David COULTHARD
 D.COULTHARD
McLaren Mercedes
Ralf SCHUMACHER
 R.SCHUMACHER
Williams BMW
Rubens BARRICHELLO
 R.BARRICHELLO
Ferrari

667o Gran Premio

XXI Gran Premio di San Marino
Piena di sole
Imola
domenica 15 aprile 2001
62 giri x 4.933 km - 305.846 km
Affiche
F1
Coupe

Lo sapevate?

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Kirch achète les droits TV

Le vendredi 13 avril 2001, Bernie Ecclestone réunit les onze team managers à Imola pour évoquer l'avenir de la SLEC, sa société détentrice des droits commerciaux de la F1. D'abord, il annonce avoir obtenu du président de la FIA Max Mosley la prolongation pour cent ans de la cession de ces droits. Comme celle-ci était déjà effective jusqu'en 2010, cela signifie que la SLEC conservera ce bien jusqu'en... 2110. Prière de ne pas rire. Plus sérieusement, Ecclestone confirme que le groupe Kirch ne va pas se contenter de racheter les parts d'EM.TV, mais prendra 75 % de l'actionnariat. Bien entendu, lui-même restera le « Grand Argentier » de la Formule 1 : à 71 ans, le milliardaire anglais ne songe aucunement à la retraite et déclare vouloir rester en place jusqu'à son centenaire !...


Cependant Ecclestone soulève la colère de l'Association des constructeurs (ACEA) qui soupçonne Kirch de vouloir réserver la diffusion des Grands Prix à ses propres chaînes à péage, notamment l'allemande Premiere World. Paolo Cantarella, directeur général du Groupe Fiat, a exigé des garanties à Leo Kirch au cours d'un entretien qualifié d'« houleux ». Le magnat allemand semble cependant désormais plus coulant et aurait assuré que les chaînes hertziennes gratuites (TF1, RTL, la RAI...) pourront toujours diffuser les Grands Prix. Mais la méfiance règne, d'autant que l'ACEA réclame à Ecclestone 35 % des parts de la SLEC, au nom des énormes investissements consentis par les grandes firmes en F1. « Il est anormal qu'une société, média ou autre, détienne 75% des droits TV. Il faut trouver un juste équilibre », tonne Norbert Haug au nom de Mercedes. Certains constructeurs brandissent l'ombre d'un championnat dissident s'ils n'obtiennent pas satisfaction... Mais Bernie Ecclestone connaît cette ficelle pour l'avoir maintes fois utilisée voilà vingt ans, lors de la guerre FISA-FOCA...


Présentation de l'épreuve

Ferrari joue à domicile en ce week-end pascal et souhaite renouer avec la victoire après son échec d'Interlagos. Michael Schumacher vise ainsi une troisième victoire consécutive à Imola. Par ailleurs, il peut égaler samedi le record des pole positions d'affilée (8) détenu par Ayrton Senna. Rubens Barrichello est aussi très attendu après un week-end brésilien marqué par des sorties fâcheuses, en dehors comme sur la piste. Le Pauliste a besoin de ressaisir. Il cherche cependant toujours à se démarquer de son équipier, et affirme que Bridgestone lui a préparé pour Imola un programme de pneumatiques différent de celui de Schumacher. Une information que personne ne confirmera, ni chez le manufacturier japonais, ni chez Ferrari.


Juan Pablo Montoya arrive en Italie auréolé de son exploit brésilien. Son hardi dépassement sur Michael Schumacher a fait le tour du monde, et le voilà déjà propulsé au rang de star de la discipline. « L'homme qui fait trembler la F1 » titre à son sujet un grand quotidien colombien. Montoya garde toutefois les pieds sur terre. Après tout, il n'a toujours inscrit aucun point... « Je me sens poussé par une grande force intérieure, dit-il. Mais mon premier objectif est de terminer un Grand Prix. Il me faut entrer dans une période positive sur le plan des résultats. » Les médias entourent aussi beaucoup son coéquipier Ralf Schumacher qui se rapproche sans doute de sa première victoire en Grand Prix. Pour cela, il lui faudra sans doute en découdre avec son frère aîné. Au Brésil, les deux Schumacher étaient partis en première ligne. Cela risque de se reproduire. Les journalistes font leur miel de ce futur combat fratricide. Ralf se démarque soigneusement de son aîné: « Au volant, je suis fils unique. Et Michael aussi, certainement. Je reconnais que j'ai passé ma vie à courir après lui. Maintenant, je veux le battre, c'est dans l'ordre normal des choses. » Michael joue le jeu avec un brin de malice: « En piste, je ne crains que mon frère ! » clame-t-il.


