Rubens BARRICHELLO
 R.BARRICHELLO
Ferrari
Michael SCHUMACHER
 M.SCHUMACHER
Ferrari
Giancarlo FISICHELLA
 G.FISICHELLA
Benetton Playlife

654o Grande Prémio

XXXVIII Grand Prix du Canada
Variável
Montreal
domingo, 18 de junho de 2000
69 voltas x 4.421 km - 305.049 km
Affiche
F1
Coupe

Sabiam-no?

Piloto
Construtore
Motore

Benetton - Renault: le puzzle s'assemble

L'organisation de la future écurie Renault (qui restera nommée Benetton en 2001) se met peu à peu en place sous l'égide de Patrick Faure et de Flavio Briatore. Renault Sport missionne ainsi trois Français à l'usine d'Enstone. D'abord, Jean-François Caubet, directeur des relations publiques de Renault, sera chargé de la triple liaison Enstone - Viry-Châtillon - Boulogne-Billancourt et de la stratégie marketing. Son assistante Marie-Esther Meunier aura une mission élargie auprès de Briatore. Enfin, Laurence Eckle est nommée directrice financière. Cette jeune femme était auparavant attachée au département fusion-acquisition de Renault, a ainsi travaillé avec Volvo et Dacia, et surtout a participé aux négociations avec la famille Benetton pour le rachat de l'écurie. Caubet, Meunier et Eckle s'en rapporteront exclusivement à Patrick Faure.

 

Enfin, Jean-Jacques His fait son grand retour à Viry-Châtillon avec le titre de directeur technique de Renault Sport. Le père du V10 Renault RS s'était éloigné de la F1 avec le Losange, fin 1997. Il dirigeait depuis deux ans le département « conceptions moteur » du constructeur automobile. Sa mission est simple: poursuivre l'élaboration du tout nouveau V10 Renault qui doit débuter en Formule 1 en 2002. « Voilà vingt-sept ans que je suis entré chez Renault. Cela me fait drôle de diriger de jeunes ingénieurs qui n'étaient même pas nés à mon arrivée, en 1973 ! » sourit His.

 

Présentation de l'épreuve

Depuis quelques saisons, le Grand Prix du Canada a la réputation d'être le plus mouvementé de la saison. Deux des trois dernières éditions (1997 et 1999) se sont terminées derrière la voiture de sécurité, laquelle prend la route sur l'Île Notre-Dame plus souvent qu'à l'accoutumée. L'an passé, trois champions du monde (Michael Schumacher, Damon Hill et Jacques Villeneuve) ont fini leur course contre le terrible mur « Bienvenue au Québec » qui borde le dernier virage. Ainsi cette édition 2000 apparaît très ouverte, d'autant qu'une incroyable série est en cours: depuis douze courses (soit le GP de Hongrie 1999), le poleman ne parvient pas à gagner le dimanche ! Bien difficile donc de dégager un favori, même si David Coulthard, vainqueur à Monaco, aimerait bien sûr triompher pour se rapprocher de Michael Schumacher au championnat du monde. « C'est ici que j'ai marqué mes premiers points en F1, en 1994, se souvient-il. Je crois avoir de bonnes chances de gagner ici. » Vainqueur en 1999, son équipier Mika Häkkinen souhaiterait pouvoir en dire autant, mais la malchance l'accable depuis le début de la saison. Relégué à 17 points de Schumacher, le champion en titre s'inquiète de la tournure que prend cette saison 2000. Ferrari semble avoir pris l'ascendant sur McLaren-Mercedes et Coulthard apparaît désormais comme le n°1 chez les Gris. Mais Häkkinen est trop fin pour laisser transpirer son amertume trop ostensiblement...

 

L'archaïque circuit Gilles-Villeneuve se modernise quelque peu. Son paddock, jusqu'ici bien trop étroit, est élargi grâce à une plate-forme sur pilotis bâtie sur une portion du bassin olympique, ce qui permet aux écuries de disposer pour la première fois ici de petits motorhomes, mis à leur disposition par leurs organisateurs. Ceux-ci ont compris qu'ils devaient présenter une copie exemplaire à Bernie Ecclestone, à l'heure de la résurrection du Grand Prix des Etats-Unis qui aura lieu à l'automne prochain à Indianapolis.

