Présentation de l'épreuve
L'autodrome des frères Rodriguez est plein à craquer pour ce Grand Prix de Mexico, et comme tous les ans celui-ci n'a d'yeux que pour Sergio Pérez. Ce dernier n'a pourtant pas de quoi pavoiser, au regard de sa saison misérable. On chuchote même qu'il a conservé son volant chez Red Bull dans le seul but de ne pas plomber les audiences et les recettes de la tournée latino-américaine de la Formule 1... « Checo » se sait sur la sellette. Il ne s'est pas mépris sur le sens du récent remplacement de Daniel Ricciardo par Liam Lawson chez Visa Cash RB. Christian Horner et Helmut Marko évaluent le jeune Néo-Zélandais en cette fin de saison afin de voir s'il a les épaules pour devenir l'équipier de Max Verstappen dès 2025. Dans ce contexte, le contrat signé au printemps entre Pérez et Red Bull n'a plus beaucoup de valeur, comme le confirme le Dr. Marko: « Il a un contrat pour 2025, mais cela dépend de ses performances. En F1, c'est la compétition qui prime, c'est pour cela que Ricciardo a été remplacé. » La situation est d'autant plus grave pour Pérez que son écurie peut légitimement lui imputer son échec au championnat des constructeurs: déjà semée par McLaren, Red Bull devrait logiquement bientôt glisser derrière Ferrari... Cependant, s'il admet que sa saison 2024 est « terrible », Checo Pérez affiche encore son optimisme et assure qu'il sera sur la grille l'année suivante. Bien sûr, personne ne le croit, et chacun sait que Christian Horner cherche un moyen de casser le contrat de son deuxième pilote sans perdre trop d'argent.
Aussi, le pilote mexicain préfère profiter de ce week-end de communion avec ses compatriotes, qui pourrait bien être le dernier. Quitte à se faire violence, car il n'aime guère être sous le feu des projecteurs. « C'est un peu un ermite », lâche Carlos Arroyo, un de plus proches amis. Il n'est en effet pas toujours facile d'être un héros national. S'il veut disparaître dans son pays, Pérez doit se terrer dans sa nouvelle villa de Punta Mita, sur la côte pacifique. C'est là qu'il a passé ses vacances estivales en compagnie de son épouse Carola et de leurs quatre enfants. Son aîné, Chequito, six ans, accompagne son père sur la piste de karting qu'il a fait construire à Guadalajara. La naissance d'une vocation ? « Pour l'instant, il veut plutôt être footballeur ou lutteur », tempère Pérez.
L'affaire de la pénalité infligée à Lando Norris à Austin rebondit à Mexico. McLaren dépose en effet une demande de révision en arguant que, contrairement à ce qu'affirmaient les commissaires de course au Texas, Norris avait bien dépassé Max Verstappen avant d'entrer dans le virage n°12. Ainsi, c'est le Néerlandais qui se serait rendu coupable d'une manœuvre de défense illicite. L'équipe britannique pointe une « mauvaise formulation » de la décision. Mais la fédération rejette promptement cette réclamation en prétendant que McLaren ne présentait aucun nouvel élément. Elle ajoute que contester le vocabulaire employé dans un délibéré n'apporte rien de neuf, et accuse même le plaignant « de ne pas agir de bonne foi ». McLaren prend acte de cette décision. Néanmoins, tout le monde sait que Verstappen s'est défendu contre Norris en exploitant une faille réglementaire qui de fait lui permet de pousser un assaillant dehors en toute impunité. La plupart de pilotes pensent d'ailleurs que c'est le Hollandais qui aurait dû être puni. C'est pourquoi, le 25 octobre, Niels Wittich convie les pilotes à un briefing afin de débattre de ce sujet. À l'issue de cette réunion, la FIA annonce qu'elle publiera au GP du Qatar une nouvelle directive sur les dépassements dont le contenu sera soumis à l'approbation des pilotes. Sous le feu des critiques, Max Verstappen se borne à déclarer qu'il conduit en respectant les règles, mais qu'il adapterait son pilotage si d'aventure celles-ci devaient changer.
