Michael SCHUMACHER
 M.SCHUMACHER
Benetton Ford Cosworth
Alain PROST
 A.PROST
Williams Renault
Mark BLUNDELL
 M.BLUNDELL
Ligier Renault

542o Grande Prémio

LV Grosser Preis von Deutschland
Ligeiramente nebulosos
Hockenheim
domingo, 25 de julho de 1993
45 voltas x 6.815 km - 306.675 km
Affiche
F1
Coupe

Sabiam-no?

Piloto
Construtore
Motore

Le pacte de Reilingen

 

« Schumi-mania » en Allemagne

Les Allemands ont toujours apprécié le sport automobile sans pourtant que celui-ci soulève une réelle ferveur populaire. Question de tempérament ? D'opportunité ? Depuis l'âge d'or des années 1930, l'Allemagne n'avait plus produit de champion capable d'enthousiasmer les foules. La carrière de Wolfgang von Trips fut météorique. Stefan Bellof est mort trop tôt. Les victoires de Porsche, Mercedes, BMW et consorts, dans toutes les disciplines, n'ont suscité qu'un intérêt poli. Mais depuis deux ans, tout a changé avec l'irruption de Michael Schumacher, le « petit Mozart de la Formule 1 », jeune surdoué aux dents (très) longues, dépourvu de complexes, sans aucun doute le champion de demain. Le natif de Kerpen a réveillé le démon de la compétition qui sommeillaient outre-Rhin. A Hockenheim, ses fans sont attendus par dizaines de milliers. Cette notoriété est l'occasion de construire un fructueux business. Son manager Willi Weber et son agent commercial Michael Spatz s'y emploient. Depuis quelques mois, les supermarchés allemands sont inondés de produis dérivés à l'effigie de « Schumi » : chemises, tee-shirts, casquettes, posters, lunettes de soleil etc. Tout ceci rapporterait un million de marks par an à la nouvelle idole. « Il est notre agent n°1 contre la récession en Allemagne », note ironiquement Bernie Ecclestone.

 

Lorsqu'il arrive à Hockenheim, en compagnie de son amie Corinna, Schumacher est prêt pour un véritable marathon publicitaire, presque plus éreintant que le Grand Prix en lui-même. Weber et Spatz lui ont concocté un programme de trente-deux meetings (médias, commerciaux, sponsors personnels etc.). Le jeune Allemand, en grand professionnel, enfouit sa timidité naturelle et remplit ses obligations de très bonne grâce. Il est moins à l'aise face aux meutes de fans qui l'assaillent à chacune de ses apparitions. Ses gardes du corps doivent jouer du poing pour lui frayer un passage... ce qui ne fait qu'exciter un peu plus les fanatiques. L'attention portée sur Schumacher est telle que la championne de tennis Steffi Graf peut déambuler dans le paddock sans être le moins du monde importunée, au bras de son compagnon, le pilote Michael Bartels ! Flavio Briatore exploite également la popularité de Michael Schumacher, dans le but évident d'attirer sponsors et partenaires techniques. « Avec Michael, on peut promouvoir ce que l'on veut ! » lance-t-il à la cantonade. Le message s'adresse à Renault que Benetton courtise depuis plusieurs semaines...

 

Présentation de l'épreuve

Giancarlo Minardi est à nouveau à court d'argent. Il ne signe dorénavant plus que des chèques en bois et son banquier refuserait de le prendre au téléphone ! Pendant ce temps-là, Beppe Lucchini songe de plus en plus à retirer ses billes de la Scuderia Italia dont les résultats sont très loin de répondre à ses attentes. Il devrait se séparer du directeur sportif Paolo Stanzani, responsable de l'accord passé avec Lola qui a fourni un châssis désastreux. Lucchini avait engagé Sergio Rinland pour dessiner une nouvelle monoplace, mais les deux hommes se sont séparés au bout de quelques semaines. Du coup, il se dit que Minardi et Lucchini pourraient réunir leurs efforts et fusionner leurs deux petites équipes moribondes.

