Affaire Piastri: le dénouement
Le 2 septembre 2022, le Bureau des contrats de la FIA rend son verdict concernant l'affaire Oscar Piastri. A l'unanimité et sans appel possible, ses membres tranchent en faveur de McLaren au détriment d'Alpine. Le contrat liant le jeune pilote australien à l'écurie britannique est reconnu comme seul valable. Dans la foulée, McLaren confirme que Piastri portera ses couleurs en 2023 et 2024 et Alpine ne peut qu'admettre sa défaite. Ainsi s'achève ce ténébreux feuilleton qui aura agité le mois d'août 2022. Ce dénouement et le rapport du Bureau des contrats sont accablants pour Alpine-Renault, dont les juristes ont été incapables de faire signer à Piastri un accord inattaquable pour la saison 2023. McLaren, alertée par un Mark Webber finaud, n'a fait que s'engouffrer dans les brèches juridiques négligées par le constructeur français. Otmar Szafnauer, le team manager d'Alpine, est également épinglé pour sa légèreté et son hypocrisie, car il est désormais certain qu'il savait que Piastri avait signé chez McLaren lorsqu'il a annoncé sa titularisation chez Alpine, aussitôt dénoncée par l'intéressé sur Twitter.
Toutefois, le comportement du jeune Australien est globalement jugé avec sévérité par le paddock. Sa déloyauté à l'égard du constructeur qui l'a parrainé remet en cause la pertinence des programmes de formation de jeunes pilotes: à quoi bon dépenser des millions pour élever un jeune loup vers la Formule 1 si ce dernier rejoint le voisin à l'heure d'intégrer la discipline reine ? La mentalité du jeune Piastri apparaît fort douteuse et cette image déjà ternie pourrait lui nuire, comme l'insinue Jenson Button, qui s'est retrouvé jadis dans la même situation, lorsque la FIA avait bloqué son transfert de BAR vers Williams: « Alpine a financé la formation de Piastri, et ce dernier leur dit: 'Vous savez quoi ? Je préfère aller ailleurs, je pense que c'est mieux pour ma carrière !' C'est une situation délicate pour un pilote qui n'a même pas disputé son premier Grand Prix. On ne peut pas se faire d'ennemis si tôt dans sa carrière... »
De même, l'attitude de McLaren envers Daniel Ricciardo semble, avec le recul, peu reluisante. Ainsi, au printemps 2022, Zak Brown a mis publiquement la pression sur son pilote, pointant ses insuffisances, avant de devenir tout sucre et tout miel au mois de juillet, en sous-entendant que leur collaboration se poursuivrait bien jusqu'à fin 2023. Or, à cette date, Piastri avait déjà signé son contrat avec l'écurie britannique, ce que Ricciardo ignorait visiblement... A Zandvoort, celui-ci a une longue explication avec Zak Brown et Andreas Seidl...
Pendant ce temps-là, les rumeurs vont bon train autour de l'attribution du deuxième volant Alpine pour 2023. Pierre Gasly semble désormais tenir la corde, même si Mick Schumacher, lâché par Ferrari, cogne à la porte de la firme au A fléché. A Zandvoort, chacun s'amuse de voir Esteban Ocon soutenir sans beaucoup de discrétion la candidature de son « ami Mick ». Le natif d'Évreux n'a semble-t-il aucune envie de cohabiter avec son vieux rival Gasly, même s'il affirme devant la presse qu'ils entretiennent désormais de « bonnes relations ». Pour l'heure, les journalistes étudient tous les scenarii possibles. Alpine pourrait ainsi recruter un autre Français, le jeune Théo Pourchaire, bien que ce dernier soit sous contrat avec Sauber. Ou encore piocher dans sa propre académie, en allant chercher un autre Australien, moins perfide celui-ci, le jeune Jack Doohan, fils de l'ancien champion motocycliste, qui réalise une saison fort honorable en Formule 2 avec Virtuosi Racing. En revanche, la piste d'un retour de Daniel Ricciardo se refroidit. Visiblement, Alpine et Renault ne souhaitent pas se remarier avec un pilote de 33 ans en plein déclin. Le pauvre « Ricky Bobby » n'a pas fini de pâtir de ses échecs avec Renault puis surtout McLaren. Il guette dorénavant un baquet chez Haas ou Williams, les deux plus petites écuries du plateau, qui sont sans doute intéressées par son pedigree, mais également rebutées par ses prétentions salariales... S'il veut rester en F1, Ricciardo va devoir dire adieu aux 17 millions de dollars annuels que lui versait McLaren.
