Accrochage Verstappen - Hamilton: Red Bull déboutée
Arrêts aux stands: la FIA recule
La FIA satisfait néanmoins Sid Bull sur un dossier, celui du contrôle des arrêts aux stands. Au moins de juin, les autorités sportives avaient pourtant édicté de nouvelles normes très contraignantes visant à ralentir les changements de pneus, une manœuvre clairement dirigée contre RBR, l'équipe la plus véloce dans cet exercice. D'aucuns prétendent que Toto Wolff serait à l'origine de ce serrage de vis: l'Autrichien soupçonne Red Bull d'utiliser des senseurs « intelligents », installés sur les pistolets des changeurs de roue... Le document publié par Nikolas Tombazis établissait ainsi un temps de réaction minimum de 0,15 seconde entre chaque action et de 0,2 seconde entre l'effacement du lève-vite et l'allumage du feu vert autorisant le pilote à rappuyer sur le champignon. En outre, les écuries étaient tenues de fournir à la fédération une description précise de leurs procédures et de démontrer comment elles entendaient faire respecter ces moments de latence. Ces mesures devaient entrer en vigueur pour le Grand Prix de Hongrie, mais la situation s'est retournée le 12 juillet avec une nouvelle note de Tombazis repoussant leur application au GP de Belgique, fin août. En outre, le responsable technique enterre les 15/10e de seconde qui devait s'appliquer entre chaque geste des mécaniciens et réduit à 0,1 seconde l'intervalle entre la redescente de la voiture et l'allumage du signal vert. Il s'agit d'une reculade devant le mécontentement de Christian Horner. Néanmoins, les équipes sont toujours tenues de décrire leurs procédures de changement de roues et sont appelées à vérifier avec attention la fixation des quatre écrous pour éviter des incidents fâcheux. Enfin Tombazis convoque les team managers à une future réunion pour convenir d'une « norme de sécurité commune ». Nul doute que, là encore, Toto Wolff et Christian Horner trouveront matière à s'écharper...
Présentation de l'épreuve
Ce Grand Prix de Hongrie se déroule à guichets fermés, sans restriction sanitaire, ce qui permet à la cohorte des fans hollandais de Max Verstappen d'investir en force le Hungaroring. Ceux-ci passeront leur week-end à huer Lewis Hamilton à chacune de ses apparitions, suscitant une compréhensible irritation de la part du pilote Mercedes. D'autre part, en cet été 2021, le gouvernement hongrois est pointé du doigt par l'Union européenne en raison de la récente adoption d'une loi interdisant la promotion de l'homosexualité auprès des mineurs, qualifiée de « homophobe » par des associations défendant les minorités sexuelles. Au cours de ce week-end, Lewis Hamilton et Sebastian Vettel critiquent ouvertement cette législation qu'ils estiment discriminante. Dimanche, peu avant le départ, Vettel arbore même un t-shirt aux couleurs de l'arc-en-ciel pendant l'exécution de l'hymne hongrois, ce qui lui vaudra une réprimande de la part de la FIA qui condamne ce mélange des genres. En outre, les propos de Hamilton et de Vettel suscitent la colère de Mme. Katalin Novák, ministre hongroise de la Famille, qui leur reproche de se mêler de ce qui ne les regarde pas. Un esprit piquant attendra les deux champions au tournant en novembre, lors du GP d'Arabie saoudite, pays où l'homosexualité peut être sanctionnée par la peine capitale...
Les excellents résultats obtenus par Pierre Gasly depuis sa relégation chez AlphaTauri, voilà maintenant deux ans, posent problème à Red Bull qui ne peut décemment plus laisser celui-ci sans perspective d'avenir. De nombreux commentateurs, notamment dans la presse française, estiment que le jeune Normand mériterait de retrouver sa place aux côtés de Max Verstappen chez RBR. Le souci est que la firme au taureau n'a rien à reprocher à Sergio Pérez, l'actuel équipier du pilote hollandais, et a besoin d'un leader pour son écurie-bis AlphaTauri. Début juillet, à l'occasion des deux épreuves autrichiennes, Gasly s'est entretenu avec Helmut Marko pour faire le point sur son avenir. Une discussion « positive » selon le jeune pilote qui semble avoir obtenu des garanties quant au niveau de compétitivité d'AlphaTauri en 2022. Il n'a de toute façon guère d'autres options, puisque la piste Alpine s'est refermée avec la prolongation d'Esteban Ocon, le rival exécré. L'année prochaine, Gasly retrouvera sans doute à ses côtés Yuki Tsunoda. Le jeune Japonais est pourtant loin de donner toute satisfaction à Helmut Marko et Franz Tost qui goûtent peu ses caprices et ses foucades, et encore moins ses nombreux accidents qui obèrent le budget d'AlphaTauri. Mais ils comptent sur sa récente installation en Italie pour dresser ce jeune garçon, doué d'un réel talent, comme en témoignent les dix points inscrits depuis le début du championnat.
