Red Bull: Verstappen remplace Kvyat
Après avoir percuté deux fois Sebastian Vettel au départ du Grand Prix de Russie, Daniil Kvyat s'attendait à se faire remonter les bretelles par Christian Horner et Helmut Marko. Le 5 mai 2016, il apprend avec stupeur qu'il est remplacé avec effet immédiat par Max Verstappen et rétrogradé chez Toro Rosso ! Une sanction qui paraît à beaucoup tout à fait aberrante. Certes, Kvyat a été très maladroit à Sochi, mais deux semaines plus tôt il grimpait sur le podium à Shanghai. Mieux encore, il avait fini la saison 2015 avec plus de points que son équipier Daniel Ricciardo ! Ce jeune espoir venu de l'Est apparaissait très prometteur et son élan est soudainement brisé par une décision plutôt inique.
En fait, il semblerait que Red Bull se soit servie des incidents de Russie comme prétextes pour promouvoir Verstappen. Le jeune Hollandais, qui n'a pas encore 19 ans, est en effet convoité par plusieurs grandes écuries, notamment par Ferrari. En le plaçant immédiatement chez RBR, Horner et Marko lui lient les mains pour un certain temps. Par ailleurs, ils se débarrassent de l'encombrant papa Jos Verstappen en le priant de ne plus diriger la carrière de son fils. Quant à Toro Rosso, de vivier pour jeunes pousses elle devient une voie de garage car ni Carlos Sainz Junior, ni évidemment Kvyat ne peuvent désormais espérer rejoindre l'écurie-mère dans un proche avenir.
Max Verstappen n'a en tout cas jamais conduit la Red Bull RB12 avant ce Grand Prix d'Espagne et se contente de découvrir ses fonctionnalités sur le simulateur de Milton Keynes.
Présentation de l'épreuve
Affichant toujours son légendaire sens des priorités, la FIA interdit dorénavant aux coureurs de jeter en piste leurs protections de visière, une pratique très ancienne qui pourrait néanmoins gêner le comportement de certains bolides qui rouleraient sur ces morceaux de plastiques. Mais la plupart des pilotes estiment qu'effectuer une course avec un seul « tear-off » est impossible et que les laisser dans le cockpit provoque un bruit fort désagréable. On parle donc d'installer une poubelle à l'intérieur des Formules 1...
L'accord sur les règlements de 2017 et 2018 scellé deux semaines plus tôt ne fait pas l'unanimité, et notamment la clause stipulant que les motoristes seront contraints de fournir une écurie qui se retrouverait sans moteur. Or McLaren tient mordicus à son partenariat exclusif avec Honda et ne souhaite pas que le constructeur nippon équipe une autre structure sans son accord. Fabrice Lom, le responsable fédéral des questions de motorisation, déclare que le pouvoir sportif restera ferme sur ce point et que ni McLaren ni Honda ne pourront s'arroger un passe-droit. Ron Dennis et Eric Boullier campent sur leurs positions, et l'on s'achemine donc vers un affrontement entre les deux parties. McLaren cédera néanmoins probablement puisque Dennis aurait en parallèle autorisé Honda à motoriser Toro Rosso, une écurie qu'il juge inoffensive...
En début de saison, Ferrari avait pour ambition de concurrencer les Mercedes. Après quatre Grands Prix, ses monoplaces n'ont toujours pas réussi à triompher et ont été affligées de plusieurs pannes de moteurs inquiétantes. Pis encore, les Red Bull-TAG-Heuer ont fait de réels progrès et sont en mesure de disputer à la Scuderia sa place de dauphine. Sergio Marchionne se déclare mécontent de cette entame de championnat et réclame un sursaut à ses hommes. Certaines rumeurs annoncent même que le directeur sportif, le sympathique Maurizio Arrivabene, pourrait être prochainement remercié.
Certaines relations connaissent des hauts et des bas. Après s'être déchirées durant deux ans, Red Bull et Renault reviennent l'une vers l'autre, tels de vieux amants. Les progrès du groupe propulseur français incitent l'écurie au taureau à poursuivre un partenariat finalement fructueux. Quant à Renault, face à l'immense chantier que représente la reconstruction de son team d'usine, elle sait que ce n'est qu'avec Red Bull qu'elle pourra retrouver à moyen terme le chemin du succès, même si ses V6 portent l'étiquette de TAG Heuer.
