Gerhard BERGER
 G.BERGER
McLaren Honda
Nigel MANSELL
 N.MANSELL
Williams Renault
Alain PROST
 A.PROST
Ferrari

508o Grande Prémio

XLIV British Grand Prix
Ensolarado
Silverstone
domingo, 14 de julho de 1991
59 voltas x 5.226 km - 308.334 km
Affiche
F1
Coupe

Sabiam-no?

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Présidence de la FISA: Max Mosley contre Jean-Marie Balestre

En cet été 1991, la FISA prépare son élection présidentielle qui se déroulera au mois d'octobre. Jean-Marie Balestre, 70 ans, est candidat à sa succession, mais se dresse contre lui Max Mosley, le président de la commission fédérale des constructeurs. Cet avocat de 51 ans, ancien fondateur de March et bras-droit de Bernie Ecclestone, se présente comme le candidat du consensus, de l'apaisement, contre l'autoritarisme et la morgue du président Balestre. Il pointe du doigt la mauvaise administration actuelle, à l'origine de graves dysfonctionnements dans les championnats d'Endurance et de Rallye. Selon lui, en cumulant trois présidences (FIA, FISA, FFSA), Balestre est incapable de remplir correctement ses fonctions. Mosley dénonce aussi sa partialité et affirme qu'il est intervenu en faveur de son compatriote Alain Prost dans le dénouement du championnat du monde 1989. D'après lui, le président de la FISA ne doit pas intervenir directement dans le déroulement des compétitions, mais au contraire se comporter en arbitre équitable.

 

Pour l'heure, Mosley n'est pas soutenu par Ecclestone qui s'accommode encore de Balestre et juge hasardeuse la démarche de son ami. Néanmoins, l'homme de loi reçoit le franc soutien du monde sportif anglophone. Le président de la RAC Motor Sport Association, le très influent sir John Rogers, parraine sa candidature. Il rallie aussi toutes les fédérations nationales en conflit avec Balestre, le Brésil en tête, à travers le président Reginaldo Freua Bufaiçal, dont l'autorité a été battue en brèche par les séquelles de l'affaire Senna - Prost de 1989. Mosley forme ainsi une ligue des mécontents, influente certes, mais trop faible pour ébranler Balestre qui peut compter sur l'appui des Africains francophones, des Européens de l'Est, des Arabes et de quelques grands barons européens: le Monégasque Michel Boeri, l'Italien Fabrizio Serena di Lapigio, le Grec Alexandre Dardoufas, le Portugais César Torres etc. Mosley ne s'avoue pas vaincu: grâce à sa position à la commission des constructeurs, il entretient des relations étroites avec toutes les grandes marques mondiales et entreprend de les dresser contre celui qu'il dépeint comme un potentat arrogant et sans scrupule.

 

Balestre ne se trouble pas. Il savoure en marge de ce GP de Grande-Bretagne deux visites à Woking et Didcot, sur les invitations de Ron Dennis et de Frank Williams. Un tel geste de la part des deux plus grands constructeurs britanniques aurait été inimaginable il y a dix ans, au plus fort de la guerre FOCA - FISA. Balestre s'en félicite bruyamment, mais il oublie que ni Dennis ni Williams ne voteront au congrès de la fédération...

 

Tom Walkinshaw s'installe chez Benetton

Chambardement chez Benetton Formula: Tom Walkinshaw, l'emblématique patron de TWR, l'officine qui engage les Jaguar en Groupe C, rachète 35% des parts pour un montant estimé de quinze millions de livres. Cet investissement vient soulager la famille Benetton qui commencerait à se désintéresser de la F1. Walkinshaw prend aussi en main les programmes techniques ainsi que les relations avec Ford. Le vide laissé par le départ de John Barnard est ainsi comblé. Flavio Briatore se chargera de la direction sportive et financière. L'écurie, actuellement dispersée entre les sites de Godalming et de Witney, se regroupera l'an prochain avec le service courses de Jaguar dans une nouvelle grande usine à Enstone, près d'Oxford.

 

Briatore et Walkinshaw annoncent par ailleurs que le futur V12 Ford-Cosworth débarquera courant 1992 et permettra à Benetton de rivaliser enfin régulièrement avec le trio McLaren - Williams - Ferrari. En ce qui concerne les pilotes, rien ne semble pour le moment s'opposer à la prolongation de Nelson Piquet et de son compère, le solide Roberto Puppo Moreno.

