Obsèques de Niki Lauda
Le mercredi 29 mai 2019, plus de trois cents personnes se rendent à la cathédrale Saint-Étienne de Vienne pour rendre un dernier hommage à Niki Lauda, disparu le 20 mai. La cérémonie rassemble les grands noms du sport automobile. Les dirigeants tout d'abord: Jean Todt, Chase Carey, Ross Brawn, Toto Wolff, Christian Horner, Mattia Binotto, Luca di Montezemolo, Stefano Domenicali etc. De très nombreux pilotes et amis du défunt sont aussi présents: Alain Prost, Nelson Piquet, Helmut Marko, Jean Alesi, Gerhard Berger, Nigel Mansell, Damon Hill, Jacques Laffite, Jacky Ickx, John Watson, David Coulthard, Keke et Nico Rosberg, et bien entendu Arturo Merzario, l'homme qui l'a sauvé du brasier au Nürburgring en 1976. Toutefois, on note tristement que Lewis Hamilton et Valtteri Bottas sont les seuls représentants de la grille 2019 à avoir fait le déplacement. Hamilton, très ému, accompagne Birgit Wetzinger, la veuve de Lauda, ainsi que ses quatre fils, Christoph, Mathias, Lukas et Max. On aperçoit aussi l'acteur Daniel Brühl, qui incarnait le personnage de Niki Lauda dans le film Rush de Ron Howard. Les éloges funèbres sont prononcées par Alain Prost, par Alexander van der Bellen, le président de la république autrichienne, et par l'acteur Arnold Schwarzenegger, ami du défunt. Niki Lauda est inhumé ensuite dans l'intimité familiale, dans une de ses anciennes combinaisons de pilote, selon ses ultimes volontés.
Gros sous et bas de plafond
Après plus d'une année de tractations avec les constructeurs, la fédération internationale et Liberty Media ont finalement décidé de fixer le futur « budget plafonné » à 175 millions de dollars (154 millions d'euros au cours de juin 2019), à compter de la saison 2021. Les salaires des pilotes et des trois managers les mieux rémunérés, les dépenses en marketing, les frais de déplacement et les 15 premiers millions de dollars relatifs à l'achat d'un moteur seront exclus de ce décompte. La fédération invite en outre les écuries à éprouver cette mesure dès 2020. Comme il fallait s'y attendre, personne ou presque n'est content. Les petites équipes (Racing Point, Alfa Romeo, Haas) jugent ce plafond trop bas, et les plus riches trop haut. Cette réforme touchera principalement les trois « top teams » Mercedes, Ferrari et Red Bull qui dépensent aujourd'hui en moyenne 250 à 300 millions de $ par an, sans prendre en compte les charges qui ne seront pas comptabilisées dans le nouveau budget limité. Cyril Abiteboul, directeur-général de Renault Sport, estime que ce plafond n'améliorera pas la situation des équipes privées: « Cela ne changera rien pour elles. Une petite équipe peut espérer jusqu'à 100 millions de la part de Liberty avec la nouvelle distribution des revenus. Cela veut dire qu'il leur faudra encore trouver environ 150 millions pour dégager un profit. Peu d'équipes vont arriver à trouver autant de sponsors que ça. »
Deuxième sujet brûlant abordé par la FIA et Liberty Media: celui des Accords Concorde et de la redistribution des bénéfices. Un document présenté par la fédération divise cette répartition en trois parties. Tout d'abord, une première tranche comprenant 50 % du pot commun actuel sera divisée de manière égale entre chacune des écuries. Nouveauté: toute nouvelle équipe pourra accéder à ce revenu immédiatement, et non plus attendre une saison, comme ce fut le cas pour Haas. La seconde tranche sera répartie en fonction des performances, selon des pourcentages assez similaires à ceux en vigueur. Enfin, la troisième tranche remet quelque peu en cause les privilèges historiques de certains constructeurs. Un bonus sera accordé selon les résultats sur une décennie. Ainsi, la victoire lors d'un championnat rapportera trois points, la seconde place deux points, la troisième un point. Les trois teams ayant accumulé le plus de points recevront ce bonus. Cependant Ferrari conserve sa prime « spéciale ». Mais celle-ci, fixée en 2019 à 70 millions de dollars, pourrait être revue à la baisse, avec l'accord des dirigeants de Fiat. Autre concession de taille: la Scuderia garde son droit de veto contre toute réforme technique qui lui déplairait.
