Toyota - Haas: un étrange accord
La F1, parce qu'elle le vaut bien
Le 2 octobre 2024, Bernard Arnault et son fils Frédéric accueillent Greg Maffei et Stefano Domenicali à Paris, rue du Pont-Neuf, siège de Louis Vuitton. Devant les photographes, les quatre hommes signent un accord de dix ans: le groupe LVMH devient le « partenaire global luxe » de la Formule 1 jusqu'en 2035, en lieu et place de l'horloger suisse Rolex. Ce contrat pharaonique est estimé à 930 millions d'euros: une grande victoire pour le géant français du luxe, qui était déjà le partenaire n°1 des récents Jeux Olympiques de Paris. « L'humain, la quête de l'excellence et l'innovation sont au cœur de l'activité de nos maisons, déclare Bernard Arnault. Cette recherche incessante du dépassement des frontières inspire notre vision. C'est le sens que nous souhaitons donner à ce grand unique et partenariat. » Le Moët & Chandon va ainsi réapparaître sur les podiums après 28 ans d'absence, Louis Vuitton concevra les malles des trophées et TAG Heuer redeviendra le chronométreur officiel de la F1 (qu'il fut déjà entre 1992 et 2003).
Ce partenariat inédit met aussi en lumière la très forte attractivité de la F1 qui ne s'est financièrement jamais aussi bien portée. « La F1 est devenue l'une des franchises sportives les plus prisées au monde, souligne Frédéric Arnault. Elle a conquis de nouveaux territoires, comme aux Etats-Unis où elle a pris la place au sommet de sport automobile. En Asie, le potentiel de développement reste important. L'audience s'est rajeunie et féminisée. Leur objectif d'arriver à zéro émission de carbone d'ici 2030 est aussi important à nos yeux. » LVMH, leader mondial du luxe, est évidemment sensible à ce renouvellement de clientèle, impensable avant l'émergence de la « génération Netflix ». Qu'on se le dise: la Formule 1 est un sport bankable, durable et sexy !
Présentation de l'épreuve
Un mois après le Grand Prix de Singapour, le paddock franchit l'Atlantique pour un intense marathon de trois Grands Prix en trois semaines, à Austin, Mexico et São Paulo. Cette tournée américaine sera cruciale pour Red Bull. Privée de victoires depuis quatre mois, l'écurie de Milton Keynes a travaillé d'arrache-pied pour résoudre les nombreux problèmes de sa capricieuse RB20. Avec quel résultat ? C'est ce que l'on verra à Austin. Si RBR a presque renoncé à défendre son titre des constructeurs (41 points de retard sur McLaren), elle est en revanche résolue à donner à Max Verstappen une quatrième couronne mondiale. À six courses et trois sprints du but, le Néerlandais possède encore 52 points d'avance sur Lando Norris. Si la situation aperçue en septembre perdure - McLaren largement devant Red Bull -, on voit mal comment Verstappen pourrait sauver son trône. Mais si les écarts se resserrent, si Ferrari et Mercedes viennent mettre leur grain de sel et prennent de gros points à McLaren, alors tout est encore possible. Le Dr. Marko affiche au Texas un optimisme relatif: « Cela va mieux. À Monza, nous avons touché le fond, mais nous nous relevons depuis Bakou. À Singapour, Max a fini deuxième ! Nous partons du principe que cette tendance va se poursuivre. »
Par ailleurs, on assiste à un changement de discours concernant les conséquences du départ d'Adrian Newey. Alors que Christian Horner niait jusqu'alors tout lien de cause à effet avec la dégringolade de la RB20, Helmut Marko admet à Austin que cette perte fut un « coup dur » pour l'équipe: « Newey comprend non seulement l'aérodynamique, mais aussi l'adhérence mécanique. Il fait le tour de la voiture avec son bloc-notes, parle au pilote et trouve des solutions. C'est un expert exceptionnel. Quand on perd quelqu'un comme ça, cela fait mal. Nous avons beaucoup de bons jeunes ingénieurs et je suis sûr qu'ils peuvent compenser ce départ. Mais il serait faux de dire que cela n'a en rien déstabilisé l'équipe. »
A contrario, McLaren aborde ce dernier quart de championnat gonflée à bloc. La démonstration de Lando Norris à Singapour a démontré l'excellence de la MCL38, désormais considérée comme la référence du plateau. Avec une nette avance sur Red Bull et Ferrari, l'écurie britannique a bon espoir de conquérir son premier titre des constructeurs depuis... 1998 ! Pour ce qui est du titre des pilotes, c'est une autre affaire. Beaucoup se demandent si Lando Norris a les reins assez solides pour vaincre son ami et rival Max Verstappen. Le jeune Anglais a commis un nombre conséquent d'erreurs cette saison, sans lesquelles il serait sans doute aujourd'hui leader du championnat. Il a certes montré à Singapour qu'il pouvait rendre une copie (presque) sans fautes. Mais peut-il se transformer en machine à gagner en cette fin de saison ? Beaucoup en doutent. C'est le cas d'Helmut Marko qui se fait un malin plaisir d'essayer de déstabiliser ses adversaires: « Nous savons que Norris a quelques failles mentales, lâche-t-il à Motorsport-Magazin. Il paraît qu'il a besoin de rituels pour se concentrer avant la course. » Bien entendu, son chouchou Verstappen n'a pas besoin de ce genre de béquilles psychologiques: « Max est le meilleur, le plus rapide. Et surtout, il a la force mentale pour se battre pour le championnat, plus que Norris ou Leclerc. » Ces propos acerbes suscitent la colère de Zak Brown: « Les commentaires d'Helmut sont décevants, mais je ne suis pas surpris. Depuis quelques temps, Lando milite pour parler haut et fort de la santé mentale. C'est un enjeu sérieux qu'on essaie de médiatiser afin de libérer la parole. Se moquer de ce sujet est de très mauvais goût. » Quant à Norris, il préfère se payer la tête de Marko: « Je crois qu'il est mal informé ou victime d'une erreur de traduction, car mon seul rituel est de manger des wraps de poulet ! »
