Présentation de la saison
Disparition de Charlie Whiting
Le 14 mars au matin, le monde de la F1 apprend avec stupéfaction le décès de Charlie Whiting. L'emblématique directeur de course a succombé dans son sommeil à une embolie pulmonaire, à l'âge de 66 ans. Cette disparition est d'autant plus brutale que la veille encore Whiting procédait à l'inspection du circuit de Melbourne en compagnie de quelques pilotes. Les hommages pleuvent sur le disparu. « Charlie Whiting était un grand directeur de course, un personnage central et inimitable de la Formule 1, qui incarnait l'éthique et l'esprit de ce sport », déclare Jean Todt, le président de la FIA. Selon Christian Horner, « Charlie Whiting a joué un rôle clé dans ce sport. Il a été l'arbitre, la voix de la raison, pendant de nombreuses années. C'était un homme avec une grande intégrité, qui a endossé un rôle difficile mais de manière équitable. » Les pilotes sont très choqués par la mort d'un homme qu'ils estimaient unanimement, en dépit des frictions inhérentes à ses responsabilités. « Adieu à une personne formidable, un homme qui était à la fois un ami et un guide dans le paddock », écrit par exemple Sergio Pérez sur Twitter.
Charlie Whiting arpentait les paddocks depuis plus de quarante ans. Après des débuts comme simple mécanicien chez Hesketh en 1977, il rejoint en 1981 Brabham, propriété de Bernie Ecclestone. Il devient alors l'homme-lige du « Grand Argentier ». Avec Brabham et Nelson Piquet, il remporte les championnats du monde 1981 et 1983, avant de suivre son « patron » sur le terrain politique. En 1988, il devient directeur technique de la FISA, d'abord comme suppléant de Gabriele Cadringher, puis de plein exercice. A ce titre, il joue un rôle essentiel, et parfois contestable, dans les nombreuses controverses qui émaillent les saisons 1992, 93 et 94. Finalement, il est nommé directeur de course et délégué responsable de la sécurité en 1997, fonctions qu'il occupera jusqu'à sa disparition. Whiting se dévoue à ces responsabilités fort complexes qui réclament un esprit à la fois prompt et pondéré. En tant que responsable de la sécurité, il se bat sans relâche pour protéger les pilotes et réduire les risques d'accidents. Il pousse ainsi sans cesse à l'amélioration des infrastructures des circuits et met en avant des innovations que certains jugent excessives, voire malheureuses (pénalités à répétition, voiture de sécurité de virtuelle, « Halo » etc.). Il est également mis en cause en 2014, lors de l'accident mortel de Jules Bianchi à Suzuka, pour ne pas avoir neutralisé à temps l'épreuve, accusation sans doute abusive si l'on considère l'invraisemblable concours de circonstances qui a entraîné ce drame. Quoiqu'il en soit, en dépit de polémiques, Charlie Whiting restera dans les mémoires comme un homme de devoir qui aura assumé avec passion et courage une tâche aussi ingrate qu'essentielle: celle d'arbitre de compétition sportive.
Sa mort prend de court la fédération qui n'avait pas préparé sa succession. Whiting n'avait en effet plus d'adjoint depuis le départ de Laurent Mekies chez Ferrari en 2018. Du coup, les autorités nomment au poste de directeur de course pour cette épreuve l'Australien Michael Masi qui remplit les mêmes fonctions en série Super-cars, le championnat national de voitures de tourisme.
