Le Losange vacille
C'est dans une atmosphère morose que l'écurie Renault pose ses valises en Amérique. L'équipe officielle du Losange est encore sous le coup de la décision du tribunal de la FIA qui a exclu ses deux bolides du classement du GP du Japon pour une sombre affaire de système de réglage automatique des freins non conforme, suite à une plainte de Racing Point. En fait, la position des autorités sportives est contestable et donne matière à polémique, bien que Renault ait décidé de ne pas s'embourber dans une procédure d'appel. En effet, le dispositif litigieux a bel et bien été jugé légal par les commissaires techniques, d'autant plus que Romain Grosjean, ex-pilote de l'écurie d'Enstone, a avoué s'en être déjà servi en... 2015 ! Mais les autorités ont aussi considéré qu'il pouvait être assimilé à une aide au pilotage prohibée. Il est donc légal sur le plan technique et illégal sur le plan sportif ! Est-ce à dire que des innovations techniques conformes au règlement pourraient dorénavant être exclues sur des critères sportifs plus ou moins subjectifs ? On comprend la colère sourde des hommes de Cyril Abiteboul...
Ceux-ci sont d'autant plus irrités que l'affaire a été dévoilée par un de leurs ex-collègues, recruté cet hiver par Racing Point. Cet individu a transmis au staff d'Andrew Green une vidéo prise depuis le casque de Daniel Ricciardo et montrant comment le fameux dispositif permettait au pilote d'effectuer moins d'opérations sur son volant. Un « coup bas » hélas monnaie courante dans le monde impitoyable de l'industrie automobile. Mais très préjudiciable au Losange qui, à cause de cette disqualification, a non seulement perdu tout espoir de rattraper McLaren au classement des constructeurs, mais se retrouve en plus sous la menace directe de Toro Rosso et de... Racing Point ! Renault pourrait donc achever 2019 à une sixième ou une septième place très décevante au vu des objectifs fixés en début de saison.
En outre, ces déboires surviennent dans un contexte troublé pour l'Alliance Renault - Nissan qui peine à se relever des conséquences de l'affaire Carlos Ghosn, avec un chiffre d'affaires et des ventes en nette baisse. Le directeur-général du groupe Thierry Bolloré vient tout juste d'être limogé et son successeur, Mme Clotilde Delbos, déclare avoir l'intention de remettre à plat la stratégie sportive du groupe, et donc de s'interroger sur la poursuite de l'engagement en Formule 1. Dans un contexte international de transition écologique et de catastrophisme climatique, l'image du sport automobile est en effet très écornée auprès des décideurs et de leurs relais médiatiques. Les grands constructeurs mondiaux s'adaptent à cette évolution en développant des véhicules hybrides ou électriques, mais aussi en s'affichant dans des compétitions automobiles « propres », comme en témoigne leur engouement pour la Formule E. Or Renault a justement fait le chemin inverse: pionnière de la FE, elle s'en est éloignée en 2018, cédant la place à Nissan, pour se concentrer entièrement sur la F1. Un choix à contre-courant qui pourrait être bientôt révisé.
Présentation de l'épreuve
Le Grand Prix du Mexique est chaque année un grand succès populaire, mais sa situation financière n'en demeure pas moins précaire, car les revenus dégagés ne permettent pas de couvrir les dépenses. Jusqu'ici, le gouvernement fédéral comblait les déficits assez exorbitants accumulés par les organisateurs: l'an passé, il dût ainsi débourser pas moins de 400 millions de pesos, soit 18,5 millions de dollars. Toutefois, fin 2018, le nouveau président Andrés Manuel López Obrador a annoncé que l'État mexicain retirait sa subvention au circuit des frères Rodriguez pour se concentrer sur d'autres projets urbanistiques à Mexico. La perte de ce budget a longtemps compromis la prolongation du contrat du Grand Prix qui arrivait justement à échéance à l'issue de cette édition 2019. Mais la municipalité de Mexico a finalement établi un mode de financement alternatif en créant un trust chargé de récolter des investissements privés. Ce nouveau dispositif s'est avéré efficace et a permis aux organisateurs de prolonger leur lune de miel avec la Formule 1 jusqu'en 2022.