En vérité, si les Williams-BMW de Montoya et Schumacher cadet sont désormais des adversaires redoutables, le triple champion du monde craint en premier lieu les McLaren-Mercedes qui semblent en regain de forme depuis la victoire de David Coulthard au Brésil. « Tout commence ici pour nous, affirme Ron Dennis. Pour renouer avec la victoire, Mika Häkkinen doit donner le maximum. David Coulthard, hyper-motivé comme jamais, est apte à devenir champion du monde. » Le pilote écossais apparaît en effet comme le nouvel homme fort de McLaren en raison de sa victoire à São Paulo et du très difficile début de saison d'Häkkinen. « Je suis prêt à me battre, mais je n'ai pas de statut de leader, puisqu'il n'en existe pas dans l'écurie », tempère-t-il toutefois. Sachant cela, Michael Schumacher sort l'arbalète contre son « ami » Coulthard: « Mon adversaire n°1 est Häkkinen. Souvenez-vous qu'en 2000, David n'a pas tenu la distance sur toute la saison. »


Pour sa part, Mika Häkkinen apparaît encore plus distant et renfrogné qu'à l'ordinaire. Il assiste aux exhibitions promotionnelles l'air absent, sans le moindre sourire. D'évidence, le Finlandais n'est pas en confiance. Sa McLaren l'a déjà trahi deux fois cette année. Son abandon au Brésil sur la grille l'a meurtri. Il est dur pour un pilote de voir son équipier gagner une course dont on n'a pas parcouru un seul mètre... Ici, Häkkinen s'isole avec son épouse Erja et ne lâche que quelques bribes de phrases, dont une significative: « J'ai besoin d'un résultat probant pour croire en ma voiture. » Ron Dennis s'inquiète. Son ami Mika a-t-il encore toute sa motivation ? Comment aborder la question de l'éventuel renouvellement de son contrat ? En outre, le patron de McLaren a un autre grave souci en tête: son directeur technique, le surdoué Adrian Newey, est courtisé par Jaguar...


Le mercredi 11 avril, Luca di Montezemolo reçoit à Maranello Alain Prost, nouveau client du moteur Ferrari. Ce dernier souhaite déjà évoquer l'avenir, c'est-à-dire la saison 2002, et obtenir l'assurance de toujours bénéficier du V10 italien. Le président de Ferrari lui fait aimablement remarquer que Sauber, son autre client, a déjà inscrit 8 points en 2001 et que le score de l'équipe française est désespérément vierge. Certes, Jean Alesi a été proche d'inscrire un point au Brésil, mais... Alain Prost met en avant ses difficultés financières. Les investisseurs français ont disparu et son budget ne tient que grâce aux Diniz père et fils. Luca di Montezemolo se montre compréhensif, mais refuse de s'engager sur l'avenir. Il se contente de proposer à Prost de piloter la Ferrari de Michael Schumacher le jour prochain où ce dernier battra son record de victoires en Grand Prix (51)...


Ces incertitudes ne rehaussent le moral des Bleus. Certes, la nouvelle AP04 est bien meilleure que sa pitoyable devancière, mais elle reste toutefois à la traîne. Pis, au Brésil, sous la pluie, Jean Alesi avait la possibilité de rapporter à l'écurie son premier point depuis 1999, mais un pit-stop raté l'a mis à la merci de Giancarlo Fisichella qui lui a chipé la précieuse sixième place. Jean d'Avignon a peu goûté cette énième cafouillage. Après un an de galère, il ne dissimule plus son désarroi. À Imola, il confie à quelques journalistes français qu'il ne finira peut-être pas la saison avec Alain Prost. Ce dernier apprécie peu, et se demande si en effet il conservera Alesi dans un futur proche. Mais pour l'heure, Prost GP accueille un nouvel essayeur, Jonathan Cochet (24 ans), champion de France en titre de F3. Ce dernier rejoint Stéphane Sarrazin parmi les réservistes. Tous deux lorgnent sur un volant de titulaire, mais faute de budget...


Ce Grand Prix est l'occasion de faire le point sur la situation des deux Italiens du peloton, les frères ennemis Jarno Trulli et Giancarlo Fisichella. Tous deux guignent en fait pour 2002 le même baquet chez Benetton, future Renault, et il appartiendra à leur mentor commun Flavio Briatore de trancher. Déjà dans la place depuis 1998, Fisichella est sur la sellette en raison de ses performances irrégulières. Il espère toutefois que le point conquis de haute lutte à Interlagos lui vaudra plus d'indulgence. Quant à Trulli, il n'est que prêté à Jordan et veut devenir pilote officiel Renault en 2002 aux côtés de Jenson Button. C'est ce scénario qui a pour le moment les faveurs de Flavio Briatore et de Patrick Faure. À moins bien sûr qu'un plus grand nom n'apparaisse sur le marché. Par exemple, un Jacques Villeneuve las des errements de BAR...


