Alain PROST
 A.PROST
Ferrari
Nigel MANSELL
 N.MANSELL
Williams Renault
Riccardo PATRESE
 R.PATRESE
Williams Renault

514o Grande Prémio

XXXIII Gran Premio de España
Variável
Barcelona
domingo, 29 de setembro de 1991
65 voltas x 4.747 km - 308.555 km
Affiche
F1

Sabiam-no?

Piloto
Construtore
Motore

Benvingut a Catalunya!

Seize ans après la dernière course au parc de Montjuïc, le Grand Prix d'Espagne retrouve la Catalogne. L'échec cuisant du rendez-vous de Jerez de la Frontera, en Andalousie, exigeait en effet un déménagement sous peine de voir cette épreuve disparaître du calendrier. Dans cette perspective, le Royal Automobile Club de Catalogne a acheté dès 1987 un terrain de cent hectares sis à Montmelo, à trente kilomètres au nord de Barcelone. Un consortium regroupant la Généralité de Catalogne, la municipalité de Montmelo et le R.A.C.C. y a construit en deux ans un circuit ultra-moderne, avec le soutien financier de la grande banque La Caixa. A l'origine, ce tracé devait accueillir son premier Grand Prix en 1992, à l'occasion des Jeux olympiques de Barcelone, mais l'échec des négociations entre Jerez et Bernie Ecclestone a fait avancer la date du premier Grand Prix à septembre 1991. Malgré tout, les travaux sont achevés à temps.

 

Tous les pilotes saluent ce nouveau circuit. Les infrastructures sont les meilleures de la Formule 1 moderne. Le bloc des stands est le plus grand du monde, la salle de presse offre un excellent confort aux journalistes, les tribunes sont vastes et idéalement situées. De larges zones de dégagement assurent une sécurité maximale. Le tracé, varié et vallonné, est techniquement intéressant mais n'offre que deux réelles possibilités de dépassements: la très longue ligne droite de départ/arrivée, qui mesure plus d'un kilomètre, et une courte accélération suivie d'un freinage appuyé au milieu du parcours. Le premier enchaînement est un droite-gauche assez intéressant. Le reste est plus terne, avec une succession de virages lents. Un morceau de bravoure: la dernière courbe qui se prend à fond. « Ce tracé est difficile à apprendre », explique Ayrton Senna. « Il est très lisse et peu bosselé, mais encore très glissant, alors il est difficile de trouver la limite. » « Il est très bien construit et très sûr, mais il a trop de virages et ce sera difficile de trouver où doubler », ajoute Riccardo Patrese. « Ce sera exigeant physiquement et dur pour les freins », conclut Nigel Mansell. Jeudi, les pilotes bénéficient de deux courtes séances d'essais pour se familiariser avec le tracé. Le jeune Schumacher fait à la fois preuve de sa fougue et de capacité d'adaptation: il plie sa coque avant de grimper dans le mulet Benetton et de signer le meilleur temps !

 

Valse des pilotes: Tarquini, Grouillard et Chaves

Lundi 23 septembre, Olivier Grouillard reçoit un fax de l'écurie Fondmetal lui signifiant que sa présence au GP d'Espagne n'est pas souhaitée. Le Toulousain est licencié par Gabriele Rumi, mécontent de ses prétendues mauvaises performances. Lorsqu'il tente de joindre son patron, on lui répond que celui-ci est occupé... Grouillard est remplacé par Gabriele Tarquini, libéré par AGS. La petite écurie varoise vit en effet ses dernières heures: elle ne disputera pas les deux dernières manches de la saison et, si elle ne fusionne pas avec Larrousse, mettra la clef sous la porte. Tarquini fuit chez Fondmetal pour sauver sa carrière en F1. Selon lui, AGS n'a plus d'avenir et il met en cause les deux repreneurs, Gabriele Rafanelli et Patrizio Cantù: « Au début tout allait bien, et puis l'état d'esprit a changé, j'ai eu l'impression que l'équipe s'était mise en vacances, acceptait son sort... Comment continuer à investir son propre argent dans ces conditions ? »

 

AGS a néanmoins besoin d'un suppléant pour ce GP d'Espagne. Patrizio Cantù songe d'abord au dernier champion d'Italie de F3, Roberto Colciago, puis se tourne vers Grouillard qui jouit du soutien financier de Marlboro. Le Français accepte et échange ainsi son baquet avec Tarquini.

