David COULTHARD
 D.COULTHARD
McLaren Mercedes
Mika HAKKINEN
 M.HAKKINEN
McLaren Mercedes
Michael SCHUMACHER
 M.SCHUMACHER
Ferrari

624o Gran Premio

XXVII Grosser Preis von Osterreich
Piena di sole
Spielberg
domenica 26 luglio 1998
71 giri x 4.323 km - 306.933 km
Affiche
F1
Coupe

Lo sapevate?

Pilota
Costruttore
Motore

Jacques Villeneuve, pilier de BAR

 

Schumacher chez Ferrari jusqu'en 2002

Le 22 juillet 1998, Ferrari annonce la signature d'un nouveau contrat avec Michael Schumacher pour quatre années, soit jusqu'en 2002. Malgré quelques pourparlers avec McLaren et Mercedes, le double champion du monde n'a jamais vraiment songé à quitter la Scuderia sans lui avoir donné ce titre de champion du monde des pilotes qu'elle convoite depuis 1979. Du reste, Schumacher sait qu'il bénéficie à Maranello d'un statut de premier pilote « de droit divin » qu'il ne retrouvera jamais ailleurs: Ferrari ne vit, ne pense et ne travaille que pour lui. Ces efforts semblent en outre porter leurs fruits puisque Schumacher et Ferrari sont cette saison en lice pour remporter les deux titres mondiaux. « J'ai choisi la meilleure solution », explique le pilote allemand. « Je n'ai pas encore atteint mon objectif de glaner la couronne avec Ferrari. C'est le facteur le plus important. Ma loyauté envers la Scuderia est entière. C'est quelque chose qui s'est construit avec le temps. »

 

Une loyauté qui a tout de même un prix: dans les milieux bien informés, on évalue le futur salaire annuel de Schumacher à 75 millions de marks (246 millions de francs), soit une hausse de 30 % par rapport à ses appontements de 1998. Et tout cela, sans compter les primes ni les revenus commerciaux annexes.

 

Présentation de l'épreuve

Un an après son retour au calendrier, le Grand Prix d'Autriche est un grand succès populaire avec au bas mot 100 000 spectateurs quotidiens qui envahissent les vastes terrains de camping qui entourent l'A1-Ring. Une météo capricieuse et quelques coulées de boue ne les troublent pas outre-mesure. Depuis la retraite de Gerhard Berger, l'attention des Autrichiens se reporte vers Alexander Wurz, son successeur chez Benetton, auteur d'une très belle première saison, au point que David Richards lui a proposé un contrat courant jusqu'en 2000. Ce grand jeune homme, résidant monégasque, est déjà un homme d'affaires avisé puisqu'il vient de lancer sa première collection d'articles de mode: t-shirts, casquettes, survêtements, casques... À 24 ans et après treize Grands Prix, Wurz est une célébrité nationale ! Il lui faut cependant appréhender ce circuit de Spielberg qu'il n'a pour l'instant parcouru que sur un mountain-bike ! « La première fois que je suis venu ici, j'avais neuf ans, c'était en 1983 », se souvient-il. « J'avais entrevu une voiture jaune devant toutes les autres. C'était la Renault Turbo d'Alain Prost. Depuis longtemps, je m'étais promis de revenir un jour piloter ici, dans ce décor. »

 

La tension monte d'un cran entre McLaren-Mercedes et Ferrari à l'occasion de ce week-end autrichien. L'équipe anglo-allemande soupçonne en effet la Scuderia de camoufler un antipatinage derrière un dispositif de contrôle de motricité, ainsi que des freins directionnels. Vendredi matin, Ron Dennis se rend au stand Ferrari et menace Jean Todt de déposer une réclamation contre les F300. Le petit Français ne se démonte pas et interpelle aussitôt Jo Bauer, le délégué technique de la FIA, pour l'inviter à examiner sur-le-champ les monoplaces rouges ! Bauer ne se déplacera pas, arguant qu'il n'a pas lieu de le faire puisque aucune plainte n'a été officiellement déposée... Quelques instants plus tard, Todt convoque quelques amis journalistes pour leur raconter la « petite visite » du patron de McLaren. Dennis est furieux: selon lui, cette intervention devait rester secrète. L'animosité entre les deux équipes est amplifiée par l'imminence de l'examen de la plainte déposée par McLaren contre la victoire décrochée par Michael Schumacher à Silverstone, dans les conditions rocambolesques que l'on sait. Le tribunal d'appel de la FIA rendra son verdict le lundi 27 juillet, lendemain du GP d'Autriche. Lors de la conférence de presse du jeudi, Schumacher est interrogé à ce sujet par le journaliste Bob Constanduros: « Nous n'avons rien fait de mal chez Ferrari ! J'ai dépassé Wurz sous drapeau jaune ? Que voulez-vous, je ne l'ai pas vu, ce fameux drapeau ! Et Alex, lui, il l'a vu ? » Wurz, présent à ses côtés, fait signe que non.

