Häkkinen rentre de vacances
Au soir du Grand Prix de France, Ron Dennis a accordé quelques jours de vacances à Mika Häkkinen, épuisé par une première moitié de saison à la fois pénible et décevante. Le double champion du monde en titre n'a en effet conquis qu'une seule victoire lors des neuf premières courses, contre trois pour son équipier David Coulthard. S'il demeure malgré tout en lice pour le titre mondial, le Finlandais paraît en retrait du duel opposant son compagnon d'écurie à Michael Schumacher. Dans les salles de rédaction, les journalistes glosent sur sa démotivation supposée et certains se demandent si McLaren ne lui demandera bientôt de se mettre au service de Coulthard... Mais, fort d'un nouveau contrat pour 2001, Häkkinen arrive en Autriche avec des accus rechargés, comme il le confie à Patrick Camus (Auto Hebdo): « Cela fait quelques Grands Prix que j'entends les mêmes interrogations à mon sujet. ''Häkkinen doute, il a perdu sa motivation, il traverse une crise morale.'' Oui c'est vrai, j'étais fatigué après les premières courses de la saison et j'ai pris quelques vacances, à Monaco, à la maison. Le rythme de début de saison me faisait saturer. Les promotions, les essais... Je souhaite obtenir la plus grande constance morale possible, mais je ne crois pas cela faisable aujourd'hui sur une saison de F1. Personnellement, je suis relax. J'ai déjà vécu des moments pénibles ces deux dernières années, et je m'en suis toujours sorti. »
Häkkinen revient aussi sur sa rivalité avec son équipier David Coulthard: « Pour l'heure, il n'y a aucune raison de donner des consignes en faveur de l'un ou de l'autre. C'est certain qu'il n'est pas évident de se battre contre deux adversaires, surtout si l'un d'eux est son équipier. Mais j'ai l'expérience de deux titres gagnés qui me donne une approche différente, plus prudente, plus réfléchie. Je n'ai pas perdu une once de confiance en moi. » Il confie que son principal problème cette année fut de s'adapter à la conduite de la MP4/15: « Cette voiture est différente de celle de l'année dernière et je ne suis pas pleinement en confiance avec elle, surtout en qualifications. Les changements brutaux imposés à l'électronique m'ont aussi pénalisé. Avant, l'ordinateur de bord gérait la quantité d'essence entrant dans le moteur, selon divers paramètres. Aujourd'hui, il ne reste plus que l'accélérateur pour cela. Or mon pilotage est plus agressif que celui de Coulthard qui dose les gaz avec plus de précisions. Mais on y a travaillé. Le reste, ce ne sont que des polémiques et des inventions. » Serein, bientôt « père tranquille » (Erja est enceinte de quelques mois), Mika Häkkinen entend contredire dès ce week-end ceux qui l'ont un peu vite enterré...
Présentation de l'épreuve
Pendant que Häkkinen se ressource, McLaren réalise début juillet des essais privés au Mugello, afin de préparer le Grand Prix d'Autriche, le circuit toscan présentant certaines similitudes avec l'A1-Ring. Cette présence de l'équipe britannique étonne puisque le Mugello appartient à Ferrari ! Le président Luca di Montezemolo a toutefois donné son feu vert, en échange parait-il d'une somme d'argent substantielle... Les MP4/15 de David Coulthard et d'Olivier Panis côtoient ainsi pendant quatre jours les F1-2000 de Michael Schumacher et de Luca Badoer. Entre les Gris et les Rouges, la méfiance est absolue. Des cohortes de vigiles interdisent l'accès aux deux stands. Bridgestone apporte près de mille pneus pour ce vrai-faux duel. En vérité, Ferrari et McLaren consacrent la majeure partie de leur temps à des simulations de départ. Que Panis se montre plus rapide que Schumacher est a priori sans signification...
La tension est palpable entre David Coulthard et Michael Schumacher après la passe d'armes, virile et peu correcte, qui les a opposés à Magny-Cours. Voilà maintenant deux ans, depuis le GP de Belgique 1998, que les incidents se multiplient entre les deux hommes, souvent du fait, il faut bien le dire, de Schumacher. Ce dernier a ouvert les hostilités cette année en louvoyant devant l'Écossais au départ à Imola, manœuvre qu'il a réitérée dans la Nièvre. Cette hostilité est avivée par leur rivalité inédite dans la quête du titre mondial. En Autriche, Coulthard se tient coi dans un premier temps, avant de passer à l'offensive vendredi après-midi, lors du briefing des pilotes. « En France, Michael a pris un départ dangereux et irresponsable ! » lance-t-il, aussitôt relayé par ses alliés habituels Jacques Villeneuve (« Schumacher conduit toujours à sa guise, en méprisant les règles ! ») et Eddie Irvine. Schumacher se défend en prenant à témoin celui qu'il considère toujours comme son adversaire n°1, Mika Häkkinen: « J'ai eu de bonnes bagarres jadis avec Mika, toujours correctes, et en ce temps-là, David ne s'en plaignait pas. Je ne regrette rien de ma tactique de Magny-Cours et David ne gagne rien à me faire passer pour un type dangereux. » Schumacher ajoute qu'il avait le droit de changer de trajectoire, la FIA prenant des sanctions à partir de deux zigzags, ce qui est exact.