 

Pedro Chaves ne roule pas du week-end et se justifie par un communiqué dans lequel il affirme qu'Enzo Coloni ne lui a versé que 10 000 dollars sur les 100 000 qu'il s'était engagé à lui payer. « J'en ai vraiment marre, Coloni a entièrement fondé son budget 91 sur les aides que je lui au apportées », s'énerve-t-il. « En retour, je n'ai rien reçu pour rembourser mes frais. Je ne peux même plus payer mes déplacements ! J'en ai assez de passer pour c** ! » Le Portugais s'en va, et ses sponsors avec lui. Qu'importe pour Coloni qui a vendu son écurie à une firme de luxe italienne, Andrea Moda.

 

Présentation de l'épreuve

La saison 1991 touche à sa fin et le championnat mondial des pilotes semble joué. Ayrton Senna (83 points) compte en effet 24 longueurs d'avance sur Nigel Mansell (59 pts) qui doit impérativement remporté les trois derniers Grands Prix pour espérer s'emparer de la couronne. Plutôt détendu, le Brésilien aimerait s'assurer du titre à Barcelone. Il doit donc pour cela ne pas concéder plus de quatre points à son adversaire. Mansell, lui, est résigné. L'erreur de ses mécaniciens à Estoril a mis un terme à ses espérances. Frank Williams et Patrick Head tentent pourtant de le remotiver et l'entourent de prévenances. « Nigel a besoin de sentir épaulé, sinon il sombre dans les idées noires », reconnaît Williams. L'Anglais doit d'autant plus se concentrer que plusieurs pontes de Renault, notamment Louis Schweitzer, le n°2 de la Régie, et Patrick Faure, le président de Renault Sport, font le déplacement en Catalogne.

 

De retour de l'île de Man (il n'a pas encore vendu sa maison), Mansell traîne une méchante laryngite que lui a refilée Rosanne... Il se force pourtant à se distraire et participe jeudi à un match de football opposant onze pilotes à l'équipe des photographes de presse. Mal lui en prend: il se heurte avec Fabrizio Barbazza et se relève avec une cheville gauche foulée ! « Il n'en manquera décidément jamais une... » pensent ses détracteurs. Heureusement, comme il dispose d'une boîte semi-automatique dans sa Williams, Mansell se sert rarement de ce pied.

 

Alain Prost a passé la semaine qui sépare les épreuves portugaise et espagnole à Marbella. Il reste muet sur son avenir, mais la presse ne cesse de formuler des hypothèses. Certains journalistes français évoquent maintenant une possible année sabbatique. Du reste, Claudio Lombardi discute avec Nelson Piquet qui semble avoir dit non aux propositions de Guy Ligier. Le Carioca serait une bonne recrue pour Ferrari, mais il n'est pas pilote Marlboro. Et puis la Scuderia est toujours en pleine effervescence. On se souvient qu'à Estoril, lors du warm-up, la 643 de Prost a pris feu à cause d'une canalisation mal fixée. Lombardi souhaite identifier le mécanicien responsable pour le sanctionner, mais ses collègues, outrés, menacent de se mettre en grève ! Le directeur sportif doit battre en retraite...

 

Alessandro Zanardi fait ses débuts en F1 au volant de la seconde Jordan. Âgé de 25 ans, ce jeune Bolonais dispute actuellement le titre international de Formule 3000 à son compatriote Emmanuele Naspetti et au Brésilien Christian Fittipaldi. Michael Bartels effectue sa dernière pige chez Lotus avant le retour définitif de Johnny Herbert. Il s'agit donc de son ultime chance de prendre le départ d'un Grand Prix.

