Lutte pour le titre: Hamilton défend Vettel
Il n'a échappé à personne que Sebastian Vettel traverse une mauvaise passe. Sa collision avec Max Verstappen à Suzuka lui a certes fait perdre toute chance de remporter le titre mondial, mais elle survient surtout après une longue série de bourdes, dont la plus saillante est sans doute sa sortie de route à Hockenheim alors qu'il menait la course devant son public. En ce mois d'octobre, la presse italienne lui plonge la tête sous l'eau, tout en s'interrogeant sur la crise que traverse actuellement Ferrari. « Peut-être est-ce de la malchance, mais c'est un fait: Sebastian Vettel ne fait plus les choses correctement », écrit par exemple La Stampa. Pour le Corriere dello Sport, «Vettel traverse une crise existentielle profonde. » « Alors que Lewis Hamilton se rapproche du record de Fangio, la saison de Ferrari est un échec. Vettel a choisi le pire moment pour perdre pendant que la Scuderia s'effondre sous le management de Maurizio Arrivabene », écrit pour sa part La Repubblica. Et ainsi de suite. Vettel trouve cependant un défenseur de poids en la personne de son grand rival Lewis Hamilton: « Je trouve que les médias devraient montrer plus de respect envers Sebastian. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point ce que nous faisons à ce niveau est dur. Nous sommes humains, il faut donc s'attendre à ce que nous fassions des erreurs. »
Lewis Hamilton peut se permettre de jouer les grands seigneurs. Sa consécration est toute proche. Il aborde en effet ce Grand Prix avec 67 longueurs d'avance sur Vettel, et peut empocher sa cinquième couronne mondiale dès dimanche en marquant huit points de plus que l'Allemand. S'il termine l'épreuve dans les six premiers, la couronne lui reviendra à condition que Vettel se classe deux rangs derrière lui. Bien qu'il ait rendez-vous ici avec l'Histoire, Hamilton affiche une relative sérénité. Il ne laisse transparaître aucun signe de nervosité et publie sur les réseaux sociaux de courtes vidéos de ses aventures en compagnie de son meilleur ami, un certain Dan Forrest, dit « Spinz ».
Présentation de l'épreuve
Le Circuit des Amériques subit quelques modifications. Tout d'abord, le virage n°17, que Max Verstappen avait coupé l'an passé pour doubler Kimi Räikkönen dans le dernier tour, est à présent bordé par un vibreur, afin de décourager d'autres pilotes d'effectuer la même manœuvre. Dans le même esprit, d'autres trottoirs sont placés au niveau du premier virage pour éviter que les coureurs n'obtiennent un avantage en empruntant les dégagements bitumés. Une mesure qui s'avérera finalement assez peu efficace.
Entre les GP du Japon et des États-Unis, Williams annonce le recrutement du Britannique George Russell pour 2019. Âgé de 20 ans, Russell est jusqu'ici l'auteur d'un parcours exemplaire. Il a triomphé en F4, en GP3 et va très probablement remporter le championnat international de Formule 2 qu'il dispute pour le compte d'ART, après un long duel avec son compatriote Lando Norris, qui lui débutera l'an prochain chez McLaren. Il doit cette promotion à ses performances, mais aussi à ses liens avec Mercedes. Les supporteurs d'Esteban Ocon se demandent pourquoi la firme allemande préfère placer Russell à Grove plutôt que leur chouchou. Mais le problème ne se pose pas en ces termes: les contacts entre Williams et le pilote anglais remontent à plusieurs mois, à l'époque où Ocon semblait en partance pour Renault. Cela dit, Claire Williams ne ferme pas la porte au Français, mais Mercedes devra mettre le prix pour rivaliser avec les 15 millions de dollars (environ) offerts par SMP, le sponsor de Sergey Sirotkin. Par ailleurs, Robert Kubica n'a pas encore renoncé à obtenir ce baquet et peut compter sur l'appui financier d'un pétrolier polonais, PKN Orlen.
