Présentation de l'épreuve
Si Barcelone a renouvelé son bail avec la Formule 1 jusqu'en 2026, l'hypothèse de la création d'un Grand Prix à Madrid prend corps depuis quelques mois. Depuis 2022, la présidente de la Communauté de Madrid Isabel Díaz Ayuso (Parti populaire) porte cette idée avec le soutien du gouvernement socialiste espagnol. En mars 2023, à l'occasion du lancement de l'Exposition F1 à Madrid, Stefano Domenicali a confirmé qu'un groupe d'investisseurs avait pour projet d'organiser une épreuve dans les rues de la capitale. Plusieurs propositions de tracés ont déjà été élaborées. En outre, les récentes élections régionales ont vu la réélection triomphale de Mme Díaz Ayuso, ce qui a levé les derniers obstacles politiques. Bref, le projet va bon train, mais reste à savoir si le GP d'Espagne déménagera à Madrid ou si l'Espagne accueillera deux épreuves du championnat du monde de Formule 1. Cette supposition paraît peu crédible puisque Domenicali a indiqué quelques mois plus tôt au gouvernement italien que Monza et Imola ne pourraient plus cohabiter très longtemps au même calendrier, de plus en plus de pays se portant candidats à l'organisation d'un Grand Prix.
Les excellents résultats de Fernando Alonso au volant de l'Aston Martin aiguillonnent les supporteurs espagnols qui envahissent en masse le Circuit de Catalogne. L' « Alonsomania », apparue il y a vingt ans, est relancée. Chacun rêve de voir « Nando » triompher à domicile, dix ans après sa dernière victoire, ici-même, le 12 mai 2013. Pour l'occasion, les fans de l'Ibère, que l'on a connus en bleu des Asturies, puis en rouge Ferrari, revêtent des t-shirts et des casquettes « British Racing Green » du plus bel effet. « Tout le circuit et toute la ville de Barcelone sont en ébullition, s'extasie Mick Krack, patron du héros. Où que vous alliez, vous voyez des maillots verts. C'est incroyable de voir la ferveur devant notre garage ! » Alonso rêve de cette 33ème victoire qui se fait tant attendre mais, réaliste, il se doute que les Red Bull jouiront de nouveau de la suprématie sur la piste catalane.
Cette saison, les pilotes ont le plaisir de voir disparaître l'affreuse chicane « Ralf Schumacher » qui défigurait le dernier secteur du circuit de Catalogne et les empêchait de prendre à fond la dernière courbe de New Holland. Les organisateurs s'adaptent aux nouvelles Formules 1 à effet de sol qui atteignent des vitesses de passage en courbe très élevées. Les pilotes pourront ainsi plus facilement prendre l'aspiration et dépasser dans la longue ligne droite de départ-arrivée. En contrepartie, de nouvelles barrières de Tecpro sont déployées en bordure des deux derniers virages que les pilotes franchiront à vive allure, mais pas encore à fond. Par ailleurs, cette nouvelle configuration modifie le comportement des pneumatiques, comme l'affirme Mario Isola (Pirelli): « L'an passé, le secteur n°3 stressait énormément les pneus arrière, à cause de la traction réclamée par la chicane. Cette année, c'est la charge latérale qui pèse davantage sur les gommes. » D'où la nécessité d'effectuer au moins deux pit-stops en course.
