Alain Prost est incontestablement le meilleur pilote français de Formule 1, mais aussi l'un des meilleurs de tous les temps. Avec un peu plus de réussite, il aurait pu égaler Juan Manuel Fangio.
Adolescent, Alain était un grand supporter des Verts de l'AS Saint-Étienne et rêvait de devenir footballeur. C'est son frère qui lui transmet le virus de la course automobile. Il travaille dur pour pouvoir se payer un kart et faire ses premiers pas en compétition. En 1973, il devient champion de France junior et d'Europe. En 1974, il devient champion de France senior, puis échoue deux fois en championnat du monde. En 1975, il commence sa carrière en monoplaces.
La monoplace
Il remporte ainsi le Volant Elf et, en 1976, le championnat de France de Formule Renault d'une manière écrasante avec douze victoires en treize courses. L'année suivante, il passe au championnat d'Europe qu'il remporte également. En 1978, il remporte le championnat de France de F3, et l'année suivante, il est champion de France et d'Europe de F3, en remportant le Grand Prix de Monaco. Jean-Marie Balestre, président de la FISA, lui propose un volant en F2, mais Prost refuse. Seule la catégorie reine l'intéresse. On lui propose des volants en Formule 1 pour la fin de la saison 1979, notamment celui de la Brabham après le départ de Niki Lauda en plein week-end du Grand Prix du Canada, mais le pilote français préfère attendre 1980 pour entamer sa longue carrière en Formule 1.
Début chez McLaren
La saison 1980 marque donc les débuts d'Alain Prost en Formule 1. Il est recruté par McLaren à la suite d'un test comparatif face à Kevin Cogan sur le circuit du Castellet, où il domine largement son concurrent. Son premier Grand Prix a lieu en Argentine, où il se qualifie en douzième position, cinq positions devant John Watson, son coéquipier. Calme et serein, il termine sixième, marquant son premier point en championnat du monde. Au Brésil, il continue sur sa lancée et termine cinquième. Cependant, lors des essais en Afrique du Sud, il est victime d'un accident à la suite d'une rupture mécanique et se blesse au poignet gauche. De retour au volant, il rencontre les faiblesses de sa McLaren M29 et abandonne à trois reprises. Il parvient néanmoins à décrocher deux sixièmes places supplémentaires lors des Grands Prix de Grande-Bretagne et des Pays-Bas. En fin de saison, au Canada, il aurait pu monter sur le podium mais sa course s'est achevée dans un mur de pneus à la suite d'une rupture de suspension endommagée lors d'un choc avec Riccardo Patrese. Lors du dernier Grand Prix aux Etats-Unis, il est de nouveau victime d'un accident lors des essais à cause d'une rupture de suspension et doit déclarer forfait. Malgré un contrat en cours avec McLaren, Alain décide de quitter l'écurie en raison du manque de compétitivité de la voiture et des problèmes de fiabilité. Il rejoint Renault pour la saison 1981, où il espère bénéficier d'une monoplace plus performante et mieux adaptée à son style de pilotage.
Renault
La saison 1981 marque un tournant dans sa carrière, puisqu'il rejoint l'écurie Renault après une première année difficile chez McLaren. Dès le début de la saison, il doit s'adapter à la Renault équipée d'un moteur turbo, une technologie encore en développement mais prometteuse. Les premiers Grands Prix sont compliqués, Alain abandonne lors des deux premiers Grands Prix à la suite d'accrochages. Un an après avoir marqué ses premiers points en F1, Alain monte sur son premier podium en Argentine, après s'être élancé depuis la deuxième position, pour finir troisième. Mais par la suite, il souffre de problèmes de fiabilité et d'une monoplace parfois capricieuse, et abandonne lors des quatre manches suivantes. Cependant, lors du Grand Prix de France, disputé sur le circuit de Dijon-Prenois, il décroche sa première victoire en Formule 1. La course est marquée par une interruption due à la pluie, ce qui lui permet de changer de pneus et d'adopter une stratégie gagnante. Cette victoire est d'autant plus symbolique qu'elle est remportée sur le sol français avec une voiture française. Fort de ce succès, il décroche sa première pole position en Allemagne puis enchaîne avec deux autres victoires, aux Pays-Bas et en Italie, confirmant son statut de pilote prometteur. Il termine la saison à la cinquième place du championnat, démontrant une progression rapide malgré les défis techniques liés au moteur turbo. Cette première saison chez Renault, où il a dominé René Arnoux, son coéquipier, pose les bases de sa future ascension en Formule 1. Son approche méthodique et son talent naturel lui permettent de s'imposer rapidement comme un pilote à surveiller, malgré les difficultés rencontrées en matière de fiabilité de sa monoplace.