L'autre volant disponible est celui de Brendon Hartley chez Toro Rosso. Il ne sera pas occupé par Pascal Wehrlein qui se tourne finalement vers la Formule E, au sein de l'écurie Mahindra. Helmut Marko et Franz Tost tournent dorénavant leur attention vers Alexander Albon, pilote thaïlandais né d'un père britannique, autre ancien de la filière Red Bull. Albon a fini second du GP3 en 2016 et occupe cette saison la troisième place du championnat de Formule 2, pour le compte de l'écurie DAMS. Il possède un contrat en bonne et due forme avec Nissan pour disputer la saison 2018-2019 de FE, mais Toro Rosso négocie pour démêler cet engagement.
Enfin, Racing Point Force India confirme la prolongation du contrat de Sergio Pérez. Le Mexicain entamera en 2019 sa sixième saison à Silverstone. Son talent et ses imposants sponsors ont facilité cette reconduction. Du reste, Pérez est en quelque sorte le « sauveur » de l'équipe puisqu'il a demandé sa mise en redressement judiciaire au mois de juillet, accélérant ainsi son rachat par Lawrence Stroll.
Zak Brown révèle que McLaren ne s'impliquera pas en 2019 en IndyCar. Le projet étudié cette année consistait à engager pour Fernando Alonso une monoplace motorisée par Chevrolet et préparée par des mécaniciens délégués par Andretti Motorsport. Le problème est que les machines de Michael Andretti sont propulsées par Honda, et que les deux motoristes ne veulent pas se retrouver en concurrence sous le même toit. Néanmoins, Alonso pourrait disputer les 500 Miles d'Indianapolis sur une voiture co-engagée par Andretti et McLaren, comme en 2017. Pour l'heure, il reste très flou quant à ses intentions.
Niki Lauda se remet doucement de la transplantation pulmonaire qu'il a subie au mois d'août. Selon la presse autrichienne, le président de l'écurie Mercedes pourrait bientôt quitter l'unité des soins intensifs dans laquelle il a été admis cet été suite à la grave maladie qui a failli l'emporter. Hamilton affirme qu'il peut s'entretenir avec lui par téléphone et compte lui rendre visite dans les prochaines semaines. Toutefois, Lauda sortira certainement affaibli de cette épreuve et ne pourra pas réapparaître sur les circuits avant de longs mois.
Toro Rosso offre vendredi matin un nouveau tour de manège à Sean Gelael, déjà aperçu quelque fois l'an passé au volant de la monoplace italienne. L'Indonésien n'est cependant pas un candidat crédible à une place de titulaire, vues ses piètres performances en Formule 2, où il se fait marcher dessus par Nyck de Vries, son coéquipier chez Prema Racing. Plus sérieusement, Lando Norris tourne désormais à chaque course avec McLaren pour préparer ses grands débuts en 2019.
Ferrari revient en arrière à Austin en retirant quelques pièces apportées lors des précédents Grands Prix. Une volte-face pertinente selon Sebastian Vettel: « Nous sommes revenus à une spécification assez ancienne, et il semble que cela fonctionne mieux ainsi. » Les Rouges éprouvent cependant ici un nouveau fond plat censé optimiser une configuration aérodynamique apparue en essais au Japon mais non retenue pour la course. Toutes ces modifications disparaissent dès vendredi soir. Toro Rosso a peu fait évoluer sa STR13 au cours de cette saison. La monoplace italienne reçoit en Amérique sa dernière évolution majeure, doté d'un nouvel aileron avant et de déflecteurs de pontons inspirés de ceux montés par Ferrari. Parmi les autres innovations, on note l'apparition d'ailettes sur le halo de la Mercedes.
Essais et qualifications
Les essais du vendredi se déroulent sous la pluie. Comme à l'accoutumée Hamilton se montre souverain dans ces conditions et réalise les meilleurs chronos des deux séances. Le matin, Leclerc provoque un drapeau rouge en ramenant des graviers sur la piste. Vettel ne ralentit pas suffisamment à cet instant et les commissaires sportifs lui infligent une pénalité de trois places sur la grille de départ. Une décision draconienne...
