Disqualification confirmée pour D. Coulthard
Guerre FIA - UE: le chantage de Mosley
La chasse aux puces (suite)
En plein conflit avec la Commission européenne qui accuse la FIA d'abus de position dominante, Max Mosley engage un nouveau champ d'action : l'électronique. Le président de la fédération part en guerre contre les « puces » trop intelligentes utilisées depuis 1999 par certaines équipes. En clair, des antipatinages illégaux seraient présents sur plusieurs bolides. Mosley évoque même avec certitude la culpabilité d'une équipe « qui n'était pas en lice pour le titre mondial en 99 »... Il annonce en tout cas que dès Silverstone le régime moteur ne pourra être surveillé que via un seul paramètre au lieu de deux, tandis que le poussoir commandant le limitateur de vitesse dans les stands sera supprimé. Les experts de la FIA pensent que c'est cette commande qui permet aux ingénieurs de contrôler à distance les monoplaces, et d'actionner notamment le fameux antipatinage. Mosley précise que des logiciels présentent des cartographies permettant de s'adapter à tous les types de situation et de réduire au maximum le patinage des roues motrices.
Plus généralement, les logiciels embarqués peuvent aujourd'hui faire varier de multiples paramètres (températures, pression d'air, régime, position des papillons, allumage, injection...). Afin de parer à toute triche éventuelle, la FIA ordonne de réduire de 30 à 5 % le degré de variation de ces éléments. La plupart des écuries déplorent comme bien souvent une décision frappant tout le monde pour piéger seulement un ou deux coupables. Quant aux spécialistes de l'électronique, comme les représentants de Magneti-Marelli, ils n'affichent pas d'inquiétude particulières, tout en précisant que suite à ces ajustements, quelques bugs pourraient ça et là intervenir...
Présentation de l'épreuve
Forts de leurs deux succès à Melbourne et São Paulo, Michael Schumacher et Ferrari souhaitent évidemment réaliser la passe de trois à Imola afin de combler les tifosi, surexcités par cet excellent début de saison. Mais Jean Todt entonne, inlassable, son refrain habituel: il ne faut pas s'emballer, la saison est encore très longue, McLaren représente toujours une lourde menace etc. Ross Brawn tient le même langage : « La crise ne va pas se prolonger à l'infini chez McLaren. Nous devons nous concentrer sur deux points: améliorer la compétitivité aux essais et mieux utiliser la voiture en course. » Il est vrai que tout n'est pas rose chez les Rouges. Huit jours avant le GP de Saint-Marin, Michael Schumacher n'a pas pu rouler lors d'essais à Fiorano à cause d'une panne. Mais les fans de la Scuderia débordent d'optimisme: « Schumi » va gagner à Imola, comme l'année précédente !
McLaren aborde ce Grand Prix de Saint-Marin avec un score nul et vierge, une première depuis la saison 1994. La disqualification de David Coulthard au GP du Brésil a été confirmée quelques jours plus tôt, à la grande colère de Ron Dennis. Mais le plus désappointé est bien Mika Häkkinen, frappé par deux pannes en deux courses, et qui concède déjà vingt points à Michael Schumacher. Le double champion du monde du titre a exprimé son amertume dans un hebdomadaire finlandais: « Je savais que ce serait une saison difficile, mais je n'imaginais pas pareil scénario. A la pression s'ajoute un sentiment d'impuissance. Je suis réellement stressé. » Ces propos alarmistes irritent Ron Dennis, mais surtout Norbert Haug, car les défaillances rencontrées jusqu'ici par Häkkinen concernaient le moteur Mercedes. En Émilie-Romagne, les deux hommes s'expliquent en tête à tête pendant une heure. Devant la presse, Haug rejette toute incrimination du nouveau V10 Mercedes-Ilmor. « Depuis 1999, il a perdu du poids, mais pas de la puissance », assène le représentant de la firme à l'étoile. Häkkinen se garde pour sa part de formuler toute critique publique. En revanche, pour la petite histoire, Haug lui reproche d'avoir acheté et offert à son épouse Erja... une Ferrari 360 Modena.