Sa saison est marquée par des hauts et des bas, dans un championnat particulièrement tumultueux. Dès le début de la saison, Alain s'impose comme un prétendant sérieux au titre en remportant les deux premiers Grands Prix, en Afrique du Sud et au Brésil. La victoire brésilienne lui est finalement attribuée sur tapis vert, après la disqualification des deux premiers quelques semaines plus tard. Malgré ces débuts prometteurs, les Renault rencontrent des problèmes de fiabilité qui compromettent leur saison. Alain abandonne à six reprises lors des sept Grands Prix suivants. L'un des moments forts de la saison est le Grand Prix de France au Castellet, où Alain termine deuxième derrière son coéquipier René Arnoux, offrant à Renault un doublé historique. Cependant, cette course met en lumière les tensions internes chez Renault, Arnoux ayant ignoré les consignes d'équipe qui lui demandaient de laisser son coéquipier. Alain termine quatrième du championnat d'une saison marquée par une grande instabilité, avec onze vainqueurs différents et de nombreux incidents, dont la tragique disparition de Gilles Villeneuve et l'accident de Didier Pironi.
En 1983, Alain et Renault ont chacun l'occasion de briller grâce à la maturité enfin acquise de leur bon vieux turbo. Il commence l'année avec deux Grands Prix hors des points. Lors de la troisième manche, en France, il domine ses adversaires en réalisant la pole position et en remportant la course. Une victoire qui relance son statut de prétendant sérieux au championnat. Après deux podiums à Saint-Marin et à Monaco, il remporte le Grand Prix de Belgique et prend la tête du championnat. Par la suite, il s'impose à nouveau en Grande-Bretagne et en Autriche, creusant ainsi l'écart au classement général. A ce stade, Alain semble bien placé pour décrocher son premier titre mondial, mais la fin de saison s'avère plus compliquée. Au Grand Prix des Pays-Bas, un accrochage avec son principal rival, Nelson Piquet, permet au Brésilien de revenir dans la course au titre. Cependant, des soupçons sur la légalité du carburant utilisé par Brabham circulent dans le paddock, mais aucune mesure officielle n'est prise. Le dernier Grand Prix de la saison, disputé en Afrique du Sud, s'annonce décisif. Alain, toujours en tête du championnat, doit assurer un bon résultat pour conserver son avance. Malheureusement, un problème de turbo sur sa Renault RE40 l'oblige à abandonner, laissant Piquet remporter le titre mondial. Dans le même temps, Renault, qui espérait également remporter le championnat des constructeurs, voit Ferrari lui ravir la couronne. Cette saison est marquée par des tensions entre Alain et Renault, qui conduisent à la fin de leur collaboration peu après la fin du championnat. Malgré cette déception, Alain a démontré son talent et sa capacité à rivaliser avec les meilleurs, posant ainsi les bases de ses futurs succès en Formule 1.
Retour chez McLaren
La saison 1984 marque un tournant dans sa carrière puisqu'il rejoint McLaren après son départ de Renault. Dès le début du championnat, il s'impose comme un sérieux prétendant au titre, remportant la victoire lors du premier Grand Prix au Brésil après s'être élancé depuis la quatrième position. Après une deuxième place en Afrique du Sud et un abandon en Belgique, il remporte le Grand Prix de Saint-Marin et conforte sa première place au championnat. L'un des moments les plus marquants de la saison survient à Monaco, où Alain mène la course sous une pluie battante. Cependant, la course est interrompue avant son terme, alors qu'Ayrton Senna revenait vite sur lui, ce qui lui vaut seulement la moitié des points. Cette décision controversée aura un impact sur le classement final du championnat. Tout au long de l'année, lui et son coéquipier Niki Lauda se livrent une bataille acharnée pour le titre mondial. Malgré ses victoires, Prost souffre d'une régularité légèrement inférieure à celle de Lauda, qui accumule des résultats solides tout au long de la saison. A l'issue du Grand Prix d'Autriche, Lauda, qui a remporté la course alors qu'Alain a abandonné à la suite d'un tête-à-queue, prend les commandes du championnat. Le championnat se joue lors du dernier Grand Prix, au Portugal. Prost remporte la course, mais Lauda termine deuxième, décrochant ainsi le titre avec seulement 0,5 point d'avance sur Prost, ce qui constitue le plus petit écart de l'histoire de la Formule 1. Malgré ses sept victoires contre cinq pour Lauda, Alain est de nouveau deuxième au championnat. Mais malgré la déception d'avoir manqué le titre de justesse, il pose les bases de son futur succès en Formule 1 et devient un acteur incontournable de la discipline.
