Présentation de l'épreuve
Le Grand Prix de Russie se tient pour l'avant-dernière fois à Sotchi car il déménagera en 2023 deux mille kilomètres au nord, sur le nouveau tracé d'Igora Drive, situé près de Saint-Pétersbourg et construit par Hermann Tilke. Les pilotes quitteront sans grand regret le circuit des bords de la Mer Noire, considéré comme l'un des plus inintéressants de la saison, sauf peut-être par Mercedes qui y est invaincue depuis son apparition au calendrier en 2014. La firme à l'étoile totalise ici sept victoires consécutives grâce à Lewis Hamilton (2014, 2015, 2018, 2019), Nico Rosberg (2016) et Valtteri Bottas (2017, 2020). Inutile de dire qu'elle fait figure de grande favorite avant cette huitième édition. Mercedes commence cependant à être sevrée de succès puisqu'elle n'a remporté qu'un seul des dix derniers Grands Prix, celui de Grande-Bretagne, mi-juillet, avec Lewis Hamilton, lequel court désespérément après sa centième victoire en F1...
Lors des quinze derniers jours, le nouvel accrochage survenu entre Max Verstappen et Lewis Hamilton à Monza a fait beaucoup parler. Mais, contrairement à ce qu'il s'était produit lors du précédent incident à Silverstone, nous n'avons assisté à aucune escalade verbale entre les deux camps en présence. Mercedes comme Red Bull se sont efforcées de calmer le jeu dans l'espoir d'éviter de nouvelles frictions. Néanmoins, à peine débarqués à Sotchi, les deux prétendants à la couronne mondiale ressortent les fleurets. Tout en feignant de la magnanimité, Lewis Hamilton glose sur le manque d'expérience de son adversaire: « Je me souviens des circonstances dans lesquelles je me suis battu pour mon premier titre [...] et je connais la pression qui va avec. C'était difficile, intense. Je passais par beaucoup d'émotions différentes et je ne gérais pas cela toujours au mieux... » Sous-entendu: comme Verstappen aujourd'hui. Le Néerlandais n'est bien sûr pas d'accord: « Ces commentaires prouvent que Lewis ne me connaît pas, tout simplement. Mais tout va bien, je suis simplement concentré sur moi-même. Ce qu'il dit ne m'intéresse guère. » Et lorsqu'on lui demande si cette intense rivalité dans la quête de sa première couronne ne lui pèse pas trop, Verstappen préfère ironiser: « Je n'en dors plus la nuit ! C'est tellement horrible de se battre pour le titre, je hais cela ! ... »
Le peloton 2022 est presque complet. Avant cette course, Aston Martin annonce la prolongation de Sebastian Vettel et de Lance Stroll pour la saison prochaine, tandis que Haas renouvelle sa confiance au duo explosif Mick Schumacher - Nikita Mazepin. Seul le second baquet de l'équipe Alfa Romeo demeure disponible. Antonio Giovinazzi a gâché sa dernière chance de demeurer en Formule 1 en ruinant une superbe qualification dès le premier tour du Grand Prix d'Italie. L'Apulien pouvait jusqu'ici compter sur le soutien de Ferrari, mais le 20 septembre, Mattia Binotto douche ses espoirs en déclarant que la Scuderia ne fera rien pour influencer le choix de Frédéric Vasseur. Giovinazzi devrait donc se contenter du rôle de réserviste chez Ferrari en 2022.
Sept ans après son départ de McLaren, Martin Whitmarsh prend la tête d'Aston Martin Performance Technologies, une nouvelle entité créée par Lawrence Stroll afin de chapeauter l'écurie de Formule 1, mais aussi le développement technologique et la propriété intellectuelle du célèbre constructeur britannique. À 63 ans, l'ancien bras droit de Ron Dennis apporte son expérience à un programme ambitieux qui vise à faire d'Aston Martin une équipe capable de remporter le titre mondial à l'horizon 2025-2026, selon l'échéancier fixé par Stroll. Dans le même temps, l'équipe de Silverstone lance en ce mois de septembre la construction de sa nouvelle usine. Stroll voit les choses en grand: 37 000 mille mètres carrés, des bâtiments pour accueillir 750 employés, une toute nouvelle soufflerie qui dispensera Aston Martin d'utiliser celle de Mercedes à Brackley. La fin de travaux est prévue pour l'hiver 2022-2023. Comme de bien entendu, Lawrence Stroll insiste sur le caractère « durable » de ces nouvelles infrastructures: « Il s'agira de la première « smart factory » en F1, une usine verte, se félicite Stroll Sr. Elle est conçue pour s'adapter aux besoins de production en exploitant toutes les dernières technologies et en respectant l'environnement. » Bref, Aston Martin est une écurie verte dans tous les sens du terme.
