David COULTHARD
 D.COULTHARD
McLaren Mercedes
Mika HAKKINEN
 M.HAKKINEN
McLaren Mercedes
Jacques VILLENEUVE
 J.VILLENEUVE
Williams Renault

614o Gran Premio

XLII Gran Premio de Europa
Piena di sole
Jerez de la Frontera
domenica 26 ottobre 1997
69 giri x 4.428 km - 305.532 km
Affiche
F1
Coupe

Lo sapevate?

Pilota
Jacques VILLENEUVE è Campione del Mondo
Costruttore
Motore

Mosley fulmine contre l'UE

 

Gerhard Berger quitte la Formule 1

Le 17 octobre 1997, Gerhard Berger réunit à Vienne un parterre d'amis et de journalistes pour leur annoncer sa retraite à l'issue de l'ultime Grand Prix de cette saison. Voilà qui n'était qu'un secret de polichinelle. Très affecté par la disparition accidentelle de son père en juillet dernier, ainsi que par la maladie qui l'a éloigné des circuits pendant deux mois, l'Autrichien de 38 ans estime que le temps est venu pour lui de poser son casque. Sa longue et brillante carrière (14 saisons de F1, 210 Grands Prix, 10 victoires et 45 podiums) fut émaillée de tant d'émotions que lui-même peine à balayer l'ensemble de ses souvenirs. « Mon plus beau moment ? Ce fut peut-être ma première victoire à Mexico, en 1986. Ou mon succès à Monza, sur Ferrari, le 11 septembre 1988, un mois après la mort du Commendatore. Et puis mes belles années avec Ayrton Senna chez McLaren. Et puis mon retour chez Ferrari. Et puis ma dernière victoire à Hockenheim en juillet... Je tenais tellement à partir sur une bonne note ! » Son parcours fut aussi émaillé de drames. D'abord son terrifiant accident à Imola, en 1989, où il restât de longue secondes dans le brasier de sa Ferrari désarticulée. Et surtout les accidents mortels de ses deux amis, Ayrton Senna et Roland Ratzenberger, toujours à Imola, cinq ans plus tard... Berger avait alors sérieusement songé à se retirer. Mais la passion et le sens du devoir avait repris le dessus.

 

À Jerez, cet éternel farceur se montre étonnamment discret et taiseux. Il se fait longtemps prier avant d'expliquer (à nouveau) devant la presse les raisons de son départ. Sa gouaille railleuse a toujours dissimulé une forme de pudeur. « Je n'ai jamais été champion du monde certes, mais je ne suis pas amer », tient-il à préciser, avant de laisser la parole à l'autre pré-retraité de ce week-end, son ami Ukyo Katayama. Et Berger s'en fut, nonchalamment. Désormais, celui qui était jadis un grand séducteur va se consacrer à sa vie de famille, aux côtés de son épouse Ana, et de ses trois filles, Christina, Sarah Maria et Heidi. En outre, Berger entre au conseil d'administration de la Fondation Senna, à la demande de Viviane, sœur de celui qui fut son meilleur ami. Une proposition qu'il ne pouvait décliner.

 

Michael Schumacher vs. Jacques Villeneuve, finale sous haute tension

Cette dix-septième et dernière épreuve de la saison 1997 déterminera qui de Michael Schumacher (78 points) ou de Jacques Villeneuve (77 pts) coiffera la couronne mondiale. Les données du problème sont simples: celui qui terminera devant l'autre sera sacré, en sachant que Villeneuve doit impérativement inscrire au moins un point. Le Canadien, moralement épuisé par les péripéties de Suzuka (disqualification, appel etc.), s'est ressourcé pendant quelques jours dans son chalet suisse. Sa détermination est sans faille. « J'ai deux fois plus envie de me battre », confie-t-il. « Au moins tout est clair maintenant. Notre sort est désormais entre nos mains. Je n'ai plus aucun choix: il me faut attaquer, être devant. » Villeneuve refuse d'envisager la défaite. Cette saison 1997 fut pour lui très éprouvante. Il n'a cessé d'alterner victoires et coups du sort. Échouer dans la quête du titre mondial alors qu'il bénéficie avec la Williams-Renault de la meilleure voiture du plateau serait une terrible déception pour lui-même... et pour son sourcilleux employeur.

 

L'enjeu est crucial aussi pour Michael Schumacher qui peut devenir le premier pilote à remporter le titre mondial avec Ferrari depuis Jody Scheckter en 1979, il y a dix-huit ans !... Entre Suzuka et Jerez, l'Allemand a limé le bitume de Fiorano pour mettre au point sa F310B. Accompagné de son épouse Corinna et de sa fille Gina Maria (huit mois), « Schumi » se montre serein avant ce rendez-vous décisif. Il se sait néanmoins observé, non seulement par les tifosi, mais aussi par le pouvoir sportif. En effet, il aborde cette dernière course avec un point d'avance sur son adversaire: une situation identique à celle de 1994. Il avait alors volontairement percuté son poursuivant Damon Hill pour s'assurer du titre mondial et certains le croient capable de rééditer ce forfait. « Je suis résolu à livrer une bataille loyale, dans les règles », professe le pilote Ferrari. Max Mosley et Bernie Ecclestone ont en tout cas prévenu les deux rivaux que le pouvoir sportif se montrerait sévère à la moindre incartade. Mais Ferrari a plus d'un tour dans son sac. Max Welti le directeur sportif de Sauber, écurie motorisée par Ferrari, indique incidemment: « Nous rapports avec Maranello sont excellents. Nous pourrions aider Ferrari dans la légalité la plus absolue. Rien de plus. » Qu'est-ce à dire ?

