Le protégé de Red Bull
Comme la plupart de ses aînés, Sébastien Buemi débute par les compétitions de karting à l'âge de 8 ans en 1996. Il y remporte plusieurs titres jusqu'en 2004, année où il participe pour la première fois au championnat ADAC BMW et où il finit à une brillante troisième place.
Il s'améliore en 2005 en s'obtenant la deuxième place finale derrière Marco Holzer grâce à sept victoires. Ces résultats lui permettent d'intégrer la filière Red Bull dirigée par le Dr. Helmut Marko. Comme avant lui Christian Klien ou Scott Speed, le jeune Suisse se retrouve ainsi destiné à intégrer tôt ou tard la Formule 1 sous l'égide de la marque de boissons.
Ce soutien lui permet d'acquérir de l'expérience avec une année d'apprentissage en F3 Euroseries dans le Mücke Motorsport pour 2006. Sébastien court dans la même promotion que Sebastian Vettel et Kazuki Nakajima et finit la saison à la douzième place du classement avec une victoire à Oschersleben. Il pilote pour l'A1 Team Suisse pendant l'intersaison aux côtés de Neel Jani et Marcel Fässler, sans toutefois remporter de victoire.
Aux portes de la Formule 1 (2007-2008)
La saison 2007 sera celle de son duel avec Romain Grosjean. Le pilote helvétique ne remporte que trois victoires (ouverture et clôture de la saison plus une course à Nogaro) contre six pour le Français qui devient champion. Sébastien est vice-champion de F3 Euroseries.
Cette même année, Sébastien fait ses débuts en GP2 à Monaco et impressionne ses employeurs en se qualifiant quatrième et en finissant la course à une belle septième place. Il remplace Michaël Ammermüller pour le reste de la saison chez ART Grand Prix. Mais il est moins impressionnant qu'à Monaco puisqu'il n'inscrit que quatre points de plus, tout en sachant qu'il participe en parallèle à son programme F3.
Ce sont d'ailleurs ses bons résultats dans le championnat F3 qui lui permettent d'effectuer ses premiers essais en F1 et d'être titularisé au poste d'essayeur chez Red Bull à la fin de l'année 2007.
Sébastien débute sa saison 2008 en obtenant le titre de vice-champion de GP2 Asia derrière Romain Grosjean (encore une fois!), puis en enchaînant avec le championnat principal de GP2 qui se déroule en prémices des courses de F1 européennes. Il parvient à gagner deux courses sprint à Magny-Cours et à Budapest pour finir à la sixième place finale du championnat.
Bons débuts en Formule 1 (2009)
Ses résultats et la haute estime de la sphère dirigeante de Red Bull lui permettent de réaliser des tests d'évaluation avec une RB4 et une STR3 pendant l'intersaison 2008-2009 qui vont finalement déboucher sur un poste de titulaire chez Toro Rosso Ferrari aux côtés de Sébastien Bourdais. Le Grand Prix d'Australie 2009 à Melbourne voit donc un pilote de la Confédération helvétique (où les compétitions automobiles sont interdites depuis 1955) prendre un départ pour la première fois depuis Jean-Denis Délétraz sur Pacific au Grand Prix d'Europe 1995.
A Melbourne, il réalise des débuts fracassants. Treizième sur la grille, il marque les deux points de la septième place, devant Bourdais. Après un abandon en Malaisie, le jeune Suisse réalise une très grande course en Chine. Dixième sur la grille, il est très rapide sous la pluie et accroche une belle huitième place, après s'être battu avec des voitures bien supérieures à se modeste Toro Rosso. La suite de la saison n'est hélas pas aussi brillante. La STR4 manque de développement par rapport à l'écurie mère Red Bull, ce fait glisser ses pilotes en fond de grille. De plus, les problèmes de fiabilités l'empêchent souvent de voir le drapeau à damiers. Toutefois, Sébastien commet peu d'erreurs et domine Bourdais, bientôt remplacé par le jeune Espagnol Jaime Alguersuari.
En fin de championnat, la Toro Rosso bénéficie de nouvelles évolutions et devient plus véloce, ce qui lui permet de s'illustrer. Il termine septième au Brésil et huitième à Abou Dhabi, assurant ainsi son statut de révélation de l'année. Il finit seizième du championnat avec six points.
Buemi vs. Alguersuari (2010)
Pour 2010, Sébastien est sérieusement approché par Toyota, qui souhaite en faire un de ses pilotes. Cependant l'équipe japonaise décide finalement de se retirer de la Formule 1. Par conséquent, il rempile pour une année supplémentaire chez Toro Rosso.
Cette seconde saison est beaucoup plus difficile pour le Suisse. En effet, la Toro Rosso STR5 est une voiture moyenne, incapable d'aller chercher les points régulièrement. De plus en début de saison Sébastien est victime d'une série de mésaventures. Ainsi il est victime d'un nombre conséquent de pannes mécaniques tandis qu'il se fait percuter à deux reprises au départ, sans qu'il n'y soit pour rien !
Au Grand Prix d'Allemagne, c'est même son propre équipier Alguersuari qui l'élimine dans le premier tour. Le jeune Espagnol est justement la cause de bien de ses soucis. En effet, si en 2009 et au début de cette année 2010 il le domine assez nettement, au fur et à mesure de la saison Alguersuari prend de l'assurance et parvient à faire jeu égal avec son équipier, voire à la devancer. Franz Tost, le patron de Toro Rosso, fronce les sourcils et commence à mettre la pression sur Sébastien. Toutefois, sa saison n'est pas si négative. Il parvient à accrocher quelques points par-ci par-là, et même à mener un tour au Grand Prix du Canada, suite à une stratégie décalée. Au final, il marque huit points contre cinq à Alguersuari, un résultat honorable.