Voilà des années que la fédération cherche le moyen d'empêcher les pilotes de franchir les limites de la piste pour en tirer un avantage. Comme elle ne désire pas revenir aux bons vieux bacs à graviers qui interdiraient de facto ce comportement, elle renforce la répression en installant des capteurs électroniques au niveau des virages bordés de larges dégagements en asphalte. Ces puces ont déjà été testées lors du Grand Prix de Belgique dans le Raidillon. Elles font leur réapparition à Mexico à la sortie virage n°11 qui peut procurer un avantage notable aux pilotes car il précède une zone de déclenchement de l'aileron arrière mobile. Tout pilote qui franchira le vibreur sera ainsi pénalisé et les capteurs seront là pour informer en temps réel les commissaires du degré de l'infraction. D'autre part, le circuit des frères Rodriguez est doté cette année d'une troisième zone d'activation du DRS, située entre les virages n°11 et 12, soit dans la pleine charge qui sépare les Esses du Stadium. Le point de détection se situe après le virage n°9.
Le Mexique est un rendez-vous généralement apprécié des pilotes grâce à la passion enfiévrée qui anime les supporteurs du cru. Mais il comporte aussi des pièges, et pas seulement sur le bitume. À Mexico, le pire ennemi a pour nom la tourista. Le mal d'entrailles affecte pas moins de cent cinquante membres du paddock, dont un pilote, Pierre Gasly. « J'ai mangé trop de tacos », admet le Normand entre deux séjours aux toilettes. Celui-ci pointe aussi du doigt l'épuisement des organismes au terme d'une saison très longue: « C'est la fin de l'année et il y a eu de longs vols, la nourriture est différente, donc c'est facile d'être affecté par un virus ou une bactérie. » Voilà qui n'émeut guère Helmut Marko: « Si Pierre ne se sent pas mieux, on lui mettra une couche ! » lâche-t-il, pince-sans-rire.
L'idée de Ross Brawn d'organiser en 2020 quelques « mini-courses » qualificatives le samedi au moyen d'une grille inversée a fait long feu. Lors de la réunion des instances dirigeantes qui s'est tenue à Paris entre les Grands Prix du Japon et du Mexique, deux écuries ont mis leur veto à cette innovation qui nécessitait l'unanimité pour être adoptée. Les pilotes y étaient de toute façon très hostiles. Brawn est quelque peu contrarié, car il estime que ce projet méritait d'avoir sa chance: « Oui, les coureurs étaient un peu nerveux face à cela. Je peux le comprendre. Mais nous ne demandions à tester ce format que sur trois courses. Si cela n'avait pas marché, nous aurions été les premiers à le reconnaître... » Selon certaines indiscrétions, l'opposition serait venue des « top teams » (Mercedes, Ferrari, Red Bull) qui auraient voulu aboutir à un compromis: organiser des mini-courses certes, mais en déterminant l'ordre de départ au moyen des essais libres et non pas en inversant le classement du championnat du monde, comme le souhaitait Brawn. Ce dernier a refusé de transiger car, dans cette hypothèse, la grille de départ de la « vraie » course n'aurait pas été bouleversée: or c'était justement là son objectif premier...
Lewis Hamilton peut ceindre ici sa sixième couronne mondiale et dépasser ainsi Juan Manuel Fangio. Il lui faut pour cela inscrire quatorze points de plus que son équipier Valtteri Bottas, sur lequel il compte pour l'heure soixante-quatre longueurs d'avance. Le Britannique abordera ce rendez-vous, ainsi que celui d'Austin, sans son ingénieur Peter Bonnington qui est retenu en Angleterre pour une intervention chirurgicale. Bonnington, qui travaille avec Hamilton depuis 2013 et son arrivée chez Mercedes, sera remplacé par son adjoint, l'ingénieur de la performance Marcus Dudley.
Robert Kubica a annoncé il y a plus d'un mois son départ de Williams et recherche un volant pour la saison 2020. Le bruit court qu'il pourrait être recruté par Haas comme pilote de développement. L'équipe américaine, privée de sponsor-titre depuis le retrait de Rich Energy, est en fait moins intéressée par Kubica lui-même que par son généreux commanditaire, la compagnie pétrolière PKN Orlen. Guenther Steiner a même le déplacement en Pologne pour rencontrer Daniel Obajtek, le président de cette firme. Celle-ci désire en tout cas rester en F1, avec ou sans Kubica, et discute aussi avec McLaren et Racing Point.
