Le retour des V10: une chimère ?
Mort d'Eddie Jordan
Le 20 mars 2025, Eddie Jordan s'éteint à quelques jours de son 77e anniversaire, victime d'un cancer foudroyant de la prostate et de la vessie. La Formule 1 perd avec lui une figure très haute en couleurs. L'Irlandais gouailleur fut l'un des derniers self-made-man de la discipline. Après une honnête carrière de pilote en Grande-Bretagne, il fonda en 1980 sa propre écurie qui obtint le succès à la fin de la décennie en F3000 avec de grands noms comme Johnny Herbert, Martin Donnelly ou Jean Alesi. Parvenu en F1 en 1991, Jordan réussit à s'y maintenir à un bon niveau tout en révélant de futures gloires comme Rubens Barrichello, Eddie Irvine, Giancarlo Fisichella et bien évidemment Michael Schumacher qu'il fit débuter à Spa en 1991. À la toute fin de la décennie, il tutoya même les sommets avec Damon Hill et Heinz-Harald Frentzen qui lui ramenèrent quelques lauriers. En 1999, le pilote allemand fut même brièvement en lice pour le titre mondial. Hélas, Jordan manqua la tournant de la décennie 2000. N'ayant pu s'associer à un grand constructeur, son écurie périclita rapidement et il fut contraint de la vendre fin 2004. Entretemps, ce fan de rock avait su imposer son personnage de patron anticonformiste, hâbleur, très roublard, mais terriblement sympathique. Ces vingt dernières années, il était resté dans le circuit, endossant régulièrement le costume de consultant, avec lequel il cultivait son image de « bad boy » par des commentaires à l'emporte-pièce, sa signature. Businessman averti, Eddie Jordan avait investi dans le football et s'était même mué en agent, gérant la carrière du très sérieux Adrian Newey.
Ce week-end, la F1 lui rend hommage lors d'une cérémonie avant la parade des pilotes, tandis que Aston Martin F1, très lointaine héritière de Jordan GP, inscrit son patronyme sur ses bolides. « La vision d'Eddie Jordan a jeté les bases de notre succès et il laisse un héritage durable à l'ensemble de la communauté du sport automobile », déclare Andy Cowell, P-DG de l'équipe de Silverstone.
Présentation de l'épreuve
Le circuit de Shanghaï a subi son premier rajeunissement depuis vingt ans. Le bitume a entièrement été refait et de nouveaux vibreurs ont été posés. Ces travaux font suite aux complaintes des pilotes qui avaient dénoncé en 2024 une adhérence irrégulière à cause d'une fine couche d'asphalte posée quelques semaines avant l'épreuve. Par ailleurs, la zone d'activation du DRS en amont de l'épingle a été rallongée de 75 mètres. Ainsi, les pilotes pourront ouvrir leurs ailerons sur plus d'un kilomètre, une des « phases DRS » les plus longues de la saison. Et puis, qui dit GP de Chine dit casques folkloriques. George Russell troque son habituel bleu ciel pour de l'argent, « référence aux armures traditionnelles chinoises », orné d'un serpent, dont c'est l'année en astrologie chinoise. Ce reptile figure aussi sur le couvre-chef de Charles Leclerc, réalisé en collaboration avec le journaliste et designer Adrien Paviot.
Le premier Grand Prix de la saison en Australie a été dominé par les McLaren-Mercedes. L'équipe de Woking a certes perdu le doublé après un tête-à-queue d'Oscar Piastri, mais Lando Norris a gagné cette course mouvementée, sous la pluie, sans vraiment trembler. Et pourtant, le jeune Anglais, leader du championnat pour la première fois de sa carrière, prétend que la MCL39 ne convient pas du tout à son style de pilotage ! « La voiture fonctionne bien, mais elle reste extrêmement difficile à piloter, dit-il. Elle ne me convient pas en termes de freinage et d'attaque en entrée de virage - elle est très faible sur ce point. Ce n'est pas ce que j'aime, mais j'ai renoncé à l'idée de réclamer une F1 taillée sur mesure ! » Pour ce GP de Chine, Norris s'attend à se battre contre son équipier Piastri, et redoute une réaction de la concurrence, notamment de Ferrari. Toutefois, l'équipe italienne ne s'est pas montrée sous son meilleur jour à Melbourne, ce qui surprend le pilote McLaren: « Les Ferrari nous rendaient sept à huit dixièmes, ce qui n'est certainement pas leur vrai niveau. Ils étaient bien plus rapides le vendredi que le dimanche. Sans doute ont-ils eu du mal à gérer la dégradation des pneus dans des conditions changeantes. Notre avantage, chez McLaren, était l'homogénéité de notre usure. Il n'y avait pas de grandes différences entre l'avant et l'arrière. Tout cela montre à quel point un rien peut changer le cours des choses. »
Présentée comme la rivale n°1 de McLaren en début d'année, Ferrari est donc attendue au tournant à Shanghai après le faux départ de Melbourne. Frédéric Vasseur est persuadé que la SF-25 n'a pas encore montré son vrai potentiel: « Nous avons beaucoup appris sur la voiture en Australie. La performance est là, plus qu'on ne l'a vu. Nous ne sommes probablement pas encore au niveau de McLaren, mais pas si loin qu'on veut bien le dire. En tout cas, nous pouvons rivaliser avec Red Bull et Mercedes. » Les esprits chagrins rappellent que l'objectif initial de Ferrari était de se battre d'emblée pour les deux titres mondiaux... Plusieurs journalistes italiens révèlent cependant que le staff de Maranello se creuse les méninges pour corriger de graves problèmes d'équilibre identifiés lors des essais d'avant-saison à Sakhir.