 

Chrysler et Lamborghini repensent leur implication en F1: dorénavant la division sportive de la firme au taureau, Lamborghini Engineering, ne dépendra plus de Lamborghini Automobili mais de Chrysler. Selon certaines rumeurs, ces manœuvres ont pour but de mieux encadrer Mauro Forghieri. En ce qui concerne la prochaine saison, les clients du V12 Lambo seront Larrousse et Minardi. Quant à l'équipe semi-officielle Modena Team, elle devrait être liquidée faute de résultats et de financement.

 

Footwork est sur le point de confirmer son entente avec Honda qui lui fournira ses V10 Mugen en 1992. Jackie Oliver était pourtant opposé à cette association car en 1989, il avait déjà voulu s'entendre avec la firme nippone avant de se tourner vers Porsche. Les deux parties s'étaient quittées fâchées. Comme Porsche officialise son retrait de la F1, après le fiasco de son V12, Oliver aurait aimé récupérer le moteur Ilmor de Leyton House. Mais Wataru Ohashi, le boss de Footwork, refuse absolument que son nom soit mêlé, de près ou de loin, à celui de l'équipe de l' « escroc de l'année ». Le scandale Akira Akagi n'est en effet pas près d'être refermé. La compagnie Fujibank, volée par Akagi, a ainsi mis la main sur une partie des biens de Leyton House Racing, dont le V10 Ilmor...

Japon toujours: Gérard Larrousse annonce qu'il alignera l'an prochain Ukyo Katayama, l'actuel leader du championnat nippon de Formule 3000, soutenu par Doï, son nouveau partenaire, et par Cabin, une filiale de Japan Tobacco. L'autre volant pourrait être conservé par le très sérieux Éric Bernard, mais celui-ci lorgne aussi sur Ligier, du fait de ses liens avec Renault et Elf. « J'aimerais rester avec Gérard, mais il est hors de question de faire une troisième saison dans ces conditions », affirme le Martégal.

 

Essais et qualifications

Comme d'habitude, les pré-qualifications sont une formalité pour les Brabham de Brundle et Blundell. Alboreto se classe troisième. Tarquini réalise un bel exploit en qualifiant la Fomet qu'il découvrait. Caffi semble enfin avoir retrouvé ses sensations et n'échoue qu'à quelques centièmes de Tarquini. Pas de miracle pour les AGS, enterrées sans fleurs ni couronnes. Barbazza a au moins la satisfaction de devancer Grouillard qui a sélectionné des régalages trop osés.

 

La séance qualificative du samedi est perturbée par un vent violent qui balaie un bitume déjà glissant. L'adhérence des monoplaces est très précaire. En outre, Senna casse un moteur et répand de l'huile, ce qui occasionne un drapeau rouge. Berger réalise sa septième pole position (1'18''751''') après avoir dominé les deux sessions qualificatives. Senna se fourvoie vendredi dans son choix de pneus et est donc trahi samedi par son V12 Honda. Il n'en signe pas moins le troisième temps. Les Williams-Renault rencontrent des soucis techniques le vendredi et le lendemain ne peuvent améliorer à cause des conditions de piste. Mansell se classe deuxième, Patrese quatrième. Schumacher réalise une très belle performance en réalisant le cinquième chrono, avec plus d'une seconde d'avance sur Piquet, seulement dixième. On attendait les Ferrari véloces sur ce revêtement lisse. La déception est encore au rendez-vous: ni Prost (6ème), ni Alesi (7ème) ne bénéficient d'une bonne adhérence.