L'Arlésienne de 2021
Ces annonces ont lieu dans un contexte politique troublé. Dans la semaine qui précède Montréal, les écuries prennent en effet connaissance des deux mesures décrites plus haut, mais aussi des prémices du règlement technique de 2021. Ce premier train de réformes doit a priori être validé par le Conseil mondial de la FIA du 14 juin. Mais les constructeurs affichent de profondes divergences sur plusieurs sujets, notamment le budget plafonné et les nouvelles normes touchant les châssis. Durant tout le week-end, Jean Todt, Chase Carey et Ross Brawn s'entretiennent avec les différents team managers pour recueillir leurs doléances. Il apparaît très vite qu'aucune unanimité ne se dégage. Or le Code sportif de la FIA fixe au 30 juin la date butoir pour l'annonce de la réglementation 2021. Face au risque de blocage, Todt propose samedi matin aux écuries de ratifier un document autorisant un report en octobre de la finalisation des nouvelles règles, sportives, commerciales et techniques. Il se heurte toutefois à l'opposition de Renault qui craint que Mercedes et Ferrari ne profitent de ce délai supplémentaire pour faire pression sur la FIA et retourner ainsi les débats en leur faveur, notamment sur le plan technique. Cyril Abiteboul considère en effet que la fédération a fait trop de concessions à ces deux firmes.
Le Conseil mondial du 14 juin s'annonce donc crucial: Jean Todt tentera d'y convaincre les dirigeants de Renault d'accepter de repousser à l'automne la publication du règlement technique. En échange, le règlement sportif pourrait lui être dévoilé dès le 30 juin.
Présentation de l'épreuve
Le circuit Gilles-Villeneuve inaugure un tout nouveau bâtiment des stands, doté d'une élégante façade en verre et de garages deux fois plus grands. Les tentes dressées derrière les stands pour entreposer du matériel deviennent ainsi superflues. Par ailleurs, cette nouvelle construction peut accueillir 5000 spectateurs contre 1800 précédemment. C'est donc une vraie réussite, saluée par toutes les écuries.
Depuis son arrivée à la tête de la Scuderia Ferrari en janvier, Mattia Binotto a totalement bouleversé son organigramme, tirant un trait sur l'ère Arrivabene. L'ingénieur italien a ainsi abandonné la « structure horizontale » qui prévalait jusqu'ici pour placer directement sous ses ordres chaque département. Initialement recruté pour devenir directeur technique, Laurent Mekies est en fait devenu directeur sportif, avec la haute main sur les activités en piste. Ses lieutenants sont Matteo Togninalli, directeur de l'ingénierie, et Claudio Albertini, directeur des opérations. Binotto clarifie aussi le rôle du très expérimenté Jock Clear qui sera le « coach » du jeune Charles Leclerc durant toute la saison, en tandem avec Xavier Marcos Padros, l'ingénieur du Monégasque. Néanmoins, suite à ce très médiocre début de championnat, Binotto est déjà contraint de faire tomber quelques têtes. Les ingénieurs Alessandro Cinelli et Giacomo Tortora sont ainsi mis au placard après le GP de Monaco.
Entre les Grands Prix de Monaco et du Canada, le journaliste anglais Joe Saward fait état d'un possible départ à la retraite de Sebastian Vettel à la fin de la saison. Le quadruple champion du monde, qui n'a pourtant que 32 ans, serait en effet las de ses échecs répétés avec Ferrari et en outre supporterait mal la pression exercée par son jeune coéquipier Charles Leclerc, son cadet de dix ans. Néanmoins, les faits ne donnent pas raison à ces supputations puisqu'après un début de championnat effectivement fort difficile, Vettel a depuis quelques courses repris la main face à Leclerc. L'Allemand dément évidemment toute velléité de départ et assure qu'il honorera son contrat qui court jusqu'à fin 2020. A Montréal, d'autres rumeurs annoncent (une fois de plus) l'éviction de Pierre Gasly par Red Bull et son remplacement par Nico Hülkenberg, lequel aurait été approché par Christian Horner et Helmut Marko. L'Allemand de Renault qualifie ces assertions « balivernes qui font du bien à [s]on ego » !
