Racing Point: Pérez « malade », Hülkenberg le remplace
Au soir du Grand Prix de Hongrie, Sergio Pérez s'envole pour le Mexique afin de gagner le chevet de sa mère, hospitalisée suite à un grave accident. Ce voyage, au demeurant fort compréhensible, n'en constitue pas moins une stricte infraction au protocole limitant les faits et gestes des membres du paddock. Hélas pour « Checo », le Mexique est alors en pleine épidémie de Covid-19 et, au cours de ce déplacement, il attrape le satané virus. Les deux tests auxquels il se soumet, les 29 et 30 juillet, en prélude du Grand Prix de Grande-Bretagne, s'avèrent positifs ! Bien qu'il ne ressente aucun symptôme, le pilote mexicain est contraint de s'isoler pour quelques jours et donc de déclarer forfait pour l'épreuve de Silverstone. Pérez est effondré car il comptait bien grimper sur le podium sur ce circuit de Silverstone qui s'annonce très favorable à la « Mercedes rose ». En outre, il ignore s'il pourra prendre part au GP du 70ème anniversaire, programmé huit jours plus tard sur ce même circuit. Cela est peu probable car, si la FIA prescrit à tout membre du paddock positif un isolement de dix jours, cette quarantaine est porté à quatorze jours par les autorités sanitaires britanniques.
Pour remplacer Pérez, Racing Point pouvait piocher parmi le duo de réservistes qu'elle partage avec Mercedes et McLaren, formé par Esteban Gutiérrez et Stoffel Vandoorne. Mais aucun d'eux ne sied à ses dirigeants. En effet, Gutiérrez n'a pas roulé en Formule 1 depuis 2016 et Vandoorne se trouve à Berlin afin de préparer les dernières épreuves de la saison de Formule E. Du coup, Lawrence Stroll et Otmar Szafnauer se tournent vers Nico Hülkenberg: sans contrat depuis son éviction par Renault fin 2019, l'Allemand de 33 ans peut se prévaloir d'être immédiatement disponible et de bien connaître l'écurie de Silverstone, puisqu'il a piloté pour celle-ci pendant quatre saisons, lorsqu'elle se nommait Force India, entre 2012 et 2016. « Nico connaît tous les ingénieurs et nos façons de procéder », explique Szafnauer. « Il a roulé sur notre simulateur, c'est facile pour lui de s'y remettre. Il a de l'expérience récente, ayant couru en F1 l'an dernier. Et il nous fallait simplement quelqu'un qui puisse marquer des points. Nico était le meilleur pilote possible. »
Hülkenberg se trouvait cependant encore en Allemagne, jeudi soir, lorsqu'il a appris son engagement. Il n'a que le temps de rejoindre Cologne pour sauter dans le premier avion à destination de Birmingham, tandis que Racing Point remplit dans l'urgence les formalités d'usage: octroi de la super-licence, validation du contrat etc. Vendredi matin, Hülkenberg ne traîne pas au lit: il file à l'usine Racing Point (qui jouxte le circuit de Silverstone) pour un premier essai dans le simulateur, puis se plie à l'inévitable test Covid-19 (heureusement négatif !) et enfin prend à onze heures pour les premiers essais libres !
Présentation de l'épreuve
Après les épreuves d'Europe centrale, la Formule 1 s'offre quinze jours de pause avant d'enchaîner de nouveau trois courses en trois semaines: deux à Silverstone, une à Barcelone. Le traditionnel Grand Prix de Grande-Bretagne, reporté au 2 août, se doublera le 9 d'un « Grand Prix du 70ème anniversaire » qui célébrera les sept décennies d'histoire du championnat du monde de F1. Ces deux manches britanniques ont cependant failli ne jamais voir le jour, car le gouvernement de Sa Gracieuse Majesté a imposé des consignes très strictes aux étrangers entrant au Royaume Uni, notamment une quarantaine obligatoire de quatorze jours. Mais le Premier ministre Boris Johnson s'est finalement montré compréhensif: la Formule 1, discipline britannique par excellence et industrie au poids non négligeable, ne pouvait tout de même pas se priver de sa véritable course nationale. Elle obtient ainsi une dérogation qui permet aux équipes et à leurs personnels de débarquer comme prévu à Silverstone quelques jours avant la première course. Bien sûr, les deux Grands Prix se dérouleront à huis clos, au grand dam des nombreux fans de Lewis Hamilton. Ce dernier appelle d'ailleurs solennellement les supporteurs à ne pas tenter de forcer le huis clos. Finalement, les seuls intrus qui seront aperçus dans l'enceinte au cours de ce week-end seront... des militants écologistes, venus comme à l'ordinaire (et à pied, sans doute) conchier ce sport satanique qu'est la Formule 1.