Publicités fumeuses
Depuis le GP du Japon 2018, les Ferrari arboraient sur leur carrosserie le logo de « Mission Winnow » (« Mission: gagner maintenant »), un projet porté par le cigarettier Philip Morris qui est toujours un sponsor majeur de la Scuderia. Officiellement, il s'agit de promouvoir l'innovation scientifique, mais beaucoup y voient une publicité déguisée pour Marlboro car ledit logo rappelle celui de la célèbre marque au cow-boy. En outre, en 2019, l'équipe italienne doit adopter la dénomination officielle « Scuderia Ferrari Mission Winnow ». Mais c'est sans compter sur les autorités australiennes, très pointilleuses quant au respect de la législation anti-tabac, et qui décident d'ouvrir une enquête. Les associations hostiles à la cigarette affirment que ce Mission Winnow est un message publicitaire subliminal. Le directeur de la communication de Philip Morris, Tommaso di Giovanni, dément formellement: « Mission Winnow ne fait pas de la publicité ou ne promeut pas les produits de notre firme. En réalité, il est fait pour discuter de notre engagement à nous améliorer dans tout ce que nous faisons. » Cela crève les yeux... Ce problème de la publicité pour le tabac se pose aussi pour McLaren qui a signé un accord avec British American Tobacco afin d'apposer le slogan « A better tomorrow » sur sa monoplace. Zak Brown déclare que ce contrat de sponsoring est seulement fondé sur « la technologie de la nouvelle génération de produits » de BAT, sans que l'on comprenne très bien ce que sont les produits en question...
Finalement, afin d'éviter une sanction quelconque, Ferrari et McLaren décident d'ôter ces sigles litigieux de leurs voitures pour le rendez-vous de Melbourne. En outre, un avis défavorable de l'Organisation mondial de la santé condamne ce type de réclame déguisée. Un revers pour Philip Morris et BAT ? Pas du tout: cette mini-polémique leur a permis de faire parler d'eux, ce qui est au fond l'objectif de tout marketing...
Seigneurs et vassaux
Même séparés, Cyril Abiteboul et Christian Horner trouvent encore le moyen de s'écharper, cette fois au sujet des « écuries B ». En effet, l'instauration des moteurs hybrides a petit à petit généré une inflation des coûts de développement et de production, d'où l'émergence d'une Formule 1 « à deux vitesses ». Les constructeurs dominent via leurs équipes d'usine (Mercedes, Ferrari, Renault et désormais Red Bull-Honda) et les écuries indépendantes doivent s'allier plus ou moins étroitement à celles-ci pour survivre. Red Bull a ainsi la mainmise sur Toro Rosso et Ferrari dispose de deux vassales: Alfa Romeo et Haas. Mercedes exerce une influence grandissante sur Racing Point. Seules les deux équipes britanniques historiques, McLaren et Williams, conservent encore une fragile indépendance.
Renault est le seul motoriste à ne pas jouir d'un team auxiliaire, et Cyril Abiteboul s'irrite des performances des Toro Rosso qui sont plus ou moins des copies des Red Bull. « Pour une équipe comme la nôtre, c'est déjà un défi d'affronter les trois top teams, qui ont entre 30% et 40% de ressources de plus que nous », souligne le directeur de Renault Sport. « Mais s'ils sont capables d'associer leurs ressources avec d'autres équipes, ou de bénéficier de synergies sous la coupole d'un budget plafonné, c'est un problème supplémentaire. » Christian Horner réplique que ce système offre une bouée de sauvetage aux écuries privées qui sans cela ne pourraient survivre: « Les bénéfices sont principalement pour les plus petites écuries », soutient l'Autrichien. « Haas n'existerait pas sans ce modèle. La F1 est très peu abordable, elle coûte extrêmement cher. Toro Rosso utilise ainsi beaucoup de composants de la Red Bull RB14, dans la limite de ce que permet le règlement pour l'achat de pièces. Ils n'ont pas les ressources pour produire ces éléments, ou l'infrastructure R&D, donc le coût est diminué en proportion. C'est finalement une compensation raisonnable: si vous n'êtes pas un constructeur à part entière, vous pouvez acquérir ces pièces autorisées. Donc, personnellement, je n'ai pas de problème avec ce système. »
Brexit or not Brexit ?