Situé à plus de 2000 mètres d'altitude, le circuit de Mexico pose comme chaque année des problèmes de refroidissement aux écuries qui doivent ouvrir davantage leur carrosserie, à l'instar de Red Bull qui perce son capot-moteur dans le prolongement du halo. D'autre part, comme l'air est moins dense, l'appui aérodynamique diminue, et les techniciens tentent de compenser cette perte au moyen d'ailerons arrière assez volumineux, mais pas trop, afin de conserver une bonne vitesse de pointe. Cet équilibre est bien entendu difficile à atteindre. Williams apporte ici deux ailerons avant expérimentaux qui seront montés sur les monoplaces de George Russell et de Robert Kubica. Ceci permet d'apaiser le Polonais qui à Suzuka avait été dépossédé du nouveau museau avant les essais qualificatifs du dimanche matin, ce qu'il n'avait pas digéré. Cependant Kubica aura moins de roulage que son équipier car il cède de nouveau son baquet à Nicholas Latifi pour les premiers essais du vendredi, expérience qui devrait se renouveler jusqu'à la fin de la saison.
Essais et qualifications: péché d'orgueil pour Verstappen
Lors de la première séance d'essais du vendredi matin, Hamilton et sa Mercedes réalisent le meilleur chrono avec des pneus tendres alors que les Ferrari testent les gommes médiums. L'après-midi, tout le monde roule en pneus tendres et Vettel réalise le meilleur chrono alors que Leclerc s'offre deux tête-à-queue. Après une averse matinale, la troisième session libre débute sur une piste humide. Lorsque celle-ci s'assèche, Leclerc se place en haut de la feuille des temps, un souffle devant son coéquipier. Vainqueur ici en 2017 et 2018, Verstappen se place en embuscade.
L'après-midi, les qualifications paraissent basculer en faveur du Batave et de sa Red Bull-Honda qui détiennent la pole position dans les derniers instants de la Q3. Soudain, Bottas perd le contrôle de sa machine à l'entame du dernier virage et se fracasse contre la muraille de sécurité. Un double drapeau jaune est déployé à cet endroit mais Verstappen, qui achève un dernier tour lancé, ne ralentit pas et améliore encore son chrono. Puis, le drapeau rouge est agité et plus personne ne peut améliorer. À cet instant, Verstappen est en pole position devant Leclerc et Vettel, et personne n'y retrouve à redire.
Cependant, lors de la conférence de presse qui suit, le jeune Hollandais croit malin de se vanter de ne pas avoir levé le pied après l'accident de Bottas: « Je savais que Valtteri avait eu un accident et je pense que nous savons tous ce qu'un drapeau jaune signifie », énonce-t-il. « Mais ce n'est pas grave de ne pas avoir ralenti, n'est-ce pas ? La FIA peut toujours supprimer mon tour, l'autre était également bon. Je pense que nous savons ce que nous faisons. Sinon, nous ne piloterions pas une F1 ! » Ces paroles arrogantes ne tombent pas dans des oreilles de sourds: les commissaires de course convoquent Verstappen et, constatant qu'il a enfreint le règlement, lui infligent une pénalité de trois places sur la grille. « Max le vantard » partira finalement quatrième. Furieux, il accuse Lewis Hamilton de n'avoir pas également ralenti quand il le fallait, mais ces allégations sont balayées par les autorités.
Du coup, la Scuderia Ferrari réalise sa septième pole position consécutive, et Leclerc (1'15''024''') précède Vettel en première ligne (1'15''170'''). Les Mercedes sont compétitives mais sont comme à l'ordinaire vaincues par la puissance du moteur Ferrari. Hamilton s'élancera en troisième position. Bottas (6ème) a encaissé un choc très rude à la fin des qualifications et s'est fait mal aux genoux. Sa participation au Grand Prix n'est cependant pas remise en question. Ses mécaniciens s'activent pour réparer sa W10 en moins de vingt-quatre heures. Albon se classe cinquième avec la seconde Red Bull après avoir tâté les glissières vendredi. Les McLaren-Renault (Sainz 7ème, Norris 8ème) confirment leur statut de quatrième force du peloton. Les deux Toro Rosso-Honda atteignent la Q3. Kvyat (9ème) fait mieux qu'un Gasly souffrant (10ème).
