En 1980 le Grand Prix d'Italie a été déplacé de Monza à Imola. Furieux de cette décision, les Lombards ont exigé le retour de la course sur le populaire autodrome dès la saison 81. La FISA a obtempéré mais aussi choisi de donner une autre chance à Imola. C'est ainsi qu'est créé le Grand Prix de Saint-Marin, la petite république servant de prête-nom à cette seconde manche italienne du championnat du monde. Une seule modification : la chicane d'Acque Minerale a été redessinée afin d'être franchie plus rapidement.
Lotus au bord du gouffre: interdiction de la 88 et faillite d'Essex
Après que sa Lotus 88 à double châssis a été recalée trois fois par les commissaires sportifs, à Long Beach, Rio et Buenos Aires, Colin Chapman porte l'affaire devant le tribunal d'appel de la FIA. Son ami le journaliste Gérard Crombac, membre de la commission technique de la fédération, se dépense en sa faveur. Mais en vain. Chapman est débouté. Cette voiture révolutionnaire ne roulera jamais en compétition. La déception est grande à Hethel. Elio de Angelis résume le sentiment général : « Je pouvais envisager de grands exploits avec cette voiture. [...] Il ne me reste plus rien à espérer de cette saison. [...] Il est temps que cessent ces polémiques. Pourquoi nous reprocher un double châssis alors que la Brabham de Piquet est, elle, franchement illégale ? Tout le monde a peur de Bernie Ecclestone, alors que nous, personne ne nous craint... »
Mais il y a pire pour Lotus. Tout d'abord cette amende de 100 000 dollars infligée par Jean-Marie Balestre suite au violent communiqué de presse rédigé par Chapman en Argentine. Puis fin avril, tombe l'incroyable nouvelle : David Thieme est arrêté à Zurich, soupçonné de fraude par sa banque le Crédit suisse. Du fait du contre-choc pétrolier, l'empire Essex s'écroule en quelques semaines. Libéré grâce à une caution payée par Mansour Ojjeh, Thieme disparaît dans la nature. Il laisse une équipe Lotus créancière de plusieurs millions de dollars. Comme de plus l'équipe n'a pas le temps de mettre à jour les vieilles Lotus 81, Chapman est contraint de déclarer forfait pour le Grand Prix de Saint-Marin, une première depuis onze ans et la mort de Jochen Rindt. Il lui faut désormais trouver au plus vite un nouveau sponsor. Dans sa grande mansuétude, Balestre décide de lui faire grâce de son amende de 100 000 dollars...
L'affaire des compensateurs: la traque à l'effet de sol
Trois semaines se sont écoulées depuis le Grand Prix d'Argentine. Cette manche a été remportée par la Brabham BT49C de Nelson Piquet équipée de suspensions hydropneumatiques permettant de reproduire l'effet de sol en action, tout en respectant la règle de la FISA imposant une garde au sol de six centimètres... à l'arrêt. Les autres équipes ont porté plainte contre Brabham, sans succès puisqu'officiellement le règlement n'était pas violé. Du coup, elles décident de ne plus s'embarrasser de scrupules et s'inspirent du dispositif inventé par Gordon Murray pour créer leurs propres compensateurs. Une manette installée dans le cockpit permet même aux pilotes de l'actionner ! Williams, Talbot-Ligier, Tyrrell, Arrows, Osella et Fittipaldi se présentent donc à Imola avec des bolides munis de ces divers correcteurs d'assiette.
En parallèle, ces mêmes équipes imaginent d'autre systèmes permettant d'accroître la déportance, notamment des cloisons souples bouchant l'espace entre les roues arrière et l'extrémité des pontons latéraux, ou des plaques de garde flexibles à l'extrémité des volets avant. On trouve ces pièces sur les Williams, Tyrrell, McLaren, Alfa Romeo, ATS, Ensign, Osella, Fittipaldi, Arrows et Theodore. Ces dernières innovations sont rejetées par les commissaires techniques de la FISA.