 

Les Leyton House (Capelli 8ème, Gugelmin 13ème) tirent parti de leur bon châssis grâce à l'asphalte neuf. Les Dallara sont également à l'aise, mais si Pirro se classe neuvième, Lehto casse sa boîte et sort de la route, et se retrouve quinzième. Les Brabham-Yamaha (Brundle 11ème, Blundell 12ème) signent un beau tir groupé en sixième ligne. Les Tyrrell (Modena 14ème, Nakajima 18ème) sont rapides mais pâtissent d'un sérieux sous-virage. Les Minardi déçoivent beaucoup. Morbidelli (16ème) et Martini (19ème) incriminent un train arrière sautillant et un V12 Ferrari asthmatique. Les Jordan-Ford marquent le pas. Elles manquent de grip et ne parviennent pas à faire chauffer leurs pneus de qualifications. De Cesaris n'est que 17ème, le néophyte Zanardi 20ème. Jolie performance d'Häkkinen, 21ème au volant de son antique Lotus-Judd. Bartels sort très fort le vendredi et échoue encore une fois à se qualifier. Tarquini (22ème) se place sur la grille pour sa première sortie avec la Fondmetal. Bernard (23ème) sauve sa Lola-Ford. Suzuki enregistre une nouvelle non-qualification à cause d'un violent survirage. Alboreto (24ème) n'a pas trop de peine avec une Footwork en progrès. Les Ligier (Boutsen 25ème, Comas 26ème) n'ont aucun grip et échappent in extremis au couperet. Celui-ci s'abat en toute logique sur les Lambos de Larini et van de Poele qui ne tiennent pas la route.

 

Briefing et noms d'oiseaux

Dimanche midi, Jean-Marie Balestre prodigue ses dernières recommandations aux pilotes. Songeant au numéro de rodéo exécuté par Mansell à Estoril, il les prie d'éviter les manœuvres inconsidérées au feu vert. « Des noms ! Des noms ! » s'exclame Piquet, taquin. Au même instant, pour s'amuser, Berger fait mine de donner un coup de pied sur la cheville intacte de Mansell. Lequel enrage et lance à Balestre: « Si c'est pour moi que vous dites cela, vous devriez visionner les récents départs de Senna ! » Outré, le Brésilien lui répond très violemment: « Tu n'es qu'un enfoiré, un gros tas de m**** ! Si c'est comme cela, il faudrait revoir tous tes départs de m**** ! » Mansell se lève, injurie Senna, et part en claquant la porte ! Les deux rivaux n'ont pas été réconciliés très longtemps...

 

Sur ce, éclate une nouvelle controverse: Flavio Briatore accuse Jean Alesi d'avoir changé ses pneus au Portugal dans une position dangereuse. Claudio Lombardi vole à la défense de son pilote: « - Flavio, occupe toi de ton *** ! - Ta g***** ! Sac à m**** ! » réplique le patron de Benetton... Balestre lève la séance avant que les deux Italiens n'en viennent aux mains...

 

Le Grand Prix

Mauvaise nouvelle pour les pilotes: la pluie s'invite sur Montmelo dimanche matin. Les sorties sont nombreuses lors du warm-up. La piste neuve n'offre que fort peu d'adhérence. Le temps est ensuite très variable entre midi et deux heures. A dix minutes du feu vert, une ondée humidifie l'asphalte. Les mécaniciens fixent des pneus rainurés aux bolides. Alors que ceux-ci s'engagent pour le tour de formation, la pluie cesse ! Trop tard pour les audacieux qui auraient voulu chausser des slicks...

 

Sur la grille, Jean-Marie Balestre présente les pilotes au tout-puissant président du CIO Juan Antonio Samaranch, lequel aimerait faire de cette épreuve le « Grand Prix des Jeux olympiques » en 1992.

 

Départ: Berger démarre très bien contrairement à Mansell qui fait patiner ses roues et laisse passer Senna. Schumacher peine à démarrer et surprend Alesi, situé derrière lui. L'Avignonnais braque tout à droite, poussant ainsi Prost, avant de revenir sur la trajectoire, derrière la Benetton de Schumacher. Un louvoiement assez dangereux... Berger est premier au freinage devant Senna, Mansell, Schumacher, Alesi et Patrese. Prost est enfermé dans le paquet.