L'incertitude régnant autour du processus de sortie du Royaume Uni de l'Union européenne (le « Brexit ») inquiète le monde de la Formule 1. En effet, six des dix écuries (Mercedes, Renault, Red Bull, Racing Point, Williams et McLaren) sont implantées en Grande-Bretagne et redoutent des difficultés pour se déplacer sur le continent ainsi que pour s'approvisionner en pièces ou en services. Un Brexit sans accord, issue envisageable à la crise, jetterait ces équipes et leurs employés dans l'inconnu. « Nous obtenons des pièces et des services à la dernière minute du Royaume Uni, et toute perturbation majeure dans le domaine des frontières ou des taxes douanières nuirait considérablement à l'industrie de la Formule 1 », explique Toto Wolff. « Nous avons vingt-six nationalités dans notre écurie, venant principalement des pays de l'Union européenne, et il y a une incertitude sur l'impact qu'aura le Brexit sur une industrie qui selon moi est l'une des plus remarquables du Royaume Uni. » Et en effet, outre-Manche le sport automobile fait travailler pas moins de 41 000 personnes réparties en 4500 entreprises, pour un chiffre d'affaire s'élevant à 10,5 milliards d'euros. Selon les Cassandres, le Brexit pourrait démembrer cette industrie en poussant les grands constructeurs, notamment Mercedes et Renault, à quitter le sol britannique.
Lors de la semaine qui précède le GP d'Australie, les Communes rejettent à la fois l'accord de sortie négocié par le premier ministre Theresa May avec la Commission de Bruxelles et le principe d'un « hard Brexit ». Mme. May va donc demander à ses interlocuteurs européens un report du divorce initialement prévu pour le 29 mars. « Si quelqu'un pouvait m'expliquer ce que signifie vraiment le Brexit, ça m'aiderait beaucoup ! » ironise Christian Horner à Melbourne. « Parce que pour le moment, nous trouvons cela très confus. Mais en réalité, le business se déroule normalement aujourd'hui. Nous allons attendre que le Brexit arrive. Et quand il sera là, nous ferons avec. Bien sûr, nous essayons d'étudier un maximum de scénarios pour protéger nos affaires au jour le jour. »
Présentation de l'épreuve
Lewis Hamilton entame cette campagne frais et dispos, entièrement tourné vers l'objectif d'un sixième titre mondial. Le leader de Mercedes ne s'est pourtant pas ménagé cet hiver, et ses supporteurs ont pu suivre ses aventures sur Twitter. On l'a ainsi vu s'essayer à la boxe thaï, faire du surf avec Kelly Slater, l'as de cette discipline, s'envoler en kitesurf, tester la méthode Pilates ou méditer tel un yogi émérite. Voilà ce qu'on appelle un athlète accompli. On ne sait rien en revanche des vacances de son rival Sebastian Vettel qui cultive toujours l'art de la discrétion. Quant au héros de ce rendez-vous australien, Daniel Ricciardo, il accomplit - toujours avec le sourire - une exténuante tournée publicitaire dans les jours qui précède la course. Le nouveau pilote Renault présente aussi un casque inédit et « funky », dont la parure turquoise - rose - jade laisse... pantois.
Pirelli inaugure en Australie sa nouvelle gamme de pneumatiques. Les pilotes pourront disposer des enveloppes C2 (Médiums), C3 (Tendres) et C4 (Ultra-tendres).
Racing Point pare sa RP19 de sa première évolution majeure, ce qui était attendue car la voiture qui a roulé lors des essais d'avant-saison était en fait une Force India VJM11 améliorée. La machine rose reçoit ainsi de nouveaux déflecteurs et de nouvelles ailettes sur le capot-moteur. Une innovation: la surface verticale des conduits de frein est déplacée vers la jante afin de laisser la place à une petite fente doublée d'une ailette, dans le but d'épurer le flux d'air dégagé par la rotation des roues.