Le calendrier de cette saison 2020 est totalement chamboulé par l'épidémie de Covid-19. Celle-ci touchant rudement les Amériques, les Grands Prix du Canada, des États-Unis, du Mexique et du Brésil, prévus à l'automne, sont annulés. La Formule 1 va à la place prolonger son séjour en Europe: après les traditionnels GP de Belgique et d'Italie, (30 août et 6 septembre) elle se rendra pour la première fois au Mugello pour un « GP de Toscane » qui célébrera le millième Grand Prix de Ferrari (13 septembre). Le GP de Russie, à Sotchi, le 27 septembre, pourrait être la première épreuve à accueillir des spectateurs. Puis le paddock visitera le Nürburgring (GP de l'Eifel, 11 octobre), Portimão (GP du Portugal, 25 octobre) et Imola (GP d'Émilie-Romagne, 1er novembre). La saison pourrait ensuite s'achever dans le Golfe persique avec deux courses à Bahreïn et à Abou Dhabi, mais des escales en Extrême-Orient, au Vietnam ou en Malaisie, voire en Chine, ne sont pas encore exclues. Au final, la saison devrait comporter 16 ou 17 courses, de quoi assurer des droits commerciaux substantiels aux écuries.
Depuis le coup d'envoi de la saison voici un mois, Alexander Albon déçoit Red Bull par ses médiocres performances. Le Britanno-Thaïlandais semble avoir beaucoup de peine à maîtriser la rétive RB16 et se montre nettement moins véloce que son coéquipier Max Verstappen, lui concédant en moyenne une demi-seconde par tour. Les journalistes français font observer avec ironie qu'il ne fait finalement pas mieux que Pierre Gasly, sèchement rétrogradé chez Toro Rosso l'an passé après une mauvaise demi-saison chez RBR. Mais Christian Horner et Helmut Marko ne se résolvent pas encore à évincer Albon: d'abord parce qu'il a tout de même montré en 2019 de belles dispositions, ensuite parce qu'ils n'ont pas d'autres pilotes en réserve ! Pour ce GP de Grande-Bretagne, Albon collabore avec un nouvel ingénieur de course, l'expérimenté Simon Rennie, lequel travaillait jadis avec Mark Webber et Daniel Ricciardo, avant de rejoindre l'usine de Milton Keynes. Son prédécesseur Mike Lugg effectue le chemin inverse.
Après son début de saison calamiteux, Ferrari restructure son staff technique, sans toutefois faire chuter la moindre tête. Les directeurs de département Simone Resta (châssis) et Enrico Gualtieri (moteurs) bénéficient cependant de plus d'autonomie afin d'atteindre leurs objectifs, tandis qu'un « département de la performance » est créée au profit de l'ingénieur Enrico Cardile, jusqu'ici chargé de la prospective. Cardile pourra compter sur le soutien de techniciens expérimentés comme l'aérodynamicien David Sanchez et surtout le vétéran Rory Byrne (76 ans), toujours en contact avec Maranello.
Renault apporte ici plusieurs évolutions majeures à sa R.S.20, notamment un fond plat et un aileron avant retravaillés. Beaucoup d'améliorations sont aussi apportées à la décevante Alfa Romeo C39, notamment afin d'améliorer son rythme en qualifications que Frédéric Vasseur qualifie de « catastrophique ». McLaren éprouve enfin des évolutions au niveau du plancher et des ailerons de sa MCL35, destinées à améliorer son comportement dans les virages lents.