La Formule 1 attire toujours beaucoup de monde en Italie, et ce marché génère des filous de plus ou moins grande envergure. On apprend ainsi qu'une imprimerie clandestine de faux billets d'entrée pour ce Grand Prix de Saint-Marin a été découverte à Salerne ! Les faussaires auraient réussi à écouler plusieurs milliers de tickets illégaux. Les organisateurs sont donc contraints de renforcer les contrôles à l'entrée de l'autodrome Enzo e Dino Ferrari pour traquer les fraudeurs.


Avec le retour de la Formule 1 en Europe, les gros semi-remorques et les motorhomes investissent de nouveau le paddock. On signale toutefois peu de nouveautés après les extravagances des années précédentes. La plupart des équipes se contentent de relier les auvents des autocars afin de créer un espace protégé des intempéries. Deux exceptions: Ferrari et McLaren-Mercedes qui font leur maximum pour filtrer la presse et éloigner les curieux. Par ailleurs, Ferrari inaugure un nouveau motorhome à deux étages comprenant notamment un bureau pour Jean Todt et des chambres pour les pilotes. Lorsque les journalistes français demandent à le visiter, ils s'attirent un refus très sec de Todt...


Les journalistes italiens s'intéressent beaucoup cette année à l'écurie Sauber, motorisée par Ferrari, grâce au podium décroché par Nick Heidfeld au Brésil. Lorsqu'on lui demande s'il est heureux de rouler avec un moteur flanqué du cheval cabré, le jeune Allemand prend ses interlocuteurs au dépourvu: « Oui, mais je suis surtout content de la fin de mon célibat ! » En effet, Peter Sauber avait interdit à ses deux jeunes pilotes d'emmener leurs compagnes sur les Grands Prix extra-européens ! C'est ainsi que Heidfeld présente à la presse sa petite amie, Patricia Papen. Kimi Räikkönen est pour sa part accompagné par Hanna Raivisto, une brune finlandaise presque aussi timide que lui.


Les motoristes apportent à Imola leurs premières grandes évolutions de l'année. C'est notamment le cas de Mercedes qui survitamine son V10 (délivrant officiellement 810 chevaux) afin d'approcher le rival allemand BMW (850 ch annoncés). « Les moteurs de Coulthard et d'Häkkinen sont les plus puissants jamais produits par Mercedes ! » claironne Norbert Haug. Lors d'une halte à Maranello, Michael Schumacher enjoint Paolo Martinelli, le motoriste en chef de Ferrari, de contrer cette double offensive allemande. Le V10 italien affiche pourtant quelques chevaux supplémentaires. Honda dynamise aussi son V10 RA001E (795 ch), destiné à BAR et Jordan. « C'est enfin le moteur dont j'avais besoin ! » s'enthousiasme Jarno Trulli. Jaguar dispose d'une version améliorée du moteur Ford-Cosworth destinée aux qualifications. Enfin, Renault apporte des améliorations à son fameux V10 à 110°, mais celui-ci accuse toujours un retard de 30 à 40 chevaux sur la concurrence. Giancarlo Fisichella ne cache pas son désappointement aux ingénieurs de Viry-Châtillon.


Les équipes ont aussi beaucoup retouché leurs bolides pour cette première étape européenne. Ferrari bénéficie ainsi d'étriers Brembo renforcés et de disques CCR mieux refroidis pour ce circuit très exigent avec les freins. Côté aérodynamisme, la F2001 se pare de nouveaux ailerons. À l'avant, on distingue des ailettes installées à l'intérieur des dérives latérales, une solution inspirée par Sauber. La McLaren MP4/16 est très remaniée, avec un lest plus important sur le becquet, de grands déflecteurs retravaillés, des suspensions, des écopes et un aileron arrière revus. Les attaches de suspensions sont renforcées après une défaillance vendredi sur la machine de Coulthard. Williams apporte un diffuseur inédit et soigne ses écopes et disques de frein fournis par Carbone Industrie. De plus, cette équipe fait preuve d'humour en installant sur le bord de fuite de ses ailerons arrière cette phrase sibylline: « Keep your distance ». Les FW23 ont été escaladées pas moins de quatre fois depuis le début de la saison... BAR lance une version B de sa 003, avec un resserrement de la « bouteille de coca » pour créer une grande partie plane de part et d'autre des pontons. Un nouvel aileron avant comprend des dérives ajourées pour détourner le flux d'air vers le centre de la voiture. À l'arrière, BAR recherche un maximum d'appui avec un nouvel aileron arrière et une mini-aile au-dessus de la prise d'air. La Benetton B201 reçoit une carrosserie allégée. Enfin, Arrows bénéficie d'un moteur Asiatech plus puissant, tournant désormais à 17000 t/m,