Pérez se place sur le onzième rang avec sa Racing Point-BWT, mais n'est pas déçu puisqu'il pourra sélectionner ses pneus pour le départ de la course. Stroll (16ème) déplore un manque d'équilibre général sur sa monoplace et a d'ailleurs fini sa séance du vendredi matin dans le mur. Encore un week-end délicat pour les Renault qui restent au garage samedi matin à cause d'une pollution de leur système de refroidissement. L'après-midi, Hülkenberg (12ème) et Ricciardo (13ème) s'avèrent incapables de s'extraire de la Q2. Les Alfa Romeo (Räikkönen 14ème, Giovinazzi 15ème) poursuivent leur glissade vers le fond de grille. L'altitude du circuit du Mexico réduit les appuis aérodynamiques et handicape donc beaucoup les Haas-Ferrari de Magnussen (17ème) et de Grosjean (18ème). Les Williams-Mercedes ferment la marche mais Russell (19ème) ne concède que deux dixièmes à Grosjean et relègue Kubica (20ème) à plus d'une seconde.
Le Grand Prix
Dimanche 27 octobre, le mercure grimpe à 22°C à Mexico City. Il n'a jamais fait aussi chaud depuis le début de week-end, et les écuries redoutent un fort « graining » sur les pneus durs, déjà constaté lors des essais du vendredi. Toutefois plusieurs pilotes vont tenter de n'effectuer qu'un seul arrêt. La grande majorité s'élance munis de pneus médiums. Les McLaren et les Toro Rosso ont fixé des gommes tendres pour un court premier relais, alors qu'au contraire Ricciardo stoppera tardivement puisqu'il a choisi les « durs ».
Départ: Les Ferrari démarrent correctement, mais Hamilton prend un meilleur envol. Celui-ci s'infiltre à la gauche de Vettel qui le tasse sans ménagement contre la bordure et le contraint à mettre deux roues dans l'herbe. Puis Vettel tente de faire l'extérieur à Leclerc au premier freinage, mais celui-ci conserve l'avantage. Verstappen et Hamilton franchissent le premier tournant côte à côte. Tous deux se frôlent avant le deuxième virage, sous-virent et tirent tout droit dans la pelouse. Hamilton rejoint le circuit à la hauteur de Sainz tandis que Verstappen se retrouve au cœur du peloton.
1er tour: Sainz déborde Hamilton au virage n°4. Michael Masi déclenche la procédure de « voiture de sécurité virtuelle » car Verstappen a perdu quelques éléments en carbone dans le premier secteur. Leclerc mène devant Vettel, Albon, Sainz, Hamilton, Norris, Bottas, Verstappen, Kvyat et Gasly.
2e: Les voitures roulent au pas en attendant que les commissaires balaient les débris répandus au niveau des premiers virages.
3e: Le drapeau vert est agité, la neutralisation prend fin. Leclerc conserve la première place devant Vettel et Albon.
4e: Hamilton se défait facilement de Sainz dans la longue ligne droite. Plus loin, Verstappen est dans les roues de Bottas. Le jeune Hollandais plonge à l'intérieur du gauche serré du Stadium et surprend ainsi le Finlandais. Mais l'aileron avant de la Mercedes lèche la roue arrière-droite de la Red Bull...
5e: Bottas repasse devant Verstappen qui ralentit ensuite, victime d'une crevaison à l'arrière-droit, conséquence de sa touchette avec le Finlandais. Son pneu déchape, et il doit regagner les stands sur trois roues. Pérez prend la neuvième place à Gasly.
6e: Une seconde et demie sépare les deux Ferrari de tête. Bottas dépasse Norris au premier virage. Verstappen est reparti bon dernier après avoir chaussé des gommes dures avec lesquelles il compte désormais aller au bout.
7e: Leclerc mène devant Vettel (1.6s.), Albon (2.9s.), Hamilton (4.1s.), Sainz (10.9s.), Bottas (11.4s.), Norris (14.1s.), Kvyat (15.7s.), Pérez (16.6s.), Gasly (18.1s.), Ricciardo (18.6s.) et Hülkenberg (19.4s.).
8e: Bottas déborde Sainz alors que Ricciardo prend la dixième position à Gasly, déjà en difficulté avec ses pneus tendres.
9e: Albon garde le contact avec les Ferrari, mais voit aussi Hamilton grossir dans ses rétroviseurs. Gasly stoppe chez Toro Rosso pour troquer ses Pirelli rouges contre des blancs.