 

Le jeudi 23 juillet, le GPDA tient à Zeltweg sa réunion plénière. L'ordre du jour est chamboulé par les récentes polémiques entourant Michael Schumacher, très critiqué par certains de ses pairs pour son comportement en piste. Damon Hill et Heinz-Harald Frentzen se démènent auprès de leurs collègues pour présenter à son égard une motion de défiance qui entraînerait sa démission de la présidence. L'assemblée est tumultueuse. Hill prend la parole pour dénoncer le « manque de correction de certains pilotes ». Frentzen se fait plus précis: selon lui, Schumacher aurait dû quitter la tête du GPDA au soir du GP du Canada, après l'incident qui les a opposés en piste. « Michael, tu as perdu toute autorité », lâche HHF. Hélas pour eux, les deux hommes ne sont pas suivis. David Coulthard, codirecteur du GPDA et troisième « anti-Schumi » notoire, se tient coi. Pis, d'autres pilotes s'élèvent pour prendre la défense du pilote Ferrari, notamment le jeune Alexander Wurz. Finalement, Schumacher triomphe: réélu président du GPDA, il coopte Wurz au poste de directeur en lieu et place de Hill, démissionnaire. Le « Baron rouge » a mitraillé ses adversaires.

 

Pendant ce temps-là, l'ambiance se tend également chez Sauber. À Silverstone, une violente altercation a opposé Peter Sauber à Johnny Herbert suite à la sortie de route de ce dernier. Hors de lui, le Britannique a accusé son patron de ne jurer que par Jean Alesi. Ces propos sont revenus aux oreilles de l'intéressé qui les a accueillis avec sa susceptibilité habituelle. Alesi avertit Sauber: « Pour l'an prochain, ce sera lui ou moi, mais pas les deux ! » Désormais isolé au sein de son écurie, Herbert s'est mis en quête d'un autre volant.

 

Craig Pollock et Adrian Reynard mettent peu à peu en place le staff technique de British American Racing. Malcolm Oastler, bras droit de Reynard, brillant designer des châssis de F3000 et d'IndyCar, sera le concepteur en chef de la future écurie. Jacques Villeneuve devrait pour sa part emmener avec lui son ingénieur Jock Clear, avec lequel il travaille chez Williams depuis 1996. Cet attelage prometteur ne manque pas d'ambitions: Pollock déclare viser le titre mondial avec Villeneuve dès 1999 !

 

Les McLaren sont pourvues ici de nouvelles dérives d'aileron avant ainsi que d'une carrosserie échancrée à l'arrière pour faciliter le refroidissement. On note aussi un troisième mini-amortisseur sur la suspension avant, remplaçant l'élément-tampon utilisé jusqu'alors. Ferrari ne présente toujours pas de F300 allongée mais apporte beaucoup de modifications, notamment au niveau des ailerons et des suspensions. Irvine éprouve des pontons dissymétriques dans un souci d'améliorer la ventilation. Cette installation ayant donné satisfaction, M. Schumacher l'adoptera pour la course. Benetton réimplante les circuits de refroidissement et revoit les suspensions de sa B198. La Jordan se pare de gros déflecteurs derrière les roues avant pour renvoyer l'air dans les pontons. On note l'absence de John Barnard dans le stand Arrows, ce qui accrédite les rumeurs de rupture imminente entre l'ingénieur britannique et Tom Walkinshaw. Chez Prost-Peugeot, l'AP01 subit quelques modifications de détail, mais le directeur technique Bernard Dudot confirme que les efforts des hommes de Guyancourt se reportent désormais vers la saison prochaine: « Il y a tant de choses à revoir... Boîte, moteur un peu lourd, fiabilité... Avec l'AP02, ce sera différent. Nous allons bientôt la mettre en chantier. »