Présentation de l'épreuve
Cette année, le Grand Prix des Pays-Bas se déroule à guichets fermés, pour le plus grand bonheur de l'« Armée orange » de Max Verstappen qui investit en masse les tribunes. Plus de 300 000 spectateurs sont recensés au cours du week-end. A cette occasion, Max Verstappen est nommé officier de l'Ordre de Orange-Nassau, l'une des plus hautes distinctions néerlandaises. Le 2 septembre, le jeune champion reçoit sa décoration des mains du ministre des Sports Mme. Conny Helder. Par ailleurs, il arbore pour ce week-end un casque spécial qui reprend le graphisme et les couleurs de son père Jos.
Le principal défaut du circuit de Zandvoort, pointé l'an passé par les pilotes, est le vent qui charrie du gravier vers le bitume et rend la piste particulièrement piégeuse. Pour parer à cette difficulté, les organisateurs font preuve d'originalité en expérimentant un « faux gravier » semé autour de la délicate chicane Hans Ernst. Il s'agit en fait de cailloux enrobés de résine ayant l'aspect du gravier mais qui forment un ensemble compact. « Cela ressemble à de l'asphalte, mais les pilotes ne peuvent pas vraiment s'engager dessus, car ce revêtement est bosselé et glissant » explique Jan Lammers, le directeur sportif du circuit. D'autre part, la deuxième zone d'activation de l'aileron arrière mobile est avancée en amont de la dernière courbe relevée, et ce afin de faciliter les dépassements au bout de la principale ligne droite. Enfin, les bolides éprouvent ce week-end des rétroviseurs plus volumineux afin d'améliorer leur visibilité. Voilà en effet plusieurs années qu'ils se plaignent de ne pas bénéficier d'un champ de vision assez large à l'arrière, à tel point que certains avaient émis l'idée de remplacer les rétroviseurs par des caméras, un système bien trop complexe à mettre en œuvre.
Comme la semaine précédente, le point presse de Fernando Alonso est très couru. Cette fois, le vétéran asturien est sommé de s'expliquer sur les propos qu'il a tenus à l'égard de Lewis Hamilton après leur accrochage lors du Grand Prix de Belgique. Il avait alors qualifié par radio son ancien rival d' « idiot ne sachant pas conduire lorsqu'il ne démarre pas premier ». Depuis, Alonso a présenté ses excuses, mettant ce commentaire acide sur le compte de la colère, mais à Zandvoort, des journalistes britanniques le relancent sur ce sujet, ce qui l'irrite particulièrement: « C'est toujours la même chose: dès qu'on touche à un pilote anglais, vous venez tous. En revanche, s'il s'agit d'un Latin comme Pérez, Sainz ou moi, vous vous en foutez ! » Le pilote Alpine s'est toujours senti maltraité par la presse anglaise, qui lui rend son inimitié et sous-entend qu'il aurait en fait dévoilé le fond de sa pensée sous l'effet de l'adrénaline... L'Espagnol n'a-t-il pas toujours affirmé que lui aussi aurait pu obtenir sept titres mondiaux s'il avait eu la chance de conduire pour Mercedes ? Lewis Hamilton refuse en tout cas d'entretenir toute polémique et offre même à son meilleur ennemi une casquette dédicacée... que Alonso accepte bien volontiers.
Essais et qualifications
Vendredi après-midi, lors de la première séance libre, les Mercedes créent la surprise en monopolisant le haut de la feuille des temps. Russell signe le premier temps de référence (1'12''455'''). Verstappen est victime d'une panne de boîte de vitesses et ne boucle que quelques tours. Un peu plus tard, ce sont les Ferrari qui émergent, avec un meilleur chrono de Leclerc (1'12''345''') qui devance Sainz et Hamilton de quelques millièmes. Verstappen se contente du huitième temps. Samedi, sous le soleil, Leclerc signe de nouveau le meilleur temps (1'11''632''') mais ne précède que d'un souffle Russell et un Verstappen en pleine renaissance. Un peu plus tard se déroulent les qualifications. La Q2 est interrompue par un drapeau rouge provoqué par un jet de fumigène sur la piste qui vaudra à son auteur une interpellation et une expulsion du circuit.