Michelin apporte de nouveaux pneus avant que Pierre Dupasquier annonce très performants, ainsi qu'un nouveau composé « intermédiaire », qui est en fait le premier vrai pneu mixte développé cette année par Bibendum. Auparavant, il s'agissait davantage d'un pneu pluie « tendre », dont on a pu mesurer à Interlagos la faible efficacité. Par ailleurs, Pascal Vasselon, bras droit de Dupasquier, prévient que Michelin ne peut pas uniquement se reposer sur Williams. Il faut des performances relativement homogènes pour évaluer et développer les produits. Le message est implicitement adressé à Jaguar qui devrait être le deuxième fer de lance du manufacturier français. « Resserrez l'écart avec les meilleurs ! » lance Vasselon à Niki Lauda. Lequel met la pression pour améliorer le V10 Ford-Cosworth, jugé plutôt faiblard...


Essais et qualifications

La pluie s'invite sur le circuit vendredi matin. Aussi, les premiers essais libres se déroulent sur une piste humide qui s'assèche au cours de la matinée. Les Ferrari dominent la journée et M. Schumacher réalise le meilleur temps (1'25''096''') devant Barrichello et R. Schumacher. Samedi, comme la veille la piste est détrempée au début des seconds essais. Les pilotes roulent en intermédiaires, et nouveau M. Schumacher est le plus rapide (1'30''737''').


La séance qualificative commence sous un ciel menaçant. M. Schumacher détient longtemps la pole, mais en fin de séance, les McLaren-Mercedes, munies de pneus tendres et de nouveaux réglages, prennent le commandement. Coulthard (1'23''054''') signe la pole et met fin (comme au Brésil) à la série victorieuse de Schumacher. Häkkinen (1'23''282'') complète une première ligne toute grise. R. Schumacher place sa Williams-BMW en troisième position. Montoya (7e) a perdu du temps vendredi à cause d'une casse moteur et est victime cet après-midi d'un travers dans la Variante Alta. Ferrari a choisi les pneus Bridgestone durs, ce qui expliquerait les performances médiocres de M. Schumacher (4e) et de Barrichello (6e). Trulli décroche une belle cinquième place avec sa Jordan-Honda. Son équipier Frentzen (9e) est gêné par Marques. Chez BAR, Panis (8e) devance Villeneuve (11e) qui a été lui aussi ralenti par le trafic, et s'agace d'être battu par son équipier.


Räikkönen hisse sa Sauber-Petronas en 10e position malgré quelques erreurs. Heidfeld (12e) est pénalisé par le trafic et un changement de réglages inadéquat. Irvine (13e) est déçu des performances de sa Jaguar-Ford. Burti (15e) subit un souci d'accélérateur. Alesi (14e) déplore le manque d'adhérence de sa Prost-Acer. Son collègue Mazzacane (20e) fait encore de la figuration. Chez Arrows-Asiatech, Bernoldi (16e) devance Verstappen (17e), contraint de se rabattre sur le mulet suite à des soucis électriques. Le jeune Alonso se met de nouveau en valeur avec le 18e temps au volant de sa très poussive Minardi. Marques (22e) déplore un déficit d'équilibre. C'est enfin la bérézina chez Benetton-Renault: Fisichella (19e) et Button (21e) se débattent avec une B201 aussi instable qu'anémique.


Le Grand Prix

Dimanche matin, Coulthard réalise le meilleur chrono (1'26''440''') du warm-up devant R. Schumacher et Häkkinen. Les tifosi s'inquiètent des piètres prestations de Barrichello (5e) et M. Schumacher (6e), mais ceux-ci testent de multiples réglages.


L'après-midi, le soleil est au rendez-vous et le mercure grimpe jusqu'à 30°C sur la piste. Le départ s'annonce crucial, puisque les pilotes placés du côté gauche de la piste auront un avantage sur ceux de la file de droite, où la piste est nettement plus sale. Tout le monde part pour deux arrêts, à l'exception de la Ferrari de Barrichello et des Jaguar qui ne doivent stopper qu'une seule fois.


Départ: Coulthard fait quelque peu patiner ses roues. R. Schumacher bondit depuis la deuxième ligne et déborde très vite l'Écossais avant le premier tournant. Également placé du côté propre de la piste, Trulli double Häkkinen à la corde du freinage. Mal parti, M. Schumacher est seulement cinquième.


1er tour: Montoya déborde Panis dans le bout droit reliant Rivazza à la Variante Bassa. R. Schumacher mène devant Coulthard, Trulli, Häkkinen, M. Schumacher, Montoya, Panis, Barrichello, Räikkönen et Villeneuve.