Dès le début du championnat en 1985, il s'impose comme un sérieux prétendant en remportant, comme l'année précédente, le Grand Prix du Brésil, confirmant la compétitivité de sa McLaren. Au fil des courses, Alain fait preuve d'une régularité impressionnante, montant onze fois sur le podium dont sept consécutivement. Il remporte des victoires marquantes, notamment à Monaco, où il domine la course sur un circuit exigeant, et en Autriche, où il reprend la tête du championnat. Son duel avec Michele Alboreto, pilote Ferrari, anime la saison, mais il parvient à creuser l'écart après sa victoire en Italie, sur les terres de son rival. Le Grand Prix d'Europe, disputé à Brands Hatch, est décisif : en terminant quatrième, il décroche le titre mondial avant même la fin de la saison. Il devient ainsi le premier Français champion du monde de Formule 1, un accomplissement historique. McLaren conserve également son titre chez les constructeurs, confirmant sa domination. Avec cinq victoires et une avance confortable au classement, Alain s'impose comme l'un des meilleurs pilotes de sa génération.
Dès le début de la saison 1986, Alain démontre une grande régularité au volant de sa McLaren MP4/2C équipée d'un moteur TAG Porsche. Tout au long de la saison, quatre pilotes se succèdent à la première place du championnat : Nelson Piquet (Williams), Ayrton Senna (Lotus), Alain Prost (McLaren) et Nigel Mansell (Williams). Alain remporte trois victoires cette année, tandis que les pilotes Williams, motorisés par Honda, Nigel Mansell et Nelson Piquet, s'imposent respectivement à cinq et à quatre reprises. Ayrton Senna en remporte deux. A l'approche du dernier Grand Prix, disputé à Adélaïde, Mansell mène le championnat avec six points d'avance sur Prost et sept sur Piquet. La course finale est marquée par un coup de théâtre : alors qu'il semblait en position de remporter le titre, Mansell subit une spectaculaire explosion de son pneu arrière gauche, ce qui l'oblige à abandonner. Piquet, par précaution, est rappelé aux stands, ce qui permet à Prost de s'imposer et de conserver son titre avec seulement deux points d'avance sur Mansell et trois sur Piquet. Williams remporte le championnat des constructeurs, mais Alain devient le premier pilote depuis Jack Brabham en 1960 à remporter deux titres consécutifs, au terme d'un championnat marqué par une lutte acharnée contre les pilotes Williams.
En 1987, bien que McLaren soit légèrement en retrait face aux Williams-Honda de Piquet et Mansell, il fait preuve d'une constance dans la compétitivité. Dès le début de la saison, Alain fait preuve d'une grande régularité, se hissant fréquemment sur le podium malgré une voiture moins performante que celle des Williams. Il remporte sa première victoire de l'année au Grand Prix du Brésil, profitant des problèmes mécaniques de ses adversaires pour s'imposer. Son triomphe au Grand Prix de Belgique est également notable, grâce à une gestion parfaite des pneus et une stratégie bien menée. Malgré ces performances, la saison est difficile pour McLaren, qui souffre d'un déficit de puissance face aux moteurs Honda. Sur les huit manches suivantes, il ne récolte que trois troisièmes places, alors que Piquet enchaîne huit podiums, dont trois victoires. Lors du Grand Prix du Portugal, Alain remporte sa 28e victoire en Formule 1, battant ainsi le record de Jackie Stewart, qui tenait depuis 1973. Ce succès confirme son statut de l'un des meilleurs pilotes de l'histoire du sport. Il termine quatrième du championnat, derrière Piquet, Mansell et Senna. McLaren prolonge son contrat jusqu'en 1989, alors que l'équipe se prépare à passer aux moteurs Honda pour la saison suivante et il aura Senna comme coéquipier. Cette décision stratégique annonce une nouvelle phase de sa carrière.