Après deux courses d'absence pour cause d'isolement lié à la Covid-19, Kimi Räikkönen retrouve en Russie le volant de son Alfa Romeo afin de disputer les derniers Grands Prix de sa longue carrière. Le Finlandais a-t-il souffert du méchant virus ? « Je vais très bien », assène-t-il en guise de réponse. Qui pensait obtenir davantage de lui ?
Jugé responsable de la collision avec Lewis Hamilton, Max Verstappen a écopé d'une pénalité de trois places sur la grille de départ du GP de Russie. Comme du reste ce circuit de Sotchi paraît très favorable aux Mercedes, mais qu'également la météo s'annonce incertaine, Red Bull saisit cette opportunité pour procéder à l'indispensable installation d'un quatrième groupe propulseur sur la n°33, ce qui repoussera le pilote hollandais en queue de grille. À lui de remonter dimanche dans le peloton et de limiter les dégâts au classement mondial ! « Nous devions prendre cette pénalité de toute façon, comme il ne me reste plus assez de moteurs pour finir la saison, explique Verstappen, et nous avons décidé de faire le changement ici. Avec la pluie qui est annoncée pour samedi et même dimanche, qui sait ce qui peut arriver ? Même en partant du fond de la grille... » Du côté de Mercedes, Lewis Hamilton pourrait lui aussi recevoir prochainement un quatrième moteur, peut-être dès le GP de Turquie deux semaines plus tard.
Ferrari apporte ici une mise à jour de son système hybride qui lui permet d'anticiper sur son programme 2022. Seul Charles Leclerc en bénéficie et encaisse du même coup une pénalité qui le reléguera en fond de peloton, puisqu'il dépasse ainsi la limite des trois moteurs alloués par saison. Sainz recevra ce moteur d'ici quelques courses, mais les clients du Cheval cabré, Alfa Romeo et Haas, devront attendre l'an prochain pour l'utiliser. Selon quelques indiscrétions, le gain de puissance est cependant assez faible (moins de dix chevaux), mais il doit permettre à Ferrari de mettre la pression sur McLaren-Mercedes en vue de la troisième place du championnat des constructeurs.
Essais et qualifications
Les Mercedes dominent les essais libres du vendredi matin, Bottas réalisant le meilleur chrono devant Hamilton. Néanmoins, Verstappen ne concède que 2/10e au Finlandais. L'après-midi, lors de la seconde séance, Bottas confirme son leadership et précède derechef Hamilton, ainsi qu'un étonnant Gasly. Giovinazzi provoque un drapeau rouge en heurtant les glissières par l'arrière au virage n°9.
Samedi, une météo déplorable s'installe sur les bords de la Mer Noire, avec des averses continuelles. Voilà un casse-tête pour la direction de course qui veut absolument éviter de renouveler le fiasco de Spa-Francorchamps et doit en outre composer avec les épreuves de Formules 2 et 3 qui ont lieu en parallèle. Face au déluge, Michael Masi décide d'annuler la séance libre matinale. Après le déjeuner, la pluie a cessé, mais la piste demeure humide pour le début des qualifications. Les pilotes vont parcourir les deux premières manches en pneus intermédiaires, puis pourront chausser les slicks tendres pour leur ultime sortie en Q3.
