Présentation de la saison
Polémiques autour du moteur Ferrari
Grand Prix d'Australie 2020
La Formule 1 face à la Covid-19
Transferts 2020-2021
Hamilton lanceur d'alerte: entre l'antiracisme et le politiquement correct
Fin mai 2020, une frange de l'opinion publique occidentale s'émeut de la mort à Minneapolis de l'Afro-Américain George Floyd, tué par un policier blanc. Cet événement déclenche une vague de manifestations « antiracistes » aux États-Unis et en Europe. À l'instar de nombreuses célébrités, Lewis Hamilton prend fait et cause pour ce mouvement baptisé « Black Lives Matter » et n'hésite pas pour cela à mettre en avant sa couleur de peau, à laquelle plus personne ne faisait allusion depuis des lustres. Sur les réseaux sociaux, il lance des appels à combattre le racisme anti-noir sous toutes ses formes. Par opportunisme ou conformisme, de grandes firmes mondiales et plusieurs disciplines sportives suivent le mouvement et multiplient les gestes symboliques - plus ou moins bienvenus - destinés à manifester leur engagement « contre la haine ». Liberty Media se rallie à cette offensive « politiquement correct », poussée par Lewis Hamilton qui se plaint du manque de « diversité » en Formule 1. Ainsi, le 25 juin, Chase Carey annonce la création d'une fondation nommée « We Race As One » visant à favoriser la « discrimination positive ». « Nous voulons donner aux personnes de tous les horizons les meilleures chances de travailler en F1, quel que soit leur sexe, leur origine ethnique, leur orientation sexuelle ou leurs capacités physiques », prêche Carey qui ajoute avoir donné à titre personnel un million de dollars à cette belle œuvre qui, pourtant, oublie la première des discriminations: l'inégalité sociale.
Mais tout ceci ne va pas assez loin pour Lewis Hamilton qui propose à son équipe de remplacer la traditionnelle livrée argentée des Mercedes par un noir immaculé censé rendre hommage aux victimes du racisme. Le constructeur allemand accepte, comprenant qu'il peut réussir là un fantastique coup publicitaire. La W11 sera donc la première Mercedes noire à rouler en Formule 1. Pour la bonne cause, évidemment. « Le racisme et la discrimination n'ont pas leur place dans notre société, dans notre sport ni dans notre écurie: c'est quelque chose auquel nous croyons fermement chez Mercedes », récite Toto Wolff. « Cependant, avoir les bonnes convictions et le bon état d'esprit ne suffit pas si nous restons silencieux. Nous souhaitons utiliser notre voix et notre plate-forme mondiale pour défendre le respect et l'égalité. Les Flèches d'Argent courront en noir pendant l'intégralité de la saison 2020 afin de montrer notre engagement pour davantage de diversité dans notre équipe et notre sport. » On ne sait si les « haines » s'en trouveront apaisées, mais cette initiative fait le lendemain les gros titres de la presse mondiale. Bien entendu, certains esprits chagrins ou caustiques soulèvent que les personnes noires ne sont pas seules victimes d'actes hostiles, et que d'autres « couleurs » mériteraient de retenir l'attention. Ferrari justifiera-t-elle sa livrée rouge par une soudaine solidarité envers les Amérindiens ? Afin de ne pas être en reste, les autres écuries décident d'arborer un arc-en-ciel sur leurs monoplaces et d'y inscrire le mot-dièse « #WeRaceAsOne ».
Lewis Hamilton est insatiable. Après son équipe, il souhaite aussi entraîner ses collègues sur le terrain politique. Dans un message ambigu publié sur Twitter, il dénonce le prétendu « silence » de ses pairs face aux actes racistes. En Autriche, lors de la réunion du GPDA, il leur propose de manifester leur solidarité envers les victimes du racisme en posant un genou à terre sur la grille de départ, avant que soit exécuté l'hymne autrichien. Cette invitation au « kneeling », geste politiquement très connoté, laisse perplexes certains passionnés qui ne souhaitent pas voir le sport mêlé aux polémiques nord-américaines. En outre, certains esprits taquins soulèvent les contradictions de Lewis Hamilton qui soutient les initiatives iconoclastes de l'extrême-gauche américaine (déboulonnages de statues etc.) tout en étant sponsorisé par Hugo Boss, firme dont le fondateur fut, comme chacun sait, le styliste du parti nazi...
DAS: fin de controverse ?