 

Essais et qualifications: une première ligne sensationnelle

De gros orages frappent Spielberg dans la nuit du jeudi au vendredi. La première journée d'essais se déroule donc sur une piste délavée, fort peu adhérente et les pirouettes sont nombreuses. Les monoplaces chaussées par Bridgestone occupent les premiers rangs. Coulthard signe le meilleur temps devant Fisichella et Häkkinen. Samedi matin, sous un ciel couvert, les McLaren-Mercedes sont aux avant-postes, Coulthard devant Häkkinen.

 

Samedi à la mi-journée, un déluge s'abat sur les monts de Styrie. Les qualifications commencent ainsi à 13 heures sur une piste très humide. On constate cependant des accalmies à 13h15, puis 13h30, qui autorisent quelques sorties. M. Schumacher détient longtemps le meilleur chrono (1'30''630'''), mais la pluie cesse complétement à quinze minutes du drapeau à damiers. Le bitume s'assèche, et les pilotes se ruent en piste, si possible punis de pneus intermédiaires. R. Schumacher, Barrichello puis Alesi se rapprochent du chrono de M. Schumacher. À 13h59, l'incroyable Alesi se hisse en haut de la feuille des temps (1'30''317'''). Chez Sauber, on commence déjà à fêter cette première pole position, lorsque Fisichella arrache le meilleur chrono sous le drapeau à damiers (1'29''598''').

 

Giancarlo Fisichella (25 ans) est le premier Italien à décrocher la pole position depuis Riccardo Patrese, lors du GP de Hongrie 1992. Ses ingénieurs Alan Permane et Mark Held se congratulent: la veille, après avoir approché les temps de Coulthard, « Fisico » leur avait confié qu'il pouvait viser très haut sur le sec. Les conditions humides l'ont porté au pinacle. Très ému, le jeune Romain dédie cette pole à la mémoire de son ancien camarade de karting Andrea Margutti, disparu à l'âge de 14 ans dans un accident, en 1989.

 

Fisichella offre aussi sa première pole position au V10 Renault RS9B, préparé par Mecachrome et rebaptisé Playlife. Sur l'autre Benetton, son collègue Wurz est beaucoup moins chanceux et s'englue dans le trafic. Il s'élancera seulement 17ème. Alesi (2ème) offre à Sauber la meilleure qualification de son histoire. Herbert (18ème) est beaucoup moins content car ordre lui a été donné de s'effacer devant son équipier... Häkkinen arrache in extremis la troisième place et aurait sans doute réalisé la pole s'il avait bénéficié d'un tour supplémentaire. McLaren donne des pneus mixtes à Coulthard beaucoup trop tôt. Peu à l'aise, l'Écossais échoue au 14ème rang. Chez Ferrari, M. Schumacher (4ème) perd la pole position dans la dernière minute tandis qu'Irvine (8ème) tergiverse longtemps avant de passer en intermédiaires. Toujours à l'aise sur piste humide, Barrichello amène sa Stewart-Ford au cinquième rang. Verstappen (12ème) sort quant à lui des stands trop tard pour améliorer.

 

L'opiniâtre Salo peaufine ses réglages « pluie » durant toute la séance et hisse sa modeste Arrows en sixième position. Son collègue Diniz se classe treizième. Mauvais samedi pour Williams: Frentzen (7ème) peine à faire chauffer ses gommes et Villeneuve (11ème) se rabat sur son mulet après un tête-à-queue. Jordan envoie ses pilotes trop tôt en piste. R. Schumacher (9ème) et Hill (15ème) épuisent ainsi rapidement leur capital de 12 tours. Les Prost-Peugeot (Panis 10ème, Trulli 16ème) parcourent toute la séance en pneus « maxi pluie ». Tuero amène sa Minardi au 19ème rang. Nakano casse son moteur à neuf minutes du drapeau à damiers. Le Nippon pique un sprint, saute dans son mulet et arrache de justesse sa qualification, au 21ème rang. Les Tyrrell-Ford (Takagi 20ème, Rosset 22ème) restent scotchées en queue de classement.