 

Senna lorgne sur Williams - Mansell en son jardin

Insatisfait de sa McLaren-Honda, Ayrton Senna n'exclut plus de migrer vers d'autres cieux. A l'heure actuelle, ses préférences se tournent vers Williams-Renault qui possède indéniablement le meilleur ensemble châssis-moteur. Senna attend la fin juillet pour entamer d'éventuelles négociations. Ron Dennis s'alarme et lui promet toutes les améliorations possibles et imaginables, y compris une boîte semi-automatique, en préparation aux États-Unis. De son côté, Frank Williams tient à recruter Senna qui lui a échappé un an plus tôt. Mais le Brésilien est gourmand et réclamerait 24 millions de dollars annuels selon Patrick Head qui a rencontré en grand secret Creighton Brown. Williams est toutefois prêt à demander cette somme à Camel et à Renault. Mais dans ce cas, il lui faudra se séparer de Nigel Mansell qui n'est certainement pas apte à cohabiter avec son principal rival.

 

Mansell, Patrick Head en parle justement à quelques journalistes français. Le copropriétaire de Williams révèle que le pilote anglais a bien calé son moteur dans les derniers mètres du GP du Canada parce qu'il saluait la foule... Par ailleurs, il compare les profils de ses deux pilotes: « Mansell se satisfait d'une machine médiocrement réglée, il est plus tolérant avec le châssis. Patrese est précieux pour le moteur, très pointu, très exigeant vis à vis de son châssis. Par contre, en quittant Ferrari, Nigel nous a permis de mieux comprendre la boîte électronique, mais aussi de progresser sur les moteurs et les carburants. Parfois de manière bien peu diplomatique, mais les résultats sont là. Une des grandes différences entre eux est la sensibilité. Patrese sent quand son moteur est en train de lâcher. Mansell s'en aperçoit lorsqu'il a cassé... »

 

Comme chaque année, Mansell gare sa caravane dans un coin retiré aux abords du paddock. « Je me prends pour un jeune lion ! » lance-t-il à ses fans hystériques. Ceux-ci attendant une troisième victoire de leur idole au Grand Prix de Grande-Bretagne après celles de 1986 (à Brands-Hatch) et de 1987 (à Silverstone). Ce moustachu à l'allure balourde et à l'accent traînant est en vérité le chéri des Anglais qui savent apprécier les anti-héros. En outre, Mansell reçoit l'amicale visite de Stirling Moss dont il vient de battre le nombre de victoires en Grand Prix (16). S'il révère le passé, il garde aussi un œil sur l'avenir en accueillant chaleureusement un de ses protégés, Paul Warwick, le jeune frère de Derek. Âgé de 22 ans, celui-ci survole actuellement le championnat britannique de F3000 pour le compte du team Madgwick dont le pilote Williams est copropriétaire. Warwick est actuellement le meilleur espoir anglais et Mansell est tout disposé à lui faire la courte échelle jusqu'à la Formule 1.

 

Présentation de l'épreuve

Le British Racing Drivers Club, présidé par l'inévitable Tom Walkinshaw, a largement revu cet hiver le tracé de Silverstone. Celui-ci est désormais moins rapide mais plus technique. L'enchaînement Maggots - Becketts - Chapel est complétement redessiné: les trois célèbres virages sont désormais des courbes rapides et très rapprochées, que les gros cœurs peuvent traverser à fond. Le tronçon entre Stowe et Club comporte deux virages supplémentaires tandis que le dernier secteur est inédit. Une nouvelle courbe à droite en dévers, passant sous un pont et prise à 250 km/h, conduit à un très lent complexe de quatre virages s'achevant à Woodcote. Ces derniers enchaînements ne sont pas passionnants, mais ils permettent au public de suivre longtemps les bolides. Deux points noirs: le revêtement, trop bosselé, et cette courbe rapide de Bridge, ceinturée de murs trop proches.

 

Après la gifle de Magny-Cours, McLaren et Honda sortent la grosse artillerie pour Silverstone: cinq châssis et double stock de moteurs, avec des V12 spécification 2 et spécification 3. Cette dernière évolution comprend une course raccourcie, un régime plus élevé et, en théorie, une consommation réduite. Osamu Goto réapparaît dans le paddock, quelques mois après sa démission. L'ancien ingénieur en chef de Honda est évidemment interrogé sur les difficultés rencontrées par le V12. Allan McNish aurait testé à Suzuka un châssis MP4/6 muni d'un V10 qui aurait donné de meilleurs résultats que l'ensemble actuel. Goto refuse de commenter cette rumeur.