Essais et qualifications
Les essais du vendredi se déroulent sous la canicule avec un mercure dépassant allègrement les 35°C. Verstappen réalise le meilleur chrono de la séance du matin devant Hamilton et Stroll. Vettel ne roule pas: un problème d'échangeur immobilise sa Ferrari au garage. Cette séance est interrompue par un drapeau rouge causé par Giovinazzi qui sème des débris après une sortie. L'Italien écopera d'une réprimande pour cette négligence. L'après-midi, Stroll se met en vedette en plaçant sa Racing Point-BWT en haut de la feuille des temps. Albon provoque un nouveau drapeau rouge en tapant les rails à Stowe. Samedi, la chaleur diminue et les pilotes doivent composer avec un vent changeant. Bottas se monte le plus rapide lors de la séance du matin.
Jusqu'ici plutôt discret, Hamilton se réveille samedi après-midi en décrochant très aisément sa septième pole position à Silverstone (1'24''303'''), trois dixièmes devant Bottas (2ème) qui rencontre du survirage avec sa Mercedes. Verstappen amène sa Red Bull-Honda au troisième rang mais concède plus d'une seconde à Hamilton. Après avoir subi une panne de batterie le matin, Albon (12ème) échoue une fois de plus en Q2. Les oreilles du Thaïlandais commencent à siffler... Leclerc (4ème) réalise un petit exploit en amenant sa très rétive Ferrari en deuxième ligne. Vettel (10ème) a le mérite de placer en Q3 une SF-1000 quasi-inconduisible. Les McLaren-Renault (Norris 5ème, Sainz 7ème) s'affirment ici en troisième force du peloton. Les Racing Point-BWT déçoivent en revanche: Stroll (6ème) ne confirme pas sa bonne forme de la veille et Hülkenberg (13ème) doit se réadapter à la conduite d'une F1 et admet ainsi souffrir du cou.
Satisfaction chez Renault: les modifications apportées à la R.S.20 semblent porter des fruits puisque Ricciardo (8ème) et Ocon (9ème) atteignent tous deux la dernière étape des qualifications. Gasly (11ème) est plutôt content du comportement de son AlphaTauri-Honda et pourra prendre le départ avec des pneus médiums. Kvyat (18ème) recule de cinq rangs suite à une pénalité pour changement de boîte. Russell (19ème) parvient de nouveau en Q3 avec sa Williams-Mercedes, mais il est pénalisé de cinq places pour ne pas avoir suffisamment ralenti lors d'un drapeau jaune provoqué par son collègue Latifi (20ème). Ce dernier finit en effet sa séance en tête-à-queue... Propulsées par un moteur Ferrari anémique, les Haas (Magnussen 14ème, Grosjean 17ème) ne sont pas du tout performantes. Plutôt véloces vendredi, les Alfa Romeo-Ferrari (Giovinazzi 15ème, Räikkönen 16ème) rentrent dans le rang le lendemain et auront bien du mal à remonter dimanche vers les points.
Le Grand Prix
Dimanche, une douce atmosphère estivale (21°C) imprègne le Northamptonshire. Bien sûr, il est plus que troublant d'assister à un Grand Prix de Grande-Bretagne sans spectateurs. Les tribunes du légendaire autodrome de Silverstone sont désespérément vides, ce qui serre le cœur de tous les passionnés attachés au glorieux passé de ce tracé légendaire. Où sont les foules en délire d'antan qui acclamaient Jim Clark, Jackie Stewart, James Hunt, Nigel Mansell, Damon Hill... ? En espérant des jours meilleurs...
Le retour de Hülkenberg en F1 tourne court: le pilote allemand ne parvient pas à faire démarrer sa Racing Point et restera au garage. En cause: un boulon coincé dans l'embrayage ! Une pièce made in Mercedes... La majorité des coureurs s'élance avec les pneus médiums C2). Seules les Renault, les McLaren et la Ferrari de Vettel sont munies de pneus tendres (C3). Tous devraient prendre les pneus durs (C1) lors de leur second relais.
Départ: Hamilton prend un envol médiocre qui permet à Bottas de se hisser presque à sa hauteur, mais l'Anglais conserve l'ascendant sur le Finlandais au premier tournant. Leclerc passe devant Verstappen.