Cependant Mika Häkkinen se garde bien d'intervenir, de même que le directeur de course Charlie Whiting. Seul Jean Alesi prend la défense de son ami Schumacher. Après le briefing, l'Avignonnais essaie de convaincre le trio Coulthard - Irvine - Villeneuve que « Schumi » n'est pas un voyou. En vain. Les palabres sont âpres. « C'est impossible de se comprendre ! » lâche Alesi. Pour sa part, Schumacher tente de prendre de la hauteur. Il affirme que ces débats n'ont aucune importance, et ajoute au passage que ses rivaux dans le futur ne seront pas ses contempteurs, ni même Häkkinen, mais son frère Ralf et le jeune Jarno Trulli. « Pfff, il se cherche des alliés ! » ricane méchamment Jacques Villeneuve.
Alain Prost annonce un accord pour 2001 avec la société allemande UFA-Sport, une des filiales du grand groupe médiatique allemand Bertelsmann. Cette compagnie spécialisée dans le marketing offrira ses services à Prost Grand Prix, peut-être en échange d'une prise de participation à hauteur de 10 % du capital. Comme Prost a déjà cédé l'an passé 10 % de son entreprise à LVMH, certains se demandent s'il ne prépare pas tout simplement la vente de son écurie en pleine déconfiture. Ses déboires ne se limitent pas en effet au divorce annoncé avec Peugeot. Prost GP risque de perdre en 2001 ses principaux sponsors qui n'ont pas renouvelé leurs contrats, à savoir Gauloises Blondes, Pic et Agfa. En Autriche, d'aucuns annoncent que Prost annoncera son départ à Hockenheim ! « Si Alain s'en va, je me tire ! » lâche Jean Alesi, alarmé. En vérité, Prost cherche à financer l'achat d'un V10 Ferrari client qu'est désormais prêt à lui fournir son ami Jean Todt.
Pendant ce temps-là, Nick Heidfeld guette un moyen de quitter la galère bleue sur laquelle il s'est imprudemment embarqué. Le jeune Allemand, champion en titre de F3000, hâtivement qualifié par la presse d'outre-Rhin de « Schumacher n°2 », ne peut plus lier son image et son destin à une équipe de fond de grille dont les querelles intestines défraient la chronique. Il sait que sa carrière naissante est en jeu. Pour Heidfeld, la « grève » des ingénieurs de Peugeot en France fut la goutte d'eau. Son agent Werner Heinz lui cherche un autre volant pour 2001. Une piste mènerait Heidfeld chez Sauber, puisqu'il paraît désormais probable que Mika Salo va rejoindre le programme F1 de Toyota à compter de l'année prochaine.
L'annonce du retrait de Peugeot de la Formule 1 paraît imminente, mais le Lion prévoit de céder son V10 A20 à une société japonaise assez mystérieuse, baptisée AMT (Asian Motor Tecnics). Derrière celle-ci se dissimule en fait l'ingénieur argentin Enrique Scalabroni (ex-Williams, ex-Lotus) qui, grâce à des capitaux privés japonais, souhaite développer et commercialiser le moteur Peugeot, comme Flavio Briatore et Supertec l'ont fait avec l'ex-V10 Renault. L'accord Peugeot - AMT remonterait à l'hiver 1999-2000, ce qui en dit long sur la confiance régnant entre le motoriste français et Prost GP. Reste à savoir qui voudra du V10 ex-Peugeot en 2001 ? Quelques pourparlers ont eu lieu avec Minardi, mais la piste la plus sérieuse semble mener vers Arrows.
La réorganisation de Renault Sport se poursuit sous l'égide de Jean-Jacques His et certains se demandent si Bernard Dudot, l'autre ingénieur « historique » de Viry-Châtillon, va lui aussi rentrer au bercail. Ce n'est visiblement pas à l'ordre du jour, même si Dudot aurait des contacts avec Christian Contzen, directeur général de Renault Sport. Selon une source relayée par Sport Auto, les rapports entre His et Dudot, entre le « chercheur » et le « superviseur », n'ont pas toujours été harmonieux par le passé, et le premier ne souhaite pas retravailler avec le second... Du reste, Dudot est âgé de 61 ans et Renault recherche maintenant des cadres plus jeunes. Pour l'heure, l'ingénieur nancéien prend les rênes du département compétition de Magneti Marelli.