À Melbourne, la FOM et les onze écuries de F1 (les dix actuelles, plus Cadillac) ont signé le volet commercial des nouveaux Accords Concorde qui les engageront pour la période 2026 - 2030. Le détail de celui-ci n'a pas été révélé, mais il est certain que Stefano Domenicali et Liberty Media ont accru la manne des droits commerciaux, dans un contexte d'expansion économique de la discipline. Un point très discuté fut le tarif d'inscription pour tout nouvel entrant, en fait une véritable taxe visant à décourager les postulants, puisque fixée à 200 millions de dollars. Or, cette barrière n'a pu empêcher l'arrivée d'Andretti-Cadillac, d'où l'inquiétude des écuries de voir débarquer d'autres concurrentes qui rogneraient leurs parts de gâteau. Le président de la FIA Mohammed Ben Sulayem a d'ailleurs récemment déclaré qu'il souhaitait la création d'une douzième équipe... C'est pourquoi, constructeurs et FOM se sont entendus pour relever la « taxe » à 450 millions de $, somme dont devra s'acquitter Cadillac pour s'engager en 2026. Le volet politique des Accords Concorde reste quant à lui en suspens, faute d'accord avec la FIA. Les relations exécrables que Ben Sulayem entretient avec les deux autres parties en présence ne sont sans doute pas étrangères à cette situation.
La fédération renforce encore les contrôles visant les ailerons flexibles. En se fondant sur les images télévisées du GP d'Australie, ses spécialistes se sont aperçus que l'aile arrière supérieure bougeait encore sur certaines monoplaces, à savoir les McLaren, Ferrari, Haas et Alpine. En conséquence, l'écart entre le plan principal et le volet de l'aileron ne doit pas excéder 0,75 mm - contre 2 mm précédemment - pour 75 kg de poids vertical chargé. La limite sera encore abaissée à 0,50 mm pour le GP du Japon quinze jours plus tard. En Chine, McLaren et Ferrari minimisent les changements à apporter à leurs bolides, tandis que Haas admet devoir changer les réglages de son aileron. Chez Alpine, le directeur de course Dave Greenwood déclare que c'est toute la conception de l'aileron de l'A525 qui doit être revue. Williams est pour sa part frappée d'une amende de 50 000 euros pour avoir omis de transmettre à la FIA des séquences vidéos de son aileron arrière en action. La raison ? Pour enregistrer ces images, la fédération attendait que les écuries lui fournissent une carte SD vide. Or Williams avait compris qu'à l'inverse il revenait aux autorités sportives de fournir cette carte...
En Australie, Liam Lawson a vécu un terrible baptême du feu avec Red Bull. Hors du coup durant tout le week-end, le jeune Kiwi a navigué en queue de peloton avant d'échouer contre un mur. Pendant ce temps-là, Max Verstappen finissait à moins d'une seconde du vainqueur Lando Norris. En Chine, Lawson ne se montre pas sous un meilleur jour, et Helmut Marko le place déjà sur la sellette: « Pour Liam, les choses ne se sont pas bien passées en Australie. Certes, il fut rapide sur piste sèche, mais pour le reste, ce n'était pas ça du tout. Nous allons attendre trois courses afin d'avoir une vision plus nette, puis nous aviserons. » Samedi soir, alors qu'il achève les qualifications 20e et bon dernier, Lawson plaide le manque d'expérience au volant d'une Red Bull RB21 difficile à piloter: « Je n'ai pas vraiment eu le temps de m'habituer à cette voiture, mais je dois m'y faire très vite. Je ne suis pas stupide, je sais que je suis ici pour être performant ! » À Shanghai, le bruit court que Red Bull envisage d'éjecter Lawson dès le GP du Japon pour le remplacer par Yuki Tsunoda, voire Isack Hadjar. Christian Horner dément, mais certains informateurs prétendent que Tsunoda aurait été appelé à se tenir prêt à sauter dans la RB21 à Suzuka.
Ce GP de Chine est l'occasion de prendre des nouvelles de Zhou Guanyu, quelques mois après son éviction de l'écurie Stake-Sauber. Le natif de Shanghai a bien rebondi puisqu'il est devenu pilote de réserve de la Scuderia Ferrari. Un recrutement qui s'explique certes en grande partie par la nationalité de l'intéressé: avec Zhou, la firme italienne a trouvé un sympathique ambassadeur pour le colossal marché chinois. Et ce passeport pourrait bien lui permettre de retrouver à l'avenir les grilles de départ. Zhou figure en effet sur la « short list » de la future écurie Cadillac dont le directeur Graeme Lowdon n'est autre que son manager ! « Je pense que Zhou a fait un travail exceptionnellement bon dans des circonstances difficiles au cours des deux dernières années chez Sauber », déclare Lowdon, tout en rejetant tout favoritisme. Il est vrai qu'il ne manque pas de CV sur son bureau: Valtteri Bottas, Sergio Pérez, Colton Herta, Mick Schumacher, Théo Pourchaire, Felipe Drugovich etc. frappent tous au portillon américain !