Essais et qualifications
Les Mercedes se montrent les plus rapides lors des essais libres du vendredi, Hamilton devançant à chaque fois Bottas. Les Flèches d'Argent repoussent même la concurrence à huit dixièmes lors de la deuxième séance de l'après-midi. Cette domination se poursuit lors de la session du samedi matin, même si l'avance d'Hamilton sur Vettel est plus restreinte.
Mercedes écrase ses adversaires lors des qualifications. Hamilton s'empare de la 84ème pole position de sa carrière (1'20''486''', nouveau record), sa sixième consécutive à Melbourne. Il devance Bottas (2ème) d'un dixième. Vettel et sa Ferrari sont relégués au troisième rang, à sept dixièmes de la pole, une vraie déception. Leclerc (5ème) concède deux dixièmes à son équipier. Verstappen (4ème) se classe bon quatrième avec sa Red Bull-Honda, à huit dixièmes de la pole. Cette performance est d'autant plus méritante que le Hollandais a changé de châssis entre vendredi et samedi En revanche, Gasly (17ème) est éliminé dès la première manche à cause d'une mauvaise tactique de son écurie qui ne lui a permis de n'effectuer qu'un seul « run ». Beau tir groupé des Haas-Ferrari (Grosjean 6ème, Magnussen 7ème), aussi à l'aise que l'an passé sur ce tracé atypique.
Le jeune Norris réalise des débuts en fanfare en signant le huitième temps au volant de sa McLaren-Renault. Sainz (18ème) est en revanche gêné à la fin de la Q1 par la sortie de Kubica et ne dépasse pas ce stade. Qualifications satisfaisantes pour les Alfa Romeo: Räikkönen (9ème) et Giovinazzi (14ème) peuvent espérer les points. Comme attendu, les Racing Point-BWT sont dans le ventre mou, mais si Pérez (10ème) atteint la dernière étape des qualifications, Stroll (16ème) passe lui aussitôt à la trappe. Les Renault déçoivent quelque peu: Hülkenberg (11ème) et Ricciardo (12ème) échouent aux portes de la Q3. L'Allemand a été entravé dans son dernier tour par un problème électrique. Très brouillon le premier jour, Albon se rattrape le lendemain en plaçant sa Toro Rosso-Honda au 13ème rang, deux places devant Kvyat (15ème). Williams encaisse la déroute attendue: non seulement les FW42 ne sont pas performantes (reléguées à plus d'une seconde de toute concurrence), mais de plus les pilotes ne peuvent pas attaquer par crainte d'une pénurie des pièces de rechange ! Russell (19ème) précède Kubica (20ème) qui a frotté le mur en Q1.
Le Grand Prix
Le soleil et le public répondent présents à ce premier Grand Prix de la saison 2019. La grande majorité des pilotes s'élance avec le composé tendre. Grosjean, Kvyat, Stroll, Russell et Gasly partent avec les pneus médiums. Seul Kubica fait le choix de chausser les gommes dures. Toutes les équipes, sauf Williams, tablent sur une course à un seul arrêt.
Départ: Bottas prend un meilleur envol qu'Hamilton et passe le premier virage en tête. Derrière les Mercedes, Leclerc essaie de faire l'extérieur à Vettel qui lui ferme la porte. Le Monégasque, poussé vers la poussière, sort du premier enchaînement derrière Verstappen. Après quelques mètres, Ricciardo met une roue dans l'herbe en voulant contourner Pérez, mal parti. L'Aussie saute sur une bosse et y brise son aileron avant. Kubica endommage son nez contre la Red Bull de Gasly.
1er tour: Bottas mène devant Hamilton, Vettel, Verstappen, Leclerc, Magnussen, Grosjean, Hülkenberg, Räikkönen et Norris. Kubica et Ricciardo passent aux stands pour changer leurs calandres et se retrouvent en queue de classement.
