Rapprochement Red Bull - Honda
Malgré la victoire de Daniel Ricciardo en Chine, Red Bull trouve encore le moyen de critiquer Renault. Christian Horner estime en effet que la firme française consacre dorénavant tous ses efforts à son équipe d'usine (ce qui paraît normal...) et ne donne pas à ses hommes les moyens de rivaliser avec Ferrari et Mercedes. « Pour Renault, nous sommes aussi insignifiants que des moustiques », lâche le Britannique toute honte bue. « Nous sommes clients chez eux mais nous sommes meilleurs que leur propre écurie. Et nous ne sommes pas aidés. En d'autres termes, nous mettons à l'épreuve la magnifique mentalité française. » On pourra répliquer à Horner qu'on ne voit pas pourquoi un partenaire qu'il éreinte régulièrement depuis trois ans se montrerait généreux...
Mais Red Bull paraît décidée à tourner la page Renault et entame des discussions formelles avec Honda qui motorise déjà Toro Rosso, l'écurie sœur. En marge de l'épreuve de Bakou, Helmut Marko rencontre ainsi Masashi Yamamoto, le directeur de la compétition de la firme nippone. Les pourparlers devront être assez rapides, car Renault a fixé le 15 mai comme date limite pour l'éventuelle reconduction de son contrat avec Red Bull. Malgré les défauts du groupe propulseur Honda, l'écurie austro-britannique est séduite à l'idée de redevenir le partenaire privilégié d'un grand constructeur, statut qu'elle a perdu depuis que Renault a ressuscité son équipe d'usine en 2016.
Présentation de l'épreuve
Le tracé atypique de Bakou, avec sa très longue ligne droite et sa portion tortueuse à travers la vieille ville nécessite des aménagements aérodynamiques. Les équipes adoptent ici des ailerons arrière qui produisent ce qu'il faut d'appui sans générer trop de traînée à l'accélération. Ces éléments sont aussi dotés de persiennes aux extrémités afin de créer des vortex. Celui de Mercedes est de plus muni d'un ruban dentelé (apparu en 2015 et très utilisé en 2016) qui génère des mini-vortex, ce qui permet de dynamiser les flux et stabiliser le plan principal lorsque le DRS est enclenché. De son côté, Red Bull monte sur sa RB14 une aile minimaliste afin de compenser le déficit de puissance du V6 Renault. Parmi les autres nouveautés, on note l'aileron avant à trois « flaps » de Renault.
Depuis le coup d'envoi de la saison, le moteur Ferrari intrigue le paddock à cause de l'épais panache de fumée qu'il dégage à chaque démarrage. Certains se demandent s'il n'y a pas là une astuce, mais pour l'heure ce sont surtout les désagréments occasionnés qui suscitent la colère des autres équipes. « Nous suffoquons dans notre garage à chaque fois qu'ils démarrent. La FIA devrait se pencher là-dessus ! » estime ainsi Niki Lauda. Charlie Whiting fait examiner le moteur au petit cheval, mais ses experts ne décèlent rien d'anormal, y compris au niveau de la consommation d'huile. En fait, selon le site Motorsport.com, cette fumée est produite par l'huile qui suinte par les joints d'étanchéité lorsque le turbo est encore froid, et s'échappe ensuite par l'échappement. Cela cesse lorsque le moteur a vraiment commencé à tourner et que la chaleur dilate la turbine.
Le début de championnat de McLaren est loin d'être excellent. Malgré le groupe propulseur Renault, les bolides orange demeurent englués dans le ventre mou du peloton, et il a fallu tout le métier de Fernando Alonso pour glaner de gros points lors des trois premiers Grands Prix. Stoffel Vandoorne est lui en retrait. La MCL33 manque d'appui aérodynamique, mais aussi de vitesse de pointe, et cette fois l'équipe ne peut plus se décharger sur le moteur Honda... « Nous avons le même moteur que Renault et Red Bull, et nous sommes derrière, c'est un fait », constate Éric Boullier. « Nous devons comprendre pourquoi nous sommes lents en qualifications, pourquoi nous sommes meilleurs en course, et pourquoi nous sommes derrière les autres équipes Renault. » Une toute nouvelle version de la monoplace doit apparaître au GP d'Espagne. Mais Zak Brown semble décidé à épurer. La première tête à tomber est celle du directeur technique Tim Goss, un vétéran de Woking puisqu'il y est entré en 1990. Goss était jusqu'ici l'un des trois piliers du staff technique, avec l'ingénieur en chef Matt Morris et l'aérodynamicien Peter Prodromou. Nul ne sait si d'autres départs suivront.