 

Le Grand Prix

Le soleil et la chaleur reviennent pour ce dimanche 26 juillet. Les pilotes réduisent leurs appuis, ce qui leur permet d'améliorer leurs chronos lors du warm-up. Häkkinen (1'13''301''') est le plus véloce devant Coulthard et M. Schumacher. Takagi fait sensation en hissant sa Tyrrell au sixième rang ! Le poleman Fisichella échoue dans un bac à sable tandis que les deux Williams tombent en panne de gestion électronique.

 

L'après-midi, le mercure frôle les 30°C, des conditions qui devraient favoriser les monoplaces chaussées par Bridgestone, et notamment les McLaren. L'enjeu demeure la bataille entre Häkkinen et Schumacher car les occupants de la première ligne Fisichella et Alesi ne peuvent sérieusement prétendre à la victoire. Les stratégies sont variées: Fisichella, Alesi et M. Schumacher tablent sur deux ravitaillements tandis que McLaren n'a prévu qu'un seul rappel aux stands pour Häkkinen et Coulthard.

 

Départ: Häkkinen jaillit de la deuxième ligne et déborde aussitôt Alesi, puis s'impose face à Fisichella au premier virage. Schumacher et Barrichello doublent également Alesi. Aux abords du premier freinage, Takagi part en tête-à-queue et heurte Tuero qui rebondit sur Herbert. Ces derniers sortent dans les graviers. Nakano doit s'arrêter pour éviter le carambolage. Takagi ne va pas plus loin mais ses adversaires repartent. Panis reste scotché sur la grille suite à une panne d'embrayage.

 

1er tour: M. Schumacher dépasse Fisichella à l'épingle. Un peu plus loin, Verstappen tasse Diniz vers la pelouse. Le Brésilien freine en catastrophe et harponne son équipier Salo, mal parti, puis la McLaren de Coulthard. En voulant redémarrer, le Finlandais roule sur l'aileron avant de l'Écossais. Quelques pilotes passent par les graviers pour les contourner. Face à ces multiples incidents, Charlie Whiting décide d'envoyer en piste la voiture de sécurité.

 

2e: Les concurrents se regroupent derrière le Safety Car. Häkkinen mène devant M. Schumacher, Fisichella, Barrichello, Alesi, Irvine, Frentzen, R. Schumacher, Hill et Verstappen. Coulthard rentre à son stand pour changer ses pneus et son aileron avant. Salo et Diniz rentrent chez Arrows. Le premier doit abandonner, suspension arrière-droite brisée, mais le second peut repartir. Tuero fait halte chez Minardi pour enlever des cailloux qui se sont glissés dans son cockpit. Panis a rejoint les boxes dans l'espoir de redémarrer, mais sa transmission le lâche au bout de quelques mètres.

 

3e: Les commissaires ôtent la monoplace de Takagi et balayent les débris. La voiture de sécurité se retire à l'issue de ce tour. Tuero revient à cet instant à son stand, toujours afin de nettoyer sa Minardi, et perd ainsi un temps précieux.

 

4e: Le drapeau vert est agité. Schumacher inquiète Häkkinen à Remus, sans succès. Il se laisse alors aspirer par la McLaren et la déborde par l'extérieur à Gösser Kurve. Mais l'Allemand, trop présomptueux, bloque sa roue avant-droite, ce qui permet à Häkkinen, mais aussi à Fisichella de le doubler. Wurz quitte la route en dépassant Verstappen à la Rindt Kurve. L'Autrichien traverse le bac à graviers et perd de nombreuses positions. Diniz rejoint le stand Arrows pour renoncer à son tour suite aux dégâts causés par sa collision avec son équipier.