 

1er tour: La piste est glissante et piégeuse. Pirro et Capelli doublent un Patrese très prudent. Schumacher surprend Mansell au virage n°5. Un peu en amont, Boutsen fait un travers pour éviter Alboreto et se fait harponner par Bernard. Le Belge et le Français atterrissent dans les graviers et doivent renoncer. Modena exécute un tête-à-queue, tout comme Blundell qui a touché Lehto. Schumacher se porte à la hauteur de Senna dans les derniers virages, en vain. Les pneus Pirelli sont très efficaces sur piste humide. Berger mène ce premier tour devant Senna, Schumacher, Alesi, Pirro, Capelli, Patrese, Brundle, Piquet, Lehto et Prost.

 

2e: Capelli fait l'intérieur à Pirro au premier virage. Les deux Italiens franchissent le premier enchaînement côte à côte, et finissent par se toucher. Capelli glisse et part en tête-à-queue sur le bitume. Tout le monde l'évite, mais il abandonne, moteur calé. Piquet dépasse Brundle. Mansell réalise l'extérieur sur Schumacher dans le très difficile virage n°12. Le voici troisième. Pirro regagne les stands pour faire réparer sa voiture et chausser des pneus lisses.

 

3e: Berger compte quatre secondes d'avance sur Senna, très menacé par Mansell. Prost passe par les stands pour mettre des slicks.

 

4e: L'averse a tout fait cessé et la piste s'assèche très vite. Mansell se montre pressant derrière Senna. Piquet, Blundell, Nakajima et de Cesaris font halte aux stands pour prendre des slicks.

 

5e: Mansell prend l'aspiration de Senna en sortant de la dernière courbe, puis le déborde par l'intérieur. La McLaren et la Williams dévalent la très longue ligne droite roues contre roues. Les deux bolides se frôlent à 280 km/h et se rapprochent encore à l'abord du freinage. Les spectateurs retiennent leur souffle. Mieux placé, Mansell s'impose. Senna reste à gauche et tente de riposter au virage suivant, en vain. Schumacher remplace ses pneus, imité par Modena.

 

6e: Berger compte neuf secondes d'avance sur le duo Mansell - Senna. Patrese prend la quatrième place à Alesi. Brundle entre en contact avec Lehto. L'Anglais se retrouve sixième tandis que le Finlandais dégringole au classement. Alboreto heurte Häkkinen. Le pilote Lotus crève à l'arrière, quitte la piste et atterrit contre une barrière de pneus. Alboreto passe par le stand Footwork pour changer ses pneus et son capot-moteur.

 

7e: Brundle entre aux stands en fin de tour pour mettre des slicks. Il abandonne la sixième place à Gugelmin. Arrêts également pour Lehto et Zanardi.

 

8e: Mansell est le plus rapide en piste. Gugelmin connaît un changement de pneus catastrophique (30 secondes perdues !) Morbidelli et Tarquini s'équipent aussi en slicks. Comas recueille la sixième place, mais il est suivi par Prost, Piquet et Schumacher.

 

9e: Berger arrive chez McLaren pour prendre les Goodyear lisses. Les mécaniciens tardent à fixer les pneus avant, et l'Autrichien ne redémarre qu'au bout de dix-sept secondes, entre Alesi et Comas. Mansell est en tête. Arrêt pneus pour Martini.

 

10e: Mansell et Senna pénètrent de concert aux stands, laissant Patrese aux commandes du Grand Prix. Le Brésilien reprend la piste quelques secondes devant le Britannique. Mais si ce dernier prend quatre Goodyear « B » durs, Senna sélectionne deux « C » tendres à gauche, un choix audacieux. Magic retrouve la piste juste devant Berger. Schumacher dépasse Piquet. Changement de gommes pour Comas.

 

11e: Patrese et Alesi prennent à leur tour des slicks. Le Français ressort devant l'Italien. Senna se retrouve premier, un souffle devant Berger. Mansell est troisième, très menacé par Prost. Suivent les Benetton de Schumacher et de Piquet et la Brabham de Brundle.

 

12e: La pluie réapparaît. Berger déborde Senna au premier virage. L'incroyable Schumacher dépasse Prost et vient menacer Mansell. Plus loin, de Cesaris passe devant Patrese.