L'état du moteur de Max Verstappen suscitait quelque inquiétude après l'accident de Silverstone. Aussi, Red Bull a expédié ce bloc à l'usine Honda de Sakura pour un « check-up » complet. Jugé bon le service, le groupe propulseur est remonté dans la n°33 pour les essais du vendredi et du samedi, avant toutefois d'être remplacé pour la course du dimanche. Lors des qualifications, Honda détecte en effet une perte d'huile et l'affaiblissement des points d'ancrage. Du coup, Verstappen doit utiliser son troisième moteur de la saison et perd ainsi son ultime « joker » : le prochain changement sera synonyme de pénalité. Chez Haas, Schumacher reçoit un nouveau baquet qui lui offre un bien meilleur confort: en effet, le jeune Allemand, qui n'a pas une posture symétrique, était assis depuis le début de l'année dans un siège parfaitement droit ! C'est sa mère, Corinna Schumacher, qui s'en est ouverte fin juin auprès de Günther Steiner... McLaren est l'une des rares équipes à poursuivre le développement de sa monoplace, afin de remporter la bataille menée contre Ferrari pour la troisième place de la coupe des constructeurs. Les monoplaces orange reçoivent ici de nouveaux déflecteurs latéraux, tandis que Ricciardo conduira un nouveau châssis, son troisième de la saison. Lui permettra-t-il de rivaliser enfin avec Norris ?
Essais et qualifications
Les essais du vendredi se déroulent dans une fournaise (34°C). Verstappen réalise le meilleur chrono de la première séance, mais la Red Bull souffre de sous-virage chronique dans les longs virages. Ainsi, les Mercedes prennent le pouvoir vendredi après-midi, puis samedi matin, Bottas et Hamilton se plaçant successivement en haut de la feuille des temps. Schumacher provoque un drapeau rouge lors de la troisième séance libre en fracassant sa Haas contre les barrières au virage n°11. Le jeune Allemand ne pourra pas prendre part aux qualifications et encaissera une pénalité de cinq places pour changement de boîte de vitesses.
Samedi après-midi, sous un soleil de plomb, Hamilton réalise la 101ème pole position de sa carrière (1'15''419'''), ce qui provoque une bronca chez les supporteurs hollandais... La bonne forme des Mercedes est confirmée par la seconde place de Bottas qui concède 3/10e à son leader. C'est la première fois que le constructeur allemand monopolise la première ligne depuis trois mois. Red Bull a déchargé l'aileron arrière de sa RB16B pour atténuer les effets du sous-virage. En vain. Verstappen (3ème) ne peut pas se battre pour la pole. Pis: il conclut sa Q2 en pneus tendres et devra donc s'élancer avec ceux-ci, tandis que les Mercedes seront munies de Pirelli médiums. Pérez (4ème) concède pas moins de 6/10e à son leader. Après des essais difficiles, Gasly décroche une très belle cinquième place avec son AlphaTauri-Honda. Tsunoda (16ème) est victime d'un nouvel accident vendredi et ne fait ensuite que de la figuration. Les McLaren-Mercedes semblent souffrir sur ce tourniquet. Comme à l'ordinaire, Norris (6ème) s'en sort mieux que Ricciardo (11ème) qui cale en Q2.
Déception chez Ferrari: Leclerc (7ème) se plaint de sur-virage et Sainz (15ème) heurte les glissières dans l'avant-dernier virage, provoquant ainsi un drapeau rouge en Q2. C'est son premier crash avec Ferrari. Les Alpine-Renault (Ocon 8ème, Alonso 9ème) sont très performantes depuis le début du week-end et atteignent toutes deux la Q3. Les Aston Martin-Mercedes (Vettel 10ème, Stroll 12ème) peinent ici à faire chauffer leurs gommes. Les Alfa Romeo (Räikkönen 13ème, Giovinazzi 14ème) font bonne figure et occupent la septième rangée. À noter que l'équipe suisse reçoit une amende de 5000 euros pour avoir relâché Giovinazzi juste devant Stroll lors des essais libres. Faute d'évolutions, les Williams-Mercedes ne sont pas très véloces. Russell (17ème) est éliminé en première manche pour la première fois de la saison et Latifi (18ème) subit une perte de puissance. Enfin, les Haas-Ferrari occupent sans surprise la dernière ligne, mais Mazepin (19ème) précède Schumacher (20ème) qui n'a pas roulé.
