Point sur les transferts
Gel des moteurs: les constructeurs divisés
Lundi 27 octobre 2020, les constructeurs se retrouvent à Portimão pour débattre de la récente proposition de Christian Horner, directeur de Red Bull Racing, de geler le développement des groupes propulseurs hybrides à compter de 2022. Par cet accommodement, la marque au taureau souhaite faciliter son éventuel rachat du moteur Honda, une opération fort complexe qui lui fera certainement perdre du temps face à la concurrence. Afin de forcer la main à ses interlocuteurs, elle n'hésite pas à évoquer un retrait de la F1 si elle n'obtient pas satisfaction. Son idée se heurte aux refus de Ferrari et de Renault, deux firmes qui ont au contraire besoin de faire progresser leurs moteurs dans l'espoir de rattraper à terme la référence en ce domaine, Mercedes. L'opposition de Ferrari est catégorique. Son président Louis Camilleri souligne ainsi que la future réglementation technique prévoit l'expérimentation de biocarburants et, dans ce contexte, il est impossible de laisser les moteurs en plan. De son côté, Cyril Abiteboul, directeur général de Renault Sport, rappelle qu'il s'était prononcé en début d'année pour un gel de la motorisation et que cette idée avait été repoussée par... Red Bull et Honda. Depuis, les ingénieurs de Viry-Châtillon ont lancé une vaste plate-forme de développement en vue de 2002 qu'ils n'ont aucune intention d'abandonner.
Red Bull trouve un soutien paradoxal du côté de Mercedes. En effet, Toto Wolff soutient l'idée de Christian Horner en tenant compte de son chantage au retrait de la discipline. Wolff estime que la F1 a besoin de conserver une équipe aussi compétitive que RBR et se dit prêt à accepter un gel de la motorisation si cela peut lui permettre de se maintenir à son niveau actuel. Mercedes, qui possède incontestablement le meilleur groupe hybride, n'y voit pas les mêmes inconvénients que Renault ou Ferrari... Cependant sa générosité a ses bornes: pas question, le cas échéant, de fournir des moteurs à Red Bull ou AlphaTauri !... Le dénouement de cette affaire devrait survenir d'ici la fin de l'année 2020.
Présentation de l'épreuve
Après quatorze ans d'absence, Imola revient au programme du championnat du monde de Formule 1 afin de remplacer les épreuves nord-américaines annulées par la crise du coronavirus. Au lieu de reprendre sa dénomination traditionnelle de « Grand Prix de Saint-Marin », cette épreuve devient le « Grand Prix d'Émilie-Romagne », du nom de la province italienne où se situe l'autodrome Enzo e Dino Ferrari. Si la plupart des pilotes connaissent ce circuit pour y avoir roulé dans les catégories inférieures, seul le vétéran du peloton Kimi Räikkönen y a couru en Formule 1. Toutefois, les bolides ont beaucoup évolué depuis 2006, et cette expérience ne lui servira pas à grand-chose. « C'est bien de revenir à Imola, car c'est un circuit sympa avec beaucoup d'histoire », déclare le Finlandais. « Quelques personnes ont mentionné toutes les fois où j'ai abandonné ici, avec des problèmes mécaniques, mais j'ai aussi eu un podium là-bas en 2003, donc les souvenirs ne sont pas toujours si mauvais. » L'autodrome a aussi quelque peu changé en quatorze ans. Les stands ont été entièrement refaits à la fin des années 2000 et le tracé a été retouché dans sa dernière portion. La grille de départ a été un peu avancée et la dernière chicane, la Variante Bassa, supprimée. Les pilotes roulent désormais pied au plancher entre Rivazza et Tamburello, avec la possibilité d'actionner le DRS. Imola peut donc de nouveau être qualifié de circuit de vitesse. Chacun devra néanmoins se méfier de quelques « boudins » de couleur jaune, disséminés derrière les trottoirs, particulièrement traîtres pour les fonds plats.
À noter une nouveauté: ce Grand Prix se déroulera sur seulement deux jours. La FIA a en effet décidé de faire l'impasse sur la journée du vendredi, officiellement afin de donner un peu de répit aux équipes qui ont avalé 2400 kilomètres depuis la manche de Portimão, huit jours plus tôt. Il s'agit surtout d'éprouver un nouveau format élaboré par Ross Brawn et visant à condenser les week-ends en réduisant au strict minimum les essais libres, jugés peu intéressants pour le public et, partant, de faire avaler plus facilement aux écuries un calendrier de plus en plus lourd. Jean Todt prévoit ainsi un championnat de vingt-trois dates en 2021: les vingt-deux initialement prévues en 2020, plus un nouveau GP d'Arabie saoudite. Sous réserve bien sûr que la pandémie de la Covid-19 se calme d'ici là...