Hélas pour les malheureux officiels, ils s'aperçoivent dès le jeudi qu'en piste presque toutes les voitures raclent le sol en un point ou un autre. Une nouvelle opération de vérification a donc lieu le vendredi matin. Seules les Renault et les Toleman passent cet examen avec succès. Puis Williams, Alfa Romeo et Osella rejoignent la piste après avoir mis leurs modèles en conformité. Toutes les autres équipes, soit les membres de la FOCA, sont contraintes de se croiser les bras. Mis au pied du mur, Bernie Ecclestone use de son arme favorite : la menace du forfait. Il tente de convaincre l'avocat italien Roberto Causo, également commissaire sportif, du bien-fondé de ses arguments. Sans succès.
Causo demande alors à Jean-Marie Balestre d'intervenir. Le président de la FISA convoque tous les constructeurs et joue les médiateurs. Il décide de tolérer les suspensions hydropneumatiques et assimilés à condition que la garde au sol de six centimètres soit respectée. En revanche les autres matériaux « flexibles » sont interdits. Mais il accepte d'ouvrir un débat sur la définition de l'adjectif « flexible ». La diplomatie balestrienne est pour une fois à la hauteur. Les constructeurs sont satisfaits. Il n'y aura pas un nouveau « Jarama 80 ».
Présentation de l'épreuve
Brabham arrive à Imola avec un nouveau système de suspensions hydropneumatiques, évolution du dispositif de Gordon Murray. Mais sa mise au point va s'avérer délicate.
Ferrari aborde évidemment cette course avec anxiété. La 126 CK à moteur turbo n'a pour l'instant pas terminé une seule course. Des essais intensifs ont été effectués afin d'améliorer une tenue de route très précaire. La voiture a été allégée et les suspensions arrière revues. Le moteur quant à lui a déjà fait montre de toute sa puissance. Gilles Villeneuve va bénéficier de deux modèles, un à empattement long, l'autre à empattement court.
Après la désastreuse campagne sud-américaine, Talbot-Ligier-Gitanes-Matra (ouf !) a effectué de nombreux entraînements sur la piste d'essais de Michelin. La JS17 est complètement révisée : nouvelle carrosserie, nouveaux pontons et système hydropneumatique de garde au sol, comme sur le Brabham BT49C, développé en collaboration avec Citroën.
RAM-March reçoit le renfort de deux ingénieurs réputés, Gordon Coppuck et Ralph Bellamy qui a quitté Ensign. Ils ne seront pas trop de deux pour développer les pataudes 811 qui jusqu'ici n'ont pas su se qualifier.
En Argentine l'irascible Gunter Schmidt s'est violemment opposé à ses mécaniciens qui voulaient monter contre sa volonté un nouvel aileron. Résultat, une partie du staff technique a démissionné, dont le chef d'équipe Jo Ramirez et le chef mécanicien Roy Topp. Schmidt débarque à Imola avec un nouveau directeur sportif, Roger Heavens, et un deuxième pilote, le Suédois Slim Borgudd, soutenu financièrement par le groupe ABBA dont il est l'ancien batteur. On dit que son équipier Jan Lammers serait sur la sellette.
Ken Tyrrell s'est enfin trouvé un pilote permanent pour sa seconde 010 après l'intérim réalisé par le pâle Zunino en Amérique du Sud. Il s'agit de l'Italien Michele Alboreto, âgé de 24 ans, champion d'Europe de F3 en 1980. Alboreto est un « poulain » du fameux comte Zanon, l'ancien protecteur de Ronnie Peterson. Il apporte quelques lires à Tyrrell qui accueille à bras ouverts ce jeune talent.
En 1980 l'équipe de Ted Toleman a remporté le championnat d'Europe de Formule 2 avec Brian Henton grâce à une TG280 propulsée par un moteur Hart. Toleman et son directeur sportif Alex Hawkridge décident de franchir le cap de la F1. Pour cela Rory Byrne et Brian Hart déclinent la TG280 en TG181, une voiture volumineuse. Elle sera équipée d'un moteur turbo Hart et de pneus Pirelli, ce qui permet au manufacturier italien de faire son retour en Formule 1 après 24 ans d'absence. Les pilotes sont les mêmes qu'en F2 : l'expérimenté Brian Henton et le jeune et prometteur Derek Warwick. L'équipe Toleman reçoit le « sponsoring » de Candy qui a abandonné Tyrrell.