Le piège se referme (2011)
Les deux pilotes sont reconduits par Toro Rosso pour 2011. Mais pour lui comme pour son coéquipier, le vrai objectif est la saison 2012, date à laquelle le baquet de Mark Webber doit se libérer chez Red Bull, la maison mère de Toro Rosso. Fin 2010, Sébastien est ainsi dans une situation délicate. Révélation de l'année un an auparavant, il joue son avenir en Formule 1 en 2011.
Malheureusement pour lui, en début de saison la nouvelle Toro Rosso ne se montre pas très performante et après une huitième place en Australie, il ne marque que de très petits points. Alguersuari ne fait pas beaucoup mieux en début d'année avant de prendre un léger ascendant lors de l'été. En Hongrie Sébastien réalise une très belle course: parti de la dernière ligne suite à une pénalité, il profite des conditions humides pour obtenir la huitième place.
Hélas, la fin de l'année est catastrophique. Tout d'abord, Mark Webber prolonge son contrat chez Red Bull, ce qui lui retire son principal débouché. De plus, il est victime d'une mauvaise série de pannes techniques qui le contraignent à rentrer souvent aux stands à pied. Et pourtant il ne démérite pas: à Suzuka, il occupe ainsi une place dans les points lorsqu'un écrou mal fixé l'expédie dans le bac à sable. Et lorsqu'en en Corée il parvient à arracher une bonne neuvième place, Alguersuari fait mieux en finissant septième...
Fin 2011, Sébastien a seulement quinze points au compteur contre vingt-six à Alguersuari. Mais aucun des deux jeunes gens n'a convaincu Christian Horner et Helmut Marko, les dirigeants de l'équipe Red Bull. Franz Tost estime quant à lui que son équipe a besoin de sang neuf. Les deux pilotes sont ainsi tous les deux limogés par Toro Rosso, remplacés par Jean-Éric Vergne et Daniel Ricciardo, autres produits de la filière Red Bull.
L'après F1 : Champion en Endurance et en Formule E
Dans son malheur, le Suisse a cependant de la chance. Red Bull ne l'abandonne pas et le nomme pilote de réserve. Mais du fait de l'interdiction des essais privés, son rôle en Formule 1 se borne désormais à utiliser un simulateur.
En 2012, à seulement 24 ans, Sébastien doit donc tenter une nouvelle aventure. Il décide de rejoindre Toyota en Endurance. Le constructeur japonais l'avait déjà approché pour piloter en F1 fin 2009. Désormais, il désire battre les Audi au Mans avec son prototype TS030 à moteur hybride. Buemi commence justement sa carrière en Endurance par l'épreuve mancelle. Un baptême de choix. Il est associé à Stéphane Sarrazin et Anthony Davidson, deux pilotes d'expérience. Benjamin de l'équipe, son rôle se borne à acquérir de l'expérience. Celle-ci est hélas trop brève car la course s'achève en début de soirée par un effroyable accident dont est victime Davidson, sans trop de dommages.
En 2013, il est conservé par Red Bull comme pilote de réserve, mais n'effectue aucun tour de roue. En fin d'année, lorsque Webber quitte enfin l'écurie, nul ne songe à lui pour le remplacer. C'est Daniel Ricciardo, son ancien remplaçant chez Toro Rosso, qui est choisi...
Il effectue cette année-là sa première saison complète en Endurance. Il dispute le championnat du monde pour Toyota, toujours avec Sarrazin et Davidson pour équipiers. Il remporte sa première victoire dans la discipline en fin d'année aux Six Heures de Bahreïn. Aux 24 Heures du Mans, son équipage réussit à se classer deuxième derrière l'Audi victorieuse, ce qui est le premier exploit de la Toyota Hybride.
Pour 2014, l'objectif de Sébastien et de Toyota et donc de remporter les 24 Heures du Mans. Avec une voiture bien plus compétitive que la saison passée, le pilote Suisse va monter sept fois sur le podium en huit courses. Remportant au volant de sa TS040 Hybrid les courses de Silverstone, Spa, Fuji et Shanghai, il remporte le titre de champion du Monde d'endurance en duo avec Anthony Davidson (Nicolas Lapierre ayant été limogé). De plus, il dispute simultanément le tout nouveau championnat de Formule E avec l'équipe e.Dams Renault. Coéquipier de Nicolas Prost, il décroche le championnat des équipes mais échoue à un point du titre pilote derrière Nelson Piquet Jr.
Malgré les baisses de régime des Toyota en 2015 et 2016, le pilote peut se réjouir d'un titre de champion en Formule E à l'issue de sa deuxième saison. Obtenant la deuxième place la saison suivante, il offre à Renault e.Dams un troisième trophée consécutif.
En WEC il termine deuxième du championnat en 2017 après une lutte équitable avec Porsche, remportant cinq victoires mais il ne parvient toujours pas à remporter les 24 Heures du Mans. Ce sera chose faite lors de la « Super Saison » suivante. Double année comptabilisée pour permettre la bascule du calendrier, l'épreuve mancelle compte deux fois cette année-là ! Associé à Kazuki Nakajima et au « rookie » Fernando Alonso, le trio de la Toyota n°8 va remporter les deux éditions et le titre.
Depuis lors, Sébastien continue d'être l'un des éléments indispensables à la domination du championnat WEC par Toyota. S'adjugeant une troisième victoire dans la Sarthe en 2020, il termine deuxième 2021, abandonnant également les titres de champions à la voiture sœur. Du côté de la Formule E, l'équipe devenue Nissan e.Dams ne peut lui offrir les joies du titre (deuxième seulement en 2019), et laisse le Suisse descendre brutalement dans les classements (quatrième en 2020, il est vingt-et-unième en 2021).
Tony et Grégoire