Les coureurs devront donc se contenter d'une séance d'une heure et demie le samedi matin pour se familiariser avec le circuit avant d'aborder dans la foulée les qualifications. Cela ne semble guère les déranger et beaucoup soutiennent le raccourcissement des Grands Prix. « Je ne pense pas qu'on ait besoin d'être en piste le vendredi », avance ainsi Lewis Hamilton. « On peut s'en passer. Je suis d'avis qu'il y a trop d'essais. » « Je n'ai pas détesté ce que nous avons vécu il y a quelques semaines au Nürburgring en raison des conditions climatiques », renchérit son patron Toto Wolff. « Moins il y a d'essais, moins il y a d'informations pour les équipes à analyser et plus le week-end pourrait être imprévisible. » Visiblement la quête du spectacle semble l'emporter sur le besoin de mise au point. Les promoteurs des événements ne sont bien sûr pas de cet avis: pour eux, supprimer le vendredi revient à leur ôter une journée de recettes...
Imola devait à l'origine accueillir 13 000 spectateurs. Hélas en raison de la recrudescence de l'épidémie de Covid-19 qui touche actuellement l'Europe, les gouvernements multiplient les restrictions et amorcent des « reconfinements ». Le 28 octobre, le président du conseil italien Giuseppe Conte annonce que désormais tous les événements sportifs se dérouleront à huis clos, et cela vaut bien entendu pour le Grand Prix de Formule 1. Après Monza, les tifosi sont ainsi de nouveau privés de tribunes... Enfin, les pilotes s'emparent de ce retour à Imola pour rendre hommage à Ayrton Senna, bien que nombre d'eux n'étaient même pas nés lors de son décès. C'est le cas par exemple de Pierre Gasly qui arbore un casque reprenant les couleurs de Magic. Par ailleurs, un diamant est incrusté au niveau de la chicane de Tamburello, là où le champion brésilien s'est tué le 1er mai 1994.
Fernando Alonso apparaît à Imola dans le stand Renault, officiellement en « simple observateur », même si en fait il accélère sa préparation en vue de son retour derrière le volant en 2021. Il participe ainsi à tous les débriefings techniques en compagnie de Daniel Ricciardo et Esteban Ocon, s'attarde avec les ingénieurs dans le garage, scrute toutes les monoplaces... Samedi soir, il saute dans un avion pour Bahreïn où il doit effectuer un premier roulage avec la Renault R.S.18, avant de peut-être prendre part en décembre aux essais d'Abou Dhabi traditionnellement réservés aux débutants...
Essais et qualifications
Les participants consacrent évidemment l'unique séance libre du samedi matin à la (re)découverte de ce circuit et à la mise au point accélérée de leurs bolides. Hamilton réalise le meilleur chrono devant Verstappen et Bottas. Contrairement à ce qui s'était produit au Portugal, les pilotes sont ici satisfaits de l'adhérence offerte par les pneus Pirelli.
L'après-midi, Bottas signe la quinzième pole position de sa carrière en 1'13''609''', soit six secondes de mieux que le précédent record, réalisé par Jenson Button en 2004 sur BAR-Honda. Avec la seconde Mercedes, Hamilton (2ème) commet quelques petites fautes et s'incline pour un dixième. Verstappen se classe troisième - comme d'habitude - après avoir rencontré en Q1 une panne de bougie, résolu en seulement quinze minutes par Red Bull. Albon partira sixième bien que plusieurs de ses chronos aient été effacés après qu'il a franchi les limites de la piste. Les AlphaTauri font sensation: Gasly (4ème) décroche sa meilleure qualification de la saison et Kvyat (8ème) atteint la Q3 pour la première fois en 2020. Ricciardo, cinquième avec sa Renault, estime avoir réalisé « son meilleur tour de la saison ». Ocon (12ème) est éliminé en Q2 à cause d'un léger travers. Leclerc place sa Ferrari au septième rang, mais aurait pu faire mieux sans une petite faute à Tosa. Vettel (14ème) cale à nouveau dès la Q2, et beaucoup se demandent s'il bénéficie encore de la même machine que son équipier...