Le jeune Canadien Nicholas Latifi profite de cette épreuve à domicile pour participer à la séance libre du vendredi matin au volant de la Williams-Mercedes de Robert Kubica. Un galop d'essai qui n'est pas anodin, car Latifi est perçu comme un potentiel successeur du Polonais dont les performances décevantes sont en deçà de celles de son jeune équipier George Russell.
Mercedes lance ici la première évolution de son moteur hybride 2019. Celle-ci devrait permettre aux Flèches d'Argent, ainsi qu'aux deux équipes-clientes Racing Point et Williams, de gagner quelques chevaux. Mais Hamilton et Bottas sont surtout soulagés de disposer un bloc tout neuf, car ceux qu'ils utilisaient depuis le début de la saison comptaient un fort kilométrage. Ferrari teste vendredi deux types d'aileron arrière: Leclerc roule avec un plan principal courbé, Vettel avec un plan beaucoup plus classique. Red Bull dote sa RB15 d'un nouveau panneau cosmétique dont les ailettes encerclent le S-duct. Ce petit élément est apparu sur les Mercedes, Renault et Alfa Romeo plus tôt dans la saison. La Racing Point et la Toro Rosso se parent quant à elles d'ailerons arrière en forme de cuillère afin de réduire la traînée tout en produisant un appui substantiel, un compromis toujours difficile à atteindre à Montréal.
Essais et qualifications
Les essais du vendredi se déroulent sous une chaleur de plomb et sur une piste très sale, donc très piégeuse. Les Mercedes dominent aisément la première séance matinale. L'après-midi, en revanche, ce sont les Ferrari qui occupent les avant-postes tandis qu'Hamilton se met dans le mur en sortant de l'avant-dernière chicane. Verstappen percute pour sa part le « mur des champions » suite à une mésentente avec son équipier Gasly. Les Rouges sont de nouveau les plus rapides samedi matin.
Les Ferrari font la différence lors des qualifications grâce à leur vitesse de pointe. Ainsi, c'est dans le troisième secteur que Vettel conquiert sa première pole de la saison (1'10''240''') face à la Mercedes d'Hamilton (1'10''446'''). Leclerc (3ème) concède quatre dixièmes à son équipier. Bottas (6ème) connaît un week-end difficile avec une chute de pression d'essence vendredi et un tête-à-queue en Q3. Grande joie chez Renault: après un début de saison difficile, les monoplaces franco-britanniques sont transfigurées sur le circuit de Montréal: Ricciardo se classe quatrième, Hülkenberg septième. C'est la meilleure qualification de la firme au Losange depuis son retour officiel en F1 en 2016. Pas de chance pour Verstappen qui se laisse piéger en Q2 par le drapeau rouge provoqué par Magnussen. Le Hollandais, chaussé de pneus médiums, n'a pas le temps de signer un bon chrono et partira neuvième. Sur l'autre Red Bull-Honda, Gasly ne commet aucune erreur et décroche une belle cinquième place.