Ce Grand Prix de Saint-Marin ne sera pas couvert par la presse italienne en raison d'une grève générale opposant les journalistes aux éditeurs. Par conséquent, la majorité des journalistes transalpins plient bagages dès le vendredi. Quant aux retransmissions télévisées hertziennes et numériques, elles s'effectueront sans le moindre commentaire.
Alors que Max Mosley a placé le GP de Saint-Martin sur la liste des courses destinées à disparaître dans les années à venir, Bernie Ecclestone reçoit des mains du maire d'Imola le « griffon d'or », la plus haute distinction municipale. L'édile rappelle que le Grand Argentier a placé le circuit émilien au calendrier du championnat du monde il y a tout juste vingt ans, permettant à la petite cité de 70 000 habitants d'accéder à une renommée mondiale. Pour sa part, l'organisateur du Grand Prix Enrico Bendinelli se dit persuadé que son « ami » Ecclestone sauvera l'étape d'Imola et assure que les négociations pour la prolongation du contrat vont bon train...
Avec la saison européenne réapparaissent les énormes motor-homes des différentes écuries. Ceux de Ferrari, McLaren-Mercedes, BAR et Benetton sont les plus majestueux. La paire BMW-Williams, associée à son sponsor Compaq, présente deux motor-homes à étage flambant neufs, dominant toute concurrence. La commande provient de BMW, car Frank Williams la juge dispendieuses: « Avec le budget consacré à cette opération, nous aurions pu approfondir certains détails techniques » lâche cet éternel puriste. Toujours est-il que ces hospitalités prennent de plus en plus de place et contraignent les pilotes qui voudraient prendre leurs aises à aller voir ailleurs. Jacques Villeneuve et David Coulthard ne peuvent ainsi garer leur propres motor-homes dans le paddock d'Imola.
Comme l'an passé, les pilotes de Formule 1 disputent à Faenza un match de football caritatif, cette fois-ci en faveur de la Croix-Rouge italienne. Leur équipe, entraînée par Giancarlo Minardi, l'emporte deux buts à un contre une sélection de sportifs italiens. Sur le terrain, le capitaine Michael Schumacher côtoyait notamment Giancarlo Fisichella, Jarno Trulli, Rubens Barrichello, Luca Badoer, Jean Alesi, Olivier Panis, Alexander Wurz, Emmanuele Pirro et Riccardo Patrese. 60 millions de lires sont rassemblées grâce à cet événement.
Entouré de deux pin-ups court-vêtues, spécialement conviées par Eddie Jordan, Heinz-Harald Frentzen déguste un gâteau célébrant son centième Grand Prix de Formule 1. L'Allemand a cependant un peu la tête ailleurs car son épouse Tanya est restée à Monaco pour mettre au monde leur première fille, Lea. Eddie Irvine célèbre également ici son « centenaire » et arbore un polo sur lesquels figurent les noms des trois écuries qu'il a connues: Jordan, Ferrari et Jaguar. L'Irlandais est si joyeux qu'il se permet quelques commentaires aimables à l'égard de Michael Schumacher. Au rayon des mondanités, Jarno Trulli reçoit ce week-end le Prix Lorenzo Bandini récompensant le meilleur espoir italien de l'année écoulée.
L'entité Prost-Peugeot s'enfonce dans la crise. Lors des récents essais menés à Silverstone puis à Barcelone, les AP03 se sont montrées un peu plus fiables, mais toujours très lentes. En coulisses, il se murmure qu'Alain Prost s'apprête à limoger le directeur technique Alan Jenkins, jugé responsable de ce désastre. Mais l'ex-champion français réserve ses flèches à son motoriste. Lors d'une interview accordée à Cédric Voisard pour Le Figaro (8 avril), il qualifie de « nul » le nouveau V10 Peugeot A20. On imagine les réactions à Vélizy... A Imola, Corrado Provera évite astucieusement de riposter et préfère s'extasier sur les performances des Peugeot 206 en WRC. Sa tactique est limpide: pousser Prost dans ses retranchements afin qu'il apparaisse aux yeux de l'opinion publique comme le principal responsable d'une rupture inévitable. Dans un registre plus léger, Prost GP est en outre privée de son meilleur ouvrier: le célèbre cuisinier Luigi Montanini, dit « Pasticcino », le roi des pâtes, s'est cassé la malléole mardi en installant les motorhomes...