10e: Pérez est sur les talons de Kvyat. Ce dernier se décale tardivement au premier virage, mais le Mexicain plonge tout de même à l'intérieur et double le Russe sous les vivats de la foule. En fin de tour, Kvyat chausse les enveloppes dures à l'instar de son équipier.
11e: Les Ferrari n'adoptent pas un rythme élevé afin de préserver leurs pneus, même si, à la surprise générale, aucun « graining » n'est à déplorer. Aussi, le quatuor Leclerc - Vettel - Albon - Hamilton se tient en seulement quatre secondes.
12e: Norris rejoint son stand pour mettre des pneus durs. Hélas, le pistolet chargé de serrer l'écrou avant-gauche ne remplit pas son office, et le jeune Anglais repart avec une roue brinquebalante. Il se gare avant la sortie des stands, ce qui autorise ses mécaniciens à courir pour repousser la voiture jusqu'au stand.
13e: Leclerc précède Vettel (1.9s.), Albon (3.6s.), Hamilton (4.8s.), Bottas (11s.), Sainz (23.1s.), Pérez (25.6s.), Ricciardo (27.2s.), Hülkenberg (28.8s.) et Stroll (31.3s.). Les mécanos de McLaren ont serré les quatre roues de Norris qui redémarre avec plus d'un tour de retard.
14e: Albon fait escale chez Red Bull et reprend des pneus médiums (2.2s.). Le Thaïlandais a donc planifié deux arrêts.
15e: Ferrari considère Albon comme une possible menace et décide de « couvrir » sa stratégie en rappelant Leclerc. Celui-ci remet des enveloppes jaunes (2.3s.) puis ressort des stands derrière Bottas. Toutefois Albon a eu la malchance de repartir derrière Sainz qui le bouchonne sur toute la durée du tour. Il perd ainsi un temps précieux. En fin de boucle, Sainz et Räikkönen passent aux stands pour mettre de la gomme dure.
16e: Vettel est le nouveau leader et compte deux secondes de marge sur Hamilton. Loin de là, Pérez contient les Renault de Ricciardo et de Hülkenberg.
18e: Vettel n'a pas la même stratégie que son coéquipier et a pour objectif de ménager ses gommes le plus longtemps possible. Hamilton lui a cependant repris quelques dixièmes.
19e: Hülkenberg stoppe chez Renault et prend des pneus durs. À la faveur des arrêts de ses adversaires, Verstappen est remonté au quinzième rang.
20e: Le héros national Pérez opère son seul changement de pneus de la journée. Il retrouve le circuit devant Sainz qui ne parvient pas à faire fonctionner le composé dur.
21e: Giovinazzi arrive aux stands. Comme chez McLaren, un problème de pistolet électronique empêche les mécaniciens d'Alfa Romeo de fixer une nouvelle roue. L'Italien remet les gaz trop tôt mais par bonheur est stoppé aussitôt. Il redémarre finalement dix secondes plus tard avec quatre écrous bien attachés. Kubica remplace aussi ses gommes.
22e: Vettel devance Hamilton (1.6s.), Bottas (8.5s.), Leclerc (15s.), Albon (25.8s.), Ricciardo (39s.), Stroll (43.8s.), Pérez (57.5s.), Kvyat (59s.), Sainz (1m.) et Hülkenberg (1m. 02s.). Verstappen se frotte avec Magnussen et finit par le doubler au virage n°4... en empruntant le dégagement. Changement de pneus pour Russell.
24e: Hamilton arrive chez Mercedes pour chausser des pneus durs qu'il devra emmener jusqu'à l'arrivée (2.4s.). Le Britannique parvient à repartir devant Albon. Il est toutefois gêné par Kubica sur quelques virages. Ferrari propose à Vettel de copier la stratégie de Hamilton, mais l'Allemand refuse et préfère rester en piste encore quelque temps.
25e: Vettel et Bottas sont séparés par six secondes. Hamilton réalise le meilleur chrono provisoire (1'19''962'''). Verstappen s'empare de la douzième position aux dépens de Gasly.
27e: Vettel est premier devant Bottas (6.6s.), Leclerc (12.8s.), Hamilton (19.2s.), Albon (24.8.), Ricciardo (40.7s.), Stroll (47s.), Pérez (57.8s.), Kvyat (1m.), Sainz (1m. 02s.), Hülkenberg (1m. 04s.) et Verstappen (1m. 05s.).