Le 30 mai, Red Bull annonce le départ vers McLaren du responsable de l'ingénierie Rob Marshall, un pilier de son staff puisqu'il officiait sous les ordres d'Adrian Newey depuis 2005. McLaren confirme la nouvelle et précise que sa recrue occupera à partir de 2024 les fonctions de directeur technique en lieu et place de James Key, débarqué quelques mois plus tôt. Cette réorganisation s'inscrit dans le cadre d'une modernisation du McLaren Technology Center, pilotée par Andrea Stella: nouveau simulateur, nouvelle soufflerie, création d'un département de fabrication de pièces en fibre de carbone etc. Bref, le groupe McLaren met le paquet pour remettre à niveau son écurie de F1. Une nécessité pointée par Lando Norris qui selon certains bruits rue dans les brancards face à un déclin très sensible en cette saison 2023. Toutefois, certains s'interrogent sur les sommes déboursées pour recruter des ingénieurs du calibre de David Sanchez et Rob Marshall dans un contexte de budgets plafonnés. « Zak Brown fait du bon travail pour mettre McLaren en condition de dépenser cet argent », répond Andrea Stella. « Ce budget, parfaitement conforme, permet d'assurer notre activité opérationnelle, tout comme d'effectuer des dépenses d'investissement. Ces recrutements n'ont pas posé de difficultés particulières. »
Le début de saison de Nyck de Vries avec AlphaTauri est tout à fait désolant. Le pilote néerlandais, nanti de ses titres en Formule 2 et Formule E, est arrivé cet hiver à Faenza en leader putatif d'une équipe orpheline de Pierre Gasly. Beaucoup pensaient qu'il ferait du petit bois de son jeune équipier, l'impulsif Yuki Tsunoda. Or il n'en est rien: le Japonais a déjà inscrit deux points au volant d'une mauvaise voiture et domine constamment le Néerlandais qui s'illustre par de nombreuses sorties de route. Sa situation en interne paraît d'autant plus fragile que la presse a révélé que Franz Tost, patron d'AlphaTauri jusqu'à la fin de la saison, aurait en fait préféré recruter Mick Schumacher. Helmut Marko et Max Verstappen lui ont en quelque sorte imposé de Vries... Toujours est-il que les rumeurs d'éviction se renforcent lorsqu'on apprend que Daniel Ricciardo a moulé son baquet à Faenza. Mais en cas de renvoi de de Vries, l'Australien de 34 ans ne serait peut-être pas le premier choix du Dr. Marko qui couve le jeune réserviste Liam Lawson.
Günther Steiner suscite une nouvelle controverse en critiquant ouvertement les commissaires sportifs qui selon lui ont infligé à son pilote Nico Hülkenberg une pénalité trop sévère pour une touchette au départ du GP de Monaco. L'Italien remet en cause la compétence des arbitres: « Dans tous les sports, ce sont des professionnels qui arbitrent ce genre de choses. La F1 est l'un des plus grands sports au monde, et nous avons encore des profanes qui décident du sort de personnes qui investissent des millions dans leur carrière. Et cela fait toujours débat parce que leurs décisions ne sont pas cohérentes. » La fédération réagit en convoquant samedi matin le directeur du Haas F1 Team qui reçoit des fameux commissaires une réprimande pour « propos offensants ». Steiner présente ensuite ses excuses aux autorités et l'affaire en reste là.
Max Verstappen perd l'un de ses principaux commanditaires: la chaîne de supermarchés néerlandaise Jumbo mettra un terme à tous ses contrats de sponsoring sportif à l'issue de l'année 2023, suite à une affaire de blanchiment d'argent touchant son ancien directeur général, Frits van Eerd. La justice enquête notamment sur l'implication de Jumbo dans le sport automobile, mais le contrat de Max Verstappen est hors de cause. Le double champion du monde cherche dorénavant un nouveau sponsor dont le logo rejoindra ceux de Heineken, Viaplay et EA Sports sur son casque. Le retrait du groupe Jumbo touche aussi le Grand Prix de Pays-Bas dont il était l'un des principaux soutiens financiers.
Ferrari lance à Barcelone une évolution de sa SF-23. Comme Mercedes, la Scuderia abandonne ses pontons originaux pour copier plus ou moins Red Bull. Adieu donc aux « baignoires » (ou « bocaux de poissons rouges » comme on les appelait à Maranello), place à la « rampe » dirigeant le flux d'air vers le bas, dans la zone située au-dessus du diffuseur. Mais comme Mercedes, Ferrari adapte ce concept à un châssis préexistant, d'où certains compromis techniques. Le fond plat est modifié, particulièrement au niveau du coin arrière, pour fonctionner avec les nouveaux pontons. Les simulations indiquent que l'ensemble devrait fournir plus d'appui sur l'arrière et rendre la SF-23 plus stable dans les grandes courbes. Toutefois, lorsque les ingénieurs de Ferrari abaissent la garde au sol pour produire un maximum d'appui, les suspensions ne garantissent pas une assiette constante, d'où la réapparition du rebond. En conséquence, dès les essais libres, Ferrari remonte sa garde au sol et perd ainsi une partie de l'appui généré par son nouveau fond plat...