La saison 1988 est marquée par la domination sans précédent de McLaren, qui aligne la redoutable MP4/4 équipée du moteur Honda. Alain et son nouvel équipier Ayrton Senna se livrent à une bataille intense pour le titre mondial, remportant ensemble 15 des 16 Grands Prix de la saison. Dès le début du championnat, le Français fait preuve d'une grande régularité. Lors des sept premières courses, il remporte quatre victoires et termine deuxième lors des trois autres. Son duel avec Senna atteint son apogée lors du Grand Prix du Portugal, où les deux pilotes s'affrontent de manière musclée. Senna tente de bloquer Prost sur la ligne droite des stands, une manœuvre controversée qui témoigne de la rivalité grandissante entre les deux champions. Malgré ses nombreuses victoires et une constance remarquable, Alain est pénalisé par le système de points de l'époque, qui ne prend en compte que les 11 meilleurs résultats de la saison. Senna, qui a remporté davantage de victoires, parvient à s'imposer dans le championnat avec trois points d'avance. Cette saison marque le début d'une des plus grandes rivalités de l'histoire de la Formule 1. En coulisses, Prost exprime son mécontentement face à ce qu'il considère comme un traitement inégal de la part de Honda, qui semble favoriser Senna. Dans une interview donnée après la saison, il évoque des différences de performance entre les moteurs fournis aux deux pilotes, un sujet qui alimente les discussions dans le paddock. Néanmoins, malgré cette frustration, Alain reste concentré sur l'avenir et prépare déjà la saison 1989, dans l'espoir de prendre sa revanche sur son coéquipier.
En 1989, il faut attendre la cinquième manche, aux Etats-Unis, pour voir Alain remporter un Grand Prix et prendre la tête du championnat. En effet, même si Senna a remporté trois victoires dans le même temps, Alain a été plus régulier. Il consolide ensuite sa première place en remportant les Grands Prix de France et de Grande-Bretagne, alors que Senna abandonne lors de ces deux courses. Le jeudi précédant le Grand Prix d'Italie, Alain annonce qu'il rejoindra Ferrari en 1990. Le dimanche, il remporte une victoire particulièrement symbolique, profitant des problèmes mécaniques de Senna pour s'imposer devant les tifosi et sur les terres de sa future équipe. La tension entre les deux pilotes atteint son paroxysme lors du Grand Prix du Japon à Suzuka, où Senna tente une manœuvre audacieuse dans la chicane pour dépasser Alain. Ce dernier ferme la porte, entraînant une collision qui le force à abandonner. Senna parvient à repartir et franchit la ligne d'arrivée en vainqueur, mais il est disqualifié pour avoir coupé la chicane, ce qui permet à Alain de s'assurer définitivement le titre. Malgré les tensions internes chez McLaren et une rivalité exacerbée avec Senna, Alain est resté concentré sur l'objectif du titre. Son expérience et sa gestion des courses lui ont permis de prendre l'avantage sur Senna, qui, bien qu'étant plus rapide en qualifications, commettait parfois des erreurs. Il remporte son troisième titre de champion du monde et confirme son statut de l'un des meilleurs pilotes de l'histoire de la Formule 1.
Ferrari
Dès le début du championnat, il doit faire face à une McLaren-Honda toujours aussi compétitive, pilotée par son rival Ayrton Senna. Le championnat commence difficilement pour Alain qui abandonne lors du Grand Prix des Etats-Unis. Il se reprend rapidement en remportant le Grand Prix du Brésil, sa première victoire avec Ferrari. Après une quatrième place à Saint-Marin, il abandonne à Monaco, mais se rattrape avec une cinquième place au Canada. Le Grand Prix du Mexique est un moment clé de la saison. Qualifié en 13e position, Prost réalise une remontée spectaculaire et s'impose après avoir dépassé plusieurs concurrents, dont Senna qui ne marque finalement pas de point ce jour-là. Cette victoire lui permet de relancer sa campagne face au Brésilien. Il enchaîne ensuite avec des succès en France (centième victoire de Ferrari), en Grande-Bretagne, et se retrouve en tête du championnat. Mais Senna repasse en tête à l'issue de sa victoire lors de la course suivante en Allemagne, puis consolide son avance avec deux victoires en Belgique et en Italie. Alain garde toutefois espoir de remporter le titre grâce à sa victoire au Portugal. A l'approche de la fin de saison, la tension entre Prost et Senna atteint son apogée. Lors du Grand Prix suivant, au Japon, ce dernier le percute volontairement dans le premier virage, provoquant un double abandon. Un an plus tard, lors d'une interview, Senna avouera avoir commis ce geste controversé dans le but de s'assurer le titre mondial. Malgré la déception de ne pas avoir remporté le titre, Alain a démontré une grande compétitivité avec Ferrari et a posé les bases de sa deuxième saison avec l'équipe italienne. Son influence au sein de la Scuderia se renforce et il prépare déjà la saison 1991 dans l'espoir de prendre sa revanche sur Senna.