À Singapour, Red Bull s'était réjouie de l'interdiction de l'aileron arrière de la McLaren-Mercedes, tout en assurant vouloir aussi faire contrôler l'élasticité de l'aile avant de cette voiture. Mais à Austin, c'est le Taureau rouge lui-même qui est dans le viseur de la FIA. En effet, peu avant le voyage outre-Atlantique, la fédération édicte une directive interdisant totalement tout système permettant de modifier depuis le cockpit la hauteur du « T-tray », la partie la plus avancée du plancher. Une écurie non nommée était en effet soupçonnée d'utiliser un tel dispositif. Au Texas, face à des rumeurs très insistantes, Red Bull doit admettre que c'est elle dont il s'agit. Elle s'empresse d'indiquer que le système en question ne servait qu'avant l'assemblage de la monoplace, et devenait inutilisable une fois celui-ci achevé. De son côté, la FIA déclare s'être entretenue avec cette équipe sans avoir pu établir l'illégalité du procédé. Mais RBR est tout de même soupçonnée d'avoir par ce moyen modifié la hauteur de caisse de sa RB20 sous régime de parc fermé, un simple mécanicien pouvant agir ni vu ni connu en pressant un bouton. L'avantage serait évident: depuis le retour de l'effet de sol en 2022, c'est par le plancher que la grande majorité de l'appui est généré. Par ailleurs, les voitures étant très lourdes, elles sont susceptibles avec le plein d'abîmer le patin du fond plat, ce qui expose à une disqualification. D'où l'intérêt de relever la hauteur de caisse entre les qualifications et la course...
McLaren se saisit de la polémique pour gêner ses rivaux directs pour les deux titres mondiaux, et allume aussi un contre-feu devant ses ailerons flexibles. « Red Bull n'a pas repoussé les limites du règlement, elle les a enfreintes », assène d'abord Oscar Piastri. Puis Zak Brown monte au créneau: « Red Bull a pesé ses mots en affirmant que leur outil était inutilisable une fois la voiture ''entièrement assemblée''. Mais la voiture n'est pas forcément assemblée dans le parc fermé, notamment lorsque vous travaillez sur les réglages pour le confort des pilotes. Du reste, pourquoi concevoir ce procédé pour qu'il soit à l'intérieur de la voiture ? Pourquoi les neuf autres équipes ne l'ont pas fait ? J'ai mon opinion sur la question. La FIA doit faire preuve d'une grande diligence. » Bien sûr, tout le clan Red Bull s'élève contre ces accusations et assure que le dispositif n'a jamais été utilisé sous parc fermé. Et de fait, Nikolas Tombazis, directeur monoplaces de la FIA, confirme qu'il n'a aucune preuve d'infraction. La fédération va se contenter de renforcer ses contrôles. Interrogé à ce sujet, Max Verstappen répond d'abord qu'il « se moque » des polémiques entre son équipe et McLaren, puis qu'il ne comprend pas pourquoi on déblatère sur ce fameux dispositif: « Nous n'en avons jamais parlé lors des briefings, assure Max Verstappen. C'est donc juste un outil pour ajuster la hauteur plus facilement. Zéro impact sur les performances ! »
Comme attendu, Daniel Ricciardo a été évincé par Visa Cash App RB au soir du Grand Prix de Singapour et remplacé par Liam Lawson, le pilote de réserve de Red Bull. Le Néo-Zélandais a désormais six courses pour arracher son contrat de titulaire pour 2025, chez VCARB, voire chez RBR, au cas où Sergio Pérez prendrait la porte. Sevré de compétition depuis près d'un an, Lawson doit dans l'immédiat au moins faire jeu égal avec son équipier Yuki Tsunoda, et inscrire quelques points pour aider son équipe à conserver la sixième place du classement des constructeurs, convoitée par Haas. « Si je marque des points, je considérerais que j'ai fait du bon travail », annonce-t-il. Lawson sait qu'il doit être méfiant, car en cas d'échec, Helmut Marko n'hésitera pas à le remplacer par un autre de ses poulains, le Français Isack Hadjar. Le Kiwi préfère dédramatiser: « Je sais à quoi m'attendre, je connais les méthodes d'Helmut. C'est normalement un appel à 6 heures du matin pour dire: ''Tu dois être plus performant. Le week-end prochain, si tu ne fais pas mieux, tu auras des problèmes !'' » Au moins, pour ce premier week-end, Lawson n'aura pas trop de pression sur les épaules, puisque son groupe propulseur est équipé de nouveaux éléments, ce qui l'enverra ipso facto en fond de grille.
Le Conseil mondial de la FIA a décidé de supprimer à partir de 2025 le point attribué pour le meilleur tour en course. Cette petite « carotte », instituée en 2019, n'avait à vrai dire pas grand intérêt, puisque trop souvent glanée en fin d'épreuve par un pilote s'offrant le luxe de chausser in extremis des pneus tendres. Par ailleurs, son intérêt stratégique était éthiquement assez contestable, comme l'a illustré le récent Grand Prix de Singapour. Là-bas, Daniel Ricciardo, pilote Visa Cash RB, a chipé in extremis le meilleur tour à Lando Norris pour aider Max Verstappen, courant pour l'écurie-mère Red Bull Racing. La légitime colère de McLaren après ce mini-hold-up a probablement précipité la décision fédérale. Par ailleurs, les essais pour les jeunes pilotes seront plus nombreux: en 2025, chaque écurie devra faire rouler quatre fois un néophyte, ou assimilé comme tel. Cette mesure est le prélude à l'organisation d'une course hors-championnat réservée aux « rookies », dont la première édition devrait se tenir à Abou Dhabi en décembre 2025.