Le moteur Renault semble ici très efficace puisque les deux McLaren atteignent aussi la troisième étape des qualifications. Norris (8ème) précède Sainz (11ème), pénalisé de trois positions pour avoir gêné Albon. Les Toro Rosso-Honda (Kvyat 10ème, Albon 13ème) se comportent bien mais manquent quelque peu de vitesse. Catastrophe chez Haas: dans les dernières minutes de la Q2, Magnussen lèche le « mur des champions », part en toupie et se fracasse contre le muret des stands. Le Danois détruit ainsi son châssis et devra partir depuis la pit-lane, après d'importantes réparations. Mais il provoque aussi un drapeau rouge qui ruine les espoirs de Grosjean (14ème) d'atteindre la Q3. Du côté d'Alfa Romeo, Giovinazzi (12ème) fait cette fois beaucoup mieux que Räikkönen (16ème), éliminé en Q1 suite à un tour manqué. Encore un piètre week-end pour les Racing Point-Mercedes, sorties dès la première manche. Mais si Pérez (15ème) fait bonne figure, Stroll (17ème) est victime samedi matin d'une casse moteur et doit poursuivre avec l'ancienne version du V6 Mercedes... Enfin, les Williams-Mercedes (Russell 18ème, Kubica 19ème) sont très largement distancées.
Le Grand Prix
Il fait très chaud en ce dimanche après-midi sur Montréal: le mercure affiche 30°C dans l'air et 51°C au sol. Les pneus les plus tendres (Pirelli C4) devraient donc avoir une durée de vie minime. Les Renault, les McLaren et la Red Bull de Gasly en sont pourtant munies. La majorité des coureurs part en gommes médiums rouges (C3). Verstappen, Stroll, Giovinazzi et Magnussen s'élancent avec des pneus durs (C2) qu'ils entendent amener très loin dans l'épreuve. La plupart des concurrents prévoit une course avec un seul arrêt. Une fuite hydraulique est détectée sur la Mercedes d'Hamilton dimanche matin. Les mécaniciens travaillent d'arrache-pied pour permettre au champion du monde de prendre le départ de la course, et y parviennent de justesse, comme l'admet Toto Wolff aux micros des journalistes.
Départ: Vettel conserve les commandes de l'épreuve devant Hamilton. Leclerc tente en vain de faire l'intérieur au Britannique. Suivent Ricciardo, Gasly, Hülkenberg et Bottas. Au cœur du peloton, Albon se retrouve pris en sandwich entre Pérez et Giovinazzi, et laisse son aileron avant contre l'Alfa Romeo de l'Italien. Grosjean court-circuite le premier enchaînement pour éviter cette pièce et doit ensuite laisser filer tout le peloton.
1er tour: Norris manque son freinage à l'épingle du Casino, ce qui permet à Verstappen de le doubler. Mais dans la ligne droite suivante, le jeune Anglais prend l'aspiration du Néerlandais et récupère sa position au freinage de la chicane. Vettel mène devant Hamilton, Leclerc, Ricciardo, Gasly, Hülkenberg, Bottas, Norris, Verstappen et Kvyat. Albon passe par le stand Toro Rosso pour remplacer son museau et se retrouve bon dernier.
2e: Vettel compte une seconde et demie d'avance sur Hamilton.
3e: Gasly poursuit Ricciardo pour la quatrième place. Plus loin, Verstappen est aux trousses de Norris. Sainz regagne le stand McLaren pour prendre des pneus durs et faire nettoyer ses écopes de frein encrassées.
4e: Deux secondes séparent Vettel et Hamilton. Leclerc est à trois secondes de son équipier.
5e: Vettel est premier devant Hamilton (2.1s.), Leclerc (3.6s.), Ricciardo (8.4s.), Gasly (9.3s.), Hülkenberg (10s.), Bottas (11.3s.), Norris (13.1s.), Verstappen (13.3s.), Kvyat (17.6s.) et Pérez (18.8s.).
6e: Verstappen actionne son aileron arrière mobile pour se défaire de Norris dans la ligne droite longeant le bassin olympique. Räikkönen met des gommes dures.
7e: Gasly arrive chez Red Bull pour prendre les enveloppes blanches avec lesquelles il compte aller au bout de l'épreuve. Mal parti, Bottas se rapproche de Hülkenberg sans pouvoir le doubler.
8e: Vettel devance Hamilton de deux secondes et trois dixièmes. Ricciardo fait halte chez Renault pour mettre de la gomme dure (3s.). Premier arrêt aussi pour Kubica.