Les McLaren (Norris 9ème, Sainz 10ème) ne sont pas très rapides en qualifications et concèdent quatre dixièmes aux AlphaTauri et à la Renault de Ricciardo. Racing Point ne met pas le doigt sur le bon set-up: Pérez (11ème) et Stroll (15ème) déplorent tous deux un déficit d'adhérence. Russell est de nouveau très brillant et place sa Williams-Mercedes en treizième position. Latifi (19ème) a perdu une partie de sa matinée à cause d'une panne de freins. Chez Haas, Grosjean (16ème) ne rencontre pas de problèmes particuliers, contrairement à Magnussen (17ème) qui subit un souci de boîte de vitesses avant de sortir dans les graviers. Enfin, Alfa Romeo vit une séance calamiteuse: Räikkönen signe le 13ème temps en Q1 mais celui-ci est annulé car le Finlandais a franchi les limites de la piste. Il partira finalement 18ème. Giovinazzi (20ème) prétend avoir été gêné par du trafic.
Le Grand Prix
Le ciel est gris et les températures plutôt fraîches en cette Toussaint 2020. Aucun risque de pluie néanmoins à l'horizon. Comme à Monza, le spectateur est attristé par l'absence des tifosi, dont les chants et les vivats auraient pu estomper la grisaille ambiante. La plupart des pilotes s'élancent avec les pneus médiums (C3). Gasly, Ricciardo, Albon, Leclerc, Kvyat, Sainz, Norris et Giovinazzi partent en pneus tendres (C4). Le composé dur (C2) devrait être utilisé pour le second et dernier relais. Les mécaniciens d'AlphaTauri s'attardent sur la machine de Gasly, atteinte d'une fuite hydraulique, colmatée dans l'urgence.
Départ: Bottas démarre bien, contrairement à Hamilton qui patine quelque peu. Verstappen déborde l'Anglais par l'intérieur à Tamburello. Se déportant vers la droite, Hamilton gêne Gasly qui se fait doubler par Ricciardo. Stroll perd une moustache contre la Renault d'Ocon au premier freinage.
1er tour: Vettel heurte Magnussen au freinage de Tosa et l'expédie en tête-à-queue. Le Danois se relance bon dernier. En fin de tour, Bottas mène devant Verstappen, Hamilton, Ricciardo, Gasly, Leclerc, Albon, Kvyat, Norris et Sainz. Stroll passe aux stands pour changer ses roues et son aileron avant.
2e: À Tosa, Bottas roule sur un morceau de carbone laissé par Vettel. Celui-ci se fiche sous le fond plat de la Mercedes qui dès lors aura un comportement quelque peu erratique.
3e: Bottas ne parvient pas à distancer Verstappen et Hamilton. Ricciardo prend une petite avance sur Gasly.
5e: Bottas est premier devant Verstappen (1.3s.), Hamilton (2.6s.), Ricciardo (8.8s.), Gasly (10s.), Leclerc (12s.), Albon (12.6s.), Kvyat (13.7s.), Norris (15.4s.), Sainz (16.7s.), Pérez (17.5s.) et Ocon (19s.).
6e: Kvyat attaque un Albon décidément peu en verve. Sainz dépasse son équipier Norris.
7e: Bottas signe le premier chrono de référence (1'19''417''') bien qu'il manque d'adhérence. Verstappen et Hamilton demeurent dans son sillage.
8e: Catastrophe pour Gasly: son ingénieur Pierre Hamelin lui annonce qu'il doit rentrer aux stands car un de ses radiateurs est envahi d'eau. Les réparations de fortune effectuées sur la grille n'ont pas suffi...
9e: Grosjean stoppe chez Haas afin de chausser déjà des pneus durs. Gasly met pied à terre.
10e: Bottas précède Verstappen (1.6s.), Hamilton (3s.), Ricciardo (12.5s.), Leclerc (15.9s.), Albon (17.1s.), Kvyat (18.2s.), Sainz (19.5s.), Norris (21.4s.) et Pérez (22.2s.). Giovinazzi passe chez Alfa Romeo pour prendre des gommes médiums.
12e: Bottas porte son avantage sur Verstappen à deux secondes. Pérez est aux trousses de Norris pour la dixième place. Changement de pneus pour Russell.
13e: Leclerc, Norris et Ocon font escale aux stands et s'emparent des pneus durs.
14e: Ricciardo, Albon et Kvyat passent aux stands pour mettre les Pirelli blancs et ressortent dans cet ordre.