Plusieurs portions du Circuit des Amériques sont parées d'un nouveau bitume destiné à atténuer les nombreuses bosses parsemant cette piste construite sur un sol trop meuble. Sont notamment refaites la partie reliant le dernier virage à la sortie de la deuxième courbe et la longue ligne droite de la mi-circuit. D'autre part, après une édition 2023 marquée par de nombreux passages derrière les limites, celles-ci ont été redéfinies dans plusieurs tournants. Aux virages n°6, 13, 14 et 15, la bordure en asphalte a été réduite au profit d'une bande gazonnée. Le virage n°11 est lui bordé par un bac à graviers enduit de résine, une solution déjà vue à Zandvoort.
Qui dit Grand Prix aux États-Unis dit livrées spéciales. McLaren poursuit dans la veine « rétro ». Après avoir affiché le blanc « époque Marlboro » à Singapour, la MCL38 adopte cette fois le chrome de l' « ère Hamilton », tout en conservant des touches papaye. En partenariat avec Xbox, Alpine-Renault célèbre la sortie du jeu vidéo « Indiana Jones et le Cercle Ancien » en parant son A524 d'un orange « coucher de soleil » rappelant le logo du célèbre archéologue de fiction. Résultat: les téléspectateurs passeront leur week-end à confondre les McLaren et Alpine... Enfin, Haas célèbre sa course à domicile en peignant une bannière étoilée sur les pontons de son bolide. Surtout, le team américain arbore pour la première fois le logo de Toyota, son nouveau partenaire technique.
Après un mois de pause, les écuries apportent beaucoup d'évolutions. Red Bull présente un capot moteur reprofilé et un plancher modifié. La Mercedes W15 fait peau neuve avec des modifications au niveau de l'aileron avant, des suspensions, des pontons et du plancher. McLaren poursuit un programme d'évolutions prudent. Jusqu'ici, l'équipe britannique est en effet la seule à être parvenue à tirer immédiatement la quintessence de ses nouveautés. Elle apporte ainsi un nouvel aileron et un nouveau beam-wing, mais repousse à plus tard la refonte de son plancher. Aston Martin, Alpine et Visa Cash RB apportent des retouches sur leurs fonds plats et leurs ailerons. Chez Alpine, seul Gasly a droit aux nouveautés. La Haas reçoit de nouveaux pontons et d'un plancher inédit. Le capot moteur de la VF-24 possède aussi des ouïes jamais vues jusqu'à présent. Enfin, la Kick-Sauber C44 évolue pour le seul Bottas, au niveau de l'aileron avant, des suspensions et des écopes de frein.
Vendredi: essais et qualifications pour le sprint
L'unique séance libre se déroule vendredi après-midi, sous le soleil. Sainz y signe le meilleur temps (1'33''502''') devant son équipier Leclerc et Verstappen.
Un peu plus tard se tiennent les qualifications pour le sprint. Verstappen retrouve les avant-postes avec une « pole position » assez surprenante (1'32''83'''). Pérez (11e) est en revanche beaucoup plus loin, à cause d'une mauvaise exploitation des pneus. Mercedes revient également au premier plan grâce à la très belle deuxième place de Russell. Hamilton (7e) était en passe de signer le meilleur temps lorsqu'il a été coupé dans son élan par un drapeau jaune provoqué par Colapinto. Leclerc place sa Ferrari au troisième rang malgré un « mauvais feeling » avec les pneus tendres. Sainz (5e) est davantage satisfait de sa prestation. McLaren vit une mauvaise journée. Norris (4e) sauve les meubles malgré un équilibre précaire, mais Piastri (16e) est éliminé d'emblée car son meilleur chrono a été annulé pour un passage hors limites. Les Haas sont très en verve, et pour une fois Magnussen (8e) fait presque aussi bien que Hülkenberg (6e). Chez Williams, Colapinto (10e) impressionne de nouveau en atteignant la SQ3, en dépit d'un tête-à-queue dans son dernier tour lancé. Albon (18e), lui aussi parti à la faute à haute vitesse, ne franchit pas la première étape. Tsunoda (9e) hisse sa VCARB en SQ3. Lawson (15e) perd son meilleur chrono pour un passage hors limites. Au volant de l'Alpine évoluée, Gasly (12e) fait mieux que Ocon (17e), éliminé en SQ1. Les Aston Martin (Stroll 13e, Alonso 14e) sont ici difficiles à conduire. Toujours instables, lentes et peu fiables, les Kick-Sauber (Bottas 19e, Zhou 20e) sont en queue de peloton.
Le sprint
La chaleur (28°C) est au rendez-vous de ce quatrième sprint de la saison 2024. Tous les pilotes disputent cette épreuve en pneus médiums (C2). Albon s'élance depuis les stands après avoir modifié les réglages de sa Williams sous parc fermé.
Départ: Verstappen reste en tête devant Russell. Norris déborde Leclerc par l'extérieur du virage n°2, puis double Russell au tournant suivant. Le voici déjà deuxième.