Dès le début de la saison 1991, Alain exprime des réserves sur la compétitivité de la Ferrari 642, qui est moins performante que les McLaren-Honda et les Williams-Renault. Lors du Grand Prix des Etats-Unis, première manche de la saison, il termine deuxième derrière Ayrton Senna, mais la suite du championnat s'avère compliquée. A Monaco, il ne termine qu'à la cinquième place, tandis que Senna enchaîne les victoires. En France, sur le circuit de Magny-Cours, Prost espère briller devant son public grâce à la nouvelle 643. Parti de la deuxième position, il termine deuxième derrière Mansell, mais devant Senna, troisième. Il enchaîne avec une troisième place en Grande-Bretagne, mais abandonne lors des trois Grands Prix suivants. Au fur et à mesure que la saison avance, les tensions entre lui et la Scuderia s'intensifient. En Italie, il parvient à monter sur le podium en terminant troisième, puis se classe deuxième en Espagne. A l'issue du Grand Prix du Japon, il critique ouvertement la voiture, la qualifiant de « camion », une déclaration qui provoque des remous au sein de l'équipe. Avant la dernière course de la saison, Ferrari décide de se séparer de Prost, qui ne participe donc pas au Grand Prix d'Australie. Il est remplacé par Gianni Morbidelli pour cette ultime manche. Cette rupture marque la fin de son passage chez Ferrari et laisse planer le doute sur son avenir en Formule 1.
Année sabbatique
En 1992, Alain décide de prendre une année sabbatique après son départ de Ferrari. Son absence du championnat du monde de Formule 1 est marquée par des négociations en coulisses concernant son avenir. Plusieurs équipes, dont Williams et Ligier, cherchent à l'attirer, mais il choisit de patienter avant de revenir en compétition. Durant cette période, Prost reste actif dans le monde du sport automobile et travaille comme consultant pour la télévision. Williams-Renault domine la saison avec Nigel Mansell, ce qui conforte Alain dans l'idée que rejoindre cette équipe pourrait être une option idéale pour son retour. Parallèlement, Prost est impliqué dans des discussions avec Ligier, qui envisage de créer une « Écurie France » autour de lui, avec le soutien de Renault et Elf. Cependant, les négociations n'aboutissent pas. Finalement, à la fin de l'année 1992, il signe un contrat avec Williams pour la saison 1993, préparant ainsi son retour en Formule 1 avec une équipe capable de lui offrir une voiture performante.
Williams
La saison 1993 marque donc son retour en Formule 1 avec l'écurie Williams-Renault, qui a dominé le championnat précédent grâce notamment à sa suspension active. Dès la première course en Afrique du Sud, Alain s'impose, lançant ainsi sa quête d'un quatrième titre mondial. Après un abandon au Brésil et une troisième place lors du Grand Prix d'Europe que Senna remporte haut la main, il rebondit en remportant le Grand Prix de Saint-Marin, puis celui d'Espagne, où il maîtrise parfaitement la gestion des pneus. Son duel avec Ayrton Senna reste l'un des moments phares de la saison. Bien que la McLaren-Ford du Brésilien soit moins performante que la Williams, ce dernier est en tête du championnat à l'issue de sa victoire à Monaco. Mais le Français reprend sa marche en avant en remportant les quatre Grands Prix suivants. En Grande-Bretagne, il décroche sa 50e victoire en Formule 1, un record à l'époque. Sa deuxième place lors du Grand Prix du Portugal lui permet de remporter son quatrième titre mondial avant la fin de la saison. Cependant, la fin de l'année est marquée par des tensions avec Williams et Renault, qui souhaitent recruter Senna pour 1994. Refusant d'être à nouveau son coéquipier, Alain décide donc de prendre sa retraite après le Grand Prix d'Australie. Avec sept victoires et une domination stratégique, il conclut sa carrière en Formule 1 en tant que quadruple champion du monde, laissant derrière lui un héritage durable dans l'histoire du sport automobile.