Fernando Alonso avait fini l'année 2024 en mauvaise forme physique, avec notamment de fortes douleurs d'épaule ayant nécessité une intervention chirurgicale. Le double champion du monde ne se porte pas beaucoup mieux en ce mois de mars puisqu'il doit conduire avec une protection cervicale à cause d'un nerf pincé. Il ne s'étend guère sur ce mal, mais certains commencent à se demander si, à bientôt 44 ans, Alonso possède encore toute l'endurance physique nécessaire au pilotage d'une F1 sur une très longue saison. Qu'on ne lui parle toutefois pas de retraite : « Si un jour j'ai l'impression de ne pas être assez rapide ou d'avoir du mal à suivre le rythme, je serai le premier à dire stop. J'ai fait mes débuts en 2001. J'ai participé au tout premier Grand Prix de Chine ici en 2004, et maintenant, en 2025, je suis toujours là, et je suis aussi rapide qu'en 2004. C'est ce que je ressens. »
Quelques évolutions apparaissent sur les voitures. McLaren monte de nouvelles ailettes sur ses écopes de frein arrière, Racing Bulls et Williams présentent un « beam wing » inédit et Sauber a retouché son capot-moteur. Mais c'est au Japon, deux semaines plus tard, que les premières vraies évolutions devraient apparaître.
Vendredi: essais et qualifications sprint
On assiste au premier « week-end sprint » de la saison et l'unique séance d'essais du vendredi revêt donc une grande importance. Par chance, la météo, un temps incertaine, est clémente. Norris se montre le plus rapide (1'31''504''') devant Leclerc et Piastri.
Un peu plus tard, Ferrari crée la surprise lors des qualifications pour le sprint. Hamilton réalise le meilleur temps (1'30''849''') dès sa deuxième sortie avec les Rouges. Leclerc (4e) est moins à l'aise que son équipier, surtout dans le premier secteur. Verstappen hisse sa Red Bull au deuxième rang, à quelques millièmes d'Hamilton, même s'il n'est toujours pas satisfait de l'équilibre de la RB21. Mais que dire de Lawson (20e), éliminé en SQ1 après une sortie de piste ? Les McLaren déçoivent, semble-t-il à cause du vent qui les déstabilise. Piastri (3e) s'en sort mieux que Norris (6e) qui trouve sa voiture très difficile à piloter. Les Mercedes sont bien placées, et Russell (5e) devance Antonelli (7e) d'une demi-seconde. Tsunoda (8e) confirme le bon niveau de la Racing Bulls, tandis que Hadjar (15e) est éliminé en SQ2 suite à une faute de pilotage. Les Williams (Albon 9e, Sainz 13e) souffrent avec leurs pneus. Les Aston Martin (Stroll 10e, Alonso 11e) sont un peu plus rapides que prévu. Haas connaît un net regain de forme, comme en témoigne la bonne 12e place de Bearman. Ocon (18e) n'a en revanche pas reçu de bons réglages. Bortoleto (14e) fait toujours bonne impression avec la Kick-Sauber. Hülkenberg (19e) ne franchit pas la première manche car ses pneus ont surchauffé. Les deux Alpine (Doohan 16e, Gasly 17e) calent d'emblée, mais l'équipe met cette contre-performance sur le compte du trafic.
Le sprint
Samedi, le beau temps et la douceur (22°C) sont au rendez-vous pour ce premier sprint de la saison 2025. Tous les pilotes partent avec les pneus médiums C2, un composé nettement plus tendre que son équivalent de 2024. Son altération éventuelle sera surveillée de près, notamment en vue du premier relais du Grand Prix du lendemain.
Départ: Hamilton conserve l'ascendant sur Verstappen. Suivent Piastri, Leclerc, Russell et Norris.
1er tour: Leclerc attaque Piastri par l'extérieur du virage n°6, en vain. Norris manque son freinage au même endroit et perd quelques places. Puis Russell déborde Leclerc par l'intérieur à l'épingle. En fin de tour, Hamilton précède Verstappen, Piastri, Russell, Leclerc, Tsunoda, Antonelli, Stroll, Norris et Alonso.
2e: Le DRS est activé. Hamilton réalise le meilleur chrono de l'épreuve (1'35''399''') et compte neuf dixièmes d'avance sur Verstappen.
3e: Hamilton repousse Verstappen hors de la zone DRS. Mais les écarts sont très serrés puisque tous les autres concurrents bénéficient de l'aileron mobile.
4e: En queue de peloton, Lawson double Doohan à l'épingle, non sans que leurs roues s'entrechoquent.
6e: Hamilton mène devant Verstappen (1.2s.), Piastri (1.7s.), Russell (3.4s.), Leclerc (5s.), Tsunoda (6.5s.), Antonelli (7s.), Stroll (8.7s.), Norris (10.5s.), Alonso (13s.), Albon (13.6s.) et Bearman (15s.).
7e: Verstappen revient à moins d'une seconde d'Hamilton et peut donc user du DRS. Piastri est proche de ce duo. Bloqué derrière Stroll, Norris se plaint de l'usure de ses pneus avant.