2e: Bottas précède Hamilton d'une seconde et deux dixièmes. Verstappen se place dans le sillage de Vettel.
3e: Bottas est le plus rapide en piste et creuse l'écart sur son équipier. Grosjean et Hülkenberg se battent pour la septième place.
5e: Bottas mène devant Hamilton (1.3s.), Vettel (3.6s.), Verstappen (4.8s.), Leclerc (6.6s.), Magnussen (10.5s.), Grosjean (12.2s.), Hülkenberg (12.8s.), Räikkönen (13.7s.), Norris (15.7s.), Albon (17.1s.) et Pérez (18.5s.). Gasly poursuit Kvyat pour la 15ème position.
6e: Bottas porte son avantage sur Hamilton à deux secondes. Le Britannique doit composer avec des dégâts à l'arrière-gauche de sa Mercedes.
8e: Trois secondes séparent les deux Mercedes. Vettel concède cinq secondes à Bottas. Au cœur du peloton évolue un groupe compact comprenant Pérez, Stroll, Sainz, Kvyat et Gasly.
10e: Bottas accroît toujours son avance sur son équipier. Le moteur Renault de Sainz émet de la fumée suite à une rupture du MGU-K. Le Madrilène gare sa McLaren à l'entrée de la pit-lane. Les drapeaux jaunes sont déployés dans le troisième secteur.
12e: Hamilton concède trois secondes et demie à Bottas. Räikkönen anticipe son changement de pneus car une protection de visière obstrue une de ses écopes de frein. Le Finlandais chausse les pneus jaunes.
13e: Hülkenberg passe au stand Renault pour prendre des pneus blancs, soit les plus durs.
14e: Vettel fait escale chez Ferrari et s'empare de Pirelli médiums (3.2s.). Magnussen et Albon changent aussi d'enveloppes. Le Danois de Haas repart juste devant Hülkenberg qui tente de lui faire l'extérieur au virage n°3. Magnussen le pousse sans ménagement vers la bordure.
15e: Hamilton passe chez Mercedes et prend lui aussi les pneus médiums (2.6s.). Grosjean perd dix secondes à son garage car ses mécaniciens peinent à fixer sa roue avant-gauche. Il repart devant Albon. Norris remplace aussi ses pneus.
17e: Bottas n'a pas la même stratégie que son équipier. Il demeure en piste car ses pneus tendres fonctionnent encore très bien. Il précède Verstappen de douze secondes. Magnussen bute sur Giovinazzi qui détient une neuvième position toute provisoire.
18e: Bottas est plus rapide avec ses gommes usées qu'Hamilton avec ses pneus neufs. Sous la pression de Magnussen, Giovinazzi roule dans l'herbe au virage n°13 et reprend la piste derrière le Scandinave. A la peine avec ses pneus, l'Italien laisse ensuite passer Hülkenberg et Räikkönen.
20e: Bottas est premier devant Verstappen (13.7s.), Leclerc (23.8s.), Hamilton (31.8s.), Vettel (33.3s.), Stroll (46.8s.), Kvyat (48.2s.), Gasly (48.8s.), Magnussen (1m.), Hülkenberg (1m. 01s.) et Räikkönen (1m. 03s.).
21e: Bottas tourne en 1'27''815''' alors qu'Hamilton se traîne en 1'29''. La course est en train de se jouer.
23e: Bottas fait halte à son stand pour s'emparer de pneus jaunes (3.3s.) et repart second, trois secondes devant Leclerc qui ne s'est pas encore arrêté. Verstappen et sa Red Bull-Honda sont en tête.
25e: Bottas revient à grandes enjambées sur Verstappen qui entre aux stands en fin de tour. Giovinazzi contient un peloton comprenant Norris, Grosjean, Albon et Pérez.
26e: Verstappen met des Pirelli médiums (2.3s.) et se réinsère derrière Vettel. Albon caresse le muret après le virage Clark et perd une place au profit de Pérez. Norris et Grosjean dépassent Giovinazzi.