Les Ferrari, Red Bull et Mercedes se tiennent dans un mouchoir. Encore une fois, Verstappen tire son épingle du jeu en arrachant la pole position à domicile (1'10''342''') avec seulement 20 millièmes d'avance sur Leclerc. Le Hollandais a ajusté les réglages de sa Red Bull pour parvenir à cette performance impensable la veille. Pérez (5e) se distingue par un tête-à-queue fort préjudiciable dans les derniers instants de la séance. Les Ferrari (Leclerc 2e, Sainz 3e) ne parviennent pas à conquérir la pole, mais leur retard sur Verstappen se compte en millièmes. Les Mercedes sont un peu décevantes au vu de leur rythme lors des essais libres, mais Hamilton (4e) comme Russell (6e) ont surtout pâti du drapeau jaune provoqué par Pérez en fin de séance. Norris (7e) tire un excellent parti d'une McLaren plutôt médiocre alors que Ricciardo (17e), démoralisé, prétend avoir été gêné dans son tour le plus rapide par de la poussière...
Après une sortie la veille, Schumacher se rattrape ce samedi en décrochant une très belle huitième place au volant de la Haas-Ferrari. Magnussen (18e) est beaucoup moins rapide, selon lui à cause d'un dramatique manque d'adhérence. Tsunoda (9e) réalise une bonne performance au volant d'une AlphaTauri pourtant très rétive. Gasly (11e) échoue pour sa part en Q2 pour seulement un dixième. Très en verve depuis le début du week-end, Stroll (10e) parvient en Q3, mais n'ira pas plus loin à cause d'un problème hydraulique. Son équipier Vettel (19e) est très vite éliminé après une excursion dans les graviers. Les Alpine-Renault (Ocon 12e, Alonso 13e) souffrent de survirage et du trafic, d'où une fâcheuse double élimination en Q2. Les Alfa Romeo manquent ici de rythme. Zhou (14e) parvient en Q2 tandis que Bottas (16e) échoue dès la première manche pour la seconde fois en huit jours. Albon (15e) conduit sa Williams-Mercedes en Q2, un nouveau petit exploit car celle-ci est toujours instable. Latifi (20e) est dernier, mais a dû composer avec un moteur bafouillant durant toute la séance.
Le Grand Prix
Dimanche, ce Grand Prix des Pays-Bas se déroule sous un ciel voilé. 150 000 spectateurs ont envahi les tribunes du circuit de Zandvoort, tous acquis à Max Verstappen qu'ils saluent avec vivats, drapeaux... et tirs de fumigènes. Par bonheur, cette fois, aucun crétin ne visera la piste. La majorité des pilotes s'élancent avec les pneus tendres (C3). Toutefois, les Mercedes de Hamilton et de Russell, ainsi que Norris, Schumacher, Albon et Magnussen partent en pneus médiums (C2). Le pneu dur (C1) sera probablement utilisé dès le second relais. Pirelli préconise une stratégie à deux arrêts, mais Mercedes tente le pari d'un unique pit-stop.
Départ: Verstappen coupe la trajectoire à Leclerc et vire en tête au premier virage. Hamilton tente de faire l'intérieur à Sainz au freinage de Tarzan, mais il touche le ponton de la Ferrari et rattrape de justesse un début de pirouette. Norris double Russell au second tournant.
1er tour: Verstappen est premier devant Leclerc, Sainz, Hamilton, Pérez, Norris, Russell, Stroll, Ocon et Schumacher.
2e: Une seconde sépare Verstappen et Leclerc. Magnussen sous-vire en quittant Gerlach et vire au large dans les graviers. Le Danois tutoie les glissières sans les heurter. Il reprend la piste bon dernier, mais avec une machine intacte.