 

13e: L'averse redouble et la piste redevient glissante. Mansell et Schumacher sont dans la boîte de Senna. Le Pauliste part en tête-à-queue en sortant de l'ultime courbe. La McLaren échoue en marche arrière dans le gazon, sans rien toucher. Senna parvient à redémarrer en septième position.

 

14e: Berger mène devant Mansell (6s.), Schumacher (6.6s.), Prost (8.8s.), Piquet (11s.), Brundle (13s.), Senna (13.5s.), Alesi (15s.), de Cesaris (19s.) et Patrese (20s.). Pirro, Modena et Nakajima repassent par les stands pour mettre des pneus rainurés.

 

15e: Mansell décramponne Schumacher et refait facilement son retard sur Berger. Senna et Alesi doublent Brundle.

 

16e: L'intempérie cède la place à un crachin. Les pilotes pourront rester en slicks. Mansell fond sur Berger. Senna et Alesi effacent Piquet. Brundle est à la peine: il est doublé par de Cesaris puis Patrese, et au tour suivant par Lehto.

 

17e: Mansell colle son nez dans la boîte de Berger et se décale dans la longue ligne droite. Mais la McLaren est un peu plus rapide que la Williams et conserve l'ascendant. Mal avisés, Modena, Nakajima et Pirro retournent aux les stands pour remettre les slicks.

 

18e: Berger mène devant Mansell (0.5s.), Schumacher (5.4s.), Prost (7s.), Senna (14.6s.), Alesi (15.5s.) et Piquet (18s.).

 

19e: Mansell demeure collé à Berger. Schumacher se rapproche des deux leaders tandis que Senna repousse les assauts d'Alesi.

 

21e: Mansell fait l'intérieur à Berger dans la première grande courbe. Le Tyrolien ne lui laisse qu'un très faible espace. Ils abordent côte à côte le droit serré dit « Repsol », Mansell à la corde. A la décélération, tous deux rencontrent du sous-virage et amorcent une glissade, mais Mansell se jette tout de même dans le virage, frôle la roue avant-gauche de son adversaire, et passe ! Juste derrière Berger, se profile Schumacher qui tente de se décaler dans le « pif-paf » « Nissan ». Mais la Benetton part en aquaplanage et l'Allemand ne peut éviter le tête-à-queue. Il reprend la piste au prix d'un 360°, devant son équipier Piquet.

 

22e: Mansell est leader devant Berger (1.3s.), Prost (8.8s.), Senna (14s.), Alesi (14.3s.), Schumacher (18s.), Piquet (21s.), de Cesaris (23s.), Patrese (24s.), Lehto (30s.) et Brundle (37s.).

 

23e: Mansell et Berger évoluent dans le trafic. Alesi pourchasse Senna. De Cesaris abandonne: la cosse de sa batterie est desserrée.

 

25e: L'asphalte est désormais sec. Mansell compte deux secondes d'avance sur Berger. Alboreto se retire suite à une rupture de moteur.

 

27e: Alors que Mansell s'envole vers la victoire, son équipier Patrese poursuit Piquet, handicapé par une Benetton réglée pour la pluie.

 

28e: Mansell devance Berger (2.5s.), Prost (11.6s.), Senna (16.3s.), Alesi (17s.) et Schumacher (18s.). Patrese dépasse Piquet.

 

29e: Alesi écope d'un « stop-and-go » de dix secondes pour « comportement inadapté au départ ». Le pauvre Français pénètre dans la pit-lane, observe sa pénalité et reprend la piste en neuvième position, entre Lehto et Brundle.

 

30e: Schumacher s'arrête chez Benetton suite à une crevaison sur son pneu arrière droit. Par malchance, Piquet rejoint lui aussi les stands pour remplacer ses Pirelli. Lorsqu'il aperçoit que son coéquipier, il doit reprendre la piste avec ses gommes usées.

 

31e: Piquet entre pour la troisième fois aux stands et cette fois peut changer d'enveloppes.

 

32e: Mansell mène devant Berger (3.9s.), Prost (15s.), Senna (24s.), Patrese (28s.), Lehto (36s.), Schumacher (46s.), Alesi (47s.), Brundle (51s.) et Piquet (53s.).