Lors des essais libres, Pirelli teste deux nouveaux types de composé dur, initialement destinés à la prochaine saison, mais qui seront en fait utilisés dès le Grand Prix de Grande-Bretagne, un mois plus tard. En effet, les F1 version 2023 offrent un gain spectaculaire d'appui et font peser des charges croissantes sur les gommes et accroît leur fragilité. Ces nouvelles constructions sont donc plus résistantes. Puis, les 6 et 7 juin, les pilotes éprouvent à Barcelone des pneumatiques sans usage des couvertures chauffantes que la FIA entend bannir dès la saison prochaine. Le premier test qui s'était déroulé à Bahreïn n'avait pas donné satisfaction aux pilotes, et Lewis Hamilton avait fait part de son anxiété face au danger que pourraient représenter des pneus insuffisamment montés en température. En tout cas, Pirelli est parvenu à faire homologuer son nouveau pneu pluie qui fonctionne sans les fameuses couvertures.
D'autre part, la fédération s'apprête à lancer l'appel d'offres pour la fourniture des pneumatiques de la période 2025 - 2027. Pirelli, partenaire unique de la F1 depuis 2011, est candidate à sa succession, mais pourrait faire face à la concurrence de Bridgestone. Le manufacturier nippon, présent dans la discipline entre 1997 et 2010, aurait déjà répondu à l'appel d'offres, mais aucune annonce officielle n'est survenue. La candidature de Hankook est aussi évoquée. En revanche, Michelin a adressé une fin de non-recevoir: l'entreprise clermontoise n'est pas intéressée par un monopole mais par la compétition entre manufacturiers.
Essais et qualifications
Vendredi après-midi, lors de la première séance libre, Verstappen prend la direction des opérations (1'14''606'''), sept dixièmes devant Pérez. Le Hollandais récidive (1'13''907''') lors des seconds essais, mais les écarts sont faibles: dix-sept pilotes se tiennent dans la même seconde ! Samedi à la mi-journée, Verstappen obtient de nouveau le meilleur chrono (1'13''654''') avant qu'une averse orageuse n'abrège cette dernière session.
Un peu plus tard, les qualifications commencent sur une piste asséchée, mais une nouvelle ondée tombe au moment du coup d'envoi ! Les pilotes ont le temps de réaliser un chrono convenable avant que la piste ne devienne piégeuse, mais la Q1 est interrompue quelques minutes par des sorties d'Alonso et d'Albon. Tous deux ramènent leurs bolides aux stands, mais en semant du gravier sur la piste. Au drapeau vert, l'averse a cessé et le reste de la séance se déroule sur le sec, même si des plaques d'humidité subsistent çà et là.
Verstappen signe une nouvelle pole position (1'12''272''') avec une telle facilité qu'il abandonne son ultime tour lancé alors qu'il était en passe d'améliorer ! Pérez (11e) est en revanche totalement perdu au volant d'une Red Bull mal réglée. Il sort dans les graviers et est éliminé en Q2. Voilé qui fait désordre, deux semaines après son accident à Monaco. Sainz (2e) conquiert la première ligne à domicile, mais sa Ferrari rend une demi-seconde à Verstappen... Leclerc vit un véritable désastre: victime de brutales pertes d'adhérence à l'arrière-droit, il est aussitôt éliminé avec le 19e temps ! Norris bénéficie d'une McLaren ressuscitée et décroche une magnifique troisième place... qu'il ne parvient pas à expliquer ! Son acolyte Piastri se classe 9e après une erreur au premier freinage. Gasly signe un superbe quatrième temps avec son Alpine-Renault, mais il est hélas pénalisé de six places pour avoir gêné Sainz et Verstappen en Q1. Le Rouennais est repoussé au 10e rang. Ocon (6e) n'est pas tout à fait satisfait du grip de son A532.