La polémique autour du DAS (Dual Axis Steering), ce dispositif introduit par Mercedes permettant aux pilotes de modifier l'orientation des roues avant en tirant ou en poussant leur volant, a été mise sous le boisseau pendant la crise de la Covid-19. Mais on se souvient que, dès le mois de février, Red Bull envisageait de porter plainte contre ce système que la FIA avait alors estimé légal. Entretemps, les autorités sportives ont décidé de tolérer le DAS en 2020 mais de le proscrire pour 2021. Red Bull réclame cependant plus d'éclaircissements, officiellement par souci d'équité, officieusement parce que le team anglo-autrichien aurait dans ses tuyaux un procédé similaire. Ainsi, vendredi 3 juillet, Christian Horner dépose une réclamation: il estime que le DAS contrevient doublement au règlement technique, d'abord en exerçant une influence aérodynamique non autorisée (article 3.8), ensuite en modifiant les suspensions pendant que la voiture est en action (article 10.2.3).
L'enquête est rondement menée puisque Jo Bauer, le délégué technique de la FIA, rend son verdict dès le lendemain matin. Invités à défendre Mercedes, Toto Wolff et James Allison arguent que le DAS n'a aucune influence aérodynamique et ne touche en rien à la suspension puisqu'il s'agit d'un élément hydraulique de direction qui corrige la géométrie des roues, comme le fait le volant dans n'importe quelle situation. Ce raisonnement convainc Bauer qui donne quitus à Mercedes. L'affaire devrait donc en rester là, à moins que Red Bull ne décide de faire appel.
Présentation de l'épreuve: Huis clos et hygiénisme
Trois mois et demi après la pantalonnade du Grand Prix d'Australie, annulé à la derniere minute en raison de la pandémie de Covid-19, et après une mise en sommeil due à la crise sanitaire, le championnat du monde 2020 de Formule 1 débutera en Autriche ce dimanche 5 juillet. Le petit pays alpin a en effet rapidement maîtrisé l'épidémie et levé progressivement les mesures de confinement dès le 15 avril. Il disposait donc de tout le temps nécessaire pour préparer ce rendez-vous, au point que celui-ci sera dupliqué: huit jours plus tard, le Red Bull Ring accueillera un « Grand Prix de Styrie », une seconde édition de ce GP d'Autriche destinée à combler la perte de droits commerciaux consécutive à l'annulation de huit épreuves.
La FIA et Red Bull ont étroitement travaillé avec le gouvernement autrichien et celui du Land de Styrie afin que ces Grands Prix se déroulent dans des conditions de sécurité sanitaire maximales. Un strict « code de conduite Covid-19 », approuvé par les autorités publiques, a été ajouté par amendement au règlement sportif. Il entre en vigueur ce week-end, jusqu'à nouvel ordre. Il s'agit bien sûr d'éviter toute nouvelle propagation du coronavirus car, même si aucun spectateur n'est admis en tribune, des centaines de personnes circulent tout de même dans les paddocks. Ainsi, ingénieurs, mécaniciens, dirigeants et pilotes devront dorénavant se plier tous les cinq jours à un test de dépistage nasal. Le port du masque sera obligatoire en toute circonstance, y compris sur la grille de départ. En outre, aucun contact entre écurie ne sera autorisé. Les services d'hospitalité et de restauration seront bannis: chacun se reposera ou se restaurera dans un conteneur ou une tente personnelle. Petite libéralité: les pilotes pourront manger avec leur équipier. On ne sait si Charles Leclerc et Sebastian Vettel saisiront cette opportunité pour renouer le dialogue... Par ailleurs, faute de public, la parade d'avant-course est bien évidemment annulée. Sur la grille, seul le personnel des écuries sera admis et dans un nombre très limité. Les pneus devront être montés sur les voitures cinq minutes avant le démarrage du tour de chauffe, et non plus trois minutes comme précédemment, afin d'éviter la cohue lorsque les mécaniciens seront amenés à rentrer aux garages. L'hymne national sera toujours exécuté, mais les pilotes l'écouteront rangés sur la longueur de la piste afin de pouvoir mettre deux mètres de distance entre eux.
Les journalistes, reporters et photographes voient leur tâche singulièrement compliquée par ces protocoles sanitaires. En nombre réduit et en permanence masqués, ils travaillent à deux mètres les uns des autres en salle de presse (la fameuse « distanciation sociale ») et surtout ne peuvent pas approcher les pilotes pour les interviewer « à vif ». Lors de la conférence d'après-course, un « modérateur » sera chargé de poser les questions soumises par ses confrères et une seule caméra filmera l'entretien. Tous les protagonistes sont bien sûr frappés par cette ambiance lunaire. Mais tous se plient scrupuleusement à ce protocole très contraignant, même si certains peuvent s'oublier: pour avoir été aperçus en train de converser sans masque, Helmut Marko, Christian Horner et Sebastian Vettel écopent samedi d'une réprimande.