 

Elf fait acheminer son essence sous protection policière, suite à une tentative d'espionnage industriel survenue probablement au GP du Mexique. Alain Guillon, le président d'Elf France, Christian Contzen et Bernard Dudot veulent éviter tout prélèvement sauvage. « C'est notre trésor de guerre », affirme-t-on dans leur entourage.

 

Ferrari fête ce week-end les quarante ans de sa première victoire en Formule 1, obtenue ici à Silverstone par José Froilán González, le 14 juillet 1951. De plus, il y a un an, Alain Prost faisait triompher les Rouges en ces mêmes lieux. Cette année, Claudio Lombardi fixe le podium comme objectif aux nouvelles 643. Prost fait toutefois part de ses doutes: « Je suis détendu, mais je ne suis pas heureux. Chez Ferrari, il y a 10 ou 20 % de gens qui veulent Senna à ma place, et mènent une sourde campagne. Je possède quand même un contrat en bonne et due forme pour 1992. Ma motivation de pilote est toujours intacte. Et puis, la 643 m'inspire confiance. » Bien entendu, ces propos doux-amers reviennent aux oreilles de Piero Fusaro et de Piero Lardi-Ferrari...

 

La situation financière de Brabham ne s'améliore pas, et plusieurs ingénieurs et mécaniciens ont commencé à se recaser, faute d'avoir touché leur salaire. Le team manager David Price s'en va et cède sa place John Macdonald, l'ancien patron de RAM. Pis encore: à cause de leur score vierge, les Brabham-Yamaha devraient être reversées dans les pré-qualifs à partir du GP d'Allemagne. Ce triste sort guette aussi AGS et Footwork. La pauvre écurie Coloni tire toujours le diable par la queue, d'autant plus que les sponsors portugais de Pedro Chaves n'ont pas versé tout l'argent promis. Celui-ci conserve malgré tout son volant grâce à l'apport de quelques petits commanditaires. Mais l'équipe italienne n'a aucun espoir de développer sa voiture, et donc de sortir des pré-qualifications.

 

Gabriele Rumi, le patron de Fondmetal, est en colère contre Brian Hart: il ne dispose en effet que d'un seul Cosworth version 91, cassé par Olivier Grouillard à Magny-Cours. A Silverstone, l'équipe italienne doit monter un bloc de 1990 et ne reçoit un nouveau Hart qu'après les pré-qualifications. Comment lutter dans ces conditions contre Jordan et Dallara ? Rumi point surtout du doigt l'accord signé par son sous-traitant avec Footwork: pendant que Grouillard se démène avec une cavalerie antédiluvienne, Alboreto et Johansson disposent de sept blocs DFR version 91 flambants neufs...

 

Essais et qualifications

Ce Grand Prix de Grande-Bretagne marque la mi-saison. A compter du prochain Grand Prix, de nouvelles équipes seront astreintes aux pré-qualifications. Jordan-Ford (9 points au compteur) et la Scuderia Italia (5 points) sont sûres d'y échapper. Ce sont d'ailleurs leurs pilotes qui occupent les premiers rangs de cette séance. Grouillard et sa Fomet sont éliminés, faute de moteur compétitif, tout comme la Coloni de Chaves et les Lambo de van de Poele et de Larini (manque de grip). Curieusement, le Modena Team devrait lui aussi dire au revoir à la purge du vendredi matin grâce à la neuvième place glanée par van de Poele à Imola.

 

Transcendé par son public, Mansell réalise le meilleur chrono de toutes les séances d'essais du week-end et ne laisse à personne le soin de lui disputer la pole position, sa première de l'année. L'Anglais vainc Patrese dans cet exercice pour la première fois de de la saison. L'Italien, troisième, n'a pas réglé son châssis à sa convenance. Senna (2ème) se démène pour arracher la pole, mais échoue à six dixièmes de Mansell. Berger (4ème) casse deux moteurs « Spec. 3 ». Il s'agit de la même panne que celle rencontrée à Magny-Cours: rupture des coussinets de bielle. Les deux pilotes McLaren déplorent le manque de puissance et la grande fragilité du V12 Honda. La Ferrari 643 découvre Silverstone. Prost (5ème) et Alesi (6ème) mettent du temps à trouver les bons réglages. Ils sont repoussés à une seconde et demie du meilleur temps. Les Benetton-Ford (Moreno 7ème, Piquet 8ème) sont en quatrième ligne mais concèdent plus de deux secondes et demie à Mansell.