 

La ferveur des Québécois envers Jacques Villeneuve ne se dément pas, même si elle se teinte d'un certain agacement au regard de ses performances assez médiocres en cette première moitié de saison. Sans doute, le champion du monde 1997 attendait mieux de sa BAR munie du nouveau moteur Honda. La 002 est difficile à régler et surtout pas fiable. D'où les nombreuses spéculations autour de son avenir. Villeneuve discute toujours avec Flavio Briatore en vue de rejoindre l'aventure Renault. Le bruit court que l'Italien lui aurait proposé un contrat de 350 millions de francs. Mais dans le même temps, Villeneuve sonde son ami et patron Craig Pollock quant aux intentions de Honda, puisque une autre rumeur annonce que les Japonais fourniront aussi leur V10 à Jordan en 2001. De leur côté, et symétriquement, ceux-ci ont fait savoir à Pollock que l'avenir du partenariat BAR-Honda reposait sur la présence de Villeneuve...

 

À Montréal, Heinz-Harald Frentzen s'entretient avec Eddie Jordan au sujet de son avenir. Après sept Grands Prix, le pilote allemand affiche un bilan assez misérable (5 points), loin, très loin de son excellente campagne 1999 et de ses ambitions pour cette saison 2000. En fin de contrat, « HHF » se montre exigeant. Wolfgang Reitzle l'a récemment approché pour rejoindre Jaguar en 2001. Son ancien patron Peter Sauber a fait de même. Aussi, Frentzen demande à Eddie Jordan des garanties sur l'avenir de l'équipe, le développement du V10 Mugen-Honda... et l'opportunité d'obtenir le moteur Honda officiel qui est aujourd'hui l'exclusivité de BAR. Frentzen réclame en outre le maintient de son ingénieur Sam Michael avec lequel il s'entend très bien. Jordan promet que ce dernier restera chez les Jaunes. Or Michael est en pourparlers pour rejoindre Williams...

 

Pour ce qui concerne Honda, Eddie Jordan laisse entendre qu'il serait en discussions très avancées pour obtenir le fameux V10 officiel en 2001. Sans surprise, Craig Pollock s'époumone contre ce qu'il considère (à tort) comme une pure affabulation. Provocateur, Jordan estime qu'il serait pour Honda un partenaire plus sérieux que BAR: « Sans Villeneuve, Pollock n'est rien ! Je peux revendiquer quinze ans d'expérience comme team manager. Et lui ? » Pollock réplique: « Jordan a surtout besoin de Honda pour garder le sponsoring de Benson & Hedges. » L'Écossais touche là une corde sensible. En effet, Benson & Hedges, sponsor n°1 de Jordan GP, appartient à... British American Tobacco.

 

La présence de Ralf Schumacher à Montréal est longtemps sujette à caution. Victime d'une vive coupure au mollet lors du GP de Monaco, le jeune Allemand a passé plusieurs jours de convalescence à l'hôpital de Cologne. En conséquence, Williams a mobilisé son réserviste, le Brésilien Bruno Junqueira, pour parer à toute éventualité. Mais finalement, Schumacher est sur pied, dans tous les sens du terme, pour ce GP du Canada. Un autre pilote a failli ne pas franchir l'Atlantique. Suite à une panne de direction assistée, Mika Salo s'est sérieusement abîmé les mains à Monaco. Ses ampoules ont cependant disparu à temps pour qu'il puisse piloter la Sauber.

 

McLaren célèbre ce week-end son 500ème Grand Prix de Formule 1. L'écurie fondée par Bruce McLaren en 1966 est désormais la plus ancienne de la F1, si l'on excepte bien sûr la Scuderia Ferrari. Elle peut se targuer d'un palmarès exceptionnel: 11 championnats du monde des pilotes, 8 titres constructeurs, 126 victoires. Ron Dennis, récemment nommé commandeur de l'Empire britannique par la reine Élisabeth II, n'a souhaité que de modestes festivités. Néanmoins, le jour de la course, 500 ballons gris sont accrochés entre les motorhomes McLaren et Mercedes tandis que les employés sont invités à partager une gigantesque pièce montée. Emerson Fittipaldi, premier pilote à avoir été titré pour McLaren, en 1974, est de la partie, ainsi que Tyler Alexander, l'un des piliers de l'équipe dans les années 70.