1er tour: Leclerc déborde Russell par l'intérieur au bout de la longue ligne droite, mais l'Anglais reste au niveau de la Ferrari et reprend l'ascendant au virage n°14. Verstappen devance Norris, Russell, Leclerc, Sainz, Hamilton, Magnussen, Tsunoda, Hülkenberg et Pérez.
2e: Le DRS est activé. Sept dixièmes séparent Verstappen et Norris. Sainz attaque Leclerc au virage n°12, puis au n°15, mais vire large à ce dernier. Le Monégasque reste devant. Hülkenberg et Tsunoda bataillent pour la huitième place. Pérez manque de peu de les harponner au tournant n°12 et emprunte l'échappatoire.
3e: Sainz attaque Leclerc par l'intérieur au premier virage, mais ce dernier reprend l'avantage à la réaccélération.
4e: Verstappen repousse Norris à une seconde et demie. Nouvelle attaque de Sainz au virage n°12. De nouveau, l'Espagnol dérape au freinage et Leclerc conserve la troisième place. Piastri prend la 13e place à Gasly au virage n°12, mais ce faisant, le force à rouler derrière la ligne.
5e: Russell revient à deux dixièmes de Norris. Sainz déborde Leclerc au virage n°15 et cette fois s'impose au forceps. Tsunoda dépasse Magnussen.
6e: Russell prend l'aspiration de Norris dans la grande ligne droite, mais ce dernier change de position, puis résiste fermement à son compatriote dans la portion sinueuse. Magnussen repasse devant Tsunoda, qui s'inclinera aussi devant Hülkenberg au passage suivant.
7e: Verstappen précède Norris (1.8s.), Russell (2.6s.), Sainz (3.3s.), Leclerc (4s.), Hamilton (5.6s.), Magnussen (11.5s.), Hülkenberg (13s.), Tsunoda (13.5s.) et Pérez (14.5s.).
9e: Russell est désormais en difficulté avec ses pneus. Sainz le rattrape et le dépasse au virage n°15. Piastri reçoit 5 secondes de pénalité pour avoir poussé Gasly hors limites.
10e: Verstappen a une seconde et demie d'avance sur Norris. Leclerc efface à son tour Russell à la sortie du virage n°15.
11e: Verstappen mène devant Norris (2s.), Sainz (3.8s.), Leclerc (5s.), Russell (7.3s.), Hamilton (10.7s.), Magnussen (15.4s.), Hülkenberg (17.5s.), Tsunoda (20s.) et Pérez (20.5s.).
12e: Pérez vient non sans peine à bout de Tsunoda. Piastri a doublé Stroll et Colapinto, et pointe au 11e rang.
13e: Verstappen compte deux secondes de marge sur Norris, désormais menacé par Sainz. Piastri assaille Tsunoda à la fin de la longue accélération et frôle ce dernier qui roule derrière la ligne pour conserver l'ascendant. Cet incident ne fera l'objet d'aucune sanction.
15e: Verstappen devance Norris (2.1s.), Sainz (3.5s.), Leclerc (4.1s.), Russell (11s.), Hamilton (12.6s.), Magnussen (18.7s.) et Hülkenberg (20.5s.).
16e: Piastri prend la 10e place à Tsunoda au sommet de la grande côte. Le voilà 10e.
17e: Verstappen compte plus de deux secondes et demie d‘avance sur Norris, menacé par Sainz et Leclerc.
19e et dernier tour: Pressé par Sainz, Norris manque son freinage au premier tournant et allume ses roues. Le Madrilène en profite pour le dépasser. Leclerc menace ensuite Norris, mais celui-ci lui coupe brusquement la trajectoire au virage n°15, le contraignant à un freinage intempestif.
Max Verstappen remporte ce sprint devant Sainz et Norris. Leclerc termine quatrième devant les Mercedes de Russell et Hamilton. Les Haas (Magnussen 7e, Hülkenberg 8e) empochent 3 points qui leur permettent de passer devant VCARB au classement des constructeurs. Suivent Pérez, Piastri, Tsunoda, Colapinto, Stroll, Gasly, Ocon, Lawson, Albon, Alonso, Bottas et Zhou.
Max Verstappen renoue avec le succès pour la première fois depuis juin. Il ne s'agit certes pas d'une victoire en Grand Prix, mais ce nouveau sprint remporté lui permet gagner deux précieux points sur Lando Norris au championnat des conducteurs. Le pilote McLaren a de nouveau fait montre de fragilité avec un freinage manqué qui lui a fait perdre la deuxième place à l'entame du dernier tour. Il peut même s'estimer heureux que son ultime défense musclée face à Charles Leclerc, d'abord placée sous investigation, ne débouche sur aucune sanction. Voilà qui donne du grain à moudre à ceux qui estiment Norris trop tendre pour prétendre à la couronne mondiale...
Les qualifications
En queue de peloton, Liam Lawson et Fernando Alonso se sont battus à couteaux tirés pour une modeste 16e place. Sans complexe, le jeune Néo-Zélandais n'a pas hésité à contraindre le quadragénaire espagnol à quelques acrobaties pour éviter l'accrochage. Le vétéran n'apprécie pas: à peine dégrafé, il court voir le blanc-bec pour l'enguirlander et lui promet « de le faire chier » en qualifications ! Alonso tiendra parole quelques heures plus tard, en doublant Lawson lors de son tour de préparation en Q1. « Il était vraiment contrarié et je ne sais pas pourquoi, avance le néophyte. J'espère qu'il pourra s'en remettre. » Et insolent, avec ça...