Les conditions climatiques sont plus clémentes samedi, bien que le mercure soit bas et que le vent souffle fort. Le matin, les Ferrari occupent le haut de la feuille des temps, ce qui leur donne quelque espoir pour l'après-midi. Las, Hamilton empoche une nouvelle fois la pole position (1'32''237'''). Il ne devance cependant Vettel que de 61 millièmes, mais l'Allemand se retrouve repoussé au cinquième rang à cause de sa sanction. C'est donc Räikkönen, très proche de Vettel, qui accompagnera le champion du monde en première ligne. Le regain de forme des Ferrari est néanmoins sensible. Bottas (3ème) concède près de quatre dixièmes à son équipier. Ricciardo hisse sa Red Bull au quatrième rang, mais rend plus d'une seconde au poleman. Verstappen (18ème) renonce à l'issue de la Q1 après avoir endommagé sa suspension arrière-droite sur un trottoir, puis écope de cinq places de pénalité pour changement de boîte de vitesses.
Ocon (6ème) réalise une performance admirable et devance Pérez (10ème) qui a abîmé ses déflecteurs et son fond plat en sautant sur un vibreur. Chez Renault, Hülkenberg signe un très beau septième temps après avoir tâtonné dans ses réglages. Sainz (11ème), plus en retrait, n'est néanmoins pas inquiet pour la course. Haas veut évidemment briller en terre américaine. Grosjean (8ème) atteint la Q3 pour la onzième fois consécutive. Magnussen (12ème) se plaint pour sa part d'instabilité dans le dernier secteur. Du côté de Sauber, Leclerc (9ème) surclasse Ericsson (16ème), sorti dès la première manche sans donner d'explications convaincantes. Les McLaren (Alonso 13ème, Vandoorne 17ème) et les Williams (Sirotkin 14ème, Stroll 15ème), toujours aussi médiocres, sortent en Q1. Enfin, Toro Rosso remplace les moteurs Honda de Gasly (19ème) et d'Hartley (20ème) qui partiront donc en queue de peloton.
Le Grand Prix
Le folklore est comme chaque année au rendez-vous pour cette escale texane. Red Bull affuble ses pilotes de combinaisons inspirées de l'accoutrement traditionnel des cow-boys, immortalisé par les westerns. Daniel Ricciardo et Max Verstappen déambulent ainsi avec des chaussures ocres et des fausses jambières imitant des bottes de cavalier. Par ailleurs, un marin de l'US Navy interprète l'hymne national alors que des hélicoptères en parade sillonnent le ciel.
Il fait chaud à Austin en ce dimanche 21 octobre, ce qui contraste avec la météo des deux journées précédentes. Le comportement des pneumatiques va s'en ressentir et, pour parer à toute usure excessive, Pirelli remonte la pression maximale autorisée. Räikkönen, Hülkenberg, Grosjean, Pérez et Ocon partent en pneus ultra-tendres violets. Tous les autres pilotes prennent les super-tendres, sauf Verstappen et Ericsson qui sélectionnent les tendres. Mercedes remplace in extremis les pompes à eau sur les deux W09 après que ces éléments ont donné des signes de fragilité.
Départ: Räikkönen démarre mieux qu'Hamilton. Celui-ci le serre vers la gauche, en vain: le Finlandais prend le commandement au premier virage. Bottas et Ricciardo viennent ensuite, alors que Vettel part volontairement au large et demeure cinquième. Sainz emprunte lui aussi le dégagement, ce qui lui permet de doubler Ocon.