 

33e: Alesi prend la septième position à Schumacher.

 

34e: Berger regagne son garage avec un moteur cafouillant. L'allumage vient de céder sur la McLaren, et le grand Gerhard est contraint à l'abandon. Nouveau changement de pneus pour Nakajima.

 

35e: Mansell compte dix-huit secondes de marge sur Prost. Lehto change ses gommes et parvient à repartir devant Brundle.

 

36e: Patrese est dans la roue de Senna. Piquet se débarrasse dans le même tour de Brundle, puis de Lehto. Comas arrive chez Ligier pour faire examiner son moteur qui coupe par intermittence. Arrêt pneus pour Modena.

 

38e: Patrese prend l'aspiration de Senna et le dépose au bout de la longue pleine charge. Comas met pied à terre suite à ses problèmes électriques.

 

40e: Mansell précède Prost (16.1s.), Patrese (37.6s.), Senna (40.6s.), Alesi (47.1s.), Schumacher (54.3s.), Piquet (1m. 05s.), Lehto (1m. 17s.), Brundle (1m. 18s.), Morbidelli (-1t.), Gugelmin (-1t.) et Zanardi (-1t.).

 

42e: Mansell est englué dans le trafic. Il perd beaucoup de temps derrière Brundle qui poursuit Lehto.

 

43e: Très remonté après sa pénalité, Alesi pourchasse Senna et lui reprend plusieurs dixièmes.

 

44e: Brundle dépasse Lehto qui s'écarte ensuite devant Mansell. Piquet doit chausser un troisième train de Pirelli et chute en onzième position.

 

45e: Brundle bouchonne toujours Mansell. Alesi est dans les échappements de Senna. Quatrième arrêt pour Nakajima.

 

46e: Mansell se défait enfin de Brundle. Il compte encore dix-sept secondes de marge sur Prost. Tyrrell semble solder son stock de Pirelli: Modena prend son cinquième jeu de l'après-midi !

 

48e: Alesi met la pression sur Senna dont la McLaren sous-vire beaucoup.

 

50e: Alesi se blottit derrière Senna au passage devant les stands puis se décale pour plonger à l'intérieur au freinage. Le Brésilien le tasse vers la droite, mais Jean d'Avignon escalade le vibreur, frôle la McLaren, déportée vers l'extérieur, et s'empare ainsi de la quatrième place ! Gugelmin dépasse Morbidelli.

 

51e: Mansell devance Prost (21s.), Patrese (35s.), Alesi (44s.), Senna (46s.), Schumacher (1m. 07s.), Brundle (-1t.), Lehto (-1t.) et Gugelmin (-1t.). Piquet efface Morbidelli. Le moteur de Blundell meurt dans un panache de fumée.

 

53e: Patrese semble être la prochaine cible d'un Alesi très incisif, mais il jouit encore d'un matelas de huit secondes. Senna se contente de sa cinquième place, vu l'équilibre précaire de sa machine.

 

54e: Le moteur de Piquet coupe par moments. Le Carioca repasse une quatrième fois par son stand pour remettre des pneus neufs. Il se retrouve treizième derrière Zanardi et Martini.

 

56e: Patrese réduit son retard sur Prost, mais doit surtout surveiller le retour d'Alesi qui enchaîne les meilleurs tours (1'23''078'''). Brundle rencontre des problèmes d'alimentation et se trouve sous la menace de Lehto et de Gugelmin.

 

57e: Mansell conduit à sa main, avec vingt secondes de marge sur Prost qui rencontre des attardés.

 

59e: Alesi n'est plus à qu'à trois secondes de Patrese. Gugelmin déborde Lehto, avant que tous deux ne règlent son compte à Brundle.

 

60e: Mansell devance Prost (19.6s.), Patrese (26s.), Alesi (28s.), Senna (55s.), Schumacher (1m. 12s.), Gugelmin (-1t.) et Lehto (-1t.). Morbidelli, Zanardi et Martini dépassent Brundle.