Comme souvent, les équipes modifient substantiellement leurs monoplaces avant le Grand Prix d'Espagne. Chez Mercedes, Lewis Hamilton a subi deux casses de moteurs générateurs thermiques (MGU-H) en Chine et en Russie. La cause de ces avaries a été détectée: il s'agit d'une fissure sur un élément en carbone. Le Britannique reçoit donc en Catalogne un nouveau moteur thermique, son quatrième de la saison sur cinq autorisés. De futures pénalités sont par conséquent à prévoir... McLaren apporte à sa MP4/31 beaucoup d'innovations, touchant la carrosserie, les ailerons et le fond plat. Haas utilise un nouvel aileron arrière après avoir déjà modifié son aile antérieure en Russie. L'équipe américaine, ainsi que Sauber, bénéficie également de l'évolution du groupe propulseur Ferrari. Renault prévoit de son côté de tester une autre version de son groupe propulseur lors des essais privés qui se tiendront après l'épreuve.
La Force India évolue largement avec un ensemble aérodynamique inédit. Selon Sergio Pérez, l'équipe indo-britannique a découvert que la VJM09 usait trop ses gommes à cause d'un manque d'appui à l'avant. D'où l'apparition d'un nouvel aileron à Barcelone. Enfin Manor a presque intégralement revu sa voiture: carrosserie, ailerons, fond plat... tout est neuf ! Avec ces modifications Pascal Wehrlein espère pourvoir accrocher les points.
Le Français Esteban Ocon pilote la Renault de Jolyon Palmer lors de la séance du vendredi matin, avant de prendre le volant d'une Mercedes lors des essais qui suivront la course.
Essais et qualifications
La première séance d'essais du vendredi matin permet aux Ferrari de se mettre en valeur et d'occuper les premiers rangs. Rosberg met cependant les pendules à l'heure lors des deux manches suivantes.
Hamilton réalise sans mal la 52ème pole position de sa carrière avec un chrono d'1'22'' tout rond. Rosberg l'accompagne comme de juste en première ligne. Les Mercedes sont très supérieures à la concurrence et, si tout va bien, la course du lendemain devrait se résumer à une procession. Les Red Bull-TAG Heuer occupent la seconde rangée avec Ricciardo et un excellent Verstappen. Quatre dixièmes séparent les nouveaux coéquipiers. Les Ferrari de Räikkönen et de Vettel sont repoussées sur la troisième ligne. Malgré une température élevée, les SF16-H peinent à bien faire chauffer leurs pneus.
Bottas place sa Williams au septième rang tandis que Massa (18ème) a été éliminé en Q1 car son équipe ne l'a pas relancé à temps en piste... Sainz se classe huitième, nettement devant Kvyat (13ème). Toutes en progrès, les Force India (Pérez 9ème, Hülkenberg 11ème) côtoient les McLaren (Alonso 10ème, Button 12ème). Malgré leurs améliorations, les Haas-Ferrari (Grosjean 14ème, Gutiérrez 16ème) ne s'extraient plus du ventre mou. Les Renault sont un peu plus véloces: Magnussen est 15ème, Palmer 17ème. Enfin, les pilotes Sauber (Ericsson 19ème, Nasr 20ème) ont la satisfaction de devancer les Manor (Wehrlein 21ème, Haryanto 22ème).
Le Grand Prix
L'épreuve se déroule sous une forte chaleur. Le bitume a été nettoyé par une forte averse survenue la veille au soir. Tous les concurrents partent chaussés de pneus tendres, sauf Haryanto qui a des Pirelli médiums.
Départ: Rosberg démarre mieux qu'Hamilton et tente de le déboîter. L'Anglais l'emmène à gauche, puis à droite mais Rosberg ne s'en laisse pas conter. Il se déporte à l'extérieur et parvient au freinage à dépasser Hamilton par une manœuvre périlleuse. Suivent Ricciardo, Vettel, Verstappen, Räikkönen et Sainz.
1er tour: Perturbé par une manipulation à effectuer sur son volant, Rosberg sort mal de la courbe Renault. Dans la courte ligne droite qui mène au quatrième virage, Hamilton prend l'aspiration derrière son équipier et déboîte à droite où l'espace est minime. L'Allemand tasse sans ménagement le Britannique qui insiste, met les quatre roues dans l'herbe, glisse, part en travers et heurte l'autre Mercedes par l'arrière. Rosberg et Hamilton échouent piteusement dans les graviers. Profitant du tumulte, Verstappen dépasse Vettel, puis Sainz déborde les deux Ferrari. La voiture de sécurité entre en piste tandis que Ricciardo mène l'épreuve devant Verstappen, Sainz, Vettel, Räikkönen, Bottas, Pérez, Button, Alonso et Grosjean.