À 36 ans, Johnny Herbert dispute probablement sa douzième et dernière saison de Formule 1. Le vétéran anglais n'entre pas dans les plans de Jaguar pour 2001 et ses performances, médiocres depuis déjà deux ou trois ans, ne devraient pas lui ouvrir les portes d'une autre écurie. « Je vais sérieusement réfléchir à ce que je veux faire, confie-t-il. J'ai eu dix bonnes années en F1 et peut-être est-il temps de partir. Si je trouve un bon baquet, je resterai... mais cela n'en prend pas le chemin ! » Vainqueur au Mans avec Mazda en 1991, Herbert assume son éclectisme et dit lorgner désormais vers l'Indy Car.
Alexander Wurz vit son Grand Prix national dans un certain anonymat. L'Autrichien aux chaussures dépareillées dispute sans doute ses dernières courses au volant de la Benetton. Si son équipe occupe la troisième place du championnat des constructeurs, c'est en effet uniquement grâce aux 18 poins emmagasinés par Giancarlo Fisichella, Wurz affichant toujours un score nul et vierge... « Nous cherchons une alternative », lâche le directeur technique Pat Symonds. Certains annoncent l'arrivée prochaine du Brésilien Antônio Pizzonia dans la seconde Benetton. Fisichella est en revanche en confiance. Menacé par Flavio Briatore voici quelques semaines, ses podiums à Monaco et au Canada lui assurent son volant pour l'an prochain. « J'attends Villeneuve de pied ferme ! » clame-t-il, donnant foi aux rumeurs annonçant que le champion 1997 a déjà signé avec Benetton-Renault. En vérité, Villeneuve hésite toujours sur son avenir, et même envisage de plus en plus de rester chez BAR-Honda. « En 2001, il y aura Fisichella et Button chez Benetton ! » avance Jean Alesi, visiblement bien informé. Et en effet, Briatore négocie avec Frank Williams l' « emprunt » pour deux saisons du jeune prodige anglais...
Vendredi soir, Eddie Irvine se plaint de vives douleurs abdominales. Redoutant une crise d'appendicite, il déclare forfait et est rapatrié d'urgence en Grande-Bretagne. Jaguar le remplace au pied levé par son réserviste, le Brésilien Luciano Burti (25 ans), vice-champion de Formule 3 britannique en 1999. Celui-ci a fort à faire pour ces débuts inattendus, puisqu'il ne connaît pas l'A1-Ring et n'a jamais piloté la Jaguar avec un réservoir vide, comme il devra le faire en qualifications. Burti peut heureusement compter sur son compatriote Rubens Barrichello qui lui propose de rouler dans son sillage samedi matin, afin de lui montrer les bonnes trajectoires. Sympa ! Quant à Irvine, il s'avère finalement qu'il ne souffrait de rien d'autre que de banals maux de ventre. Certains iront jusqu'à glisser que l'Irlandais, excédé par les piètres performances de sa machine, a simulé une maladie diplomatique...
Ferrari apporte un nouveau châssis pour Schumacher, mais ce dernier n'en sera peut content et le mettra de côté pour la course. McLaren utilise sur l'ensemble du week-end son nouveau diffuseur arrière, aperçu à Magny-Cours. Jordan avait prévu d'amener une évolution aérodynamique, notamment au niveau des pontons, mais celle-ci n'a franchi le crash-test ! Les ingénieurs de Silverstone vont devoir revoir leur copie. La Benetton B200 reçoit deux gros déflecteurs derrière les roues avant, une nouvelle répartition du lest et des géométries de suspensions corrigées. Supertec présente en outre un V10 de qualifications vitaminé. Arrows se pare aussi de déflecteurs inédits derrière les roues antérieures. La Jaguar utilise la carrosserie type Monaco, agrémentée des déflecteurs écartés en France. La Prost AP03 est dotée de grandes dérives partant des pontons jusqu'à l'aileron arrière, solution inspirée par Sauber. Le V10 Peugeot Evolution 4 n'est toujours utilisé qu'en qualifications. La Sauber C19 arbore un nouveau profil dans la zone centrale de son diffuseur. Enfin, la Minardi est pourvue d'un nouvel aileron avant, au profil plus aplati.