9e: Verstappen entame ce tour dans le sillage d'Hamilton, mais ce dernier hausse son rythme et parvient à repousser le Néerlandais à une seconde. Hadjar prend la 14e place à Gasly à l'épingle.
10e: Gasly contre-attaque et dépasse Hadjar par l'extérieur du premier tournant. Derrière ce duo, Lawson remonte et double Bortoleto.
11e: Piastri menace Verstappen qui rencontre beaucoup de graining. Sainz est rappelé au stand Williams pour changer ses gommes, déjà cloquées.
13e: Hamilton devance Verstappen (1.7s.), Piastri (2.4s.), Russell (7s.), Leclerc (10.2s.), Tsunoda (12.5s.), Antonelli (13s.), Stroll (14s.), Norris (16.7s.) et Alonso (21s.).
14e: Piastri menace Verstappen par l'extérieur du premier tournant, mais part de trop loin pour le déborder.
15e: Piastri ouvre son DRS dans la ligne droite opposée et dépasse Verstappen par l'intérieur à l'épingle. Le voici deuxième.
16e: Hamilton compte près de quatre secondes d'avance sur Piastri qui a nettement distancé Verstappen, désormais sous la menace de Russell. Antonelli est sur les talons de Tsunoda.
17e: Norris conquiert enfin la huitième place aux dépens de Stroll. Gasly prend la 12e place à Bearman par l'extérieur du premier tournant.
18e: Six secondes séparent Hamilton et Piastri. Leclerc est dans les roues de Russell. Hadjar et Lawson doublent Bearman.
19e et dernier tour: Leclerc assaille Russell par l'extérieur du virage n°6, en vain. En queue de peloton, Doohan harponne Bortoleto au freinage de l'épingle. Le Brésilien part en tête-à-queue. L'Alpine et la Sauber bloquent Hülkenberg, et Sainz en profite pour contourner tout ce petit monde. Bortoleto, Hülkenberg et Doohan parviendront à repartir.
Lewis Hamilton rempote ce sprint devant Piastri et Verstappen. Russell se classe quatrième, Leclerc cinquième. Tsunoda (6e) ouvre le compteur de Racing Bulls. Antonelli finit 7e et Norris seulement 8e. Viennent ensuite Stroll, Alonso, Albon, Gasly, Hadjar, Lawson, Bearman, Ocon, Sainz, Bortoleto, Hülkenberg et Doohan. Ce dernier est pénalisé de 5 secondes pour avoir heurté Bortoleto.
L'attrition des pneus Pirelli fut l'élément-clé de ce sprint. Comme cela était redouté, le nouveau pneu C2 a souffert sur un bitume tout neuf et s'est couvert de graining sur la plupart des bolides. En sprinteur expérimenté, Lewis Hamilton a su bichonner ses Pirelli à flancs jaunes pour remporter sa première victoire pour Ferrari, saluée par une marée rouge recouvrant les tribunes. C'est aussi la première fois que la Scuderia remporte une de ces mini-épreuves. « Je suis plus à l'aise dans la voiture ici qu'à Melbourne, confie Hamilton. On sous-estime les capacités d'adaptation à une nouvelle équipe. Ce n'est pas simple, il y a énormément à assimiler. Mais ici, je me sens très bien. On a bien peaufiné les réglages. Il y avait un grip énorme et il fallait surtout gérer les pneus. Je sais que les tifosi, les fans et l'équipe veulent toujours gagner... Mais Rome ne s'est pas construite en un jour... On va se concentrer sur la qualification... Cette journée est un marathon et non un sprint ! »
En revanche, le rythme des McLaren, et notamment celle de Norris, a surpris. La MCL39 serait-elle à la peine sur ce circuit ? En vérité, si cette voiture n'est pas forcément très facile à conduire, elle est l'une de celles qui a le moins maltraité ses gommes, comme le démontre la fin de course d'Oscar Piastri. Il paraît plus probable que les Papayes ont économisé leurs forces en vue des « choses sérieuses ».
Les qualifications
Hypothèse confirmée l'après-midi. Les McLaren reprennent l'ascendant. Souverain, Piastri réalise la première pole position de sa carrière (1'30''641'''). Norris se classe troisième après avoir commis de son propre aveu quelques petites erreurs. Russell peine à faire chauffer les pneus de sa Mercedes, mais lorsqu'il y parvient, il obtient une très belle deuxième place, à moins d'un dixième de la pole. Le jeune Antonelli décroche une satisfaisante 8e place. Verstappen (4e) se plaint toujours de l'équilibre inconstant de sa Red Bull. Son équipier Lawson, 20e et bon dernier, réalise derechef une prestation catastrophique et signe son « arrêt de mort » chez RBR... Les Ferrari reculent brusquement dans la hiérarchie, sans que ses représentants ne puissent avancer d'explication. Hamilton (5e) et Leclerc (6e) déplorent un équilibre précaire.