 

Présentation de l'épreuve - Adieux de Renault

La saison 1997 se clôt en plein « désert » andalou, sur le circuit de Jerez de la Frontera. Les conditions d'organisations de ce Grand Prix d'Europe improvisé pour remplir le calendrier suscite de vives critiques. D'abord de la part des journalistes, irrités par la vétusté des installations en salle de presse: l'électricité ne cesse de sauter et il faut patienter des heures pour obtenir une ligne téléphonique ! En outre, les pilotes sont peu ravis de boucler leur saison sur ce « tourniquet » dépourvu d'intérêt. Cependant, la « finale » Villeneuve - Schumacher va attirer des centaines de millions de téléspectateurs à travers leur monde. Tous les records d'audience de la F1 seront battus dimanche après-midi, pour le plus grand bonheur de Bernie Ecclestone.

 

Renault tire derechef sa révérence, huit ans après son retour en Formule 1 en tant que motoriste. Même si le V10 conçu à Viry-Châtillon survivra encore deux ans sous l'étiquette de Mecachrome, c'est une très belle page de l'histoire du sport français qui se tourne. « Nous garderons le souvenir d'un formidable défi », confie Patrick Faure à l'AFP. « Après une première expérience qui n'avait pas été totalement concluante, car nous avions manqué de très peu le titre, Renault a eu le courage de revenir en F1 et a prouvé être capable, après une courte période de mise en train, d'enchaîner titre sur titre. Par-delà notre compétence, Renault laissera aussi une image de loyauté. Pas une seule de nos écuries, pas un seul de nos pilotes ne s'est plaint d'un traitement préférentiel. Pas un seul de nos adversaires n'a eu le moindre reproche à formuler à notre égard. » Rappelons le palmarès impressionnant du Losange en F1: six titres mondiaux des constructeurs, quatre titres des pilotes (avant Jerez), 95 victoires, 104 records du tour, 135 poles positions !

 

Samedi 25 octobre, Renault célèbre son retrait par une grande célébration à la finca Los Alburejos de Medina Sidonia. Renault a convié pour cette occasion ses quatre champions du monde: Nigel Mansell (1992), Alain Prost (1993), Michael Schumacher (1995) et Damon Hill (1996), ainsi que ses pilotes actuels: Jacques Villeneuve, Heinz-Harald Frentzen, Jean Alesi et Gerhard Berger. Combat pour la couronne oblige, Schumacher décline l'invitation à la dernière minute. Il ne veut pas figurer dans le camp adverse à la veille d'un Grand Prix décisif... Un film intitulé « 2000 jours de course moins un » (le dimanche 26 octobre) relate la « success story » de Renault en F1. Quelques séquences évoquent Ayrton Senna, mort au volant d'une Williams-Renault le 1er mai 1994. Présente dans l'assistance, sa sœur Viviane essuie quelques larmes. À l'issue de la projection, le PDG Louis Schweitzer révèle à Bernie Ecclestone que Renault reviendra en Formule 1 dans quelques années.

 

C'est aussi la fin de la collaboration entre Jordan et Peugeot Sport qui motorisera l'an prochain Prost GP. Pierre-Michel Fauconnier, représentant de la firme française, convie les membres de l'écurie irlandaise à dîner au restaurant El Bosque, au cœur de Jerez. On y échange cadeaux et bonnes paroles pour faire oublier les tensions des derniers jours. En effet, à Suzuka les ingénieurs de Peugeot ont peu apprécié de voir le stand Jordan envahi par leurs homologues de Mugen-Honda qui déambulaient comme s'ils étaient déjà chez eux...

 

Jody Scheckter effectue un retour remarqué dans le paddock. Dernier pilote à avoir remporté le titre mondial avec Ferrari, le Sud-Africain n'était plus venu sur un circuit depuis plus de dix ans. Il serre beaucoup de mains et s'attarde longuement au stand de la Scuderia. Il souhaite notamment à Michael Schumacher de lui succéder au palmarès. Mais Scheckter observe aussi d'un œil attentif Jacques Villeneuve, le fils de son regretté coéquipier et ami. « Il a un sacré caractère, comme son père », constate-t-il, amusé.

 

Jean Alesi vit son dernier Grand Prix avec Benetton-Renault. L'Avignonnais (36 points) espère encore chiper la troisième place au championnat à Heinz-Harald Frentzen (41 pts), mais n'est pas du tout satisfait de sa monoplace. En outre, il n'a pas digéré la dernière « blague » de son ami Gerhard Berger: à la sortie d'un restaurant, ce dernier lui a subtilisé son passeport pour le déchirer en huit morceaux ! Alesi s'est vengé sur l'autoroute les ramenant à l'hôtel, en donnant des coups de pare-chocs au Renault Scénic de son facétieux équipier...