28e: Verstappen poursuit sa remontée et s'impose devant Hülkenberg. Le voici à la porte des points. Arrêt pneus pour Magnussen.
30e: Quatrième, Hamilton n'évolue qu'à dix-huit secondes du leader Vettel qui doit encore s'arrêter, mais craint de ne pas pouvoir rallier l'arrivée avec son train de pneus durs. Verstappen et Sainz bataillent dans tout le premier secteur, avant que le Néerlandais ne l'emporte sur l'Espagnol au sixième virage.
31e: Sainz se défend farouchement avec des pneus à la corde. Hülkenberg le double au premier virage, au prix d'un freinage tardif.
33e: L'intervalle entre Vettel et Bottas tombe sous les six secondes. Derrière, Leclerc est un petit peu plus rapide que Hamilton.
35e: C'est au tour de Gasly de harceler un Sainz en perdition. Ce dernier verrouille toutes les portes.
36e: Vettel choisit de demeurer sur le circuit alors que sa murette le rappelait. Mal lui en prend: il tombe sur le duo Sainz - Gasly, en bagarre pour la douzième place. Gasly déborde Sainz au virage n°4. Voyant Vettel surgir dans ses rétroviseurs, l'Espagnol se range sur la droite à la sortie de l'enchaînement, surprenant ainsi l'Allemand qui frôle l'arrière de la McLaren. Vettel se débarrasse ensuite de Gasly. Sainz remplace ses enveloppes en fin de tour.
37e: Bottas apparaît au stand Mercedes pour chausser des gommes dures (2.5s.), puis se retrouve cinquième derrière Albon.
38e: Vettel est chez Ferrari pour son unique changement de pneus. Il prend comme attendu les Pirelli blancs (2.5s.) et redémarre au troisième rang. Leclerc retrouve les commandes de l'épreuve. Verstappen dépasse Kvyat. Stroll chausse les pneus durs.
39e: Leclerc précède Hamilton de huit secondes mais doit stopper encore une fois. Grosjean change de gommes. Le Genevois se traîne au 19ème rang, incapable de recoller aux Williams...
41e: Leclerc est en tête devant Hamilton (8.4s.), Albon (12.2s.), Vettel (13.6s.), Bottas (16.3s.), Ricciardo (42.6s.), Pérez (57.6s.), Verstappen (58.4s.), Kvyat (1m.), Hülkenberg (1m. 09s.), Stroll (1m. 12s.) et Gasly (1m. 19s.).
42e: Leclerc se bat avec des pneus avant usés et souffre de sous-virage. Vettel est aux trousses d'Albon. Verstappen dépasse Pérez au premier freinage. Le voici septième.
44e: Leclerc stoppe chez Ferrari pour chausser des enveloppes dures. Hélas, un pistolet fait de nouveau des siennes. Le Monégasque reste immobilisé six secondes, le temps que ses mécaniciens fixent la roue arrière-droite. Il ne reprend la piste qu'en cinquième position.
45e: Albon exécute son deuxième changement de gommes et cette fois s'équipe en Pirelli durs. Hamilton est maintenant leader avec trois secondes d'avance sur Vettel. Tous deux doivent maintenant préserver leurs pneus jusqu'au drapeau à damiers.
46e: Kvyat stoppe chez Toro Rosso pour reprendre des pneus médiums. Il tombe au douzième rang, mais devrait être rapide en fin de course.
48e: Hamilton devance Vettel (2.4s.), Bottas (4.2s.), Leclerc (12.3s.), Albon (21s.), Ricciardo (37.6s.), Verstappen (51.6s.), Pérez (56.5s.), Hülkenberg (1m. 05s.) et Stroll (1m. 08s.).
50e: Hamilton garde une avance de deux secondes et demie sur Vettel. Gasly chausse à son tour les gommes médiums et se retrouve entre Räikkönen et Sainz.
51e: Après un premier relais de cinquante boucles, Ricciardo s'arrête chez Renault et prend les gommes jaunes, puis repart huitième. Lanterne rouge avec deux tours de retard, Norris n'a plus à espérer de cette course et regagne son stand pour mettre pied à terre.
52e: Leclerc fait le forcing pour revenir sur Bottas, lequel semble manifestement plus un peu plus rapide que Vettel. Les places d'honneur ne sont pas encore attribuées.