4e: Verstappen compte un peu plus d'une seconde d'avance sur Leclerc. Hamilton demeure au contact de Sainz. Russell repasse devant Norris à Tarzan.
5e: Verstappen devance Leclerc (1.2s.), Sainz (3.4s.), Hamilton (4.1s.), Pérez (6.1s.), Russell (8s.), Norris (10.1s.), Stroll (11s.), Ocon (12s.), Schumacher (14s.), Tsunoda (14.7s.), Gasly (15.5s.), Alonso (16s.) et Zhou (17s.).
7e: La Ferrari maltraite quelque peu ses gommes et Leclerc concède dorénavant plusieurs dixièmes à Verstappen à chaque passage. Alonso, treizième, trépigne derrière Gasly tout en étant menacé par Zhou.
9e: Verstappen devance Leclerc (1.8s.), Sainz (6.4s.), Hamilton (7.4s.), Pérez (8.4s.), Russell (10s.), Norris (14s.), Stroll (15.7s.), Ocon (17.8s.) et Schumacher (20.1s.).
10e: Alonso déborde Gasly par l'extérieur à Tarzan. Vettel repasse le premier aux stands pour mettre les pneus médiums.
12e: Verstappen a repoussé Leclerc à deux secondes, tandis que Hamilton suit toujours Sainz sans pouvoir l'attaquer. Alonso dépasse Tsunoda. Gasly et Ricciardo prennent des enveloppes médiums.
13e: Leclerc rend deux secondes et demie au leader. Alonso et Zhou passent aux stands. Le premier met des pneus durs, le second des pneus tendres.
14e: Schumacher, Tsunoda et Latifi apparaissent aux stands pour s'emparer des gommes jaunes. L'arrêt du pilote Haas s'éternise pendant dix secondes, ce qui l'exclut irrémédiablement des points.
15e: Sainz et Pérez s'arrêtent pour chausser les gommes médiums. Ferrari cafouille de nouveau: le mécanicien chargé d'apporter le pneu arrière-gauche n'est pas à son poste et son acolyte désœuvré laisse traîner son pistolet dans la voie des stands ! En repartant, Pérez roule sur le précieux objet... Sainz perd quant à lui treize secondes dans cette mésaventure et redémarre en onzième position, entre Bottas et Alonso. Magnussen passe aussi aux stands.
17e: Content de ses pneus, Verstappen reste en piste. Il devance Leclerc de quatre secondes, Hamilton de onze secondes. Stroll s'empare de pneus médiums, Bottas de pneus tendres.
18e: Leclerc stoppe chez Ferrari pour mettre les enveloppes jaunes (2.5s.). Norris fait lui escale chez McLaren et sélectionne le même composé (2.4s.).
19e: Verstappen fait halte chez Red Bull et se saisit de Pirelli jaunes (3.4s.). Il laisse le commandement aux deux Mercedes qui poursuivent avec leurs gommes médiums. Ocon prend des enveloppes dures (3s.) et glisse derrière Alonso. Bottas contourne Vettel à Tarzan au prix d'un léger contact.
20e: Sainz prend la sixième place à Albon. Zhou reçoit cinq secondes de pénalité pour excès de vitesse dans les stands.
21e: Hamilton précède Russell (3.3s.), Verstappen (8.1s.), Leclerc (13.1s.), Pérez (20.1s.), Sainz (31.7s.), Norris (35.3s.), Stroll (37s.), Alonso (38.5s.), Ocon (44s.) et Tsunoda (46.7s.). Albon chausse les pneus jaunes.
23e: Verstappen remonte assez rapidement sur Russell. Toutefois, Hamilton signe à peu près les mêmes chronos que le Néerlandais.
25e: Hamilton devance Russell (3.6s.), Verstappen (5.2s.), Leclerc (10.6s.), Pérez (18.4s.), Sainz (31.6s.), Norris (35s.), Stroll (37.7s.), Alonso (39.1s.), Ocon (44.1s.), Tsunoda (49s.) et Gasly (51s.).
27e: Verstappen évolue dans le sillage de Russell et s'empare du meilleur chrono provisoire (1'15''725'''). Le pilote Red Bull peut actionner le DRS. Ricciardo et Latifi chaussent les gommes dures.