1er tour: Verstappen double Leclerc entre The Loop et Aintree. Le Monégasque doit ensuite se défendre contre Sainz. En fin de parcours, Hamilton devance Bottas, Verstappen, Leclerc, Sainz, Ricciardo, Norris, Stroll, Ocon et Vettel. Albon tente de faire l'intérieur à Magnussen dans la courbe de Club, mais il harponne la Haas avec sa roue avant-gauche. Magnussen sort dans les graviers et s'écrase contre les glissières de protection, y laissant sa roue avant-gauche.
2e: La voiture de sécurité intervient pour retirer la Haas de Magnussen.
4e: Les commissaires tardent à ôter la monoplace accidentée. Chez Red Bull, on s'inquiète de la suspension avant-gauche d'Albon, mais celle-ci semble indemne.
5e: La voiture de Magnussen est enfin évacuée, la course va reprendre au tour suivant.
6e: Drapeau vert. Hamilton garde l'avantage devant Bottas. Ocon tente de faire l'intérieur à Stroll à Stowe, mais le Canadien se défend fermement. Se plaignant de vibrations, Albon passe chez Red Bull pour prendre des pneus durs (2.4s.).
7e: Hamilton possède une seconde et demie d'avance sur son équipier. Verstappen roule à trois secondes et demie.
8e: Hamilton précède Bottas (1.5s.), Verstappen (4.3s.), Leclerc (8.8s.), Sainz (10.4s.), Ricciardo (11.8s.), Norris (12.7s.), Stroll (13.4s.), Ocon (14.7s.), Vettel (15.4s.), Gasly (15.9s.), Giovinazzi (16.6s.) et Kvyat (17.2s.).
9e: Vettel est à la peine au volant d'une Ferrari poussive et doit retenir l'AlphaTauri de Gasly.
10e: Les Mercedes tournent une seconde au tour plus vite que la Red Bull de Verstappen. Leclerc est isolé au quatrième rang.
11e: Bottas roule en 1'30''518''' et reprend quelques dixièmes à Hamilton. Kvyat dépasse Giovinazzi.
12e: Peut-être à cause d'une crevaison, Kvyat perd le contrôle de son AlphaTauri dans la courbe de Maggots, à plus de 200 km/h. La monoplace italienne tournoie sur elle-même avant de percuter de plein fouet les barrières de sûreté, perdant son train avant et sa roue arrière-gauche. Par bonheur, Kvyat sort sans peine de son épave. La Safety Car reprend la piste.
13e: La neutralisation provoque la ruée aux stands. Ricciardo, Norris, Vettel, Ocon, Gasly, Giovinazzi, Räikkönen, Russell et Latifi chaussent des gommes dures.
14e: Mercedes fournit Hamilton (2.3s.) et Bottas (2.9s.) en pneus durs. Verstappen effectue la même opération, ainsi que Leclerc, Sainz et Stroll. Seul Grosjean n'est pas encore passé par les stands et se retrouve cinquième.
16e: Les commissaires s'activent pour évacuer la voiture de Kvyat. Derrière la voiture de sécurité, Hamilton devance Bottas, Verstappen, Leclerc, Grosjean, Sainz, Ricciardo, Norris, Stroll, Vettel, Ocon, Giovinazzi, Gasly, Albon, Russell, Räikkönen et Latifi.
18e: L'AlphaTauri de Kvyat a été retirée et les débris balayés. La voiture de sécurité s'apprête à regagner la pit-lane.
19e: La course reprend. De nouveau, Hamilton s'échappe facilement devant Bottas. Norris fait l'extérieur à Ricciardo à Luffield. Il tente d'effectuer la même manœuvre face à Sainz avant Copse mais, trop téméraire, le jeune Anglais doit emprunter la bordure asphaltée pour éviter une collision. Ocon dépasse Vettel.
20e: Hamilton s'empare du meilleur tour provisoire (1'30''371'''). Ocon met la pression sur Stroll. Albon écope d'une pénalité de cinq secondes pour avoir éliminé Magnussen.