 

Cette épreuve est scandée par de multiples claps de fin. C'est le dernier Grand Prix de Gerhard Berger et d'Ukyo Katayama, le dernier de Renault, le dernier aussi des moteurs Yamaha (conçus par John Judd) puisque ceux-ci n'ont pas trouvé de nouveaux clients pour 1998. Rothmans, le sponsor-titre de Williams, se retire aussi au bénéfice d'une de ses filiales, le cigarettier australien Winfield. Arrows annonce la prolongation pour deux ans du contrat de Pedro Diniz qui a réalisé une saison somme toute convenable aux côtés de Damon Hill. « Je crois que j'ai ouvert les yeux de pas mal de gens ! » clame le Pauliste, fier d'avoir quelque fois battu le champion en titre. Toujours chez Arrows, le fondateur et ex-patron Jackie Oliver retrouve un emploi à plein temps, celui de directeur du marketing. Il succède à Tony Dowe qui a rejoint le constructeur américain Panoz. La vilaine blessure au bras gauche dont souffrait Gianni Morbidelli en juillet s'est réveillée après son accident lors des essais qualificatifs de Suzuka. Les médecins ont déclaré l'Italien inapte à courir à Jerez, et le jeune Argentin Norberto Fontana, qui fut son remplaçant cet été, reprend donc du service dans la seconde Sauber-Petronas.

 

Pour cette finale, Williams et Ferrari ne lésinent pas sur les moyens techniques et apportent quatre voitures chacune. La Scuderia a en outre transporté douze moteurs, contre treize à Renault. Le Losange hésite longtemps entre le V10 RS9A et le RS9B plus puissant, d'ordinaire utilisé en qualifications. Bernard Dudot et son adjoint Jean-François Robin tranchent finalement en faveur du RS9A, jugé plus fiable. Dans le même temps, l'aileron avant déformable utilisé par Ferrari depuis Suzuka irrite Patrick Head qui demande des clarifications auprès de Jo Bauer, le délégué technique de la FIA. Ce dernier se contente de déclarer que ce type d'éléments aérodynamiques sera de toute façon autorisé par le règlement technique de 1998. « Cette pièce est la limite de légalité ! » peste Head, qui toutefois n'ira pas jusqu'à porter plainte contre la Scuderia. Du côté des Rouges, Schumacher adopte le différentiel électronique évalué par Eddie Irvine au Japon.

 

Essais et qualifications

Les pilotes balaient une piste très poussiéreuse lors des essais du vendredi. Les leaders roulent avec beaucoup d'essence en prévision de la course. Les pneus Bridgestone se montrent très performants, ce qui permet à Panis de signer le meilleur temps devant Hill. Samedi matin, la piste offre toujours peu d'adhérence, et seules surnagent les McLaren-Mercedes de Coulthard et de Häkkinen. Au cours de cette séance, Villeneuve est quelque peu gêné par Irvine. Redoutant un coup fourré de la part de Ferrari, Jacques court s'expliquer avec son vieil « ami » Eddie. « Mais cela ne sert à rien, il ne comprend jamais rien ! » soupire Villeneuve, excédé.

 

L'après-midi, le mercure ne cesse de grimper et le vent se lève, ce qui empêche les pilotes d'améliorer au fur et à mesure de la séance. Ce qui n'empêche pas d'assister à un phénomène inouï. À 13h14, Villeneuve s'empare de la pole position (1'21''072'''). Un quart d'heure plus tard, M. Schumacher égale cette performance et tourne lui aussi en 21''072'''. Les deux rivaux ne parviennent pas à améliorer, et à dix minutes de l'arrivée, Frentzen boucle son dernier tour... en 1'21''072''' ! Incroyable: trois pilotes ont réalisé au millième près le même chrono, qui plus est le meilleur de l'après-midi ! Les chronométreurs de TAG Heuer sont pris d'assaut par les journalistes mais ne peuvent que confirmer cette coïncidence sensationnelle. Villeneuve ayant réalisé ce chrono en premier, il hérite de la position de pointe devant M. Schumacher et Frentzen. Il s'agit de la dernière pole du V10 Renault en Formule 1. Irvine se classe septième sur la seconde Ferrari.

 

Sur ce tracé qui ressemble à celui de Budapest, Hill et son Arrows-Yamaha sont très rapides grâce aux pneus Bridgestone. L'Anglais se classe quatrième, à seulement 58 millièmes de la pole. Diniz (13ème) est en revanche gêné par du trafic. Les McLaren-Mercedes (Häkkinen 5ème, Coulthard 6ème) sont très performantes mais butent sur bon nombre de concurrents. Berger classe sa Benetton-Renault en huitième position, deux rangs devant Alesi (10ème) qui a connu plusieurs sorties de route, mais bénéficiera d'une coque neuve pour la course. Chez Prost-Mugen, Panis exploite parfaitement les pneus Bridgestone mais tombe sur un Katayama en tête-à-queue lors de son tour le plus rapide. Il doit se contenter du neuvième temps. Nakano est quinzième. Pour la première fois de la saison, Magnussen (11ème) place sa Stewart-Ford devant celle de Barrichello (12ème) qui a dû emprunter le mulet après une sortie. Les Sauber-Petronas (Herbert 14ème, Fontana 18ème) font ici de la figuration. Dernier week-end désastreux pour l'association Jordan-Peugeot: R. Schumacher (16ème) s'enlise dans les graviers lors des qualifications et Fisichella (17ème) déplore un manque total de grip. En fond de grille, les Minardi-Hart (Katayama 19ème, Marques 20ème) précèdent les Tyrrell-Ford (Salo 21ème, Verstappen 22ème).