Comme chaque année, le Red Bull Ring fait l'objet de critiques pour les hauts vibreurs qui bordent les deux derniers virages en devers. Les pilotes y laissent régulièrement pléthore de morceaux de carbone, quand ils ne finissent pas dans les décors après un passage un peu trop vif sur ces dangereux trottoirs. Cette saison, le circuit autrichien va accueillir deux courses en huit jours, et les constructeurs craignent donc d'avoir trop de réparations à effectuer à cause de ces boudins. Du coup, ceux-ci cèdent la place à des capteurs électroniques qui seront chargés de vérifier que les coureurs respectent les limites du tracé. Les dégagements en asphalte sont aussi élargis dans ce secteur pour éviter les accidents. En course, les pilotes auront droit à trois passages hors limites avant de se voir présenter le drapeau noir et blanc. En revanche, aux essais, celui qui emploiera une trajectoire trop large verra son temps annulé. Ce sera le cas de Lewis Hamilton au début de la Q3.
Après sept années de bons et loyaux services, le chef du département moteur de Mercedes Andy Cowell a quitté ses fonctions fin juin. Le père du V6 turbo hybride flanqué de l'Étoile, l'un des moteurs les plus victorieux de l'histoire de la Formule 1, cède la direction de l'usine HPP (Mercedes-AMG High Performance Powertrains) de Brixworth à son bras droit Hywel Thomas. Il devrait ensuite devenir consultant pour Mercedes.
Les ingénieurs ne sont évidemment pas restés les bras croisés pendant ces trois mois. Malgré la fermeture de la plupart des usines, ils n'ont jamais abandonné l'ouvrage au moyen du télétravail, avant de reprendre le chemin des ateliers, peu à peu et de façon restreinte, à compter de fin mai. Les écuries apportent donc des évolutions à leurs monoplaces dès ce premier rendez-vous. Ainsi, Red Bull a beaucoup remanié sa RB16 depuis les essais hivernaux et cette seconde version a tourné à Silverstone fin juin aux mains d'Alex Albon. Renault apporte pour sa part une triple évolution à sa R.S.20, avec un notamment un nouvel aileron avant. La Williams FW43 bénéficie également de quelques mises à jour, mais se distingue surtout par sa nouvelle livrée à dominante blanche, sans le logo de son ex-sponsor principal ROKiT, qui a laissé tomber l'écurie de Grove pour soutenir Mercedes. Les motoristes ont aussi beaucoup travaillé: Mercedes apporte la première évolution de son V6 M11 EQ, destinée à améliorer une fiabilité plutôt déficiente lors des essais hivernaux. Ferrari et Honda lancent aussi une seconde version de leur groupe propulseur. Il faut rappeler enfin que les pneumatiques apportés par Pirelli sont les mêmes que l'an passé, les nouveaux composés proposés par le manufacturier italien ayant été unanimement récusés l'hiver dernier.
Essais et qualifications
Malgré les crises, les années se suivent et se ressemblent: les nouvelles « flèches noires » Mercedes dominent les séances d'essais du vendredi. Hamilton signe à chaque fois le meilleur chrono. Suivent en ordre dispersé les Red Bull-Honda, les Racing Point-BWT et les McLaren-Renault, tandis que les Ferrari, très instables, semblent hors du coup. Samedi matin, Hamilton réalise de nouveau le meilleur temps devant Bottas et Verstappen.
Les Mercedes poursuivent leur domination lors des qualifications qui se résument à un duel Bottas - Hamilton. Le Finlandais l'emporte sur le Britannique et décroche la pole position pour seulement douze millièmes (1'02''939''' contre 1'02''951'''), et ce en dépit d'un passage dans la pelouse à quelques encablures du drapeau à damiers. Cependant Hamilton est convoqué par les commissaires car il n'a pas suffisamment ralenti sous drapeau jaune, lors de la sortie de son équipier. L'Anglais est d'abord acquitté car il aurait aperçu à ce moment-là des signaux contradictoires (des drapeaux verts). Mais le lendemain, quelques heures avant le coup d'envoi, Christian Horner apporte au collège des commissaires des captures vidéo montrant que Hamilton a bien accéléré devant un drapeau jaune. En conséquence, celui-ci écope de trois places de pénalité et recule au cinquième rang.