Les Racing Bulls se mettent à nouveau en vedette, et l'étonnant Hadjar (7e) devance cette fois Tsunoda (9e). Toutefois, le Français échappe de peu à une pénalité après avoir coupé la route imprudemment à Verstappen dans la voie des stands. Albon (10e) place sa Williams en Q3, tandis que Sainz admet ne pas encore savoir pousser son nouveau bolide à la limite. Haas revit avec la 11e place d'Ocon qui échoue très près de la troisième manche. Bearman (17e) cale en Q1 car il n'est pas parvenu à compléter tous ses runs. Les Sauber manquent d'adhérence, et cette fois l'expérimenté Hülkenberg (12e) s'en tire mieux que le néophyte Bortoleto (19e). Les Aston Martin (Alonso 13e, Stroll 14e) souffrent d'une forte dégradation de leurs pneumatiques. Le même problème frappe les Alpine-Renault de Gasly (16e) et Doohan (18e), éliminées dès la Q1.
Le Grand Prix
Dimanche, le ciel est un peu chargé au-dessus de Shanghai et le risque d'averse, quoique faible, n'est pas écarté. Le mercure tombe à 18°C dans l'air, et la piste est nettement moins chaude (7°C de moins) que samedi. Cela freinera-t-il l'attrition des pneus ? La plupart des pilotes chaussent les médiums C2. Seuls Hülkenberg, Stroll et Lawson sont en pneus durs (C1). Piastri s'élance pour la première fois de la pole, avec un brin d'anxiété, mais aussi la fierté d'avoir remporter un défi essentiel. L'an passé, Norris était parti huit fois de la première place tandis que l'Australien était toujours un peu en retrait sur la grille. Désormais, la tendance s'inverse, et c'est peut-être déjà un premier tournant dans ce championnat du monde. Reste à concrétiser en course.
Départ: Russell démarre un petit peu mieux que Piastri, mais celui-ci le serre vers la droite et garde l'avantage. Au freinage, Norris contourne la Mercedes et la dépasse à la sortie de l'« escargot ». Les Ferrari doublent Verstappen, mais à la fin de l'enchaînement, Leclerc saute sur le vibreur, heurte légèrement Hamilton et arrache la dérive gauche de son aileron avant. Hülkenberg dérape dans les graviers au virage n°4.
1er tour: Bortoleto exécute un tête-à-queue et ressort du bac à graviers bon dernier. En fin de boucle, Piastri devance Norris, Russell, Hamilton, Leclerc, Verstappen, Antonelli, Tsunoda, Hadjar et Ocon.
2e: Le DRS est activé. Piastri prend plus d'une seconde d'avance sur son équipier. Bortoleto change de gommes.
3e: Le drapeau jaune est un temps brandi au virage n°3 en raison des débris semés par Leclerc. Ce dernier poursuit avec son aileron abîmé, mais perd évidemment des points d'appuis aérodynamiques.
4e: Suite à une surchauffe, la pédale de frein d'Alonso touche le plancher. Le vétéran du peloton ralentit puis regagne les stands pour mettre pied à terre.
5e: Piastri précède Norris (0.5s.), Russell (1.6s.), Hamilton (3s.), Leclerc (4.3s.), Verstappen (7s.), Antonelli (8.1s.), Tsunoda (9.5s.), Hadjar (10.5s.), Ocon (11.1s.), Albon (11.7s.) et Gasly (12.4s.).
7e: Hamilton signale du graining sur ses pneus avant. Si en tête les écarts excèdent la seconde, un « train DRS » regroupe Hadjar, Ocon, Albon, Gasly, Stroll et Sainz.
8e: Norris constate la dégradation de son pneu avant-gauche. Il rend près de deux secondes à Piastri.
10e: Piastri mène devant Norris (1.6s.), Russell (4s.), Hamilton (5.7s.), Leclerc (6.6s.), Verstappen (11.4s.), Antonelli (13.1s.), Tsunoda (15s.), Hadjar (16s.), Ocon (16.7s.), Albon (17.7s.) et Gasly (18.3s.).
11e: Gasly apparaît chez Alpine et bascule sur les pneus durs.
12e: Deux secondes séparent les McLaren. Leclerc menace Hamilton malgré son aileron endommagé. Tsunoda, Ocon et Doohan prennent les gommes blanches.
13e: Antonelli et Hadjar chaussent les pneus durs et font de mauvaises affaires: l'Italien se retrouve derrière Tsunoda et le Français derrière ses compatriotes Ocon et Gasly.
14e: Hamilton (2.4s.) et Verstappen (2.2s.) prennent les pneus durs et repartent respectivement 10e et 12e. Ocon prend l'aspiration d'Antonelli dans la grande ligne droite opposée. L'Italien tasse son assaillant, mais ce dernier passe tout de même en force, en mettant deux roues dans la poussière !
15e: Piastri se saisit de gommes dures lors d'un arrêt un peu long (3.8s.). Il quitte les stands juste devant Stroll. Russell prend aussi les pneus blancs (2.4s.). Norris hérite du commandement devant Leclerc et Albon.
16e: Norris chausse les pneus durs. Il repart derrière Piastri et au niveau de Russell. Ce dernier déborde son compatriote par l'extérieur à la sortie de l' « escargot ». Tous deux effacent ensuite Stroll. Leclerc prend aussi les pneus durs et repart derrière Hamilton. Albon se retrouve ainsi leader.
17e: Piastri rattrape Albon et le dépasse sans coup férir. Les Ferrari ont doublé Bearman, puis se défont de Sainz qui rentre changer de pneus.
18e: Norris assaille Russell par l'intérieur du premier tournant et reprend ainsi sa position. Hamilton et Leclerc se défont de Stroll qui est sur une stratégie décalée. Bien qu'il soit parti en pneus durs, Lawson chausse déjà les médiums.