Une rumeur court le paddock : Niki Lauda aurait engagé des contacts avec Ron Dennis dans le but de tester la McLaren MP4. Le double champion du monde autrichien est de retour dans le paddock à Imola, et il se murmure qu'il envisagerait sérieusement un retour prochain en Formule 1.
Pneumatiques: arrivée d'Avon pour concurrencer Michelin
Depuis le début de l'année les équipes de la FOCA ont dû se résigner à accepter le monopole de Michelin dans la fourniture des pneumatiques. Cette collaboration ne leur a guère fourni de désagréments jusqu'à ce jour. Néanmoins Bernie Ecclestone souhaite mettre un terme à ce monopole et encourage le manufacturier britannique Avon à s'engager en Formule 1. Pour le moment seule l'écurie d'Emerson Fittipaldi utilise ces nouvelles gommes. Chez Avon l'ingénieur Jean-François Mosnier se trouve à la tête d'une équipe composée d'anciens techniciens de Goodyear.
De son côté Michelin annonce son intention de passer contrat avec deux équipes équipées d'un moteur Ford-Cosworth, ce qui porterait son nombre de clients à six.
Les qualifications
Villeneuve démontre enfin les qualités de la nouvelle Ferrari. Au volant du modèle à empattement court il réalise une étonnante pole position qui ravit les tifosi. Moins à l'aise avec le modèle à empattement long, Pironi obtient tout de même le sixième rang. La Scuderia Ferrari effectue devant son public son retour au premier plan. Reutemann accompagne Villeneuve en première ligne tandis que Jones, handicapé par des soucis techniques et du trafic, se contente du huitième temps. Les Renault sont très véloces ici. Arnoux et Prost composent la deuxième ligne. Les mécaniciens de Brabham ont perdu du temps à cause de la nécessité de monter des jupes plus rigides. D'où une décevante cinquième place pour Piquet. Watson est confiant car sa McLaren MP4 est en plein progrès. Il se classe septième. Patrese est neuvième au volant d'une Arrows à nouveau très modifiée. Il y a du mieux chez Ligier puisque Laffite se qualifie en dixième position malgré de nombreux problèmes de fiabilité. Jabouille parvient à se qualifier au 18ème rang.
Sans les jupes flexibles, les nouvelles suspensions installées sur les Alfa Romeo sont inefficaces. Giacomelli et Andretti sont repoussés en sixième ligne. Ils devancent Rebaque et de Cesaris. Rosberg se classe quinzième avec les nouveaux pneus Avon. Tambay est 16ème avec la Theodore. Surprise chez Tyrrell où le débutant Alboreto (17ème) fait mieux que Cheever (19ème). Les Osella ont perdu 15 kilos et les résultats sont enfin là : les deux voitures italiennes se qualifient : Gabbiani est vingtième, Guerra vingt-deuxième. En fond de grille on retrouve aussi l'Ensign de Surer, la March de Salazar et l'ATS de Borgudd qui fait plutôt bonne impression.
Ne sont pas qualifiés Daly, Stohr, Serra (qui a cassé un moteur), Lammers, ainsi que les Toleman de Warwick et de Henton qui ont subi une foule de soucis techniques. Leurs machines ont peu roulé en essais et ne sont pas encore au point.
Le Grand Prix
Le temps est froid et humide sur la Romagne en ce 3 mai 1981. La pluie tombe en fin de matinée et la piste est détrempée au moment du départ. Tout le monde s'élance en pneus rainurés, exceptés Tambay, Rosberg et Surer. Cela va mal chez Williams car les jantes de la FW07C ne conviennent pas aux pneus Michelin rainurés, ce qui engendre de fortes vibrations.
Seules les Brabham, les Talbot-Ligier et la Fittipaldi de Rosberg ont conservé leurs systèmes de suspensions compensées pour la course. Chez Ferrari, Villeneuve et Pironi utilisent tous les deux le modèle à empattement court.
Départ: Villeneuve et Reutemann conservent leurs positions et entament la grande courbe Tamburello roues contre roues. Le Canadien conserve l'avantage tandis que l'Argentin se voit déborder par Pironi qui a anticipé le départ. Prost est très mal parti à cause d'une boîte défectueuse. Dans Tamburello Guerra est percuté par Salazar. Il perd le contrôle de son Osella et se fracasse contre le rail. Le Chilien poursuit sa route avec un aileron tordu.