Red Bull-Honda s'affirme en deuxième force du plateau, mais l'écart qui sépare les RB16 de Mercedes est important. Verstappen (2ème) concède plus d'une demi-seconde à Bottas. Le Hollandais a toutefois adopté une stratégie hardie puisqu'il s'élancera en pneus médiums. Son lieutenant Albon obtient in extremis la cinquième position après des essais difficiles. Grâce à la pénalité de Hamilton, il partira en fait quatrième. Norris décroche une belle troisième place au volant d'une McLaren-Renault très compétitive. Son coéquipier Sainz (8ème) est moins heureux puisqu'il peine à équilibrer sa monoplace. Les Racing Point-BWT, que beaucoup qualifient de « Mercedes roses » confirment leur potentiel: Pérez (6ème) et Stroll (9ème) peuvent viser de gros points en course. La Ferrari SF-1000 manque - officiellement - de stabilité dans les virages et le résultat est désastreux: si Leclerc (7ème) sauve les meubles en atteignant la Q3, Vettel (11ème) est éliminé en Q2.
Ce circuit convient peu aux Renault, comme en témoignent les qualifications difficiles de Ricciardo (10ème) et Ocon (14ème). Les AlphaTauri-Honda (Gasly 12ème, Kvyat 13ème) sont également en retrait et sortent dès la Q2. Le rythme des Haas-Ferrari est médiocre, ce qui n'empêche pas Grosjean (15ème) d'être optimiste pour la course, tandis que Magnussen (16ème) est plus résigné. L'espoir renaît chez Williams grâce à la 17ème place de Russell qui parvient à devancer les Alfa Romeo et titille les Haas. En revanche, Latifi (20ème) connaît des débuts difficiles et endommage sa voiture contre les glissières samedi matin. Les Alfa Romeo sont très décevantes et se retrouvent en fond de grille. Giovinazzi (18ème) part au large dans son tour le plus rapide et Räikkönen (19ème) est pris dans le trafic.
À l'issue de ces qualifications, on peut constater que les Ferrari se sont montrées moins rapides qu'ici même l'an passé. Cela ne surprend guère car, lors des essais hivernaux à Barcelone, la SF-1000 fut la seule nouvelle monoplace à ne pas faire mieux que sa devancière. Mattia Binotto prétend que ces contre-performances proviennent de déficiences aérodynamiques, mais le mal se situe sans doute surtout dans le groupe propulseur: la Ferrari est poussive en ligne droite (10 km/h de moins que la Mercedes), et les clients du cheval cabré, Haas et Alfa Romeo, font aussi très pâle figure. L'équipe américaine a perdu six dixièmes par rapport à 2019, l'équipe suisse plus d'une seconde. Pour les responsables de Mercedes et de Red Bull, le doute n'est plus permis: Ferrari a bien et bien triché en 2019 et a dû remiser ses astuces suite à l'accord très controversé qu'elle a conclu avec la FIA en février dernier. « Très intéressante l'évolution moteur de Ferrari ! » lance Helmut Marko, goguenard. Quant à Toto Wolff, il tente d'éluder la question devant la presse mais ne cache plus son irritation à l'égard des manigances de Mattia Binotto.
Le Grand Prix
Dimanche 5 juillet 2020, c'est sous un beau soleil et au milieu de tribunes vides que le championnat du monde de Formule 1 2020 démarre enfin. Avant que ne soit exécuté Land der Berge, Land am Strome, l'hymne autrichien, quatorze des vingt pilotes mettent un genou à terre pour marquer leur soutien au mouvement « Black Lives Matter ». Seuls Max Verstappen, Charles Leclerc, Carlos Sainz, Daniil Kvyat, Kimi Räikkönen et Antonio Giovinazzi restent debout. Mais tous se conforment à l'état d'esprit ambiant et arborent un t-shirt « End Racism ». Lewis Hamilton est satisfait: il peut se prévaloir d'une nouvelle bonne action.
Bottas, Hamilton, Norris, Sainz, Albon, Pérez et Leclerc s'élancent avec les pneus tendres (C4). Tous les autres pilotes, et notamment Verstappen, partent avec les Pirelli médiums (C3). Pour le second relais, ils pourront utiliser le composé dur (C2).
Départ: Bottas prend un envol parfait et reste premier. Norris se porte à la hauteur de Verstappen mais, déporté vers l'extérieur, il ne peut le dépasser. Suivent Albon, Hamilton, Pérez et Leclerc.
1er tour: Norris menace en vain Verstappen au sommet de Remus, puis dans la descente de Schlossgold. Pérez se défend farouchement face à Leclerc. En fin de tour Bottas mène devant Verstappen, Norris, Albon, Hamilton, Pérez, Leclerc, Sainz, Stroll et Vettel.