 

Le Grand Prix

Il fait beau en ce dimanche automnal, mais le vent souffle fort, ce qui perturbe quelque peu le comportement des monoplaces. Häkkinen réalise le meilleur chrono du warm-up devant Berger. Villeneuve et M. Schumacher se sont contentés de peaufiner leurs réglages.

 

Les pneus s'usent facilement sur la piste de Jerez, aussi la plupart des pilotes prévoient au minimum deux arrêts-ravitaillements. Villeneuve décide de s'élancer avec des pneus Goodyear rodés tandis que M. Schumacher et Frentzen sont munis de gommes neuves. On scrutera évidemment avec intérêt Hill et son Arrows, équipés de pneus Bridgestone, qui pourraient bien jouer les trouble-fêtes. Chez Stewart, Barrichello opte seul pour une tactique à un seul arrêt.

 

Départ: Villeneuve fait quelque peu patiner ses roues arrière, ce qui permet à M. Schumacher de s'emparer immédiatement du commandement. Frentzen se jette ensuite à l'intérieur et dépasse son coéquipier au premier virage. Suivent Häkkinen, Coulthard et Hill.

 

1er tour: M. Schumacher mène devant Frentzen, Villeneuve, Häkkinen, Coulthard, Hill, Irvine, Magnussen, Berger et Barrichello.

 

2e: Schumacher compte deux secondes d'avance sur les Williams. Si les choses en restaient ainsi, il serait champion du monde avec 88 points contre 81 pour Villeneuve.

 

3e: Villeneuve tente de recoller à Frentzen qui ne se laisse pas distancer par Schumacher.

 

5e: M. Schumacher devance Frentzen (2s.), Villeneuve (3.2s.), Häkkinen (5.4s.), Coulthard (7.1s.), Hill (8.1s.), Irvine (10.3s.), Magnussen (12.1s.), Berger (12.8s.), Barrichello (17.4s.), Alesi (17.9s.) et Panis (18s.).

 

6e: Villeneuve est le plus rapide en piste (1'24'424''') mais concède encore une seconde à son équipier.

 

8e: Frentzen ouvre la porte à Villeneuve qui s'empare ainsi de la seconde place. Panis dépasse Alesi après une rude bagarre entre Français.

 

9e: La bataille est lancée entre M. Schumacher et Villeneuve, mais quatre secondes les séparent. Häkkinen remonte rapidement sur Frentzen qui a embraqué beaucoup d'essence. Au championnat, la situation est la suivante: Schumacher 88 points, Villeneuve 83 pts.

 

11e: M. Schumacher précède Villeneuve (4s.), Frentzen (10.4s.), Häkkinen (10.8s.), Coulthard (11.8s.), Hill (13.2s.), Irvine (15.7s.), Magnussen (19.1s.), Berger (20.4s), Barrichello (30.7s.), Panis (31s.) et Alesi (31.8s.).

 

12e: Diniz part en tête-à-queue après la chicane Senna et se retrouve perpendiculaire à la piste, avec les roues arrière dans la pelouse. Le Brésilien doit renoncer.

 

14e: Schumacher attaque et accroît son avance sur Villeneuve de quelques dixièmes. Frentzen contient un trio comprenant Häkkinen, Coulthard et Hill.

 

15e: Salo et Marques passent aux stands: ces deux pilotes effectueront trois ravitaillements.

 

16e: M. Schumacher tourne en 1'24'131''' et repousse Villeneuve à cinq secondes. Anonyme 14ème, son frère Ralf subit un ravitaillement.

 

18e: M. Schumacher est en tête devant Villeneuve (5.1s.), Frentzen (16.4s.), Häkkinen (17.2s.), Coulthard (19s.), Hill (21.2s.), Irvine (22.4s.), Magnussen (28.2s.), Berger (29.6s.), Barrichello (45s.), Panis (45.2s.) et Alesi (46s.).

 

19e: Magnussen effectue son premier pit-stop et repart au niveau de Herbert, treizième, qui le doublera peu après.

 

20e: L'intervalle est stable entre les deux leaders. Panis se plie à un ravitaillement chez Prost.

 

21e: Schumacher et Villeneuve réalisent exactement le même chrono lors de cette boucle: 1'24''773'''. Décidément...

 

22e: Après avoir perdu un peu de temps derrière Marques, M. Schumacher apparaît au stand Ferrari pour mettre du carburant et des enveloppes neuves (7.6s.). Il repart entre Häkkinen et Coulthard. Villeneuve se retrouve en tête. Hill ravitaille également, de même que Verstappen.

 

23e: Villeneuve stoppe chez Williams pour ravitailler et reprendre des Goodyear déjà éprouvés (7.5s.). Le Québécois redémarre derrière Schumacher et Coulthard. Frentzen recueille le leadership.

 

24e: Frentzen, Häkkinen et Schumacher sont regroupés en deux secondes. Irvine effectue son premier pit-stop (7s.). Fisichella et Fontana passent aussi par les stands.

 

25e: Coulthard laisse le champ libre à Villeneuve en effectuant son premier arrêt-ravitaillement. Le Britannique redémarre entre Berger et Irvine. Premiers pit-stops aussi pour Alesi, Nakano et Katayama.