9e: Norris est victime d'un bris de suspension à l'arrière-gauche. Sa roue ne touche plus le sol. Le jeune Anglais se gare sur le bas-côté, au bout de l'allée des stands. Changement de gommes pour Russell.
10e: L'intervalle est stable entre Vettel et Hamilton. Stroll prend la dixième place à Pérez qui s'arrête ensuite pour prendre des pneus durs. Des drapeaux jaunes signalent l'arrêt de la McLaren de Norris qui restera sur le circuit jusqu'à la fin de l'épreuve.
12e: Vettel précède Hamilton de deux secondes et Leclerc de six secondes et demie. Ricciardo dépasse Stroll. Kvyat prend des Pirelli blancs.
13e: Bon dernier, Kubica concède déjà un tour aux leaders. Gasly bute sur Stroll et perd ainsi un temps précieux sur Hülkenberg, son adversaire direct.
15e: Vettel est leader devant Hamilton (2.4s.), Leclerc (6.7s.), Hülkenberg (20s.), Bottas (21.5s.), Verstappen (22.1s.), Ricciardo (35.8s.), Stroll (39.8s.), Gasly (40.2s.), Giovinazzi (43.3s.), Grosjean (48.3s.) et Sainz (48.7s.).
16e: Sainz prend la onzième place à Grosjean qui n'a pas encore changé de gommes.
17e: Hülkenberg prend des pneus frais et ressort devant Stroll et Gasly. Ce dernier est le grand perdant de cette salve d'arrêts. Verstappen rattrape Bottas. Le Finlandais se plaint de survirage car ses pneus se couvrent de pelures.
19e: Hamilton bloque sa roue avant-droite au freinage de l'épingle et concède ainsi quelques dixièmes à Vettel.
20e: Vettel devance Hamilton (2.4s.), Leclerc (6.2s.), Bottas (22.8s.), Verstappen (25s.), Ricciardo (37.3s.), Hülkenberg (40.7s.), Stroll (44.2s.), Gasly (45.3s.) et Giovinazzi (49s.).
21e: Leclerc réalise le premier chrono de référence: 1'16''515'''.
23e: Le retard de Hamilton sur Vettel passe sous les deux secondes. Dans le même temps, Leclerc remonte sur le pilote Mercedes.
25e: Vettel et Hamilton attaquent fort bien que leurs pneus médiums sont particulièrement abîmées. L'Allemand apparaît dans la pit-lane en fin de tour.
26e: Vettel chausse les pneus durs (2.7s.) et reprend la piste en troisième position. Hamilton s'empare des commandes de la course.
27e: Giovinazzi part en tête-à-queue au premier virage et se retrouve à contre-sens dans le gazon. Il parvient à repartir mais abandonne ainsi la dixième place à Sainz. Kvyat passe devant Grosjean.
28e: Hamilton stoppe chez Mercedes pour prendre les gommes dures (2.4s.) et reprend la piste derrière Vettel qui vient d'améliorer le record du tour (1'15''333'''). Leclerc est en tête.
30e: Vettel reprend une seconde par tour à Leclerc. Bottas chausse à son tour les pneus durs (3.2s.) et se retrouve au sixième rang.
31e: Leclerc est premier devant Vettel (8.2s.), Hamilton (12.7s.), Verstappen (18.6s.), Ricciardo (32.4s.), Bottas (34.6s.), Hülkenberg (39.4s.), Stroll (42.2s.), Gasly (45s.) et Sainz (54s.).
32e: Bottas est revenu sur Ricciardo et lorgne sur sa cinquième position.
33e: Leclerc perdant un seconde et demie au tour, Ferrari le rappelle aux stands. Le Monégasque repart avec des pneus blancs (2.3s.) et retrouve le circuit juste derrière Verstappen. Arrêt pneus aussi pour Giovinazzi.
34e: Hamilton est désormais plus rapide que Vettel et lui reprend des dixièmes par poignées. Ricciardo résiste farouchement à Bottas, n'hésitant pas à louvoyer devant la Mercedes dans la longue pleine charge.