L'après F1
Alain reste actif dans le monde du sport automobile et devient consultant pour Renault et la télévision française. Il suit de près l'évolution du championnat, notamment la rivalité entre Michael Schumacher et Damon Hill, ainsi que les événements tragiques du Grand Prix de Saint-Marin au cours desquels Ayrton Senna trouve la mort. En 1995, il est sollicité par plusieurs équipes pour un éventuel retour en Formule 1, notamment par McLaren et Ligier. Il décline ces propositions, mais accepte un poste de conseiller technique chez McLaren, aux côtés de Ron Dennis et des ingénieurs de l'équipe. Son expertise contribue au développement de la monoplace, malgré la période difficile que traverse McLaren face à la domination de Benetton et Williams.
En 1996, Prost poursuit son rôle de consultant et commence à envisager un projet plus ambitieux : la création de sa propre écurie de Formule 1. Il entame alors des discussions avec Ligier pour racheter l'équipe française et la rebaptiser Prost Grand Prix. Ce projet se concrétisera en 1997, marquant une nouvelle étape dans sa carrière, celle de propriétaire d'équipe.
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Prost Grand Prix
Les débuts sont prometteurs : lors du premier Grand Prix en Australie, Olivier Panis termine cinquième, et au Brésil, il monte sur la troisième marche du podium, laissant entrevoir un potentiel intéressant. Cependant, la suite de la saison est marquée par des difficultés. Panis est victime d'un grave accident lors du Grand Prix du Canada, ce qui freine la progression de l'équipe. Jarno Trulli, son remplaçant temporaire, réalise une belle performance en Autriche, menant la course pendant 37 tours avant d'abandonner à cause d'une casse moteur. En 1998, Prost Grand Prix entame un partenariat avec Peugeot pour la fourniture des moteurs, mais les résultats sont décevants. L'équipe ne marque qu'un seul point au cours de la saison. La situation ne s'améliore pas en 1999, malgré l'arrivée de pilotes expérimentés comme Jean Alesi. L'écurie peine à se hisser dans le peloton de tête et souffre de problèmes de fiabilité. L'année 2000 marque un tournant avec l'abandon du moteur Peugeot au profit d'un partenariat avec Ferrari. Malgré cette amélioration technique, les résultats restent insuffisants et Prost Grand Prix ne parvient toujours pas à sortir du bas du classement. En 2001, l'équipe est confrontée à des difficultés financières croissantes et perd toute compétitivité. A la fin de la saison, Prost Grand Prix est placé en liquidation judiciaire, mettant ainsi un terme à l'aventure de l'ancien champion du monde en tant que propriétaire d'écurie.
Retraite active
Après la disparition de Prost Grand Prix en 2001, Alain s'éloigne du monde de la Formule 1 en tant que dirigeant, mais reste impliqué dans le sport automobile. Consultant pour divers médias et entreprises, il apporte son expertise sur les évolutions techniques et stratégiques du championnat.
En 2003, il participe au Trophée Andros, un championnat de course sur glace, et y démontre une adaptation remarquable. Il remporte plusieurs titres, notamment en 2007 et 2008, confirmant son talent au-delà des circuits de Formule 1.
Dans les années suivantes, il joue un rôle clé dans le développement du sport automobile en France. Il devient ambassadeur de Renault et contribue à la promotion de la marque dans l'univers du sport automobile. En 2014, il s'implique dans la Formule E, un championnat de monoplaces électriques, en cofondant l'équipe Renault e.dams avec Jean-Paul Driot.
Parallèlement, Prost continue d'apporter son analyse de la Formule 1 en intervenant régulièrement dans les médias pour commenter les évolutions du championnat et les performances des pilotes. Son engagement dans le sport automobile ne se limite pas à la compétition. Il participe à des événements historiques et à des démonstrations, mettant ainsi en avant son héritage et son expérience. Son rôle de conseiller auprès de l'écurie Renault F1 Team jusqu'en 2022 témoigne de son implication continue dans le sport automobile.
Aujourd'hui, Alain Prost reste une figure respectée du sport automobile, ayant su évoluer avec les nouvelles tendances et technologies tout en conservant son statut de légende de la Formule 1.
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