 

Peter Sauber joue la carte de la stabilité. Le 17 juin, il annonce la prolongation de son partenariat avec Ferrari dont les moteurs seront toujours rebaptisés Petronas. Les V10 italiens ne sont certes pas bon marché, mais ils sont puissants et fiables, et avec les soutiens financiers de Red Bull et de Petronas, Sauber a les reins solides. L'Helvète confirme aussi qu'il sera toujours client de Bridgestone en 2001, à l'instar de Ferrari. Mika Salo a pour sa part reçu une offre de Toyota pour devenir le leader de l'équipe officielle du géant nippon qui fera ses grands débuts en F1 en 2002. Toutefois, la proposition ne vaut que si le pilote finlandais se rend disponible pour assurer l'année prochaine le développement de la future Toyota F1, aux côtés d'Allan McNish. Salo fait face à un dilemme. Fera-t-il l'impasse sur 2001 avec l'assurance d'un baquet en 2002 ? En tout cas, Peter Sauber anticipe déjà son départ puisqu'il a pris langue avec Heinz-Harald Frentzen.

 

L'équipe Minardi a une bien mauvaise surprise jeudi matin: son garage a été « visité » durant la nuit et trois ordinateurs portables appartenant à Gustav Brunner et ses collaborateurs ont disparu. Par chance, les données du staff technique étaient aussi conservées sur d'autres PC. Giancarlo Minardi est surtout rassuré que les voleurs n'aient pas eu l'idée de mettre le nez dans une caisse grande ouverte contenant les volants de Marc Gené et Gaston Mazzacane. « Nous n'en avons pas de rechange. Je me demande si on aurait eu le temps d'en faire venir depuis Faenza ! », soupire le fondateur de la petite Scuderia.

 

Dimanche, Jackie Stewart réapparaît dans le paddock, porteur d'une excellente nouvelle: son fils Paul est sauvé du cancer du côlon qui l'a contraint à abandonner ses fonctions voici quelques semaines. L'ancien pilote écossais, âgé de seulement 35 ans, a été traité avec succès à Boston et va désormais se reposer en famille. Quant à son père, il poursuit ses activités promotionnelles pour le compte de Ford et de Jaguar, mais n'a plus aucun rôle dans la gestion de son ancienne écurie.

 

Le F1 Circus vit au rythme du championnat d'Europe de football qui se tient en parallèle en Belgique et aux Pays-Bas. Si Michael Schumacher fait profil bas devant les performances pitoyables de la Nationalmannschaft, Jean Alesi se console un peu de ses récents déboires en encourageant les Bleus de Zinedine Zidane. Quant à Jos Verstappen, il affiche son soutien à l'équipe nationale néerlandaise en arborant un casque entièrement orange qui s'harmonise parfaitement avec la robe de son Arrows.

 

Sur le plan technique, McLaren lance un dispositif de direction assistée ultra-léger: il pèse moins d'1 kg, soit deux à quatre fois moins que ceux utilisés par la concurrence. L'équipe de Woking inaugure aussi un nouvel aileron arrière pour les circuits à charge moyenne, doté d'un profil unique dans la partie inférieure et de trois petits profils dans la partie supérieure. Jaguar revient à son ancienne carrosserie, celle introduite à Monaco étant réservée aux tracés demandant un maximum d'appuis. Benetton teste un package aérodynamique inédit, plus affiné, comprenant notamment de nouveaux types d'ailerons avant. Prost GP essaie un nouvel aileron arrière muni de trois profils. Enfin, Sauber utilise pour la première fois en 2000 un moteur « Petronas » de qualifications. Il s'agit en fait du V10 Ferrari 048 qu'utilisait Ferrari à l'extrême fin de la saison 1999, toujours entretenu par le staff d'Osamu Goto.

 

Essais et qualifications

Les essais du vendredi se déroulent dans la douceur (25°C). Les Ferrari et les McLaren se marquent de près, et le meilleur chrono de la journée revient à Coulthard (1'20''602'''). À noter un gros crash pour Heidfeld qui découvre ce circuit. Samedi matin, sous un ciel menaçant, Coulthard est encore le plus rapide (1'18''654''') malgré une panne de moteur.

 

L'après-midi, la séance de qualifications est d'une exceptionnelle intensité. Coulthard et M. Schumacher prennent et reprennent la pole position à quatre reprises ! L'Allemand s'impose finalement sous le drapeau à damiers (1'18''439'''), 98 millièmes devant son rival écossais (1'18''537'''). Leurs équipiers respectifs sont en retrait. Barrichello (3e) blâme le drapeau rouge qui l'a contraint de changer de stratégie. Häkkinen (4e) subit un souci d'amortisseur, mais est dominé par son équipier depuis le début du week-end. Les Jordan-Mugen-Honda (Frentzen 5e, Trulli 7e) ne sont pas mal qualifiées malgré un manque de grip attribué au vent. Les BAR-Honda sont en forme. Villeneuve (6e) brille à domicile et pour une fois Zonta (8e) est dans le sillage de celui-ci. De la Rosa décroche une très belle 9e place avec son Arrows-Supertec. Verstappen se met dans le mur et provoque un drapeau rouge. Reparti avec le mulet, le Hollandais se classe 13e.