19e: Norris déborde Albon à l'épingle et se retrouve deuxième, à trois secondes et demie de Piastri.
20e: Russell efface Albon qui regagne ensuite le stand Williams pour changer de pneus. Le Thaïlandais se retrouve 14e. Verstappen dépasse Stroll.
21e: Hamilton laisse passer Leclerc, plus rapide, sur ordre de la murette Ferrari. Hülkenberg chausse les pneus médiums.
22e: Piastri mène devant Norris (4s.), Russell (5.4s.), Leclerc (6.6s.), Hamilton (8.4s.), Verstappen (10.5s.), Stroll (14s.), Bearman (18s.), Tsunoda (18.7s.), Ocon (25.2s.), Antonelli (27s.) et Hadjar (29.5s.). Albon prend la 13e place à Gasly.
24e: Bearman assaille Stroll à l'épingle, mais il freine trop tard et part en travers. Un peu plus loin, Hadjar poursuit Antonelli.
26e: Quatre secondes séparent Piastri et Norris. Leclerc tente de s'accrocher à Russell, mais la Mercedes a une bien meilleure traction que la Ferrari.
27e: Norris signe le meilleur chrono (1'36''754''') et reprend une demi-seconde à Piastri. Bearman chausse les pneus médiums. Second arrêt pour Bortoleto.
28e: Piastri précède Norris (3.2s.), Russell (6s.), Leclerc (6.7s.), Hamilton (9.7s.), Verstappen (14s.), Stroll (23s.), Tsunoda (26.3s.), Ocon (28.7s.), Antonelli (31.3s.), Hadjar (32.4s.) et Albon (36.6s.).
29e: Leclerc commet un travers à l'épingle et perd ainsi de précieux dixièmes sur Russell.
30e: Norris est revenu à deux secondes et demie de Piastri. Bearman prend la 16e place à Lawson, incapable de se défendre contre une simple Haas... Le Néo-Zélandais change d'enveloppes dans la foulée.
32e: Piastri est en tête devant Norris (2.6s.), Russell (7.4s.), Leclerc (9.6s.), Hamilton (12.6s.), Stroll (26.6s.), Tsunoda (29.6s.), Ocon (30.8s.) et Antonelli (33.2s.).
33e: Alors que les leaders semblent pouvoir rallier l'arrivée sans s'arrêter à nouveau, Racing Bulls rappelle Hadjar pour reprendre un jeu de pneus durs. Le Francilien se retrouve derrière Doohan.
35e: Norris se plaint de Piastri qui selon lui roule trop lentement. L'Anglais se retrouve dans l'air sale de son équipier et abîme ses pneus. Tsunoda change de pneus pour la seconde fois et se retrouve entre Doohan et Hadjar. Bearman double Sainz.
37e: Stroll effectue son premier pit-stop et chausse les pneus médiums. Le Canadien se retrouve 14e. Sa stratégie se serait avérée payante si les autres membres du « top 10 » avaient prévu un second arrêt...
38e: Hamilton passe chez Ferrari pour reprendre des pneus durs et repart sixième. Bearman attaque Gasly pour la 10e place.
39e: Piastri précède Norris (2.4s.), Russell (8.4s.), Leclerc (12.8s.), Verstappen (18s.), Hamilton (38s.), Ocon (42s.), Antonelli (44.4s.), Albon (47.4s.), Gasly (51.4s.), Bearman (52s.) et Sainz (55.4s.).
40e: Après une rude bagarre, Bearman déborde Gasly par l'extérieur avant le premier virage et s'empare ainsi de la dixième place.
41e: Hamilton réalise le meilleur chrono de la course (1'35''069''').
42e: Norris commence à rencontrer de sérieux problèmes de freins et concède désormais quatre secondes à Piastri.
44e: Piastri devance Norris (4.5s.), Russell (9.5s.), Leclerc (14.5s.), Verstappen (18s.), Hamilton (34s.), Ocon (45s.), Antonelli (47.7s.), Albon (50.4s.), Bearman (53.6s.), Gasly (57.2s.) et Stroll (59.3s.).
45e: Hadjar assaille Doohan avant l'épingle pour le gain de la 15e place. L'Australien retarde son freinage et les deux pilotes empruntent le dégagement. Doohan garde sa position mais il recevra 10 secondes de pénalité pour cette défense litigieuse.
46e: Tsunoda est aux trousses de Sainz lorsqu'il perd soudain un flap de son aileron avant. Le Japonais doit rallier son stand pour remplacer son museau et se retrouve dernier. Second arrêt pour Hülkenberg.
48e: L'écart reste stable entre les McLaren. Verstappen se rapproche de Leclerc qui déplore l'instabilité de sa Ferrari.
50e: Piastri et Norris prennent un tour aux Sauber. Verstappen fait la jonction avec Leclerc.
52e: Malgré une pédale de frein capricieuse, Norris demeure à trois secondes de Piastri. Verstappen est dans les roues de Leclerc.
53e: Verstappen contourne Leclerc par l'extérieur à la sortie du premier enchaînement et conquiert ainsi la quatrième place. Le Monégasque tente de répliquer au virage n°6, sans succès.