L'autre écurie britannique mythique, Williams, n'a toujours pas inscrit le moindre point après trois courses. Paddy Lowe s'est fourvoyé en concevant une FW41 censée générer beaucoup d'appuis. Celle-ci est en effet la monoplace la moins rapide du plateau en ligne droite sans pour autant être plus véloce en courbe comme on pouvait s'y attendre. Certes, toutes les écuries ont perdu de la vitesse de pointe cette saison, à cause du halo qui alourdit les voitures. Mais c'est Williams qui subit la chute la plus vertigineuse, concédant environ 3 km/h de plus que ses rivales. « Nous avons perdu une grande partie de notre point fort, la vitesse de pointe, et nous n'avons pas gagné suffisamment sur notre point faible, le passage en courbe », explique Lance Stroll. « Nous ne jouissons pas des bénéfices que nous recherchions au moment de procéder à ce changement de direction technique l'hiver dernier. Cette performance en ligne droite était vraiment bonne l'an dernier, en particulier en course, ce qui était utile pour dépasser ou défendre sa position. »
Toro Rosso enregistre le départ de son directeur de la compétition John Booth, recruté en 2016. Celui-ci va retrouver son vieux compère Graeme Lowdon chez Manor, leur écurie qui survit toujours en Endurance, et se porte même plutôt bien puisqu'elle lance un programme en LMP1.
Essais et qualifications
Les Ferrari et les Red Bull devancent les Mercedes lors des séances d'essais libres. Le vent souffle fort au bord de la mer Caspienne et ramène beaucoup de poussière. La piste est donc piégeuse et les sorties de route sont assez fréquentes. Samedi après-midi, Vettel réalise sa troisième pole position d'affilée (1'41''498'''). Son équipier Räikkönen était cependant en mesure de signer le meilleur chrono mais un gros écart dans le dernier virage le relègue en sixième position. Les Mercedes (Hamilton 2ème, Bottas 3ème) ne rendent qu'une poignée de dixièmes au poleman. Ricciardo place sa Red Bull au quatrième rang, à quatre dixièmes de Vettel. Verstappen, victime d'une touchette vendredi, se classe cinquième. L'interminable ligne droite favorise grandement les très puissants moteurs Mercedes, ce qui explique en partie le regain de forme des Force India (Ocon 7ème, Pérez 8ème) et des Williams (Stroll 10ème, Sirotkin 11ème).
Les Renault manquent quelque peu d'équilibre. Hülkenberg, neuvième temps, partira quatorzième à cause d'une pénalité pour changement de boîte de vitesses qui permet à Sainz de grimper d'un rang (8ème). Les McLaren-Renault (Alonso 12ème, Vandoorne 16ème) sont toujours aussi peu performantes en qualifications. Pour la première fois, Leclerc (13ème) atteint la Q2 avec sa Sauber-Ferrari. Ericsson (18ème) est moins en verve. Nouveau désastre pour Toro Rosso: victime d'une crevaison après une touchette, Hartley (19ème) est privé de tour rapide et surtout effraie son équipier Gasly (17ème). En effet, alors que le Français déboule à pleine vitesse dans les rues étroites de la vieille ville, il découvre dans un virage en aveugle son équipier rentrant aux stands au ralenti. C'est au prix d'un écart désespéré à 300 km/h qu'il évite l'autre Toro Rosso... Enfin, les Haas-Ferrari devront essayer de remonter: Magnussen (15ème) ne peut faire chauffer ses pneus et Grosjean (20ème), victime d'une panne hydraulique au début de la Q1, ne défend pas ses chances. Le Franco-Suisse écope en plus d'une pénalité - indolore - pour changement de boîte de vitesses.
