McLaren-Mercedes: R. Dennis en mission diplomatique
Ron Dennis profite de ce week-end allemand pour s'entretenir avec les dirigeants de Daimler-Benz et assouplir quelque peu les relations avec la firme de Stuttgart. En effet le manque de réussite de l'association McLaren-Mercedes fait des gorges chaudes outre-Rhin. Le budget Formule 1 de Mercedes, estimé à 90 millions de marks, paraît disproportionné au regard des résultats récoltés en 1995 et en ce début 1996. La presse fait état de critiques adressées par les Allemands aux ingénieurs de McLaren, coupables de ne pas envelopper d'un bon châssis l'excellent moteur à l'étoile. L'aérodynamicien Henri Durand - toujours absent des circuits - est notamment visé. Flanqué de Norbert Haug, Dennis plaide sa cause auprès de Hans Werner Aufrecht, le président d'AMG-Mercedes, et de Jürgen Hubbert, membre très influent du directoire de Daimler. Il rappelle que la paire Williams-Renault, qui domine aujourd'hui la F1, n'a atteint sa vraie dimension qu'après deux années de tâtonnement. L'Anglais réclame donc du temps et s'appuie sur un solide contrat courant jusqu'à l'an 2000. Jürgen Hubbert rassure Ron Dennis: le « grand patron » Jürgen E. Schrempp est patient et n'a pas l'intention d'abandonner la F1. Mais les McLaren-Mercedes doivent progresser et, si possible, briller à l'occasion de ce Grand Prix à domicile, sur le Nürburgring.
TWR absorbe Arrows - Bridgestone pointe le bout de son pneu
Tom Walkinshaw réorganise peu à peu l'écurie Arrows dont il a pris le contrôle fin mars. Tony Dowe, un de ses vieux associés (il travaille depuis dix ans pour TWR), est ainsi nommé directeur des opérations. Son « chasseur de sponsors » Daniele Audetto lui apporte le concours financier des boissons énergétiques Power Horse, subtilisé à Ligier. D'autre part, afin de bien marquer ce nouveau départ, les Arrows-Hart arborent une nouvelle livrée à dominante rouge. En revanche, Walkinshaw et Audetto ne parviennent pas à convaincre la FOCA d'avaliser un changement de nom immédiat pour le team de Milton Keynes. Arrows attendra 1997 pour devenir TWR.
Dans le même temps, Tom Walkinshaw, Daniele Audetto et Jackie Oliver s'entretiennent avec deux Japonais inconnus dans le paddock. Il s'agit des émissaires de Bridgestone, le manufacturier de pneumatiques nippon qui a résolu de concurrencer Goodyear en Formule 1 à compter de 1997. Celui-ci a jeté son dévolu sur TWR-Arrows pour éprouver ses produits, mais compte disposer de quelques autres clients. Cette concurrence future est l'un des principaux points abordés lors de la réunion de la Commission F1 au Nürburgring. Le règlement précise en effet qu'en cas de présence de deux manufacturiers, chacun doit être en mesure de fournir 60% du plateau. Bridgestone sera-t-elle capable de satisfaire à cette condition ? En outre, Bernie Ecclestone redoute une nouvelle « guerre des pneus » entre Goodyear et Bridgestone qui engendrerait une explosion des coûts. Aussi espère-t-il convaincre la FOCA, et surtout Max Mosley, de lancer un appel d'offre pour choisir parmi les deux concurrents un manufacturier unique et officiel. Ceci à condition d'offrir une fourniture gratuite... Ce que Goodyear rejette, puisqu'elle bénéficie de contrats particuliers avec les « top teams ».