2e: R. Schumacher creuse un écart d'une seconde et demie sur Coulthard. Trulli est relégué à trois secondes et demie.


3e: M. Schumacher rencontre un problème de sélection de vitesses à la sortie de la dernière chicane. Montoya et Panis le doublent à la réaccélération.


4e: R. Schumacher est nettement plus rapide que Coulthard, repoussé à deux secondes et demie. Barrichello double à son tour M. Schumacher, relégué en huitième position.


5e: R. Schumacher précède Coulthard (3s.), Trulli (7s.), Häkkinen (8s.), Montoya (10s.), Panis (10.7s.), Barrichello (11.5s.), M. Schumacher (12s.), Räikkönen (13s.), Villeneuve (13.6s.), Frentzen (14.6s.) et Heidfeld (15s.).


6e: Alonso aborde la Variante Alta lorsque sa pédale de frein touche le plancher. Il heurte la seconde bordure, sort dans le gazon et écrase son flanc droit dans les piles de pneus. C'est fini pour le jeune Espagnol.


7e: Coulthard a repris quelques dixièmes à R. Schumacher. Häkkinen est bloqué derrière Trulli. Les Ferrari klaxonnent derrière Panis. Verstappen abandonne: un échappement défaillant fait surchauffer son circuit hydraulique.


8e: Coulthard est revenu à une seconde et demie de R. Schumacher. Barrichello déborde Panis par l'intérieur à Rivazza. Le Français est ensuite sous la menace de M. Schumacher, lui-même poursuivi par Räikkönen.


9e: M. Schumacher dépasse Panis au freinage de Rivazza, mais il a perdu beaucoup de temps sur Barrichello.


10e: R. Schumacher devance Coulthard (2s.), Trulli (12.2s.), Häkkinen (12.7s.), Montoya (15s.), Barrichello (16.5s.), M. Schumacher (19s.), Panis (20s.), Räikkönen (20.6s.) et Villeneuve (22s.).


12e: L'intervalle entre R. Schumacher et Coulthard fluctue entre une seconde et demie et deux secondes. Le rythme des deux leaders est bien supérieur à celui de toute concurrence. Häkkinen est dans les roues de Trulli sans pouvoir porter d'attaque. Montoya, Barrichello et M. Schumacher rattrapent ce duo.


14e: R. Schumacher mène devant Coulthard (2.1s.), Trulli (19.3s.), Häkkinen (20s.), Montoya (21.1s.), Barrichello (22s.), M. Schumacher (22.8s.), Panis (30s.), Räikkönen (31s.) et Villeneuve (34s.).


16e: R. Schumacher a deux secondes de marge sur Coulthard. À plus de vingt secondes roule le train comprenant Trulli, Häkkinen, Montoya, Barrichello et M. Schumacher. Räikkönen harcèle Panis pour la huitième place.


17e: R. Schumacher tourne en 1'26''503''' et repousse Coulthard à plus de deux secondes et demie.


18e: Le volant de Räikkönen se désolidarise de son moyeu après Tosa. Incontrôlable, la Sauber bifurque vers la gauche et s'écrase contre le mur. Plus de peur que de mal pour le jeune Finlandais qui sort rapidement de sa Sauber.


19e: Trois secondes et demie séparent R. Schumacher et Coulthard. Button est le premier pilote à ravitailler.


20e: R. Schumacher précède Coulthard (3.7s.), Trulli (26s.), Häkkinen (28s.), Montoya (29s.), Barrichello (30s.), M. Schumacher (31s.) et Panis (42s.). Button doit repasser chez Benetton car la pompe à carburant n'a pas fonctionné au tour suivant.


21e: R. Schumacher a repoussé Coulthard à quatre secondes. Fisichella, Alesi, Bernoldi et Marques effectuent leur premier pit-stop.


22e: Panis ravitaille et repart en douzième position, entre les Jaguar d'Irvine et de Burti.


24e: M. Schumacher rejoint le stand Ferrari à faible allure avec un pneu avant-gauche dégonflé. Une fois arrivé à destination, il reçoit du carburant et des pneus neufs (12.8s.). L'Allemand sombre au 17e rang.


25e: Trulli opère son premier pit-stop (9s.) et se réinsère derrière son équipier Frentzen. Häkkinen est ainsi débarrassé de l'Italien, mais il est menacé par Montoya.


26e: Désarroi chez les tifosi: M. Schumacher rentre aux stands pour abandonner car sa jante avant-gauche est trop endommagée. Arrêts pour Heidfeld et Mazzacane.


27e: R. Schumacher réalise le meilleur tour de la course (1'25''524''') et repousse Coulthard à plus de cinq secondes. Frentzen effectue son premier ravitaillement (8s.) et repart neuvième, derrière Irvine.