Essais et qualifications
Les essais du vendredi se déroulent sous un ciel bas. Coulthard signe le meilleur temps de la journée (1'12''464''') devant Häkkinen qui a subi une panne de pompe à essence dans la matinée. Samedi matin, par temps froid (10°C), Häkkinen prend le pouvoir (1'11''336''') malgré un tête-à-queue. Coulthard et M. Schumacher le suivent sur la feuille des temps.
Deux courtes averses perturbent le début des qualifications, avant que le soleil ne s'installe. Häkkinen domine son sujet et réalise avec aisance la 25ème pole position de sa carrière (1'10''410'''). Coulthard (2e) joue son va-tout dans les derniers instants de la séance et commet plusieurs petites fautes. Il concède ainsi près de quatre dixièmes à l'autre McLaren-Mercedes. Surprise chez Ferrari: Barrichello (3e) devance M. Schumacher (4e) qui n'a pas su bien régler son nouveau châssis et commet un tête-à-queue. Chez Jordan, Trulli décroche dans les derniers instants un bon cinquième chrono. A contrario, Frentzen a usé ses cartouches plus tôt dans la séance et est relégué au 15e rang. Très en verve depuis le début du week-end, Zonta hisse sa BAR-Honda en sixième position, sa meilleure qualification depuis ses débuts en F1. Villeneuve (7e) le suit à deux millièmes. Fisichella (8e) endommage les nouveaux déflecteurs de sa Benetton sur les bordures. Handicapé par du sous-virage, Wurz (14e) ne brille pas sur ses terres.
Les Sauber-Petronas se mettent en évidence: Salo (9e) comme Diniz (11e) peuvent viser les points. La piste autrichienne convient bien aussi aux Arrows-Supertec de Verstappen (10e) et de la Rosa (12e). Heidfeld place sa Prost-Peugeot à une convenable 13e place tandis qu'Alesi (17e) ne sort guère la tête de l'eau. Encore des déboires chez Jaguar: victime d'un bris de suspension, Herbert se contente du 16e temps et le néophyte Burti, frappé d'une panne de boîte dans la matinée, décroche le 21e temps après avoir couvert un minimum de tours. Prestation catastrophique des Williams-BMW, frappées par un cruel manque d'adhérence. Malgré une panne de moteur, Button (18e) se qualifie devant R. Schumacher (19e). Gené place sa Minardi en 20e position à deux secondes « seulement » de la pole. Mazzacane (22e) est nettement moins véloce.
Le Grand Prix
Barrichello réalise le meilleur chrono du warm-up (1'12''480''') devant Coulthard et Häkkinen. Peu satisfait de sa voiture de course, M. Schumacher passe la majorité de la séance au volant du mulet et choisit finalement d'utiliser celui-ci pour le Grand Prix.
La popularité du Grand Prix d'Autriche se confirme avec une affluence record de 120 000 spectateurs. Au cœur de l'été, les fans de Michael Schumacher et de Mika Häkkinen affluent par caravanes et campent dans les prairies environnantes, ce qui crée une ambiance d'autant plus joyeuse qu'elle est arrosée de bière... La course se déroule sous quelques nuages, mais l'atmosphère est estivale. Suite à une chute de pression hydraulique, Burti s'élance depuis les stands avec le mulet Jaguar taillé pour Herbert, assez nettement plus petit que lui... La majorité du peloton a opté pour les pneus tendres, mais la Jordan de Frentzen, les Williams et les Arrows sont en pneus durs. Un seul arrêt est prévu par les concurrents, sauf Alesi et Mazzacane.
Départ: Coulthard prend un bon envol mais Häkkinen conserve néanmoins l'ascendant. M. Schumacher se porte à la hauteur de Barrichello. Mais derrière eux, Zonta rate son freinage et emboutit le train arrière de l'Allemand. La Ferrari part en tête-à-queue, puis est percutée de face par Trulli. Poussé par l'Italien, Barrichello vire au large dans le bac à graviers, de même que les BAR et les Prost. R. Schumacher est bloqué en pleine piste par Fisichella, envoyé contre le rail par Diniz avant le premier freinage. Ce dernier part en tête-à-queue au sommet de la côte.
1er tour: La voiture de sécurité entre en piste. Les commissaires interviennent pour évacuer les voitures de Schumacher, Trulli et Fisichella. Häkkinen devance Coulthard, Salo, de la Rosa, Verstappen, Herbert, Button, Barrichello, Frentzen et Gené. Diniz entre aux stands pour remplacer son aileron avant. M. Schumacher se précipite vers les stands en espérant un drapeau rouge.
2e: L'évacuation des trois bolides accidentés s'effectue promptement. Ainsi, non seulement la course ne sera pas interrompue, mais la Safety Car va s'effacer à l'issue de ce tour. Verstappen passe chez Arrows pour remplacer son museau, abîmé lors du départ.
