant le pilote hollandais, aussi bon soit-il en Formule Électrique, n'a jamais couru en F1 tandis qu'Albon a derrière lui une solide expérience de deux saisons (2019-2020). Du reste, en choisissant le poulain de Red Bull, Jost Capito manifeste son indépendance à l'égard de Toto Wolff qui a toujours plus ou moins considéré Williams comme un satellite de Mercedes-AMG. « Nous devions équilibrer les choses entre jeunesse et expérience, et en la matière Albon a un avantage sur de Vries », précise Capito. « Cela ne veut pas dire que Nyck aurait fait moins bien dans ce baquet, pas du tout. Mais au bout du compte, Toto Wolff doit comprendre que nous ne sommes pas une équipe B et que nous devons prendre les décisions qui sont bonnes pour nous. » Voilà qui a le mérite d'être clair.
Par ailleurs, Capito entretient des relations de longue date avec Red Bull, pour avoir travaillé chez Sauber dans les années 90, à l'époque où le fabricant de canettes était le sponsor principal de l'équipe suisse. On voit donc s'ébaucher un rapprochement entre Williams et Red Bull. Grâce à Albon, le taureau rouge apparaîtra peut-être sur les Williams en 2022. Mais certains voient plus loin et imaginent Williams utiliser à terme les futures unités de puissance Red Bull Powertrains, peut-être en partenariat avec une marque du groupe Volkswagen, Audi ou Porsche. N'oublions pas que le géant allemand fut jadis l'employeur d'un certain Jost Capito...
Statu quo chez AlphaTauri
Enfin, dernière nouvelle sur le front des transferts: AlphaTauri reconduit comme prévu Pierre Gasly et Yuki Tsunoda pour 2002. Un pis-aller pour Gasly qui visait un retour chez Red Bull et voit sa carrière stagner en milieu de grille. « J'effectue la meilleure saison de l'équipe, tous pilotes confondus depuis quinze ans, et je ne suis pas récompensé ! » soupire le Français au micro de Canal +. « C'est triste et un peu frustrant mais malheureusement ce n'est pas moi qui décide. » Sous contrat avec Red Bull courant jusqu'en 2023, le vainqueur du GP d'Italie 2020 devra patienter pour réintégrer un « top team ». Autant dire qu'il n'a pas fini de ronger son frein à Faenza. Quant à son équipier Tsunoda, il se dit lui-même « surpris » d'être prolongé après tous les accidents dont il a été victime !... Cette réaction aussi franche qu'irréfléchie ne fera pas grimper sa cote auprès de Helmut Marko. Le jeune Nippon fait montre d'une immaturité flagrante et de toute évidence a été hissé trop tôt en Formule 1. Il lui faudra absolument progresser en 2022 sous peine d'être évincé, d'autant plus que Honda ne sera plus là pour le soutenir...
Sources:
- Jean-Michel Desnoues, Que cache l'arrivée d'Albon chez Williams ?, Auto-Hebdo n°2329, 15 septembre 2021.
- Julien Billiotte, Hamilton - Russell : jusqu'ici tout va bien, Auto-Hebdo n°2329, 15 septembre 2021.
Tony