21e: Hamilton possède une seconde et demie de marge sur Bottas. Verstappen évolue à plus de quatre secondes. Intrus dans le peloton de tête, Grosjean se défend farouchement face à Sainz. Il lui barre la route dans la courbe de Stowe au prix d'un changement de trajectoire tardif et dangereux.
22e: Sainz dépasse Grosjean grâce au DRS avant Stowe. Norris revient à son tour sur le pilote Haas.
24e: L'intervalle est stable entre les Mercedes. Norris déborde Grosjean à Stowe. Le Français va désormais faire bouchon devant Ricciardo, Stroll et Ocon.
25e: Hamilton est premier devant Bottas (2s.), Verstappen (7s.), Leclerc (14.5s.), Sainz (18.5s.), Norris (20.2s.), Grosjean (21s.), Ricciardo (21.5s.), Stroll (22s.), Ocon (22.6s.), Vettel (23.4s.) et Giovinazzi (24s.).
26e: Grosjean se voit présenter le drapeau noir et blanc, un avertissement suite à son comportement litigieux face à Sainz. Ocon tente de faire l'extérieur à Stroll dans Stowe, mais le pilote Racing Point conserve l'avantage.
28e: Bottas reprend le meilleur tour provisoire (1'29''764''').
30e: Hamilton répond à Bottas (1'29''712'''). Verstappen se situe à huit secondes du leader. Grosjean contient un peloton comprenant Ricciardo, Stroll, Ocon et Vettel. Gasly prend la douzième position à Giovinazzi.
31e: Albon fait halte chez Red Bull pour subir sa pénalité puis prendre des gommes tendres. Il repart dernier.
32e: Hamilton mène devant Bottas (1.6s.), Verstappen (9.5s.), Leclerc (24.3s.), Sainz (30s.), Norris (32.3s.), Grosjean (33.3s.), Ricciardo (34s.), Stroll (34.5s.), Ocon (36s.), Vettel (37.6s.) et Gasly (38.7s.). Événement en queue de peloton: Latifi prend la 15ème place à Räikkönen, à la régulière. Le Finlandais se débat avec des pneus endommagés.
34e: Hamilton fait parler la poudre (1'29''321''') et repousse Bottas à près de deux secondes. Ricciardo klaxonne derrière Grosjean.
35e: Giovinazzi reçoit cinq secondes de pénalité pour excès de vitesse durant la précédente neutralisation. Cette sanction sera ajoutée à son temps final.
36e: Ricciardo prend l'aspiration de Grosjean avant Brooklands. De nouveau, le Genevois braque brusquement au freinage, mais Ricciardo passe en force. Puis, Grosjean cède devant Stroll et s'arrête enfin pour changer de pneus. Il peine à redémarrer et se retrouve lanterne rouge.
37e: Gasly dépasse Vettel après une belle bagarre entre Stowe et Club. Le quadruple champion du monde est éjecté de la zone des points.
38e: Hamilton domine devant Bottas (1.9s.), Verstappen (12.2s.), Leclerc (34.7s.), Sainz (38.7s.), Norris (40.7s.), Ricciardo (42.4s.), Stroll (45s.), Ocon (45.6s.), Gasly (48.7s.) et Vettel (49.4s.).
40e: Hamilton améliore le record du tour (1'29'282''') et s'éloigne devant Bottas: deux secondes et demie les séparent.
41e: Verstappen tourne en 1'29''070'''... mais se plaint de l'état de ses pneus avant, très détériorés selon lui.
42e: Albon remonte: il a doublé Grosjean, Räikkönen et Latifi, et pourchasse désormais Giovinazzi et Russell.
44e: Hamilton mène devant Bottas (3s.), Verstappen (13s.), Leclerc (40s.), Sainz (44s.), Norris (46.5s.), Ricciardo (47.8s.), Stroll (53s.), Ocon (53.5s.), Gasly (55.2s.) et Vettel (58.2s.).
45e: Albon dépasse Russell, puis Giovinazzi, et remonte au douzième rang. Stroll se défend devant Ocon, quitte à louvoyer parfois au freinage.