35e: Vettel est premier avec trois secondes d'avance sur Hamilton. Leclerc se défait de Verstappen avant le dernier virage. Arrêt de Grosjean.
36e: Vettel peine visiblement à faire fonctionner ses nouveaux pneus durs. Hamilton revient à deux secondes de la Ferrari. Bottas tente en vain de faire l'extérieur à Ricciardo au bout de la grande ligne droite.
38e: Une seconde et demie entre Vettel et Hamilton. Bottas déborde Ricciardo grâce à l'aileron arrière mobile avant l'ultime chicane. Deuxième arrêt de Kubica.
39e: Hamilton recolle à moins d'une seconde de Vettel et peut désormais activer son DRS. Piteux seizième au volant d'une Haas inconduisible, Magnussen effectue son unique arrêt aux stands.
40e: Hamilton rattrape un début de glissade à l'épingle et perd ainsi un peu de temps sur Vettel.
41e: Vettel est en tête devant Hamilton (1.3s.), Leclerc (13s.), Verstappen (20.6s.), Bottas (33.3s.), Ricciardo (38s.), Hülkenberg (40.8s.), Stroll (46.6s.), Gasly (48s.), Sainz (56.7s.), Kvyat (1m. 08s.) et Pérez (1m. 13s.).
43e: L'intervalle entre Vettel et Hamilton oscille autour de la seconde. Bottas améliore à plusieurs reprises le record du tour.
45e: Hamilton recolle à une demi-seconde de Vettel et peut donc de nouveau utiliser son aileron arrière mobile. Stroll passe les pneus durs et réalise une belle opération puisqu'il repart dixième, entre Sainz et Kvyat.
47e: Hamilton met la pression sur Vettel. Sept dixièmes séparent les deux champions.
48e: Vettel aborde le virage n°4 lorsqu'il perd l'arrière de sa Ferrari. Il rattrape un début d'embardée et traverse l'herbe pour rejoindre la piste. Hamilton tente de se faufiler entre la voiture rouge et le mur extérieur mais, Vettel ne l'ayant pas vu, doit finalement donner un coup de frein pour éviter la collision. L'Allemand demeure devant, mais son retour en piste litigieux fait l'objet d'une enquête des commissaires sportifs.
49e: Vettel creuse l'écart sur Hamilton à la faveur du dépassement des attardés. Verstappen troque ses pneus durs contre des médiums et reprend la piste derrière les Renault. Il se débarrasse sans peine de Hülkenberg dès le tour suivant.
50e: Vettel est premier devant Hamilton (0.7s.), Leclerc (11.7s.), Bottas (34.5s.), Ricciardo (47.5s.), Verstappen (48.3s.), Hülkenberg (49.1s.), Gasly (57.7s.), Sainz (1m. 11s.), Stroll (-1t.) et Kvyat (-1t.).
51e: Verstappen dépasse Ricciardo dans la ligne droite du bassin olympique.
53e: Vettel jouit d'environ deux secondes d'avance sur Hamilton. Bottas s'empare du meilleur tour provisoire (1'14''895''').
54e: Avant-dernier au volant d'une Haas à peine contrôlable, Magnussen ne cesse de geindre dans sa radio. « Assez, c'est assez ! Tais toi ! » lui lance Guenther Steiner, irrité par ses jérémiades...
55e: Vettel précède Hamilton (1.8s.), Leclerc (11.4s.), Bottas (34.7s.), Verstappen (51s.), Ricciardo (53.1s.), Hülkenberg (54.2s.), Gasly (1m. 02s.), Sainz (-1t.), Stroll (-1t.), Kvyat (-1t.) et Pérez (-1t.).
57e: Vettel est frappé d'une pénalité de cinq secondes pour avoir repris la piste de façon dangereuse au 48ème tour. L'Allemand perd ainsi toute chance de victoire. Piqué au vif, il repousse Hamilton à près de trois secondes, mais celui-ci repasse aussitôt à l'attaque pour ne pas laisser échapper un succès improbable.