2e: La course est neutralisée par la Safety Car. Rosberg est empêtré dans le sable et renonce tandis que Hamilton, qui a perdu sa roue avant-droite, reste longtemps dans sa monoplace, comme hébété. La collision tant redoutée entre les deux équipiers depuis 2014 est enfin survenue.
4e: Les commissaires ont évacué les deux Mercedes et le Grand Prix reprend. Ricciardo et Verstappen occupent le commandement tandis que Sainz retient les Ferrari.
5e: Ricciardo mène devant Verstappen (1.4s.), Sainz (3.2s.), Vettel (4s.), Räikkönen (4.8s.), Bottas (6.2s.), Pérez (7.6s.), Button (8.5s.), Alonso (9.5s.), Grosjean (10.2s.), Kvyat (11.2s.) et Hülkenberg (11.7s.).
7e: Les Ferrari sont à l'affût derrière Sainz. Vettel attaque en vain l'Espagnol au premier virage.
8e: Vettel dépasse Sainz dans la longue ligne droite. Kvyat est accusé d'avoir doublé Hülkenberg et Magnussen sous régime de drapeaux jaunes et doit les laisser passer.
9e: Räikkönen déborde Sainz par l'extérieur au virage Elf, mais ce dernier le pousse vers l'échappatoire. Massa s'arrête chez Williams pour mettre des gommes médiums.
10e: Ricciardo devance Verstappen (1.5s.) et Vettel (3.4s.). Räikkönen fait l'intérieur à Sainz au premier freinage, et cette fois s'impose. Arrêts pneus pour Pérez et Ericsson. Pendant ce temps-là, Hamilton et Rosberg sont convoqués au motorhome Mercedes pour s'expliquer auprès de Toto Wolff, de Paddy Lowe, de Niki Lauda... et du Dr. Zetsche, présent pour assister à ce désastre...
11e: Sainz, Button, Hülkenberg et Magnussen changent leurs pneus.
12e: Ricciardo stoppe chez Red Bull pour mettre les pneus médiums (2.5s.). Verstappen occupe pour la première fois de sa jeune carrière la tête d'un Grand Prix. Mais il regagne à son tour les stands en fin de boucle. Alonso, Palmer et Wehrlein changent aussi leurs pneus.
13e: Changement de gommes pour Verstappen (2.5s.) qui ressort derrière Ricciardo. Räikkönen et Bottas passent aussi par les stands. Vettel est premier avec quinze secondes d'avance sur Grosjean. Gutiérrez ne s'est pas arrêté comme son équipier et occupe le cinquième rang.
14e: Ricciardo dépasse Grosjean.
15e: Verstappen double Grosjean et Räikkönen efface Gutiérrez.
16e: Changement de pneus pour Vettel qui repart en troisième position. Grosjean s'arrête chez Haas. Tous les pilotes de pointe ont choisi les Pirelli médiums pour ce deuxième relais.
17e: Ricciardo devance Verstappen (2s.), Vettel (3.9s.), Räikkönen (8.2s.), Bottas (14.5s.), Sainz (19.2s.), Pérez (21.8s.), Button (26.1s.), Alonso (28.7s.), Massa (29.5s.), Grosjean (30s.) et Hülkenberg (31.5s.). Gutiérrez a changé d'enveloppes.
18e: Vettel est plus rapide que les Red Bull. Alonso, Massa et Grosjean se battent pour la neuvième place.
20e: Ricciardo possède une seconde et demie d'avance sur Verstappen, deux secondes et demie sur Vettel.
22e: Hülkenberg stoppe en hâte dans le troisième secteur car sa Force India commence à prendre feu suite à une fuite d'huile.
23e: Ricciardo maintient à distance Verstappen (1s.) et Vettel (2.5s.). Suivent Räikkönen (6.1s.), Bottas (19.8s.), Sainz (27.3s.), Pérez (30.2s.), Button (36.4s.), Alonso (39.9s.), Massa (40.4s.) et Grosjean (41.2s.).
24e: Ricciardo peine à prendre un tour à Haryanto. Verstappen se rapproche dangereusement de son équipier.
25e: Haryanto gêne toujours Ricciardo. Verstappen et Vettel sont revenus juste derrière l'Australien.
26e: Les trois leaders parviennent enfin à se défaire d'Haryanto. Massa passe chez Williams pour mettre les gommes tendres.