 

Peter Sauber s'irrite pour sa part de la méforme relative de JJ Lehto, désormais assez régulièrement dominé par Karl Wendlinger. Le Finlandais pourrait perdre son volant en fin d'année. Sauber entretient par ailleurs des relations tendues avec Luigi Mazzola, l'ingénieur d'exploitation de Lehto, dont les prétentions salariales sont exorbitantes. Il s'en débarrassera sous peu en le réexpédiant d'où il vient, c'est-à-dire chez Ferrari. Plus important, Sauber reçoit le renfort d'un important sponsor, la firme pharmaceutique British Lighthouse.

 

Quelques jours avant cette course, Alessandro Zanardi a été percuté par une voiture alors qu'il circulait à vélo. Il s'en serait tiré sans dommages si le véhicule en question n'avait pas ensuite brusquement reculé, lui roulant ainsi sur le pied gauche ! Bilan: trois orteils cassés. Malgré tout l'Italien est déclaré apte à conduire. Son compatriote Pierluigi Martini souffre d'une côte fracturée, conséquence d'un harnais trop serré lors de la course précédente. Mais lui aussi sera présent au départ en Allemagne.

 

Le très rapide circuit d'Hockenheim est idéal pour éprouver de nouveaux moteurs. Ferrari introduit un nouveau V12 à cinq soupapes par cylindre, utilisé le samedi avant d'être remplacé par un moteur traditionnel à quatre soupapes. Tyrrell reçoit un nouveau moteur « Yamaha » élaboré par Judd, baptisé « G Spec ». Celui-ci offre un surcroît de puissance appréciable, mais quid de sa fiabilité ? La Scuderia Italia bénéficie pour sa part du V12 Ferrari à distribution pneumatique.

 

Benetton reçoit le tout nouveau V8 Ford-Cosworth « série VIII » qui frôlerait les 700 chevaux. Patrese a en tout cas atteint les 334 km/h en l'éprouvant quelques jours plus tôt au Castellet. Mais les dirigeants de Benetton s'étranglent lorsqu'ils s'aperçoivent que McLaren a reçu les mêmes blocs et le monte dans les voitures de Senna et d'Andretti ! Le contrat d'exclusivité entre l'écurie d'Enstone et Ford a vécu. Enfin, craignant un oukase de la FISA, les nouveaux carburants n'étant toujours pas homologués, Elf remise son essence « type 3 » habituellement utilisée au profit d'un mélange « type 1.5 » à peine dérivé de ce qui est utilisé dans le commerce. Le V10 Renault RS5 ne donnera donc pas son plein potentiel dans les lignes droites de l'Hockenheimring.

 

Vendredi après-midi, Flavio Briatore organise sous l'auvent Benetton une petite fête à l'intention de Riccardo Patrese qui célèbre son 250ème Grand Prix. Bernard Dudot et Christian Contzen, de Renault, sont venus en amis boire un verre avec leur ancien pilote. « Donnez-nous votre V10 et vous verrez ce que nous en ferons ! » leur lance Briatore, rigolard. Patrese se laisse lui aller à l'euphorie: « Dans le fond, je me vois capable de courir encore pendant cinq ans ! » Briatore l'observe d'un œil étonné...

 

Essais et qualifications

Les Williams-Renault sont un peu moins dominatrices qu'à l'ordinaire: une configuration aérodynamique minimale et le revêtement bosselé altèrent en effet le comportement de la suspension active. Prost s'empare cependant aisément de sa 29ème pole position. Hill connaît un vendredi pénible: il se fait « sortir » par Alboreto avant d'être handicapé par une assistance de freinage défectueuse. Il se rattrape le lendemain en signant le second chrono. Schumacher utilise vendredi le V8 Ford VII et réalise le deuxième temps. Le lendemain, il sélectionne le Ford VIII et ne peut résister au retour de Hill. Il prend toutefois la troisième place, à seulement huit dixièmes de Prost. Patrese (7ème) concède une seconde et demie à son équipier. Senna perd une journée de travail vendredi dans un stupide tête-à-queue. Le samedi, muni du Ford VIII, il ne rend que 36 millièmes à Schumacher et se place sur le quatrième rang. Andretti (17ème) vit des essais cauchemardesques à cause de problèmes électriques. Les Ligier-Renault (Blundell 5ème, Brundle 6ème) peignent en bleu la troisième ligne, un exploit pour des voitures « passives » sur ce bitume irrégulier.