Un peu plus tard, Norris prend sa revanche en signant la pole position au moyen d'un tour (1'32''330''') qu'il qualifie lui-même d'excellent, et ce malgré une McLaren encore perfectible. Piastri (5e) admet en revanche être peu à l'aise ici. Verstappen place sa Red Bull en seconde position, à 31/100e de Norris, et estime qu'il aurait pu être en pole sans le drapeau jaune provoqué par Russell. Pérez (10e) perd son meilleur chrono pour dépassement des limites. Les Ferrari (Sainz 3e, Leclerc 4e) verrouillent la troisième ligne et se placent en outsiders. Les Mercedes sont devenues très difficiles à piloter. À la fin de la Q3, Russell (6e) quitte la route au virage n°19 et finit dans le mur. Hamilton (18e temps) est éliminé dès la Q1 à cause d'un souci de suspension arrière. Grâce à de nouveaux réglages, Gasly obtient une très belle septième place avec son Alpine-Renault. Sans évolution, son collègue Ocon (13e) est beaucoup plus loin.
Après un mauvais sprint, Aston Martin modifie ses réglages, ce qui profite à Alonso (8e), mais pas à Stroll (14e). La Haas confirme sa bonne tenue. Magnussen (9e) se serait classé dans le « top 6 » sans la sortie de Russell qui a ruiné son dernier tour. Hülkenberg (12e) est éliminé plus tôt, après avoir commis des fautes de pilotage. Chez Visa Cash RB, Tsunoda (11e) échoue aux portes de la Q3. Lawson se distingue par un 3e chrono en Q1, mais ses multiples pénalités le relèguent au dernier rang. Les Williams (Albon 15e, Colapinto 16e) souffrent de rebond et d'un manque d'adhérence. Enfin, chez Stake, Bottas (17e) participe de justesse aux qualifications après un problème de freins à la fin du sprint. Zhou (19e) est encore dernier et de toute façon pénalisé pour des changements d'éléments sur son groupe propulseur.
Le Grand Prix
La course se déroule sous une forte chaleur (28 °C dans l'air, 45 °C sur la piste), ce qui, conjugué avec le nouveau bitume très foncé, devrait soumettre les pneumatiques à rude épreuve. La plupart des pilotes prévoient tout de même un seul relais. La majorité du peloton démarre en pneus médiums (C2). Stroll, Colapinto, Lawson, Russell et Hamilton sont en gommes dures (C1). Russell s'élance finalement depuis les stands car sa Mercedes a été retouchée sous parc fermé après son accident.
Départ: Verstappen attaque immédiatement Norris au freinage de la grande côte et plonge hardiment à l'intérieur. Ce faisant, il envoie son adversaire derrière les limites et part lui-même au large. Leclerc, qui vient de doubler Sainz, saisit cette opportunité pour contourner ces deux pilotes par l'extérieur. Il s'empare du commandement. Verstappen réaccélère devant Sainz et Norris. Plus loin, Albon harponne Ocon qui exécute un tête-à-queue avant de repartir.
1er tour: Sainz assaille Verstappen au bout de la longue ligne droite. Tous deux retardent leur freinage et virent hors limites. Verstappen, parti très loin, revient en piste devant l'Espagnol. En fin de tour, Leclerc mène devant Verstappen, Sainz, Norris, Piastri, Gasly, Magnussen, Tsunoda, Pérez et Alonso. Hamilton est déjà remonté au 12e rang.
2e: Sainz menace en vain Verstappen entre les virages n°12 et 15. Comme son équipier Russell la veille, Hamilton perd l'arrière de sa Mercedes au virage n°19, pirouette et s'enlise dans le bac à graviers. Le Britannique met pied à terre. Pour la première fois depuis 10 courses, la voiture de sécurité entre en piste.
3e: La Safety Car est sur le circuit. Une grue retire la Mercedes d'Hamilton. Albon passe aux stands pour changer de pneus.
5e: La voiture de sécurité s'efface à l'issue de ce tour.
6e: Le drapeau vert est agité. Leclerc prend d'emblée plus d'une seconde d'avance sur Verstappen. En bagarre avec Lawson, Stroll sort de la route au virage n°10 et perd de nombreuses positions.
7e: Leclerc semble s'échapper en tête. Hülkenberg prend la dixième place à Alonso.
8e: Leclerc précède Verstappen (1.5s.), Sainz (3.3s.), Norris (4.4s.), Piastri (6.6s.), Gasly (7.6s.), Magnussen (8.4s.), Tsunoda (9.1s.), Pérez (9.4s.), Hülkenberg (10.3s.), Alonso (11.2s.) et Lawson (11.8s.).
9e: Leclerc repousse Verstappen à trois secondes. Sainz se plaint d'un manque de puissance à la réaccélération et sent de l'essence dans son cockpit. Un changement de réglage résoudra ce problème.
10e: Russell (15e) ne parvient pas à doubler la Sauber de Bottas. Alors 13e, Zhou exécute un tête-à-queue au premier virage et se relance dernier.
11e: Quatre secondes séparent Leclerc de Verstappen. Norris ne remonte pas sur Sainz. Lawson déborde Alonso au forceps dans la portion sinueuse. L'Espagnol met deux roues dans la poussière pour éviter la collision avec son nouvel ami.
13e: Verstappen roule désormais à cinq secondes de Leclerc. Russell assaille Bottas par l'intérieur au virage n°12 et joue des coudes, contraignant le Finlandais à rouler hors limites. L'Anglais écope pour cela d'une pénalité de 5 secondes.
14e: Russell dépose Colapinto pour la 13e place. Zhou change de pneus.
15e: Leclerc devance Verstappen (6.2s.), Sainz (8.1s.), Norris (11.5s.), Piastri (14.8s.), Gasly (19.3s.), Magnussen (21s.), Tsunoda (22.5s.), Pérez (23s.) et Hülkenberg (24.8s.). Arrêt de Bottas.