15e: Bottas tourne en 1'18''944'''. Leclerc tente d'attaque Ricciardo à Tosa mais il bloque une roue au freinage et échappe de peu à la sortie.
17e: Bottas se déchaîne malgré sa monoplace déséquilibrée et améliore le record à chaque passage (1'18''799'''). Kvyat tente de déboîter Albon par l'intérieur à Tamburello, mais le jeune Thaïlandais ferme la porte. Sainz chausse les pneus durs.
18e: Repoussé à plus de deux secondes de Bottas, Verstappen apparaît au stand Red Bull et s'empare des gommes dures (2.2s.). Il redémarre en troisième position.
19e: Bottas compte quatre secondes de marge sur Hamilton tandis que le stand Mercedes se prépare à l'accueillir.
20e: Bottas prend les pneus durs (2.4s.) tandis que ses mécanos ne dénichent pas la pièce coincée sous son plancher. Hamilton récupère la première place et choisit de demeurer en piste puisque ses gommes fonctionnent bien.
21e: Hamilton est en tête devant Bottas (24s.), Verstappen (25s.), Pérez (30s.), Vettel (36.5s.), Räikkönen (38.8s.), Magnussen (42s.), Latifi (51s.), Ricciardo (53.4s.), Leclerc (54.7s.), Albon (55.8s.), Kvyat (56.7s.) et Sainz (57.3s.).
23e: Hamilton enchaîne les meilleurs chronos et semble se forger une avance définitive sur Bottas dont le fond plat est trop endommagé pour qu'il puisse attaquer. Verstappen le menace.
25e: Hamilton est premier devant Bottas (26.4s.), Verstappen (27.8s.), Pérez (33.3s.), Vettel (42.2s.), Räikkönen (46.1s.), Magnussen (50.5s.), Latifi (58.5s.), Ricciardo (59.5s.), Leclerc (1m.), Albon (1m. 02s.) et Kvyat (1m. 03s.).
27e: Hamilton tourne en 1'27''502''' et repousse Bottas à vingt-sept secondes. Magnussen effectue son changement d'enveloppes. Le Danois souffre car, à cause d'un problème de boîte, chaque passage de vitesse s'effectue au prix d'un vacarme qui maltraite ses tympans...
29e: Ocon se gare dans la pelouse après Acque Minerale suite à la rupture d'un arbre de transmission. Pérez passe chez Racing Point pour changer de gommes et fait une excellente opération puisqu'il redémarre devant Ricciardo.
30e: La procédure de « voiture de sécurité virtuelle » est enclenchée afin que les commissaires puissent retirer la Renault d'Ocon. Ceci survient alors que Hamilton arrive aux stands pour mettre les gommes dures. Lorsqu'il repart, le drapeau vert est agité, et Bottas n'a ainsi pas pu accélérer pour rattraper son équipier. Stroll passe aussi par les stands.
32e: Hamilton devance Bottas (4.2s.), Verstappen (5.7s.), Vettel (26.7s.), Räikkönen (30.8s.), Latifi (37.5s.), Pérez (40s.), Ricciardo (42.5s.), Leclerc (47.3s.), Albon (50s.), Kvyat (51.3s.), Sainz (55.5s.) et Norris (57s.).
34e: Verstappen est revenu à une seconde de Bottas dont la tenue de route s'altère de plus en plus.
35e: Hamilton compte six secondes d'avance sur le duo Bottas - Verstappen. Latifi exécute son changement de gommes et se retrouve 15ème.
36e: Bottas bloque ses roues au freinage de Rivazza et sort péniblement du virage. Verstappen est cependant encore trop loin pour porter l'estocade.
39e: Vettel stoppe chez Ferrari pour s'emparer des gommes dures. Cette opération s'éternise durant treize secondes à cause d'un pistolet grippé. Le quadruple champion du monde perd ainsi tout espoir d'inscrire un point.
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40e: Hamilton est en tête devant Bottas (10.5s.), Verstappen (11.4s.), Räikkönen (42s.), Pérez (45s.), Ricciardo (52.3s.), Leclerc (54.5s.), Albon (56.7s.), Kvyat (59s.), Sainz (1m. 01s.), Norris (1m. 04s.) et Russell (1m. 09s.).
42e: De nouveau, Bottas loupe son freinage à Rivazza et met deux roues dans les graviers. Verstappen se colle à l'arrière-train de la Mercedes et actionne son DRS au passage de la ligne.