28e: Montoya opère son premier pit-stop (9.5s.) et reprend la piste à quelques encablures de Trulli. Panis n'arrive plus à passer les vitesses et repasse au stand BAR pour changer de volant.


29e: Coulthard fait halte chez McLaren pour ravitailler et changer de pneus (8.6s.). Il demeure deuxième. Montoya déborde Trulli par l'extérieur au freinage de Tamburello. Les deux pilotes franchissent la chicane côte à côte, et à la réaccélération le Colombien prend l'ascendant.


30e: R. Schumacher arrive chez Williams pour son premier ravitaillement (8s.) et garde facilement le commandement. Häkkinen effectue aussi un pit-stop (8.2s.) et ressort devant Montoya et Trulli. Barrichello se retrouve troisième. Arrêt aussi de Villeneuve. Mazzacane se gare avec un moteur en feu après la Variante Alta.


31e: R. Schumacher compte huit secondes et demie d'avance sur Coulthard. Le V10 Honda de Villeneuve explose après Tamburello. Le Québécois sort de son cockpit sans cacher sa mauvaise humeur. Il court toujours après son premier point en 2001...


32e: Barrichello fait le forcing pour garder sa troisième place après ce qui doit être son unique ravitaillement. Il compte 20 secondes d'avance sur Häkkinen. Irvine effectue son seul pit-stop.


33e: Barrichello est chez Ferrari pour son seul pit-stop (7.8s.) et reprend la piste devant Häkkinen et Montoya. Burti ravitaille. Fisichella rentre à son garage avec un moteur coupé. L'Italien était seulement 14e.


34e: R. Schumacher mène devant Coulthard (10.3s.), Barrichello (40s.), Häkkinen (43s.), Montoya (46.5s.), Trulli (52s.), Frentzen (1m.), Heidfeld (1m. 03s.), Irvine (1m. 16s.) et Alesi (-1t.).


36e: R. Schumacher imprime un rythme élevé et compte près de treize secondes d'avance sur Coulthard.


38e: Coulthard reprend quelques secondes à R. Schumacher qui rencontre du trafic. L'écart est tombé à neuf secondes.


39e: R. Schumacher devance Coulthard (9.5s.), Barrichello (37s.), Häkkinen (41s.), Montoya (48s.) et Trulli (1m. 01s.).


40e: L' écart se stabilise entre R. Schumacher et Coulthard. Barrichello sème Häkkinen. Seconds arrêts pour Button et Marques.


42e: Coulthard concède maintenant onze secondes au cadet des Schumacher. Bernoldi subit son deuxième pit-stop.


43e: Trulli effectue son deuxième ravitaillement, puis repart derrière Frentzen et Heidfeld. Irvine se range dans la pelouse avec un moteur fumant après la Variante Alta.


44e: Coulthard réalise son meilleur chrono de la journée (1'25''569'''), mais il concède toujours dix secondes à R. Schumacher. Barrichello est à 40 secondes de ce dernier.


45e: Frentzen ravitaille une seconde fois (8.7s.) et repart huitième.


46e: Coulthard effectue son second pit-stop (9s.) et demeure deuxième, une dizaine de secondes devant Barrichello. Second arrêt aussi pour Heidfeld qui se retrouve derrière les Jordan.


47e: R. Schumacher revient chez Williams pour un deuxième ravitaillement (8.2s.) et reste en tête, dix secondes devant Coulthard. Häkkinen effectue lui aussi son second pit-stop (7.5s.). Deuxième arrêt d'Alesi.


48e: Barrichello effectue son deuxième pit-stop (8.2s.) et repart troisième. Montoya arrive aux stands, ravitaille puis cale au redémarrage. Le Colombien n'arrive pas à enclencher la première et met plus d'une minute à repartir. Pendant ce temps-là, ses freins se sont consumés...


49e: Häkkinen perd beaucoup de temps derrière Burti qui est en bagarre avec Alesi pour la 9e place. Mécontent, le Finlandais double le pilote Jaguar au forceps avant la chicane haute. Panis effectue un troisième arrêt et repart juste devant Burti et Alesi.


50e: R. Schumacher précède Coulthard (12s.), Barrichello (38s.), Häkkinen (47s.), Trulli (1m. 18s.), Frentzen (1m. 26s.), Heidfeld (-1t.) et Panis (-1t.). Button passe par la pelouse à la Variante Alta. Montoya rentre au garage et renonce, son embrayage ayant rendu l'âme.


52e: Alesi dépasse Burti qui peine à sélectionner ses rapports. Le Brésilien ralentit considérablement, avant que sa boîte ne se remette à fonctionner.


54e: R. Schumacher compte neuf secondes de marge sur Coulthard. Marques abandonne après la rupture d'une canalisation d'essence.