54e: Piastri mène devant Norris (3s.), Russell (8s.), Verstappen (14s.), Leclerc (15s.), Hamilton (23s.), Ocon (46s.), Antonelli (48.5s.), Albon (50.5s.), Bearman (55.2s.), Gasly (1m.) et Sainz (1m. 03s.).
56e et dernier tour: Oscar Piastri remporte son troisième Grand Prix devant son équipier Norris. Russell grimpe sur la troisième marche du podium. Verstappen est quatrième devant les Ferrari de Leclerc et d'Hamilton. Ocon décroche une belle 7e place avec sa Haas. Le jeune Antonelli est huitième. Albon se classe neuvième et Bearman dixième. Viennent ensuite Gasly, Stroll, Sainz, Doohan, Hadjar, Lawson, Bortoleto, Hülkenberg et Tsunoda. Doohan recule de deux rangs à cause de sa pénalité.
Le classement est toutefois chamboulé quelques heures après l'arrivée. Les deux Ferrari sont disqualifiées: celle de Leclerc est en dessous du poids minimum et le patin d'Hamilton est trop fin. L'Alpine de Gasly est aussi exclue pour poids non conforme. Ocon se retrouve donc cinquième devant Antonelli, Albon et Bearman, tandis que Stroll et Sainz empochent les derniers points.
Après la course
Le duel pour le titre mondial s'amorce entre les deux pilotes McLaren, Lando Norris et Oscar Piastri. Après une première manche à Melbourne remportée par le Britannique, l'Australien gagne à Shanghai. Celui-ci paraît avoir franchi un nouveau cap ce week-end avec sa première pole position. Puis Piastri fut absolument magistral, intouchable en course. « Le week-end a été incroyable du début à la fin, constate-t-il. On signe un excellent doublé. La clé fut encore aujourd'hui le comportement des pneus. Il fut surprenant. Sur les médiums, c'était compliqué, mais meilleur qu'hier. Et les pneus durs étaient bien plus endurants que prévu. Ne faire qu'un seul arrêt était donc une surprise, mais une bonne surprise. » De son côté, Lando Norris est parvenu à se défaire deux fois de George Russell, au départ puis après son pit-stop, mais il n'a jamais pu vraiment menacer son équipier. En fin de course, il s'est fait très peur en ressentant une fragilité dans sa pédale de frein. « J'étais un peu nerveux, c'était une course de gestion, confie-t-il. Oscar a été rapide toute la course, j'ai essayé de m'approcher mais sans succès. Et puis, j'ai vécu quinze derniers tours de cauchemar. J'ai fini sans freins, avec la frayeur que la pédale ne lâche définitivement. Je suis heureux d'avoir vu l'arrivée. »
Ainsi, malgré ce doublé, Andrea Stella invite McLaren à ne pas s'endormir sur ses lauriers et dénonce la panne de freins dont a été victime Norris, qui aurait pu avoir des conséquences catastrophiques: « La course a été plus tendue qu'il n'y paraissait. Nous étions nerveux car il y avait beaucoup de graining et nous ne savions pas si nous ferions un ou deux arrêts. Si nos concurrents adoptaient des stratégies différentes, lesquelles couvrir ? Et bien sûr, à 15-20 tours de l'arrivée, Lando a commencé à avoir un problème avec la pédale de frein. Il a fait un excellent travail avec l'équipe pour gérer le problème, en adaptant son style de pilotage. Mais nous avons donc fini avec beaucoup de stress. Cette défaillance était inacceptable, il va falloir y remédier. » Stella n'en rajoutera pas. Il s'agit tout de même du 50e doublé de l'histoire de McLaren... 57 ans après le premier, au GP du Canada 1968.
Ferrari achève ce week-end chinois sur un désastre, une double disqualification, Sa course fut auparavant d'emblée compromise par la collision entre les deux bolides au virage n°3. Leclerc a alors perdu entre 30 et 40 points d'aérodynamisme, ce qui rendait sa SF-25 très instable. « J'essayais simplement de me placer pour le virage 3, explique-t-il. Lewis était à l'extérieur, je pensais qu'il conservait sa trajectoire, donc je ne m'attendais pas à ce qu'il revienne vers l'intérieur. Il ne m'a pas vu, on s'est touchés. » Par la suite, Leclerc put maintenir un très bon rythme malgré son aileron endommagé. Dans son malheur, il a en effet eu de la chance, car la zone touchée n'avait pas d'impact sur la gestion du flux d'air ou l'optimisation du soubassement, deux éléments-clés de l'aérodynamisme. Lewis Hamilton est lui aussi mécontent de son dimanche: contrairement à la veille, lors du sprint, il a rencontré beaucoup de graining et a dû stopper deux fois. Un changement de réglages inopportun entre le sprint et les qualifications est en cause selon lui. Et puis, les deux bolides rouges sont finalement disqualifiés, qui plus est pour deux motifs différents ! La voiture de Charles Leclerc est contrôlée 1 kg en dessous du poids réglementaire, une anomalie que la Scuderia explique par l'usure excessive et inattendue (?) des pneumatiques. Quant à Lewis Hamilton, la dégradation de ses patins arrière était de 0,5 mm inférieure à la limite autorisée. « Nous avons mal évalué l'attrition des patins, avec une trop petite marge », explique le communiqué de la Scuderia. Ainsi, Ferrari quitte la Chine avec seulement 17 points au classement des constructeurs, ex-æquo avec Williams (!), et déjà 61 longueurs de retard sur McLaren. Si la double disqualification paraît déjà passablement stupide, la pertinence de s choix techniques de la Scuderia fait débat. N'a-t-elle pas décidé de repartir cette saison d'une page blanche, avec une SF-25 totalement nouvelle ? La presse italienne s'inquiète. « SOS Ferrari ! » titre La Repubblica ce lundi 25 mars, tandis que le journaliste de La Stampa Jacopo D'Orsi croit savoir que les Rouges ont déjà prévu d'introduire un nouveau plancher à Suzuka.