Fernando Alonso célèbre son 400e Grand Prix de Formule 1 - bien qu'il s'agisse en réalité de son 397e, puisqu'il a connu trois abandons avant le coup d'envoi. Un chiffre absolument vertigineux sur lequel le quadragénaire n'a guère envie de s'étendre. « J'échangerais volontiers la moitié de ces Grands Prix contre un troisième titre mondial ! » lâche cet éternel ambitieux. Le temps n'a en effet semble-t-il aucune prise sur lui, et il espère bien remporter la couronne avec Aston Martin et Honda à l'horizon 2026. Et pourquoi pas après cette date, si l'envie est toujours là... Le site officiel de la F1 s'amuse à publier un tableau dévoilant l'âge des 19 concurrents d'Alonso lorsque celui-ci a débuté en F1, en mars 2001. Hormis Lewis Hamilton, Nico Hülkenberg et Valtteri Bottas, tous étaient des enfants, pour la plupart en bas âge. Plus impressionnant: Oscar Piastri, Liam Lawson et Franco Colapinto n'étaient même pas nés ! Mais Alonso n'a guère la tête à tout cela. Depuis Austin, il souffre de maux de ventre et est visiblement mal en point. Après ce Grand Prix mexicain, il devra effectuer un aller-retour en Europe pour consulter un spécialiste.
Alors que la position de Sergio Pérez chez Red Bull paraît on ne peut plus incertaine, Yuki Tsunoda est rarement cité pour sa succession. Il est vrai que le pilote japonais est officiellement sous contrat avec Visa Cash RB pour 2025. Mais il a certainement été piqué qu'en juillet dernier Red Bull ait négligé de l'inviter à des tests comparatifs à Imola, auxquels ont participé Daniel Ricciardo et Liam Lawson. Il peut heureusement compter sur Honda. Koji Watanabe, patron de la firme nippone, est intervenu en sa faveur auprès de Christian Horner, et ce dernier annonce à Mexico que Tsunoda participera en décembre aux essais pneumatiques post-saison, à Abou Dhabi, ce qui lui permettra de travailler enfin avec les ingénieurs de RBR.
Le second volant chez Stake-Sauber n'est toujours pas attribué pour la prochaine saison. Et si le Brésilien Gabriel Bortoleto semble avoir les faveurs de Mattia Binotto, il n'a toujours pas été confirmé. Cette incertitude angoisse Valtteri Bottas qui demeure candidat à sa succession au sein du team helvétique, mais n'est clairement pas l'option privilégiée par son patron ou par Audi. Aussi, certains avancent que le Finlandais pourrait faire son retour chez Mercedes en tant que réserviste pour la prochaine saison. « Comme je n'ai rien signé et que nous sommes en octobre, j'envisage toutes les options, y compris un retour dans la famille Mercedes », confirme-t-il ce week-end.
Mattia Binotto poursuit sa prise en main de l'entité Stake-Sauber, future Audi F1. Il nomme ainsi directeur sportif Iñaki Rueda, qui avait exercé sous sa direction les fonctions de stratège chez Ferrari. Celui-ci succède à Beat Zehnder, membre historique de l'aventure Sauber, promu directeur des opérations et des programmes signature. Zehnder assurera ainsi en quelque sorte la continuité entre les époques Sauber et Audi. Enfin, Giampaolo Dall'Ara hérite du nouveau poste de directeur de ingénierie de course. L'Italien est bien connu à Hinwil puisqu'il y a occupé différents postes stratégiques entre 2000 et 2015. Depuis 2016, il dirigeait sa propre société de consulting.
Williams adopte pour les Grands Prix mexicain et brésilien une livrée spéciale: le capot moteur de la FW46 se pare du logo jaune de Mercado Libre, une entreprise argentine de commerce en ligne, sponsor de Franco Colapinto. L'association du bleu et du jaune permet aussi au passage de rappeler la robe des Williams victorieuses des années 1980 et 90... « Les livrées jaunes occupent une place particulière dans l'histoire de Williams et il est formidable de voir cette couleur revenir sur nos voitures avec l'une des principales entreprises technologiques d'Amérique latine », indique James Bower, directeur commercial de l'écurie. D'autre part, Colapinto, nouvelle coqueluche du public argentin, porte ici un casque bleu, blanc et jaune évoquant celui de son glorieux aîné Carlos Reutemann, disparu en 2021, et qui faillit décrocher en 1981 le titre mondial avec cette même équipe Williams.