Le Grand Prix
Les conditions météorologiques ne sont pas plus riantes que les deux jours précédents. Il fait froid (14°C) et le vent n'a pas faibli. Pirelli ne prévoit qu'un seul arrêt au cours de l'épreuve. La grande majorité des coureurs sélectionne pour le premier relais les pneus super-tendres rouges. Hülkenberg, Sainz et Gasly choisissent les ultra-tendres (violets), Hartley et Grosjean les tendres (jaunes, gamme la plus résistante du week-end).
Départ: Vettel garde l'ascendant devant Hamilton, Bottas, Ricciardo et Verstappen. Sirotkin entre en contact avec Pérez dès le virage n°2, ce qui n'a pas de conséquence pour le moment.
1er tour: Ocon tente de faire l'extérieur à Räikkönen au virage n°3, mais le Finlandais ne lui laisse aucun espace. La Ferrari harponne la Force India qui percute les glissières. Un peu en amont, Sirotkin se retrouve coincé entre Alonso à sa gauche et Hülkenberg à sa droite. Il heurte ces deux voitures, brise ainsi ses suspensions et s'échoue dans l'échappatoire. Une autre touchette implique Magnussen et Ericsson. La voiture de sécurité entre en piste pour permettre l'évacuation des deux bolides accidentés. Vettel est premier devant Hamilton, Bottas, Ricciardo, Verstappen, Räikkönen, Sainz, Stroll, Pérez et Hülkenberg.
2e: Räikkönen fait halte chez Ferrari pour remplacer son museau et prendre des Pirelli tendres. Alonso rejoint les stands... sur deux roues. Il est en effet victime de deux crevaisons, à l'avant et l'arrière-droit. Par chance, il pourra redémarrer avec des pneus tendres et un nouvel aileron. Magnussen revient aussi aux stands avec une crevaison et repart avec les pneus jaunes. Arrêts aussi pour Ericsson (jaunes) et Hartley (violets).
3e: Pérez chausse les gommes tendres et remplace son nez, abîmé dans un contact avec Räikkönen. Grosjean prend les super-tendres.
4e: Les voitures évoluent derrière la Safety Car. Vettel devance Hamilton, Bottas, Ricciardo, Verstappen, Sainz, Stroll, Hülkenberg, Gasly, Leclerc, Vandoorne, Räikkönen, Hartley, Grosjean, Pérez, Magnussen, Alonso et Ericsson.
5e: La course est relancée en fin de boucle. Vettel reste premier devant les Mercedes. Hülkenberg dépasse Stroll.
6e: Verstappen fait l'intérieur à Ricciardo au second virage, mais ce faisant pousse son équipier vers l'extérieur. Sainz en profite pour dépasser l'Australien, puis prend l'aspiration de Verstappen, sans succès. Mais le Hollandais coupe ensuite un virage en quittant la vieille ville, ce qui peut être considéré comme un avantage indu. Gasly dépasse Stroll.
7e: Trois secondes séparent Vettel et Hamilton. Sainz déborde Verstappen sur la ligne de chronométrage, mais ce dernier conserve sa position au freinage de la longue ligne droite. Le Hollandais repousse ensuite un assaut du Madrilène entre les virages n°2 et 3. Gasly déborde Hülkenberg devant les stands. Pressé par Räikkönen, Leclerc se défait de Stroll.
8e: Sainz assaille de nouveau Verstappen en vain au passage de la ligne. Plus loin, Hülkenberg reprend l'ascendant sur Gasly. En fin de tour, le Normand est débordé par Stroll et Leclerc. Son moteur Honda n'a pas les chevaux pour lui permettre de riposter.
9e: Toujours dans la grande pleine charge, Sainz attaque Verstappen et Hülkenberg assaille Ricciardo. L'Espagnol de Renault réussit sa manœuvre, non l'Allemand. Mais ce dernier s'impose à finalement Ricciardo par l'intérieur au second virage. Räikkönen et Grosjean se défont de Gasly.
10e: Vettel compte deux secondes et demie d'avance sur Hamilton, sept secondes sur Bottas. Hülkenberg passe Verstappen devant les stands. Max tente de répliquer en « croisant » la Renault au freinage, mais sans réussite.