17e: Leclerc compte sept secondes d'avance sur Verstappen, neuf secondes sur Sainz. Pérez déborde (enfin) Tsunoda au bout de la longue ligne droite tandis que Russell efface Alonso.
18e: Hülkenberg assaille en vain Tsunoda dans la portion sinueuse. Magnussen s'empare de pneus durs.
19e: Gasly arrive chez Alpine qui ruine sa course en lui fixant les pneus blancs en 7 secondes ! Tsunoda change aussi de pneus.
20e: Leclerc mène devant Verstappen (8.2s.), Sainz (10s.), Norris (13.4s.), Piastri (17.4s.), Pérez (30.4s.), Hülkenberg (33.5s.), Lawson (36.5s.), Russell (37.7s.), Alonso (39.5s.), Colapinto (41s.) et Ocon (44.5s.).
21e: Russell déborde Lawson au virage n°12 et apparaît en huitième position.
22e: Leclerc a dix secondes de marge sur Verstappen. Sainz se saisit de pneus durs (2.6s.). Colapinto déborde Alonso.
24e: Leclerc précède Verstappen (10.3s.), Norris (13.7s.), Piastri (18.3s.), Sainz (28.5s.), Pérez (35s.), Hülkenberg (37.5s.), Russell (40s.), Lawson (43.7s.) et Colapinto (47.5s.).
26e: Verstappen passe chez Red Bull pour mettre les gommes blanches (2.3s.). Il est resté en piste trop longtemps et se réinsère loin derrière Sainz. Ferrari a le doublé en vue. Magnussen remonte depuis son arrêt. Il a doublé Albon, Stroll et Ocon.
27e: Leclerc arrive chez Ferrari, prend les pneus blancs (2.5s.) et repart en troisième position. Les McLaren sont provisoirement aux commandes, Norris comptant quatre secondes d'avance sur Piastri. Pérez change de gommes et glisse derrière Magnussen. Arrêt aussi pour Alonso. Prisonnier du peloton, Gasly dépasse Albon en le poussant derrière la ligne blanche.
28e: Pérez se défait de Magnussen. Hülkenberg s'empare de pneus durs et repart en douzième position. Stroll change aussi d'enveloppes.
29e: Norris reste en piste tant qu'il peut espérer creuser l'écart sur Verstappen. Mais Leclerc revient sur les deux McLaren.
30e: Norris précède Piastri (5s.), Leclerc (6.1s.), Sains (12.8s.), Verstappen (16.6s.), Russell (27.8s.), Lawson (36.4s.), Colapinto (40.7s.), Pérez (44.3s.), Magnussen (46.3s.), Ocon (50.8s.) et Hülkenberg (52.5s.).
31e: Les chronos des McLaren s'effondrent. Leclerc dépose Piastri facilement au bout de la grande ligne droite. Hülkenberg dépasse Ocon.
32e: Norris entre aux stands, chausse les pneus durs (2.2s.) et se relance cinquième. Leclerc retrouve les commandes. Arrêt d'Ocon.
33e: Piastri prend à son tour les gommes blanches (2.6s.) et repart juste devant Russell, qui n'a pas stoppé. Leclerc compte sept secondes de marge sur Sainz. Gasly reçoit 5 secondes de pénalité pour avoir forcé Albon à rouler hors limites
34e: Norris est le plus rapide en piste (1'38''641''') et se lance aux trousses de Verstappen. Second arrêt d'Albon.
35e: Leclerc mène devant Sainz (7.2s.), Verstappen (11.3s.), Norris (16.8s.), Piastri (23.4s.), Russell (26.4s.), Lawson (38s.), Colapinto (41.8s.), Pérez (42.3s.) et Magnussen (46.5s.). Tsunoda a lui aussi poussé Albon hors-piste et reçoit également 5 secondes de punition.
36e: Norris revient à quatre secondes de Verstappen. Deuxième arrêt de Zhou.
37e: Lawson chausse les pneus médiums et repart 12e, sous le nez de son équipier Tsunoda. Pérez efface Colapinto.
38e: Six secondes et demie séparent Leclerc et Sainz. Verstappen n'a plus que deux secondes et demie d'avance sur Norris. Lawson prend la 11e place à Gasly.
39e: Leclerc améliore le record du tour (1'37''834'''). Magnussen reprend des pneus jaunes et repart entre Tsunoda et Alonso.
40e: Colapinto s'empare de pneus médiums et fait une bonne affaire puisqu'il redémarre devant Magnussen.
41e: Norris est à deux secondes de Verstappen. Russell passe chez Mercedes pour prendre des pneus médiums et subir sa pénalité. Il se relance en huitième position. Tsunoda exécute un tête-à-queue au virage n°1. Il libère ainsi Colapinto et Magnussen qui se battent farouchement pour la 11e place.
42e: Leclerc devance Sainz (5.6s.), Verstappen (13s.), Norris (14.4s.), Piastri (23.2s.), Pérez (50s.), Hülkenberg (55.8s.), Russell (59s.), Lawson (1m. 07s.), Gasly (1m. 11s.), Colapinto (1m. 13s.) et Magnussen (1m. 14s.).
44e: Norris est revenu à moins d'une seconde de Verstappen et peut désormais actionner le DRS. Le Hollandais est à la peine avec ses pneus et glisse beaucoup.
45e: Cinq secondes séparent Leclerc et Sainz. Norris ne peut pas attaquer Verstappen pour le moment. Colapinto chipe la 10e place à Gasly, puis prend le meilleur tour (1'37''611''') au passage suivant.