 

Les Leyton House-Ilmor apprécient curieusement cette piste bosselée. Gugelmin se classe neuvième, Capelli seizième suite à une panne de boîte qui l'a longtemps immobilisé. Plus la saison avance, plus les Tyrrell-Honda (Modena 10ème, Nakajima 15ème) déçoivent. La faute au départ de Postlethwaite ? Les Dallara-Judd (Lehto 11ème, Pirro 18ème) retrouvent un bon équilibre aérodynamique. Belles prouesses des Brabham-Yamaha: Blundell est douzième, Brundle quatorzième. Chez Jordan, de Cesaris est en grande forme. Il signe le cinquième temps vendredi, mais hélas n'améliore pas le lendemain à cause d'un court-circuit. Il partira treizième. Gachot (17ème) est plus en retrait. Les nouvelles Ligier ne tiennent pas leurs promesses: Boutsen n'est que dix-neuvième et Comas est éliminé après avoir fusillé ses trains de pneus spéciaux. Les Minardi-Ferrari (Morbidelli 20ème, Martini 23ème) n'ont pas de grip et côtoient des Larrousse (Bernard 21ème, Suzuki 22ème) toujours rétives et fragiles. Les Lotus-Judd (Herbert 24ème, Häkkinen 25ème) se sauvent de justesse. Chez Footwork, Alboreto (26ème) échappe au couperet, lequel s'abat sur Johansson, handicapé par une transmission capricieuse. Dépassées, les AGS de Tarquini et de Barbazza se contentent de participer en vain à ces qualifications.

 

Senna est fort mécontent d'avoir été surclassé par Mansell. Il confère longuement avec ses ingénieurs et ne laisse aucun journaliste l'approcher. Son père, Milton da Silva, éconduit les importuns. Un des rares admis à approcher l'Idole est Niki Lauda, de passage entre deux convois aériens, qui s'entretient aussi avec son ami Gerhard Berger. « A mon sens, Mansell n'a pas l'étoffe d'un champion du monde », lâche-t-il pour les rassurer.

 

Le Grand Prix

Une foule immense de 100 000 spectateurs se presse sous un beau soleil pour encourager Nigel Mansell. Senna choisit de disputer l'épreuve avec le V12 Honda « Spec. 3 » tandis que Berger choisit l'ancien « Spec. 2 » jugé plus fiable. Goodyear chausse tous ses clients de pneus tendres « C », exceptées les Lotus et les Footwork qui ont des « B ». Les Pirelli ne fonctionnent guère ici. Les pilotes Benetton prévoient un arrêt en course.

 

Départ: Mansell patine quelque peu de l'arrière et Senna prend l'avantage à Copse. Berger se porte à la hauteur de Patrese et lui fait l'intérieur, mais l'Italien braque comme à l'ordinaire. Les deux bolides se touchent. La Williams part en tête-à-queue. Alesi roule dans la poussière pour la contourner. Moreno se retrouve troisième devant Berger, Prost et Gugelmin.

 

1er tour: Mansell prend l'aspiration de Senna et le dépose au virage de Stowe. L'Anglais mène devant Senna, Moreno, Berger, Prost, Gugelmin, Modena, Alesi, Piquet et Lehto. Patrese regagne son garage pour renoncer car les dégâts sont trop importants sur sa Williams. Berger poursuit mais son volant est tordu suite à leur collision.

 

2e: Mansell s'enfuit et compte deux secondes et sept dixièmes d'avance sur Senna. Patrese se rend à la direction de course pour réclamer une sanction contre Berger qu'il estime - à tort - responsable de l'accrochage. Il est vite débouté.

 

3e: Berger pourchasse Moreno malgré ses difficultés. Alesi dépasse Modena.

 

4e: Mansell possède cinq secondes de marge sur Senna. Berger dépasse Moreno à Abbey.

 

5e: Mansell devance Senna (5.1s.), Berger (8.3s.), Moreno (9.2s.), Prost (9.8s.), Gugelmin (10s.), Alesi (11s.), Modena (14s.) et Piquet (15s.). De Cesaris effectue une nouvelle remontée: il a doublé Pirro, Blundell, Brundle et Lehto.