 

Chez Benetton, Fisichella (10e) déplore un important sous-virage et Wurz (14e) subit une perte de puissance en fin de séance. Chez Jaguar-Ford, Herbert (11e) devance pour une fois Irvine (16e) qui pointe un déficit de motricité. Les Williams-BMW se montrent excessivement nerveuses, notamment dans les virages lents. R. Schumacher (12e) ne force pas son talent à cause de sa blessure et Button (18e) rencontre une panne de pompe à essence. Salo (15e) subit un problème de sélection de vitesses sur sa Sauber. Son équipier Diniz (19e) roule avec le mulet après avoir endommagé son châssis attitré la veille. Les Prost-Peugeot sont affligées d'un terrible sous-virage. Alesi arrache le 17e temps avant que son moteur n'explose. Heidfeld (21e) roule sur le mulet après son accident de la veille. Enfin chez Minardi, Gené (20e) fait son maximum tandis que Mazzacane (22e), dans le décor en début de séance, évite de justesse le couperet des 107 % au volant de la voiture de réserve.

 

Le Grand Prix

Le warm-up du dimanche matin se déroule sous un ciel chargé. M. Schumacher réalise le meilleur temps (1'18''932''') devant Barrichello et Coulthard. Zonta casse son moteur en début de séance et ce dernier doit être remplacé en catastrophe pour la course. Celle-ci se déroule par temps frais (19°C) tandis que de lourds nuages obscurcissent le ciel montréalais. Les météorologues annoncent une averse pour la mi-course.

 

Tour de formation: Coulthard cale son moteur quelques instants avant l'extinction des feux. Ses mécaniciens interviennent in extremis et l'Écossais peut démarrer son tour de chauffe, mais il est à la merci d'une pénalité car ses hommes devaient évacuer la piste 30 secondes avant le coup d'envoi.

 

Départ: M. Schumacher démarre bien et coupe la trajectoire à Coulthard. Villeneuve prend un superbe envol, déboîte Barrichello par l'extérieur au premier tournant, puis Häkkinen à la sortie de l'épingle, non sans bousculer quelque peu celui-ci. Barrichello en profite pour dépasser le Finlandais. Irvine cale son moteur et reste scotché.

 

1er tour: Irvine est poussé vers la pit-lane par les commissaires. M. Schumacher précède Coulthard, Villeneuve, Barrichello, Häkkinen, Frentzen, de la Rosa, Zonta, Trulli et Fisichella.

 

2e: Schumacher a une seconde d'avance sur Coulthard. Villeneuve contient Barrichello et Häkkinen. De la Rosa dépasse Frentzen à l'épingle du Casino. Irvine quitte les stands avec deux tours de retard.

 

3e: Léger en essence, de la Rosa rejoint Häkkinen et tente en vain de le doubler dans l'avant-dernière ligne droite.

 

4e: M. Schumacher devance Coulthard (0.8s.), Villeneuve (6.7s.), Barrichello (7.4s.), Häkkinen (7.7s.), de la Rosa (8.4s.), Frentzen (11s.), Zonta (12s.), Trulli (14s.) et Verstappen (15s.).

 

6e: Coulthard demeure dans le sillage de Schumacher. Villeneuve emmène un train composé de Barrichello, Häkkinen et de la Rosa.

 

8e: Schumacher précède Coulthard (0.9s.), Villeneuve (12s.), Barrichello (12.4s.), Häkkinen (12.6s.), de la Rosa (13.2s.), Frentzen (16s.), Zonta (18s.), Trulli (18.5s.) et Verstappen (19s.).

 

9e: Coulthard maintient la pression sur Schumacher. Enfermé dans le groupe Villeneuve, Häkkinen est en train de ruiner sa course.

 

11e: Coulthard fait l'objet d'une enquête des commissaires à cause de l'incident sur la pré-grille. Zonta, Trulli et Verstappen se bagarrent pour la huitième place.

 

12e: Coulthard améliore le record du tour (1'20''501'''), mais il écope d'un « stop-and-go » de 10 secondes. De la Rosa se fait menaçant derrière Häkkinen.

 

14e: Coulthard effectue sa pénalité et ressort en dixième position, entre Verstappen et Fisichella. Herbert renonce suite à une panne de boîte de vitesses.