La fin de saison approche, et les écuries se plient à l'obligation de faire rouler des « rookies » à deux reprises au cours de l'année. Pas moins de cinq néophytes prennent ainsi la piste lors des premiers essais du vendredi. Chez Ferrari, Charles Leclerc cède son volant à Oliver Bearman qui emmagasine ainsi les kilomètres en vue de sa titularisation chez Haas. Mercedes confie la W15 de Lewis Hamilton à son successeur, Andrea Kimi Antonelli. Fernando Alonso cède son Aston Martin au réserviste Felipe Drugovich. Chez Stake, Robert Shwartzman remplace Guanyu Zhou, une faveur qu'il doit certainement à sa proximité avec Mattia Binotto. Enfin, Lando Norris prête sa McLaren au régional de l'étape Patricio O'Ward.
Les écuries aèrent les carrosseries pour favoriser le refroidissement sur ce circuit en haute altitude. Ferrari creuse ainsi des ouïes inédites sur sa SF-24. McLaren introduit un nouveau plancher sur sa MCL38, nouvel élément de l'évolution prudente apparue à Austin. La VCARB est aussi dotée d'un fond plat retravaillé. Enfin, chez Alpine, Ocon bénéficie à son tour des améliorations testées par Gasly aux États-Unis.
Essais et qualifications
Vendredi après-midi, Russell se montre le plus rapide (1'17''998''') lors de des premiers essais libres. Il devance Sainz et Tsunoda. La séance est marquée par un accrochage entre Albon et Bearman: le Thaïlandais perd le contrôle de sa Williams entre les virages n°9 et 10, harponne la Ferrari et atterrit dans le mur. La seconde séance est consacrée aux essais des prototypes des pneus Pirelli pour 2025, avec deux relais pour chaque pilote, un court et un long. Sainz réalise un meilleur chrono assez anecdotique (1'17''699'''). Russell provoque un drapeau rouge en percutant les glissières au virage n°9. Verstappen reste coincé au garage à cause d'un problème de moteur. Samedi, sous un ciel nuageux, les McLaren dominent la troisième séance libre, et le meilleur temps revient à Piastri (1'16''492''').
Lors des qualifications, Sainz crée une petite surprise en signant avec sa Ferrari la sixième pole de sa carrière (1'15''946'''). Leclerc (4e) concède 3/10e à son équipier, selon lui à cause d'un set-up perfectible. Verstappen (2e) transcende une Red Bull fort instable pour atteindre la première ligne. En revanche, Pérez (18e) s'effondre totalement à domicile, la faute selon lui à un déficit de grip au freinage. Peu satisfait de sa McLaren, Norris se contente de la troisième place, à un dixième de Verstappen. Piastri (17e) est en revanche éliminé dès la Q1 à cause d'une erreur au virage n°12. Les Mercedes sont en troisième ligne, ce qui convient à Russell (5e), mais pas à Hamilton (6e) qui ne reconnaît pas sa W15 d'une séance à l'autre... Les Haas-Ferrari sont à nouveau en Q3, et comme à Austin Magnussen (7e) est meilleur qu'un Hülkenberg (10e) brouillon.
Gasly (8e) est heureux de constater les progrès de l'Alpine-Renault. A contrario, Ocon (19e) sombre d'emblée, et partira des stands après avoir changé des éléments sur son groupe motopropulseur. Albon (9e) est content de sa Williams, contrairement à Colapinto (16e) qui pointe du survirage après un changement de réglages. Chez Visa Cash RB, Tsunoda (11e) provoque un drapeau rouge en quittant la route dans le Stadium. Cet incident coupe l'effort de son équipier Lawson (12e). Les Aston Martin sont très en retrait, mais Alonso (13e) se dit plus confiant que Stroll (14e). Bottas (15e) réalise une belle prouesse en hissant sa Kick-Sauber en Q2. Zhou (20e) est en revanche une fois de plus en bas de tableau.
Le Grand Prix
Le ciel est voilé en ce dimanche sur Mexico et le mercure ne dépassera pas les 20°C. Comme toujours ici, un seul changement de pneus s'avère nécessaire. La majorité des pilotes part avec le pneu médium (C2). Colapinto, Ocon, Bottas, Zhou, Lawson et Pérez prévoient un très long premier relais avec le composé dur (C1).
Départ: Verstappen démarre mieux que Sainz et se porte à sa hauteur, à droite. Leclerc est dans le sillage du pilote Red Bull et Norris à l'extérieur. Verstappen plonge à l'intérieur au freinage et Sainz, quelque peu poussé vers l'extérieur, coupe droit dans la pelouse. Plus loin, Tsunoda déborde Albon par l'extérieur. Mais, gêné par Gasly à sa droite, le pilote Williams accroche la roue arrière-droite de la VCARB. Celle-ci se met à l'équerre, frôle le muret extérieur, puis va mourir en marche arrière dans les glissières du premier tournant.