Les McLaren connaissent un vendredi difficile en raison de problèmes de moteur, mais se redressent le lendemain. Norris réalise en pneus slicks la première pole position de sa jeune carrière (1'41''993'''), qui est aussi la première de McLaren depuis 2012 ! Ricciardo (5ème) est plus en retrait et échappe de justesse à une pénalité pour avoir gêné Stroll. Sainz (2ème) hisse sa Ferrari en première ligne, à une demi-seconde de son ami Norris. Leclerc s'arrête après la Q1 et démarrera avant-dernier à cause de ses pénalités. Comme à Spa, Russell se met en évidence dans des conditions atypiques et, premier à avoir pris les pneus lisses, amène sa Williams-Mercedes au troisième rang. Latifi partira 18ème car il change plusieurs éléments sur son groupe propulseur, mais il atteint la Q2 après avoir devancé son équipier en Q1. Le plus rapide lors des deux premières manches, Hamilton commet en Q3 une erreur peu banale: alors qu'il regagne les stands pour chausser des slicks, il heurte le muret de la pit-lane et y endommage son train avant. Le champion du monde repart, mais c'est pour exécuter un tête-à-queue... Il se contente de la quatrième place. Bottas est ralenti dans les stands par les problèmes de son équipier et ne peut couvrir qu'un seul tour en slicks. Il signe le septième temps, mais Mercedes lui change son moteur le lendemain matin. Le Scandinave est ainsi relégué au 16ème rang. Il pourra ainsi gêner la remontée de Verstappen... Ce n'est pas très sportif, mais c'est légal...
Les Alpine-Renault réalisent une belle qualification: Alonso (6ème) et Ocon (10ème) sont bien placés pour inscrire de gros points. Stroll (8ème) hisse son Aston Martin-Mercedes en Q3 tandis que Vettel (11ème) s'arrête à l'étape précédente. Pérez (9ème) déçoit beaucoup au volant de la seule Red Bull-Honda en lice ce samedi après-midi. Verstappen se contente pour sa part d'effectuer un seul tour en Q1 et partira bon dernier. Gasly (12ème) est éliminé dès la Q2 car son équipe tarde trop à lui chausser des pneus neufs, une erreur que le Rouennais peine à digérer. Tsunoda (13ème) s'applique à ne rien toucher. Les Alfa Romeo sont décevantes: Räikkönen (14ème) est absolument transparent et Giovinazzi (17ème) se distingue par un tête-à-queue. L'Italien remplace en outre sa boîte de vitesses et reçoit une pénalité de cinq places. Enfin, chez Haas, Schumacher (14ème) parvient à devancer Mazepin (15ème) de... quatre secondes, un écart peu banal.
Avec cette pole position, Lando Norris efface en quelque sorte sa mésaventure de Spa-Francorchamps, il luttait déjà pour le premier rang dans des conditions humides avant de sortir dans le Raidillon. Cependant, Norris - qui devient l'un des plus jeunes polemen de l'Histoire - n'exulte pas, car sur ce circuit, le point de freinage est si éloigné de la ligne de départ que le détenteur de la position de pointe offre malgré lui une longue aspiration à ses poursuivants. « Sotchi est le seul circuit où je ne voulais pas signer la pole ! Bon, c'est vrai aussi que je ne risque pas d'en obtenir une autre de sitôt ! » ironise le jeune Anglais.
Le Grand Prix
Le ciel est chargé et l'atmosphère fraîche (19°C) en ce 26 septembre. Le taux d'humidité est très élevé et les météorologues prévoient des averses pour la fin du Grand Prix. La majorité des coureurs s'élancent en pneus médiums (C4). Alonso, Pérez, Gasly, Bottas, Giovinazzi, Leclerc et Verstappen sont en gommes dures (C3). Mais quel que soit le choix du composé, la fraîcheur ambiante va générer du grainage sur toutes les enveloppes. Du reste, l'adhérence sera très précaire car les courses des formules de promotion qui ont eu lieu lors de la matinée n'ont pas permis de suffisamment « gommer » le bitume.
Départ: Norris prend un bon envol, suivi de près par Russell. Cependant Sainz prend l'aspiration du pilote McLaren et gagne ainsi de la vitesse. Il repasse devant Russell et déborde Norris par l'extérieur au premier virage. Bien parti, Alonso tire tout droit au freinage et se réinsère en piste au cinquième rang derrière Stroll.
1er tour: Hamilton a pris un mauvais envol et se fait doubler par Ricciardo. Ce dernier déborde ensuite Alonso au virage n°13. Sainz mène devant Norris, Russell, Stroll, Ricciardo, Alonso, Hamilton, Pérez, Ocon et Räikkönen. Bottas et Verstappen sont respectivement 15ème et 17ème.