46e: Ocon fait l'extérieur à Stroll dans Brooklands et conquiert ainsi la huitième place. Le Canadien se voit en outre présenter le drapeau noir et blanc à cause de certaines manœuvres d'obstruction.
48e: Hamilton compte maintenant cinq secondes de marge sur Bottas. Verstappen est à quatorze secondes du leader. Ricciardo menace les pilotes McLaren qui se débattent avec des pneus cloqués. Räikkönen perd la portion gauche de son aileron avant à Maggots. Il regagne son stand pour réparer sa calandre.
49e: Bottas subit des vibrations à cause de pneus très détériorés et concède maintenant dix secondes à Hamilton. Gasly prend la dixième place à Stroll au premier virage. Ricciardo double Norris et Albon dépasse Vettel.
50e: Premier coup de théâtre: Bottas subit une crevaison à l'avant-gauche en début de tour. Il laisse filer Verstappen puis regagne les stands au petit trot avec sa gomme délaminée. Le Finlandais chausse de nouveaux pneus et chute au douzième rang.
51e: N'ayant rien à craindre de Leclerc, Verstappen fait escale chez Red Bull afin de mettre de nouvelles enveloppes qui lui permettront de conquérir le point du meilleur tour. Il reste second. Albon déborde Stroll. Le pneu avant-gauche de Sainz éclate. L'Espagnol rejoint à son tour les stands pour remplacer ses roues et tombe dans les tréfonds du classement. Ricciardo s'empare de la quatrième place.
52ème et dernier tour: Hamilton arrive à Copse lorsque son pneu avant-gauche s'effondre. L'Anglais garde son calme et parvient à conserver la maîtrise de sa Mercedes. La gomme se déchiquette, mais du caoutchouc demeure sur la jante, ce qui lui permet de franchir les dernières courbes à petite allure. Prévenu de cet incident, Verstappen donne tout ce qu'il peut pour rattraper le leader, mais il avait trente-deux secondes de retard en ce début de tour. Il part donc de trop loin pour l'emporter...
Lewis Hamilton coupe la ligne sur trois roues et remporte ainsi son septième Grand Prix de Grande-Bretagne ! Verstappen échoue à cinq secondes du vainqueur, mais recueille in extremis le point du record du tour (1'27''097'''). Leclerc obtient une inattendue troisième place. Ricciardo obtient une belle quatrième place pour Renault. Norris finit cinquième, Ocon sixième. Gasly se classe septième: un bon résultat pour AlphaTauri. Revenu de nulle part, Albon termine huitième. Stroll est un décevant neuvième. Vettel, dixième, résiste à un dernier assaut de Bottas qui échoue à la onzième place. Viennent ensuite Giovinazzi, Russell, Sainz, Latifi, Grosjean et Räikkönen.
Après la course: Hamilton increvable
Lewis Hamilton comptait jusqu'ici quelques victoires insolites parmi les 86 amassées au cours de sa longue carrière. Mais cette 87ème achevée sur trois roues restera dans les annales ! Sa paisible domination sur le Grand Prix de Grande-Bretagne a été bouleversée par cette crevaison subite, à quelques virages du drapeau à damiers. « J'ai cru que mon cœur s'arrêtait, jamais je n'ai vécu un dernier tour aussi dramatique ! » s'exclame-t-il, oubliant peut-être celui du GP du Brésil 2008. Bien sûr, les pneus Pirelli donnaient de graves signes d'usure dans ces dernières boucles, comme en témoignent les crevaisons de Valtteri Bottas et de Carlos Sainz Jr. « J'ai su gérer mon rythme tout en maintenant Bottas derrière moi », explique le sextuple champion du monde. « Lorsque que le stand m'a prévenu de ce qui arrivait à Valtteri, j'ai encore ralenti. Mais le pneu a explosé en pleine ligne droite. Je ne savais pas ce qui allait se passer au moment du freinage. J'ai cru que le pneu allait quitter la jante. J'ai failli ne pas pouvoir passer les deux derniers virages, mais ça s'est bien fini pour nous. Mon ingénieur m'informait de l'écart avec Verstappen. Je crois qu'il y avait 30 secondes à un moment, mais cela a chuté très rapidement. Je me demandais quand ce tour allait finir... Le drapeau à damiers fut une libération ! »