1er tour: Verstappen double de nombreux pilotes. Stroll percute Alonso dans les Esses. L'Asturien part dans une embardée et atterrit dans les dégagements. Au même endroit, un contact implique Leclerc et Ocon. Puis, au bout de la grande ligne droite, Grosjean bloque ses roues et harponne Leclerc qui part en tête-à-queue. Au même endroit, Vettel fait l'intérieur à Ricciardo. L'Australien « croise » l'Allemand à la sortie du virage n°12. Les deux hommes abordent le tournant suivant côte à côte. Leurs roues avant se frôlent. Vettel donne un coup de gaz à cet instant et exécute un tête-à-queue. Il chute ainsi au 15ème rang. Räikkönen mène devant Hamilton, Bottas, Ricciardo, Hülkenberg, Sainz, Ocon, Pérez, Verstappen et Magnussen.
2e: Räikkönen s'échappe grâce à ses pneus ultra-tendres et devance Hamilton de deux secondes. Stroll, Grosjean et Leclerc passent aux stands pour remplacer leurs pneus et leurs museaux. Alonso rentre lui directement à son garage avec un ponton droit éventré.
3e: Verstappen s'impose face à Pérez. Vettel efface Sirotkin puis Hartley. Grosjean met pied à terre car sa direction assistée est endommagée suite à l'accrochage avec Leclerc.
4e: Les pneus arrière de Räikkönen surchauffent et la Ferrari est affectée par un léger sous-virage. Hamilton revient à une seconde et demie. Verstappen prend la septième place à Ocon.
5e: Räikkönen devance Hamilton (1.9s.), Bottas (6.8s.), Ricciardo (8s.), Hülkenberg (13s.), Sainz (14.4s.), Verstappen (19.2s.), Ocon (20.9s.) et Pérez (21.4s.). Vettel double Magnussen et revient dans les points. A cet instant, Hamilton est champion du monde.
6e: Verstappen efface Sainz et Vettel dépasse Pérez. Stroll écope d'un passage aux stands obligatoire pour avoir embouti la McLaren d'Alonso. Il subit aussitôt cette pénalité.
7e: Räikkönen gère mieux ses gommes et compte deux secondes et demie d'avance sur Hamilton. Verstappen déborde Hülkenberg et ne compte que six secondes de retard sur son collègue Ricciardo qui partait quatorze rangs devant lui ! Vettel double Ocon dans la longue ligne droite.
9e: Tout se coupe sur la Red Bull de Ricciardo suite à une défaillance de batterie. L'Australien se range sur le bas-côté à la sortie du virage n°19. Il sort de son habitacle totalement abattu. C'est son cinquième abandon de l'année sur panne technique.
10e: Vettel déborde Sainz. Les commissaires décident d'ôter la Red Bull de Ricciardo au moyen d'une grue. La procédure de « voiture de sécurité virtuelle » est enclenchée. Hamilton en profite pour se rapprocher de Räikkönen. Vandoorne, Gasly et Sirotkin passent aux stands pour mettre les pneus tendres.
11e: Tandis que les bolides roulent au pas, l'incertitude règne dans les stands. Räikkönen et Hamilton vont-ils changer de pneus ? En fin de tour, Hamilton plonge finalement dans les stands, met un jeu de pneus tendres et ressort derrière Bottas.
12e: Les drapeaux verts sont agités, la course reprend ses droits. Räikkönen précède Bottas de cinq secondes, Hamilton de huit secondes. L'arrêt de celui-ci a donc été totalement indolore. Vettel double Hülkenberg au virage n°12.
14e: Mercedes ordonne à Bottas de s'effacer devant Hamilton, ce qu'il fait sur la ligne de chronométrage. Hamilton reprend deux secondes au tour à Räikkönen dont les pneus violets sont usés.
15e: Räikkönen précède Hamilton (3.9s.), Bottas (8.2s.), Verstappen (11.7s.), Vettel (20.6s.), Hülkenberg (28s.), Sainz (30s.), Ocon (35.6s.), Pérez (37.4s.), Magnussen (44.5s.) et Hartley (47.7s.).
17e: Hamilton est revenu à moins de deux secondes de Räikkönen.
18e: Hamilton fait la jonction avec Räikkönen. Tous deux prennent un tour à Stroll.