 

5e: Schumacher prend l'aspiration de Fisichella dans la descente vers Gösser. L'Italien résiste et pousse son assaillant vers la droite, mais ce faisant, salit sa gomme et au freinage se retrouve déporté vers l'extérieur. Schumacher plonge à la corde et reprend la deuxième place.

 

6e: Häkkinen mène devant M. Schumacher (0.6s.), Fisichella (2.4s.), Barrichello (4.8s.), Alesi (6.5s.), Irvine (6.8s.), Frentzen (7.3s.), R. Schumacher (8s.), Hill (8.7s.), Trulli (11.3s.), Villeneuve (12.5s.) et Verstappen (13.5s.). Coulthard est revenu en treizième position.

 

7e: Schumacher est plus rapide que Häkkinen qui peine à allonger ses freinages. Placé à l'extérieur, le double champion du monde se porte à la hauteur de la McLaren au freinage de Gösser, mais le Finlandais ne lui laisse aucun espace.

 

8e: Barrichello regagne son stand et renonce suite à une fuite de liquide de frein. Dans le même temps, Irvine dépasse Alesi et se retrouve quatrième.

 

9e: Schumacher met une forte pression sur Häkkinen, alors que Coulthard pointe déjà au dixième rang après avoir dépassé Verstappen et Villeneuve.

 

10e: Alesi retient un groupe composé de Frentzen et des deux Jordan. Coulthard prend la neuvième place à Trulli.

 

11e: Häkkinen précède M. Schumacher (0.5s.), Fisichella (2.7s.), Irvine (9.5s.), Alesi (12.3s.), Frentzen (14.4s.), R. Schumacher (14.5s.), Hill (15.4s.), Coulthard (17.3s.) et Trulli (21.3s.).

 

12e: Une demi-seconde sépare Häkkinen et Schumacher qui se battent à coups de records du tour. Le Scandinave détient pour l'heure le meilleur chrono (1'14''594'''). Fisichella garde le contact avec les deux leaders. Coulthard rejoint le groupe Alesi.

 

14e: Häkkinen parvient à repousser Schumacher à une seconde. Coulthard chipe la huitième place à Hill à l'épingle de Remus. Un peu plus loin, Villeneuve bute sur Trulli.

 

15e: Schumacher réplique à Häkkinen et tourne en 1'13''918'''.

 

16e: Coulthard dépasse R. Schumacher et grimpe au septième rang. Frentzen sera sa prochaine cible.

 

17e: M. Schumacher vire trop large en quittant la Rindt Kurve et perd le contrôle de sa Ferrari. Celle-ci dérape sur la bordure, décolle légèrement sur les graviers et retombe rudement. Schumacher garde le pied au plancher et parvient à regagner sur la piste, mais ayant passé l'entrée des stands, il est obligé d'effectuer tout un tour de circuit avec sa monoplace meurtrie, privée de moustaches et de dérives latérales. Au même moment, le moteur de Frentzen explose. L'autre Allemand se gare dans la pelouse.

 

18e: M. Schumacher revient au ralenti à son stand. Miraculeusement, ses suspensions sont intactes. Les mécaniciens remplacent l'aileron avant et les pneus, nettoient les pontons et remplissent le réservoir de carburant. Schumacher repart au bout de 19 secondes, mais il est désormais bon dernier.

 

19e: Coulthard efface Alesi et se retrouve quatrième. Hill effectue un premier arrêt-ravitaillement (8.6s.).

 

20e: Häkkinen est premier devant Fisichella (5s.), Irvine (15s.), Coulthard (24s.), Alesi (26s.), R. Schumacher (29s.), Trulli (41s.) et Villeneuve (42s.).

 

21e: Fisichella fait escale au stand Benetton pour changer de pneus et remettre de l'essence (10.5s.). Hélas, la « seringue » ne délivre que cinq litres de carburant dans le réservoir... Arrêt aussi pour Rosset.

 

22e: Fisichella ressort des stands à la hauteur d'Alesi. Les deux pilotes franchissent côte à côte la montée vers Remus, l'Italien à droite, le Français à gauche. Au freinage, Alesi se rabat devant Fisichella, mais le Romain ne cède pas, retarde son freinage... et escalade le vibreur. Les roues s'entrechoquent: la Sauber part en tête-à-queue tandis que la Benetton, suspension avant-gauche brisée, échoue dans les graviers. Alesi exécute un 360° pour se relancer mais cale. Les deux hommes abandonnent. Wurz opère son premier pit-stop.