28e: Verstappen ouvre son aileron arrière et dépasse facilement Russell par l'extérieur au premier tournant. Il reprend ensuite une seconde pleine à Hamilton.
29e: Verstappen remonte comme une balle sur Hamilton dont les pneus crient grâce. Le Britannique regagne son stand.
30e: Hamilton chausse les gommes dures (2.6s.) avec lesquelles il compte rallier l'arrivée, tandis que Verstappen a encore prévu un pit-stop. Le septuple champion du monde repart cinquième. La Ferrari est décidément peu efficace puisque Leclerc ne rejoint pas Russell.
32e: Russell apparaît à son tour chez Mercedes pour se saisir des pneus blancs (2.8s.) et se relance derrière son équipier.
33e: Verstappen mène devant Leclerc (8s.), Pérez (15.5s.), Hamilton (18.5s.), Russell (25.3s.), Sainz (31.3s.), Norris (35.3s.), Stroll (39s.), Alonso (40.2s.), Ocon (44.2s.), Tsunoda (52.4s.), Zhou (56s.) et Schumacher (1m.). Gasly chausse les pneus durs.
34e: Hamilton est le plus rapide (1'15''472''') et rallie Pérez. Le malheureux Schumacher subit encore un pit-stop trop long (5s.). Bottas et Magnussen changent aussi de pneus.
36e: Hamilton ouvre son DRS et tente de déborder Pérez par l'extérieur au milieu de la courbe de Tarzan. Mais le Mexicain serre son assaillant contre la bordure et l'Anglais doit finalement céder. Second arrêt de Vettel.
37e: Hamilton attaque de nouveau Pérez par l'extérieur et cette fois le dépasse avant Tarzan. Mais il tombe alors sur Vettel qui sort des stands et ne peut s'écarter vu l'étroitesse de la piste. Pérez en profite pour revenir à la hauteur de Hamilton en empruntant la portion inférieure du petit banking, mais à la réaccélération Hamilton conserve l'ascendant. Vettel s'écarte un peu plus loin.
38e: Verstappen possède neuf secondes de marge sur Leclerc, vingt secondes sur Hamilton, alors que Russell rejoint Pérez. Zhou change de pneus et subit sa pénalité.
39e: Russell dépasse facilement Pérez dans la ligne droite principale. Stroll chausse les pneus durs et recule au 11e rang.
40e: Verstappen précède Leclerc (10.6s.), Hamilton (18.3s.), Russell (22s.), Pérez (25s.), Sainz (38s.), Norris (43s.), Alonso (46s.), Ocon (50s.), Tsunoda (1m. 03s.), Stroll (1m. 08s.) et Albon (1m. 11s.).
41e: Pérez apparaît chez Red Bull pour chausser les Pirelli blancs (2.3s.) et se relance en sixième position, juste devant Alonso.
43e: Verstappen devance Leclerc de onze secondes. Hamilton est revenu à cinq secondes du Monégasque. Pérez est désormais le plus rapide en piste et rattrape Norris. Changements de pneus pour Tsunoda et Albon.
44e: Sainz stoppe chez Ferrari pour mettre les gommes dures. Pérez efface Norris à Tarzan. Tsunoda se gare sur le bas-côté du virage n°5 car il pense qu'une de ses roues arrière est mal serrée.
45e: Les drapeaux jaunes sont déployés dans le premier secteur, mais Tsunoda redémarre finalement, après que AlphaTauri lui a confirmé que ses roues étaient bien fixées. Le Japonais regagne malgré tout son stand pour faire refixer son harnais qu'il avait déjà commencé à dégrafer.
46e: Leclerc s'empare à son tour des pneus durs (2.5s.) et se relance en quatrième position.
47e: Verstappen compte maintenant quatorze secondes d'avance sur Hamilton. A peine reparti des stands, Tsunoda s'immobilise de nouveau, et cette fois pour de bon, après Hugenholtzbocht. Il est victime d'une panne de différentiel.
48e: La « voiture de sécurité virtuelle » est déclenchée. Norris et Alonso s'emparent de pneus tendres et restent tous deux arrêtés plus de quatre secondes.