 

Les Footwork-Mugen confirment leur regain de forme, et un Suzuki revigoré (8ème) précède le teigneux Warwick (11ème). Essais mouvementés chez Ferrari: Berger (9ème) casse un moteur et pulvérise sa voiture à la première chicane ; Alesi (10ème) est victime d'une panne de suspension active puis d'une fuite d'huile... Les Lotus-Ford sont à nouveau très nerveuses. Herbert (13ème) en tire un meilleur parti qu'un Zanardi (15ème) diminué par sa blessure au pied. Les Sauber (Wendlinger 14ème, Lehto 18ème) manquent ici de puissance et d'équilibre. Chez Larrousse, Comas (16ème) prend décidément l'ascendant sur Alliot (21ème) qui ne parvient pas à dénicher le bon set-up. Les Jordan-Hart (Barrichello 17ème, Boutsen 24ème) alternent entre sous-virage et survirage. Les nouvelles Tyrrell-Yamaha (de Cesaris 19ème, Katayama 21ème) rencontrent des problèmes de fiabilité, surtout au niveau de la boîte de vitesses. Les Minardi sont trop instables. En dépit de sa blessure, Martini (22ème) donne du fil à retordre à Fittipaldi (20ème). Les Lola-Ferrari sont désormais certaines de se qualifier. Badoer (25ème) sort rudement vendredi et s'en tire avec une cheville foulée. Le lendemain, il tâte encore les rails. Bilan: deux coques pliées ! Alboreto, plus sage, s'élancera bon dernier.

 

Derek Warwick = Superman ?

Dimanche matin, le warm-up se déroule sous une pluie battante, exercice toujours très délicat sur ce circuit atypique où les projections d'eau, retenues par les arbres, restent en suspens dans l'air. Vers 9h30, aux abords de la troisième chicane, Luca Badoer, en panne, ralentit et se dirige vers le côté droit de la piste. Il surprend Alain Prost qui l'évite de justesse au prix d'un début de glissade. Mais derrière le Français vient Derek Warwick, complètement aveuglé par les gerbes d'eau. Le choc est effroyable. L'Anglais percute de plein fouet la roue arrière-gauche de la Lola. Toute la partie droite, roues comprises, de la Footwork est arrachée. Hors de tout contrôle, elle part en luge sur plus de 500 mètres, tangue entre les glissières et les vibreurs puis, arrivée à la chicane, décolle, se retourne et s'immobilise à l'envers, l'arceau planté dans le sol meuble. Suivent des minutes de profonde angoisse. Ce terrible accident n'est pas sans rappeler celui qui a mis un terme à la carrière de Didier Pironi, onze ans plus tôt. Les sauveteurs et les commissaires se précipitent sur place et ont quelque peine à retourner l'épave. Lorsqu'ils y parviennent, ils s'aperçoivent que Warwick a pu se dégrafer seul. Celui-ci est médicalisé puis transporté vers l'hôpital de Mannheim pour un examen radiographique.

 

A 12h45, surprise: Derek Warwick réapparaît dans le paddock, solide sur ses jambes, l'air jovial. Comme il ne souffre que de quelques égratignures, les médecins l'ont déclaré apte à courir. Il prendra donc le départ de la course deux heures plus tard ! « J'ai la nuque un peu raide, un léger mal de tête, mais sinon, vraiment, aucun problème ! Mais je ne suis pas Superman, seulement très chanceux ! » clame-t-il sur la grille. Voilà une belle leçon de bravoure de ce splendide pilote qui, déjà trois ans plus tôt au GP d'Italie, à Monza, avait déjà frôlé le pire dans un terrible accident dans la parabolique avant de se remettre aussitôt en selle.

 

Le Grand Prix

Une foule immense, estimée à 120 000 spectateurs, se presse à Hockenheim ce dimanche 25 juillet, avec l'espoir d'assister au triomphe de Michael Schumacher. Celui-ci rencontre un problème de suspension lors de son tour d'installation, et choisit de partir avec sa voiture de réserve. Après une matinée arrosée, le ciel est de nouveau dégagé. La plupart des pilotes s'élancent avec des pneus Goodyear « B » tendres et prévoient de s'arrêter, à l'exception notable de Prost et de Hill.