11e: Les Red Bull rencontrent des problèmes de batterie et sont sous la pression d'un trio comprenant Stroll, Leclerc et Räikkönen. Grâce au DRS, Ricciardo se porte à la hauteur de son équipier au premier tournant mais ne passe pas. Hülkenberg perd l'arrière de sa Renault au virage n°4 et tape le muret. Il n'a d'autre choix que de se garer dans une échappatoire. Leclerc dépasse Stroll en toute fin de tour.
12e: Ricciardo fait l'extérieur à Verstappen au virage n°1. Le Hollandais freine tard et vient frotter les roues de l'autre Red Bull. Il garde sa ligne et, bien placé à la corde, reprend sa position au virage suivant. L'Australien tente de nouveau sa chance à la réaccélération mais échoue face à l'âpre résistance du Néerlandais.
13e: Vettel mène devant Hamilton (3.5s.), Bottas (9.1s.), Sainz (22.4s.), Verstappen (24.9s.), Ricciardo (25.7s.), Leclerc (27.4s.), Stroll (27.8s.) et Räikkönen (28.7s.). Pérez prend la dixième place à Grosjean. Alonso est douzième devant Vandoorne. Gasly remplace ses pneus.
15e: Vettel améliore régulièrement le meilleur tour et compte quatre secondes et demie de marge sur Hamilton. Ce dernier commet une petite faute au virage n°16. Räikkönen dépasse Stroll. Menacé par Verstappen, Sainz rejoint son stand pour mettre les pneus tendres et ressort en treizième position.
17e: Räikkönen passe devant Leclerc et se retrouve sixième.
18e: Vettel précède Hamilton (4.5s.), Bottas (10s.), Verstappen (30s.), Ricciardo (35s.), Räikkönen (37s.), Leclerc (38.5s.), Stroll (40s.), Pérez (44.4s.), Grosjean (51.1s.), Alonso (55.4s.) et Sainz (1m. 06s.). Ericsson prend les Pirelli violets après avoir effectué un « tout-droit ».
20e: Hamilton a repris quelques dixièmes à Vettel. L'intervalle descend sous les quatre secondes.
21e: Hamilton bloque ses roues au virage n°1 et perd ainsi deux secondes. Pérez fait l'intérieur à Stroll au passage de la ligne. Le Canadien résiste jusqu'à retarder son freinage, ce qui le contraint à faire un gros écart pour éviter la sortie. Ericsson reçoit une pénalité de dix secondes suite à son accrochage avec Magnussen.
22e: Hamilton a ruiné ses pneus au tour précédent et rentre au garage pour prendre les gommes tendres (2.8s.). Il ressort troisième.
23e: Douze secondes séparent Vettel et Bottas. Sainz dépasse Alonso. Stroll prend les gommes tendres et Hartley les super-tendres. La direction de course inflige cinq secondes de sanction à Pérez qui, au redémarrage, a doublé une voiture avant la ligne de la voiture de sécurité.
24e: Leclerc passe chez Sauber pour s'équiper en pneus tendres. Il retrouve le circuit derrière Alonso dont il se débarrassera au tour suivant.
26e: Vettel mène devant Bottas (10.3s.), Hamilton (29.3s.), Verstappen (31.2s.), Ricciardo (31.3s.), Räikkönen (43.8s.), Pérez (54.6s.), Grosjean (54.9s.), Sainz (1m. 06s.), Leclerc (1m. 09s.) et Alonso (1m. 11s.).
27e: Après avoir pris l'aspiration, Ricciardo fait l'extérieur à Verstappen au virage du Palais du Gouvernement. Il s'impose mais le Hollandais s'infiltre à l'intérieur dans la perspective de la courbe suivante. Ricciardo le serre mais Verstappen, têtu, garde sa ligne, et contraint son équipier à céder pour éviter la collision. Vandoorne change de pneus.
28e: Ricciardo ne relâche pas son effort derrière Verstappen. Grosjean menace Pérez. Stroll passe devant Alonso.
30e: Vettel pénètre dans la voie des stands pour prendre les enveloppes tendres (2.3s.). Bottas est désormais en tête.