49e: Verstappen entre aux stands et chausse les pneus durs (2.8s.). Mercedes modifie sa stratégie et rappelle Hamilton (2.8s.), puis Russell (3.8s.) pour leur donner des gommes médiums. Tous deux repartent devant Leclerc.
50e: Le drapeau vert est agité au cours de cette boucle. Verstappen précède Hamilton (12.6s.), Russell (17.2s.), Leclerc (21.5s.), Pérez (28.6s.), Ocon (43.8s.), Sainz (49.3s.), Norris (52s.), Alonso (54.4s.), Stroll (55.7s.), Gasly (1m. 10s.) et Albon (-1t.).
52e: La course a basculé en faveur de Verstappen qui jouit d'un avantage confortable et n'a plus à s'arrêter. Alonso est aux trousses de Norris, bien que tous deux soient munis de gommes tendres.
53e: Alonso retarde son freinage à Tarzan pour se porter à la hauteur de Norris en pleine courbe. Trop optimiste, l'Espagnol est renvoyé sur le vibreur et perd quelques dixièmes.
54e: Hamilton tourne en 1'13''854''' et a repris quelques dixièmes à Verstappen. Sainz est sur les talons d'Ocon.
55e: Le moteur de Bottas coupe au bout de la grande ligne droite. Le Finlandais stoppe en pleine piste, hors trajectoire, peu avant Tarzan. Sainz dépasse Ocon au même endroit, juste avant que les drapeaux jaunes ne soient déployés.
56e: La voiture de sécurité entre en piste pour permettre l'évacuation de l'Alfa Romeo abandonnée. On s'active de nouveau dans les garages.
57e: Verstappen s'arrête chez Red Bull pour prendre des pneus tendres et repart derrière Russell. Leclerc chausse des pneus rouges, tout comme Ocon, alors que Pérez reçoit des médiums. Stroll, Gasly, Albon, Zhou, Ricciardo et Latifi changent aussi d'enveloppes.
58e: Le peloton passe par la pit-lane. Hamilton garde ses chausses, mais Russell s'empare des pneus tendres, tout comme Sainz. Lorsqu'il redémarre, le Madrilène doit lâcher l'accélérateur un court instant pour éviter un mécanicien de McLaren imprudent. Ce faisant, il gêne Alonso qui s'apprête à gagner son stand, ce qui est remarqué par la direction de course. Alonso et Norris changent d'enveloppes, et cette fois l'Espagnol repart devant l'Anglais.
59e: Les attardés sont autorisés à se dédoubler. Hamilton mène désormais devant Verstappen, Russell, Leclerc, Pérez, Sainz, Alonso, Norris, Ocon, Stroll, Gasly, Albon, Schumacher, Vettel, Magnussen, Zhou, Ricciardo et Latifi. Seuls Hamilton et Pérez sont dotés de gommes médiums. Tous les autres concurrents sont en pneus tendres.
60e: La Safety Car se retire à l'issue de cette boucle. Pour Hamilton, voilà une bien fâcheuse réminiscence: munis de pneus usés, il va devoir retenir un Verstappen doté de chausses tendres toutes neuves...
61e: Hamilton accélère trop tôt, au pied de la parabolique, et offre ainsi l'aspiration à Verstappen qui le dépasse sans peine sur la ligne de chronométrage. La foule exulte. Russell repousse une attaque de Leclerc tandis que Sainz déborde Pérez à Tarzan.
62e: Verstappen s'enfuit vers les lauriers et réalise le meilleur tour de la course (1'13''652'''). Hamilton peste à la radio contre la stratégie de Mercedes et voit revenir son équipier Russell.
64e: Russell se laisse aspirer par Hamilton à la sortie du banking. Alors que le jeune Anglais tente de se décaler, il est surpris par un méchant changement de trajectoire de son aîné. Il parvient malgré tout à le déborder par l'extérieur et s'empare de la deuxième place.
65e: Verstappen a trois secondes de marge sur Russell. Leclerc tente une première attaque sur Hamilton à Tarzan, en vain.
66e: Leclerc dépasse Hamilton sans difficulté au premier virage. Les supporteurs néerlandais, toujours aussi remontés envers le Britannique, applaudissent le pilote Ferrari...