56e: R. Schumacher précède Coulthard (7.4s.), Barrichello (36s.), Häkkinen (42s.), Trulli (1m. 22s.), Frentzen (1m. 29s.), Heidfeld (-1t.), Panis (-1t.), Alesi (-1t.) et Bernoldi (-1t.).


58e: R. Schumacher perd un peu de temps derrière Burti auquel il prend un second tour. Son avance sur Coulthard tombe à six secondes. Häkkinen remonte un peu sur Barrichello qui a levé le pied.


59e: Schumacher prend un tour à Frentzen. Coulthard a doublé Bernoldi et Burti, et revient à cinq secondes du pilote Williams.


61e: Six secondes séparent R. Schumacher et Coulthard. Häkkinen est revenu à quatre secondes de Barrichello.


62e et dernier tour: Ralf Schumacher remporte son premier Grand Prix devant Coulthard et Barrichello. Häkkinen se classe quatrième. Trulli (5e) et Frentzen (6e) apportent trois points à Jordan-Honda. Heidfeld, Panis, Alesi, Bernoldi, Burti et Button rejoignent aussi l'arrivée.


Après la course: si ce n'est toi...

Pour la première fois, deux frères figurent au palmarès des vainqueurs de Grands Prix. Michael Schumacher donne évidemment une chaleureuse accolade à son petit frère. Par ce succès, ce dernier acquiert définitivement une légitimité que certains lui déniaient encore. Ralf Schumacher a dû en effet se battre pour se faire un prénom. D'abord durant son adolescence, contre son propre père Rolf qui voulait le dissuader de suivre les pas de son aîné. Puis, contre tous ceux qui l'accusaient d'être arrivé en F1 par la seule grâce de son patronyme. Il est vrai aussi que son caractère austère, voire hautain, ne l'a pas rendu très populaire auprès des journalistes. Mais Eddie Jordan puis Frank Williams ne se sont pas trompés sur le talent de l'autre Schumacher, qui apparaît à 26 ans comme un pilote accompli et le leader d'une équipe Williams-BMW revenue au sommet de la F1. Sa première victoire est ainsi un modèle du genre: surgi en tête au premier virage, il a mené la course de bout en bout, sans trembler. « Quand je me suis retrouvé devant au premier virage, je n'y croyais pas, raconte-t-il. La course m'a paru très longue. Je n'ai commencé à penser à la victoire qu'à une quinzaine de tours de la fin. Je me suis dit alors que j'allais trop vite en besogne. Je n'y ai resongé qu'à trois tours du but. Ces trois tours-là me parurent une éternité ! » Cette démonstration lui autorise en outre des ambitions. Au fond, avec 12 points après quatre courses et une Williams-BMW très performante, tous les espoirs lui sont permis: « Tout le monde a énormément travaillé chez Williams, et cela commence par payer. Et ce n'est qu'un début, de nombreux développements doivent apparaître. On verra... »


La victoire de Ralf Schumacher signe aussi un triple retour au sommet. C'est la première victoire de Williams depuis le 28 septembre 1997 (avec Jacques Villeneuve au GP du Luxembourg), de BMW depuis le 12 octobre 1986 (avec Gerhard Berger au GP du Mexique) et de Michelin depuis le 21 octobre 1984 (avec Alain Prost au GP du Portugal). Chez Williams, l'exubérance est bien sûr contenue. « Je crois que nous avons bien fait de miser sur Ralf ! » glisse Frank Williams avec un malicieux sourire. Patrick Head a toutefois la surprise d'être assailli par les demandeurs d'autographes. Le bourru copropriétaire de l'équipe n'est pas habitué à pareille popularité. Par contre, chez BMW, on se flatte de triompher après seulement 21 Grands Prix alors qu'il avait fallu deux ans à Mercedes pour triompher avec McLaren ! « Nous réservons encore beaucoup d'autres surprises », sourit Mario Theissen.


Michelin n'aura donc attendu que quatre Grands Prix pour remporter une victoire. Une réussite totalement inattendue, saluée comme il se doit par Ralf Schumacher: « Ces pneus sont vraiment fantastiques, surtout dans des conditions de course telles qu'aujourd'hui. Ce que Michelin a réalisé en si peu de temps est extraordinaire. » Le drapeau à damier venait à peine de s'abaisser qu'Édouard Michelin téléphonait à Pierre Dupasquier pour le féliciter. Le représentant de Bibendum est évidemment ravi: « Ralf nous a donné un joli numéro de funambule. Il avait une meute de Bridgestone à ses trousses. Nous avons pas mal travaillé, je pense. Nous savions depuis le Brésil que nous étions compétitifs, mais remporter une victoire pour notre quatrième Grand Prix était inimaginable il y a encore deux mois. Décider de revenir en F1 fut une décision très courageuse de notre part, et ce succès prouve qu'elle n'était pas infondée. » Prudent, Dupasquier estime cependant que Michelin a profité d'une erreur de Bridgestone qui se serait fourvoyé dans ses choix de pneus pour ce week-end. Une hypothèse corroborée par les plaintes des pilotes Jordan Jarno Trulli et Heinz-Harald Frentzen qui dénoncent l'effondrement de leurs gommes japonaises dans le dernier relais.