Le début de saison de Jaguar Racing est incontestablement décevant. Ni Eddie Irvine ni Johnny Herbert n'ont jusqu'ici rallié une seule fois l'arrivée, et la belle monoplace verte s'avère aussi fragile que capricieuse. Selon quelques journalistes « bien informés », les deux pilotes auraient du mal à collaborer. Habitué au cocon Ferrari, Irvine est peu à l'aise dans le rôle - inédit pour lui - de « leader » d'une une équipe en pleine restructuration. Quant à Herbert, plus rapide que son équipier lors des essais hivernaux, il souffre de la comparaison depuis le GP d'Australie. Sa position pourrait être menacée par l'essayeur brésilien Luciano Burti, un protégé de Paul Stewart qui a réalisé en 1999 une belle saison en F3 britannique. En parallèle, une rumeur veut que Heinz-Harald Frentzen, déçu par les performances de Jordan en ce début 2000, aurait signé un précontrat avec Jaguar pour 2001...
La Ferrari F1-2000 arbore ici un aileron arrière plus chargé. Elle possède en outre des écopes de frein construites dans un matériau plus résistant à la chaleur. Comme la Scuderia, McLaren rajoute un profil à son aileron arrière pour ajouter de l'appui et teste aussi de nouvelles écopes. La Jordan EJ10 reçoit une carrosserie élargie entre les roues et le capot moteur. La Williams-BMW est dotée d'un nouvel aileron avant avec des dérives plus épaisses et incurvées. Sauber a évidemment révisé ses ailerons arrière après les incidents de São Paulo. Des renforts en carbone sont visibles. La Prost AP03 est munie de nouveaux déflecteurs et d'un aileron arrière inédit. Le V10 Peugeot est lui doté de trompettes d'admission à hauteur variable, un dispositif présent uniquement sur les blocs de qualifications. Chez Jaguar, les ingénieurs de Cosworth tentent de fiabiliser le système de lubrification, commun à a boîte et au moteur. La R1 est pourvue d'un profil d'extracteur et de déflecteurs modifiés. Enfin, Devis Chevrier, le représentant de Supertec (et donc de Renault Sport), annonce les débuts à Imola de deux évolutions destinées à Benetton et Arrows : la « Spec B » pour les qualifications et la « Spec A2 » pour la course.
Essais et qualifications
Vendredi, les premiers essais commencent par un temps frais et humide, avant que le soleil ne s'installe l'après-midi. Les Ferrari occupent les premiers rangs avec un meilleur chrono pour Schumacher (1'26''944'''). Samedi matin, Häkkinen (1'24''973''') devance M. Schumacher et Coulthard.
Quelques heures plus tard, M. Schumacher et Häkkinen se bagarrent pour la pole position. A 13h59, l'Allemand semble l'emporter (1'24''805'''), mais le Finlandais lui grille la politesse sous le damier (1'24''714'''). Häkkinen est d'autant plus heureux de cette 24e pole qu'il a peiné à régler sa McLaren-Mercedes. Coulthard (3e) concède trois dixièmes à son équipier après une faute à Rivazza. M. Schumacher (2e) pensait pouvoir décrocher la pole, mais lui aussi a légèrement glissé à Rivazza. Barrichello (4e) est en retrait au volant d'une Ferrari un peu instable. R. Schumacher fait sensation en hissant sa Williams en cinquième position et ce malgré une panne de contrôle d'accélération dans les derniers mètres. Une superbe performance pour le nouveau V10 BMW, sur ce circuit-test pour les moteurs. Button (18e) est plus en retrait, n'ayant de son propre aveu pas su prendre correctement les vibreurs. Les Jordan-Mugen-Honda (Frentzen 6e, Trulli 8e) sont décevantes et concèdent plus d'une seconde aux meilleurs. Irvine (7e) sauve une nouvelle fois les meubles pour Jaguar-Ford tandis que Herbert (17e) n'émerge pas, notamment à cause d'un échappement fêlé.