43e: Verstappen déborde Bottas par l'extérieur et s'impose au tournant de Tamburello. Le Finlandais n'a pas les moyens de répliquer.
45e: Hamilton précède Verstappen (12.8s.), Bottas (16.8s.), Räikkönen (48s.), Pérez (48.7s.), Ricciardo (56.9s.), Leclerc (58.4s.), Albon (1m.), Kvyat (1m. 01s.), Sainz (1m. 03s.) et Norris (1m. 06s.).
46e: Pérez revient sur Räikkönen, seul pilote à ne pas avoir changé ses gommes depuis le coup d'envoi. Plus loin, Ricciardo contient Ricciardo et Leclerc.
48e: Treize secondes séparent Hamilton et Verstappen. Räikkönen fait escale aux stands, chausse les pneus tendres, puis redémarre en douzième position, entre Russell et Vettel.
49e: Magnussen affronte un terrible mal de crâne à cause de la défaillance de boîte évoquée plus haut. Piteux dix-huitième, il choisit sagement de renoncer.
51e: Le pneu arrière-droit de Verstappen explose aux abords de la chicane Villeneuve. Le Néerlandais part en toupie et finit sa course dans les graviers. La Red Bull est immobilisée en bordure de piste et la Safety Car intervient. Sur ce, Bottas regagne les stands pour chausser des pneus tendres. À cette occasion, ses mécaniciens dégagent de son fond plat un gros morceau de carbone, une dérive latérale de l'aileron de Vettel qui explique pourquoi la Mercedes du Scandinave était aussi instable...
52e: Alors qu'il détenait la troisième place, Pérez rejoint le stand Racing Point pour prendre les enveloppes rouges. Kvyat, Sainz et Grosjean changent aussi leurs pneus, de même que Stroll qui manque son stationnement et heurte légèrement le responsable du lève-vite. Parvenu en dixième position, Russell se fait surprendre par ses pneus refroidis dans la descente vers Acque Minerale. La Williams pivote vers la gauche et s'écrase contre le mur.
53e: Hamilton passe aux stands pour s'équiper de pneus tendres (3.4s.). Changement de gommes également pour Albon et Vettel. Russell abandonne sa monoplace accidentée et peine à dissimuler sa frustration: il était en passe d'inscrire enfin son premier point en F1...
54e: Les commissaires s'affairent pour ôter les voitures de Verstappen et de Russell. Les retardataires sont autorisés à se dédoubler. Norris chausse à son tour des pneus frais.
56e: Le peloton s'étire derrière la voiture de sécurité. Hamilton précède Bottas, Ricciardo, Leclerc, Albon, Pérez, Kvyat, Sainz, Norris, Räikkönen, Giovinazzi, Latifi, Grosjean, Vettel et Stroll.
57e: La Safety Car rejoint les stands à l'issue de cette boucle. Hamilton roule lentement et louvoie dans la descente vers Rivazza, avant de remettre les gaz. Il laisse Bottas derrière lui.
58e: Le drapeau vert est agité. Ricciardo résiste à Leclerc. Grâce à ses pneus tendres, Kvyat double immédiatement Pérez puis Albon. Le Mexicain dépasse ensuite le Thaïlandais au virage Villeneuve. À la sortie de cet enchaînement, Albon part en tête-à-queue sous le nez de Sainz qui l'évite par miracle. Il se redressera bon dernier. Très rapide, Kvyat déborde Leclerc à Piratella.
59e: Hamilton affole le chronomètre et ne laisse aucun espoir à Bottas. Latifi et Grosjean se bagarrent pour la onzième place. Albon repasse par son stand pour remplacer ses pneumatiques abîmés dans sa pirouette.
60e: Hamilton devance Bottas (1.7s.), Ricciardo (6s.), Kvyat (9s.), Leclerc (11s.), Pérez (11.4s.), Sainz (12.1s.), Norris (12.8s.), Räikkönen (13.5s.), Giovinazzi (14.5s.), Latifi (16.3s.), Grosjean (17.8s.) et Vettel (18.5s.).
62e: Hamilton conclut cette épreuve avec cinq secondes d'avance sur son coéquipier. Kvyat tente en vain de rattraper Ricciardo mais ce dernier tient solidement sa troisième place. Pérez est aux trousses de Leclerc.