David Coulthard n'a pas converti sa pole position en victoire, mais il pourrait se satisfaire de cette deuxième place qui lui permet de rejoindre Michael Schumacher en tête du championnat (26 points chacun). Néanmoins, le clan McLaren est morose ce dimanche soir. Les évolutions apportées à la MP4/16, si elles ont permis de dominer les qualifications, n'ont pas donné satisfaction en course. Coulthard n'a jamais menacé sérieusement la Williams de Ralf Schumacher. « J'ai fait patiner mes roues au départ et Ralf en a profité pour me passer, narre-t-il. Après, j'ai essayé de m'accrocher à lui, mais il n'y avait rien à faire. Il allait si vite au début que j'ai cru qu'il avait une stratégie à cinq ravitaillements ! Mais plus le temps passait, plus je me rendais compte qu'il ne s'arrêterait pas davantage que moi. J'ai compris que c'était perdu. » Coulthard est en outre mécontent du comportement de sa McLaren et des Bridgestone: « Les pneus n'étaient pas constants et j'ai eu beaucoup de mal à maintenir la voiture. De ce point de vue, ce fut le Grand Prix le plus difficile depuis le début de la saison. Je peux même m'estimer heureux de ramener six points. » Quant à Mika Häkkinen, il a perdu beaucoup de temps derrière Jarno Trulli en début de course et doit se contenter de la quatrième place. Quatre courses, quatre points, voilà un bien maigre bilan pour un prétendant au titre.


En outre, Mercedes encaisse une défaite symbolique face à son rival allemand BMW. Pendant que Mario Illien vient sportivement féliciter son homologue Mario Theissen, Jürgen Hubbert et Norbert Haug s'isolent pour des échanges confidentiels. Ils doivent se rendre à l'évidence: le V10 à l'Étoile rend encore trop de chevaux au BMW. Il faut y remédier. Chez McLaren, Mansour Ojjeh joue la carte de l'optimisme: « Nous sommes redevenus compétitifs. Nous visons le championnat. » Ron Dennis es montre quant à lui très fair-play: « Comme tout le monde le sait, j'entretiens des relations d'amitié avec Frank Williams. Son équipe a réalisé un travail extraordinaire. Nous détestons perdre, mais quitte à être battus, autant que ce ne soit pas des amis ! » De son côté, Martin Brundle, agent de David Coulthard, entend toucher deux mots à Ron Dennis. Maintenant que son protégé est co-leader du classement des pilotes, il serait peut-être bon de revoir la politique de stricte égalité entre Häkkinen et Coulthard...


Les tifosi quittent les tribunes et la colline de Rivazza fort marris. Un Schumacher a gagné, mais ce n'est pas celui qu'ils attendaient. Ferrari est passée totalement à côté de son week-end à domicile. Michael Schumacher ne s'étend guère sur un dimanche désastreux: « J'ai eu un problème momentané avec ma boîte de vitesses, mais de toute façon, ce n'était pas mon week-end, soupire-t-il. La course a été difficile, et tout s'est terminé par un problème que nous n'avons pas vraiment identifié, mais qui semble lié à la carrosserie de la roue avant-gauche. » Apparemment, l'Allemand avait déjà rencontré un souci de ce type lors des essais du GP d'Australie. Déçu, il préfère féliciter son petit frère vainqueur. « Nos parents peuvent être fiers de nous ! » lance-t-il avant d'aller faire la fête avec Ralf. Et c'est donc Rubens Barrichello qui a sauvé la mise des Rouges avec une troisième place assez satisfaisante, puisqu'il partait seulement sixième, sur la partie sale de piste. « J'ai raté mon envol, constate-t-il. Mais ensuite, ma voiture était très bien, très rapide. Malheureusement, il est très difficile de dépasser sur ce circuit. » Pour Ferrari, malmenée par McLaren et Williams depuis deux courses, le Grand Prix d'Espagne sur le circuit-référence de Catalogne s'annonce donc décisif.


Sources :

- Luc Domenjoz, L'année Formule 1 2001-02, Chronosports Editions, 2001

- Renaud de Laborderie, Le Livre d'or de la Formule 1 2001, Paris, Solar, 2001

- Sport auto, mai 2001

- Auto hebdo, 18 avril 2001

Tony