1er tour: Sainz laisse passer Verstappen pour éviter toute pénalité. Mais la voiture de sécurité est envoyée en piste à la suite de l'accident de Tsunoda. Albon est garé sur le bas-côté avec une roue avant-gauche ouverte.
2e: La Safety Car intervient. Verstappen mène devant Sainz, Norris, Leclerc, Hamilton, Russell, Magnussen, Hülkenberg, Gasly et Lawson.
4e: Alors que la machine de Tsunoda a été évacuée, une grue entre sur le circuit pour ôter la Williams d'Albon. Pérez écope d'une pénalité de cinq secondes: il s'était garé bien trop en aval de son emplacement sur la grille.
6e: La piste a été dégagée et la voiture de sécurité s'efface à l'issue de cette boucle. Verstappen accélère très tôt dans le Stadium pour se prémunir d'une attaque de Sainz.
7e: La course reprend. Verstappen conserve une courte avance sur Sainz.
8e: L'usage du DRS est autorisé. Sainz évolue à seulement huit dixièmes de Verstappen.
9e: Sainz prend l'aspiration de Verstappen, plonge à l'intérieur au premier virage, freine tard et conquiert le commandement. Il escalade toutefois le vibreur au second tournant, mais conserve ensuite l'usage du DRS dont ne bénéficie pas Verstappen. Le Madrilène se met ensuite à l'abri d'un assaut.
10e: Verstappen manque d'énergie dans sa batterie et devient une proie pour Norris. Ce dernier l'assaille par l'extérieur au virage n°4, mais le Hollandais l'emmène au large. L'Anglais traverse la pelouse et retrouve le bitume devant Sainz, qu'il laisse aussitôt passer avant de se replacer devant Verstappen. Ce dernier n'abdique pas: il plonge à l'intérieur du virage n°7, et lui-même et Norris virent hors limites. Cette double sortie profite à Leclerc qui dépasse les deux bolides, tandis que Verstappen réaccélère devant Norris.
11e: Sainz mène devant Leclerc (1.4s.), Verstappen (2.7s.), Norris (3.7s.), Hamilton (4.5s.), Russell (5.3s.), Magnussen (6.1s.), Hülkenberg (7.1s.), Gasly (8s.), Lawson (10s.), Stroll (11.3s.) et Pérez (12.8s.).
12e: La deux manœuvres de Verstappen sur Norris sont évaluées par les commissaires. Pérez double Stroll et prend la 11e place.
13e: Verstappen reçoit une pénalité de 10 secondes pour avoir poussé Norris dehors au virage n°4. Russell menace Hamilton pour la cinquième place.
15e: Sainz compte près de deux secondes d'avance sur Leclerc. Russell prend l'aspiration d'Hamilton dans la grande ligne droite. Il pique à droite, mais son équipier se décale tard pour lui couper l'élan. Cependant le plus jeune des Anglais plonge alors à l'extérieur et dépasse ainsi son aîné. Ce dernier se trouve menacé par l'étonnant Magnussen.
16e: Alonso rentre au stand Aston Martin pour abandonner suite à une surchauffe de ses freins. Il occupait la 13e place.
17e: Sainz devance Leclerc (1.6s.), Verstappen (4.4s.), Norris (6s.), Russell (11s.), Hamilton (12.4s.), Magnussen (13.2s.), Hülkenberg (15.7s.), Gasly (16.8s.), Lawson (18s.), Pérez (18.5s.) et Stroll (21.6s.).
18e: Pérez attaque Lawson et plonge à l'intérieur au virage n°4. Le Néo-Zélandais ne cède pas un pouce au Mexicain et reste à sa hauteur dans l'enchaînement. Les deux monoplaces se touchent, et Pérez, envoyé vers l'extérieur, finit céder, avant de rattraper un début de tête-à-queue à l'épingle.
19e: Pérez roule désormais avec un ponton droit endommagé. Stroll le déborde par la droite à l'Ese del Lago, mais le Mexicain le pousse sans ménagement dans la pelouse et conserve l'ascendant.
20e: Verstappen reçoit 10 nouvelles secondes de punition pour son assaut contre Norris au virage n°7. Pérez arrive chez Red Bull, subit sa pénalité et chausse les pneus durs.