2e: Bottas entame une échappée tandis qu'Albon revient sur Norris. Leclerc doit se défendre devant Sainz.
3e: L'aileron arrière mobile est utilisable. Albon fait l'extérieur à Norris dans la descente vers le virage n°4.
4e: Hamilton efface Norris avant le virage n°2, puis se lance aux trousses d'Albon.
5e: Bottas mène devant Verstappen (2.3s.), Albon (5s.), Hamilton (6s.), Norris (7.8s.), Pérez (8.3s.), Leclerc (9.5s.), Sainz (10.9s.), Stroll (11.9s.), Vettel (12.8s.), Ricciardo (14.2s.) et Gasly (16.4s.).
7e: Bottas roule en 1'09'' et repousse Verstappen à trois secondes. Hamilton est dans les roues d'Albon. Norris résiste à Pérez.
9e: Hamilton actionne son DRS et dépasse Albon par l'extérieur avant Schlossgold. Le voici troisième. Les Ferrari sont très lentes: Leclerc est menacé par Sainz et Vettel contient Ricciardo.
10e: Bottas précède Verstappen (3.4s.), Hamilton (7.6s.), Albon (9s.), Norris (11.4s.), Pérez (12.5s.), Leclerc (14.6s.), Sainz (16s.), Stroll (18.4s.), Vettel (20.2s.) et Ricciardo (20.8s.).
11e: Verstappen ralentit après le virage n°2: sa Red Bull demeure bloquée en mode « anti-calage » ! Le Néerlandais pianote sur son volant sans résoudre le problème. Il parvient néanmoins à rejoindre son garage.
12e: Les deux Mercedes se retrouvent aux premières loges, sept secondes séparant Bottas de Hamilton. Les mécaniciens de Red Bull remplacent le volant de Verstappen mais ne celui-ci parvient pas à faire redémarrer son moteur. C'est l'abandon.
13e: Neuvième, Stroll résiste à Vettel et Ricciardo. Le jeune Canadien n'a pas toute la puissance de son moteur Mercedes.
15e: Bottas devance Hamilton (7.3s.), Albon (12s.), Norris (15.7s.), Pérez (17.6s.), Leclerc (19.8s.), Sainz (21.2s.), Stroll (26.6s.), Vettel (27.2s.) et Ricciardo (27.8s.).
17e: Hamilton a repris quelques dixièmes à son équipier. Ricciardo regagne son box au petit trot car un problème de refroidissement frappe sa Renault. Il lui faut renoncer.
18e: Vettel prend l'ascendant sur Stroll. Les deux pilotes Alfa Romeo luttent pour la 14ème place. Räikkönen passe devant Giovinazzi.
19e: Stroll perd encore des chevaux et doit laisser filer Gasly. Kvyat se rapproche à son tour du Canadien.
20e: Bottas compte six secondes et demie de marge sur Hamilton. Rappelé par Racing Point, Stroll rentre à son garage afin d'éviter une casse moteur. Grosjean escalade le vibreur à Schlossgold et exécute un tête-à-queue. Il peut néanmoins repartir et remplace ensuite ses pneus encrassés.
22e: Bottas est premier devant Hamilton (5.5s.), Albon (16.1s.), Norris (20s.), Pérez (23s.), Leclerc (25s.), Sainz (27s.), Vettel (35s.), Gasly (41s.) et Kvyat (44s.). Onzième, Magnussen est sous la pression d'Ocon et de Räikkönen.
24e: Hamilton est revenu à moins de quatre secondes de Bottas. Albon roule isolé en troisième position. Changement de pneus pour Räikkönen.
26e: Attaque par Ocon à Remus, Magnussen perd ses freins et tire tout droit vers le dégagement. Il parvient à se mettre en tête-à-queue sans rien heurter. Michael Masi juge que la Haas est mal placée et lance en piste la voiture de sécurité. Giovinazzi et Russell entrent aussitôt aux stands pour remplacer leurs pneus.
27e: Bottas pénètre dans la pit-lane et met des pneus durs. Hamilton l'imite dans la foulée. Albon, Norris, Pérez, Leclerc, Sainz, Vettel, Gasly, Kvyat, Ocon et Latifi changent aussi leurs enveloppes. Tous mettent des Pirelli durs, sauf Pérez qui choisit les médiums. Racing Point relâche celui-ci juste au niveau de Norris. Pérez a heureusement le temps de lever le pied pour éviter son jeune adversaire.