 

6e: Prost déborde Moreno dans Hangar Straight. Alesi double Gugelmin.

 

7e: Huit secondes entre Mansell et Senna. Alesi attaque Moreno à Stowe, sans succès, mais il trouve l'ouverture dans le nouveau gauche de Priory. Piquet efface Modena. Lehto stoppe chez Dallara suite à des problèmes de pression d'essence et redémarre deux minutes plus tard.

 

9e: Mansell gagne une seconde par tour sur Senna. Prost chasse Berger pendant que Gugelmin poursuit Moreno. De Cesaris double Modena.

 

10e: Prost est sous l'aileron de Berger mais il manque de puissance pour lui régler son compte. Gugelmin a cloqué ses pneus et doit déjà les changer. Il fait par ailleurs examiner son fond plat qui se délamine. Il tombe en queue de peloton.

 

11e: Mansell devance Senna de onze secondes et demie. Prost bute désespérément sur Berger, ce qui permet à Alesi de combler son retard. De Cesaris a endommagé ses gommes en grimpant dans la hiérarchie. Il doit les faire remplacer.

 

12e: Mansell précède Senna (13s.), Berger (19.1s.), Prost (19.4s.), Alesi (20s.), Moreno (29s.), Piquet (31s.), Modena (37s.), Capelli (42s.) et Brundle (44s.). Pirro endommage ses pneus dans une touchette avec Gachot.

 

13e: Berger, Prost et Alesi roulent maintenant de concert.

 

14e: Alesi déborde Prost à Priory au prix d'un freinage très appuyé. L'accrochage entre les deux compatriotes est évité de justesse.

 

15e: L'avantage de Mansell culmine à quinze secondes. Alesi mène l'assaut contre Berger, sans plus de succès que son équipier.

 

17e: Un sélecteur de vitesses défaillant envoie Capelli en tête-à-queue à Priory. Le Milanais met pied à terre pour la huitième fois en autant d'épreuves. Gachot prend la neuvième place à Brundle. Morbidelli regagne les stands au ralenti suite à une crevaison. Il perd beaucoup de temps avant de repartir. Lehto fait remplacer ses enveloppes.

 

18e: Mansell accroît toujours régulièrement sa marge sur Senna. Berger contient les deux Ferrari.

 

20e: Mansell mène devant Senna (18s.), Berger (21.5s.), Alesi (22.3s.), Prost (22.8s.), Moreno (44s.), Piquet (45s.), Modena (53s.) et Gachot (54s.).

 

21e: Gachot mène un rythme d'enfer avec sa Jordan et dépasse Modena.

 

22e: Moreno se gare dans la pelouse avec une boîte de vitesses grippée suite à une perte d'huile. Bernard renonce aussi à cause d'un nouveau bris de couple conique.

 

23e: L'écart entre Mansell et Senna se stabilise. Alesi surprend Berger par l'intérieur au virage de Priory. L'Autrichien est déporté vers l'extérieur, et Prost en profite pour le doubler également dans la courbe suivante de Brooklands.

 

24e: Berger entre aux stands pour faire changer ses quatre pneus (6.8s.) et ressort derrière Piquet.

 

25e: Mansell précède Senna (17.4s.), Alesi (23.2s.), Prost (23.6s.), Piquet (43.4s.), Berger (52s.), Gachot (1m.), Modena (1m. 02s.), Brundle (1m. 09s.) et Blundell (1m. 11s.). Gugelmin renonce car les vibrations engendrées par son fond plat abîmé lui donnent des crampes.

 

26e: Mansell navigue dans le trafic. Pirro prend des nouveaux pneus, conséquence de son accrochage avec Gachot. Alboreto abandonne suite à une nouvelle rupture de son boîtier de transmission.

 

27e: Prost tourne en 1'28''230''' et menace de plus en plus son collègue Alesi. Mais Berger (1'28''012''') est le plus rapide en piste malgré sa direction faussée.

 

28e: Mansell reprend le meilleur tour (1'27''907'''). Senna est relégué à dix-sept secondes. Arrêt pneus de Boutsen.

 

29e: Prost part en tête-à-queue au virage d'Abbey. Il s'est déconcentré en voulant essuyer sa visière. La Ferrari tournoie sur elle-même et atterrit par chance dans la pelouse. Le Français reprend la piste sans avoir perdu de position. Häkkinen exécute aussi un tête-à-queue, sans gravité, mais devra changer ses gommes. Abandon de Brundle suite à la rupture de son câble d'accélérateur.