19e: Hamilton met la pression sur Räikkönen. Il peut utiliser son aileron arrière mobile, mais la Ferrari est suffisamment puissante pour empêcher la Mercedes de se porter à sa hauteur.
20e: Sainz reçoit cinq secondes de pénalité pour avoir utilisé les bordures en asphalte afin de doubler Ocon au premier freinage.
21e: Hamilton est dans l'ombre de Räikkönen. Les pneus du Finlandais sont à la corde. Il rejoint les stands en fin de parcours pour prendre les pneus tendres qui lui permettront d'aller au bout, et reprend la piste en cinquième position.
22e: Ferrari parie désormais sur la nécessité pour Hamilton d'effectuer un second arrêt. Verstappen chausse les gommes super-tendres alors qu'Ocon monte les pneus jaunes.
23e: Hamilton précède Bottas de deux secondes. Le Scandinave rejoint les stands pour prendre des pneus tendres. Il a la mauvaise surprise de repartir derrière Verstappen. Hülkenberg prend aussi les Pirelli jaunes.
24e: Vettel se retrouve second avec ses pneus usagés. Räikkönen le remonte aisément. Sainz change d'enveloppes et subit sa sanction.
25e: Vettel laisse passer Räikkönen au premier virage. Changement de pneus pour Pérez.
26e: Verstappen recolle à Vettel et le déborde par l'extérieur au virage n°13. L'Allemand chausse ensuite les enveloppes tendres.
28e: Hamilton semble se diriger vers le sacre. Il mène devant Räikkönen (17.2s.), Verstappen (21.7s.), Bottas (24.8s.), Vettel (41.8s.), Magnussen (1m. 03s.), Hülkenberg (1m. 07s.), Sainz (1m. 12s.), Ocon (1m. 18s.) et Ericsson (1m. 19s.). Arrêt pneus pour Hartley.
30e: Magnussen et Ericsson remplacent les pneus. Le Danois parvient à s'intercaler entre Ocon et Pérez.
31e: Les pneus arrière d'Hamilton se couvrent de cloques, mais l'intervalle entre l'Anglais et Räikkönen demeure stable. Arrêt de Sirotkin.
32e: Vettel remonte sur Bottas et améliore régulièrement le record du tour. Quatre secondes les séparent.
33e: Sauber rappelle Leclerc au garage pour abandonner. Sa monoplace a subi trop de dégâts pour pouvoir continuer.
34e: Les pneus arrière d'Hamilton sont maintenant complétement « bullés ». L'Anglais se débat avec un fort sous-virage et tourne deux secondes au tour moins vite que ses poursuivants.
35e: Hamilton est leader devant Räikkönen (10.6s.), Verstappen (14.2s.), Bottas (19.3s.), Vettel (29.8s.), Hülkenberg (1m. 11s.), Sainz (1m. 16s.), Ocon (1m. 21s.), Magnussen (1m. 23s.) et Pérez (1m. 27s.).
37e: Vettel cravache pour revenir sur Bottas et lui reprend deux secondes à chaque passage. Hamilton déplore des vibrations dues à l'état de ses gommes. Il rentre aux stands en fin de boucle.
38e: Hamilton chausse un deuxième train de pneus jaunes et redémarre en quatrième position. Il doit désormais regrimper à la seconde place pour s'adjuger la couronne mondiale. Changement de pneus pour Gasly.
39e: Räikkönen mène avec trois secondes de marge sur Verstappen. Hamilton revient facilement sur Bottas. Arrêt de Stroll.
40e: Verstappen grappille plusieurs dixièmes sur Räikkönen qui est gêné un temps par Hartley. Bottas s'efface devant Hamilton qui boucle le meilleur tour de l'épreuve (1'37''392''').
41e: Räikkönen est premier devant Verstappen (2.3s.), Hamilton (7.8s.), Bottas (11.8s.), Vettel (15.6s.), Hülkenberg (1m. 08s.), Sainz (1m. 12s.), Ocon (1m. 16s.), Magnussen (1m. 18s.), Pérez (1m. 19s.), Hartley (-1t.) et Ericsson (-1t.). Second arrêt pour Vandoorne.