 

26e: Häkkinen fait escale chez McLaren pour ravitailler. Le Finlandais est resté trop longtemps dehors puisqu'il se réinsère derrière son équipier Coulthard. Villeneuve est revenu sur les talons de Schumacher tandis que Williams retarde l'arrêt de Frentzen.

 

27e: Villeneuve prend l'aspiration de Schumacher dans la ligne droite de la mi-parcours, sans pouvoir se porter à sa hauteur. Premier arrêt pour Herbert.

 

28e: Frentzen entre aux stands pour remettre de l'essence et des gommes neuves (7.2s.). Cet arrêt tardif était une erreur car « HHF » repart derrière les McLaren. Schumacher et Villeneuve sont désormais seuls en tête.

 

29e: Villeneuve est dans les échappements de Schumacher. Tous deux se frayent un chemin parmi les premiers attardés. Au même instant, Jean Todt est aperçu dans le stand Sauber... Brièvement troisième, Berger est le dernier pilote à subir son premier arrêt-ravitaillement. L'Autrichien se retrouve devant les Stewart.

 

30e: M. Schumacher est premier devant Villeneuve (0.8s.), Coulthard (12.8s.), Häkkinen (13.5s.), Frentzen (14.8s.), Irvine (17.6s.), Hill (22.5s.), Berger (27.4s.), Magnussen (48.6s.), Panis (52.8s.) et Alesi (53.7s.). Frentzen réalise le meilleur tour de la course (1'23''135''') pour la troisième fois consécutive.

 

31e: Les leaders arrivent sur Fontana, l'intérimaire de Sauber. Le jeune Argentin s'efface aussitôt devant Schumacher, puis bouchonne ostensiblement Villeneuve sur plusieurs virages, avant de s'écarter à l'épingle. Le Canadien a perdu trois secondes dans ce coup tordu signé Todt. Barrichello abandonne (pour la 15ème fois en 17 épreuves !) à cause d'une panne de boîte de vitesses.

 

33e: Furieux d'avoir été possédé par Fontana, Villeneuve appuie sur le champignon et reprend quelques dixièmes à Schumacher. Plus loin, Coulthard entraîne dans son sillage Häkkinen et Frentzen.

 

35e: C'est la mi-course. M. Schumacher devance Villeneuve (2s.), Coulthard (18s.), Häkkinen (18.6s.), Frentzen (19.3s.), Irvine (21.7s.), Hill (25.6s.), Berger (26.8s.), Magnussen (56.8s.), Panis (57.3s.), Alesi (58s.) et Herbert (1m. 05s.). Au championnat, si les choses en restaient ainsi, Schumacher serait sacré avec 88 points contre 83 pour Villeneuve. Seconds arrêts pour Marques et Salo.

 

37e: Villeneuve a repris encore une demi-seconde à Schumacher, quitte à escalader certaines bordures. Berger menace Hill pour la septième place. Les pneus Bridgestone s'usent trop rapidement ce dimanche après-midi.

 

38e: Berger prend l'ascendant sur Hill et peut donc encore espérer inscrire des points pour son dernier Grand Prix.

 

39e: Le duo de tête rencontre les attardés Fisichella, Nakano et R. Schumacher. Jean Todt fait un saut chez Jordan, à tout hasard...

 

40e: Les attardés, et notamment R. Schumacher, s'écartent sans barguigner devant les leaders. M. Schumacher précède Villeneuve (1.7s.), Coulthard (17.4s.), Häkkinen (18.5s.), Frentzen (19.5s.), Irvine (21.8s.), Berger (29s.), Hill (32.4s.), Magnussen (1m. 03s.), Panis (1m. 04s.), Alesi (1m. 05s.) et Herbert (1m. 10s.).

 

41e: La pression monte. Villeneuve exécute un travers en début de tour, puis M. Schumacher allume une roue au virage Michelin.

 

42e: Schumacher a repoussé Villeneuve à deux secondes. Deuxième arrêt pour Fontana.

 

43e: M. Schumacher pénètre aux stands afin de subir son deuxième et dernier ravitaillement (9.4s.) puis repart en seconde position. Panis et R. Schumacher passent aussi par les stands.

 

44e: Villeneuve regagne son stand pour son dernier pit-stop au cours duquel il prend cette fois des gommes neuves (8.3s.). Mais il rejoint la piste non seulement derrière Schumacher, mais aussi derrière Coulthard. Le championnat semble basculer en faveur du pilote Ferrari... Häkkinen effectue un arrêt-éclair (6s.). Second ravitaillement aussi pour Irvine.

 

45e: Coulthard entre aux stands pour ravitailler et libère ainsi Villeneuve qui peut se lancer aux trousses de Schumacher. L'Écossais repart de nouveau devant Häkkinen. Hill, Magnussen et Alesi sont aussi aperçus aux stands.

 

46e: Villeneuve cravache et revient à une petite seconde de M. Schumacher. R. Schumacher renonce à cause d'une fuite d'eau au niveau de son alternateur. Arrêts de Herbert, Fisichella et Katayama.

 

47e: Villeneuve fond sur Schumacher: trois dixièmes les séparent à l'issue de ce tour. Frentzen recolle à ce duo. Berger exécute son second pit-stop et ressort à nouveau devant Hill. Aux trousses de Panis, Alesi sort large dans un bac à graviers. L'Avignonnais va devoir subir une nouvelle escale à son stand pour faire examiner sa monoplace.