 

15e: M. Schumacher devance Villeneuve (18s.), Barrichello (18.4s.), Häkkinen (18.6s.), de la Rosa (19.3s.), Frentzen (22s.), Zonta (24s.), Trulli (25s.), Verstappen (26s.), Coulthard (27.5s.), Fisichella (30s.) et R. Schumacher (32s.).

 

17e: Häkkinen tente de déborder Barrichello au premier virage, sans pouvoir se porter à sa hauteur. Frentzen se raccroche au groupe emmené par Villeneuve.

 

19e: L'écart est stable entre Schumacher et Villeneuve. Barrichello presse le Québécois, mais ce dernier bénéfice d'une bonne motricité et reste inatteignable. Coulthard est revenu sur le trio Zonta - Trulli - Verstappen.

 

20e: On signale quelques gouttes de pluie. De la Rosa stoppe chez Arrows pour son premier ravitaillement (7.6s.) et repart en 15e position.

 

22e: M. Schumacher mène devant Villeneuve (22.1s.), Barrichello (22.5s.), Häkkinen (22.9s.), Frentzen (24.8s.), Zonta (29s.), Trulli (29.8s.), Verstappen (30.5s.), Coulthard (31s.) et Fisichella (35s.).

 

24e: Trulli déborde Zonta. Surpris par l'humidité, Verstappen dérape au freinage du Casino et atterrit dans l'échappatoire. Coulthard, qui le suivait de près, ne peut que l'imiter. L'Écossais se relance après avoir laissé passer Fisichella, R. Schumacher et Alesi. Quant à Verstappen, il repasse aussitôt aux puis pour ravitailler.

 

25e: Barrichello plonge à l'intérieur au freinage de l'épingle et déboîte enfin Villeneuve. Il s'échappe immédiatement. En difficulté avec ses pneus, Villeneuve est désormais la cible de Häkkinen.

 

26e: Il pleuviote toujours, mais pour l'heure chacun demeure en pneus pour le sec. Trulli a rejoint son équipier Frentzen et le dépasse au tour suivant à l'épingle.

 

27e: M. Schumacher précède Barrichello (26.4s.), Villeneuve (29.4s.), Häkkinen (29.7s.), Trulli (32.2s.), Frentzen (33.5s.), Zonta (36s.), Fisichella (37s.), R. Schumacher (38s.), Alesi (39s.), Coulthard (40s.) et Wurz (44s.).

 

29e: Le crachin a cessé. Häkkinen menace Villeneuve en vain. Barrichello tourne en 1'20''024''' et s'envole irrémédiablement.

 

30e: Vingt-cinq secondes séparent M. Schumacher et Barrichello. Trulli rejoint Villeneuve et Häkkinen. Frentzen emmène un peloton compact comprenant Zonta, Fisichella, R. Schumacher, Alesi et Coulthard.

 

32e: Barrichello s'est forgé une marge de sept secondes sur le trio Villeneuve - Häkkinen - Trulli.

 

33e: M. Schumacher est premier devant Barrichello (25s.), Villeneuve (35s.), Häkkinen (35.4s.), Trulli (36s.), Zonta (41s.), Fisichella (42s.), R. Schumacher (43s.), Alesi (43.8s.) et Coulthard (44.5s.). Frentzen rencontre des problèmes de freins et rejoint son stand.

 

34e: M. Schumacher pénètre dans la voie des stands alors que Frentzen n'en repartira pas suite une rupture de son maître-cylindre de frein arrière.

 

35e: M. Schumacher change de pneus, prend du carburant (9.5s.) et repart deuxième. Barrichello récupère le commandement. Häkkinen déborde enfin Villeneuve, par l'intérieur au premier virage. Heidfeld subit un pit-stop, mais son moteur Peugeot explose au redémarrage. Le jeune Allemand se gare au bout de la pit-lane.

 

36e: M. Schumacher évolue à trois secondes de Barrichello. Alesi se plie à son ravitaillement, mais cale au redémarrage. Il repart au bout de 25 secondes.

 

37e: Häkkinen réalise le meilleur chrono de la journée (1'19''049'''), mais roule à plus de dix secondes de Barrichello.

 

38e: Barrichello précède M. Schumacher (5s.), Häkkinen (9.5s.), Villeneuve (15s.), Trulli (16s.), Zonta (25s.), Fisichella (26s.), R. Schumacher (27s.), Coulthard (28s.) et Wurz (33s.). Ravitaillement de Mazzacane.