32e: Bottas est premier devant Vettel (11.7s.), Hamilton (19.7s.), Verstappen (22.8s.), Ricciardo (24s.), Räikkönen (40.4s.), Pérez (52.9s.), Grosjean (53.7s.), Sainz (1m. 03s.), Leclerc (1m. 06s.), Stroll (1m. 12s.) et Alonso (1m. 14s.).
33e: Les vieux pneus rouges de Bottas tiennent parfaitement puisque le Finlandais est plus rapide que Vettel qui a des gommes neuves !
35e: Vettel évolue à onze secondes de Bottas. Ricciardo actionne son aileron arrière mobile sur l'avenue Neftchilar, fait l'extérieur à Verstappen, procède à un freinage appuyé, et cette fois ne permet pas à son jeune équipier de riposter.
36e: Second changement de pneus pour Ericsson, actuellement lanterne rouge.
37e: Bottas réalise le meilleur tour en course (1'45''149'''). L'endurance de ses pneus super-tendres (qui ont disputé la Q2 !) est surprenante. Ricciardo fait halte aux stands pour chausser les pneus ultra-tendres (2.2s.) et repart devant Räikkönen.
38e: Verstappen arrive à son garage et prend lui aussi les ultra-tendres (2.4s.). Le jeune Max reprend la piste devant son équipier, fort marri.
39e: Tandis que Bottas n'est toujours pas décidé à s'arrêter, Ricciardo repart à la poursuite de Verstappen.
40e: Dans la ligne droite principale, Ricciardo enclenche son DRS et prend l'aspiration de Verstappen. Il lance une feinte à droite, puis pique vers la gauche. Son équipier louvoie pour le déstabiliser. Aux abords du premier virage, Ricciardo s'aperçoit que Verstappen est en train de lui couper la route. Il freine en catastrophe mais trop tard: la Red Bull n°3 emboutit la n°33. Toutes deux atterrissent dans l'échappatoire, blessées à mort. La voiture de sécurité intervient. Les attardés Vandoorne, Hartley, Gasly et Magnussen font changer leurs gommes et chaussent les Pirelli violets.
41e: Bottas, Vettel, Hamilton, Räikkönen, Pérez, Grosjean, Sainz, Leclerc, Stroll et Alonso passent par les stands. Tous prennent les gommes ultra-tendres, sauf Pérez qui sélectionne les super-tendres. Bottas fait ainsi une excellente opération puisqu'il conserve le commandement devant Vettel et Hamilton. Ricciardo et Verstappen abandonnent leurs monoplaces sans échanger un mot.
42e: Les voitures se rangent derrière la voiture de sécurité pendant que les Red Bull sont évacuées. Les retardataires sont autorisés à se dédoubler.
43e: Grosjean fait chauffer ses pneus dans le dernier secteur, lorsqu'il appuie accidentellement sur un bouton de son volant. Au freinage, ses roues arrière se bloquent, et la Haas s'écrase contre le mur. Voilà un abandon stupide pour le Français qui tenait la sixième place... Du coup, la neutralisation se prolonge pour ôter cette monoplace.
44e: Un véhicule de levage pénètre sur la piste pour retirer la Haas de Grosjean.
46e: La Haas accidentée a disparu, mais Bernd Mayländer est toujours sur la piste. Les concurrents peinent à maintenir leurs pneumatiques à haute température. Vandoorne effectue un troisième changement de pneus
47e: La Safety Car va s'effacer pour les quatre derniers tours. Bottas devance Vettel, Hamilton, Räikkönen, Pérez, Sainz, Leclerc, Stroll, Alonso, Magnussen, Gasly, Hartley, Ericsson et Vandoorne.
48e: Les drapeaux verts sont agités. Bottas, Vettel, Hamilton et Räikkönen passent la ligne roues dans roues. Vettel décide de se défaire aussitôt de Bottas: il prend l'intérieur puis se porte à sa hauteur mais, emporté par son élan, freine trop tard, bloque sa roue avant-gauche et emprunte le dégagement. Bottas, Hamilton et Räikkönen lui filent sous le nez ! Leclerc double Sainz, Alonso dépasse Stroll. Gasly porte deux attaques contre Magnussen qui à chaque fois le serre contre le muret à 300 km/h. Le Danois est finalement puni puisqu'il est déporté vers une échappatoire et revient en piste bon dernier.