 

48e: Villeneuve passe à l'abordage et se laisse aspirer par Schumacher dans la ligne droite qui mène à l'épingle « Dry Sack ». Au freinage, le Canadien surprend l'Allemand, se décale à l'intérieur et pointe son museau devant celui de la Ferrari. Schumacher réagit en donnant un méchant coup de volant en direction de son rival. La roue avant-droite de la Ferrari heurte le ponton gauche de la Williams. Mais si Villeneuve parvient à prendre le virage, Schumacher est renvoyé vers les graviers où il s'enlise. Coup de tonnerre ! Schumacher quitte son habitacle tel un automate tandis que Villeneuve, désormais leader et champion du monde virtuel, alerte aussitôt son stand pour savoir si sa monoplace n'est pas endommagée...

 

49e: Pendant que la murette Williams scrute la télémétrie pour vérifier si les suspensions de Villeneuve ne sont pas touchées, Frentzen gagne la pit-lane et s'arrête au stand... Benetton ! L'Allemand a été ébloui par le soleil... Il rejoint enfin son emplacement où ses mécaniciens procèdent à son second ravitaillement. Mais Frentzen a perdu du temps dans cette mésaventure et chute au sixième rang. Second arrêt de Nakano. Hill s'immobilise sur le bas-côté avec une boîte de vitesses fumante. Ainsi s'achève sa collaboration avec Arrows.

 

50e: M. Schumacher revient aux stands pris en croupe par un motocycliste. Villeneuve tourne pour sa part en 1'27'' contre 1'25'' pour les McLaren, ses poursuivantes immédiates, reléguées à dix secondes. La Williams n°3 serait-elle touchée à mort ?

 

51e: Jock Clear prévient Villeneuve que sa Williams n'est pas gravement endommagée. La roue de Schumacher n'a heurté que la structure déformable du ponton. Le Québécois subit des vibrations mais garde le contrôle de sa machine: sauf incident, il n'a plus que dix-huit tours à parcourir pour devenir champion du monde.

 

52e: Villeneuve est premier devant Coulthard (9s.), Häkkinen (9.8s.), Irvine (13.4s.), Berger (14.3s.), Frentzen (19s.), Panis (1m. 02s.), Herbert (1m. 07s.), Magnussen (1m. 11s.) et Nakano (-1t.). Salo et Marques subissent leur troisième pit-stop.

 

54e: Les McLaren-Mercedes reprennent une seconde au tour à Villeneuve. Rappelons que celui-ci doit finir au minimum sixième pour être sacré. Au championnat du monde, il compte pour l'heure 87 points contre 78 à Schumacher.

 

56e: Villeneuve retrouve un rythme décent et tourne en 1'25''. Coulthard et Häkkinen sont néanmoins revenus à six secondes.

 

58e: Villeneuve possède cinq secondes de marge sur les McLaren-Mercedes qui peuvent viser la victoire, voire le doublé. Plus loin, Berger pourchasse Irvine pour la quatrième place.

 

60e: Villeneuve mène devant Coulthard (4.6s.), Häkkinen (5.3s.), Irvine (10.2s.), Berger (10.8s.), Frentzen (11.7s.), Panis (1m. 01s.), Herbert (1m. 08s.), Magnussen (1m. 12s.) et Nakano (-1t.).

 

62e: Villeneuve se débat avec des pneus très usés mais ne peut pas lever le pied car il ne compte que onze secondes d'avance sur Irvine qui occupe la quatrième place. Dieu sait ce dont serait capable l'Irlandais !...

 

64e: Les six premiers vont finir l'épreuve dans un mouchoir. Villeneuve laisse Nakano se dédoubler. Coulthard et Häkkinen rattrapent le pilote Williams, mais eux-mêmes sont recollés par le trio Irvine - Berger - Frentzen. Villeneuve prévient son stand par radio qu'il laissera sans doute passer les pilotes McLaren dans les derniers mètres « s'ils ne lui mettent pas trop la pression ».

 

65e: À quatre tours du but, Villeneuve devance Coulthard (1.8s.), Häkkinen (2.8s.), Irvine (5.8s.), Berger (6.5s.), Frentzen (7.2s.), Panis (1m. 03s.), Herbert (1m. 10s.), Magnussen (1m. 15s.), Nakano (1m. 24s.), Fisichella (-1t.) et Salo (-1t.).

 

67e: Les McLaren-Mercedes sont dans les roues de Villeneuve. Ron Dennis demande à Coulthard de laisser passer Häkkinen afin que celui-ci puisse dépasser Villeneuve et ainsi conquérir sa première victoire. L'Écossais s'exécute sur la ligne de chronométrage.

 

68e: Häkkinen prend Villeneuve en chasse. Le Finlandais étant beaucoup plus rapide que lui, le Canadien n'a pas l'intention de lui disputer la victoire, maintenant qu'il a le titre en poche. Les six premiers sont regroupés en moins de cinq secondes.

 

69ème et dernier tour: Häkkinen recolle facilement Villeneuve qui finit par le laisser passer au freinage de la chicane Senna. Le Scandinave file vers le drapeau à damiers. Coulthard déborde ensuite Villeneuve par l'intérieur du dernier virage. Un peu plus loin, Berger chipe la quatrième place à Irvine au freinage de l'épingle.