 

Départ: Prost manque une fois de plus son démarrage. Hill s'empare de la première place, suivi par Schumacher, tandis que Senna plonge à l'intérieur du premier virage pour doubler Prost. Suivent Blundell et Brundle.

 

1er tour: Prost et Senna franchissent côte à côte la première longue ligne droite. Prost s'impose par l'intérieur à la chicane. Senna résiste, traverse le bac à graviers et revient en piste à contre-sens. Il n'est par bonheur heurté par personne, effectue un 360° et repart en dernière position. Plus loin, à l'abord de la deuxième chicane, Brundle se porte à la hauteur de Prost et retarde son freinage... au point de perdre le contrôle de sa Ligier. Il amorce un tête-à-queue et force ainsi Prost à couper la chicane par un superbe réflexe. Les deux pilotes rejoignent la piste grâce à l'échappatoire, sans perdre de positions. Suzuki emprunte aussi ce raccourci. Hill mène devant Schumacher, Prost, Brundle, Blundell, Patrese, Berger, Alesi, Andretti et Wendlinger. Comas casse sa boîte de vitesses et renonce.

 

2e: Hill mène avec deux secondes d'avance sur Schumacher et six secondes sur Prost. Senna est vingtième. De Cesaris abandonne à cause d'une panne de boîte de vitesses.

 

3e: Hill ne s'échappe guère car ses freins sont peu efficaces. Prost se rapproche de Schumacher. Senna gagne deux places supplémentaires.

 

4e: Hill est en tête devant Schumacher (2.2s.), Prost (3.4s.), Brundle (8.2s.), Blundell (9.4s.) et Patrese (12s.). Alesi prend la septième place à Berger. Senna dépasse Lehto, puis se retrouve aux prises avec son protégé Barrichello.

 

5e: Prost est sur les talons de Schumacher. Senna efface Barrichello. Andretti se frotte à Berger à la seconde chicane. Il endommage ainsi sa direction et se range dans l'échappatoire. Badoer se retire suite à un bris de suspension arrière-gauche.

 

6e: Prost dépasse Schumacher par l'extérieur dans le premier bout droit. Senna s'impose à Zanardi. Sous la pression de son collègue Suzuki, Warwick part à la faute à l'entrée du Stadium, quitte la route et perd un flap. Suzuki est entraîné par son équipier, et tous deux regagnent la piste après avoir ratissé la pelouse.

 

7e: Prost se rapproche de Hill. Senna passe devant Fittipaldi et se retrouve déjà onzième. Warwick stoppe aux stands pour remplacer sa calandre et repart au bout de trois minutes.

 

8e: Prost est revenu juste derrière son coéquipier. Il le déborde dans la première ligne droite et s'empare du commandement. Senna est dixième après avoir doublé Herbert.

 

9e: Prost mène devant Hill (1.2s.), Schumacher (2.6s.), Brundle (10.9s.), Blundell (11.9s.), Patrese (14.1s.), Alesi (18s.), Berger (21s.), Wendlinger (24s.) et Senna (26s.). Suzuki écope d'un « stop-and-go » de dix secondes pour avoir court-circuité la seconde chicane. Il ne sera pas seul à passer sous le couperet...

 

10e: La direction de course inflige dix secondes de pénalité à Prost et à Brundle pour avoir coupé la seconde chicane lors du premier tour. Fou de rage, Prost entre dans les stands à la fin de ce tour pour subir sa punition. Le Français redémarre en sixième position. Hill récupère la première place. Suzuki regagne son garage pour abandonner à cause d'un problème de transmission.

 

11e: Brundle s'arrête pour observer sa pénalité et ne ressort qu'en treizième position. Senna double Wendlinger.

 

12e: Hill mène devant Schumacher (3.6s.), Blundell (16.5s.), Patrese (17.8s.), Prost (19s.), Alesi (23s.), Berger (27s.) et Senna (28s.).

 

14e: Prost double Patrese. Senna est revenu juste derrière Berger. Alesi regagne les stands avec un capot moteur instable, suite à la rupture d'une vis. Ses mécaniciens doivent refixer cette pièce et remplacer les pneus. L'Avignonnais chute au 18ème rang.