1er tour: Les deux Ferrari sont en tête. Jones attaque Reutemann à Piratella. L'Argentin se rabat devant son équipier et abîme l'aileron avant de celui-ci. Villeneuve mène devant Pironi, Reutemann, Jones, Patrese, Arnoux, Watson, Laffite, Piquet et Rebaque. Guerra est extrait de son Osella avec une cheville cassée et une main blessée.
2e: Les Ferrari s'échappent. Les drapeaux jaunes sont brandis dans Tamburello d'où Guerra est évacué en ambulance. Patrese déborde Jones qui se débat avec une tenue de route très précaire.
3e: Malgré une moustache de travers, Jones poursuit sa route, mais se fait déborder à Tosa par Arnoux, puis par Watson et dégringole dans le classement. Villeneuve mène devant Pironi (2.3s.), Reutemann (5.2s.), Patrese (6.6s.), Arnoux (10.3s.) et Watson (11s.).
4e: Jones est au stand Williams pour faire changer son train avant et chausser des slicks. Il ressort vingt-deuxième. Prost entre au stand Renault pour abandonner, boite de vitesses cassée. Une ambulance transportant Guerra roule dans l'herbe après Tosa. Jabouille s'arrête chez Talbot pour faire vérifier son moteur qui a des ratés.
5e: Watson commet une faute au freinage de la chicane et arrache sa calandre contre l'arrière d'Arnoux. Naviguant avec une calandre abîmée, Salazar part en tête-à-queue dans la ligne droite principale mais repart sans perdre de place.
6e: Patrese passe Reutemann. Watson est aux stands pour faire réparer sa voiture et perd beaucoup de temps puisqu'il repart vingtième. Nouvel arrêt de Jabouille.
7e: Villeneuve a deux secondes et demie d'avance sur Pironi. Patrese et Reutemann sont relégués à huit secondes. Trop pressé, Laffite attaque Arnoux à Rivazza et le percute. Les deux voitures partent dans le gazon. Si Arnoux parvient à repartir derrière Piquet, c'est terminé pour Laffite qui a brisé une suspension.
8e : Arnoux se retrouve sous la pression de Rebaque. Un peu plus loin viennent les pilotes Alfa Romeo en bagarre avec de Cesaris. Laffite regagne son stand pour abandonner.
9e: Les deux Ferrari sont toujours en tête, avec près de dix secondes d'avance sur Patrese et Reutemann. Rebaque passe Arnoux à la Variante Bassa. Le Grenoblois se débat avec une roue faussée depuis son accrochage avec Laffite.
11e : Statu quo en tête. Les deux Ferrari dominent avec douze secondes d'avance sur Patrese. Piquet commence à se rapprocher de Reutemann qui subit de fortes vibrations à cause de ses pneus avant.
13e : La piste s'assèche quelque peu. En roulant derrière Jones chaussé des slicks, Villeneuve s'aperçoit que celui-ci tient le rythme. Il décide donc de monter prochainement les mêmes gommes.
14e : Changement de pneus pour Borgudd. Troisième passage aux stands pour Jabouille dont le moteur ratatouille toujours.
15e: Villeneuve entre aux stands pour mettre des slicks. L'arrêt dure près d'une minute. Le Québécois repart dixième. Pironi mène désormais devant Patrese, tandis que Piquet prend la troisième place à Reutemann. Rosberg arrête sa Fittipaldi dans l'herbe, moteur cassé.
16e: Pironi mène devant Patrese (8.4s.), Piquet (12.7s.), Reutemann (14.1s.), Rebaque (28.4s.) et Arnoux (34.4s.). Suivent Andretti, Giacomelli, de Cesaris et Cheever. Catastrophe pour Villeneuve : il pleut de nouveau ! Borgudd, qui le premier avait mis les slicks, revient aux stands pour remettre les Michelin rainurés.
17e : Watson et Surer sont dans les stands pour changer leurs pneus. Jones s'arrête une seconde fois pour remettre les pneus rainurés.
18e: Après avoir perdu quelques places, Villeneuve se rend compte que la météo n'est pas du tout en sa faveur et repasse par le stand Ferrari pour remettre des pneus pluie. Il n'est plus que quatorzième et a perdu la course.