3e: Le drapeau vert est agité. Les McLaren s'échappent aisément devant la Sauber de Salo et l'Arrows de de la Rosa. Barrichello et Frentzen dépassent Button.
4e: Häkkinen compte une seconde d'avance sur Coulthard. De la Rosa déborde Salo par l'intérieur au premier tournant et conquiert ainsi une troisième place tout à fait exceptionnelle pour sa modeste monture.
5e: Barrichello double Herbert au virage Castrol. Frentzen dépasse à son tour l'Anglais, mais un raccord de canalisation d'huile se rompt sur son moteur. Le lubrifiant se répand et l'Allemand s'évanouit dans une pirouette dans la courbe Jochen Rindt.
6e: Häkkinen précède Coulthard (1s.), de la Rosa (5s.), Salo (8s.), Barrichello (8.8s.), Herbert (11.8s.), Button (12.5s.), Gené (13.5s.), Wurz (14.5s.), Heidfeld (15.3s.), Alesi (16s.) et Villeneuve (17s.). Un tracteur évacue la Jordan de Frentzen.
8e: Barrichello déborde Salo par l'intérieur au virage de Remus. R. Schumacher fait changer son museau endommagé au départ.
9e: Häkkinen compte un peu plus d'une seconde d'avance sur Coulthard. De la Rosa roule à huit secondes du leader. Herbert emmène un peloton comprenant Gené, Wurz, Alesi, Heidfeld, Villeneuve et Zonta.
10e: R. Schumacher rencontre des ennuis de freins. Il reste immobilisé aux stands plus de huit minutes.
12e: L'écart est stable entre Häkkinen et Coulthard. Alesi déborde Wurz par l'intérieur à Schlossgold, mais la Prost survire. L'Avignonnais contre-braque, rattrape magistralement un début d'embardée et reste derrière l'Autrichien.
13e: Häkkinen devance Coulthard (1.5s.), de la Rosa (14s.), Barrichello (19s.), Salo (28s.), Herbert (30s.), Button (31s.), Gené (32s.), Wurz (34s.) et Alesi (34.8s.).
14e: Le moteur de Verstappen lâche dans la courbe Rindt. Le Hollandais regagne son stand pour renoncer.
16e: Häkkinen fait le trou et repousse Coulthard à trois secondes. Barrichello comble une partie de son retard sur de la Rosa, mais sa Ferrari est instable depuis sa sortie du premier tour. Alesi déborde Wurz au premier virage.
17e: Zonta et Diniz écopent chacun d'un « stop-and-go » de 10 secondes pour leur responsabilité dans les accrochages du départ. Les deux Brésiliens se plient à leur punition dans la foulée. R. Schumacher redémarre avec neuf tours de retard.
18e: Quatre secondes séparent désormais Häkkinen et Coulthard. Zonta et Diniz se sont intercalés entre les pilotes McLaren.
20e: Häkkinen mène devant Coulthard (6.5s.), de la Rosa (24.7s.), Barrichello (30.3s.), Salo (41.2s.), Herbert (44.2s.), Button (45s.), Gené (46.9s.), Alesi (47.5s.), Wurz (49s.), Heidfeld (50s.) et Villeneuve (51s.).
22e: Häkkinen possède huit secondes d'avance sur Coulthard qui a été un peu gêné par Zonta. Barrichello revient à cinq secondes de de la Rosa. Toutefois le Catalan, assez léger en essence, est aussi rapide que Coulthard !
24e: L'écart entre les pilotes McLaren atteint onze secondes. Alesi passe aux stands pour un premier pit-stop (8.4s.). Mazzacane ravitaille aussi.
26e: Häkkinen améliore le meilleur chrono (1'11''846''') et caracole en tête de l'épreuve, douze secondes devant son équipier.
27e: Häkkinen boucle son meilleur tour de la journée (1'11''837''').
28e: Häkkinen mène devant Coulthard (14s.), de la Rosa (35s.), Barrichello (39s.), Salo (55s.), Herbert (58s.), Button (58.5s.), Gené (1m. 01s.), Wurz (1m. 03s.), Heidfeld (1m. 04s.) et Villeneuve (1m. 06s.).
30e: Häkkinen rejoint le groupe Herbert et va prendre un tour à ses membres. Une inquiétante fumée bleuâtre s'échappe de l'Arrows de de la Rosa...
32e: De la Rosa rentre aux stands pour mettre pied à terre, de nouveau trahi par sa boîte de vitesses. Arrows voit ainsi s'envoler de très gros points... Barrichello grimpe au troisième rang.