 

15e: Hill n'a plus de problèmes avec ses freins et porte son avantage sur Schumacher à sept secondes. Plus loin, Blundell est sous la menace de Prost. Berger résiste avec énergie aux attaques de son ami Senna.

 

16e: Schumacher monte sur ses freins à la première chicane et fait ainsi un méplat sur un pneu. Prost dépasse Blundell dans la première ligne droite. Le voici troisième. Lehto remplace ses gommes.

 

17e: Schumacher s'arrête à son stand pour changer de gommes (6.1s.) puis repart en quatrième position devant son équipier Patrese. Arrêts pneus pour Wendlinger et Zanardi.

 

18e: Schumacher s'impose face à Blundell à la première chicane. Berger résiste toujours à Senna. Les deux compères échangent volontiers quelques coups de roues.

 

19e: Hill devance Prost (20.2s.), Schumacher (23.8s.), Blundell (30.7s.), Patrese (35s.), Berger (46.3s.), Senna (47s.), Herbert (53s.) et Fittipaldi (56s.). Barrichello change de pneus.

 

20e: Senna n'arrive pas à se porter à la hauteur de Berger, ce qui démontre la vélocité retrouvée du V12 Ferrari. Patrese chausse des gommes neuves (5.8s.). Brundle pénètre dans la pit-lane pour remplacer ses pneus, mais il manque son emplacement ! Il doit repartir pour toute une boucle avant de pouvoir effectuer cette opération, et chute ainsi au classement. Zanardi s'évanouit dans un tête-à-queue et met pied à terre. Il était seizième.

 

21e: Senna entre aux stands pour remplacer ses pneus. L'arrêt est exceptionnellement rapide: 4,8 secondes ! Le triple champion du monde repart neuvième. Patrese exécute un demi-tête-à-queue à la première chicane. Il remet les gaz sous le nez d'Herbert.

 

22e: Schumacher revient à trois secondes de Prost qui est aux prises avec un trio d'attardés composé de Brundle, Warwick et Alboreto. Blundell renouvelle ses Goodyear et retrouve le circuit en cinquième position.

 

23e: Senna se défait de Fittipaldi, puis d'Herbert. Surpris par un freinage de Boutsen, Katayama traverse les graviers de la Schikane 1, puis passe aux stands pour remplacer ses gommes encrassées. A l'Ostkurve, Lehto quitte la piste à cause d'un accélérateur bloqué et s'immobilise dans le sable.

 

24e: Hill mène devant Prost (22.2s.), Schumacher (24.9s.), Berger (51.3s.), Blundell (54s.), Patrese (1m. 01s.), Senna (1m. 05s.), Herbert (1m. 07s.), Fittipaldi (1m. 08s.) et Wendlinger (1m. 19s.).

 

25e: Blundell harcèle Berger qui a choisi de ne pas changer de pneus. Senna remonte sur Patrese.

 

26e: Blundell attaque Berger dans la première ligne droite et s'impose à la chicane. Mais l'Autrichien se défend et déborde la Ligier par l'extérieur à l'accélération suivante. Les deux pilotes se donnent des coups de roues et c'est un miracle qu'ils n'entrent pas en contact. Blundell retente sa chance avant le Stadium mais Berger, qui a mangé du lion, verrouille toutes les portes.

 

27e: Dans le dernier bout droit avant le Stadium, Blundell se faufile à droite et, bien que tassé par Berger, parvient à prendre le dessus. Patrese et Senna sont revenus derrière ces deux pilotes.

 

28e: Vingt secondes entre Hill et Prost. Schumacher n'évolue qu'à trois secondes du Français. Senna dépasse Patrese dans la première ligne droite. Puis le Brésilien déborde Berger à la troisième chicane. Enfin, Patrese dépasse Berger peu avant le Stadium. Katayama glisse sur de l'huile et quitte la route à l'Opelkurve. Il s'immobilise contre les glissières, enclenche la marche arrière et repart.

 

30e: Hill mène devant Prost (20s.), Schumacher (23.3s.), Blundell (1m. 09s.), Senna (1m. 11s.), Patrese (1m. 16s.), Berger (1m. 18s.), Herbert (1m. 27s.) et Fittipaldi (1m. 30s.). Alesi remonte et prend la dixième place à Wendlinger. Katayama se range sur un bas-côté après avoir brisé un demi-arbre de roue au cours de ses innombrables figures.