28e: Räikkönen raccroche peu à peu le wagon des premiers. Ricciardo stoppe en fin de parcours.
29e: Ricciardo chausse les gommes tendres en trois secondes et reprend la piste en quatrième position. Verstappen est de nouveau leader. Arrêt également pour Grosjean.
30e: Vettel s'équipe de pneus tendres (3.5s.) et redémarre quatre secondes derrière Ricciardo. Massa remonte facilement grâce à ses pneus frais. Il a déjà doublé Nasr et les deux Renault.
31e: Verstappen a trois secondes de marge sur Räikkönen. Changement de pneus pour Gutiérrez.
33e: Vettel grignote son retard sur Ricciardo tandis que Verstappen et Räikkönen restent en piste. Visiblement, Ferrari et Red Bull ont choisi des stratégies différentes pour leurs pilotes. Gutiérrez dépasse Grosjean à la hussarde au virage 5. Les roues des deux Haas se frottent.
34e: Verstappen s'arrête chez Red Bull en fin de tour. Il met les pneus médiums (2.7s.) et reprend sa route derrière Vettel. Cet arrêt sera son dernier, au contraire de Ricciardo qui compte encore mettre un jeu de Pirelli supplémentaire. Räikkönen prend provisoirement la tête.
36e: Räikkönen stoppe chez Ferrari et, comme Verstappen, met des pneus médiums pour aller au bout (2.6s.). Pérez et Button changent aussi de gommes. Victime de problèmes de freins, Grosjean fait une escapade dans les graviers au septième virage.
37e: Ricciardo est premier avec une seconde de marge sur Vettel. Massa prend la septième place à Alonso.
38e: Vettel arrive chez Ferrari pour son troisième changement de pneus. Son train de gommes tendres n'aura roulé que huit tours ! Il redémarre avec les médiums en quatrième position. Grosjean repasse également par les stands.
39e: Ricciardo devance Verstappen (12s.), Räikkönen (15.3s.), Vettel (22s.), Bottas (31.5s.) et Massa (49.5s.). Sainz chausse son troisième jeu d'enveloppes.
40e: Bottas change ses pneus mais ne perd pas sa cinquième place. Au cœur du peloton, Magnussen dépasse hardiment Ericsson au cinquième virage en bloquant ses roues. Arrêt d'Alonso.
42e: Räikkönen rattrape Verstappen tandis que curieusement Vettel ne regagne pas de terrain sur ceux-ci. Massa repasse pour la dernière fois par les stands et repart en onzième position.
44e: Ricciardo effectue son troisième passage aux stands et met les médiums en deux secondes et demie. Il reprend la piste derrière Vettel. Le jeune Verstappen est désormais premier et... en route vers la victoire ! Ericsson tente de doubler son collègue Nasr au premier virage mais loupe totalement son freinage et emprunte l'échappatoire.
45e: La lutte pour la victoire oppose désormais Verstappen, le benjamin du peloton, à Räikkönen le vétéran. Une seconde les sépare. Suivent Vettel (7.7s.), Ricciardo (15.8s.), Bottas (45s.), Sainz (53.2s.), Pérez (58.8s.), Gutiérrez (1m. 04s.), Kvyat (1m. 06s.), Button (1m. 10s.), Massa (1m. 12s.) et Alonso (1m. 15s.).
46e: Alonso s'immobilise dans le gazon suite à une nouvelle défaillance de son groupe propulseur Honda.
48e: Räikkönen est à moins d'une seconde de Verstappen. Ricciardo remonte rapidement sur Vettel.
49e: Räikkönen n'est plus qu'à une demi-longueur de Verstappen et paraît prêt à l'avaler.
50e: Ricciardo concède encore deux secondes à Vettel. Massa prend la dixième place à Button.
51e: Räikkönen bloque ses roues au freinage de La Caixa. Sa difficulté est que le châssis Ferrari est peu efficace dans les derniers virages. Par conséquent, il est toujours trop loin de Verstappen à l'entame de la longue ligne droite pour le dépasser, malgré le DRS.
52e: Kvyat effectue un ultime changement de pneus et perd une place au profit de Button.
53e: Kvyat signe le meilleur tour de la course: 1'26''948'''.
54e: Räikkönen ne trouve pas d'ouverture pour doubler Verstappen. Une seconde sépare encore Vettel et Ricciardo.