67e: Verstappen mène devant Russell (3.2s.), Leclerc (6.7s.), Hamilton (8.7s.), Sainz (10.2s.), Pérez (10.7s.), Alonso (12.2s.), Norris (12.6s.), Ocon (14s.), Stroll (14.5s.), Gasly (16.6s.) et Albon (19s.).
68e: Sainz reçoit cinq secondes de pénalité car Ferrari l'a dangereusement relâché après son dernier pit-stop. Voilà qui pourrait le rejeter hors des points à l'arrivée. L'Espagnol surveille Pérez alors que Alonso résiste à Norris.
70e: Pérez assaille Sainz par l'extérieur de Tarzan. Le pilote Ferrari ne laisse pas d'espace à celui de Red Bull qui finit par mettre deux roues dans les graviers. Alonso recolle alors au Mexicain mais ne pourra pas l'attaquer.
71e: Verstappen finit l'épreuve avec cinq secondes d'avantage sur Russell.
72e: Max Verstappen remporte sa dixième victoire en 2022, la trentième de sa carrière. Russell et Leclerc l'encadrent sur le podium. Hamilton, fort marri, se classe quatrième. Sainz termine cinquième et recule au huitième rang du fait de sa punition. Pérez recueille cette cinquième position. Alonso est sixième, Norris septième. Le neuvième place revient à Ocon, alors que Stroll prend le dernier point pour la cinquième fois cette année. Viennent ensuite Gasly, Albon, Schumacher, Vettel, Magnussen, Zhou, Ricciardo et Latifi.
Tsunoda est convoqué après la course par les commissaires sportifs car il a rejoint les stands avec un harnais dégrafé. Comme il s'agit de sa cinquième réprimande depuis le début de la saison, il écopera d'une pénalité de dix places sur la grille du GP d'Italie.
Après la course
Comme l'an passé, une nuée orange fuse d'une centaine de fumigènes pour envelopper la cuvette de Zandvoort et célébrer le triomphe du héros national, « Super Max ». Cette quatrième victoire de rang n'avait pourtant rien d'évidente. Vendredi, le Batave et son écurie furent frappés d'une avarie de boîte et s'égarèrent dans leurs réglages. Mais, sans se départir de sa nouvelle impassibilité, Verstappen a redressé la barre en signant d'abord la pole, un cheveu devant les Ferrari, puis en s'imposant une nouvelle fois à domicile. Certes, Mercedes a failli le déboulonner grâce à une stratégie audacieuse à un seul arrêt. On ne saura jamais si, en fin de course, Verstappen, en gommes fraîches, aurait pu dépasser les Flèches d'Argent munies de pneus durs éprouvés. La voiture de sécurité virtuelle provoquée par l'abandon de Yuki Tsunoda lui a offert un « arrêt gratuit ». Le comportement erratique du Japonais et ce retrait d'une AlphaTauri, fort opportun pour l'écurie-sœur RBR, suscitent quelques interrogations. « Si je me battais pour le championnat, j'aurais sans doute demandé une enquête ! » sourit ainsi Toto Wolff. Ces sous-entendus ne font pas rire AlphaTauri qui dénonce le surlendemain une « théorie du complot » et des « insinuations insultantes ».
Verstappen plane en tout cas au-dessus de ses polémiques. « Ce fut une course plutôt sans encombre, même si nous n'avons pas pu emmener notre stratégie préférée jusqu'à son terme », commente-t-il. « Il a été difficile de prendre la bonne décision au bon moment, mais dans ces circonstances, il faut faire confiance à l'équipe. C'est génial de gagner une nouvelle fois ici, j'ai vécu un week-end incroyable et reçu un soutien extraordinaire. » Désormais, Verstappen totalise dix victoires en quinze courses et possède 109 points d'avance sur Sergio Pérez et Charles Leclerc. Il sera sans aucune doute couronné d'ici deux à trois courses, et pourra même battre le record de victoires en une saison (13) conjointement détenu par Michael Schumacher (2004) et Sebastian Vettel (2013).