21e: Trois secondes séparent les Ferrari en tête. Piastri émerge au 12e rang après avoir double Colapinto.
23e: Sainz est premier devant Leclerc (3.8s.), Verstappen (8.6s.), Norris (9.6s.), Russell (16.6s.), Hamilton (19s.), Magnussen (22s.), Hülkenberg (25.5s.), Gasly (28s.) et Lawson (29.7s.). Piastri dépasse Stroll au tour suivant.
25e: Sainz accroît son avance et compte quatre secondes de marge sur Leclerc. Norris a rejoint Verstappen.
27e: Verstappen entre aux stands, reste 20 secondes au piquet, puis chausse les gommes dures. Il se relance en 15e position, devant Pérez. Stroll change aussi de pneus.
28e: Sainz porte son avantage sur Leclerc à près de sept secondes. Norris est à treize secondes du leader.
29e: Hamilton chausse les gommes dures (3.1s.) et repart dixième. Gasly (3.5s.) prend aussi ce composé. Verstappen efface Zhou, puis Ocon.
30e: Huit secondes séparent Sainz et Leclerc. Hülkenberg passe sur les pneus durs et repart devant Gasly.
31e: Norris se saisit de pneus durs (2.3s.) et cède la troisième place à Russell. Magnussen change aussi d'enveloppes. Hamilton efface Colapinto qui n'a pas encore stoppé.
32e: Leclerc s'empare de Pirelli blancs (3.1s.) et reste second. Russell prend aussi des pneus durs (2.8s.) et se relance devant Hamilton. Verstappen double Bottas et reparaît en neuvième position.
33e: Sainz se munit de pneus durs (2.7s.) et retrouve la piste sans avoir cédé la première place. Russell dépasse Piastri, puis Lawson.
34e: Hamilton attaque Piastri dans la très longue ligne droite, mais ce dernier le serre et garde l'ascendant. Tous deux effacent ensuite Lawson.
35e: Sainz compte huit secondes d'avance sur Leclerc, treize secondes sur Norris. Hamilton se défait de Piastri et pointe au cinquième rang. Verstappen remonte peu à peu sur Colapinto.
36e: Leclerc attaque et reprend plusieurs dixièmes à Sainz. Verstappen déborde Colapinto au premier virage et se retrouve huitième. Les Haas de Magnussen et Hülkenberg doublent la Sauber de Bottas.
38e: Sainz précède Leclerc (7.5s.), Norris (12.6s.), Russell (28s.), Hamilton (31s.) et Piastri (35s.). Verstappen s'empare de la 7e place aux dépens de Lawson.
40e: Piastri est chez McLaren pour mettre des pneus durs (2s.) tandis que Lawson prend des gommes médiums (2.9s.). Ils repartent respectivement 13e et 17e.
41e: Cela va de plus en plus mal pour Pérez qui se fait doubler par Stroll, puis par Lawson. Ce dernier lui adresse au passage un doigt d'honneur, en souvenir de leur précédente passe d'armes.
43e: Sainz mène devant Leclerc (6.8s.), Norris (11.8s.), Russell (27.2s.), Hamilton (30.2s.), Verstappen (38.8s.) et Magnussen (45s.). Hülkenberg prend la 8e place à Colapinto. Au tour suivant Piastri chipe la 10e position à Gasly.
44e: Le ciel s'obscurcit au-dessus de Mexico, mais la pluie n'est pas redoutée. Pérez change pour la seconde fois de pneus. Zhou observe un premier arrêt.
45e: Norris réalise le meilleur tour provisoire (1'20''370''') et se rapproche de Leclerc.
47e: Norris tourne en 1'20''221''' et revient à quatre secondes de Leclerc. Verstappen déplore un manque de grip et ne parvient pas à rattraper les Mercedes.
49e: Sainz compte six secondes d'avance sur Leclerc. Colapinto opère son changement de pneus et glisse en 15e position.
50e: Leclerc a quatre secondes de marge sur Norris. Hamilton est revenu dans les roues de Russell. Bottas et Ocon sont les derniers pilotes à changer de gommes.
52e: Sainz précède Leclerc (5.2s.), Norris (9.2s.), Russell (31.5s.), Hamilton (32s.), Verstappen (44s.), Magnussen (52s.), Hülkenberg (58s.), Piastri (1m. 02s.) et Gasly (1m. 10s.).