Pour expliquer ces crevaisons, les pilotes incriminent des débris issus des accidents de Kevin Magnussen et Daniil Kvyat qui auraient mal été déblayés. Mais, après une courte enquête, Pirelli pointe les trop longs relais parcourus en pneus durs. La neutralisation du 14ème tour, provoquée par l'accident de Kvyat, en permettant à tout le peloton (sauf Romain Grosjean) d'anticiper ses pit-stops, a donc changé la physionomie de la course. « Nous savions qu'en nous arrêtant aussi tôt, il serait difficile de maintenir le même train de gommes jusqu'à l'arrivée », reconnaît Valtteri Bottas. « Mais tout se déroulait plutôt bien, j'essayais de maintenir la pression sur Lewis. Et puis, je me suis mis à ressentir de plus en plus de vibrations dans le train avant. Rien d'ingérable. Et tout à coup, à trois tours de la fin, l'avant-gauche s'est effondré, au plus mauvais moment: juste en abordant la ligne droite des stands ! » Après ce zéro pointé, Bottas perd le contact avec Hamilton au championnat des conducteurs (88 points contre 58), ce qui fait dire à certains observateurs que la saison 2020 est déjà « pliée ».
La déception est aussi très vive pour Max Verstappen qui, sans son arrêt lors du pénultième tour, aurait sans doute réussi à doubler Hamilton dans les derniers mètres pour coiffer les lauriers. Mais les pneus du jeune Hollandais étaient eux-mêmes à la corde. « Lewis a eu du bol ! » sourit-il, « mais mes pneus n'étaient plus très fringants, et qui sait si je n'aurais pas été victime de la même mésaventure ? » Christian Horner confirme que le pneu avant-gauche de la Red Bull n°3 était affligé d'une coupure et de quelques lacérations. Un éclatement n'était pas à exclure... « Aurais-je dû continuer ? On ne pouvait pas prédire la crevaison de Hamilton... Je n'ai pas de regret », conclut Verstappen.
Dernière victime de cette épidémie de crevaisons, Carlos Sainz II, exclu des points pour la première fois en 2020, peste contre le sort: « C'était un peu une loterie, entre ceux qui ont subi ces crevaisons et ceux qui sont passés en travers », soupire l'Ibère. Toutefois, la cinquième place de Lando Norris permet à McLaren de consolider sa troisième place au championnat des constructeurs aux dépens de Ferrari et de Racing Point-BWT. Cette dernière équipe a d'ailleurs complétement sombré ce dimanche: Lance Stroll s'est plaint d'un manque d'équilibre général et Nico Hülkenberg n'a même pas pris le départ ! Au bal des chanceux, Charles Leclerc a encore tiré le bon numéro. Sa troisième place est en effet tout à fait insolite tant la Ferrari SF-1000 s'est traînée sur ce circuit de Silverstone. « Le niveau de performance n'est pas à la hauteur de nos attentes, mais nous saisissons toutes les opportunités », estime le Monégasque, tandis que Sebastian Vettel, piteux dixième, se demande ce qu'il pourra bien extraire cette année de sa charrette rouge.
La joie est plus vive chez Renault: grâce à Daniel Ricciardo (quatrième) et Esteban Ocon (sixième), le Losange inscrit vingt points d'un coup. « Avec quelques tours de plus, je pouvais aller chercher Leclerc et grimper sur le podium », déclare Ricciardo. « Certes, nous avons profité du chaos, mais nous avons prouvé que nous faisions partie des six meilleurs. » Même constat pour Ocon: « Le travail a payé. La voiture était vraiment bonne durant la course. Reste à soigner nos qualifications, et nous pourrons viser plus haut. » « Si la Renault progresse encore un peu dans les secteur rapides, nous aurons un sacré potentiel », conclut son équipier. À noter enfin que, comme cela est devenu l'usage, Renault porte réclamation contre les résultats de Racing Point. Le conflit entre les équipes jaune et rose devrait connaître son dénouement dans l'intervalle entre les deux Grands Prix britanniques.
Tony