29e: Les bolides se regroupent derrière la Safety Car. Bottas précède Hamilton, Albon, Norris, Pérez, Leclerc, Sainz, Vettel, Gasly, Kvyat, Ocon, Giovinazzi, Russell, Räikkönen, Grosjean et Latifi.
31e: Le drapeau vert est brandi, la course reprend. Bottas garde Hamilton derrière lui. Leclerc repousse une attaque de Sainz dans la grande côte. Au freinage de Remus, Vettel pense pouvoir s'infiltrer à l'intérieur pour surprendre l'Espagnol. Il heurte la McLaren avec sa roue avant-gauche et part en tête-à-queue. L'Allemand doit laisser filer tout le peloton avant de repartir.
33e: Bottas jouit d'une seconde d'avance sur Hamilton. Pérez déborde Norris dans la descente vers le virage n°4 et s'empare de la quatrième place.
35e: Hamilton reprend une demi-seconde à son équipier. Il souhaite pouvoir utiliser toute la puissance de son groupe propulseur, mais la murette Mercedes est occupée à observer la télémétrie: les boîtes de vitesses des deux W11 donnent des signes de faiblesse...
36e: Bottas précède Hamilton (0.6s.), Albon (4.6s.), Pérez (6.4s.), Norris (8.7s.), Leclerc (9.4s.), Sainz (10s.), Gasly (13s.), Kvyat (14.7s.) et Ocon (15.1s.). Vettel s'est défait de Latifi et de Grosjean.
38e: Neuf dixièmes séparent les deux Mercedes. Ocon pourchasse Kvyat tout en surveillant Giovinazzi dans ses rétroviseurs.
40e: Hamilton améliore le record du tour (1'08'058''') et menace Bottas sans pouvoir l'attaquer.
42e: Bottas devance Hamilton (0.6s.), Albon (7.8s.), Pérez (10.8s.), Norris (13.6s.), Leclerc (15.3s.), Sainz (17.3s.), Gasly (22.6s.), Kvyat (26.2s.) et Ocon (26.8s.).
43e: Mercedes demande à Bottas et Hamilton de ne plus escalader les trottoirs: les vibrations engendrées créent en effet des micro-coupures électriques qui affectent leurs boîtes de vitesses.
45e: Bottas et Hamilton roulent de concert et évitent désormais de rouler sur les vibreurs. Leur rythme est par conséquent moins élevé.
47e: James Vowles, le stratège de Mercedes, supplie ses pilotes d'être aussi prudents que possible: d'après les données télémétriques, leurs boîtes seraient au bord de la rupture.
48e: Bottas est en tête devant Hamilton (1.7s.), Albon (11.2s.), Pérez (13.4s.), Norris (17.2s.), Leclerc (20.2s.), Sainz (22.6s.), Gasly (31s.), Kvyat (33.2s.), Ocon (33.5s.), Giovinazzi (36.4s.) et Räikkönen (38s.).
49e: Ocon essaie en vain de faire l'extérieur à Kvyat à Schlossgold.
50e: Grosjean ne peut freiner au virage n°4 et sort dans les graviers. Il parvient à regagner la piste au prix d'un long détour mais rejoint ensuite son garage pour renoncer. Victime d' une chute de pression d'essence, Russell se range sur le bas-côté après Remus.
51e: La voiture de sécurité revient en piste pour permettre aux commissaires d'ôter la Williams de Russell. Albon, Kvyat, Räikkönen, Vettel et Latifi entrent aux stands pour mettre des pneus tendres tandis Norris et Leclerc prennent des médiums.
52e: Sainz passe chez McLaren où il chausse des gommes médiums. L'Espagnol se retrouve neuvième.
54e: La course va reprendre au tour suivant. Bottas devance Hamilton, Pérez, Albon, Norris, Leclerc, Gasly, Ocon, Sainz, Giovinazzi, Kvyat, Räikkönen, Vettel et Latifi.
55e: La voiture de sécurité s'efface. Tandis que les leaders coupent la ligne, Räikkönen perd soudain sa roue avant-droite dans la dernière courbe. Le Finlandais garde la maîtrise de son Alfa Romeo et parvient à se garer le long du muret des stands. Albon déborde Pérez au sommet de Remus, mais à ce même instant, la Safety Car reprend la piste. Prévenu par radio, Albon lève le pied une fraction de seconde avant Pérez qui récupère ainsi la troisième place.
56e: De nouveau, le peloton se range derrière la voiture de sécurité. Giovinazzi passe chez Alfa Romeo pour prendre des Pirelli rouges.