49e: Bottas semble se diriger vers la victoire. Mais il roule sur un débris en déboulant sur la grande avenue. Son pneu arrière-droit déchape aussitôt, et le Finlandais est contraint de ralentir puis de s'immobiliser. Hamilton s'empare du commandement. Pérez déborde Vettel qui a fait un méplat sur son pneu avant-gauche. Sainz repasse devant Leclerc et Hartley double son équipier Gasly.
50e: Hamilton précède Räikkönen (2.6s.), Pérez (4.6s.), Vettel (5.4s.), Sainz (7.1s.) et Leclerc (8.3s.). Stroll et Alonso bataillent pour la septième place, tandis que Vandoorne et Hartley sont maintenant dans les points.
51ème et dernier tour: Stroll dépasse Alonso à l'entame de cette boucle, mais l'Asturien reprend définitivement l'ascendant au virage n°3.
Lewis Hamilton remporte sa première victoire de la saison devant Räikkönen. Pérez termine troisième et monte sur son premier podium depuis deux ans (à Bakou également). Vettel se contente de la quatrième position. Avec la cinquième place, Sainz donne à Renault son meilleur résultat depuis son retour en 2016. L'excellent Leclerc amène sa Sauber au sixième rang. Alonso termine septième pour la troisième fois consécutive. Stroll, huitième, ouvre le compteur de Williams. Vandoorne se classe neuvième et Hartley, dixième, inscrit son premier point en F1. Ericsson, Gasly et Magnussen rallient aussi l'arrivée. Le Danois sera pénalisé de dix secondes pour sa manœuvre litigieuse contre Gasly.
Sirotkin est lui puni pour avoir embouti la Force India de Pérez dans les premiers mètres: il reculera de trois rangs sur la grille à Barcelone.
Après la course
Lewis Hamilton se fait attendre sur le podium: il prend le temps de consoler son équipier Valtteri Bottas, effondré d'avoir perdu la victoire dans les derniers tours. Le Scandinave est tellement déçu qu'il ne réapparaîtra pas de l'après-midi. « C'est vraiment un manque de chance », soupire-t-il. « Je n'ai vu à aucun moment que j'avais roulé sur des débris. Je n'ai rien vu, rien senti. Peut-être qu'après dix pintes de bière, ça ira mieux.... » Son coéquipier a le triomphe modeste: « Je suis réaliste, les Ferrari sont devant nous à la régulière, aux essais comme en course », reconnaît le quadruple champion du monde. « Nous sommes une ou deux marches sous elles. Ici, nous avons bénéficié d'un sacré concours de circonstances. Il va falloir rendre notre voiture plus simple à conduire. Elle l'est bien moins que celle de l'an passé. » Malgré ce début de saison difficile, Hamilton pointe en tête du championnat du monde. « Je ne peux pas m'en réjouir », assure-t-il. « Je n'oublie pas les erreurs que j'ai pu commettre en course, ce qui est plutôt inhabituel chez moi. J'ai eu du mal avec mon châssis, mes pneus, je me suis bagarré avec l'auto, je ne vis pas ça sereinement. »
Sebastian Vettel vient de perdre deux courses de suite à cause de l'intervention de la voiture de sécurité. Curieusement, il affirme ne pas regretter son attaque hardie sur Bottas: « Je suis évidemment frustré que cela ait échoué, mais je suis plutôt fier de ma tentative. Je ne crois pas avoir faire preuve d'excès d'optimisme. En fait, j'ai juste manqué de repères pour visualiser où se situait le virage. C'est pour cela que je me suis fait piéger. »
Ce Grand Prix marque la révélation de Charles Leclerc. Déjà vainqueur à Bakou l'an passé en Formule 2, le Monégasque ramène à Sauber une superbe sixième place (le meilleur résultat du team helvétique depuis 2015) qui fait oublier les sorties de route qui ont émaillé ses premiers week-ends en F1. C'est en héros qu'il est accueilli par Frédéric Vasseur et Jörn Becker, son ingénieur de piste. « Ici, c'était super-difficile entre le vent et les murs », raconte-t-il au quotidien L'Équipe. « C'était délicat d'anticiper les événements, mais nous avons bien géré la stratégie et nous avions la vitesse pour nous maintenir dans les points dès le premier tour avec les pneus super tendres. Mais il ne faut pas se mentir: j'ai profité des occasions qui se sont présentées car, dans des conditions normales, la Sauber ne peut pas terminer si haut. J'ai été réaliste et je n'ai pas commis d'erreur. » Réaliste, voilà un qualificatif qui convient parfaitement à ce jeune homme de 20 ans qui fait montre d'une étonnante maturité. Ce n'est pas pour rien que, couvé par Nicolas Todt et Ferrari, il figure en bonne place sur la liste de ceux qui pourraient intégrer la Scuderia en 2019 ou 2020.