Le Grand Prix
Dimanche 1er août, la canicule s'efface devant des averses orageuses. La pluie fait son apparition une demi-heure avant le coup d'envoi et bouleverse toutes les stratégies. La piste est néanmoins toujours brûlante du fait de la canicule des jours précédents et les stratèges tablent sur un assèchement rapide. Tous les pilotes s'élancent en pneus intermédiaires. Un choix qu'ils regrettent lors du tour de formation, lorsque l'averse redouble soudainement. Au coup d'envoi, il tombe des hallebardes ! Alfa Romeo rappelle pourtant Giovinazzi aux stands pour lui mettre... des pneus slicks ! L'Italien est courageux...
Départ: Hamilton prend un bon envol, de même que Verstappen, tandis que Bottas patine et se fait enrhumer par Norris et Pérez. Puis, le Finlandais manque son freinage, part en glissade et emboutit la McLaren de Norris qui percute rudement la Red Bull de Verstappen. En perdition vers l'échappatoire, Bottas accroche Pérez et contraint Gasly à effectuer un vaste détour. Un peu plus loin, Stroll perd la maîtrise de son Aston Martin, traverse la pelouse et harponne Leclerc, lequel envoie Ricciardo en tête-à-queue !
1er tour: Hamilton est seul aux commandes de l'épreuve, tandis que du chaos émergent Ocon, Vettel et Sainz. Bottas, Stroll et Leclerc sont immobilisés et contraint à l'abandon. Verstappen, Pérez, Ricciardo et Norris repartent cahin-caha, en queue de peloton. Pérez stoppe peu avant la chicane avec un radiateur éventré. La voiture de sécurité entre en piste. Giovinazzi atteint les stands pour mettre des pneus striés.
2e: Verstappen et Norris passent aux stands pour des réparations de fortune. En repartant, le Hollandais perd un « bargeboard ». Cependant quatre monoplaces sont arrêtées sur le circuit et des débris jonchent la piste. Michael Masi présente le drapeau rouge.
Les pilotes regagnent la voie des stands dans cet ordre: Hamilton premier devant Ocon, Vettel, Sainz, Tsunoda, Latifi, Alonso, Russell, Räikkönen, Schumacher, Gasly, Ricciardo, Verstappen, Mazepin, Norris et Giovinazzi.
Cette interruption va durer une demi-heure. Les regards se tournent vers le garage Red Bull où les mécaniciens s'affairent autour de la monoplace de Max Verstappen, dont le plancher est salement amoché. Les fissures sont colmatées en hâte, les suspensions vérifiées plutôt deux fois qu'une, mais si le Batave repartira, ce sera avec un appui aérodynamique très amoindri. Pendant ce temps-là, chez McLaren, Norris jette l'éponge car son fond plat est déchiqueté suite à la double collision avec Bottas et Verstappen. Ricciardo pourra en revanche s'aligner au second départ.
La pluie cesse durant cette neutralisation et le soleil point à l'horizon. En outre, comme il fait toujours très chaud, l'humidité au sol s'estompe très vite. Aussi, lorsqu'à 15h35 les pilotes prennent la piste pour le second tour de chauffe, munis de gommes intermédiaires, beaucoup se demandent s'ils n'auraient pas mieux fait de sélectionner les slicks...
3e: Les pilotes constatent que la piste est presque sèche. En conséquence, tous entrent aux stands à l'issue de ce tour de chauffe afin de chausser les pneus lisses. Tous sauf... Hamilton, qui - scène surréaliste - se présente donc seul sur la grille ! Les changements de gommes se passent bien, jusqu'à ce que Räikkönen, libéré trop tôt par Alfa Romeo, ne coupe la route de Mazepin. Le Russe brise son triangle de suspension avant-droit contre le Finlandais et ne repartira pas.
Deuxième départ: Les feux s'éteignent devant Hamilton, seul au monde ! Le septuple champion du monde démarre sans trembler et garde évidemment la première place, tandis que treize concurrents quittent la pit-lane. Ce peloton, emmené par Ocon et Vettel, est débordé sur sa droite par Russell qui a quitté son stand en empruntant la « voie lente ». Une manœuvre parfaitement illégale.
4e: Russell remonte à grandes enjambées sur Hamilton, mais Williams le prévient qu'il encourt une pénalité pour ses dépassements dans la pit-lane. Le jeune Britannique lève donc le pied pour laisser passer les adversaires qu'il a doublé indûment, à savoir Ocon, Vettel, Latifi, Tsunoda, Sainz et Alonso. En fin de tour, Hamilton gagne les stands pour chausser les pneus médiums. Incroyable erreur stratégique de Mercedes !
5e: L'étonnant Ocon s'empare des commandes de l'épreuve, talonné par Vettel. Hamilton a repris la piste bon dernier.
6e: Ocon est premier devant Vettel (1.3s.), Latifi (6.5s.), Tsunoda (7.3s.), Sainz (8.7s.), Alonso (9.3s.), Russell (11s.), Räikkönen (11.6s.), Riccardo (12.6s.), Schumacher (13.6s.), Verstappen (14.1s.), Gasly (14.6s.), Giovinazzi (16s.) et Hamilton (17.8s.).