2e: Quelques gouttes de pluie sont signalées. Sainz compte une seconde et demie d'avance sur Norris. Hamilton dépasse Alonso au virage n°4 et s'empare de la sixième place. Verstappen double Latifi.
3e: Ricciardo et Hamilton sont aux trousses de Stroll. Pérez dépasse Alonso.
4e: Bottas et Verstappen doublent Mazepin qui était très bien parti, pointant un temps au treizième rang.
5e: La petite ondée a cessé sans arroser le bitume. Sainz est premier devant Norris (1.8s.), Russell (7.6s.), Stroll (8.3s.), Ricciardo (9s.), Hamilton (9.6s.), Pérez (10.3s.), Alonso (12.6s.), Ocon (13.8s.), Räikkönen (14.6s.), Vettel (15.4s.) et Leclerc (15.8s.).
6e: Avec sa modeste Williams, Russell retient un paquet comprenant Stroll, Ricciardo, Hamilton et Pérez. Verstappen déborde Bottas par l'intérieur au virage n°13. Voilà le Néerlandais débarrassé du « tampon » finlandais.
8e: Sainz souffre de graining et Norris le rattrape. Russell parvient à contenir le peloton qui évolue derrière lui grâce à son puissant moteur Mercedes. Verstappen se défait de Gasly.
9e: Norris met la pression sur Sainz et peut utiliser son DRS. Bien plus loin, Leclerc trépigne derrière Vettel et voit Verstappen grossir dans ses rétroviseurs.
10e: Vettel, Leclerc et Verstappen se tiennent en quelques dixièmes. Le Hollandais tente de surprendre le Monégasque autour du Palais des Glaces. Son adversaire lui barre la route, et la roue arrière-droite de la Red Bull frotte la Ferrari à pleine vitesse. Un petit contact sans conséquence. Quelques instants plus tard, Leclerc commet un écart en voulant déborder Vettel et se trouve rejeté vers les bordures du virage n°7. Verstappen saisit cette opportunité pour le doubler.
11e: Sainz verrouille sa trajectoire pour repousser un Norris fort pressant. Suivent Russell (6.5s.), Stroll (7.5s.), Ricciardo (8.3s.), Hamilton (9.3s.), Pérez (9.8s.), Alonso (12.6s.), Ocon (14.4s.), Räikkönen (15.7s.), Vettel (17.5s.) et Verstappen (18.1s.).
12e: Sainz parvient à repousser Norris à une seconde et demie. L'Anglais rencontre lui aussi du graining sur son pneu avant-gauche. Stroll stoppe chez Aston Martin pour mettre les pneus durs et repart derrière Bottas. Loin de là, Mazepin se défend contre Tsunoda en le tassant contre un mur. Le Russe dans ses œuvres à domicile...
13e: Norris remonte sur Sainz, prend son aspiration dans la seconde longue pleine charge et s'impose par l'extérieur au virage n°13. Le jeune Anglais prend la tête de l'épreuve. Verstappen chipe la dixième place à Vettel. Russell prend des gommes dures et fait une piètre opération puisqu'il redémarre derrière Stroll. Changements de pneus aussi pour Latifi et Tsunoda.
14e: Les pneus de Sainz sont détruits. Le Madrilène regagne le stand Ferrari et chausse les pneus blancs. Il se réinsère entre Bottas et Stroll. Leclerc dépasse Vettel. Arrêt de Mazepin.
15e: Les deux McLaren sont en tête, Norris comptant sept secondes d'avance sur Ricciardo. Ocon et Räikkönen opèrent leur changement de pneus.
16e: Norris mène devant Ricciardo (8s.), Hamilton (8.6s.), Pérez (10.1s.), Alonso (12s.), Verstappen (16.5s.), Leclerc (18s.), Vettel (21s.), Gasly (22.1s.), Bottas (22.4s.), Sainz (28.5s.) et Stroll (30.4s.).
18e: Hamilton ne parvient pas à se défaire de Ricciardo. Il ne compte plus que huit secondes d'avance sur Verstappen, alors que seize positions les séparaient sur la grille de départ... Le pilote Red Bull est d'ailleurs le plus rapide en piste.