53e: Leclerc s'empare du meilleur tour de la course (1'19''232''') et inscrira donc un point de plus. Second arrêt pneus pour Räikkönen.
54e: Hamilton est leader devant Vettel (2.5s.), Bottas (3.5s.), Leclerc (8s.), Albon (18.6s.), Verstappen (54.3s.), Pérez (1m.), Ricciardo (1m. 03s.), Hülkenberg (1m. 12s.), Stroll (1m. 17s.), Kvyat (1m. 18s.) et Gasly (-1t.).
55e: Les leaders sont pris dans un épais trafic. Vettel bute quelques instants sur les Williams de Kubica et de Russell, mais celles-ci lui permettent aussi de bénéficier du DRS et donc de se mettre à l'abri d'une offensive de Bottas.
56e: Hamilton prend un tour à Kvyat, puis à Stroll, et perd un peu de temps dans ces manœuvres.
57e: Grâce au trafic, Leclerc recolle à Bottas. Les quatre premiers se tiennent dorénavant en quatre secondes.
59e: Leclerc bloque sa roue avant-gauche au virage n°4 et doit passer par le gazon pour retrouver le bitume. Il perd ainsi de précieux dixièmes. Ricciardo rattrape Pérez et lorgne sur une septième place que Renault serait bien aise de voler à Racing Point...
60e: Grâce à ses pneus neufs, Kvyat chipe la dixième position à Stroll. Räikkönen rejoint son garage pour abandonner à cause d'une surchauffe. Par ailleurs, son fond plat était endommagé depuis une touchette au coup d'envoi.
61e: Ricciardo prend l'aspiration de Pérez dans la longue pleine charge puis se décale à l'intérieur. Mais il manque son point de corde, freine en catastrophe et part au large dans la pelouse. Néanmoins l'Australien garde le pied au plancher et rejoint la piste juste derrière son adversaire !
62e: À dix tours du but, Hamilton devance Vettel (2.8s.), Bottas (4.5s.), Leclerc (7.5s.), Albon (16.6s.), Verstappen (57s.), Pérez (1m. 04s.), Ricciardo (1m. 06s.), Hülkenberg (1m. 17s.), Kvyat (-1t.), Stroll (-1t.), Gasly (-1t.) et Sainz (-1t.). Kubica est touché par une crevaison et doit changer de pneus. Encore une désillusion pour le Polonais qui, pour la première fois de l'année, précédait Russell à la régulière, et ce depuis le départ.
64e: Hamilton souffre d'un peu de graining sur ses pneus arrière. Il prend un tour à Hülkenberg en début de tour. Ce dernier gêne ensuite Vettel dans les Esses. Gasly prend l'ascendant sur Stroll.
66e: Hamilton rencontre du survirage, mais cela le gêne peu puisqu'il boucle son meilleur chrono de la journée (1'19''561''').
68e: La course est jouée: Hamilton maintient un intervalle de deux secondes avec Vettel qui lui-même garde Bottas à distance. Loin de là, Ricciardo met toujours la pression sur Pérez et les deux Toro Rosso rattrapent la Renault d'Hülkenberg.
69e: La foule encourage bruyamment Pérez qui contient avec peine un Ricciardo incisif. Kvyat suce la roue de Hülkenberg.
71ème et dernier tour: Au dernier virage, Kvyat porte l'estocade contre Hülkenberg et se glisse hardiment à l'intérieur. Mais il accroche la roue arrière-droite de la Renault qui percute les glissières en marche arrière.
Lewis Hamilton remporte sa dixième victoire en 2019, la centième de Mercedes en F1. Vettel et Bottas l'encadrent sur le podium. Parti en pole, Leclerc se contente de la quatrième place. Suivent les Red Bull d'Albon et de Verstappen. Pérez finit septième, soit « meilleur des autres », devant ses fans ravis. Ricciardo se classe huitième. Kvyat termine neuvième, Gasly dixième. Hülkenberg franchit la ligne en onzième position, cahin-caha et sans aileron arrière. Viennent ensuite Stroll, Sainz, Giovinazzi, Magnussen, Russell, Grosjean et Kubica.
Comme on pouvait s'y attendre, Kvyat est sanctionné de dix secondes pour avoir envoyé Hülkenberg dans les décors. Il recule ainsi au onzième rang, ce qui permet au malchanceux Allemand de grappiller tout de même le point de la dixième place.