 

23e: M. Schumacher est le plus rapide en piste. Il double facilement Rosset, Tuero et bientôt Nakano. La Sauber d'Alesi est bloquée en pleine piste, dans un virage en aveugle, quoique hors trajectoire. Les commissaires parviennent à l'évacuer à la poussette.

 

25e: Häkkinen mène devant Irvine (17.8s.), Coulthard (23s.), R. Schumacher (32s.), Trulli (46s.), Villeneuve (47s.), Herbert (54s.), Hill (56s.) et M. Schumacher (1m. 06s.). Arrêt de Verstappen.

 

26e: Coulthard tourne une seconde au tour plus vite que Irvine. R. Schumacher opère un ravitaillement (8.2s.) et parvient à repartir devant Trulli. Pourchassant ce dernier, Villeneuve vire au large dans la Rindt Kurve et traverse les graviers.

 

27e: Irvine ravitaille à la fin de ce tour (8.6s) puis revient en piste au troisième rang.

 

28e: Les deux McLaren sont aux premiers rangs. Häkkinen compte vingt secondes d'avance sur Coulthard. Irvine évolue à 43 secondes. M. Schumacher revient sur Herbert et Hill.

 

30e: Coulthard signe le meilleur temps de la journée (1'12''878'''). M. Schumacher dépasse Hill à l'épingle et se retrouve huitième. Wurz harcèle Verstappen pour la onzième place et le doublera trois tours plus tard.

 

32e: Schumacher prend l'ascendant sur Herbert. Tuero part en tête-à-queue en quittant la Rindt Kurve et s'enlise dans les graviers. Le jeune Argentin n'ira pas plus loin.

 

34e: Cinquième, Trulli ralentit un « train » composé de Villeneuve, M. Schumacher, Herbert et Hill. Häkkinen revient sur ce groupe. Par conséquent, il se précipite dans la voie des stands pour effectuer son unique ravitaillement (10.4s.). Schumacher déborde Villeneuve.

 

35e: Coulthard s'empare des commandes de l'épreuve, cinq secondes devant Häkkinen. Trulli doit céder devant Schumacher et Villeneuve. Herbert et Hill évoluent dans le sillage de la Prost.

 

36e: Coulthard opère son second ravitaillement (10.6s.). Il laisse le commandement à Häkkinen mais parvient à redémarrer devant Irvine. Voici les McLaren-Mercedes en route vers le doublé.

 

37e: Quinze secondes séparent Häkkinen et Coulthard. Cinquième, M. Schumacher roule à onze secondes de son frère Ralf. Herbert effectue son unique pit-stop.

 

38e: Trulli subit ce qui doit être son seul avitaillement (9.8s.). Cet arrêt est trop tardif car l'Italien glisse derrière Herbert. En outre, sa Prost est très instable à cause d'un bris d'amortisseur arrière. Arrêt aussi pour Nakano.

 

40e: Häkkinen devance Coulthard (16s.), Irvine (21s.), R. Schumacher (31s.), M. Schumacher (39s.), Villeneuve (48s.), Hill (57s.), Wurz (-1t.), Herbert (-1t.) et Trulli (-1t.).

 

42e: M. Schumacher effectue son second arrêt-ravitaillement (9.4s.) puis reprend la piste derrière Villeneuve et Hill.

 

43e: R. Schumacher se plie à son second pit-stop (8.3s.) et demeure quatrième. Villeneuve conclut enfin son premier relais et exécute son ravitaillement (10.4s.)

 

44e: Häkkinen repousse Coulthard à dix-huit secondes. Irvine tourne une seconde au tour plus vite que les McLaren. Les Jordan de R. Schumacher et de Hill sont talonnées par M. Schumacher.

 

45e: Irvine revient à une seconde de Coulthard. Hill se plie à un deuxième pit-stop en fin de tour et redémarre seulement huitième.