20e: Norris précède Ricciardo (10.7s.), Hamilton (11.6s.), Pérez (12.6s.), Alonso (14s.), Verstappen (14.7s.), Leclerc (17.6s.), Vettel (24.1s.), Gasly (25.2s.) et Bottas (26s.). Pit-stop de Schumacher.
21e: Pérez se raccroche au duo Ricciardo - Hamilton. Verstappen se fait pressant derrière Alonso.
22e: Ricciardo fait escale chez McLaren et s'empare d'enveloppes dures. Ses mécaniciens peinent hélas à fixer les roues et l'Australien ne repart qu'au bout de sept secondes. Il se retrouve quatorzième derrière Ocon, qu'il doublera au tour suivant.
24e: Norris mène devant Hamilton (12.6s.), Pérez (14.5s.), Alonso (15.7s.), Verstappen (17s.), Leclerc (18.2s.), Vettel (26.7s.), Gasly (28.1s), Bottas (29s.), Sainz (30s.), Stroll (32s.) et Russell (37s.).
26e: Hamilton gagne le stand Mercedes et s'empare du composé dur, puis reprend la piste devant Ricciardo. Verstappen fait halte chez Red Bull et chausse quant à lui les pneus médiums. Il glisse derrière Russell. Vettel passe chez Aston Martin et sélectionne les Pirelli durs.
27e: Norris possède douze secondes d'avance sur Pérez. Sainz prend l'ascendant sur Bottas, puis se lance à la poursuite de Gasly.
28e: Norris pénètre aux stands à la fin de ce tour et prend les pneus durs (2.9s.). Le jeune Britannique repart en quatrième position. Gasly, Sainz et Stroll le séparent de Hamilton. Pérez s'empare des commandes de l'épreuve. Bottas chausse pour sa part des pneus médiums (2.4s.). Verstappen se défait de Russell.
29e: Pérez compte trois secondes d'avance sur Alonso, six secondes sur Leclerc. Hamilton dépasse Stroll.
30e: Hamilton use de son aileron arrière mobile pour doubler Sainz au virage n°2. Il efface ensuite facilement Gasly avant le treizième virage. Le voici cinquième, à huit secondes de Norris. Le pilote Mercedes s'empare en outre du meilleur chrono (1'38''244''').
31e: Sainz tente en vain de doubler Gasly. Pérez devance Alonso (5.7s.), Leclerc (9.1s.), Norris (12.8s.), Hamilton (20s.), Gasly (25.5s.) et Sainz (26.3s.). Ricciardo prend la huitième place à Stroll.
32e: Verstappen dépasse Stroll dans la première longue ligne droite. Ricciardo apparaît dans le viseur du Batave.
33e: Norris revient à grandes enjambées sur Leclerc. Gasly arrive chez AlphaTauri pour prendre les pneus médiums et tombe au 16ème rang.
34e: Norris dépasse Leclerc dans la longue courbe de la fontaine olympique. Sainz, Ricciardo, Verstappen et Stroll évoluent roue dans roue. Schumacher renonce suite à une fuite d'huile. C'est son premier abandon de la saison.
35e: Neuf secondes séparent Pérez et Alonso. Hamilton dépasse Leclerc sans difficulté car les pneus du Monégasque sont très abîmés.
36e: Hamilton est toujours le plus rapide et revient à quatre secondes de Norris. La victoire se jouera entre les deux Anglais. Leclerc apparaît chez Ferrari et s'empare des enveloppes jaunes lors d'un arrêt assez long (5s.). Il repart en treizième position devant Bottas.
37e: Pérez et Alonso entrent aux stands pour mettre des pneus médiums. Les mécaniciens de Red Bull cafouillent avec la roue arrière-droite et le Mexicain ne se relance qu'au bout de neuf secondes. Il repart derrière Ricciardo. Alonso se retrouve pour sa part derrière Verstappen. Privé de radio, Giovinazzi change ses pneus pour la première fois.
38e: Norris a retrouvé la première place mais ne compte qu'une seconde et demie d'avance sur Hamilton. Verstappen rencontre du graining sur son pneu avant-gauche et doit laisser filer Alonso, doté de chausses toutes neuves.