54e: Les écarts entre les trois premiers sont stables. Hamilton bénéficie du DRS contre Russell sans pouvoir l'attaquer. Piastri fond su Hülkenberg.
56e: Norris passe à l'offensive et reprend deux secondes à Leclerc qui a perdu un peu de temps derrière Stroll et Lawson. Piastri déborde Hülkenberg et conquiert la huitième position.
58e: Sainz devance Leclerc (7.8s.), Norris (9s.), Russell (36.6s.), Hamilton (37s.), Verstappen (48.3s.), Magnussen (56s.), Piastri (1m. 03s.), Hülkenberg (1m. 06s.) et Gasly (1m. 12s.).
60e: Norris évolue maintenant à une seconde et deux dixièmes de Leclerc. Hamilton est toujours derrière Russell mais souffre des turbulences dans son sillage.
61e: Hamilton esquisse une attaque contre Russell au premier virage, en vain. Norris améliore le record du tour (1'20''045'') et peut désormais actionner l'aileron mobile.
63e: Leclerc quitte la dernière courbe lorsqu'il est victime d'un gros survirage. La Ferrari décroche brutalement et dérape hors-piste. Le Monégasque parvient de justesse à la rattraper, évite le mur, mais laisse ainsi filer Norris.
65e: Sainz fonce vers la victoire avec huit secondes d'avance sur Norris. Leclerc est à douze secondes du leader.
66e: DRS ouvert, Hamilton se laisse aspirer par Russell dans la ligne droite principale. Le plus jeune des Anglais pique à droite pour couper l'élan à son aîné, mais ce dernier le contourne par l'extérieur au freinage et s'impose. Hamilton est quatrième. Colapinto assaille Lawson avant le virage n°4. Le Néo-Zélandais résiste fermement et finit par endommager son aileron avant contre la Williams dans l'enchaînement.
67e: Lawson rejoint le stand VCARB pour remplacer son museau et chausser des pneus tendres.
68e: Sainz précède Norris (6.2s.), Leclerc (13.5s.), Hamilton (43.7s.), Russell (46s.), Verstappen (57s.), Magnussen (1m. 01s.), Norris (1m. 04s.), Hülkenberg (1m. 17s.), Gasly (-1t.), Stroll (-1t.) et Colapinto (-1t.).
69e: Norris améliore le meilleur tour (1'19''691'''), mais Lawson fait mieux dans la foulée (1'19''510'''). Pérez chausse des pneus tendres pour essayer de décrocher le meilleur chrono.
70e: Pérez affole le chronomètre (1'19''209'''). Mais Leclerc est rappelé au stand Ferrari pour chausser des pneus tendres et partir en quête de ce point.
71e et dernier tour: Carlos Sainz remporte le GP de Mexico. Norris finit deuxième. Leclerc complète le podium et prend sur la ligne le point du meilleur tour (1'18''336'''). Hamilton finit quatrième devant son équipier Russell. Verstappen est seulement sixième. Magnussen décroche une excellente septième place. Piastri se contente du huitième rang. Hülkenberg (9e) et Gasly (10e) prennent les derniers points. Suivent Stroll, Colapinto, Ocon, Bottas, Zhou, Lawson et Pérez.
Après la course
Lapo Elkann, héritier de l'empire Agnelli, a eu l'heureuse idée de faire le déplacement à Mexico. Au pied du podium, il entonne le Fratelli d'Italia avec tous les membres de la Scuderia après cette victoire de Carlos Sainz. Le hasard fait décidément bien les choses, puisque tout le clan Sainz était justement réuni ce week-end. La maman, la discrète Reyes Vázquez de Castro, assiste ainsi pour la première fois à un succès de son fils. « Je me suis dit que le destin m'avait peut-être préparé quelque chose pour moi ce week-end, que ma dernière victoire pour Ferrari arriverait sous leurs yeux », confie le Madrilène.