27e: Bottas mène devant Leclerc, relégué à dix secondes, et Hamilton, à quatorze secondes. Changements de pneus pour Kvyat et Russell.
28e: Leclerc chausse des pneus durs et tombe au cinquième rang. Giovinazzi stoppe chez Alfa Romeo pour prendre des pneus neufs, mais l'opération traîne par la faute d'un écrou récalcitrant. Stroll passe aussi aux stands et se retrouve entre Räikkönen et Kvyat.
29e: Verstappen est aux trousses de Vettel. Ricciardo rentre à son garage pour renoncer car les déflecteurs de sa Renault sont endommagés. Changement de pneus pour Kubica.
30e: Bottas devance Hamilton (16.3s.), Vettel (18.5s.), Verstappen (19.1s.), Leclerc (35.5s.), Gasly (38.2s.), Magnussen (50s.), Hülkenberg (52s.), Räikkönen (55s.), Stroll (59s.), Kvyat (1m. 01s.) et Norris (1m. 05s.).
31e: Verstappen tente de dépasser Vettel au premier virage, sans succès. Mais le Hollandais demeure dans le sillage de la Ferrari et la déborde par l'extérieur au troisième tournant. Grosjean s'immobilise dans une échappatoire avec une roue avant-gauche branlante, conséquence d'une mauvaise fixation lors de son arrêt. Voilà l'exacte réédition de sa mésaventure de l'an passé !
33e: Verstappen remonte au rythme d'une seconde au tour sur Hamilton qui manque d'adhérence à l'arrière. La Mercedes n°44 demeure cependant conduisible.
34e: Verstappen revient à moins d'une seconde de Hamilton. Kvyat pourchasse Stroll pour le gain de la dixième place.
35e: Hamilton appuie sur le champignon pour se détacher de Verstappen. Il repousse celui-ci à une seconde et demie. Bottas compte dix-huit secondes d'avance sur son coéquipier.
37e: Arrivant au virage n°3, Kvyat voit clignoter le feu arrière de Stroll. La batterie de la Racing Point se recharge, mais le jeune Russe croit percevoir une ouverture et se jette à l'intérieur... en freinant trop tard. Il traverse le bac à sable, et lorsqu'il reprend la piste Stroll s'est envolé.
38e: Gasly observe son unique changement de gommes. Le Normand retrouve le circuit juste sous le nez de Kvyat. Celui-ci prend son aspiration, le déborde au troisième virage, et s'empare ainsi de la dixième place.
40e: Bottas est premier devant Hamilton (21.6s.), Verstappen (23.3s.), Vettel (31.5s.), Leclerc (40s.), Magnussen (1m. 05s.), Hülkenberg (1m. 07s.), Räikkönen (1m. 09s.), Stroll (1m. 11s.), Kvyat (1m. 15s.), Gasly (1m. 16s.) et Norris (1m. 22s.).
42e: Bottas porte son avantage sur Hamilton à vingt-trois secondes. Verstappen demeure à environ une seconde et demie du champion du monde. Grâce à ses pneus plus frais, Leclerc grappille du terrain sur Vettel.
44e: Russell observe un second changement de pneus. Le jeune Anglais évolue en seizième position, à déjà deux tours du leader.
45e: Bottas précède Hamilton (24.7s.), Verstappen (26.4s.), Vettel (37s.), Leclerc (42s.), Magnussen (1m. 12s.), Hülkenberg (1m. 15s.), Räikkönen (1m. 17s.), Stroll (1m. 19s.), Kvyat (1m. 20s.) et Gasly (1m. 22s.). Arrêt pneus pour Kubica.
47e: Mercedes demande à Bottas de préserver sa gomme, mais le Finlandais continue à attaquer pour conserver le cas échéant le point du meilleur tour en course, qu'il détient pour l'heure. Il est même prêt à chausser des pneus neufs pour avoir ce point !