 

30e: Mansell compte vingt-trois secondes de marge sur Senna. Alesi arrive sur Suzuki pour lui prendre un tour au virage de Priory. Hélas, le Japonais coupe la route à l'Avignonnais. La Ferrari heurte la Lola qui atterrit dans les graviers. Pendant que Suzuki quitte son cockpit, Alesi rejoint les stands avec un train avant de guingois. Piquet chausse des Pirelli neufs (8.2s.) et se retrouve huitième.

 

31e: Beau retour de de Cesaris qui a notamment effacé Herbert et Martini. Alesi met pied à terre. Boutsen abandonne aussi, la faute à un bris de transmission.

 

32e: Mansell mène devant Senna (24s.), Prost (36.5s.), Berger (1m.), Gachot (1m. 09s.), Modena (1m. 27s.), Piquet (-1t.), Blundell (-1t.), Nakajima (-1t.) et de Cesaris (-1t.).

 

34e: Prost refait petit à petit son retard sur Senna qui concède environ une demi-seconde par tour à Mansell.

 

36e: Mansell a perdu un plomb d'équilibrage sur une jante arrière. Afin de ne prendre aucun risque, il passe aux stands pour changer ses pneus (8.3s.). Il reprend la piste sans avoir perdu le commandement.

 

37e: Senna a Mansell en ligne de mire, mais il doit doubler les attardés de Cesaris et Häkkinen. Mansell s'enfuit donc facilement.

 

38e: Mansell précède Senna (4s.), Prost (12s.), Berger (38s.), Gachot (56s.), Modena (1m. 14s.), Piquet (1m. 17s.), Blundell (-1t.), Nakajima (-1t.) et de Cesaris (-1t.).

 

39e: Avec ses pneus neufs, Mansell tourne en 1'26''588'' et gagne une seconde au tour sur Senna.

 

40e: Prost remonte sur Senna. Six secondes les séparent désormais. Changement de pneus pour Blundell.

 

42e: Piquet menace Modena et convoite une place dans les points. De Cesaris prend la huitième place à Nakajima.

 

43e: Mansell conclut le tour le plus rapide de jour: 1'26''379'''. Suite à une rupture de suspension, de Cesaris perd le contrôle de sa voiture dans la courbe de Bridge. Il percute violemment le mur extérieur en béton, puis traverse la piste avant de s'échouer dans la pelouse. La Jordan folle est évitée de justesse par Nakajima et Prost qui la suivaient. Hélas, le Français roule sur un débris de carbone et souffre aussitôt d'une crevaison. De Cesaris s'extrait sans peine de son cockpit.

 

44e: Prost rejoint son garage pour prendre des pneus neufs. Les mécaniciens remplissent rapidement leur office mais le moteur peine à se relancer. Prost repart après neuf secondes d'immobilisation et tombe au quatrième rang.

 

45e: Mansell devance Senna (10s.), Berger (51s.), Prost (1m.), Gachot (1m. 09s.), Modena (1m. 27s.), Piquet (1m. 28s.), Nakajima (-2t.), Martini (-2t.) et Herbert (-2t.).

 

46e: Mansell prend un tour à Piquet, puis à Modena. Lorsque l''Italien s'écarte devant la Williams, le Brésilien en profite pour lui chiper la sixième place.

 

48e: Prost est aux trousses de Berger et réduit son retard à huit secondes.

 

49e: Herbert dépasse Martini qui a encore perdu son embrayage.

 

50e: Quinze secondes séparent Mansell et Senna. Prost n'est plus qu'à six secondes de Berger.

 

51e: Berger réagit au retour de Prost et signe un excellent chrono (1'26''633'''). L'intervalle entre la McLaren et la Ferrari ne varie plus. Piquet est à la poursuite de Gachot qui se débat avec des pneus très usés.

 

53e: Mansell précède Senna de vingt secondes. Blundell s'arrête sous le pont avec un moteur fumant.

 

55e: Mansell est leader devant Senna (22s.), Berger (50s.), Prost (59s.), Gachot (-1t.), Piquet (-1t.), Modena (-1t.), Nakajima (-2t.), Martini (-2t.) et Herbert (-2t.).