47e: Norris se colle à l'arrière de Verstappen dans les Esses, puis tente en vain de le déborder par l'extérieur au bout de la longue ligne droite. Il tente ensuite de contourner la Red Bull, en vain, jusqu'au virage n°18. Magnussen dépasse Gasly.
48e: Leclerc précède Sainz (4.8s.), Verstappen (12.6s.), Norris (12.8s.), Piastri (21s.), Pérez (51s.), Hülkenberg (55s.), Russell (59.5s.), Lawson (1m. 09s.), Colapinto (1m. 13s.), Magnussen (1m. 17s.) et Gasly (1m. 19s.).
50e: Verstappen et Norris doublent le retardataire Bottas au premier tournant. L'Anglais saisit cette opportunité pour revenir tout près de la Red Bull, mais de nouveau il ne peut l'attaquer au bout de la grande pleine charge.
51e: Six secondes séparent les Ferrari. Norris assaille Verstappen au virage n°12, puis se porte à sa hauteur à la sortie du n°14. Mais le Néerlandais est mieux placé pour aborder le virage suivant et garde l'ascendant.
52e: Norris prend l'aspiration de Verstappen dans la grande ligne droite et le déborde par l'extérieur à l'approche du freinage. Mais alors que la McLaren n'a pas encore doublé la Red Bull, Verstappen prend la corde avec une trajectoire très large et contraint Norris à franchir les limites. Pied au plancher, l'Anglais revient en piste devant son adversaire. Aussitôt, le pilote Red Bull dénonce par radio cette incartade et exige que Norris lui rétrocède la position. La direction de course se saisit de l'affaire.
53e: Verstappen réplique à Norris. Il tente de se jeter à l'intérieur au sommet de la grande côte et contraint le pilote McLaren à un brusque changement de trajectoire. Dans le même temps, Norris refuse de rendre sa troisième place. Pérez défend sa sixième place devant Russell. Fraîchement doté de pneus tendres, Ocon s'empare du meilleur temps définitif (1'37''330''').
54e: Leclerc est premier devant Sainz (6s.), Norris (17.7s.), Verstappen (19s.), Piastri (22.3s.), Pérez (55s.), Russell (55.4s.), Hülkenberg (1m. 01s.), Lawson (1m. 09s.) et Colapinto (1m. 12s.).
55e: Le couperet tombe pour Norris: cinq secondes de pénalité pour avoir doublé un pilote en franchissant les limites ! Le piège de « Mad Max » a parfaitement fonctionné. Russell dépasse Pérez.
56e et dernier tour: Charles Leclerc remporte le GP des USA devant Sainz. C'est le premier doublé Ferrari depuis l'Australie. Norris coupe la ligne en troisième position, mais il glisse bel et bien au quatrième rang. Verstappen est troisième. Piastri finit 5e après une course anonyme. Russell est sixième, Pérez septième. Hülkenberg (8e) ramène quatre bons points à Haas. Les jeunes Lawson (9e) et Colapinto (10e) font encore forte impression. Suivent Magnussen, Gasly, Alonso, Tsunoda, Stroll, Albon, Bottas, Ocon et Zhou.
Juste après le drapeau à damiers, environ 200 personnes renversent des barrières de sécurité et envahissent la piste dans la ligne droite principale, ce qui est évidemment fort dangereux alors que les pilotes entament leur tour de décélération. La fédération ne laissera pas passer cette incartade et infligera au promoteur une très lourde amende de 150 000 euros.
Après la course
Pour la première fois depuis six ans, Ferrari triomphe au Texas, et réalise un doublé qui confirme le retour en forme de la SF-24. Charles Leclerc est aux anges. Lui qui peine à transformer ses poles en victoires est décidément plus chanceux quand il part plus loin. Comme à Monza, il gagne après s'être élancé depuis le quatrième rang. Cette fois, la voie s'est ouverte devant lui au départ suite à la friction entre Lando Norris et Max Verstappen. « On ne pouvait pas rêver mieux ! clame le Monégasque. J'étais assez confiant depuis le Sprint, car même s'il y a eu pas mal de bagarres, la voiture se comportait bien et nous savions que nous avions un bon rythme de course. Je me doutais que Verstappen et Norris seraient très agressifs l'un envers l'autre. J'ai pris un bon départ. J'ai vu que Max allait vers l'intérieur ainsi que Lando et je me suis concentré sur la sortie du virage, ce qui fut un pari gagnant. Et à partir de ce moment-là, j'ai pu me concentrer sur ma propre course. Celle-ci s'est déroulée en solitaire. Grâce à ma solide avance, la stratégie était simple, il suffisait de copier ce que faisaient les autres. » Brillant deuxième, Carlos Sainz souligne pour sa part les nets progrès de la Ferrari, et notamment son excellente gestion des gommes: « Nous pouvons parcourir cette année de très longs relais sans problème. C'est une de nos grandes forces. C'est plus stimulant que l'an passé, où l'on se qualifiait bien pour ensuite perdre irrémédiablement des places en course. »
Frédéric Vasseur salue un « dimanche parfait » : « On savait que le départ allait être important. Cela s'est chamaillé un peu devant nous, on en a profité, et après on a eu un rythme fantastique. Tout a toujours été sous contrôle. Charles a pris un envol parfait et a tout bien géré ensuite. Carlos s'est arrêté plus tôt pour réaliser l'undercut sur Verstappen, et a su ensuite sécuriser la deuxième place. » Au classement des constructeurs, la Scuderia (496 points) se rapproche de Red Bull (504 pts) et peut encore menacer McLaren (544 pts). Pour Charles Leclerc, décrocher cette couronne est encore possible: « Nous devons viser le titre des constructeurs. C'est un objectif optimiste, mais c'est pour cela que nous sommes là. » Plus prudent, Frédéric Vasseur refuse de tirer des plans sur la comète, soulignant que des courses difficiles attendre son équipe, notamment huit jours plus tard à Mexico.