8e: Ocon maintient un écart stable avec Vettel. Latifi, incroyable troisième, retient le trio Tsunoda - Sainz - Alonso et fait ainsi le jeu des deux leaders. Plus loin, Verstappen manque cruellement d'adhérence avec sa monoplace endommagée et peine à suivre la modeste Haas de Schumacher...
10e: Le bitume est désormais complétement sec. Vettel ne parvient pas à attaquer Ocon. Hamilton prend non sans peine la treizième place à Giovinazzi.
12e: Ocon précède Vettel (1.2s.), Latifi (10.2s.), Tsunoda (11.6s.), Sainz (13s.), Alonso (16.2s.), Russell (18.2s.), Räikkönen (19.4s.), Ricciardo (20.5s.), Schumacher (23.2s.), Verstappen (24s.), Gasly (24.7s.) et Hamilton (25.2s.). Giovinazzi doit se plier à un « stop-and-go » pour un excès de vitesses aux stands.
13e: Hamilton est aux trousses de Gasly. Il l'attaque sans succès dans le premier enchaînement.
14e: Verstappen part à l'assaut de Schumacher. Repoussé vers le dégagement au premier virage, le Hollandais contourne l'Allemand par l'extérieur au virage n°2, non sans lécher les roues de la Haas. Un passage en force.
15e: L'intervalle n'évolue pas entre Ocon et Vettel. Räikkönen reçoit dix secondes de pénalité pour sanctionner sa collision avec Mazepin dans la voie des stands.
16e: Hamilton se défait de Schumacher. Räikkönen fait escale chez Alfa Romeo pour subir sa punition et chausser des gommes dures, une opération qui dure d'ailleurs plus longtemps que prévu.
17e: Vettel passe à l'offensive et revient à moins d'une seconde d'Ocon. Il peut user du DRS, mais ne peut attaquer le Français.
18e: Ocon est en tête devant Vettel (0.9s.), Latifi (12.6s.), Tsunoda (14.2s.), Sainz (16s.), Alonso (19s.), Russell (23.5s.), Ricciardo (25s.), Verstappen (27.4s.), Gasly (28.6s.) et Hamilton (29.4s.). Nouvel arrêt pour Giovinazzi.
19e: Hamilton passe chez Mercedes pour s'emparer de gommes dures (2.4s.) et redémarre en douzième position.
21e: Ocon a repoussé Vettel à plus d'une seconde. Ricciardo et Verstappen stoppent ensemble pour chausser les pneus durs et redémarrent dans cet ordre. Lorsqu'il retrouve la piste, le Néerlandais a la mauvaise surprise de voir Hamilton lui filer sous le nez. Le champion du monde déborde ensuite Ricciardo en sortant du premier tournant.
22e: Tsunoda et Russell passent aux stands pour mettre des enveloppes dures. Appelé par Ferrari, Sainz refuse de s'arrêter, persuadé de pouvoir réussit un « over-cut » sur Tsunoda et Latifi.
23e: Ocon compte toujours huit à neuf dixièmes d'avance sur Vettel. Latifi remplace ses gommes et se relance derrière Tsunoda. Hamilton prend la huitième place à Schumacher.
25e: Ocon mène devant Vettel (1s.), Sainz (16s.), Alonso (19s.), Gasly (29.5s.), Tsunoda (37s.), Latifi (38.6s.), Hamilton (41.3s.), Schumacher (46.2s.), Russell (48.3s.), Ricciardo (49s.), Verstappen (49.7s.), Räikkönen (55s.) et Giovinazzi (1m. 01s.).
27e: Hamilton se défait sans mal de Latifi au virage n°1. Voilà le Britannique remonté au septième rang.
29e: Le ciel se couvre de nouveau. Ocon creuse l'écart sur Vettel: deux secondes séparent dorénavant l'Alpine de l'Aston Martin.
30e: Hamilton fait la jonction avec Tsunoda. Gasly fait escale chez AlphaTauri pour mettre les gommes dures et redémarre entre Latifi et Schumacher.
31e: Sainz se rapproche du duo Ocon - Vettel. Loin de là, Verstappen peine à suivre Ricciardo. La McLaren comme la Red Bull sont très endommagées depuis le carambolage du départ.
32e: Hamilton réalise l'extérieur sur Tsunoda au sommet de la grande côte. Le jeune Nippon n'a pas résisté outre mesure.
33e: Deux secondes et demie séparent Ocon et Vettel. Sainz passe chez Ferrari pour mettre des Pirelli blancs et reprend la piste quatre secondes devant Hamilton. Russell réalise l'extérieur sur Schumacher au virage n°2. Giovinazzi change une fois encore de pneus.