Après la course
La cérémonie du podium est comme chaque année très colorée grâce aux fans extatiques massés dans le Stadium. Cette année les organisateurs ont prévu une animation spectaculaire: Lewis Hamilton et sa Mercedes victorieuse sont hissés ensemble sur le podium via une rampe d'accès tapie derrière l'estrade alors que les confettis pleuvent à gogo. Le quintuple champion du monde peut également admirer son portrait affiché sur écran géant juste derrière le podium. Puis, lors de la douche au champagne, s'invite un personnage casqué brandissant un ordiphone tendu au bout d'une perche à « selfies » afin que les spectateurs puissent suivre au plus près ces joyeuses effusions. Cette initiative déplaît à Sebastian Vettel qui repousse l'importun sans ménagement.
Une fois de plus les Ferrari partaient en première ligne, et une fois de plus c'est une Mercedes qui coupe la ligne d'arrivée en premier. Cette fois, Lewis Hamilton l'a emporté grâce à une stratégie astucieuse avec un seul arrêt couplé à un très long second relais. Cependant l'Anglais a dû se débattre avec une monoplace endommagée suite à sa touchette avec Max Verstappen. « Une grosse partie de mon fond plat manquait, du coup j'avais peu d'équilibre » explique-t-il. « L'arrière de la voiture était en délicatesse, je glissais beaucoup à haute vitesse, donc je devais changer mes réglages et piloter de manière un peu différente. » En outre, Hamilton doutait du bien-fondé de sa stratégie, estimant qu'il ne pourrait pas préserver ses gommes jusqu'à la fin de l'épreuve. Il y est finalement parvenu avec maestria et remporte une victoire qui lui permet de faire un pas de géant vers le titre mondial puisqu'il ne lui manque plus que quatre points pour être sacré.
L'altitude fut ici doublement préjudiciable aux Ferrari: d'abord en réduisant leurs appuis aérodynamiques, le point fiable des SF-90, puis en atténuant l'avantage dont dispose leur V6 hybride sur la concurrence. Mais la Scuderia s'est surtout fourvoyée dans ses stratégies. Celle de Charles Leclerc fut trop légèrement calquée sur celle d'Alexander Albon, alors que le véritable rival du Monégasque était Lewis Hamilton. Et Sebastian Vettel n'a pas eu la présence d'esprit d'imiter la tactique du pilote Mercedes, comme lui suggérait Iñaki Rueda. « Nous pensions que c'était trop tôt pour passer en pneus durs, or ce n'était pas le cas », se justifie l'Allemand. Mattia Binotto admet que son équipe s'est laissé surprendre par la bonne tenue des pneus durs (qu'elle a négligés lors des essais libres) alors que les relais en médiums de Leclerc furent laborieux.
Max Verstappen ne réalisera pas la passe de trois à Mexico. Déjà compromise par sa pénalité sur la grille, sa course a été ruinée par ses frictions successives avec Lewis Hamilton et Valtteri Bottas. Celui que les Mexicains ont fini par surnommer « Maxico » est surtout en colère contre Hamilton. La veille déjà, il lui avait reproché de n'avoir également pas ralenti sous drapeau jaune, alors que l'autre Mercedes était dans le mur. Ce dimanche, il reproche au Britannique sa prétendue maladresse: « Lewis m'a fait l'extérieur au virage n°1, puis il a freiné très tard dans le deuxième virage, du coup, je ne pouvais pas rester en piste et j'ai dû couper dans l'herbe. » Verstappen s'attire une réplique très virulente de Hamilton: « Je pense que tous les pilotes sont différents. Certains sont plus intelligents que d'autres. Certains sont complétement fous. Lorsque Max veut dépasser, si on ne lui laisse pas beaucoup de place, l'accrochage est très probable. Mais ce n'est pas intentionnel. Il attire ce genre de choses... » Curieusement, Hamilton fait plus de preuve de mansuétude envers Sebastian Vettel qui l'a pourtant tassé sans vergogne au démarrage. Ceux-ci en plaisantent même en conférence de presse: « Je me suis dis que j'allais finir dans le mur ! » s'exclame Lewis en tapant l'épaule de Seb. « Si je t'avais vu, j'aurais tout fait pour t'y mettre ! » réplique ce dernier, rigolard. Voilà la camaraderie entre champions à laquelle Verstappen n'a visiblement pas encore droit...
Tony