 

Mika Häkkinen remporte enfin son premier Grand Prix de F1 devant son coéquipier Coulthard. C'est un doublé McLaren-Mercedes. Villeneuve finit troisième et coiffe la couronne mondiale. Berger achève son dernier Grand Prix à la quatrième place, un dixième derrière Villeneuve qu'il a tenté en vain de « sauter » sur la ligne. Irvine termine cinquième. Frentzen se classe sixième et conquiert la médaille de bronze au championnat des conducteurs. Panis, Herbert, Magnussen, Nakano, Fisichella, Salo, Alesi, Fontana, Marques, Verstappen et Katayama rallient aussi l'arrivée.

 

Jacques Villeneuve, triomphe (sur le fil) d'un jeune surdoué

Jacques Villeneuve est sacré champion du monde de Formule 1, quinze ans après la mort tragique de son père Gilles que le destin a fauché avant qu'il ne décroche ce Graal. En outre, le jeune Québécois est titré dès sa seconde saison de Formule 1, un exploit inédit dans l'histoire de la discipline. À seulement 26 ans, Villeneuve Junior compte à son palmarès les 500 Miles d'Indianapolis et le championnat du monde de Formule 1, ce qui le hisse déjà dans la légende des sports mécaniques. « C'est un sentiment extraordinaire de soulagement et de bonheur » confie le nouveau champion à Auto Hebdo. « Je tiens à saluer le travail de l'équipe qui a mis les bouchées doubles à partir de la mi-saison. À la moindre difficulté, on se serrait les coudes et se donnait une petite claque pour ça aille mieux. Je ne cache pas que ce fut une saison particulièrement difficile, avec beaucoup de pression, ce qui ne m'a pas facilité la tâche derrière le volant. Il y a eu aussi quelques frictions en interne... Mais tout se termine bien. La preuve qu'il ne faut jamais se décourager. »

 

Villeneuve revient aussi sur un après-midi riche en émotions diverses: « J'ai rencontré beaucoup de patinage au départ tandis que Schumacher est parti comme une fusée. Ce fut très difficile, très physique de le suivre, car il a l'art d'enchaîner les tours de course à fond, comme pendant les qualifications. En plus, je n'avais que deux trains de pneus neufs. J'en ai évidemment gardé un pour la fin de course. Il fallait que j'attaque Michael dans les deux ou trois tours suivant mon dernier arrêt, lorsque les gommes étaient à leur plus haut rendement. Finalement, j'ai tenté ma chance en retardant mon freinage puis en gardant la corde à l'intérieur. C'était imparable. Il n'y avait pas d'autres solutions pour que je l'emporte. Au pire on finissait tous les deux dans les graviers. Mais quand il m'a vu devant lui, il a donné un coup de volant, sans doute pour endommager ma voiture. Mais il raté son coup ! » Lorsqu'on demande son sentiment sur cette manœuvre litigieuse, Villeneuve ne prend pas de gants: « Schumacher vient de montrer son vrai visage. Il a prouvé qu'il avait bien volontairement sorti Hill à Adélaïde, en 1994 ! C'est bien fait pour lui ! » Sa fin de course fut cependant des plus pénibles: « Le choc a été quand même été très dur, et pendant deux ou trois tours, la Williams avait un comportement bizarre. J'étais persuadé que quelque chose avait lâché sur la suspension. J'ai bouclé quelques tours lents, ça tenait le coup. J'ai augmenté le rythme, ça tenait encore. Après, j'ai dû lever le pied car les pneus s'altéraient. J'ai donc adopté une cadence en dents de scie. Puis, quand j'ai vu Häkkinen dans mes rétroviseurs, je lui ai ouvert la porte. En début de course, il ne s'était pas mêlé à notre bagarre, par correction. Aussi ne lui ai-je pas résisté, pas plus qu'à Coulthard ! »

 

La joie règne évidemment chez Williams-Renault: ingénieurs et mécaniciens, britanniques et français, s'affublent de perruques blondes, en référence à la teinture de Villeneuve, pour fêter la victoire de ce dernier. Frank Williams et Patrick Head, qui n'ont pas été tendres cette saison envers leur pilote, le félicitent chaudement. Head déroge même à sa traditionnelle bière de la victoire: en l'honneur de Renault, il trinque au champagne ! Du côté de Renault, on quitte la F1 sur un cinquième titre des pilotes, avec la satisfaction du devoir accompli. Un départ par la grande porte, tout à fait digne du splendide parcours du motoriste français en F1. Christian Contzen, Bernard Dudot, Jean-Jacques His, Jean-François Robin, Denis Chevrier et consorts se donnent rendez-vous quelques jours plus tard, à Viry-Châtillon, pour une dernière cérémonie d'adieux en présence des présidents Louis Schweitzer et Patrick Faure. Jacques Villeneuve a promis d'en être.