Villeneuve place sa BAR-Honda en 9e position, mais aurait fait mieux sans les drapeaux jaunes déployés suite à la panne de R. Schumacher. Zonta (14e) rencontre beaucoup de problèmes de fiabilité. Les Sauber-Petronas se montrent à leur avantage, malgré un manque de motricité pour Diniz (10e) et une dernière chicane systématiquement manquée par Salo (12e). Grosse désillusion du côté de Benetton: Wurz (11e) déplore un manque total de grip et Fisichella (19e) commet l'erreur d'opter pour les pneus durs. Les Arrows-Supertec sont ici peu véloces. De la Rosa (13e) visait le « top 10 » et Verstappen (16e) est ralenti par des problèmes de suspension arrière. Chez Prost-Peugeot, Alesi (15e) se débat avec une voiture inconduisible, notamment à cause d'une commande de boîte défaillante. Heidfeld (22e) prend la piste au dernier moment sur le mulet, son AP03 refusant de démarrer... Enfin, victime d'un accident le matin, Gené se rabat sur la Minardi de réserve, laquelle rencontre une avarie. Le Catalan doit attendre que Mazzacane (20e) se soit qualifié pour sauter dans sa voiture et arracher le 21ème temps.
Le Grand Prix
Häkkinen s'empare du meilleur chrono (1'27''418''') du warm-up devant Coulthard. A signaler une petite frayeur dans les stands lorsque M. Schumacher freine tard pour se garer à son emplacement et frôle son préposé au lève-vite. Mais plus de peur que de mal.
L'après-midi, la course se déroule sous les nuages, dans une atmosphère fraîche pour la saison. Le peloton est très divisé quant au choix des pneumatiques. La majorité, dont Häkkinen, sélectionne les pneus tendres. Mais Coulthard, les Ferrari et les Jaguar, ainsi que Button, Fisichella, Heidfeld et de la Rosa sont en gommes « médiums durs ».
Tour de formation: Heidfeld ne parvient pas à démarrer son moteur suite à un bogue électronique. Il se lance finalement après une réinitialisation, mais devra partir depuis la pit-lane, ce qui ne change rien puisqu'il était 22e sur la grille.
Départ: Häkkinen démarre parfaitement tandis que M. Schumacher patine et coupe la trajectoire à Coulthard. L'Allemand reste difficilement devant l'Écossais. Placé à l'extérieur, Barrichello déborde Coulthard au freinage de Tamburello. Gêné par ce dernier, R. Schumacher perd plusieurs positions. Heidfeld démarre des stands avec retard.
1er tour: Häkkinen mène devant M. Schumacher, Barrichello, Coulthard, Villeneuve, Trulli, Frentzen, Irvine, R. Schumacher et Salo.
2e: Häkkinen et Schumacher sont séparés par une seconde. Barrichello et Coulthard sont déjà repoussés à près de six secondes.
3e: Häkkinen et Schumacher tournent une seconde au tour plus vite que le peloton, relégué à sept secondes. Mazzacane part en tête-à-queue à la chicane Villeneuve. Le jeune Argentin, mal placé sur la bordure gauche, parvient à se relancer.
4e: Schumacher met la pression sur Häkkinen. Bloqué en cinquième vitesse, Frentzen sort dans les graviers à Rivazza. Il rejoint ensuite son stand et n'a d'autre choix que d'abandonner.
5e: Häkkinen est premier devant M. Schumacher (1.1s.), Barrichello (8.9s.), Coulthard (9.7s.), Villeneuve (12.6s.), Trulli (13.7s.), Irvine (14.8s.), R. Schumacher (17s.), Salo (17.5s.) et Verstappen (18s.).
6e: Le moteur de Button explose et le jeune Anglais échoue dans les graviers à la sortie de la chicane Villeneuve. Gené, qui le suivait de près, glisse sur l'huile répandue et exécute un tête-à-queue en sortant de l'enchaînement. Contrairement à Mazzacane un peu plus tôt, il ne pourra pas repartir.
7e: Schumacher roule à quelques dixièmes de Häkkinen. Les drapeaux jaunes sont déployés dans le premier secteur pendant que sont évacuées les voitures de Button et de Gené.