59e: L'écart entre Vettel et Hamilton tourne autour de deux secondes et demie. Hülkenberg recolle à son équipier Ricciardo, en délicatesse avec ses gommes, mais se heurte à l'interdiction de l'attaquer... Jusqu'alors 13ème, Räikkönen passe aux stands pour finir la course en pneus tendres.
61e: Vettel comprend qu'il ne pourra pas se créer un matelas de cinq secondes sur Hamilton d'ici le drapeau à damiers et baisse les bras. Le quintuple champion du monde revient à moins de deux secondes. Albon quitte l'épreuve afin d'économiser le kilométrage de son moteur. Il n'était que seizième.
63e: Leclerc cravache dans l'espoir de glaner le point du meilleur tour, et s'en empare provisoirement (1'14''356'''). Néanmoins, Ferrari « omet » de l'avertir de la pénalité de Vettel...
64e: Hamilton roule à moins d'une seconde de Vettel et peut donc jouir du DRS. Leclerc ne rend plus que sept secondes - soit en fait deux - à son compagnon d'écurie. Stroll et Kvyat fondent sur Sainz qui se débat avec des gommes fatiguées.
65e: Sur la piste, Vettel devance Hamilton (0.6s.), Leclerc (8s.), Bottas (35.5s.), Verstappen (58s.), Ricciardo (1m. 09s.), Hülkenberg (1m. 13s.), Sainz (-1t.), Stroll (-1t.) et Kvyat (-1t.).
67e: Bottas fait escale à son stand pour s'emparer des pneus tendres puis partir en quête du meilleur tour. Stroll et Kvyat dépassent Sainz et l'excluent ainsi de la zone des points.
68e: Vettel et Hamilton se tiennent en une demi-seconde. Leclerc évolue à six secondes et quelques dixièmes de son leader.
69e: Bottas glane in extremis le point du meilleur tour en pulvérisant le record du circuit en course (1'13''078''').
70ème et dernier tour: Sebastian Vettel coupe le premier la ligne d'arrivée, mais seulement une seconde devant Lewis Hamilton. Celui-ci récolte donc sa septième victoire au Canada. L'Allemand est relégué à la deuxième place qu'il conserve pour une petite seconde devant Leclerc. Bottas se classe quatrième, Verstappen cinquième. Les Renault de Ricciardo, sixième, et d'Hülkenberg, septième, amassent quatorze points. Gasly est un décevant huitième. Les derniers points reviennent à Stroll et à Kvyat. Sainz, Pérez, Giovinazzi, Grosjean, Räikkönen, Russell, Magnussen et Kubica terminent aussi l'épreuve.
Après la course: la colère de Vettel
Hors de lui, Sebastian Vettel estime s'être fait voler la victoire par une punition injustifiée. Alors que les trois premiers bolides se rangent au pied du podium, l'Allemand vient retirer le panneau « n°1 » placé devant la Mercedes de Lewis Hamilton et le remplace par son propre panneau « n°2 » ! Puis, il se fait prier avant de grimper sur le podium où Hamilton, confus, lui donne l'accolade et lui permet de monter quelques instants avec lui sur la première marche. Quelques sifflets se font entendre dans la foule pour saluer ce résultat tronqué.
Vettel, anéanti, n'a pas de mots assez durs pour qualifier la décision des trois commissaires sportifs (Gerd Ennser, Mathieu Remmerie et l'ancien pilote Emanuele Pirro). « C'est simple, vous avez vu les images: j'ai perdu l'arrière de la voiture », déclare-t-il en conférence de presse. « J'étais à la limite, à fond pour contrôler Hamilton. L'herbe n'est pas réputée pour avoir beaucoup d'adhérence, vous savez. J'ai pourtant réussi à tenir ma voiture. J'ai perdu beaucoup de temps car, sur le gazon, on lève le pied. Sur le bitume, mes gommes étaient sales. Je ne pouvais rien faire d'autre. Je ne pouvais pas voir non plus où était Lewis. Je n'ai que deux mains, je ne pouvais pas appeler mon stand pour demander sa position. Je me doutais bien qu'il était derrière, mais je ne pouvais pas aller ailleurs. Lorsque je l'ai vu dans mes rétroviseurs, nous étions déjà au virage n°6. » Vettel fait ensuite part de son désarroi face à la « judiciarisation » de la F1: « Je ne suis pas d'accord avec ce qu'est devenu ce sport. On passe notre temps à la radio à en référer aux autorités. Piloter, c'est du bon sens. Lorsque je suis revenu en piste, Lewis a dû réagir. C'est la course auto. Je suis certain que les vieux pilotes partagent mon avis. Nous ressemblons désormais à des avocats. Ce n'est pas le sport dont je suis tombé amoureux enfant. » Ces propos résonnent curieusement avec les rumeurs de retraite évoquées plus haut...