43e: Hamilton roule à quatre secondes de Verstappen, à six secondes de Räikkönen. Pour sa part, Vettel n'est plus qu'à trois secondes de Bottas. C'est une course-poursuite à plusieurs niveaux: Pour être titré, Hamilton doit doubler Verstappen, à condition que Vettel ne passe pas devant Bottas...
45e: Hamilton n'hésite plus à taper dans sa gomme et revient à trois secondes de Verstappen. Vettel fait la jonction avec Bottas.
47e: Räikkönen, Verstappen et Hamilton se tiennent maintenant en trois secondes. Vettel demeure derrière Bottas. Loin de là, Ocon, Magnussen et Pérez bataillent pour les dernièrs points.
48e: Verstappen surveille Hamilton dans ses rétroviseurs, mais lorgne aussi sur la victoire. Des trois voitures de tête, la Red Bull est celle qui a le moins maltraité ses gommes. Le Hollandais ne rend qu'une seconde à Räikkönen.
50e: Räikkönen devance Verstappen (1.2s.), Hamilton (2.1s.), Bottas (15.1s.), Vettel (16.3s.), Hülkenberg (1m. 20s.), Sainz (1m. 25s.), Ocon (1m. 28s.), Magnussen (1m. 29s.), Pérez (1m. 31s.), Hartley (-1t.) et Ericsson (-1t.).
51e: Les trois premiers ne sont pas encore suffisamment proches les uns des autres pour actionner leur aileron arrière mobile. C'est également le cas pour Vettel derrière Bottas.
52e: Verstappen et Hamilton peuvent maintenant faire usage du DRS, mais sont encore trop loin pour porter des attaques.
53e: Räikkönen rappuie un peu sur le champignon et repousse Verstappen à plus d'une seconde, ce qui empêche celui-ci de réutiliser le DRS. En revanche, Vettel bénéficie maintenant de ce surcroît de vitesse pour porter l'estocade contre Bottas.
54e: Verstappen commet une faute au virage n°12. Hamilton en profite pour se porter à sa hauteur. Les deux hommes franchissent côte à côte les courts enchaînements suivants. Hamilton tente finalement de faire l'extérieur à la Red Bull dans la grande courbe à droite (n°16). Hélas, il roule sur des billes de gomme et est envoyé au large. Lorsqu'il revient en piste, Verstappen s'est envolé.
55e: Räikkönen a course gagnée. Vettel fait l'extérieur à Bottas dans la longue pleine charge. Le Finlandais manque ensuite son freinage, ce qui permet à l'Allemand de s'emparer de la quatrième place.
56ème et dernier passage: Hamilton fond de nouveau sur Verstappen mais n'a plus le temps pour l'attaquer. Les positions sont figées.
Kimi Räikkönen remporte sa première victoire depuis plus de cinq ans devant Verstappen et Hamilton. Vettel se classe quatrième devant Bottas, l'équipier modèle. Beau tir groupé des Renault: Hülkenberg, sixième, et Sainz, septième, rapportent de gros points au Losange. Ocon se classe huitième juste devant Magnussen et Pérez. Hartley, Ericsson, Vandoorne, Gasly, Sirotkin et Stroll rallient aussi l'arrivée.
Le classement final sera bouleversé par les commissaires sportifs. Ocon et Magnussen sont en effet disqualifiés. La Force India du Français a dépassé lors du premier tour la limite de consommation d'essence autorisée. Ce pic de débit massique fut suivi d'un creux, selon Otmar Szafnauer qui assure donc que la monoplace n'en a tiré aucun avantage. Mais les commissaires ne l'entendent pas de cette oreille. Quant à Magnussen, sa Haas a consommé 105,1 kg d'essence cet après-midi, alors que la limite maximale est de 105 kg... Du coup, Pérez grimpe au huitième rang tandis qu'Hartley et Ericsson récoltent les derniers points.