 

39e: Trulli effectue son pit-stop (10.3s.) et repart en 13e position, derrière de la Rosa et les Sauber. Alesi n'avance plus à cause d'une chute de pression hydraulique et doit abandonner.

 

40e: De la Rosa effectue son second arrêt. Salo et Gené passent pour la première fois aux stands.

 

41e: Huit secondes séparent Barrichello et M. Schumacher. Premier arrêt pour Button.

 

42e: Häkkinen fait escale chez McLaren pour mettre du carburant et des pneus rodés (9.4s.). Le Finlandais repart derrière Coulthard. R. Schumacher et Diniz ravitaillent aussi.

 

43e: On signale quelques gouttes de pluie. Barrichello apparaît chez Ferrari, remet de l'essence et des pneus pour le sec (8.7s.). Il cède le commandement à Schumacher. Zonta et Coulthard opèrent aussi un ravitaillement.

 

44e: L'averse s'intensifie sur l'ensemble du circuit. Villeneuve entre aux stands pour ravitailler et inexplicablement remet des pneus pour le sec. Fisichella et Wurz se succèdent chez Benetton et choisissent pour leur part les gommes pour la pluie. L'Autrichien reste cependant bloqué 30 secondes car ses enveloppes n'étaient pas prêtes. Verstappen, Mazzacane et Irvine chaussent aussi ces pneus, tout comme Button qui fait remplacer son museau après une sortie dans la pelouse. De la Rosa tire tout droit à la chicane du Casino, puis traverse la pelouse dans le premier enchaînement.

 

45e: La piste devient grasse et piégeuse, surtout au niveau du Casino. M. Schumacher arrive aux stands et s'empare des gommes pluie (6.7s.). Barrichello le rejoint mais ses pneus ne sont pas prêts. Le Brésilien perd 21 secondes et ressort en quatrième position, derrière Häkkinen et Fisichella. Trulli, Coulthard, Villeneuve, Zonta, R. Schumacher, Diniz, de la Rosa et Gené basculent aussi sur les gommes pour le mouillé. Salo renonce suite à une panne de moteur.

 

46e: Häkkinen s'arrête tardivement et chausse les pneus pluie (6.3s.). Le Finlandais repart en quatrième position.

 

47e: Fisichella glisse au premier virage et traverse les graviers pour revenir en piste. Barrichello en profite pour lui chiper la seconde place. En lutte avec R. Schumacher, Villeneuve glisse à la sortie de la chicane du Pont de la Concorde. La BAR pivote vers le rail mais son pilote la rattrape magistralement. Il perd cependant plusieurs places dans cette mésaventure.

 

48e: M. Schumacher dérape au premier freinage et traverse le bac à graviers pour revenir sur le bitume. Plus de peur que de mal pour l'Allemand qui compte trente secondes d'avance sur Barrichello.

 

49e: Il pleut toujours assez fort. M. Schumacher précède Barrichello (32s.), Fisichella (34s.), Häkkinen (52s.), Trulli (58s.), Wurz (59s.), Verstappen (1m. 06s.), R. Schumacher (1m. 07s.), Coulthard (1m. 10s.) et Villeneuve (1m. 13s.).

 

50e: Barrichello est le plus véloce actuellement. Fisichella s'offre un nouveau « tout droit » au premier tournant. Après une nouvelle excursion hors-piste, de la Rosa revient en piste au niveau de Diniz. Les deux hommes franchissent l'épingle côte à côte, et faute de visibilité le Pauliste envoie le Catalan contre le mur dans le léger coude qui précède la ligne droite. De la Rosa stoppe sur le bas-côté avec des suspensions pliées. Irvine exécute un tête-à-queue au Pont de la Concorde et met beaucoup de temps à repartir.

 

51e: La piste est désormais détrempée. Barrichello est revenu à vingt-sept secondes de Schumacher. Fisichella maintient l'écart avec Häkkinen: seize secondes les séparent.

 

52e: Wurz part en aquaplanage et tire tout droit au premier freinage, imité par son poursuivant Verstappen. R. Schumacher en profite pour doubler le Néerlandais. Très hardi, celui-ci repasse devant le pilote Williams dans la dernière chicane.

 

54e: M. Schumacher devance Barrichello (27s.), Fisichella (40s.), Häkkinen (56s.), Trulli (1m. 04s.), Wurz (1m. 08s.), Verstappen (1m. 09s.), R. Schumacher (1m. 10s.), Coulthard (1m. 12s.) et Villeneuve (1m. 13s.).