 

32e: Schumacher s'aperçoit qu'il ne peut pas rattraper Prost et effectue un deuxième changement de pneus (5.7s.). Il conserve sa troisième place. Senna met la pression sur Blundell.

 

33e: Alesi cravache et prend la neuvième place à Fittipaldi qui a cassé un échappement. Brundle opère également une remontée. Quatorzième, il va bientôt dépasser Alliot qui roule sans embrayage.

 

34e: Alesi recolle à Herbert. Après avoir concédé un tour à Hill, Wendlinger dépasse Fittipaldi.

 

35e: Hill précède Prost (14s.), Schumacher (36s.), Blundell (1m. 09s.), Senna (1m. 11s.), Patrese (1m. 22s.), Berger (1m. 30s.), Herbert (1m. 44s.), Alesi (1m. 46s.), Wendlinger (-1t.), Fittipaldi (-1t.) et Brundle (-1t.). Barrichello abandonne à cause de la rupture de son roulement de roue arrière-droit.

 

37e: Senna demeure dans le sillage de Blundell sans pouvoir le doubler. Il abîme ainsi ses pneus. Alesi prend l'ascendant sur Herbert et pointe au huitième rang.

 

39e: Hill achève son meilleur chrono du jour (1'42''574'''). Il compte treize secondes de marge sur Prost et rien ne semble pouvoir entraver sa route vers la victoire.

 

40e: Schumacher réalise le meilleur tour de la course: 1'41''859'''. Alesi rattrape son équipier Berger. Brundle anime cette fin de course. Il a doublé Fittipaldi et menace Wendlinger.

 

41e: Hill est premier devant Prost (12.3s.), Schumacher (29.6s.), Blundell (1m. 11s.), Senna (1m. 12s.), Patrese (1m. 33s.), Berger (1m. 40s.) et Alesi (-1t.).

 

42e: Hill est un temps bouchonné par Berger. Redoutant une crevaison, Senna s'engouffre dans les stands pour chausser un troisième jeu de pneumatiques (4.8s.). Il conserve la cinquième position.

 

43e: Brundle déborde Wendlinger. La suspension active de Herbert ne fonctionne plus suite à la rupture d'un vérin. L'Anglais doit laisser filer Brundle et bientôt Wendlinger.

 

44e: Coup de théâtre: le pneu arrière-gauche de Hill déchape avant la troisième chicane, soulevant une gerbe d'étincelles. Prost double son équipier et roule vers la victoire. Hill, dépité, tente de regagner son garage. Mais il part en tête-à-queue juste avant l'entrée des stands et abandonne sa Williams perchée sur un vibreur.

 

45e: Alain Prost remporte son quatrième Grand Prix de rang. Schumacher se classe deuxième sous les vivats de la foule. Blundell finit troisième et obtient son deuxième podium de la saison. Senna termine à une honorable quatrième place. Patrese est cinquième, Berger sixième. Viennent ensuite Alesi, Brundle, Wendlinger, Herbert, Fittipaldi, Alliot, Boutsen, Martini, Alboreto et Warwick. Hill est classé quinzième. Boutsen prend Lehto en stop et le ramène aux stands.

 

Après la course: Prost, vainqueur mécontent

Schumacher boucle le tour d'honneur en brandissant un drapeau allemand, comme s'il avait remporté la course. « Personne ne peut savoir combien je suis heureux ! » s'exclame-t-il. « J'étais troisième ici en 1992. Me voici second cette année. Je vous laisse deviner ma place en 1994 ! »

 