 

61e: Alesi boucle son tour le plus rapide de la journée (1'22''978''') et revient à moins de deux secondes de Patrese.

 

62e: Meilleur chrono du jour pour le leader Mansell (1'23''293'''). Prost est repoussé à vingt secondes.

 

63e: Patrese conclut le meilleur tour de la course (1'22''837'''). Alesi se trouve à deux secondes et ne pourra pas l'attaquer. La dernière bataille oppose Morbidelli, neuvième, à ses poursuivants Zanardi et Martini.

 

64e: Zanardi attaque Morbidelli à l'entame de la seconde courbe sans apercevoir que Martini est à ses côtés. S'en suit un carambolage entre la Jordan et les deux Minardi. Morbidelli part en tête-à-queue dans les graviers, Martini tort sa suspension arrière-droite et Zanardi peut poursuivre sans dommage.

 

65ème et dernier tour: Nigel Mansell remporte pour la seconde fois le GP d'Espagne devant Prost et Patrese. Alesi termine quatrième à la force du poignet. Senna se satisfait d'une médiocre cinquième place. Schumacher glane un point supplémentaire. Viennent ensuite Gugelmin, Lehto, Zanardi, Brundle, Piquet, Tarquini, Martini (qui franchit la ligne sur trois roues), Pirro, Modena et Nakajima.

 

Après la course: Mansell entretient le suspens

Nigel Mansell a oublié sa laryngite et sa cheville enflée. Cette victoire relance en effet l'intérêt du championnat: « Je suis très fatigué, mais très heureux. Je n'ai pas pris un bon départ, probablement parce que la piste était plus sale sur la droite. Quand Senna a fait son tête-à-queue, je ne savais pas comment ça allait se terminer. Mais heureusement, j'ai choisi de prendre la droite et je suis passé. Avec Berger, cela a été chaud aussi. J'ai dû attaquer fort, même dans la seconde partie de la course, car les conditions de piste changeaient tout le temps. Et Prost n'était pas loin. » « Rien n'est joué, mais je respire mieux », soupire Frank Williams. Pour une petite unité, son équipe reprend l'avantage sur McLaren-Honda (117 points contre 116) au championnat des constructeurs.

 

Ayrton Senna a sans doute délivré la plus médiocre prestation de sa carrière. Faute vénielle puisqu'il compte encore seize points de marge sur Mansell. Selon toute vraisemblance, il sera titré à Suzuka. Mais le guerrier est très éprouvé par ce revers: « Jamais je n'ai disputé une course aussi dure pour un résultat aussi mince. » Pis, Magic se plaint d'avoir été bousculé par Mansell et Alesi. « C'étaient des dépassements à la limite de l'acceptable. Je me suis écarté parce que je joue le championnat. Mais ça commence à bien faire ! » On croirait entendre Alain Prost...

 

Prost, justement, ne se satisfait pas de sa seconde place et s'estime bridé par son écurie: « Que la voiture redevienne compétitive, ce n'est pas suffisant ! Si je conduisais pour une autre équipe, mes choix auraient prévalu. J'aurais mis des slicks au départ, car c'était la meilleure solution. Et j'aurais gagné. Mais je suis chez Ferrari... » Jean Alesi quant à lui ne digère pas sa pénalité: « Schumacher a raté son départ. Comme je ne connais pas encore très bien ce gaillard, je l'ai laissé passer. J'ai mis les roues à droite pour ne pas le heurter. Et je suis puni pour ça ! » L'Avignonnais fulmine: lui aussi est persuadé que les lauriers devaient lui revenir...

 

La bataille pour le titre mondial se décidera donc au Japon. Ron Dennis et Frank Williams battent le rappel des troupes pour cette ultime joute. Loin de cette agitation, Flavio Briatore congratule son jeune poulain Michael Schumacher. Le début de course de l'Allemand, sur le mouillé, a impressionné. Sans son tête-à-queue, il pouvait dépasser Berger, puis Mansell. Et pourquoi ne pas remporter son quatrième Grand Prix de Formule 1...

Tony