Hamilton récupère la première place du championnat du monde avec 70 points. Il devance Vettel (66 pts), Räikkönen (48 pts), Bottas (40 pts) et Ricciardo (37 pts). Chez les constructeurs, Ferrari (114 pts) et Mercedes (110 pts) poursuivent leur mano a mano. Red Bull (55 pts) devance McLaren (36 pts) et Renault (35 pts).
Red Bull: excès de taurine ?
Avis de gros temps au-dessus du stand Red Bull. L'auto-élimination de Daniel Ricciardo et Max Verstappen va sans nul doute laisser des traces profondes, d'autant plus que les deux hommes n'ont pas cessé de jouer avec le feu durant toute l'épreuve, jusqu'à la collision finale. « Je me moque de qui est à blâmer ! Les deux pilotes devraient être assez intelligents pour éviter un tel incident ! » tempête Helmut Marko. Christian Horner, plus pondéré, cornaque ses troupes avant son point presse, afin qu'aucune déclaration intempestive ne laisse présager d'une implosion de l'équipe. Son propre discours, très confus, parvient à ménager Verstappen, son protégé, sans accabler un Ricciardo que l'on dit en partance vers d'autres cieux l'année prochaine.
Les deux intéressés s'en tiennent à la langue de bois: « C'est une immense déception pour toute l'équipe. Ce qui est arrivé n'est bon pour aucun de nous deux. Nous nous sommes parlés après la course, avec fair-play », annonce le Hollandais. « Nous avons laissé tomber toute l'équipe, nous devons nous excuser car nous avons la chance qu'on nous laisse courir librement », estime l'Australien. « On a eu plusieurs moments chauds durant ce Grand Prix et, malheureusement, ça s'est mal terminé. Je pensais avoir trouvé l'ouverture à l'intérieur et il était trop tard pour changer d'option quand j'ai vu Max devant. » Verstappen et Ricciardo n'en sont pas à leur coup d'essai: déjà en Hongrie, l'an passé, le premier avait éliminé le second au départ. Au-delà des beaux discours, nul doute que l'ambiance au sein de l'écurie va s'en ressentir à long terme. En attendant, la FIA laisse Red Bull laver son linge sale en famille et renonce à sanctionner les deux maladroits.
Si dans son ensemble la presse renvoie ceux-ci dos à dos, Max Verstappen fait l'objet de nombreuses critiques pour son entame de championnat chaotique. Son passif est en effet déjà pesant: tête-à-queue à Melbourne, accrochages avec Hamilton à Bahreïn, avec Vettel à Shanghaï, avec Ricciardo à Bakou. Si l'an passé Verstappen fut été impliqué dans beaucoup d'incidents, la plupart n'étaient pas de son fait. Cette année, il semble de nouveau faire montre d'un certain manque de perspicacité. Expert en la matière, Alain Prost estime que le Néerlandais gagnera en sagesse avec le temps: « Bien sûr, il est rapide, il fait partie de ceux qui sont le plus rapides du peloton actuel », explique le Professeur. « Mais Max n'est pas encore prêt à se battre pour le titre. Il n'a pas encore la patience nécessaire et fait certaines choses à certains endroits où c'est trop risqué. Je pense qu'il va comprendre avec le temps, car il en paie le prix. C'est cruel, il est rapide et il a toutes les qualités. Mais nous ne savons pas encore quand il va entendre raison. Il est arrivé très jeune en Formule 1, il a le talent et la vitesse, peut-être que ce dont j'ai parlé plus haut est la seule chose qui lui manque. »
Tony