Schumacher et l' « autre Allemand »
Face aux annulations des Grand Prix du Pacifique, d'Autriche et d'Indonésie, la fédération internationale a complété le calendrier au moyen d'un Grand Prix d'Europe qui se tiendra, comme en 1995, sur le nouveau Nürburgring. C'est l'occasion pour Michael Schumacher de jouir d'une seconde course à domicile, et des dizaines de milliers de supporteurs allemands bariolés se pressent dans l'Eifel pour soutenir leur chouchou. L'intéressé est néanmoins toujours aussi peu à l'aise avec cette popularité, ou plus exactement avec les effusions qui en découlent. Schumacher n'aime pas les bains de foule et combat fermement toute intrusion dans sa vie privée. Or quelques fanatiques n'hésitent plus à le prendre en chasse ou à l'épier, d'où un déploiement de « gorilles » autour de sa personne.
Adulé tel un héros national, Schumacher est donc néanmoins aussi perçu comme froid et distant. Son rival Heinz-Harald Frentzen, chaleureux et primesautier, recueille les vivats des « Schumi-sceptiques ». S'il n'a rien gagné jusqu'ici avec Sauber, sa cote grimpe en flèche tandis que bruissent les rumeurs de son arrivée chez Williams en 1997. Les Allemands rêvent d'un futur duel Schumacher - Frentzen pour le titre mondial... Pour l'heure, « HHF » affirme vivre heureux à l'ombre de Schumacher, tout en laissant poindre ses ambitions: « Beaucoup pensent que Michael est le meilleur pilote du monde et, bien sûr, tout le monde aimerait le battre. C'est aussi mon but ! Actuellement, il a beaucoup de pression sur les épaules car il est au sommet. En Allemagne, les médias sont focalisés sur lui, mais cela ne me dérange pas. Cela me fait des vacances, et les vacances... c'est bon pour moi ! » Frentzen attend son heure, tranquillement...
Présentation de l'épreuve
Avec seulement treize points au compteur après trois épreuves, Benetton connaît un médiocre début de saison. Flavio Briatore affirme que les contre-performances de la B196 proviennent d'un défaut d'alimentation en air du V10 Renault, mais Bernard Dudot suggère qu'il existerait aussi des failles au niveau du châssis. Jean Alesi admet pour sa part « avoir du mal à s'adapter à la méthode de travail » de sa nouvelle écurie. En d'autres termes, l'Avignonnais peine à endosser le costume de Michael Schumacher: quoique très talentueux et volontaire, il lui manque les qualités de metteur au point et de meneur d'hommes du champion allemand. Quant à Gerhard Berger, il laisse transparaître son désarroi face au mauvais comportement de sa machine et semble avoir perdu toute motivation.
Peter Gillitzer quitte la direction de Ford Motorsport après deux ans de bons et loyaux services. Il cède sa place à Martin Whitaker, qui était jusqu'ici son adjoint chargé de la communication. Celui-ci reçoit pour mission de dynamiser le projet Stewart Grand Prix patronné par Ford. En Allemagne, Whitaker s'entretient aussi avec Peter Sauber et son adjoint Max Welti. Il leur promet de poursuivre l'amélioration du nouveau V10 Ford-Cosworth, mais aimerait aussi en savoir plus sur les intentions de Heinz-Harald Frentzen pour 1997...
Le jeune espoir italien Giancarlo Fisichella fait son retour dans la seconde Minardi qu'il devrait partager en alternance avec Tarso Marques jusqu'à la fin de la saison. Ainsi en a décidé Giancarlo Minardi qui, d'autre part, annonce que la M195B sera utilisée jusqu'à la fin de la saison. Il n'a tout simplement pas les moyens de finaliser la conception de la M196, et le staff de Faenza prépare déjà la M197.
Niki Lauda est de retour dans le paddock et assistera au Grand Prix dans le stand Ferrari, aux côtés du président Luca di Montezemolo. Visiblement, les deux hommes se sont réconciliés après leur brouille de l'an passé: Montezemolo avait mis un terme aux fonctions de consultant occupées par son vieux compère au sein de la Scuderia. Trop brut de décoffrage, Lauda avait fini par se mettre à dos les deux pilotes, Gerhard Berger et Jean Alesi. Vendredi après-midi, l'Autrichien s'éclipse en compagnie de quelques amis pour une escapade champêtre, sur les traces de l'ancien « Ring ». Il se rend pour la première fois depuis vingt ans sur les lieux de son tragique accident du 1er août 1976. Un pèlerinage qui l'émeut certainement, mais Lauda, toujours pudique, n'en dira rien.