 

46e: Häkkinen mène devant Coulthard (20s.), Irvine (21.1s.), R. Schumacher (55.2s.), M. Schumacher (57.4s.), Villeneuve (1m. 11s.), Wurz (-1t.) et Hill (-1t.). Verstappen effectue un second pit-stop.

 

48e: Wurz opère une seconde escale chez Benetton (8s.) et tombe au neuvième rang. Le régional de l'étape n'inscrira aucun point. Second pit-stop pour Rosset.

 

50e: Häkkinen possède vingt-deux secondes d'avance sur Coulthard. Irvine est dans l'ombre de l'Écossais mais doit stopper bientôt. Schumacher aîné se trouve dans le sillage de son cadet.

 

51e: M. Schumacher attaque son frère à l'épingle de Remus: après avoir tenté l'intérieur, il essaie de déboîter à l'extérieur, mais le pilote Jordan lui barre la trajectoire. L'aîné de Schumacher bloque ses roues pour éviter la collision et perd plusieurs dixièmes dans cette mésaventure.

 

52e: Irvine passe chez Ferrari pour un second pit-stop (7.5s.) et conserve la troisième place.

 

53e: Le moteur de Verstappen explose dans la descente vers Gösser. Le Hollandais dérape sur l'huile répandue et s'immobilise à contre-sens en pleine courbe. Les drapeaux jaunes sont brandis pour permettre à une grue de tracter la Stewart.

 

54e: Coulthard tourne une demi-seconde au tour plus vite que Häkkinen, mais ce dernier ménage sa monture. M. Schumacher tente de nouveau de faire l'extérieur à son cadet à Remus, sans succès.

 

55e: La bagarre continue chez les Schumacher, Ralf coupant toutes les issues à Michael, jusqu'à la descente vers l'ancienne courbe Bosch: le pilote Ferrari se porte à la hauteur de la Jordan, déboîte par la droite et s'impose au freinage. Le voici quatrième.

 

56e: Häkkinen est premier devant Coulthard (15s.), Irvine (41s.), M. Schumacher (55s.), R. Schumacher (57s.), Villeneuve (1m. 12s.), Hill (-1t.), Herbert (-1t.), Wurz (-1t.), Trulli (-1t.), Nakano (-1t.) et Rosset (-2t.).

 

58e: Häkkinen surveille ses freins et laisse Coulthard se rapprocher insensiblement. M. Schumacher revient sur son équipier Irvine qui va très certainement le laisser passer.

 

60e: L'intervalle se stabilise entre les McLaren de tête car Coulthard a perdu du temps derrière l'attardé Rosset. Schumacher roule à treize secondes de Irvine.

 

62e: Häkkinen devance Coulthard (16.4s.), Irvine (38s.), M. Schumacher (48s.), R. Schumacher (57s.), Villeneuve (1m. 11s.), Hill (-1t.) et Herbert (-1t.).

 

64e: Irvine serait victime de problèmes de freins et tourne en 1'16'' contre 1'13'' pour Schumacher, lequel remonte à trois secondes de son coéquipier. « Radio Todt » dans ses œuvres...

 

66e: Häkkinen et Coulthard adoptent un rythme de croisière (1'16''). Schumacher est revenu dans les roues d'Irvine.

 

67e: Häkkinen précède Coulthard (14s.), Irvine (45s.), M. Schumacher (45.6s.), R. Schumacher (55s.) et Villeneuve (1m. 10s.).

 

68e: Comme attendu, Irvine laisse passer M. Schumacher dans la montée vers Remus... quitte à allumer ses freins pour faire croire qu'il résiste !

 

70e: Häkkinen lève le pied dans ces derniers kilomètres et laisse Coulthard revenir à quelques secondes. Hill peut ainsi se dédoubler. De son côté, Irvine roule de nouveau en 1'14'': depuis qu'il a ouvert la voie à Schumacher, ses problèmes de frein se sont évanouis !...