33e: Häkkinen précède Coulthard (15s.), Barrichello (46s.), Salo (1m. 06s.), Herbert (1m. 08s.), Button (-1t.), Gené (-1t.), Wurz (-1t.), Heidfeld (-1t.), Villeneuve (-1t.), Burti (-1t.) et Alesi (-1t.).
34e: Victime de survirage, Wurz sort dans les graviers et se fait doubler par Heidfeld et Villeneuve.
36e: Häkkinen a pris un tour à Herbert, puis à Salo. Le Finlandais possède quinze secondes d'avance sur Coulthard. Il n'y a plus que deux bolides dans le même tour que lui. Villeneuve chasse Heidfeld pour la 8e place. Second ravitaillement de Mazzacane.
37e: Alesi commet une erreur et se fait doubler par les deux Brésiliens Diniz et Zonta, désormais inséparables.
38e: Häkkinen est premier devant Coulthard (16s.), Barrichello (47s.), Salo (-1t.), Herbert (-1t.), Button (-1t.), Gené (-1t.), Heidfeld (-1t.), Villeneuve (-1t.) et Wurz (-1t.).
39e: Häkkinen apparaît chez McLaren pour son ravitaillement (11s.). Coulthard recueille provisoirement le commandement. Heidfeld subit chez Prost son unique pit-stop et repart devant Alesi.
40e: Coulthard compte dix secondes d'avantage sur Häkkinen. R. Schumacher, relégué à près de dix tours, passe chez Williams pour de nouveau faire contrôler ses freins, puis pour ravitailler.
42e: Avec un réservoir allégé, Barrichello s'approche enfin des chronos des pilotes McLaren. Heidfeld (13e) ne s'écarte pas devant son équipier Alesi (14e) qui doit pourtant encore stopper. Burti ravitaille. Le débutant souffre de crampes puisqu'il conduit « le nez dans les jambes »...
43e: Coulthard exécute son pit-stop (9.5s.) et se réinsère derrière Häkkinen. Villeneuve prend la septième place à Gené. Au premier virage, Alesi décide de forcer le passage par l'intérieur contre Heidfeld. Mais le Français part de bien trop loin tandis que l'Allemand prend la corde sans contrôler ses rétroviseurs. Alesi harponne son équipier avec sa roue avant-gauche et les deux Prost-Peugeot atterrissent dans le bac à sable. Image consternante...
44e: Le drapeau jaune est agité au premier tournant. Une grue intervient pour évacuer les monoplaces bleues. Gené ravitaille (8.8s.) et se relance derrière Zonta. Arrêt aussi pour Diniz.
45e: Quinze secondes séparent Häkkinen et Coulthard. Barrichello roule à 18 secondes du leader. Salo fait halte chez Sauber (9s.) avant de repartir derrière Wurz.
46e: Barrichello a rejoint Coulthard mais il stoppe pour son ravitaillement (8s.). Le Brésilien reste troisième. Herbert effectue son unique pit-stop et ressort derrière Salo. Zonta passe aussi aux stands.
48e: Häkkinen possède 17 secondes d'avance sur Coulthard. Button fait escale chez Williams (9s.) et repart en sixième position, devant Salo et Herbert. Très léger en essence, Villeneuve est quatrième et creuse l'écart sur ses rivaux directs.
50e: Villeneuve et Wurz effectuent leurs ravitaillements. Le Québécois fait une excellente affaire en restant quatrième, tandis que l'Autrichien glisse au neuvième rang.
51e: Häkkinen mène devant Coulthard (18.4s.), Barrichello (42.5s.), Villeneuve (-1t.), Button (-1t.), Salo (-1t.), Herbert (-1t.), Gené (-1t.), Wurz (-1t.) et Diniz (-1t.).
52e: Button effectue un écart dans la Rindt Kurve. Il sort dans la poussière et rejoint le bitume juste devant Salo et Herbert.
54e: Williams prépare un aileron de rechange pour Button qui a perdu un flap. Mais le jeune Anglais reste en piste et contient Salo.
56e: Häkkinen compte seize secondes d'avance sur Coulthard, quarante-et-une secondes sur Barrichello.
58e: Alors que tout est joué en tête, Salo maintient la pression sur Button. Plus loin, Wurz pourchasse Gené pour la huitième place.
60e: Häkkinen précède Coulthard (18s.), Barrichello (42s.), Villeneuve (-1t.), Button (-1t.), Salo (-1t.), Herbert (-1t.), Gené (-1t.), Wurz (-1t.), Diniz (-1t.), Burti (-1t.), Mazzacane (-2t.) et R. Schumacher (-10t.). Le moteur de Zonta explose au sommet de Remus.