Un autre visiteur se fait remarquer dans les allées du Nürburgring: Walter Thoma, le président de Philip Morris Europe. Ce dernier, toujours mécontent des performances de McLaren, souhaite dénicher un nouveau partenaire pour 1997. Il s'entretient ainsi avec Frank Williams, Flavio Briatore et Luca di Montezemolo, tous trois gourmands de la manne Marlboro. Toutefois, Thoma garde le contact avec McLaren. Il multiplie ainsi les entrevues avec Ron Dennis et Mansour Ojjeh, ainsi qu'avec Alain Prost, lequel discute bien entendu au nom de McLaren, mais songe peut-être aussi à l'avenir...
Comme chaque année, la plupart des écuries ont profondément remanié leurs bolides à l'entame de la saison européenne. La Williams-Renault FW18 est cependant si réussie qu'Adrian Newey a peu de modifications à lui apporter. En Allemagne, Hill et Villeneuve jouissent néanmoins de deux coques neuves et d'un réaménagement du cockpit. Les deux pilotes éprouvent vendredi une configuration aérodynamique offrant un peu plus de charge, abandonnée dès le samedi. L'autre équipe motorisée par Renault est moins sereine. La Benetton B196 se pare d'un nouveau différentiel, d'une suspension avant revue, ainsi que d'une nouvelle boîte à air afin de faciliter la « respiration » du V10. Cette modification a nécessité l'élaboration d'un nouveau capot arrière. Le tout dépasse légèrement le poids maximal autorisé sur la monoplace du grand Gerhard Berger. À signaler que, comme lorsqu'ils étaient chez Ferrari, Berger et Alesi n'utilisent pas le volant. L'Autrichien possède un modèle « aviation » alors que le Français se sert d'un modèle traditionnel, rond, qui s'accommode mieux de son habitude de placer ses mains très haut sur le volant.
Après avoir utilisé le train arrière de la 412 T2 en Amérique du Sud, Ferrari revient au train originel de la F310. La nouvelle boîte de vitesses, qui donnait d'inquiétants signes de faiblesse, a été fiabilisée, notamment via un carter rigidifié en titane, en attendant une version en acier. Cette boîte est plus étroite que se devancière et donc plus efficace dans les canaux latéraux du diffuseur. Autour de la nouvelle transmission, l'environnement aérodynamique a changé, de même que la suspension, désormais dotée de trois amortisseurs. Dimanche matin, lors du warm-up, Schumacher teste une carrosserie arrière inédite, plus étroite, en forme de « bouteille de Coca Cola », la griffe de John Barnard.
McLaren prépare une version B de sa peu réussie MP4/11 qui devrait apparaître à Monaco. En attendant, la monoplace blanche et rouge reçoit ici sur l'aileron avant un flap plus important, pour générer plus d'appui. Les techniciens de Sauber se penchent sur l'aérodynamisme déficient de la C15. Frentzen se charge de développer un aileron avant à triple dérive. Les deux monoplaces se parent aussi de gros déflecteurs derrière les roues avant tandis qu'à l'arrière réapparaît le dispositif de soufflage bas. Sauber reçoit aussi une version B du V10 Ford-Cosworth Zetec-R, muni d'un accélérateur électronique et de pistons neufs. Les Jordan-Peugeot bénéficient d'un nouvel extracteur central très arrondi rappelant celui utilisé par Sauber en 1995. Côté aérodynamisme, Brundle utilise le petit aileron central, contrairement à Barrichello. La Tyrrell-Yamaha a beaucoup de nouveautés, notamment un profil d'aile cachant le triangle supérieur de la suspension arrière, comme sur la Williams FW16 de 1994. Salo reçoit en outre une coque rigidifiée avec un centre de gravité rabaissé. A noter enfin que pour la première fois Arrows possède un châssis de secours.