La pénalité infligée à Lando Norris pour son dépassement sur Max Verstappen suscite une âpre polémique. D'abord parce qu'elle fait perdre trois précieux points au championnat au pilote McLaren. Ensuite parce que, si l'Anglais a effectivement dépassé les limites pour doubler le Néerlandais, c'est parce que ce dernier ne lui avait laissé guère d'autre solution. Toutefois, à l'arrivée, Norris se contente de réclamer des « précisions » aux commissaires. Après tout, sa défaite est aussi due à un nouveau départ médiocre... « Ce n'était pas mon jour aujourd'hui, soupire-t-il. S'incliner au premier virage fut déjà une défaite. En fin de course, j'ai saisi ma seule opportunité. Max se défendait bien, mais je constate qu'il est également sorti de la piste. Il y est allé trop fort et a aussi gagné un avantage en faisant cela. Mais ce n'est pas moi qui fais les règles, donc... Nous aurons peut-être une discussion avec les commissaires. » En revanche, son patron Andrea Stella sort son colt et rappelle que Verstappen avait déjà poussé Norris au premier tournant: « La façon dont les commissaires ont interféré dans un beau moment de sport automobile était inappropriée, car les deux voitures sont sorties de la piste. Toutes deux ont donc eu un avantage. C'est dommage, car cela nous coûte un podium et une course où nous avons fait preuve de patience après avoir été poussés dehors au premier virage. » Stella ajoute que selon lui Verstappen aurait mérité de faire l'objet d'une enquête. Mais il rejette toutefois de faire appel de la pénalité, sans doute parce qu'il est impossible de nier que Norris a bien roulé derrière la ligne blanche.
En effet, il est difficile de blâmer les commissaires, car l'infraction de Lando Norris est caractérisée: il n'avait pas doublé Max Verstappen au moment de prendre la corde et est passé devant la Red Bull en sortant des limites. Cependant il est tout aussi évident que le triple champion du monde ne lui a laissé aucun espace. Mais en l'espèce, Verstappen bénéficie depuis longtemps d'une réelle impunité. En 2021, à São Paulo, il s'était défendu de la même manière face à Lewis Hamilton sans que les arbitres ne bronchent. Et ce dimanche soir, Verstappen rappelle avec malice que lui-même avait été sanctionné ici, à Austin, en 2017, pour avoir effectué face à Kimi Räikkönen la même manœuvre que Norris... « La règle est très claire: vous ne pouvez pas dépasser la ligne blanche, énonce-t-il. En 2017, j'avais moi aussi perdu un podium pour cela. C'est ainsi. » Christian Horner vient bien sûr au secours de son champion: « Les règles sont les règles et les pilotes conduisent en conséquence. Max était parfaitement conscient que dès que Lando franchissait cette ligne blanche, sortait de la piste et dépassait, c'était illégal. Et puis, le problème est la nature de ce virage à 90 degrés. À moins de changer son profil ou la limite du circuit, vous aurez toujours ce genre de débats. »
Pour le reste, Max Verstappen peut être très satisfait de son week-end texan qui lui permet d'accroître de cinq unités son avance sur Lando Norris, et ce malgré une Red Bull peu compétitive. Au départ, il a su saisir une belle opportunité pour doubler son rival: « Il y avait un espace à l'intérieur, et je l'ai pris. Ce virage est très large, ce qui donne la possibilité de virer loin ou d'essayer une trajectoire très serrée. Cela a plutôt bien fonctionné pour moi puisque j'ai doublé Lando. Certes, Leclerc m'est passé devant, mais de toute façon, je n'aurais rien pu faire contre lui. Il était bien plus rapide. La voiture était nettement moins bonne que lors du sprint. J'ai eu beaucoup de mal à trouver de l'adhérence, ainsi qu'à freiner et à tourner. J'ai vite réalisé que je ne pourrais pas gagner. » Red Bull a donc encore du pain sur la planche. Si Verstappen semble maîtriser la situation au championnat des pilotes, le Taureau Rouge risque de glisser derrière le Cheval Cabré au tableau des constructeurs...
La Mercedes W15 demeurera sans doute l'un des plus grands mystères de l'histoire de la Formule 1. Cette monoplace alterne de façon incompréhensible exploits (Silverstone, Spa) et dramatiques contre-performances. Ici, à Austin, elle fut rapide vendredi et dimanche, et complétement larguée samedi, lors du sprint et des qualifications. Toto Wolff préfère retenir la belle remontée de George Russell qui coupe la ligne en sixième position, devant la Red Bull de Sergio Pérez, après être parti des stands. En revanche, la piteuse sortie de route de Lewis Hamilton dès le deuxième tour fait désordre. « Je ne poussais pas fort, mais j'ai perdu l'arrière d'un coup, explique celui-ci. Nous avons mesuré une grosse rafale de vent, à 40 km/h, lorsque j'ai tourné. Cela ne m'a pas aidé. » Certes, mais les 19 autres concurrents ont aussi encaissé cette rafale. Certains se demandent si Sir Lewis n'a pas déjà la tête à Maranello. Au soir de ce doublé Ferrari, ce serait compréhensible...
Sources :
- Auto Hebdo n°2484, 23 octobre 2024
- https://motorsport.nextgen-auto.com/
Tony