 

56e: L'averse continue. Verstappen se fait pressant derrière Wurz et l'attaque en fin de tour au passage de la ligne.

 

57e: Verstappen et Wurz sortent côte à côte du premier enchaînement. Mieux placé à l'intérieur, le pilote Arrows s'impose au second freinage et conquiert ainsi la sixième place. Villeneuve est aux trousses de Coulthard, peu à l'aise sur cette patinoire.

 

59e: Schumacher adopte un train de sénateur. Barrichello est revenu à 17 secondes. Verstappen a rejoint Trulli qui manque cruellement de motricité sur le mouillé.

 

60e: Verstappen attaque Trulli après le Pont de la Concorde et le déborde par l'intérieur au freinage de la chicane. Quoique hors trajectoire et à la limite de la perte d'adhérence, le Hollandais passe et s'empare de la cinquième place.

 

61e: M. Schumacher mène devant Barrichello (17s.), Fisichella (38s.), Häkkinen (49s.), Verstappen (1m. 09s.), Trulli (1m. 10s.), Wurz (1m. 11s.), R. Schumacher (1m. 12s.), Coulthard (1m. 15s.) et Villeneuve (1m. 16s.).

 

63e: Häkkinen tourne une seconde au tour plus vite que Fisichella. Huit secondes les séparent encore. Trulli, sixième, doit contenir un peloton comprenant Wurz, R. Schumacher, Coulthard et Villeneuve. Nouvelle sortie d'Irvine au premier virage.

 

64e: M. Schumacher précède Barrichello (14s.), Fisichella (36s.), Häkkinen (41s.), Verstappen (1m. 06s.), Trulli (1m. 11s.), Wurz (1m. 12s.), R. Schumacher (1m. 13s.), Coulthard (1m. 14s.) et Villeneuve (1m. 15s.). Zonta et Gené traversent les graviers au premier tournant.

 

65e: Häkkinen remonte à tire-d'aile sur Fisichella. Gené quitte la route au virage n°1 et atterrit de l'autre côté de l'enchaînement. Moteur calé, le Catalan n'ira pas plus loin. Villeneuve attaque Coulthard aux abords de l'épingle du Casino, mais il freine bien trop tard, glisse sur une plaque d'humidité et emboutit la Williams de R. Schumacher qui prenait la corde. Tous deux atterrissent dans l'échappatoire et doivent mettre pied à terre.

 

66e: Barrichello revient à seulement cinq secondes de Schumacher, mais il a reçu la consigne de ne pas l'attaquer. Fisichella s'offre un nouveau passage au large au premier virage, mais reste sur l'herbe et repart devant Häkkinen.

 

68e: Häkkinen est sur les talons de Fisichella. Coulthard assaille Wurz au premier tournant, freine tard, et tous deux sortent dans les graviers. L'Écossais revient en piste devant l'Autrichien qui a abîmé son aileron avant. Wurz repasse ensuite aux stands pour faire vérifier sa Benetton. Diniz exécute un tête-à-queue à l'épingle.

 

69e et dernier tour: Les Rouges franchissent la ligne de concert. Michael Schumacher remporte son 40e Grand Prix, un petit dixième devant Barrichello qui complète le doublé Ferrari. Fisichella termine troisième, Häkkinen quatrième. Verstappen (5e) inscrit ses premiers points depuis quatre ans. Trulli finit sixième. Viennent ensuite Coulthard, Zonta, Wurz, Diniz, Button, Mazzacane et Irvine.

 

Après la course

La malédiction est rompue: pour la première fois depuis neuf mois, le poleman a remporté la course. Avec ce 40ème succès en F1 (un de moins qu'Ayrton Senna), Michael Schumacher assoit sa domination sur cette saison 2000. Comme toujours, le Baron rouge fut magistral sous la pluie, malgré quelques mystérieux ennuis techniques en fin de parcours, ainsi qu'il le raconte: « J'ai pris un bon départ et je n'ai pas eu besoin de pousser la voiture pour éloigner la menace de Coulthard, d'autant que je me doutais qu'il aurait une pénalité. Ce fut toutefois plus facile après sa sanction. En fait, l'inquiétude est venue en fin de course. Quelque chose n'allait pas dans la machine, sans que l'on puisse déterminer quoi. On m'a recommandé la prudence, et j'étais alors bien content que Rubens soit derrière moi pour me protéger. » Au classement mondial, Schumacher fait le trou et compte 22 points d'avance sur David Coulthard, 24 points sur Mika Häkkinen, tandis que chez les constructeurs Ferrari repousse McLaren à 18 longueurs. Mais, instruit par ses précédents échecs, Schumacher ne triomphe pas: « Il n'est pas encore temps de penser au championnat. J'ai assez d'expérience depuis dix ans pour savoir que rien n'est joué tant que rien n'est acquis mathématiquement. »