61e: Button attaque et revient à sept secondes de Villeneuve. Une grue tracte la BAR de Zonta et manque de peu d'heurter le pauvre Brésilien, lequel répond par un furieux doigt d'honneur. Mazzacane écope d'une pénalité de dix secondes pour avoir ignoré les drapeaux bleus devant Barrichello.
62e: Après un tête-à-queue à Schlossgold, R. Schumacher rejoint les stands pour abandonner. Mazzacane subit sa punition.
64e: Les pilotes McLaren réduisent leur cadence. Barrichello est désormais le plus rapide en piste.
66e: Häkkinen devance Coulthard (11s.), Barrichello (35s.), Villeneuve (-1t.), Button (-1t.), Salo (-1t.), Herbert (-1t.) et Gené (-1t.).
67e: Coulthard réalise le meilleur tour de la course (1'11''783''') et revient à neuf secondes de son équipier. Herbert met la pression sur Salo. Six dixièmes les séparent.
69e: McLaren demande à Coulthard de rouler « easy ». L'Écossais concède désormais 15 secondes à Häkkinen. Barrichello est à trente-deux secondes du Finlandais. Button, Salo et Herbert finissent la course dans la même seconde. Wurz attaque Gené à Schlossgold, en vain.
71e et dernier tour: Wurz manque sa dernière attaque contre Gené, vire large dans les graviers et cède ainsi la neuvième place à Diniz.
Mika Häkkinen remporte le Grand Prix d'Autriche. Coulthard finit deuxième et complète un nouveau doublé McLaren-Mercedes. Barrichello se classe troisième. Villeneuve est quatrième pour la troisième fois de l'année. Button (5e) inscrit deux points. Salo prend le point de la sixième place. Herbert, Gené, Diniz, Wurz, Burti et Mazzacane rallient aussi l'arrivée.
Après la course
En imposant sa souveraineté sur ce week-end autrichien, Mika Häkkinen n'a pas seulement fait taire ceux qui le jugeaient déjà « fini ». Il revient pleinement dans la lutte pour le titre mondial, à seulement huit points de Michael Schumacher, et reprend la main face à son équipier David Coulthard que certains imaginaient en leader de McLaren pour la fin de saison. « Je savais que ma voiture était très rapide, et moi aussi », sourit Häkkinen. « Dès les premiers tours, j'ai creusé un écart constant sur David. J'attaquais pour me forger un bon matelas de secondes. On m'a alors demandé de faire attention au moteur. Il fallait être prudent, on a parfois quelques petits ennuis. Mais je suis vraiment très heureux d'avoir gagné. Mes problèmes sont résolus. Je suis maintenant très optimiste pour le reste de la saison. Je dirais même que celle-ci ne fait que commencer. Quand je pense aux derniers Grands Prix de la saison passée qui furent complétement fous, je me dis que tout est possible ! » Qu'on se le dise: le Finlandais volant est de retour ! Et que l'on ne compte pas sur lui pour polémiquer avec Coulthard: « McLaren est une équipe avec deux numéros un », conclut-il joliment.
Pour David Coulthard, tout s'est joué au démarrage. L'Écossais a essayé vainement de se porter à la hauteur de Häkkinen, et dès lors, la course était jouée, comme il le raconte: « Au départ, je me trouvais à l'intérieur, là où la piste est sale, pour prendre le premier virage. Ce n'était pas très confortable et j'ai dû freiner très fort, ce qui a permis à Mika de rester en tête. J'ai rapidement su que je ne pouvais pas gagner. Mika était vraiment très motivé. J'ai assuré les six points de la deuxième place. Il était très important de les reprendre à Schumacher. C'était en outre mon centième Grand Prix, je suis vraiment heureux de le terminer. » Et certes Coulthard en concède plus que six unités à Schumacher au championnat des pilotes, mais le retour en forme d'Häkkinen ne peut que l'alarmer...