8e: Häkkinen accroît un peu son avance sur Schumacher qui n'a aucun intérêt à maltraiter ses pneus en restant dans le sillage de la McLaren. Barrichello contient pour sa part Coulthard, et ce malgré une ceinture déplacée qui lui meurtrit l'entrecuisse...
9e: Häkkinen précède M. Schumacher (1.5s.), Barrichello (13.3s.), Coulthard (14.1s.), Villeneuve (18.8s.), Trulli (19.9s.), Irvine (21s.), R. Schumacher (24s.), Salo (25s.) et Verstappen (26s.).
11e: Verstappen rencontre des vibrations sur sa roue avant-droite. Il passe aux stands, fait changer ses pneus et vérifier son Arrows, puis repart après près de deux minutes d'immobilisation.
12e: Häkkinen possède une seconde et sept dixièmes de marge sur Schumacher. Barrichello et Coulthard sont toujours roues dans roues. Un peu plus loin évolue un quintet Villeneuve - Trulli - Irvine - R. Schumacher - Salo.
14e: Häkkinen devance M. Schumacher (1.9s.), Barrichello (19s.), Coulthard (19.5s.), Villeneuve (27.2s.), Trulli (28.6s.), Irvine (30s.), R. Schumacher (32s.), Salo (33s.) et Zonta (37s.).
16e: Häkkinen est le plus rapide en piste (1'27''854'''). Schumacher roule à deux secondes du pilote McLaren. Trulli met la pression sur Villeneuve pour la cinquième place.
18e: Häkkinen mène devant M. Schumacher (2.6s.), Barrichello (24s.), Coulthard (24.7s.), Villeneuve (35s.), Trulli (35.5s.), Irvine (37s.), R. Schumacher (38.5s.), Salo (40s.), Zonta (46s.), Diniz (49s.) et Alesi (51s.).
20e: Häkkinen et Schumacher tournent encore une seconde au tour plus vite que leurs équipiers. Alesi effectue son premier ravitaillement. Heidfeld écope d'un « stop-and-go » de 10 secondes pour avoir dépassé les délais en cas de non-démarrage sur la grille.
21e: Trois secondes séparent Häkkinen et Schumacher. Verstappen bloque Alesi qui évolue pourtant deux tours devant lui. Irvine rencontre un court problème d'embrayage et doit laisser filer R. Schumacher et Salo entre Tosa et Piratella.
22e: Heidfeld subit son « stop-and-go ». Verstappen reçoit la même punition pour avoir ignoré des drapeaux bleus devant Alesi.
24e: Trulli et Irvine passent aux stands pour leur premier ravitaillement et ressortent dans cet ordre entre de la Rosa et Wurz. Premier arrêt aussi pour Mazzacane. Verstappen accomplit sa pénalité.
25e: Schumacher perd un peu de temps en prenant un tour à Alesi et concède maintenant quatre secondes à Häkkinen. Heidfeld abandonne suite à une chute de pression hydraulique.
26e: Coulthard remet de l'essence et des pneus neufs (9s.), puis repart derrière Salo. Diniz passe aussi aux stands. Alesi rejoint les stands à faible allure: un défaut de pression d'eau le prive d'accélérateur et de boîte, à l'instar de son coéquipier.
27e: Salo opère un premier ravitaillement et parvient à se relancer devant Trulli. De la Rosa fait escale chez Arrows alors qu'Alesi s'engouffre dans le garage Prost pour abandonner.
28e: Häkkinen et M. Schumacher entrent aux stands de concert ! Le ravitaillement du Finlandais dure environ huit secondes alors que l'Allemand reste immobilisé près de dix secondes. En toute logique, ils conservent leurs positions et restent devant Barrichello.
29e: Häkkinen compte quatre secondes et demie d'avantage sur M. Schumacher. Barrichello effectue son premier pit-stop (7.7s.) et reste devant Coulthard. Villeneuve ravitaille aussi (7.3s.) et se réinsère devant Salo et Trulli.