34e: Hamilton recolle à deux secondes de Sainz. Ricciardo puis Verstappen se défont de Schumacher. Ce dernier passe ensuite aux stands pour chausser de nouvelles enveloppes.
36e: Ocon précède Vettel (2.7s.), Alonso (14.5s.), Sainz (29.5s.), Hamilton (30.6s.), Tsunoda (41s.), Latifi (45s.), Gasly (47.4s.), Russell (1m. 02s.), Ricciardo (1m. 04s.) et Verstappen (1m. 07s.).
37e: Vettel arrive chez Aston Martin pour chausser les gommes dures. Cette opération est un tout petit peu trop longue (3.3s.). L'Allemand repart derrière Alonso, laissant ainsi les deux Alpine-Renault en tête.
38e: Ocon débarque chez Alpine pour mettre les Pirelli blancs (2.3s.). Cet arrêt impeccable lui permet de reprendre la piste un souffle devant Vettel. Alonso prend les commandes d'un Grand Prix pour la première fois depuis... 2014 !
39e: Ocon contient non sans mal un Vettel offensif. Hamilton a usé ses gommes et ne parvient pas à attaquer Sainz.
40e: Alonso apparaît aux stands pour mettre les pneus durs (2.5s.) et redémarre en cinquième position. Gasly déborde Latifi.
41e: Vettel accentue la pression sur Ocon. Une demi-seconde sépare les deux leaders. Verstappen fait escale chez Red Bull pour mettre les gommes médiums en ...1.8s. ! C'est un nouveau record.
42e: Vettel bloque sa roue avant-droite au premier virage et laisse ainsi filer de précieux dixièmes. Hamilton évolue dans les échappements de Sainz, sans trouver l'ouverture.
44e: Ocon mène devant Vettel (0.9s.), Sainz (6s.), Hamilton (6.6s.), Alonso (11.8s.), Tsunoda (26.3s.), Gasly (29.2s.), Latifi (34.4s.), Russell (50.5s.), Ricciardo (51.6s.), Räikkönen (54s.) et Verstappen (1m. 05s.).
46e: Ocon s'est forgé une marge d'une seconde et demie sur Vettel.
47e: Hamilton effectue une seconde escale chez Mercedes pour chausser les pneus médiums et recule au cinquième rang. Son objectif est de mener un « rush » final qui le conduira vers la victoire. Verstappen fond sur Räikkönen.
49e: Les leaders arrivent sur la lanterne rouge Giovinazzi qui s'écarte au premier virage. Ocon double l'Alfa tandis que Vettel freine très tard et tente de se jeter dans un trou de souris pour le surprendre, mais il lui manque quelques mètres pour parachever sa manœuvre. Le Français a eu chaud. Hamilton s'empare du meilleur chrono (1'18''715'''). Tsunoda laisse passer Gasly sur ordre de la murette AlphaTauri.
50e: Vettel a de temps à autre l'usage de l'aileron arrière mobile mais ne peut jamais menacer Ocon. Sainz revient à quatre secondes du leader. Verstappen s'empare de la onzième place aux dépens de Räikkönen.
51e: Ocon est premier devant Vettel (1.1s.), Sainz (5.6s.), Alonso (6.6s.), Hamilton (14.4s.), Gasly (32s.), Tsunoda (34s.), Latifi (43.2s.), Russell (59.7s.), Ricciardo (1m. 01s.), Verstappen (1m. 02s.) et Räikkönen (1m. 04s.).
53e: Hamilton est le plus rapide en piste et place Alonso dans son viseur. Verstappen est de nouveau bloqué derrière Ricciardo.
54e: Hamilton revient à une seconde de la paire espagnole Sainz - Alonso. Räikkönen passe chez Alfa Romeo pour achever la course en pneus tendres.
55e: Ocon garde une seconde de marge sur Vettel. Hamilton tente d'exécuter l'extérieur sur Alonso au premier freinage, en vain. Le pilote Mercedes réitère la même manœuvre dans la grande côte mais l'Espagnol résiste. Ce dernier oppose à Hamilton une défense opiniâtre afin de l'empêcher de rattraper Ocon.
57e: Hamilton ouvre son aileron arrière pour contourner Alonso au second virage, mais ce dernier le contient à sa droite. L'Anglais garde ensuite l'extérieur jusqu'au virage n°4, mais Alonso ne lui laisse aucun espace.
58e: Ocon précède Vettel (1.3s.), Sainz (7.3s.), Alonso (8.9s.), Hamilton (9.8s.), Gasly (37.6s.), Tsunoda (42.4s.), Latifi (55.4s.), Russell (1m. 09s.), Ricciardo (1m. 11s.), Verstappen (1m. 12s.), Räikkönen (-1t.), Schumacher (-1t.) et Giovinazzi (-1t.).