55e: Verstappen est premier devant Räikkönen (0.6s.), Vettel (6.5s.), Ricciardo (7.2s.), Bottas (50.6s.), Sainz (1m.), Pérez (1m. 11s.), Gutiérrez (1m. 15s.), Massa (1m. 16s.), Button (1m. 24s.) et Kvyat (1m. 30s.).
56e: Räikkönen est vissé à l'arrière de la Red Bull de tête. Ricciardo se montre dans les rétroviseurs de Vettel. Massa s'empare de la huitième place aux dépens de Gutiérrez dont les pneus sont très usés.
58e: Räikkönen harcèle toujours Verstappen qui maîtrise à la perfection une voiture glissante dans les courbes.
59e: Ricciardo attaque Vettel par l'intérieur au premier freinage et le pousse vers la bordure. L'Allemand emprunte l'échappatoire et retrouve le circuit devant l'Australien. Ils franchissent roues contre roues le second virage, mais l'avantage reste à Vettel. Grosjean regagne son garage sans freins et met pied à terre.
60e: Räikkönen est à une demi-seconde de Verstappen. Gutiérrez est désormais la proie des assauts de Button et de Kvyat.
61e: Les leaders tombent sur du trafic. Ricciardo tente l'abordage contre Vettel au bout de la ligne droite mais monte sur ses freins pour éviter la sortie de route.
62e: Räikkönen demeure dans le sillage de Verstappen. Button dépasse Gutiérrez.
63e: Ricciardo perd du temps derrière Gutiérrez, lequel va bientôt se faire doubler par Kvyat.
64e: Räikkönen concède désormais une seconde à Verstappen. Il ne peut donc plus utiliser le DRS et abandonne toute chance de victoire.
65e: Verstappen a maintenant course gagnée. Ricciardo ralentit, victime d'une crevaison à l'arrière-gauche. Il regagne son stand au petit trot, chausse de nouveaux pneus pour parcourir la dernière boucle et ressort juste derrière Bottas.
66ème et dernier tour: Ricciardo déborde facilement Bottas. A virage n°14, Magnussen heurte son collègue Palmer auquel il voulait prendre la treizième place et le contraint à rouler sur l'échappatoire pour rejoindre la piste.
Max Verstappen remporte le Grand Prix d'Espagne dès sa première sortie avec Red Bull ! Il est le premier Néerlandais à triompher en F1. Räikkönen échoue à la deuxième place. Vettel monte sur la troisième marche du podium. Ricciardo conserve in extremis la quatrième place devant Bottas. Sainz obtient une superbe sixième place à domicile, et conclut son tour d'honneur en brandissant un drapeau espagnol. Pérez finit septième devant Massa, Button et Kvyat. Suivent Gutiérrez, Ericsson, Palmer, Magnussen, Nasr, Wehrlein et Haryanto. Magnussen est pénalisé de dix secondes pour avoir accroché Palmer et recule d'un rang.
C'est la fin d'une série de dix victoires consécutives pour Mercedes qui n'égalera donc pas le record établi par McLaren-Honda en 1988.
Max le prodige
De retour dans les stands, Max Verstappen tombe les bras de son protecteur, le Dr. Helmut Marko, puis dans ceux des membres de sa nouvelle écurie. A 18 ans, 7 mois et 15 jours, il devient le plus jeune vainqueur d'un Grand Prix de F1, un record qui ne sera probablement jamais battu. Il reçoit aussi les félicitations de Kimi Räikkönen (lequel a couru contre son père !) qui lui a donné bien du fil à retordre. Pour la première fois en soixante-six années de Formule 1, l'Het Wilhelmus, l'hymne batave, retentit sur un podium. C'est aussi la première victoire de l'association Red Bull-Renault depuis près de deux ans.
« Je ne peux pas y croire... C'était une superbe course, déclare Verstappen, très ému. Je dois remercier toute l'équipe qui m'a fourni une excellente voiture. Je dois avouer que les derniers tours ressemblaient à une course d'endurance. Je devrais gérer mes pneus, ça glissait beaucoup, et à la fin je me suis dit que je ne devais plus regarder le classement sur les écrans géants du circuit. » Son exploit n'est pas mince. Non seulement il a résisté durant vingt tours à la pression d'un champion éprouvé, mais il n'avait jamais piloté la Red Bull avant ce week-end !