Cet été 2000 commence décidément bien mal pour Michael Schumacher qui encaisse son deuxième abandon consécutif. Le leader du championnat, peu en verve depuis le début du week-end, a été éliminé au premier tournant par Ricardo Zonta, et ne cèle pas son irritation envers ce dernier: « J'arrivais dans le premier virage quand Zonta m'a tapé à l'arrière, m'envoyant en tête-à-queue. C'est aussi simple que cela. Je crois que Zonta a mal jugé la situation. Je suis en colère contre lui et n'importe qui le serait à ma place ! Je parlerai avec lui à Hockenheim. Bien sûr, je sais que ce n'était pas intentionnel de sa part. J'ai moi aussi commis des fautes par le passé et je pense qu'il reconnaîtra son erreur. » De fait, Zonta lui faxera un mot d'excuses deux jours plus tard... Mais Schumacher est surtout déçu que le drapeau rouge n'ait pas été brandi par Charlie Whiting. « Je pense qu'on aurait dû donner un nouveau départ. J'aurais ainsi eu une seconde chance. Ce Grand Prix aura peut-être une importance capitale pour le championnat. Il faudra vraiment redresser la situation en Allemagne, pour moi, pour Ferrari et tous nos supporteurs. »
Comme en France, Rubens Barrichello a sauvé ce qui pouvait l'être pour Ferrari, à savoir une troisième place, mais le Pauliste a dû composer avec un plancher abîmé lors du carambolage initial: « Je n'ai pas bien vu ce qui s'est passé au départ. J'ai réussi le mien et ai freiné assez tard. J'ai vu alors Michael à l'intérieur. Je ne voulais surtout pas le percuter. Mais quelqu'un m'a touché et m'a envoyé dans les graviers. J'ai vraiment été chanceux de me tirer de ce mauvais pas. Toutefois, le fond plat a été endommagé et la Ferrari était difficile à conduire. J'ai tout de même attaqué fort pour remonter. Lors du ravitaillement, l'équipe a retouché l'aileron avant pour me rajouter plus d'appui, mais il était trop tard. Je ne peux que me satisfaire de cette troisième place. » Pas de quoi se réjouir chez Ferrari qui cède pour la première fois de la saison les commandes du championnat des constructeurs à McLaren-Mercedes (98 points contre 92). « L'adversité ne m'effraie pas. Nous nous ressaisirons bientôt ! » assène Jean Todt.
Grâce à la nouvelle quatrième place de Jacques Villeneuve, BAR-Honda (12 pts) passe devant les « ennemis » de Jordan-Mugen (11 pts) au classement mondial, ce dont se réjouit bruyamment Craig Pollock, ravi des récents résultats de son poulain. Villeneuve semble finalement parti pour rester au bercail en 2001, d'autant que la stratégie, jadis un des talons d'Achille de BAR, fut cette fois parfaite. En retardant son ravitaillement, le Canadien a gagné cinq places d'un coup ! « Nous avons une parfaite technologie pour contrôler le niveau d'essence et simuler la consommation », explique Takefumi Osaka, responsable du R&D chez Honda. En revanche, Ricardo Zonta n'a pas marqué de points en percutant Schumacher au départ, et paraît désormais sur un baquet éjectable...
On aurait peine à décrire la détresse qui envahit le garage Prost-Peugeot ce dimanche soir, après cette seconde collision en deux courses entre Jean Alesi et Nick Heidfeld. Mais si à Magny-Cours les AP03 avaient au moins rallié l'arrivée, cette fois elles ont fini au tapis, alors qu'inscrire un point n'était pas inenvisageable... Les deux pilotes portent chacun leur part de responsabilité dans ce désastre, mais il semble que l'origine de leur mésentente soit une mauvaise communication de l'écurie qui n'aurait pas clairement ordonné à Heidfeld de s'écarter devant Alesi. Pourtant, l'Allemand ne pouvait ignorer qu'il n'avait pas la même stratégie que son équipier... En tout cas, Alain Prost refuse de polémiquer sur la place publique. Les explications auront lieu en interne. Mais l'image de Prost GP paraît irrémédiablement atteinte par cet auto-sabordage ridicule qui ponctue une saison cauchemardesque.
Scellé manquant, victoire en suspens
Dimanche soir, alors que le paddock plie bagages, un coup de tonnerre émane de la direction de course. Après examen, il apparaît que le boîtier électronique de la McLaren-Mercedes MP4/15 n°1, celle du vainqueur Mika Häkkinen, est dépourvu d'un des scellés réglementaires. Même si cela paraît évidemment improbable, McLaren peut donc être suspectée d'avoir indûment modifié les paramètres électroniques de son bolide. La fédération reporte de ce fait la validation des résultats et annonce que l'affaire sera examinée avant le Grand Prix d'Allemagne, prévu le 30 juillet. L'ombre d'une disqualification plane... « Je n'y comprends rien ! » lâche Häkkinen en guise de commentaire. La situation est inédite et nul ne peut prédire la sanction que prendra la FIA face à ce qui apparaît manifestement comme une simple bévue...
Affaire du boîtier: le compromis de la FIA
Sources :
- Renaud de Laborderie, Le Livre d'or de la Formule 1 2000, Paris, Solar, 2000.
- Sport Auto, août 2000
- Auto Hebdo, 19 juillet 2000
Tony