 

Haro sur Schumacher: l'arroseur allemand arrosé

Pendant ce temps-là, l'orage tonne autour du stand Ferrari. Le paddock, les journalistes, les passionnés et les simples curieux vitupèrent contre la Scuderia et surtout contre Michael Schumacher. Le coup de volant honteux de l'Allemand à l'égard de Jacques Villeneuve est souvent qualifié de « geste de voyou », indigne d'un champion de cette trempe. Schumacher est d'autant plus éreinté qu'il n'en est pas à son coup d'essai, puisque l'on sait que c'est par le même procédé qu'il a remporté sa première couronne en 1994, face à Damon Hill. À vrai dire, on ne peut accuser le double champion du monde de préméditation, et c'est d'ailleurs pourquoi les commissaires de piste ne prennent aucune sanction contre lui après l'arrivée. Schumacher a tout simplement encore une fois cédé à ses vieux démons: c'est un réflexe chez lui de fermer la porte lorsqu'il voit une victoire importante lui échapper. Damon Hill en 1994, à Adélaïde, mais aussi Mika Häkkinen en 1990, à Macao, en F3, en ont déjà fait les frais. « Son comportement est détestable, il ne recule rien », glisse Hill à l'oreille de Villeneuve après la course. Mais cette fois, la morale est sauve, selon le principe de l'arroseur arrosé, puisque c'est Schumacher qui a fini sur le sable. Pire encore, ce dernier a de fait sauvé la mise à son rival. L'assaut conduit par Villeneuve était en effet très téméraire, le Canadien ayant retardé au maximum son freinage. C'est probablement grâce au choc contre la Ferrari qu'il a pu suffisamment ralentir pour prendre le virage !... Si Schumacher n'avait pas eu ce réflexe stupide, sans doute serait-il devenu champion du monde...

 

Quoiqu'il en soit, son comportement est jugé inacceptable, d'autant plus qu'il est le président en exercice du GPDA, et doit à ce titre montrer l'exemple à ses collègues. C'est pourquoi les observateurs, sans pitié, ne se satisfont pas des quelques explications embarrassées qu'il délivre après la course. « Je tiens à féliciter Villeneuve, car il a effectué une très belle saison », balbutie Schumacher. « Il n'avait rien à perdre et il a tout tenté. En restant derrière moi, il perdait le championnat. Donc, il devait m'attaquer. J'aurais fait comme lui à sa place. J'ai freiné le plus tard possible, lui aussi, je pense donc ne pas avoir commis de faute. D'ailleurs les commissaires ont conclu à l'incident de course. » Ce dénouement est très provisoire car, devant le tollé suscité par cet accrochage, Max Mosley demande aux commissaires un nouveau rapport disciplinaire qui pourrait conduire Schumacher devant le Conseil mondial de la FIA.

 

Chez Ferrari, on fait profil bas devant ce désastre. Luca di Montezemolo a tout de suite quitté le circuit, laissant Jean Todt seul pour défendre Michael Schumacher. Le manager français n'est pas très à l'aise dans cette tâche car lui-même n'est blanc-bleu. Tout le monde l'a vu se rendre chez Sauber afin de demander que Norberto Fontana gêne Jacques Villeneuve. Mais Todt, plus cauteleux que jamais, affirme non seulement que Schumacher n'a rien à se reprocher, mais prétend que Ferrari a dû faire face à une coalition Williams - McLaren ! « Nous avons eu deux écuries à combattre », déclare-t-il à Auto Hebdo. « Par exemple, après les seconds ravitaillements, Coulthard aurait pu ne pas laisser passer Villeneuve aussi facilement. Et ce dernier s'est écarté devant les McLaren en fin de course ! Je n'ai jamais vu un pilote au volant d'une voiture aussi compétitive laisser passer deux adversaires. Frank Williams est vraiment très sympa... » Ces élucubrations trouvent un écho puisque la FIA diligente aussi une enquête sur les conversations radios des stands Williams et McLaren durant la course. Une preuve supplémentaire, s'il en était besoin, de l'influence de Ferrari sur le pouvoir sportif international.

 

Häkkinen enfin récompensé - McLaren se tourne vers 98

Mika Häkkinen aura donc patienté six ans et 96 Grands Prix avant d'être enfin salué en vainqueur par le drapeau à damiers. Certes, il doit ce premier succès à la générosité de Jacques Villeneuve, mais la déveine l'a tellement accablé jusque-là, et particulièrement en cette saison 1997, que personne ne fera la fine bouche devant le bonheur du Scandinave. Surtout si l'on prend en compte qu'il revient de loin: il y a deux ans, n'a-t-il pas frôlé la mort à Adélaïde ? Submergé par le bonheur, Häkkinen est à peine capable de s'exprimer lors de la conférence de presse. « Vous me demandez d'expliquer ce que je ressens, mais j'en suis incapable. Je ne comprends pas moi-même ce qu'il m'arrive ! Je n'ai jamais été aussi heureux... La fin de la course s'est déroulée comme dans un rêve », bredouille-t-il. Aussi est-ce son équipier David Coulthard qui narre la course des McLaren-Mercedes devant les journalistes ! L'Écossais n'affiche aucune rancœur, bien que Ron Dennis lui ait ordonné de s'effacer devant son collègue afin que celui-ci puisse remporter sa première victoire. Après tout, « DC » avait déjà eu droit deux fois aux lauriers cette saison (Australie, Italie)... « C'est bon pour le team, bon pour le travail qui nous attend durant l'hiver, bon pour la saison 1998 », déclare Coulthard. Ron Dennis et Norbert Haug, tout sourires, ne songent en effet qu'à l'année suivante. Pour eux, ce doublé (une première pour McLaren depuis 1991, pour Mercedes depuis 1955 !) est le prélude d'une future campagne qui grâce à la nouvelle réglementation technique, au châssis concocté par Adrian Newey et au moteur conçu par Mario Illien et Paul Morgan, doit les conduire vers les sommets de la F1.

 

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Tony