 

Le « problème » rencontré par Schumacher dans le dernier tiers de la course fait parler car Jean Todt et Ross Brawn sont incapables de le décrire. En tout cas, Rubens Barrichello prétend que ce mal mystérieux lui a permis de rattraper son équipier et qu'il aurait doublé ce dernier sans une consigne émanant du duo Todt - Brawn. « La chance m'a souri quand il a commencé à pleuvoir, raconte le Pauliste. J'ai perdu un peu de temps en rentrant derrière Michael, mais mieux valait cela que de perdre cinq secondes au tour en restant dehors. Je ressens toutefois un brin de mécontentement, car je pouvais gagner. Je la méritais, cette victoire. Sans Villeneuve pour me bloquer, je serais remonté beaucoup plus vite sur Michael. Mais on m'a dit d'aller doucement sur la fin, de ne pas attaquer Michael... J'ai obéi. Un jour ou l'autre, je suis sûr que l'équipe me renverra l'ascenseur. » Au micro de TV Globo, Barrichello est plus acide: « Schumacher représente le présent de la Scuderia, et moi l'avenir. Peut-être que je ne me sacrifierai pas une autre fois. » Voilà de quoi faire siffler les oreilles de Jean Todt...

 

Pour la quatrième année consécutive, Giancarlo Fisichella grimpe sur le podium du Grand Prix du Canada. Si le Romain avoue sa prédilection pour le circuit Gilles-Villeneuve, cette année ses espoirs de bien figurer semblaient nuls car la Benetton est affligée d'un sous-virage et d'un déficit de traction accablants. Mais la météo est venue à sa rescousse. « Nous avons rempli le réservoir à ras bord pour n'effectuer qu'un seul arrêt, narre-t-il. Et j'ai eu la chance d'effectuer mon ravitaillement juste au moment où il devenait nécessaire de changer de pneus à cause de la pluie. Comme je n'ai fait qu'un arrêt, je me suis retrouvé devant Barrichello. Mais j'avais peu d'appui, j'ai glissé au freinage et il m'a dépassé. À la fin, j'ai conduit très prudemment, malgré le retour de Häkkinen. Je n'ai dû mon salut qu'aux projections d'eau que je soulevais. » Après ce nouveau podium ici, Fisico espère réussir la passe de cinq en 2001... « Mais en grimpant cette fois sur la première marche ! » ajoute-t-il avec malice.

 

McLaren gardera un piètre souvenir de son 500ème Grand Prix. Tout est allé de travers, entre le cafouillage sur la pré-grille qui a ruiné la course de David Coulthard et la piètre stratégie adoptée pour les deux pilotes, contraints de passer deux fois aux stands en quatre tours pour chausser les pneus pour le sec, puis les « pluie ». Mika Häkkinen, mal à l'aise tout le week-end, ne rapporte que trois maigres points et son équipier enregistre un score vierge très préjudiciable dans la quête du titre. « Peut-être avons-nous été trop conservateurs dans nos décisions ? s'interroge Ron Dennis. Mais chasser les points perdus a toujours été notre spécialité, j'espère qu'il en sera toujours ainsi. » À mi-saison, McLaren a du pain sur la planche car Schumacher et Ferrari semblent s'envoler aux deux championnats...

 

Enfin, Jacques Villeneuve n'est toujours pas prophète en son pays. Le champion québécois est passé stupidement à côté d'un véritable exploit. Son arrêt-ravitaillement a eu lieu juste au moment où des cordes commençaient à tomber sur l'Île Notre-Dame. Si BAR lui avait monté des pneus pluie, il aurait fini deuxième, voire mieux, qui sait ? Mais comme de bien entendu, son équipe lui a remis des gommes pour le sec, le contraignant à un changement supplémentaire trois minutes plus tard. Cette faute stratégique ne renforce pas le faible crédit dont jouit BAR. L'explication entre Villeneuve et son ingénieur Jock Clear fut sans nul doute assez musclée...

 

Sources :

- Renaud de Laborderie, Le Livre d'or de la Formule 1 2000, Paris, Solar, 2000.

- Sport auto, juillet 2000

- Auto Hebdo, 21 juin 2000

Tony