48e: Leclerc est aperçu à moins de trois secondes de son coéquipier. Stroll, Kvyat et Gasly se regroupent derrière Räikkönen.
49e: Verstappen bloque une roue au premier freinage et traverse le dégagement gazonné. Il perd ainsi tout espoir de doubler Hamilton.
50e: Vingt-cinq secondes entre Bottas et Hamilton. Leclerc recolle à moins d'une seconde de Vettel. Mais Mattia Binotto lui interdit d'attaquer l'Allemand afin de sauvegarder les positions acquises.
52e: Leclerc lève le pied et laisse Vettel s'échapper. Räikkönen fond sur Hülkenberg, et emmène avec lui le train Stroll - Kvyat - Gasly.
54e: Verstappen s'empare du meilleur tour en course (1'26''540'''). Bottas fonce pour arracher ce point au Hollandais, mais il doit aussi composer avec le trafic.
55e: Bottas mène devant Hamilton (24.4s.), Verstappen (25.7s.), Vettel (46.1s.), Leclerc (49s.), Magnussen (1m. 19s.), Hülkenberg (1m. 22s.), Räikkönen (1m. 23s.), Stroll (-1t.), Kvyat (-1t.), Gasly (-1t.) et Norris (-1t.).
57e: Après avoir pris un tour à Hülkenberg et à Räikkönen au passage précédent, Bottas s'empare du record du tour définitif (1'25''580'''). Hülkenberg, Räikkönen, Stroll, Kvyat et Gasly achèvent l'épreuve regroupés dans un mouchoir.
58ème et dernier tour: Valtteri Bottas remporte sa quatrième victoire en F1 devant Hamilton. Verstappen, troisième avec sa Red Bull, offre au moteur hybride Honda son tout premier podium. Vettel termine quatrième à plus de cinquante secondes du vainqueur. Leclerc achève son premier Grand Prix en rouge au cinquième rang. Magnussen est un excellent sixième avec la Haas. Hülkenberg, Räikkönen, Stroll et Kvyat inscrivent aussi des points. Gasly échoue au onzième rang. Viennent ensuite Norris, Pérez, Albon, Giovinazzi, Russell et Kubica.
Après la course: Bottas, la résurrection
Décrié pour sa saison 2018 vierge de tout succès, Valtteri Bottas déguste une belle revanche. Félicité à la radio par son ingénieur de piste Tony Ross, il s'adresse en termes fleuris à ses détracteurs: « A qui de droit, allez-vous faire f***** ! » Voilà des propos surprenants de la part d'un garçon d'ordinaire très mesuré, et qui montrent à quel point il a souffert des critiques. Lorsque les journalistes lui demandent s'il visait l'un des leurs en particulier, Bottas botte en touche: « Il y aurait une longue liste, malheureusement, mais c'est comme ça. Je suis certain que les gens concernés se reconnaîtront. » Le Finlandais - qui porte dorénavant un collier de barbe fort seyant - décrit sa joie avec force superlatifs: « C'était vraiment la course de ma vie ! Nous sommes très forts, aussi bien sur les longs relais que sur les tours rapides. Nous sommes meilleurs que nous le pensions. Me concernant, la clef de la course fut le départ. J'ai tout de suite pris la tête et su creuser un écart important. » Toto Wolff n'est pas surpris du regain de forme de son pilote et l'évoque avec un zeste d'humour: « Valtteri a fait du rallye durant l'hiver, il a ainsi redécouvert le plaisir de conduire. J'ai entendu dire qu'il s'était saoulé plusieurs fois pour oublier 2018, c'est un bon début. Je m'attends à ce qu'il soit plus fort que jamais cette saison. »