39e: Norris se transcende pour résister à Hamilton et réalise le meilleur chrono de la journée (1'37''423'''). Il précède Hamilton (2s.), Sainz (25s.), Ricciardo (26.7s.), Pérez (27.4s.), Alonso (31s.), Verstappen (32.2s.), Stroll (33.4s.), Russell (37.5s.), Ocon (39.5s.), Räikkönen (40.3s.), Leclerc (40.9s.), Vettel (41.5s.) et Bottas (42s.).
40e: Leclerc remonte dans le peloton: après avoir effacé Vettel, il se débarrasse de Räikkönen, puis d'Ocon.
41e: Hamilton concède une seconde et demie à Norris. Pérez menace Ricciardo sans jamais se porter à sa hauteur.
42e: Le ciel se couvre: une averse est annoncée d'ici quelques minutes. Leclerc déborde Russell au virage n°4.
43e: Norris est premier devant Hamilton (1.3s.), Sainz (30s.), Ricciardo (32.3s.), Pérez (33s.), Alonso (38s.), Verstappen (39.5s.), Stroll (42.5s.), Leclerc (46s.), Russell (48s.), Ocon (50s.), Räikkönen (50.6s.), Vettel (51s.), Bottas (51.5s.) et Gasly (52s.).
44e: Pérez dépasse Ricciardo dans l'enchaînement des virages n°13 et 14, et apparaît au quatrième rang. Leclerc efface Stroll. Vettel a doublé Räikkönen et Ocon.
45e: Il commence à pleuvoir à l'ouest du circuit, au-dessus du Palais des glaces. Norris maintient Hamilton une seconde derrière lui et l'empêche ainsi d'enclencher son DRS.
46e: Les spectateurs ouvrent leurs parapluies... Les mécaniciens préparent les pneus intermédiaires. Pérez remonte sur Sainz. Vettel s'empare de la dixième place aux dépens de Russell.
47e: L'averse s'intensifie. Norris glisse en sortant du virage n°4, roule sur la bordure et revient en piste pied au plancher, un souffle devant Hamilton. Ce dernier peut désormais ouvrir son aileron arrière. Pérez déborde Sainz et se retrouve troisième. Ricciardo commet une faute qui permet à Alonso de le doubler. Vettel déborde son collègue Stroll par l'extérieur au virage n°10, mais ce dernier ne l'aperçoit pas et le tasse contre le mur. Les deux Aston s'entrechoquent. Vettel lèche le muret extérieur mais parvient à passer. Latifi part en glissade au virage n°9 et heurte les glissières par l'arrière. Le Canadien pourra redémarrer. Russell, Bottas, Räikkönen et Mazepin entrent aux stands pour mettre les pneus intermédiaires, une promptitude qui va s'avérer payante.
48e: La piste s'humidifie dans le complexe sportif, c'est-à-dire tout le deuxième secteur. Norris commet un nouvel écart mais demeure devant Hamilton qui a prudemment levé le pied. Alonso déborde Sainz. Stroll part en glissade au virage n°13 et heurte les glissières à faible allure. Il peut redémarrer, mais quelques mètres plus loin harponne Gasly qui tentait de lui faire l'extérieur. Le Normand exécute un 360°, puis repart. Tsunoda chausse les gommes intermédiaires. Latifi met pied à terre car son train arrière est trop endommagé suite à sa touchette.
49e: La pluie s'arrête quelques instants. Norris compte deux secondes d'avance sur Hamilton. Tous deux refusent de passer en pneus intermédiaires. Verstappen, Sainz, Ricciardo et Stroll s'emparent pourtant de ces gommes. Très à l'aise dans ces conditions piégeuses, Alonso déborde Pérez.
50e: Norris s'obstine à rester en piste tandis que Hamilton entre aux stands et prend les pneus striés (2.7s.). Le champion du monde reste second et concède maintenant vingt-cinq secondes à Norris. Mais il remonte très rapidement sur la McLaren car, après une courte accalmie, l'averse reprend de plus belle. Norris roule sur des œufs. Loin de là, Alonso tente de résister à Pérez et Leclerc. En fin de boucle, l'Espagnol et le Mexicain rentrent changer de gommes, tandis que le Monégasque choisit de demeurer en slicks. En entrant ans la pit-lane, Pérez glisse du train arrière et frotte le muret. Par bonheur, sa suspension n'est pas touchée. Vettel, Ocon, Gasly et Giovinazzi passent aussi en intermédiaires.