 

71ème et dernier tour: Mika Häkkinen remporte sa cinquième victoire de la saison, suivi de Coulthard: c'est un nouveau doublé pour McLaren-Mercedes. M. Schumacher termine troisième, un moindre mal après sa sortie de route. Irvine finit quatrième. R. Schumacher (5e) inscrit deux nouveaux points pour Jordan-Honda. Villeneuve se classe sixième. Viennent ensuite Hill, Herbert, Wurz, Trulli et Nakano. Rosset n'accomplit pas son dernier tour et rentre directement à son garage suite à l'éclatement d'un pneu arrière.

 

Après la course: Häkkinen reprend l'ascendant

Ron Dennis embrasse chaleureusement Mika Häkkinen sur le podium. McLaren redresse enfin la barre après trois victoires de Michael Schumacher. Häkkinen a mené une très belle course: se débarrassant immédiatement des « intrus » Fisichella et Alesi, il a su parfaitement résister à Michael Schumacher, au point de pousser ce dernier à la faute. « Notre stratégie à un seul arrêt était idéale car j'étais capable de rouler tout le temps à fond ! » s'extasie-t-il. « Le départ constitue toujours une loterie, mais cette fois je m'en suis parfaitement tiré. Cependant, au début, ma répartition des freins n'était pas très bonne, et je ne pouvais pas allonger mes freinages aussi loin que j'aurais voulu. C'est ce qui a permis à Schumacher de m'attaquer. Mais, une fois trouvée une meilleure répartition, j'étais à l'aise et je l'ai semé. » Le triomphe des McLaren-Mercedes est total grâce à la solide prestation de David Coulthard. Parti 14ème, percuté au deuxième virage, l'Écossais est tout de même remonté à la seconde place ! Voilà qui fait oublier ses piètres performances depuis le début de l'été.

 

Chez Ferrari, Jean Todt ne cache pas sa déception, car il pensait son équipe capable de glaner ici une quatrième victoire de rang. Cependant Michael Schumacher peut s'estimer très heureux de terminer sur le podium, et même de terminer tout court, après son impressionnant rodéo hors-piste. « Häkkinen avait prévu un seul arrêt et moi deux: je devais donc absolument le doubler », narre l'Allemand. « Hélas, j'ai fini par perdre le contrôle. Je suis entré trop vite dans cette courbe... Je remercie l'équipe pour son extraordinaire travail de réparation. Les gars ont été fantastiques. » Pour sa part, Eddie Irvine tient absolument à faire accroire la fable de la panne de freins qui expliquerait pourquoi il a laissé filer son leader en fin de course. « La pédale est devenue plus longue, explique-t-il. J'ai dû remettre du frein sur l'avant, puis, lorsque Michael m'a doublé, j'en ai remis à l'arrière, et cela allait beaucoup mieux ! » Ce qu'on ne fait pas de nos jours... Ron Dennis ne se prive pas de critiquer Ferrari pour ce tour de passe-passe, qui rappelle cependant celui qu'avait exécuté David Coulthard à Melbourne au profit de Mika Häkkinen...

 

Les héros du samedi, Giancarlo Fisichella et Jean Alesi, ont fini leur dimanche dans les pâquerettes. Les journalistes français tombent à bras raccourcis sur le jeune Italien et tendent des micros complaisants au natif d'Avignon, peu porté par nature à l'autocritique: « Giancarlo est moi, nous ne nous sommes pas compris ! Il a mal évalué la situation et a tort à 100 % ! » râle celui-ci. Rocco Benetton vient présenter ses excuses à l'équipe Sauber au nom de son pilote. « Cela ne remplace pas les points perdus ! » soupire Alesi qui rêvait d'un podium. Pour sa part, Fisichella raconte qu'il était déconcentré parce qu'il venait d'apprendre que sa pompe à essence n'avait pas fonctionné lors du ravitaillement et qu'il risquait donc la panne sèche. Il s'en expliquera avec Alesi une semaine plus tard à Hockenheim.

 

Au soir de ce GP d'Autriche, Häkkinen (66 points) conforte son avance sur Schumacher (58 pts) au classement des pilotes. Coulthard (36 pts) et Irvine (32 pts) se battront pour la troisième place. Chez les constructeurs, McLaren-Mercedes (102 points) reprend un net ascendant sur Ferrari (90 pts).

Tony