30e: R. Schumacher, brièvement troisième, se plie à son premier ravitaillement (8s.) et se glisse entre Villeneuve et Salo. Premier pit-stop aussi pour Zonta.
31e: Häkkinen a endommagé son plancher mais son rythme demeure très bon. Il précède M. Schumacher (4.5s.), Barrichello (36s.), Coulthard (36.8s.), Villeneuve (49s.), R. Schumacher (50s.), Salo (53s.), Trulli (57s.), Irvine (58s.) et Zonta (1m. 04s.).
33e: Häkkinen et Schumacher réalisent à peu près les mêmes chronos. Barrichello et Coulthard roulent toujours de concert. Herbert effectue son unique ravitaillement.
34e: Häkkinen perd un peu de temps en prenant un tour à de la Rosa. Schumacher revient à trois secondes et demie. Diniz attaque Zonta par l'extérieur à Tamburello et ne réussit qu'à mettre deux roues dans la poussière.
36e: Häkkinen devance M. Schumacher (4s.), Barrichello (39s.), Coulthard (39.6s.), Villeneuve (58s.), R. Schumacher (59s.), Salo (1m. 02s.), Trulli (1m. 08s.), Irvine (1m. 09s.), Zonta (1m. 19s.), Diniz (1m. 20s.) et Wurz (1m. 21s.).
38e: Quatre secondes et demie séparent les deux hommes de tête. Coulthard est dans l'ombre de Barrichello. Zonta exécute un tête-à-queue en sortant de la chicane Villeneuve. Il pirouette dans le sable et parvient à retrouver le bitume. Wurz passe chez Benetton pour subir son unique ravitaillement.
40e: Häkkinen devance M. Schumacher (4.5s.), Barrichello (41s.), Coulthard (41.7s.), Villeneuve (1m. 05s.), R. Schumacher (1m. 06s.), Salo (1m. 08s.) et Trulli (1m. 15s.). Anonyme 12e, Fisichella effectue son seul pit-stop.
41e: Häkkinen prend un tour à Diniz tandis que Schumacher améliore le record du tour (1'27''143'''). Deuxième arrêt pour Verstappen.
42e: Schumacher est revenu à trois secondes de Häkkinen. L'Allemand passe à l'attaque alors qu'il s'arrêtera après le Finlandais. La décision se fera aussi dans les stands entre Barrichello et Coulthard.
43e: Schumacher cravache et revient à deux secondes et demie de Häkkinen. Salo ravitaille une deuxième fois (8.6s.).
44e: Villeneuve ravitaille chez BAR (8s.) et se relance devant Salo. Deuxième pit-stop de Mazzacane.
45e: Häkkinen perd une à deux secondes suite à une brève coupure moteur. Puis il stoppe chez McLaren, remet de l'essence et chausse des pneus rodés (8.3s.). M. Schumacher a désormais la voie libre pour creuser un écart qui lui permettra de rester devant son adversaire après son pit-stop. R. Schumacher rencontre des problèmes de moteur et coupe la dernière chicane. Trulli et Irvine ravitaillent de concert. L'Italien se relance juste sous le nez de l'Irlandais. Seconds arrêts aussi pour Diniz et de la Rosa.
46e: Vingt secondes séparent M. Schumacher et Häkkinen. Irvine harcèle en vain Trulli. Deuxième arrêt pour Zonta. R. Schumacher doit abandonner suite à une chute de pression d'essence. Les deux Williams-BMW sont out.
47e: Barrichello et Coulthard effectuent ensemble leur deuxième pit-stop. L'arrêt dure huit secondes pour le Brésilien et sept secondes pour l'Écossais. Le stand McLaren étant situé juste devant celui de Ferrari, Coulthard profite de ces très légers avantages pour repartir un souffle devant le pilote Ferrari qui cède ainsi la troisième position.
48e: M. Schumacher fait le forcing. Il tourne en 1'46''887''' et repousse Häkkinen à vingt-deux secondes. Il entre aux stands en fin de tour. Coulthard a semé Barrichello.
49e: M. Schumacher fait halte chez Ferrari pour remettre un peu de carburant et des pneus neufs en seulement six secondes. Grâce à cet arrêt-éclair, le Baron Rouge ressort avec une nette avance sur Häkkinen. Trulli et Irvine sont même intercalés entre les deux leaders. Les tifosi exultent.