Hamilton se classe quatrième avec sa Mercedes malgré un contact assez rude avec son équipier Russell (12e) en pleine ligne droite. Suite à une mésentente. le cadet des Britanniques s'est dangereusement rabattu devant son aîné. Il s'en tire avec une réprimande. Pour ce qui concerne sa rapide élimination, Russell plaide la manque d'adhérence. Pour la première fois de la saison, Stroll (5e) se qualifie devant Alonso (8e) qui s'est débattu avec une Aston Martin au plancher abîmé après sa sortie dans le dernier virage. Hülkenberg impressionne en hissant sa Haas-Ferrari en septième position et fait de nouveau mieux qu'un Magnussen (17e) égaré dans son set-up. Chez Alfa Romeo, Zhou (13e) se démène au volant d'une Alfa Romeo très vite privée de pneus tendres pendant que Bottas (16e) cale en Q1 après une sortie sur piste humide. Les pilotes AlphaTauri (de Vries 14e, Tsunoda 15e) s'illustrent par des embardées après la courbe de La Caixa. Les Williams sont en fond de grille: Albon (18e) est sorti de la route en Q1 et Sargeant (19e) a quelque peu endommagé sa machine contre les glissières de la dernière courbe lors des EL3.
Le Grand Prix
Le ciel est chargé en ce dimanche 4 juin, mais les montagnes qui environnent le circuit de Catalogne devraient arrêter les nuages de pluie. Les risques d'averse sont faibles. La dégradation des pneumatiques étant important, tout le monde table sur au moins deux arrêts. La majorité du peloton s'élance avec le composé tendre (C3). Verstappen, Pérez et Sargeant se singularisent avec les pneus médiums (C2) tandis que Leclerc seul choisit les durs (C1). Ce dernier part depuis les stands après que Ferrari a remplacé tout ce qui pouvait l'être sur le train arrière de sa monoplace, notamment la boîte de vitesses. Son ingénieur Jock Clear annonce que le problème rencontré la veille sera analysé à l'usine, le régime de parc fermé ne permettant pas un examen approfondi de la n°16.
Départ: Sainz prend un bon envol, parvient à se porter à se porter à la hauteur de Verstappen et se décale l'extérieur. Le Néerlandais retarde toutefois son freinage et conserve l'ascendant devant l'Espagnol. Hamilton déborde Norris au premier tournant, mais à la sortie de celui-ci le pilote McLaren heurte la Mercedes avec son avant-droit et endommage ainsi sa calandre. Russell emprunte le dégagement dans ce premier virage.
1er tour: Stroll déborde Hamilton dans la courbe Seat. Verstappen devance Sainz, Stroll, Hamilton, Ocon, Alonso, Russell, Hülkenberg, Zhou et Piastri. Mal parti, Gasly est seulement 15e. Norris passe par les stands pour chausser les pneus durs et réparer son train avant.
2e: Sainz concède une seconde et demie à Verstappen. Pérez prend la 10e place à Piastri.
3e: Verstappen tourne une demi-seconde au tour plus vite que Sainz malgré ses pneus moins efficaces. Tsunoda double Piastri.
4e: Verstappen devance Sainz (1.8s.), Stroll (3.2s.), Hamilton (4.6s.), Ocon (6.2s.), Alonso (7s.), Russell (8s.), Hülkenberg (9.1s.), Zhou (9.5s.), Pérez (10s.), Tsunoda (10.6s.) et Piastri (11.4s.).
5e: Zhou déborde Hülkenberg au premier virage. L'Allemand est ensuite menacé par Pérez. Bottas bascule déjà sur les pneus durs.
6e: Pérez dépasse Hülkenberg. A la peine avec ses pneus tendres, le pilote Haas sera bientôt doublé par Tsunoda et Piastri.
7e: Trois secondes séparent Verstappen et Sainz. Hamilton menace Stroll. Mécontent de ses gommes dures, Leclerc grimpe lentement dans la hiérarchie et évolue en seizième position.
8e: Verstappen roule en 1'19''794''''. Hamilton déborde Stroll au bout de la longue ligne droite. Zhou et Pérez menacent Alonso pour la septième place. Hülkenberg s'empare des gommes médiums.
9e: Pérez efface Zhou au premier tournant. Les pneus tendres s'effondrent vite puisque le Chinois chausse ensuite les durs, tout comme de Vries.