60e: Alonso commet plusieurs glissades mais tient encore la dragée haute à Hamilton. Verstappen assaille Ricciardo: après le premier virage, il se déporte à gauche, puis pique à droite et dépasse son ancien équipier dans le deuxième tournant. Le voici dixième.
62e: Le retard de Vettel sur Ocon tombe sous la seconde. Hamilton bute toujours sur Alonso qui est en train de sauver la victoire de son jeune équipier.
63e: Hamilton menace Alonso au bout de la ligne droite principale, puis tente ensuite de lui faire l'extérieur au virage n°2. Vient ensuite la colline: Hamilton se fait aspirer par l'Alpine et se déporte à droite au freinage, mais son adversaire lui barre la route, lui laissant juste assez d'espace pour tourner. La roue avant-gauche de la Mercedes frôle l'arrière-droit de l'Alpine... Alonso reste devant.
64e: Ocon tarde quelque peu à prendre un tour à Ricciardo, mais Vettel ne lui reprend qu'un petit dixième.
65e: Alonso bloque sa roue avant-droite au premier virage. Hamilton s'engouffre dans la brèche et vient enfin à bout de son vieux rival, lequel tente néanmoins de lui faire l'extérieur au deuxième tournant, sans succès. Mais Alonso a rempli sa mission: Hamilton a perdu trop de temps pour rattraper Ocon.
66e: Hamilton remonte comme un boulet sur Sainz. À quatre tours du but, Ocon précède Vettel (1.2s.), Sainz (9.1s.), Hamilton (9.5s.), Alonso (11s.), Gasly (42s.), Tsunoda (1m. 04s.), Latifi (1m. 08s.), Russell (1m. 15s.), Verstappen (1m. 16s.) et Ricciardo (-1t.).
67e: Hamilton actionne son aileron arrière mobile et dépasse Sainz au premier virage. Néanmoins le Madrilène n'abdique pas: il se porte à la hauteur du champion du monde dans le second enchaînement, mais doit finalement céder.
68e: Hamilton tourne trois secondes au tour plus vite qu'Ocon et Vettel, mais ceux-ci le devancent de sept secondes. Le septuple champion du monde ne pourra pas gagner. En revanche, Alonso recolle à Sainz. Räikkönen prend la onzième position à Ricciardo.
69e: Ocon compte une seconde d'avance sur Vettel, deux secondes sur Hamilton. Gasly effectue un arrêt-éclair pour chausser des pneus frais et part en chasse du meilleur chrono. Verstappen et Räikkönen fondent sur Russell.
70ème et dernier tour: Esteban Ocon remporte son premier Grand Prix et offre sa première victoire à Alpine-Renault. Vettel se classe deuxième, Hamilton troisième. Sainz termine quatrième au volant de la Ferrari rescapée. Alonso achève une course exceptionnelle au cinquième rang. Gasly finit sixième et conquiert in extremis le point du record du tour (1'18''394'''). Son équipier Tsunoda est septième. Latifi (8e) et Russell (9e) donnent à Williams ses premiers points depuis deux ans. Verstappen sauve une piètre dixième place. Räikkönen, Ricciardo, Schumacher et Giovinazzi coupent aussi la ligne d'arrivée.
Vettel coupe son moteur sitôt la ligne franchie, par crainte de la panne sèche, ce qui n'échappe pas aux commissaires... Les spectateurs applaudissent plutôt la parade bleue d'Ocon et Alonso qui bouclent leur tour d'honneur côte à côte, le jeune vainqueur saluant le dévouement de son écuyer-vétéran. Ocon commet toutefois peu après une double erreur puisqu'il néglige de repasser la ligne d'arrivée pour pénétrer dans la pit-lane, ainsi que de se garer à l'emplacement réservé au vainqueur. Deux bévues qui lui vaudront une convocation chez les commissaires, mais, heureusement, aucune sanction...
Après la course: Ocon - Alpine, le jour de gloire est arrivé
Apercevoir la haute silhouette d'Esteban Ocon sur la plus haute marche du podium est certes une surprise, mais il s'agit d'une formidable récompense pour cet humble fils de garagiste dont la carrière fut parsemée d'embûches. Recalé par la FFSA après ses années de karting, ignoré par la F1 en dépit de son sacre en F3 en 2014 (devant un certain Max Verstappen), le natif d'Évreux a dû cent fois sur le métier remettre son ouvrage pour accéder à la catégorie reine, avec l'aide de ses mentors successifs, Eric Boullier, Frédéric Vasseur et Toto Wolff. Après des débuts remarqués en Formule 1 en 2016, au volant de la médiocre Manor, Ocon s'est hissé en pleine lumière en 2017 avec Force India, menant des combats épiques contre son équipier Sergio Pérez. Las, fin 2018, il dut laisser son baquet à Lance Stroll et passa une année dans le simulateur Mercedes, en attendant qu'une place se libère chez Renault. Son arrivée chez le Losange ne fut pas de tout repos: dominé l'an passé par Daniel Ricciardo, il dut changer cet hiver d'entourage et d'ingénieurs afin d'affronter un nouvel équipier redoutable, Fernando Alonso. Avec succès. Désormais pleinement soutenu par son écurie, rasséréné par un nouveau contrat de trois ans, Ocon s'épanouit enfin en bleu et cette victoire inattendue vient couronner sa persévérance.