Lewis Hamilton explique sa défaite par des dégâts sur sa W10. Il a en effet perdu en début de course la pièce située à l'extrémité arrière-gauche de son fond plat. Cet élément est - selon Mercedes - essentiel à la bonne marche du diffuseur car il détourne le flux d'air de celui-ci, ainsi que du pneu. La voiture souffrait ainsi de déséquilibre et abîmait plus rapidement sa gomme. Hamilton a probablement perdu cette pièce en roulant sur un débris laissé par Kubica ou Ricciardo. « Valtteri avait un meilleur rythme » explique le quintuple champion du monde. « Ici, il vous faut partir de très loin pour dépasser la voiture qui vous devance. Dès que nous avons franchi le premier virage, il s'est agi de gérer. Je prévoyais de rester juste derrière Bottas, à deux, trois secondes. Puis mon fond plat s'est endommagé et l'écart a commencé à augmenter lentement. Après cela, j'ai essayé de prendre soin de mes pneus et je me suis arrêté aux stands super tôt, pour contrer les Ferrari. Je savais à cet instant que la course était jouée car j'avais encore 43 tours à parcourir. Je savais que j'allais être en difficulté sur la distance: j'ai donc roulé bien en-deçà de mon rythme optimal. »
La Scuderia Ferrari était arrivée en Australie avec le rang de favorite. Elle en repart abasourdie par ce facile doublé des Mercedes. « Nous étions lents, tout simplement ! » constate Sebastian Vettel, désabusé. « Je n'ai pas eu la chance de me battre avec quiconque, et il s'agissait simplement d'aller au bout. J'ai souffert avec les pneus, plus que les autres. C'est surprenant et choquant de voir à quel point Mercedes a été rapide. Mais nous devons regarder de notre côté. Nous allons avoir quelques jours pour faire une bonne analyse et voir ce que nous pouvons faire. Les essais de Barcelone ont été bons et je trouvais que cette voiture était vraiment très bonne. Mais ce week-end, je n'ai pas réussi à la maîtriser. En course, je m'attendais à ce que ça aille mieux, mais ça a plutôt été l'inverse. » Mattia Binotto explique que son équipe n'a pas su trouver le bon « set-up » : « Depuis la première séance, nous n'avons jamais trouvé les bons réglages et les pneus en ont souffert. Nous manquions cruellement d'adhérence. » Le fait est que Ferrari n'a pas compris le comportement de ses gommes. Vettel est ainsi parvenu à suivre les Mercedes au cours de son premier relais, mais pas ensuite. Pour Leclerc, ce fut le contraire...
Red Bull débute idéalement sa collaboration avec Honda par un podium. Jamais la moteur japonais n'avait été aussi bien placé sous l'ère hybride. « Nous nous sommes surpassés en course par rapport à ce que nous espérions vendredi », jubile Max Verstappen. « Nous avons eu une voiture plus rapide que celle d'Hamilton qu'on a mis sous pression pendant la moitié de la course. C'est un bon début pour commencer à développer cette auto. »
Le jeune Hollandais a par ailleurs failli glaner le point du meilleur tour. « C'était une prise de risque contrôlée », explique-t-il. « Cela n'a dénaturé ni ma course ni changé ma stratégie puisque j'ai poussé fort à la fois pour battre le record et pour menacer Lewis. Ce sera un enjeu important tout au long de la saison. Il y a tout de même 21 points à prendre. » « C'est une règle qui peut faire la différence en fin de saison », renchérit Valtteri Bottas, heureux gagnant de cette petite compétition. Le Finlandais était même prêt à changer de pneus dans les derniers tours pour empocher ce point. Un risque jugé excessif par Mattia Binotto qui n'a pas voulu lancer ses pilotes dans cette aventure. « C'est très risqué de s'arrêter aux stands pour un point supplémentaire. N'importe quoi peut arriver », estime le directeur de la Scuderia. Au moins, cette nouvelle règle a pimenté la fin d'un Grand Prix que l'on peut qualifier après coup de passablement ennuyeux...
Tony