10e: Verstappen précède Sainz (5s.), Hamilton (6.8s.), Stroll (9.1s.), Ocon (11.6s.), Russell (12.2s.), Alonso (13.2s.), Pérez (14.2s.) et Piastri (16.4s). Tsunoda prend des gommes dures et Magnussen des pneus médiums.
11e: Russell prend l'ascendant sur Ocon. Grâce aux pneus jaunes qu'il vient de chausser, Hülkenberg est le plus rapide en piste. Le problème est que la Haas fusille lesdites enveloppes...
13e: L'avantage de Verstappen sur Sainz atteint six secondes. Ocon stoppe chez Alpine pour mettre les pneus durs et ressort devant le trio Hülkenberg - Zhou - Tsunoda. Le Japonais dépassera le Chinois et l'Allemand peu après.
14e: Hamilton est revenu dans les échappements de Sainz. Stroll reprend des gommes tendres (2.6s.), bien que celles-ci soient maltraitées par l'Aston Martin.
15e: Sainz est chez Ferrari pour s'emparer des gommes médiums (2.9s.) et repart en huitième position devant Leclerc.
16e: Verstappen possède huit secondes de marge sur Hamilton, seize secondes sur Russell.
17e: Leclerc entre aux stands pour prendre les gommes tendres (2.4s.). Piastri, Albon et Sargeant choisissent quant à eux le composé dur.
19e: L'intervalle est stable entre Verstappen et Hamilton. Sainz rejoint Gasly et lui prend la sixième place au premier freinage. Alonso passe chez Aston Martin et remet des pneus tendres.
20e: Seuls les quatre hommes de tête, Verstappen, Hamilton, Russell et Pérez n'ont pas encore changé de pneus. Alonso prend la neuvième place à Zhou.
21e: Verstappen est premier devant Hamilton (9.7s.), Russell (17.4s.), Pérez (24s.), Sainz (29s.), Stroll (38s.), Ocon (40.7s.), Tsunoda (41.8s.), Alonso (45.3s.), Zhou (46s.), Piastri (49.7s.) et Hülkenberg (50.9s.).
23e: Verstappen hausse son rythme et repousse Hamilton à onze secondes. Les pilotes Mercedes tiennent bien leurs pneus tendres, mais ne vont pas prendre le risque de n'effectuer qu'un seul arrêt.
25e: Hamilton stoppe chez Mercedes pour mettre les pneus médiums (3s.) et redémarre entre Sainz et Stroll. Magnussen et bientôt Hülkenberg se saisissent de pneus durs.
26e: Russell s'empare à son tour des Pirelli jaunes (2.6s.) et glisse derrière Stroll. Les deux Red Bull sont en tête. Hamilton recolle à Sainz.
27e: Verstappen fait escale chez Red Bull afin de chausser les pneus durs (2.2s.) et reste en tête de l'épreuve, avec six secondes d'avantage sur Pérez.
28e: Pérez se munit d'enveloppes dures en seulement deux secondes tout juste ! Hamilton déborde Sainz par l'intérieur au premier tournant et retrouve ainsi la deuxième place. De son côté, Russell efface Stroll, peu à l'aise avec ses pneus tendres.
30e: Verstappen devance Hamilton (12.7s.), Sainz (15.7s.), Russell (20.3s.), Stroll (24.6s.), Ocon (28s.), Tsunoda (28.8s.), Alonso (32.3s.), Pérez (32.5s.), Zhou (36.6s.), Piastri (38s.), Gasly (39s.), Leclerc (43.8s.) et de Vries (46.3s.).
31e: La Ferrari maltraite ses pneus médiums et Sainz devient une proie pour Russell. Pérez déborde Alonso et s'empare ainsi de la huitième place.
33e: Quatorze secondes séparent Verstappen et Hamilton. Russell roule à moins de deux secondes de Sainz. Pérez dépasse Tsunoda au premier tournant.
34e: Pérez avale Ocon au bout de la longue ligne droite. Stroll s'empare des gommes dures (3.3s.) et Tsunoda se saisit du composé médium.