« Je songe surtout à toutes les années de galère, de sacrifice, de travail dans l'ombre », confie-t-il à Erik Bielderman, de L'Équipe. « Je me disais que tout cela allait finir par payer un jour. Ce qui est drôle, c'est que j'avais imaginé cette victoire avant de démarrer, à cause de la pluie. Je me disais que je devrais être opportuniste. Et puis, j'apprécie vraiment le Hungaroring. C'est une piste qui me rappelle les pistes de karting de Normandie. Ça s'enchaîne, c'est dur physiquement et le pilote peut faire la différence. » Ocon narre ensuite son dimanche après-midi: « Je me suis retrouvé deuxième après le double accident du premier virage. Puis, au moment de repartir, après le drapeau rouge, j'ai vu que la piste séchait très vite. Avec mes ingénieurs, nous avons convenu de repasser immédiatement aux stands. Quand j'ai vu Hamilton rester sur le circuit, j'avoue avoir douté. Ils font rarement des erreurs chez Mercedes. Mais tous les autres ont fait comme nous ! Puis, l'équipe a été parfaite. Nous avons gagné une seconde dans les stands sur Vettel. Elle fut décisive. Après, il a fallu me défendre contre Vettel, un pilote qui repère aussitôt tes points faibles. J'étais moins à l'aise que lui face aux attardés. Quand on a doublé Giovinazzi, il a failli me surprendre... Mais je n'ai vraiment cru à cette victoire qu'à dix tours de la fin. Jusque-là, je pensais que Sainz ou Hamilton reviendrait. Je savais juste que Vettel était derrière moi et qu'il y avait une marge avec les autres concurrents. »
Ocon ne manque pas de remercier Fernando Alonso qui lui a probablement sauvé la mise en retenant Lewis Hamilton pendant dix tours: « Fernando s'est battu pour moi comme un lion ! Je voudrais en profiter pour dire que, contrairement à ce que l'on dit, il n'est pas compliqué de travailler avec lui. Je n'oublierai jamais notre tour d'honneur en commun. Quel moment ! C'est un privilège de bosser avec lui. Fernando est une légende. » De son côté, Alonso félicite chaudement son coéquipier, d'autant plus que lui aussi a connu sa première victoire à Budapest, sur une monoplace Renault. C'était en 2003. Il y a dix-huit ans... « Esteban n'oubliera jamais ce moment », proclame l'Espagnol. « Une fois en tête, il a magnifiquement assuré et maîtrisé. Pour ma part, je n'ai eu de cesse de me défendre contre Hamilton, car je savais que chaque tour gagné valait de l'or pour Ocon. » Une résistance d'autant plus admirable qu'elle fut exécutée sans fioriture, sans déloyauté, avec art, ainsi que Hamilton le saluera lui-même. Alain Prost, conseiller spécial de Renault, a apprécié en connaisseur: « L'abnégation d'Alonso fut incroyable. Il fait un bien fou à l'équipe et nous tire vers le haut. Il nous rassure dans les mauvaises passes et n'a pas manqué de soutenir Ocon quand celui-ci était plongé dans le doute, il y a un mois, en Autriche. »
Ce 1er août 2021 est un grand jour pour le sport français que salue le président de la République Emmanuel Macron en personne sur Twitter. En effet, c'est la première victoire de l'équipe Renault d'usine depuis 2008, le premier succès de la marque Alpine depuis les 24 Heures du Mans 1978, remportées par Didier Pironi et Jean-Pierre Jaussaud, récemment disparu. En outre, le dernier succès d'un pilote tricolore sur une monoplace française équipée d'un moteur français remontait à trente-huit ans (Alain Prost au GP d'Autriche 1983) ! La victoire d'Esteban Ocon met à la fois en lumière la nouvelle identité de l'écurie française (encore mal connue du grand public) et regonfle le moral d'une structure bicéphale éprouvée par les échecs de ces dernières saisons. « Je suis fier des gars d'Enstone et de Viry-Châtillon, car nous avons connu des moments délicats l'an passé et encore en 2021, confirme Marcin Budkowski. Nous avons parfaitement saisi cette opportunité et des instants comme ceux-là sont très importants dans la construction d'une équipe. » « Tout le monde a fait preuve de résilience, de dévouement et de passion pour obtenir ce résultat. C'est maintenant que commence vraiment le voyage d'Alpine », conclut Laurent Rossi. En tout cas, l'écurie bleue, grâce à ce succès, grimpe du septième au cinquième rang au championnat des constructeurs.