51e: Le bitume est totalement détrempé après la Place des médailles. Norris commet un écart au virage n°2, puis tire tout droit au virage n°5 et exécute un demi-tête-à-queue. Hamilton s'empare ainsi de la première place. Norris redémarre mais il se traîne ensuite jusqu'à son stand pour chausser les gommes intermédiaires. Verstappen se retrouve second. Leclerc, toujours en pneus lisses, s'offre une excursion dans une échappatoire. Il pourra malgré tout atteindre son box pour changer d'enveloppes.
52e: Norris dérape en pénétrant dans la pit-lane et se retrouve renvoyé en piste ! Il coupe alors la ligne blanche pour atteindre les stands, une faute qui lui sera pardonnée au regard des circonstances. Le jeune Anglais chausse les pneus rainurés et tombe au huitième rang. Hamilton roule vers la victoire avec 53 secondes d'avance sur Verstappen, plus d'une minute sur Sainz. Viennent ensuite Ricciardo, Bottas et Alonso.
53ème et dernier tour: Grâce à son changement de pneus précoce, Räikkönen se retrouve septième, sous la menace de Norris. Ce dernier double in extremis le vétéran finlandais dans les derniers virages.
Lewis Hamilton remporte son centième Grand Prix de Formule 1. Verstappen termine deuxième, Sainz troisième. Ricciardo se classe quatrième mais ne consolera pas McLaren de la victoire perdue par Norris. Bottas finit cinquième, bien servi par l'averse de fin de course. Alonso (6e) offre huit points à Alpine. Le malchanceux Norris échoue au septième rang. Räikkönen finit huitième: c'est le meilleur résultat d'une Alfa Romeo en 2021. Pérez (9e) a chaussé les pneus pluie trop tard. Le dernier point revient à Russell. Suivent Stroll, Vettel, Gasly, Ocon, Leclerc, Giovinazzi, Tsunoda et Mazepin. Stroll reçoit dix secondes de pénalité pour sanctionner sa collision avec Gasly, ce qui ne change rien à son classement final.
Après la course: Norris éploré, Hamilton vaillant centenaire
Ce Grand Prix de Russie semblait devoir déboucher sur la première victoire en F1 de Lando Norris. Il se conclut finalement par le centième succès de son aîné Lewis Hamilton. Le jeune Britannique est effondré à l'arrivée de cette course qu'il avait fait sienne. Parti en pole, il a su reprendre assez rapidement les commandes de l'épreuve à Carlos Sainz, puis gérer la dégradation de ses gommes comme sa consommation d'essence. Las, son pari trop optimiste de demeurer en slicks sous une averse qu'il espérait passagère lui a été fatal. Il ne se consolera pas avec la septième place ni le point du meilleur tour. Le jeune homme a les larmes aux yeux lorsqu'il se présente devant la presse. « Je suis dévasté, parce je sais que j'ai pris la mauvaise décision ! » soupire-t-il. « Quand il a commencé à pleuvoir, la piste n'était pas encore tout à fait mouillée et je gardais Hamilton à distance, malgré quelques erreurs. Mes pneus étaient parfaits, et on m'a dit que la pluie allait s'atténuer. Mais au contraire, cela s'est aggravé. Dès lors, c'était fichu. Je croyais vraiment pouvoir gagner. J'ai le cœur brisé. » La tristesse de Norris fait peine à voir, mais nul doute que cette petite leçon lui sera profitable et qu'il grimpera à son tour sur la plus haute marche du podium. C'est ce qu'en conclut Andreas Seidl, philosophe: « Cela fait partie du sport. Ce n'est pas différent des catégories juniors où des choses comme celle-là arrivent aussi. On connaît toujours de grandes déceptions. Tout cela rendra Lando plus fort. » Reste que McLaren laisse échapper une seconde victoire de rang qui aurait été fort utile dans sa lutte contre Ferrari pour la troisième place du championnat des constructeurs.