35e: Russell prend l'aspiration de Sainz sur la ligne de chronométrage, ouvre son aileron mobile, pique à l'intérieur et s'empare de la troisième place.
36e: L'écart est stable entre Verstappen et Hamilton. Ocon est chez Alpine et met les pneus durs (4.2s.). Cet arrêt est trop long et le Français repart derrière Tsunoda. Zhou rechausse des gommes blanches chez Alfa Romeo. Deuxième pit-stop aussi pour Sargeant.
37e: Verstappen est en tête devant Hamilton (15s.), Russell (24.5s.), Sainz (28.1s.), Pérez (34.5s.), Alonso (43.6s.), Piastri (50.2s.), Gasly (51.4s.), Leclerc (54s.) et de Vries (59s.).
38e: Pérez remonte peu à peu sur Sainz. De Vries et Albon chaussent les pneus médiums.
39e: L'intervalle entre Verstappen et Hamilton atteint seize secondes. Ocon déborde Tsunoda pour la neuvième place.
40e: Piastri et Gasly entrent aux stands, le premier pour mettre les pneus médiums, le second les durs. Les mécaniciens d'Alpine gambergent cinq secondes et le Normand perd ainsi l'occasion de doubler l'Australien dans la pit-lane. Second arrêt pour Bottas.
41e: Sainz est chez Ferrari pour s'emparer des gommes dures (3.1s.) et se réinsère entre Alonso et Stroll. Leclerc l'imite et tombe au 14e rang.
43e: Verstappen précède Hamilton (15.8s.), Russell (25.7s.), Pérez (33.3s.), Alonso (46s.), Sainz (55s.), Stroll (1m. 01s.), Ocon (1m. 04s.), Tsunoda (1m. 05s.), Zhou (1m. 09s.) et Piastri (1m. 14s.). Doublé par Zhou, Hülkenberg met ensuite des enveloppes médiums, tout comme son équipier Magnussen.
45e: Verstappen déplore un peu d'usure sur ses pneus, mais il maintient un bon rythme. Alonso fait halte chez Aston Martin pour mettre des gomme dures (2.7s.). Il glisse entre Zhou et Piastri.
46e: Verstappen est averti car il a roulé derrière la ligne blanche dans les courbes Seat et La Campsa. Russell s'empare des Pirelli tendres rodés pour finir l'épreuve (2.6s.), puis repart quatrième.
48e: Le ciel se charge de gros nuages. Russell s'empare du meilleur chrono (1'17''875'''). Alonso déborde Zhou sur la ligne de chronométrage. Tsunoda est sa prochaine cible. Gasly prend la 11e place à Piastri.
49e: Alonso dépasse Tsunoda avant le premier virage. L'Espagnol prend maintenant Ocon en chasse.
50e: Verstappen est premier devant Hamilton (16.3s.), Pérez (35.5s.), Russell (46.1s.), Sainz (54.8s.), Stroll (1m. 05s.), Ocon (1m. 08s.), Alonso (1m. 09s.), Tsunoda (1m. 10s.), Zhou (1m. 11s.), Gasly (-1t.) et Piastri (-1t.).
51e: Hamilton arrive chez Mercedes pour mettre les pneus tendres (3.4s.). Pérez effectue la même opération chez Red Bull (2.2s.) et repart derrière Russell et Sainz. Alonso déborde Ocon avant le premier virage. Leclerc double Piastri au même endroit. Troisième arrêt pour Norris.
52e: Verstappen compte quarante secondes d'avance sur Hamilton lorsqu'il pénètre aux stands à l'issue de ce tour.
53e: Verstappen s'empare des gommes tendres (2.6s.) et conserve le commandement. Pérez dépasse Sainz facilement, DRS ouvert dans la longue pleine charge.
54e: Pérez espère pouvoir rattraper Russell qui évolue huit secondes devant lui. En difficulté avec ses pneus, Ocon est menacé par Tsunoda et Zhou.
55e: Verstappen est en tête devant Hamilton (16.6s.), Russell (22.3s.), Pérez (29.6s.), Sainz (33s.), Stroll (45s.), Alonso (47.4s.), Ocon (50.5s.), Tsunoda (51.4s.), Zhou (52.3s.), Gasly (54.8s.) et Leclerc (58.6s.).