50e: M. Schumacher mène devant Häkkinen (3.7s.), Coulthard (45s.), Barrichello (50s.), Villeneuve (1m. 15s.), Salo (1m. 16s.), Trulli (-1t.), Irvine (-1t.), Diniz (-1t.), Wurz (-1t.), Herbert (-1t.) et Fisichella (-1t.).
51e: Häkkinen se débarrasse de Trulli et d'Irvine. Salo pourchasse Villeneuve pour la cinquième place. Victime d'un bris mécanique, de la Rosa bloque ses roues arrière dans la descente vers Piratella, pirouette et s'encastre dans la muraille de pneus.
52e: Häkkinen est revenu à moins de trois secondes de Schumacher. Ballotté dans son cockpit à cause de son harnais mal fixé, Barrichello réduit son rythme et laisse filer Coulthard. Une grue intervient à Piratella pour évacuer l'Arrows de de la Rosa.
54e: L'écart est stable entre Schumacher et Häkkinen. Tous deux reviennent sur Villeneuve et Salo, en bagarre pour la cinquième place.
55e: Schumacher prend un tour à Salo, puis à Villeneuve. Häkkinen reste derrière ces deux attardés.
56e: Häkkinen dépasse le duo Villeneuve - Salo, mais concède trois secondes et demie à Schumacher à la fin de ce tour.
57e: Häkkinen repart au combat et abaisse le record du tour (1'26''754''').
58e: M. Schumacher précède Häkkinen (2.6s.), Coulthard (49s.), Barrichello (1m. 12s.), Villeneuve (-1t.), Salo (-1t.), Trulli (-1t.) et Irvine (-1t.).
60e: Häkkinen réalise le meilleur tour de la course (1'26''623''') et revient à deux secondes du leader. Trulli se range dans le gazon suite à une panne de boîte de vitesses. Il roulait sans cinquième rapport depuis quelques tours.
61e: Häkkinen entame le dernier tour à une seconde et huit dixièmes de Schumacher.
62e et dernier tour: Michael Schumacher remporte sa troisième victoire consécutive avec un peu plus d'une seconde d'avance sur Häkkinen. Coulthard complète le podium. Barrichello finit quatrième après une course fort pénible. Villeneuve se classe cinquième devant Salo qui inscrit son premier point pour Sauber. Suivent Irvine, Diniz, Wurz, Herbert, Fisichella, Zonta, Mazzacane et Verstappen.
Après la course: Ferrari - McLaren, duel lancé
L'autodrome Enzo e Dino Ferrari chavire dans la liesse après ce succès de Michael Schumacher. « A Imola, je suis comme à la maison. Les Italiens m'ont adopté », glisse l'Allemand, qui s'autorise même à apaiser d'un geste la bronca destinée à Mika Häkkinen et David Coulthard... « C'est beau un podium Ferrari en Italie », soupire Rubens Barrichello, seulement quatrième. Pour cette cérémonie, c'est le très discret mais indispensable designer Rory Byrne qui reçoit le trophée des constructeurs. Le modeste Sud-Africain mérite bien cet honneur: sa F1-2000 vient de remporter les trois premiers Grands Prix de la saison, une première pour Ferrari depuis 1976 !