Malgré cette victoire, la 51ème de sa carrière et sa quatrième de rang (une première), Alain Prost fulmine contre l'injuste pénalité qui l'a frappé en début d'épreuve. « J'ai eu un départ très chaud », raconte-t-il. « Au premier virage, Senna m'a tranquillement emmené sur la bordure. Mais j'ai pu lui rendre la monnaie de sa pièce. Après, il s'est passé quelque chose d'incroyable. Dans mon rétro, en arrivant au freinage de la deuxième chicane, j'ai vu Brundle amorcer un tête-à-queue. Fallait-il rester en plein milieu et provoquer un accordage sur lequel le reste du peloton allait s'écraser ? J'ai volontairement choisi d'alléger mon freinage et de tirer tout droit, dans l'échappatoire. Je n'avais pas le choix. Et je n'ai pas tiré le moindre profit de cette manœuvre. Si ce n'est celui d'avoir privilégié la sécurité de tout le monde ! Il n'y avait aucune raison d'appliquer une punition. Cette sévérité relève du scandale. Tout cela n'existe que pour rendre le spectacle plus intéressant. » Ces propos désabusés trahissent la lassitude de Prost qui en a plus qu'assez des manœuvres du pouvoir sportif. Martin Brundle, son compagnon d'infortune, se voit lui réhabilité par les commissaires qui lui avouent qu'ils n'avaient pas vu son tête-à-queue ! « Ils n'avaient même pas regardé le replay ! » s'emporte l'Anglais.

 

Reste que cette mésaventure ne se serait pas produite si Prost avait réussi son départ. Décidément, le Français ne maîtrise pas les nouvelles procédures puisqu'il manque son envol presque systématiquement, perdant ainsi le bénéfice de ses poles positions. « Il n'y a aucune explication d'ordre technique à avancer. C'est à moi de travailler », reconnaît-il honnêtement.

 

Son collègue Damon Hill est en proie à une immense déception. Après Silverstone, il a perdu une nouvelle occasion de remporter sa première victoire en F1, cette fois à deux tours du but. Cette crevaison ne laisse pas d'étonner. A-t-il eu tort de parcourir toute la distance avec le même train de pneus ? « Je ne crois pas à l'usure, plutôt à une crevaison sur un débris tranchant. Quel dommage, le plus gros travail était fait ! » soupire-t-il. Frank Williams est sincèrement désolé pour son pilote qu'il réconforte avec plus de chaleur qu'en Angleterre.

 

Ron Dennis, très amer, dépose une réclamation contre les Benetton auprès de Charlie Whiting. Selon lui, les B193 sont équipées d'un deuxième réservoir d'huile illégal. Flavio Briatore hausse les épaules. D'où le patron de McLaren tient-il cette « information » ? De Cosworth, agacé par les tractations entre Benetton et Renault, affirmeront un peu plus tard quelques journalistes. Toujours est-il qu'il s'agissait là d'un leurre, puisque les commissaires techniques ne décèlent aucune anomalie sur les machines jaunes.

 

Mark Blundell est ravi d'apporter à Ligier son troisième podium en 1993. « Depuis Kyalami, ça commençait à faire long ! » glisse-t-il à Cyril de Rouvre. Toutefois, le jeune Britannique se plaint du comportement de Gerhard Berger: « Il n'a pas cessé de zigzaguer dangereusement ! Je l'ai doublé avec deux roues dans l'herbe à 340 km/h ! Nous nous sommes vus après la course, il a évoqué un tas de problèmes... Non, ce ne fut pas une bagarre très excitante. » Devant la presse, le jovial Autrichien ne se départ pas de son flegme et ne fait même pas allusion aux accusations de Blundell: « Je n'avais pas une bonne voiture, mais je pouvais au moins bien me battre. Avec des pilotes professionnels et très corrects comme Martin [Brundle] et Ayrton [Senna], il est agréable de se bagarrer, on sait que ça ne finira pas mal. » Le comportement de Berger fut en fait à la limite de la correction. Mais au moins a-t-on retrouvé l'âpre batailleur qu'il fut jadis. Depuis quelques mois, certains lui reprochaient de s' « endormir au volant », à telle enseigne que le caricaturiste français Jean-Louis Fiszman le représente toujours avec un oreiller derrière la tête...

 

Cette quatrième victoire consécutive de Prost est sans doute chanceuse, mais le Français fait un nouveau pas décisif vers son quatrième titre mondial. Il possède maintenant vingt-sept points d'avance sur Senna. Chez les constructeurs, Williams (105 pts) caracole en tête, Benetton (47 pts) se rapproche de McLaren (53 pts), Ligier (19 pts) consolide sa quatrième place et Ferrari revient au niveau de Lotus (10 pts chacune).

Tony