59e: Les commissaires prennent leur temps pour évacuer l'Alfa de Räikkönen. Estimant - à juste titre - que Pérez l'a doublé pendant la neutralisation, Albon repasse devant le Mexicain. Ce dernier est mis devant le fait accompli.
60e: À un tour du « re-start », le classement est le suivant : Bottas premier devant Hamilton, Albon, Pérez, Norris, Leclerc, Gasly, Sainz, Ocon, Kvyat, Vettel, Latifi et Giovinazzi.
61e: Le drapeau vert est agité. Bottas conserve le commandement. Doté de pneus plus tendres que les Mercedes, Albon passe à l'offensive. Il prend l'aspiration de Hamilton dans la descente vers le virage n°4 puis se déporte vers l'extérieur. Le Britannique conserve sa trajectoire et heurte la Red Bull avec sa roue avant-gauche. Albon part en tête-à-queue dans les graviers. Il rejoint le bitume tant bien que mal mais se retrouve lanterne rouge. Plus, loin, Sainz repousse un assaut d'Ocon.
62e: Bottas devance Hamilton d'une seconde et demie. Grâce à ses pneus frais, Leclerc prend Pérez en chasse. Sainz s'empare de la sixième place au détriment de Gasly.
64e: Leclerc déborde Norris par l'extérieur de la courbe de Schlossgold. Giovinazzi effectue une belle remontée puisqu'il a doublé Latifi ainsi qu'un Vettel à la dérive.
65e: Bottas est leader devant Hamilton (2.4s.), Pérez (3.5s.), Leclerc (4.1s.), Norris (4.7s.), Sainz (5.4s.), Gasly (9.4s.), Ocon (10s.), Kvyat (13.4s.), Giovinazzi (13.8s.), Vettel (14s.), Albon (14.5s.) et Latifi (16s.).
66e: Hamilton est jugé responsable de la collision avec Albon et écope d'une pénalité de cinq secondes. Leclerc retarde son freinage au sommet de Remus et dépasse ainsi Pérez. Norris et Sainz franchissent côte à côte les virages n°4 à 6. L'Anglais demeure devant l'Espagnol. Au virage Rindt, Kvyat tente de doubler Ocon qui le pousse vers le trottoir. Le Russe y endommage son AlphaTauri.
67e: Pérez est aussi sanctionné de cinq secondes car il a dépassé la vitesse autorisée dans la pit-lane. Sainz harcèle son équipier Norris. Mais tous deux remontent sur Pérez qui se débat avec des pneus endommagés. Giovinazzi passe devant Kvyat.
68e: Bottas abaisse le record du tour (1'07''657'''). Kvyat défend sa dixième place face à Vettel. Albon renonce: comme Verstappen, son moteur s'est coupé suite à un problème électronique.
69e: Norris prend l'aspiration de Pérez au sommet de Remus et se jette hardiment à l'intérieur. Les roues de la Racing Point et de la McLaren s'entrechoquent et Norris passe en force. Pérez tente de répliquer dans la descente mais le jeune Anglais verrouille la porte. Vettel prend la dixième position à Kvyat.
70e: Hamilton finit l'épreuve dans la roue de Bottas qui ménage sa mécanique. En raison de sa pénalité, le sextuple champion du monde n'a toutefois pas assez d'avance pour devancer Leclerc et Norris au classement officiel. La suspension arrière-gauche de Kvyat se brise au premier freinage. C'est une conséquence probable de sa passe d'armes avec Ocon. Le Russe se gare dans l'échappatoire.
71ème et dernier tour: Sainz chipe la cinquième place à Pérez qui est de toute façon pénalisé.
Valtteri Bottas remporte le GP d'Autriche. Hamilton franchit la ligne en second, mais du fait de sa punition recule au quatrième rang. Leclerc recueille ainsi une deuxième place inattendue. Norris termine troisième et s'empare in extremis du meilleur tour en course (1'07''475'''). Sainz finit cinquième, Pérez sixième. Gasly, septième, empoche six points pour la première course d'AlphaTauri. Ocon conclut ses débuts avec Renault au huitième rang. Giovinazzi et Vettel prennent les derniers points. Latifi se classe onzième et dernier.
Après la course
Covid-19 oblige, la cérémonie du podium est très allégée. Finies les célébrations sur une estrade surplombant la piste: les trois premiers et le représentant du constructeur vainqueur prennent place masqués sur trois marches semées sur la longueur de la ligne de départ/arrivée. Jenson Button, muni d'un micro fixé au bout d'une longue perche, est seul autorisé à interviewer les pilotes. Ceux-ci ont néanmoins toujours droit à la douche au champagne qui n'a pas encore été remplacé par le gel hydroalcoolique...