Et en effet, ce succès est quelque peu empreint de mélancolie pour Carlos Sainz Jr qui va quitter la Cheval Cabré, contraint et forcé, en fin d'année pour rejoindre Williams, sol bien moins fertile en lauriers. Le porteur du n°55 peut cependant être très fier de son escale mexicaine. Il a dominé les qualifications, puis la course, sans jamais céder à la pression, y compris lorsque Max Verstappen l'a attaqué et dépassé au démarrage. « Je n'ai pas pris un bon départ, d'autant que Verstappen et Red Bull démarrent très bien sur des pistes à faible adhérence comme celle-ci, explique-t-il. J'étais donc préparé à un scénario où Max allait me rejoindre dans le virage 1. Nous avons tous deux freiné aussi tard que possible. Je n'avais pas d'espace pour entrer dans le virage 2. Mais je n'ai pas perdu la tête, je me suis réinséré en deuxième position. Puis, après la neutralisation, j'ai doublé Verstappen un peu par surprise. Avec lui, chaque demi-occasion est à saisir. J'étais assez loin derrière mais j'ai eu une très bonne aspiration avec le DRS. Dans les cent derniers mètres, j'ai senti que j'avais un bon élan et me suis senti très confiant pour freiner tard et doubler. Ensuite, j'ai couru en solitaire. Mon seul problème fut un raté d'allumage suite à un changement de vitesse. À part cela, tout s'est très bien passé. » Grâce à ce nouveau succès, le cinquième de la saison, Ferrari (537 points) passe devant Red Bull (512) au classement des constructeurs et se rapproche de McLaren-Mercedes (566). La Scuderia peut donc envisager son premier titre depuis... 2008 !
Longtemps deuxième, Charles Leclerc a tenu un rythme très soutenu en début de second relais, mais en fin d'épreuve, il est parti au large dans le dernier virage, évitant de peu un terrible crash. Frédéric Vasseur refuse toutefois d'incriminer son pilote et pointe des retardataires « idiots » qui lui auraient fait perdre un temps précieux. Dans son viseur: Lance Stroll et Liam Lawson... Leclerc doit toutefois constater qu'il fut cette fois dominé par Sainz durant tout le week-end: « C'était difficile. Au final, j'ai réalisé la meilleure course possible. Tout le week-end j'étais un petit peu en retrait, notamment parce que j'ai dû laisser ma place à Bearman en EL1. J'étais toutefois très rapide, mais on m'a demandé de surveiller les températures. En fin d'épreuve, je n'aurais rien pu faire contre Norris. Il volait. Si je voulais rester devant au bout de la longue ligne droite, je devais avoir une sortie de virage impeccable. Mais j'ai eu un gros survirage, j'ai perdu l'arrière, et je me suis dit : ‘' f*ck !'' » Pour ce dernier mot, Leclerc se retrouve comme Verstappen à Singapour dans le viseur de la FIA pour « emploi de termes inappropriés... »
De nouveau, Max Verstappen a joué des coudes contre Lando Norris. À deux reprises, il a poussé son adversaire hors limites, la première fois pour se défendre, la seconde afin de lui chiper à la hussarde la deuxième place. Mais cette fois, le couperet lui est tombé dessus, en deux temps, avec deux pénalités de dix secondes. Certains estiment toutefois que les commissaires de course, emmenés ici par Johnny Herbert, ont eu la main lourde. Ces 20 secondes ont en effet ruiné la course du triple champion du monde. Naguère, il s'en serait tiré avec des punitions de seulement 5 secondes. Mais tout le monde se rappelle de l'incident d'Austin, huit jours plus tôt, et les commissaires ont sans doute voulu faire un exemple. « Honnêtement, ces 20 secondes sont sévères, mais je ne vais pas pleurer ni partager mon opinion, lance Verstappen. La pénalité pour le virage 7 est ce qu'elle est, mais pour le virage 4, je m'interroge. » Le Néerlandais préfère en vérité s'attarder sur le manque de compétitivité de la RB20: « Je me suis retrouvé dans cette situation parce que nous sommes trop lents. La voiture glissait partout, je n'arrivais pas à freiner... » En revanche, Christian Horner s'élève vivement contre ces sanctions. Se fondant sur des données GPS, il estime que Lando Norris ne pouvait pas bien négocier le virage n°4. Verstappen ne serait donc pour rien dans son excursion dans le gazon. Pour ce qui concerne le virage n°7, il argue que son pilote pensait que Norris allait lui rendre la position... « Cette décision est une réaction au week-end dernier, conclut le manager anglais. Il est temps que les pilotes et les commissaires se mettent autour d'une table et discutent des règles. » Pour cela, on ne peut pas lui donner tort.