Mattia Binotto soutient bien sûr son pilote qu'il considère comme le « vainqueur moral du Grand Prix » : « Nous ne sommes certainement pas heureux ni d'accord avec le verdict. Vettel n'aurait rien pu faire différemment. Je crois même qu'il était chanceux de pouvoir rester en piste ! » Ferrari annonce dans la foulée son intention de faire appel de la pénalité infligée à son pilote, mais on ne voit pas comment la FIA pourrait infirmer ce jugement puisqu'aucun élément nouveau ne viendra modifier son appréciation. Comme le pressentait Vettel, de nombreux ex-pilotes critiquent vertement sa punition qui selon eux tend à dénaturer complètement la compétition et à entraver toute bagarre en piste. Jenson Button, Mark Webber, Nigel Mansell, JJ Lehto, Alexander Wurz etc. dénoncent une décision aberrante. Mario Andretti réagit via un « tweet » virulent contre la F1: « Je pense que le rôle des commissaires est de pénaliser les manœuvres dangereuses flagrantes, pas les erreurs honnêtes résultant d'une course serrée. Ce qui est arrivé au Canada est inacceptable à ce niveau. » Toutefois, et à l'inverse, Nico Rosberg adopte une lecture littérale du règlement et estime la sanction méritée: selon lui, Vettel est bien revenu sur le circuit devant Hamilton avant de longer le mur extérieur. Même s'il ne l'a pas fait exprès, sa manœuvre était bien dangereuse. Pour preuve, Hamilton a dû freiner fort pour éviter de tamponner la Ferrari. Une logique sévère et implacable.
Hamilton opportuniste, Renault ressuscitée
Faraud, Lewis Hamilton exprime un certain embarras de l'emporter dans ces conditions, sans toutefois remettre en cause la pénalité qui a frappé son adversaire: « J'étais le plus rapide et j'essayais de pousser « Seb » à la faute », narre-t-il. « Il l'a faite. J'ai sauté sur l'occasion, attaquant à fond le virage. Mais il est revenu en piste, juste devant moi: j'ai sauté sur les freins. Même après sa pénalité, j'ai continué à attaquer, mais ce n'était pas facile, car ce week-end les Ferrari étaient très rapides. Bon, j'aurais aimé gagner d'une autre manière... » En tout cas, grâce à cette cinquième victoire en sept courses, Hamilton file droit vers sa sixième consécration mondiale. Il compte en effet vingt-neuf points d'avance sur un Bottas qui n'a pas vu le jour au Québec.
Renault lance enfin sa saison 2019 en plaçant les deux monoplaces de Daniel Ricciardo et de Nico Hülkenberg dans les points pour la première fois de l'année. L'équipe d'Enstone grimpe ainsi au cinquième rang du classement des constructeurs et fond sur McLaren. « On n'a rien fait d'exceptionnel », tempère cependant Cyril Abiteboul. « C'est un week-end qui s'est déroulé sans accroc, c'est ce que nous souhaitions depuis longtemps. » Un résultat qui tombe cependant à pic deux semaines avant le GP de France où le constructeur français lancera une importante évolution de sa R.S.19. Seule ombre au tableau: Hülkenberg n'a pas du tout apprécié la consigne l'empêchant d'attaquer Ricciardo dans les derniers tours. Y aurait-il une hiérarchie officieuse entre les pilotes Renault ?
Tony