19e: Piquet remonte sur Patrese. Surer est aux stands pour mettre des pneus pluie. Nouvel arrêt de Jones à cause d'un pneu déséquilibré. L'Australien perd toute chance d'inscrire un point.
20e: Pironi compte neuf secondes d'avance sur Patrese, onze sur Piquet. Parti en pneus lisses, Tambay chausse les pneus rainurés.
21e: Piquet est dans les roues de Patrese et l'attaque par l'intérieur à Tosa, sans succès.
22e: Piquet parvient cette fois à passer Patrese.
23e: Pironi mène devant Piquet (10.1s.), Patrese (10.9s.), Reutemann (22s.), Rebaque (36.5s.) et Arnoux (43.4s.). Suivent Giacomelli, de Cesaris, Cheever et Andretti. Salazar commet une erreur à Acque Minerale et s'y retrouve arrêté, en pleine piste. Bien que cela soit très dangereux, des commissaires poussent sa March et lui permettent de se relancer dans la montée vers la Variante Alta.
25e : Piquet rattrape facilement Pironi. Il est revenu à six secondes de la Ferrari dont la jupe droite est endommagée, ce qui altère la tenue de route.
26e: Avant Piratella De Cesaris attaque Giacomelli par l'extérieur mais se fait tasser. Les roues de la McLaren et de l'Alfa Romeo se frôlent mais finalement le débutant italien parvient à passer son rival, qui a dû lever le pied pour éviter un drame.
27e: Piquet est à moins de cinq secondes de Pironi. Giacomelli, Cheever et Andretti sont roues dans roues. Mais le vétéran américain ne va pas aller beaucoup plus loin car sa boîte de vitesses se bloque en troisième. C'est l'abandon.
29e: Dans la montée vers Piratella Giacomelli et Cheever s'accrochent. L'Italien part dans une embardée et percute violemment le rail, tandis que l'Américain continue sa course avant d'échouer dans l'herbe à Piratella avec la suspension avant-gauche brisée. Du coup, avec ces abandons, Alboreto, Gabbiani et Villeneuve se retrouvent respectivement huitième, neuvième et dixième.
30e: La pluie s'est arrêtée mais la piste demeure humide. Piquet est revenu à 2.5s. de Pironi. Patrese est à six secondes. Bien plus loin, de Cesaris chipe la sixième place à Arnoux. Un échappement s'est cassé sur la Renault.
32e: Étonnant huitième sur son Osella, Gabbiani attaque Alboreto à Tosa, mais ne réussit qu'à le percuter. Il finit sa course dans le mur de pneus, tandis que le pilote Tyrrell, en tête-à-queue, doit abandonner un premier Grand Prix fort brillant.
33e : Pironi est premier devant Piquet (2s.), Patrese (5.4s.), Reutemann (18.4s.), Rebaque (34.1s.) et de Cesaris (45.1s.). Viennent ensuite Arnoux, Villeneuve, Salazar et Surer.
36e: Piquet est maintenant à une seconde de Pironi, mais Tambay fait bouchon entre les deux hommes avec sa Theodore.
37e: Tambay s'efface devant Piquet qui se retrouve dans les échappements de Pironi. Curieusement la Theodore parvient à suivre le rythme des deux leaders.
38e: Piquet se montre dans les rétroviseurs de Pironi. Tambay laisse passer Patrese, à trois secondes du leader.
40e: Piquet est toujours bloqué derrière Pironi car la puissance du turbo Ferrari l'empêche de le menacer en ligne droite. Neuvième malgré une course rocambolesque, Salazar abandonne sur un souci de pression d'huile. Le Chilien s'arrête en pleine courbe de Tosa, et sa voiture doit être rapidement dégagée par les commissaires de piste.
42e: Piquet attaque Pironi à l'extérieur avant Piratella, puis dans Acque Minerale, sans succès bien qu'il soit parvenu jusqu'à la hauteur de la Ferrari.
45e: Piquet continue de harceler Pironi. Villeneuve signe record du tour sur record du tour et prend la septième place à Arnoux.
46e: Villeneuve signe le meilleur tour définitif: 1'48''064.