63ème et dernier tour: Lewis Hamilton remporte sa neuvième victoire de la saison et améliore in extremis le record du tour (1'15''484'''). Bottas complète le doublé Mercedes qui donne à cette firme le titre mondial des constructeurs. Ricciardo, troisième, offre à Renault un second podium en trois courses. Kvyat finit quatrième après un superbe « rush » final. Leclerc, cinquième, apporte huit points à Ferrari. Pérez se classe sixième mais a stupidement perdu le podium en s'arrêtant pendant la neutralisation. Suivent les McLaren de Sainz et Norris, ainsi que les Alfa Romeo de Räikkönen et de Giovinazzi qui récoltent trois bons points. Latifi, Grosjean, Vettel, Stroll et Albon coupent aussi la ligne. Grosjean reculera au 14ème rang après avoir encaissé une pénalité de cinq secondes pour avoir roulé hors limites.
Après la course: nouvel exploit pour Mercedes
Une rude épreuve attend les pilotes Mercedes après la cérémonie du podium: Daniel Ricciardo leur demande de participer à son « shoey », sa curieuse coutume australienne consistant à boire une gorgée de champagne dans sa bottine. Si Valtteri Bottas fait la sourde oreille, Lewis Hamilton se prête au jeu, porte la chaussure de son collègue à ses lèvres et... le regrette aussitôt. « C'est immonde, plus jamais je ne ferai ça ! » balbutie-t-il, écœuré, devant un Ricciardo hilare.
Plus sérieusement, Mercedes établit un nouveau record avec sept titres mondiaux des constructeurs consécutifs, ce qui efface des tablettes la précédente série de référence réalisée par Ferrari entre 1999 et 2004. Ce n'est désormais plus une figure de style d'affirmer qu'aucune écurie n'aura jamais autant écrasé la Formule 1. Cette septième consécration n'était pas pourtant pas évidente l'hiver dernier, lorsque Ferrari, dont le moteur n'était pas encore rentré dans les limites de la légalité, se posait en favorite du championnat 2020. « Nous ne comprenions pas la domination du groupe propulseur Ferrari », se souvient Toto Wolff. « Les gars de Brixworth ont failli partir en burn-out tant ils ont bossé fort pour revenir. Et voilà... » Ceux de Brackley, l'usine des châssis, n'ont pas chômé non plus avec cette Mercedes W11 très différente de sa devancière et munie de l'ingénieux Dual Axis System (DAS), un procédé révolutionnaire permettant d'échauffer les gommes en tirant sur le volant qui s'est avéré fort utile lors des récentes épreuves européennes automnales.
Aveu soudain ? Contre-coup des efforts endurés durant cette course ? Effet du jus de chaussette que lui a fait ingurgiter Daniel Ricciardo ? Lewis Hamilton secoue les journalistes en conférence de presse lorsque ceux-ci l'interrogent sur son avenir. « Rien ne garantit que je serai encore en F1 l'année prochaine », lâche-t-il nonchalamment. Cette petite bombe émeut le paddock, mais Toto Wolff se précipite pour la désamorcer. « Lewis ne se retirera pas de sitôt. Je pense qu'il a parlé sous le coup de l'émotion, ou de la fatigue. La saison est longue. » Affaire à suivre....
Début 2020, Renault visait la troisième place du championnat des constructeurs. Au soir d'Imola, le Losange s'empare de cette position avec un petit point d'avance sur McLaren et Racing Point (135 à 134) ! La lutte sera intense jusqu'au bout. Présent à Imola, Luca de Meo, directeur général du Groupe Renault, embrasse chaleureusement Cyril Abiteboul, lequel va peut-être devoir se faire graver un second tatouage... Certes, cette troisième place est un peu chanceuse, car Ricciardo a profité de l'incroyable erreur de Racing Point qui a fait rentrer Sergio Pérez aux stands durant la neutralisation, alors que le Mexicain tenait cette position grâce à une stratégie jusqu'ici impeccable. « Lorsque j'ai vu Pérez emprunter la pit-lane, j'ai bien ri ! » s'exclame « Danny Ric ». « C'était un peu fou, mais quand j'ai vu Verstappen abandonner, j'ai décidé de ne pas remplacer mes gommes usagées. Même si l'équipe m'avait demandé de le faire, j'aurais refusé. » Hélas, comme au Nürburgring trois semaines plus tôt, le podium de Ricciardo est quelque peu gâché par le nouvel abandon d'Esteban Ocon, sur panne de transmission. Le jeune Normand semble avoir retrouvé le chat noir qui partageait ce même baquet, il y a bien longtemps, avec Jarno Trulli...
Tony