Chez Mercedes, le bilan est une fois de plus en demi-teinte. Certes, les résultats sont bons, les deux pilotes moissonnent 30 points, mais la W16 n'est pas en mesure de menacer les McLaren. « Je crois avoir réussi à tirer le meilleur parti de chaque moment passé en piste », déclare un George Russell irréprochable. « J'étais très content des qualifications, en me plaçant entre les McLaren. Et puis j'ai mené une course solide. J'ai très vite pressenti qu'il y aurait un arrêt unique. C'était un peu frustrant car cela a enlevé tout suspens. J'aurais aimé que les McLaren s'arrêtent deux fois. Mais cette équipe a fait un boulot incroyable pour maîtriser la surchauffe des pneus. » Andrea Kimi Antonelli termine pour sa part sixième malgré un fond plat endommagé. « J'ai heurté des débris venant de l'aileron de Leclerc au départ, explique-t-il. J'ai eu ensuite beaucoup de difficultés avec le train arrière, mais apprendre à gérer ce genre de situation est une bonne expérience. » Avec 22 points marqués en seulement deux courses, le néophyte italien n'a pas à rougir de ses débuts en F1. « Je suis content dans l'ensemble, dit-il. Je pense que je dois surtout m'améliorer en qualifications. Si je suis meilleur le samedi, alors le dimanche se passera mieux. J'éviterai les incidents du départ. Je suis impatient de passer à la suite ! »
Cette fois-ci, Max Verstappen n'a pas fait de miracles et termine très loin des McLaren. Il finit tout de même quatrième devant les Ferrari. Très capricieuse avec les pneus médiums, la Red Bull RB21 fut bien plus rapide lors du dernier relais en pneus durs, ce qui a permis au Hollandais de doubler Charles Leclerc en fin d'épreuve. « Lors du sprint, j'ai vu que les médiums lâchaient rapidement, donc je n'ai pas tenté le diable avec eux en course, raconte-t-il. Au final, la dégradation fut bien moindre que prévu. Les pneus étaient encore en bon état quand je me suis arrêté. En revanche, avec les durs, j'ai retrouvé de l'adhérence. Toutefois, l'équilibre restait précaire. On va dire que ce dernier relais nous permet d'y voir plus clair sur le comportement de la voiture. » Helmut Marko est plus tranché: « Les pneus médiums nous ont fait perdre la course. Avec les durs, Max était aussi rapide que les leaders ! » La RB21 paraît toutefois avoir des problèmes bien plus profonds. C'est pour quoi Christian Horner convoquera une réunion de crise à Milton Keynes où l'équipe technique sera chaudement invitée à réagir. Il faudra aussi trancher le cas Liam Lawson. Piteux 15e après un week-end calamiteux, le Néo-Zélandais devrait déjà prendre la porte. « Il est certain qu'il ne peut pas continuer ainsi. Il va falloir prendre des décisions en conséquence » tonne le Dr. Marko, qui en parallèle vante les débuts d'Isack Hadjar. Celui-ci pourrait-il se retrouver bientôt dans la seconde Red Bull ? « Le soleil et l'ombre sont proches l'un de l'autre ! » lance le vieil Autrichien, soudain poète. Mais en vérité, le jeune Français est bien trop tendre pour une telle promotion. L'heure de Yuki Tsunoda semble enfin venue...
Haas a réalisé un grand bond en avant en Chine, huit jours après une entame australienne calamiteuse. Esteban Ocon et Oliver Bearman engrangent 14 points bien mérités après de rudes efforts pour comprendre la VF-25, apparemment très sensible à la modification de la hauteur de caisse. Le revêtement hyper-lisse de Shanghai l'avantageait davantage que celui très bosselé de Melbourne, et des changements de réglages bienvenus après le sprint ont fait le reste. « Nous n'avons pas beaucoup dormi, mais cela en valait la peine ! » sourit Ocon, ravi d'inscrire ses premiers points avec sa nouvelle équipe. En revanche, la course fut très frustrante pour Racing Bulls, avec zéro point marqué malgré deux pilotes qualifiés dans le top 10, la faute à une inepte stratégie à deux arrêts. Ainsi, l'équipe italienne, qui apparaît comme la cinquième force du plateau, ne compte que 3 points après deux courses. « C'est la deuxième course consécutive que nous n'obtenons pas les points qui nous étaient promis par notre vitesse », soupire Laurent Mekies. Ce dernier a cependant un autre problème en tête: à cause du « cas Lawson », quels pilotes alignera-t-il à Suzuka ?
Sources :
- Nextgen-auto.com
- Auto hebdo n°2505, 26 mars 2025
Tony