56e: Zhou ouvre son DRS dans la grande ligne et déborde Tsunoda par l'extérieur avant le premier tournant. Le Japonais ne lui laisse aucun espace et le contraint à emprunter l'échappatoire pour éviter la collision. Cette manœuvre est consignée par les commissaires.
58e: Verstappen possède dix-sept secondes d'avance sur Hamilton. Le retard de Pérez sur Russell est tombé à six secondes.
59e: Le drapeau noir et blanc est adressé à Verstappen pour franchissement des limites. Le Néerlandais n'a plus le droit à l'erreur.
60e: Alonso évolue sur les talons de Stroll. Toutefois il prévient son équipe qu'il ne compte pas attaquer le fils du patron, mais seulement creuser l'écart sur Ocon. C'est ce qu'on appelle être prévenant...
61e: Verstappen réalise le meilleur tour de la course (1'16''533''') et empochera donc le maximum de points.
62e: Tsunoda écope d'une pénalité de cinq secondes pour avoir contraint Zhou à rouler hors piste. Voilà qui devrait in fine l'exclure de la zone des points. Leclerc menace Gasly pour la 10e place putative du fait de la sanction frappant Tsunoda.
63e: Verstappen précède Hamilton (19.6s.), Russell (29s.), Pérez (33.4s.), Sainz (43.3s.), Stroll (58.5s.), Alonso (1m.), Ocon (1m. 04s.), Tsunoda (1m. 06s.), Zhou (1m. 08s.), Gasly (1m. 10s.) et Leclerc (1m. 11s.).
65e: Verstappen compte vingt-et-une secondes d'avance sur Hamilton. Pérez est revenu à deux secondes et demie de Russell, mais ne pourra pas le menacer. Leclerc met jusqu'au bout la pression sur son copain Gasly. En vain.
66e et dernier tour: Max Verstappen remporte sa 40ème victoire en F1 devant les Mercedes de Hamilton et de Russell. Pérez termine quatrième. Sainz (5e) précède les Aston Martin de Stroll et d'Alonso. Ocon se classe huitième. Tsunoda, brillant neuvième, recule au 12e rang du fait de sa pénalité. Zhou recueille donc les deux points de la neuvième place et Gasly se classe dixième. Leclerc échoue en 11e position. Achèvent aussi l'épreuve: Piastri, de Vries, Hülkenberg, Albon, Norris, Magnussen, Bottas et Sargeant.
Pour l'anecdote, Mercedes écope de 10 000 euros d'amende car les deux physiothérapeutes de leurs pilotes se sont aventurés dans le parc fermé avant d'y être autorisés.
Après la course
Max Verstappen conclut par un grand chelem ce Grand Prix qu'il a dominé d'un bout à l'autre, sans l'ombre d'une opposition, si l'on excepte la vaillante attaque de Carlos Sainz au démarrage « J'ai pris un très bon départ, même si ce fut serré face à Sainz », raconte-t-il. « A partir de là, j'ai essayé de garder un bon rythme avec les pneus médiums. Je savais que tout le monde derrière moi était en tendres et j'ai pu creuser un grand écart. Et puis, j'ai mis les durs, et je n'avais pas beaucoup d'adhérence avec eux. Je glissais pas mal. Ce n'était pas très agréable, je n'ai pas été aussi rapide que j'aurais voulu. » L'insatiable Batave n'est décidément jamais tout à fait épanoui. Mais pour ce qui concerne ses passages hors limites, il ne voit pas ce qu'on peut lui reprocher: « Il est parfois difficile de rester derrière les lignes blanches, et c'est le cas sur ce circuit. Mais je n'ai rien fait de mal et cela ne m'a pas empêché de conquérir le meilleur tour. Le team s'est alarmé, mais on en a rigolé dès l'arrivée ! » Avec cette victoire, Verstappen creuse un écart de 53 points (170 à 117) sur son équipier Sergio Pérez au championnat des conducteurs. Red Bull devient en outre la première équipe à remporter les sept premiers Grands Prix d'une saison depuis McLaren-Honda en 1988.