Ce dimanche, Lewis Hamilton et Mercedes croyaient ternie leur première victoire de la saison. Avec sa stratégie à un seul arrêt, le septuple champion du monde avait une chance de rester devant Verstappen jusqu'à la fin de la course, même si ce dernier aurait bénéficié de bien meilleurs pneus lors du « rush » final. « Selon nos calculs, Max n'aurait rejoint Lewis que dans les ultimes tours », souligne Toto Wolff. Las, les neutralisations provoquées par Yuki Tsunoda et Valtteri Bottas ont jeté à bas ce beau scénario. Toutefois, Hamilton aurait peut-être encore eu une petite chance de vaincre si, comme presque tout le monde et notamment Verstappen, il avait reçu gommes tendres lorsque est arrivée la voiture de sécurité. D'où sa colère noire à l'encontre de son équipe après que le Néerlandais l'a laissé sur place au drapeau vert. « Je n'arrive pas à croire que vous avez pu me niquer comme ça ! Si vous saviez à quel point je suis énervé contre vous ! P*tain ! » a crié l'Anglais dans sa radio. Une fois hors de son habitacle, Hamilton retrouve cependant toute sa mesure et présente ses excuses à Mercedes pour cette perte de sang-froid. Il préfère ensuite voir le verre à moitié plein en soulignant les immenses progrès des Flèches d'Argent qui ont pu se battre ici pour la victoire alors qu'elles rendaient plus d'une seconde au tour aux Red Bull à Spa. George Russell, heureux deuxième, ne nourrit aucune amertume et se dit persuadé de remporter sa première victoire en F1 d'ici la fin de la saison. Ce qui ne veut pas dire pour autant que Mercedes a percé le secret des « sautes d'humeur » de sa W13. « Je préfère que l'on soit déconcertés et rapides que lents et remplis de certitudes », résume Toto Wolff.
Une fois de plus, Ferrari s'est couverte de ridicule lors de ce Grand Prix, cette fois-ci à cause du premier changement de pneus de Carlos Sainz. Le préposé à la roue arrière-gauche s'est attardé et a dû se faufiler entre ses camarades pour atteindre son poste, avec dix bonnes secondes de retard. En outre, les mécaniciens du Cheval cabré ont laissé traîner dans la pit-lane un pistolet que Sergio Pérez a fini par écraser. Cela fait toujours quelques dizaines de milliers d'euros jetés par la fenêtre... Mattia Binotto explique ce cafouillage par... un coup de bluff de Mercedes. Les Rouges ont vu les Gris s'activer dans ce 15e tour et ont pensé que ceux-ci allaient tenter un « undercut ». Pure esbroufe, mais qui a bien fonctionné, puisque Sainz a rallié son stand alors que visiblement tout le monde n'était pas prêt... Après cet épisode tragi-comique, les critiques sont très féroces. Nico Rosberg raille par exemple des erreurs « que ne ferait pas une équipe de F2 ». Mais au-delà de ces piteuses péripéties, le plus inquiétant est bien le manque de compétitivité de la F1-75 qui est incapable depuis trois courses de rivaliser avec la Red Bull et semble régresser au niveau de Mercedes. A Zandvoort, Charles Leclerc et Carlos Sainz n'ont pas retrouvé en course leur rythme de qualifications. « Nous avons perdu notre potentiel de début de saison et nous ne comprenons pas pourquoi », soupire Mattia Binotto.
Alpine-Renault a effectué un pas supplémentaire dans la conquête de la quatrième place du championnat des constructeurs. Partis depuis la deuxième moitié de la grille, Fernando Alonso et Esteban Ocon inscrivent dix points contre six seulement pour McLaren. Alonso s'est particulièrement distingué par son pilotage incisif, comme l'a démontré son combat viril contre le jeune Lando Norris. Aussi, malgré leur divorce, Alpine sait pouvoir compter sur sa totale implication. L'Espagnol vient ainsi d'enchaîner onze arrivées consécutives dans les points. McLaren ne peut hélas pas en dire autant de Daniel Ricciardo, totalement démissionnaire et piteux dix-septième au départ comme à l'arrivée. L'écurie britannique ne peut s'appuyer que sur le seul Lando Norris, mais elle concède désormais vingt-quatre points à Alpine, un écart substantiel.
Tony