Pour la seconde année consécutive, Valtteri Bottas entame la saison par une victoire. Contrairement aux apparences, celle-ci ne fut pas simple à acquérir, à cause des faiblesses de la boîte de vitesses Mercedes. « Cela ne fut pas évident du tout », raconte le Finlandais. « Mon début de course fut plutôt tranquille car Hamilton a perdu du temps derrière les Red Bull et cela m'a permis de prendre un peu le large. Mais il y a eu ces soucis de capteurs. Je ne pouvais plus monter sur les vibreurs et cela m'a fait perdre pas mal de temps. Et puis, il y a eu les neutralisations. Une voiture de sécurité, cela peut arriver, mais trois... Il y a eu beaucoup d'éléments perturbateurs, mais j'ai réussi à garder la tête froide. » Son équipier Lewis Hamilton a en revanche eu un court-jus: comme au Brésil fin 2019, il perd sa place sur le podium pour avoir « sorti » Alex Albon ! Le jeune Thaïlandais n'hésite pas à s'en prendre à son glorieux aîné qu'il accuse de n'avoir rien fait pour éviter l'accrochage. Sa déception est d'autant plus compréhensible que, doté de pneus plus tendres et plus frais que les Mercedes, Albon pouvait remporter son premier Grand Prix.
Ce Grand Prix d'Autriche aura en tout cas fait souffrir les mécaniques puisque la moitié du plateau a été éliminée suite à des pannes, du jamais vu depuis plus de dix ans ! Le fiasco le plus remarquable est celui de Red Bull qui conclut son Grand Prix national par un double abandon. Toyoharu Tanabe, le directeur technique de Honda, confirme que Max Verstappen et Alex Albon ont tous deux été victimes du même « bug » électronique touchant la gestion du groupe propulseur. Cette faille sera-t-elle résorbée pour le GP de Styrie, huit jours plus tard ? L'inquiétude gagne aussi Mercedes qui a certes amené ses deux W11 à l'arrivée, mais a aussi, on l'a dit, identifié un grave problème électrique affectant ses boîtes de vitesses. Selon James Vowles, il n'est pas certain que celui-ci sera résolu à court terme.
Charles Leclerc hérite d'une seconde place fort chanceuse. La Ferrari SF-1000 s'est en effet montrée totalement hors du coup ce week-end, dépassée en vitesse pure par les McLaren et les Racing Point. Mais Leclerc a mené une course calme et sagace, lui permettant d'éviter tous les incidents et ainsi de récolter un podium inespéré. « J'ai sans doute disputé l'une de mes meilleures courses en F1 », souligne le Monégasque. « Mais je sais que j'ai profité des nombreuses péripéties qui ont émaillé ce Grand Prix. Bien que la machine se soit un peu améliorée depuis vendredi, nous sommes très loin du compte: un gros manque de stabilité au freinage, un énorme survirage... Et rien ne changera avant les améliorations que nous apporterons dans deux semaines, en Hongrie. » Quant à Sebastian Vettel, jamais dans le coup, il a une fois de plus sombré après un énième accrochage, cette fois-ci avec Carlos Sainz. Sa motivation semble au plus bas.
Enfin, à 20 ans, 7 mois et 22 jours, Lando Norris devient le troisième plus jeune pilote de l'histoire de la F1 à grimper sur un podium. Le jeune Anglais a réussi une entrée en matière parfaite puisqu'il a devancé durant tout le week-end son équipier Carlos Sainz, futur pilote Ferrari. « Je n'ai pas de mots tellement je suis content ! J'aimerais ne pas avoir à porter de masque pour montrer mon sourire à tout le monde et partager ma joie ! » s'écrie ce sympathique post-adolescent. Norris est allé chercher cette troisième place avec ses tripes. Il lui a fallu en fin de course combler une partie de son retard sur Lewis Hamilton, pénalisé de cinq secondes, pour le devancer au classement final. Ce qui fut fait pour... deux dixièmes ! « J'avais la voiture pour le faire », relève-t-il. « Avec la McLaren de l'an dernier, cela n'aurait pas été possible. Cela change la vie d'avoir une voiture qui répond présente en toute circonstance ! » Au soir de ce premier Grand Prix, McLaren pointe en tout cas à la seconde place du championnat des constructeurs, devant Ferrari. L'équipe de Woking n'a plus été à pareille fête depuis 2012, année de son dernier succès. Serait-elle enfin parvenue au bout du tunnel ?
Tony