Mercedes place ses deux bolides sur le podium pour la première fois en 2023, une performance qui souligner le pas en avant effectué par la W14B. « Vendredi, nous avions beaucoup de mal à trouver l'équilibre, les réglages n'étaient pas du tout au point, confie Lewis Hamilton. Mais nous avons une équipe formidable et Mick [Schumacher] a effectué un excellent travail vendredi soir dans le simulateur de Brackley. Nous avons pu ainsi ajuster nos appuis aérodynamiques et mettre le doigt sur le bon set-up. Je pense n'avoir jamais conduit une aussi bonne voiture depuis 2021. C'est très encourageant ! » C'est en effet le jeune Schumacher qui s'est démené pour trouver les bons réglages dans la nuit de vendredi au samedi, ne quittant Brackley qu'à deux heures du matin ! George Russell a quant à lui accompli un belle « remontada », de la 12e à la 3e place, et grimpe sur son premier podium en 2023. « Pour être honnête, j'ai pensé assez tôt que le podium était envisageable, car mes pneus tenaient bien le coup, souligne le jeune Anglais. La voiture était vraiment super, elle se comportait naturellement très bien. » Son ressenti est à peu près le même que celui de son équipier. Russell estime toutefois que Mercedes est encore très loin de Red Bull. Du reste, la prudence est de mise chez les Gris. En 2022, la W13 était elle aussi apparue revigorée à Barcelone, avant de retomber par la suite dans ses travers.
Frédéric Vasseur tire un bilan très mitigé du week-end catalan de Ferrari. Malgré ses évolutions, la SF-23 est toujours aussi médiocre. Rapide aux essais, elle révèle une grande inconstance en course selon les conditions météorologiques et le type de pneus utilisé. Ses performances varient d'un relais à l'autre sans que les ingénieurs n'apportent d'explications satisfaisantes. « Leclerc a fait deux relais en pneus durs: un qui n'était pas bon du tout et l'autre pas mal. Quant à Sainz, il était rapide avec les durs et pas du tout avec les médiums. Voilà qui illustre bien nos problèmes », soupire Vasseur. Si Charles Leclerc savait que sa course compromise depuis le désastre de la veille, Carlos Sainz visait au moins le podium. Mais selon lui, Ferrari traîne désormais derrière Aston Martin et Mercedes dans la hiérarchie: « Hélas, le circuit de Barcelone possède un tarmac endommageant fortement les pneus et beaucoup de virages à grande vitesse, nos points faibles. Mercedes et Aston Martin sont à 30-40 secondes des Red Bull. Et nous, toujours à 50 secondes. Nous n'avons pas bougé. Il est possible cependant que nous ayons apporté notre évolution sur le pire circuit possible... »
Fernando Alonso ne peut dissimuler une certaine déception. Même s'il savait Max Verstappen quasi-imbattable, il caressait l'espoir de gagner devant son public, dix ans après... Hélas, de mauvaises qualifications et une Aston Martin dévoreuse de gommes l'ont relégué à une médiocre septième place. « Nous étions plus lents que les Mercedes avec les composés durs et tendres », note-t-il. « Du coup, nous nous sommes battus avec Alpine et AlphaTauri, en gardant le même rythme que les Ferrari. La piste n'était pas la meilleure pour nous. Vendredi, nous nous sommes fourvoyés dans nos réglages. Il a fallu tout reprendre à zéro. C'était nouveau pour nous, car jusqu'ici nous étions toujours immédiatement dans le coup. En course, nous avons affiné la stratégie, mais nous ne pouvions pas battre les Mercedes. » Pour Aston Martin, la firme à l'étoile est désormais l'ennemie n°1, puisqu'elle lui a repris la seconde place au championnat des constructeurs. « Ici, ils avaient une fusée, je ne sais pas où ils ont trouvé autant de performance, s'étonne l'Asturien. Mais on en reparlera au Canada... » Serein, Alonso espère battre les Flèches d'Argent à Montréal. Et, pourquoi pas ? Chiper au moins une victoire à Max Verstappen...
Sources :
- Auto Hebdo n°2416, 7 juin 2023
- https://f1i.autojournal.fr/magazine/magazine-technique/espagne-f1-technique-evolution-ferrari-sf-23/
Tony