 

57e: Mansell rencontre un problème de sélection de vitesses. Il décide d'achever la course en cinquième pour éviter de se retrouver soudain au point mort, comme à Montréal... Piquet prend l'avantage sur Gachot, lequel doit maintenant surveiller le retour de Modena. Herbert renonce car son réservoir d'huile s'est vidé.

 

58e: A un tour du but, Mansell compte vingt-cinq secondes d'avance sur Senna. Les tribunes encouragent bruyamment leur champion. Berger a repoussé Prost à quinze secondes.

 

59ème et dernier tour: Senna tombe en panne sèche, de façon tout à fait inattendue, au virage de Club. Dépité, le Pauliste se gare dans la pelouse.

 

Nigel Mansell remporte pour la troisième fois le Grand Prix de Grande-Bretagne. Berger prend la seconde place, Prost la troisième. Senna sera classé quatrième. Piquet termine au cinquième rang. Gachot engrange un point supplémentaire pour Jordan. Modena, Nakajima, Martini, Pirro, Morbidelli, Häkkinen et Lehto rejoignent aussi l'arrivée.

 

Les V12 Honda sont décidément bien gloutons. Berger ne parvient pas à boucler son tour d'honneur: il est aussi à court de carburant !

 

Après la course: le triomphe de King Nigel

Alors que le public ne contient plus sa joie, Nigel Mansell, grand seigneur, prend Ayrton Senna en stop et le raccompagne aux stands. Le Pauliste est vert de rage: « Au moins, chez Williams, ils savent calculer les quantités d'essence ! » lance-t-il à ses ingénieurs. Ron Dennis songe lui qu'avec neuf points inscrits, McLaren ne concède finalement qu'une unité à Williams. « Il faut refuser l'état de panique », martèle-t-il. Selon lui, le problème ne réside ni dans le châssis ni dans le moteur, mais dans l'ingénierie. Senna ne l'écoute pas et porte ses critiques contre Honda. Les Spec. 2 se sont révélés aussi fragiles que les Spec. 3. Les premiers manquent de puissance, les seconds consomment trop de carburant. Senna, doté de la dernière évolution, a rendu une seconde au tour à Mansell ! Un redressement est indispensable, sinon les titres mondiaux échapperont aux McLaren pour la première fois depuis quatre ans.

 

Les déboires de Senna éclipsent quelque peu la prouesse de Gerhard Berger qui est parvenu à rallier l'arrivée malgré une direction dissymétrique. « Patrese m'a fait passer un dur moment.... » commente-t-il avec amertume. Et en effet, malgré ses protestations, le Padouan est bien le responsable de la collision. Il a mal évalué les distances en abordant Copse. Une autre prise de bec oppose Jean Alesi à Aguri Suzuki. L'Avignonnais estime que le Japonais a détruit sa course. « C'est aux commissaires de le punir ! » rugit-il. « Alesi me serrait et je m'apprêtais en effet à le laisser passer. Mais il m'a touché à l'arrière avant que je ne puisse m'écarter », réplique Aguri-san. Il est tout de même reconnu coupable par les commissaires et écope d'une amende de 10 000 dollars. La colère d'Alesi s'inscrit au passif d'un week-end décevant pour Ferrari. Alain Prost s'inquiète: la 643 a cette fois été incapable de suivre les Williams-Renault.

 

Pendant ce temps-là, « King Nigel » est sur un petit nuage. « Je dédie cette victoire à tous ceux qui m'aiment ! » lance-t-il à ses fans. Tout à sa joie, il contourne habilement la question du titre mondial: « Ne m'en parlez pas. Pour l'heure, je ne pense qu'à remporter des courses. On verra plus tard. » S'il fait mine de ne pas songer à la couronne, d'autres y pensent pour lui. Y compris James Hunt, jadis un de ses plus féroces détracteurs. « Nigel a mûri. C'est son année », déclare le dernier champion du monde anglais. « C'est l'un des plus grands week-ends de sa carrière », embraye Frank Williams. « Je ne me souviens pas avoir vu un pilote dominer aussi nettement et enlever aussi facilement un Grand Prix », s'extasie Bernard Dudot. N'en jetez plus !

 

Avec 33 points, Mansell se rapproche en effet dangereusement de Senna (51 pts) et sème ses poursuivants Patrese (22 pts) et Prost (21 pts). McLaren-Honda (67 pts) conserve cependant un assez net ascendant sur Williams-Renault (55 pts) au classement des constructeur.

Tony