Ce jeune surdoué connaît une ascension fulgurante mais méritée. Il est en effet « né pilote ». Outre son père, sa propre mère, Sophie-Marie Kumpen, courut en karting à un haut niveau. Jos Verstappen l'a éduqué, formé, façonné pour devenir un as du volant: à l'âge de quatre ans, le petit Max montait déjà sur un kart. Dès lors, il a enchaîné les succès, en karting puis en monoplace. Verstappen aura dix-neuf ans en septembre et a déjà atteint le pinacle du sport automobile. Où s'arrêtera-t-il ?
Pendant ce temps-là, Carlos Sainz et Daniil Kvyat n'ont que leurs yeux pour pleurer. Le premier a obtenu le meilleur résultat de sa carrière, le second offert à Toro Rosso son premier meilleur tour, mais la victoire de Verstappen ruine leurs plans de carrière... à moins que Ricciardo quitte Red Bull...
A ce propos, l'Australien digère mal la mauvaise stratégie adoptée par son écurie qui lui a fait perdre une victoire méritée et le relègue au quatrième rang. Verstappen ne serait-il pas déjà favorisé par Red Bull ? Ricciardo-la-banane refuse de polémiquer: « Je ne veux pas donner l'impression que je suis un mauvais joueur... dit-il. Peu importe ce qui s'est passé aujourd'hui en piste, Max a franchi la ligne d'arrivée en premier. Je suis un peu amer, mais pas contre Max. Il a fait du bon boulot aujourd'hui. Bravo à lui. »
Un point d'histoire: si la réussite de Max Verstappen est tout à fait remarquable, il n'est pas le premier adolescent à briller en sport automobile. Dans les années 1950, les frères Pedro et Ricardo Rodríguez régnaient sur les courses de catégorie « sport » en Amérique centrale alors qu'ils avaient entre quatorze et dix-neuf ans. Ricardo termina même second des 24 heures du Mans 1960 à seulement dix-huit ans...
Mercedes: Ne nous fâchons pas...
La collision entre Lewis Hamilton et Nico Rosberg est évidemment l'affaire du week-end. Tout le monde a son avis sur la question. Ce n'est cependant pas la première fois que les deux équipiers s'accrochent. Le Grand Prix de Belgique 2014, qui avait beaucoup affecté Rosberg, jugé responsable par Toto Wolff, est encore frais dans les mémoires.
Cette fois, Mercedes renvoie ses deux pilotes dos à dos, bien que Niki Lauda ait de prime abord accusé Hamilton d'imprudence, puis affirmé que l'Anglais s'était excusé auprès de son équipier. Les commissaires sportifs décident pour leur part de ne pas prendre de sanctions. Il est en effet délicat de trancher dans un sens ou dans un autre. Hamilton a tenté une manœuvre trop périlleuse et Rosberg n'a rien fait pour éviter l'accrochage. L'Allemand avance toutefois une explication technique à son comportement: « Je suis sorti du virage 3 et j'ai réalisé que je manquais de puissance, avec le mauvais mode sélectionné parce que la molette était dans la mauvaise position. Lewis se rapprochait, donc j'ai décidé d'aller clairement sur la droite aussi vite que possible pour lui fermer la porte et lui montrer que ce n'était pas une option. J'ai été très surpris qu'il aille quand même à l'intérieur. » Hamilton se contente de commenter les événements: « En arrivant au troisième virage, je revenais très vite sur Nico et je suis allé dans l'espace sur la droite. J'avais une partie de ma voiture à ses côtés mais ensuite j'ai dû passer dans l'herbe. L'espace était là et, quand on est un pilote, on s'y engouffre. Nous avons vu ce qui s'est passé après... »
Si l'on doit déceler une signification à cet incident, on peut souligner que Rosberg, en résistant à l'assaut de Hamilton, lui a envoyé un signal très clair. Confortable leader du championnat du monde, il ne se laissera plus marcher sur les pieds comme par le passé. En 2015, à Suzuka et à Austin, Hamilton l'avait littéralement poussé hors-piste lors des premiers freinages. A chaque fois, Rosberg avait levé le pied pour éviter l'accrochage. Désormais en position de force, il prévient son adversaire que ce temps-là est révolu. Enfin, Nico croit bon de préciser que ses relations avec Lewis ne sont nullement bouleversées par cet accident. Il a raison puisque celles-ci sont inexistantes...
Rosberg conserve les commandes du championnat avec cent points devant Räikkönen (61 pts), Hamilton (57 pts), Vettel et Riccardo (48 pts chacun). Chez les constructeurs, Mercedes (157 pts) précède Ferrari (109 pts), Red Bull-TAG Heuer (94 pts) et Williams-Mercedes (65 pts).
Tony