Après la course: Räikkönen heureux !
Kimi Räikkönen retrouve la plus haute marche du podium après une attente de 113 courses, un record ! Il ne se départ pas pour autant de son flegme, et les lunettes teintées qu'il arbore sur le podium ne cachent certainement pas de petites larmes. Ses commentaires au micro de Martin Brundle sont laconiques: « Le week-end s'est bien passé. J'ai pris un super départ puis j'ai bien géré l'usure de mes pneus et les quelques batailles qu'il fallait mener. En fin de course, j'ai pu contenir Verstappen. » Brundle tente une relance: « - Vous n'êtes pas plus expressif ? Vous n'aviez plus gagné depuis 2013 ! - Bah, reprend Iceman, je suis plus content que si j'avais terminé deuxième. Franchement, ça ne va pas changer ma vie. Mais rassurez-vous, je suis quand même heureux ! »
Lewis Hamilton devra attendre le prochain Grand Prix au Mexique, dans huit jours, pour être sacré champion du monde. Il paie l'usure excessive des gommes jaunes, très éprouvées par la chaleur de la piste, mais aussi sans doute son choix de pneus initial, arrêté dès le samedi après-midi. « Nous n'avons pas été bons aujourd'hui, lâche-t-il. L'erreur est venue de notre idée de nous qualifier en pneus super-tendres. Nous aurions dû faire comme Kimi et tenter les ultra-tendres. »
Malgré tout, Hamilton accroît encore son avance sur Sebastian Vettel qui a encore une fois commis une erreur en s'accrochant avec Daniel Ricciardo. « Je devais être dans son angle mort, car visiblement Daniel ne m'a pas vu », avance-t-il en guise d'excuse. Au moins se satisfait-il de voir Ferrari retrouver enfin le chemin du succès. « Mes émotions sont partagées, dit-il. Il y a d'abord la joie de voir Kimi gagner à nouveau. Mais je suis très déçu de ma course. Cela m'a énormément coûté de revenir. J'ai encore tout perdu, et j'ai laissé tomber l'équipe. » Un tel désarroi interdit d'accabler ce malheureux champion.
En revanche, Max Verstappen a encore produit une performance extraordinaire en remontant de la dix-huitième à la seconde place. Le soldat bleu, déguisé ici en « Billy the Kid », a accompli une chevauchée fantastique vers les premiers rangs. En fin de course cependant, il lui a fallu résister à la charge héroïque de Lewis Hamilton. « Mes pneus n'allaient plus très bien alors », reconnaît-il. « Quelle bataille ! Je souffrais vraiment avec Lewis qui visait le titre juste derrière moi. J'ai fini par bloquer mes roues au virage n°12, mais j'ai réussi à conserver l'avantage en tirant à fond sur mon volant [...] J'ai vite compris que je n'avais pas la vitesse pour aller chercher Räikkönen juste devant moi et qu'en insistant je risquais de dégrader mes pneus encore plus vite, et Hamilton en aurait profité. Il fallait être sage, raisonnable. » Le jeune Max serait-il en voie de devenir un homme tranquille ?
Dans la catégorie des maladroits, Fernando Alonso voit rouge contre Lance Stroll qui l'a bêtement sorti au bout de quelques virages. Le champion espagnol estime qu'il y a moins d' « amateurs » de ce genre en Endurance qu'en Formule 1 ! « C'est étrange que certains pilotes aient un niveau si faible. C'est impossible de partager la piste avec des mecs pareils ! » lâche-t-il dans les colonnes du quotidien espagnol Marca. Enfin, Romain Grosjean, jugé responsable de la collision qui l'a opposé à Charles Leclerc, écope de trois places de pénalité sur la grille du GP du Mexique et perd encore des points sur son « permis ». Il n'est plus qu'à deux points de la suspension. Le Franco-Suisse est peut-être plus stable psychologiquement, mais il a encore quelques progrès à faire...
Tony