Comme l'an passé, Michael Schumacher l'a emporté ici grâce à un pari stratégique signé Ross Brawn. Le champion allemand a embarqué plus de carburant que Mika Häkkinen pour son second relais, ce qui lui a permis d'aligner après l'arrêt de celui-ci quatre tours - éclairs qui ont fait la différence. Schumacher est ressorti premier de son ultime halte aux stands. « Cela a été une course excitante et j'espère que les tifosi sont heureux de ce résultat, commente-t-il. J'ai pris un très mauvais départ avec énormément de patinage, mais je suis parvenu à garder la deuxième place. Notre stratégie a fonctionné. Les quatre derniers tours avant mon deuxième arrêt ont été le moment décisif. J'ai attaqué très fort. Peut-être n'avons nous pas fait le meilleur choix de pneus pour les conditions du jour. J'ai connu un moment terrible quand j'ai dû prendre un tour à Diniz. Il a essayé de me faciliter la tâche, mais j'étais placé au mauvais endroit et j'ai failli le heurter. A part ça, la course a été amusante. C'était comme une séance de qualification du début à la fin. Désormais, nous avons une solide position en tête du championnat, mais nous avons vu que ce sera un combat difficile contre McLaren. Il faudra pousser très fort, jusqu'à la fin. »
Jean Todt partage bien entendu la circonspection de son pilote: « Si McLaren avait adapté sa stratégie, nous aurions été en difficulté. C'est une victoire gratifiante, mais la plus ardue des trois remportées en ce début de saison. Nous devrons faire face à une très forte adversité avec McLaren et Mika Häkkinen. La voiture est bien née certes, mais cela ne suffit pas. Nous devons encore faire un pas en avant. Les chiffres obtenus en simulation et en soufflerie sont prometteurs, mais il faut les concrétiser sur la piste. En fait, avec quatorze épreuves à disputer, tout reste à faire... » Jamais content, ce monsieur Todt !... Ainsi, Ferrari a prévu un programme d'essais consistant avant le prochain rendez-vous de Silverstone: quatre jours d'essais à Fiorano puis à Vairano avec Luca Badoer, puis quatre nouvelles journées d'entraînement sur le circuit britannique pour Schumacher et Barrichello !
L'équipe McLaren-Mercedes a enfin ouvert son compteur en cette saison 2000, mais elle ne pavoise pas. Une série d'incidents a privé Mika Häkkinen d'un succès qui ne semblait pas devoir lui échapper. « Le seul point positif, c'est que j'ai terminé », soupire le champion en titre. « Juste avant ou après le premier ravitaillement, je ne me souviens plus, j'ai heurté une pièce métallique qui a endommagé mon fond plat. La voiture est devenue beaucoup plus difficile à conduire. Et puis, avant mon second ravitaillement, le moteur a coupé. Je ne sais pas combien de secondes j'ai perdu, peut-être trois ou quatre, et cela m'a fait perdre la course. Je suis extrêmement déçu pour tout le travail que nous avons effectué ce week-end. » Quant à David Coulthard, il termine troisième, mais a vécu presque toute la course derrière Rubens Barrichello: « Je me suis mis moi-même dans une situation difficile, car j'étais très près de Schumacher au premier virage pour tenter de le dépasser et j'ai été contraint de ralentir pour ne pas le toucher. Barrichello en a profité pour me passer. J'ai passé le reste de la course jusqu'au second ravitaillement derrière celui-ci. Je savais que j'étais plus rapide que lui et il fallait que je reste juste derrière en espérant être rappelé aux stands un ou deux tours plus tard. Et nous avons stoppé en même temps. Je remercie les gars de l'équipe qui ont fait un super boulot. »
Les deux copains Jacques Villeneuve et Mika Salo se sont offerts une belle bagarre en fin de Grand Prix pour la cinquième place. Ce combat a été remporté par le Québécois qui porte déjà à six le total de points de BAR-Honda en 2000. Villeneuve a roulé ici avec très peu d'appui, ce qui lui a permis de contenir Jarno Trulli, Ralf Schumacher et enfin Mika Salo. « Jacques est un excellent pilote qui ne commet pas la moindre faute, souligne ce dernier. Même si j'avais été plus rapide, je n'aurais jamais pu trouver l'ouverture. » Villeneuve attend désormais avec impatience Silverstone où Honda mettra en service une évolution de son V10 Honda. Satisfaction aussi chez Jaguar-Ford qui amène pour la première fois de la saison ses deux monoplaces à l'arrivée. Hélas, Eddie Irvine échoue à la porte des points... Voilà un bilan toujours plus positif que celui des Jordan, trahies par leur transmission. Et ne parlons pas des Prost- Peugeot...
Sources :
- Auto Hebdo, 11 avril 2000.
- Sport auto, mai 2000.
- Renaud de Laborderie, Le Livre d'or de la Formule 1 2000, Paris, Solar, 2000.
Tony