Les autres survivants
Avec sa deuxième place, qui survient un mois et demi après celle obtenue à Bakou, Sebastian Vettel démontre qu'il n'est décidément pas fini et qu'Aston Martin a eu raison d'en faire son leader. Hélas, le quadruple champion du monde perd ce résultat dans la soirée. Les délégués fédéraux ne peuvent en effet prélever dans son réservoir que 0,3 litre de carburant, alors que le règlement stipule qu'à tout moment du week-end un litre entier doit être disponible afin de se prêter aux contrôles d'usage. Si les commissaires constatent que Vettel n'a tiré aucun avantage de cette surconsommation, ils appliquent néanmoins le règlement à la lettre et prononce sa disqualification. Voilà qui permet entre autres à Lewis Hamilton de récupérer la seconde place, à Carlos Sainz de grimper sur le podium et à Kimi Räikkönen d'inscrire un point. Néanmoins, Aston Martin conteste ce jugement et affirme que, selon ses données, il restait 1,7 litre d'essence dans la voiture de Vettel lorsque celui-ci a franchi la ligne d'arrivée. Otmar Szafnauer prétend qu'un problème de pompe serait à l'origine de cet imbroglio. Par conséquent, Aston Martin fait appel de la disqualification. La monoplace incriminée est saisie par la FIA et transportée en France afin d'y subir une analyse plus approfondie. Affaire à suivre.
Lewis Hamilton a été au bout de lui-même pour arracher cette troisième place. Signe de cet effort, le Britannique s'effondre au cours de la cérémonie du podium, pris de vertiges. Il ne peut brandir son modeste trophée de porcelaine qu'avec l'aide d'Esteban Ocon... Peu après, ayant repris ses esprits, Hamilton met cet incident sur le compte d'un « Covid long » dont il souffrirait depuis décembre 2020. « Depuis le début de l'année, je me bats avec ma santé. C'est un combat quotidien », révèle-t-il. Sur le plan sportif, Hamilton grogne devant cette énième erreur stratégique de son écurie: comment a-t-on pu le laisser prendre le départ en pneus rainurés alors que tous les autres concurrents chaussaient des slicks ? « J'avais pourtant bien dit à la radio que chaque virage était sec ! » s'agace-t-il. Néanmoins, Hamilton a toutes les raisons d'être satisfait de ce séjour hongrois. D'abord parce que la disqualification de Sebastian Vettel lui offre les 18 points de la seconde place, inespérée en début de Grand Prix. Ensuite parce que les déboires de Max Verstappen lui permettent de reprendre les commandes du championnat des conducteurs (195 points contre 187), tandis que chez les constructeurs, Mercedes repasse devant Red Bull-Honda (303 pts contre 291). Un revirement totalement inattendu voici un mois, alors que le Batave et RBR semblaient avoir la main sur cette saison 2021.
Surprise: au soir de ce Grand Prix, Helmut Marko, Christian Horner et Max Verstappen tirent à boulets rouges contre Mercedes ! Il est vrai que cette fois le clan du taureau a quelques bonnes raisons de s'égosiller, puisque le maladroit Valtteri Bottas a réussi un « strike » en effaçant les deux Red Bull au démarrage... « J'ai encore été sorti par une Mercedes ! » s'époumone ainsi Verstappen. Bottas présente ses plates excuses, tout comme Toto Wolff, mais cela ne suffit pas à Horner qui aimerait que Mercedes mette la main à la caisse pour payer les dégâts occasionnés ! Cette curieuse réclamation est soutenue par Mattia Binotto qui a perdu la Ferrari de Charles Leclerc à cause de l'autre gaffeur de ce départ, Lance Stroll. L'instauration des budgets plafonnés a semble-t-il réveillé l'avarice des team managers... Toujours est-il que si Sergio Pérez a abandonné, Max Verstappen a tout de même pris part à la course, avec deux points à la clé, le maximum qu'il pouvait tirer d'une machine rendue inconduisible par les dégâts subis. « Les gars ont fait des merveilles, mais il lui manquait tout de même la moitié de sa voiture, tout le côté droit était détruit », précise Horner. En tout cas, Valtteri Bottas comme Lance Stroll paient cher leurs « parties de bowling » puisqu'ils devront reculer de cinq rangs sur la grille en Belgique, quatre semaines plus tard. Les critiques se concentrent surtout sur le Finlandais dont l'annonce de l'éviction est attendue pour septembre... Même si on pourrait aussi cyniquement avancer qu'il a bien servi Mercedes en éliminant d'une roulade les deux Red Bull !...
Tony