Le malheur de Lando Norris fait le bonheur de Lewis Hamilton qui affiche désormais cent victoires au compteur... Un total historique qu'il n'a pas atteint facilement ! « J'ai trouvé le temps très long avant cette centième victoire », déclare celui qui n'avait plus gagné depuis deux mois et demi. « Je n'étais même pas sûr que ça viendrait ! Hier soir, lorsque je me suis couché, je n'étais pas satisfait de mon samedi. J'avais commis des petites erreurs... Puis, ce dimanche, j'ai perdu beaucoup de terrain au départ en essayant d'éviter les problèmes. En fin de course, je ne suis pas certain que j'aurais pu doubler Norris qui avait vraiment un très bon rythme. La pluie est arrivée au bon moment ! L'équipe a fait le bon choix stratégique. » À vrai dire, comme Norris, Hamilton a dans un premier temps refusé de rentrer aux stands pour prendre des pneus rainurés. Mais il ne lui a fallu qu'un tour pour revenir à la raison. Il est vrai que Toto Wolff affirme ne pas lui avoir laissé le choix: « Nous savions qu'un orage allait survenir, donc nous avons réagi en conséquence. Bottas s'est arrêté tout de suite et Hamilton un tour après. C'était impératif. Certes, pour un pilote, il est difficile de trancher quand la moitié du circuit est humide et l'autre sèche. Mais nos météorologues et nos stratèges étaient catégoriques: il fallait s'arrêter. » Mercedes a indiscutablement fait le bon choix puisque cette stratégie, outre la victoire de Hamilton, a aussi offert à Valtteri Bottas une cinquième place tout à fait inespérée.
Grâce à ce succès, Lewis Hamilton reprend la première place du championnat des pilotes à Max Verstappen (246,5 points contre 244,5) et Mercedes accroît son avance sur Red Bull-Honda chez les constructeurs (397,5 pts contre 364,5). Néanmoins, compte tenu des circonstances, Verstappen et Red Bull ne sont pas mécontents de leur fin de semaine sur les bords de la Mer Noire. Parti vingtième après son changement de moteur, le pilote néerlandais ne pensait pas se classer second. Toutefois, il a grandement profité de l'arrivée de la pluie car, jusqu'alors, il évoluait en septième position... « Notre stratégie n'était pas optimale », reconnaît-il. « Je suis parti en pneus durs, mais à la fin de mon premier relais, ceux-ci étaient morts. Le graining fut la plaie de cet après-midi. Peut-être aurait-il été préférable de démarrer avec les médiums ? Mais j'étais très limité dans mes choix stratégiques. Faire deux arrêts est impossible ici en temps normal. Mais je suis heureux, car nous nous sommes rattrapés lors de l'averse. Je suis rentré pile au bon moment: un tour plus tôt, et j'aurais fusillé mes pneus intermédiaires. C'est au final un bon week-end. » Ce n'est pas l'avis de son coéquipier Sergio Pérez qui ne ramène que deux points. Le Mexicain accumule les erreurs depuis quelques temps et portera une responsabilité majeure en cas de défaite de Red Bull au championnat des constructeurs.
Enfin, Carlos Sainz Jr. grimpe sur ce qui est déjà son troisième podium avec Ferrari. Cette excellente prestation aurait même pu déboucher sur une victoire, si la Ferrari avait mieux préservé ses gommes. « Je pense que ce fut mon meilleur week-end avec Ferrari », raconte l'Espagnol. « J'ai eu d'excellentes sensations dès le vendredi. Doubler Norris au premier virage était évidemment le scénario parfait, mais ensuite j'ai rencontré du graining sur mes pneus avant, ce qui m'a contraint à un arrêt prématuré. Sur la fin, j'ai eu de la chance que mon team me rappelle au bon moment pour les pneus intermédiaires. L'essentiel était de concrétiser mon bon résultat d'hier. » Grâce à cette performance, Sainz repasse devant son équipier Charles Leclerc au classement des pilotes. Ceux qui voyaient le prodige monégasque dominer aisément le natif de Madrid en sont pour leurs frais. « Je ne serai pas le nouveau Barrichello ! » proclame le fier hidalgo. Cependant, ce dimanche soir, Sainz doit tout de même une fière chandelle à Leclerc qui en fin de course lui a cédé la priorité dans les stands, lui permettant ainsi de chausser les pneus pluie au moment opportun. L'esprit d'équipe fonctionne toujours chez Ferrari.
Tony