Comme à Austin, Lando Norris a l'intelligence de ne pas entretenir la controverse avec son adversaire et balaie ces incidents sous le tapis. « Vous savez, chaque week-end je m'attends à une lutte acharnée avec Max, explique-t-il. Peu importe qu'il gagne ou qu'il finisse deuxième, son seul objectif est de me battre. Et il est prêt à sacrifier sa course pour cela, comme on l'a vu aujourd'hui. Je veux de vraies bagarres avec lui, âpres mais justes. Ce sera toujours difficile, sur un fil, mais je l'accepte. Mais cet après-midi, il est allé trop loin et a eu ce qu'il méritait. Cela dit, ce n'est pas à moi de le contrôler. Il sait conduire, et sait aussi sans doute qu'il n'a pas bien agi. » Norris n'en dira pas plus. Malgré ce nouvel incident, il est heureux de son week-end mexicain. Il reprend en effet 10 points à Verstappen et préserve ainsi ses chances de remporter le titre mondial, assez compromises après une étape texane brouillonne. « Je ne pensais pas finir deuxième, car les choses avaient mal commencé, raconte-t-il. Il est dommage d'avoir perdu autant de temps dans les bagarres avec Max, mais mon premier objectif était de ne pas détruire la voiture... Sainz a très bien mené son premier relais et je n'aurais pas pu le rattraper. Mais mon deuxième relais fut très solide et me rassure quant à notre capacité à lutter contre Ferrari. » Et en effet, McLaren doit désormais se préparer à batailler avec les Rouges pour le titre des constructeurs.
Mercedes se contente des vingt-deux points engrangés par Lewis Hamilton (4e) et George Russell (5e). Le constructeur allemand n'a désormais plus d'autres ambitions que de préparer au mieux 2025. Pour l'Étoile, il faudra se contenter de la quatrième place du championnat des constructeurs, sa plus mauvaise performance depuis 2012. À Mexico, la W15 sous-virait beaucoup et ne pouvait pas rivaliser avec les meilleurs. « Nous ne sommes pas très performants sur les circuits exigeants une très bonne traction », explique Toto Wolff. « Ces quatre dernières courses seront des opportunités pour peaufiner notre compréhension de la voiture », ajoute le directeur de la performance Andrew Shovlin.
Après une qualification calamiteuse, Sergio Pérez termine piteux dernier de son Grand Prix national. Peut-être est-ce moins pire que l'an dernier, lorsqu'il s'était sorti dès le premier virage dans une attaque-suicide contre Charles Leclerc ? Il est vrai aussi qu'il s'est rudement frotté avec son successeur potentiel Liam Lawson. Ce contact a endommagé son ponton et ruiné ses espoirs de bien figurer. « Il était à l'extérieur de la piste et est entré tout droit comme s'il n'y avait pas d'autre voiture ! s'emporte le Mexicain. Heureusement, je l'ai vu et j'ai ouvert la porte, sinon cela aurait été un énorme crash. Il a ruiné nos deux courses sans encourir de pénalité. » Par radio, Pérez s'est montré plus franc encore en traitant Lawson d'« idiot ». Mais il a évidemment encore moins apprécié le doigt d'honneur que celui-ci lui a adressé un peu plus tard. « Vue la façon dont il est arrivé en F1, je ne pense pas qu'il a la bonne attitude. Il devrait se montrer humble et respectueux », cingle-t-il.
Et en effet, Liam Lawson ne reçoit pas d'éloges ce dimanche soir. Après une première sortie à Austin ponctuée par une superbe neuvième place, il s'est montré nettement plus brouillon à Mexico, et ce geste obscène porte un coup à sa bonne réputation. Il est morigéné par Laurent Mekies, mais aussi par ses « vrais patrons » : « Liam s'est excusé auprès de Sergio et on en tirera bien sûr toutes les leçons », énonce Christian Horner, avant d'ajouter, narquois: « Cela montre que deux équipes ayant le même propriétaire peuvent se battre indépendamment. » « Liam a eu tort de se battre avec une voiture de l'équipe-soeur » renchérit Helmut Marko. L'insolent fait dans un premier temps profil bas (« J'étais agacé. Ce n'est pas une excuse, je n'aurais pas dû le faire et je ne le referai plus. »), puis réaffirme tout de même ses ambitions: « Peut-être suis-je agressif, mais je suis là pour défendre ma place. Je ne veux pas causer des problèmes à qui que ce soit, mais je ne suis pas en F1 pour me faire des amis ! » Après Alonso à Austin et Pérez à Mexico, il peut en tout cas déjà compter ses ennemis...
Sources :
- Auto Hebdo n°2485, 30 octobre 2024
- https://motorsport.nextgen-auto.com/
Tony