47e: Après une longue attente, Piquet attaque Pironi, et se jette à l'intérieur à la Variante Alta. Le jeune Français ne peut rien faire et perd la première place après une rude bataille.
48e: Piquet est désormais en tête devant Pironi (1.7s.), Patrese (2.3s.), Reutemann (12.3s.), Rebaque (28.2s.), de Cesaris (46.2s.) et Villeneuve (51s.).
49e: Patrese attaque et passe Pironi à la Variante Bassa. De son côté Villeneuve double de Cesaris et se retrouve sixième.
50e : Pironi se débat avec une tenue de route très précaire. Il devient une cible facile pour Reutemann.
52e: Reutemann est revenu sur Pironi. L'Argentin déborde le Français par l'intérieur dans la courte ligne droite après Rivazza.
54e : Nouveau passage aux stands pour Jabouille qui se sera arrêté six fois durant ce Grand Prix.
55e: Piquet a huit secondes d'avance sur Patrese. L'Italien doit lever le pied car ses pneus sont usés. Pironi espère quant à lui maintenir à distance Rebaque, à neuf secondes.
58e : A deux tours du but Piquet est en tête devant Patrese (7.3s.), Reutemann (9.1s.), Pironi (23.6s.), Rebaque (26.1s.) et Villeneuve (31.9s.).
59e: Pironi ne peut pas contenir les assauts de Rebaque qui prend la quatrième position. Villeneuve est au ralenti, en panne d'embrayage. De Cesaris reprend sa sixième place.
60ème et dernier tour: Reutemann est revenu à une seconde de Patrese, mais ne peut pas l'attaquer car entre les deux hommes se trouvent Tambay et Watson. Celui-ci tente et réussit un audacieux dépassement sur le Français à Rivazza.
Nelson Piquet remporte le premier GP de Saint-Marin de l'histoire, son cinquième en carrière et le second consécutif. Deuxième, Patrese monte sur son second podium de la saison, podium que Reutemann n'a pas quitté depuis sept courses ! Rebaque est quatrième et marque ses premiers points de l'année, tout comme Pironi, seulement cinquième après une superbe course. De Cesaris est sixième et inscrit le premier point de sa carrière. Villeneuve termine péniblement septième, suivi par Arnoux, Surer, Watson, Tambay, Jones, Borgudd et le pauvre Jabouille, non classé à quinze tours.
Après la course
Piquet ne se prive pas de narguer les journalistes après l'arrivée. Au Brésil, il s'était lourdement trompé dans sa stratégie, puis en Argentine avait triomphé « le coude à la portière ». Cette fois-ci il a fait preuve d'une maîtrise remarquable et d'un grand sens tactique. Voilà de quoi faire taire ses détracteurs.
Marco Piccinini fait ses comptes. D'un certain de point de vue, la Scuderia Ferrari est la grande perdante du jour: partie pour obtenir un doublé, elle n'inscrit que deux points avec deux voitures à l'agonie. Cependant les turbos italiens ont montré ce qu'ils avaient dans le ventre et n'ont pas cassé, ce qui est une excellente nouvelle. Excellents amis, Villeneuve et Pironi s'entendent à merveille et sont fêtés par des tifosi de nouveau enthousiastes.
Sorti de sa voiture, Alan Jones regagne son stand et entame cet échange avec Frank Williams, qui résume toute la course :
« - Qui a gagné ?
- Piquet.
- Et Carlos ?
- Troisième. »
Jones fait la moue.
« - Patrese est second, reprend Williams. Rebaque, quatrième.
- Rebaque ? Pas possible... Et les Ferrari ?
- Elles ont mené 46 tours et toutes les deux ont terminé.
- Quoi ? Elles n'ont pas eu d'ennuis de turbo ?
- Non, absolument pas. »
Au championnat des pilotes, Reutemann conserve la première place avec 25 points, soit trois de plus que Piquet et sept de mieux que Jones. Patrese est maintenant un surprenant quatrième, avec dix points. Chez les constructeurs, Williams mène avec 43 points contre 25 à Brabham et 10 à Arrows. Guy Ligier est désappointé : son équipe est dernière avec un seul point au compteur. C'est son plus mauvais début de saison depuis 1977.
Tony