Forti présente au Nürburgring sa nouvelle voiture, la FG03-96. Son assemblage étant à peine achevé, les vieilles FG01-95B reprennent du service pour ce week-end. Cette nouvelle monoplace est la première vraie Formule 1 de l'écurie d'Alexandrie, la FG01 n'étant en fait qu'une F3000 améliorée. Elle a été conçue par l'ingénieur Chris Radage, parti chez Tyrrell en décembre 95, et achevée par Giorgio Stirano et Riccardo di Marco. George Ryton, récemment recruté comme directeur technique, sera chargé de son développement. L'arrivée prochaine de cette monoplace légère et épurée donne des ailes à Guido Forti: « Notre objectif est de jouer entre les 10ème et 14ème places de la grille, c'est-à-dire de taper Minardi ! »
Essais et qualifications
Hill réalise le meilleur chrono de la séance libre du vendredi. Il précède Schumacher et Alesi, les deux grands animateurs de l'édition 95 de cette épreuve, et qui ont entretemps échangé leurs bolides. Samedi matin, Hill est de nouveau le plus rapide devant Schumacher et Villeneuve. L'après-midi, les Williams-Renault sont souveraines. Hill s'adjuge sans peine sa troisième pole position consécutive (1'18''941'''), sept dixièmes devant Villeneuve (1'19''721''') qui découvre ce circuit. Schumacher se classe troisième avec la Ferrari améliorée, mais est très déçu car il concède plus d'une seconde au poleman. Son équipier Irvine (7ème) cafouille longtemps dans ses réglages. Les Benetton-Renault souffrent ici de sous-virage. Alesi (4ème) est dépité par la seconde et demie qui le sépare de Hill. Berger (8ème) est une fois de plus tout à fait transparent. Satisfaction chez Jordan-Peugeot: Barrichello décroche une excellente cinquième place et peut viser de gros points dimanche. En revanche, Brundle (11ème) se débat avec un châssis sous-vireur. Coulthard peine une fois encore à trouver le bon « set-up » pour sa McLaren-Mercedes, mais réalise tout de même le sixième temps des qualifications. Häkkinen casse quant à lui son moteur dès les premières minutes et se qualifie sur le mulet au neuvième rang.
En dépit des modifications apportées, les Sauber-Ford (Frentzen 10ème, Herbert 12ème) pâtissent toujours d'un sous-virage excessif. Chez Arrows-Hart, Verstappen (13ème) est victime samedi matin d'une panne de moteur et ne brille pas en qualifications. Rosset (20ème), très médiocre, concède plus de deux secondes à son équipier hollandais. Comme en Argentine, les Tyrrell-Yamaha sont rapides le vendredi et sombrent le lendemain. Salo (14ème) et Katayama (16ème) sont pourtant satisfaits de leur tenue de route. Panis (15ème) se remet d'une violente sortie à Nogaro en essais privés et déplore une Ligier-Mugen trop vive. Diniz (17ème) rencontre lui des problèmes de freins. Les Minardi-Ford souffrent à cause d'un moteur Ford ED anémique. Fisichella (18ème) précède d'un souffle son collègue Lamy (19ème). Les deux vieilles Forti-Ford (Montermini 21ème, Badoer 22ème) ne passent pas la barre des 107 %. Guido Forti plaide alors la clémence auprès des commissaires, annonçant être prêt à prendre le départ avec ses nouvelles FG03, mais les autorités demeurent inflexibles.
Le Grand Prix
Hill se montre de nouveau le plus rapide lors de l'échauffement du dimanche matin, devant les deux Benetton. L'Anglais vise bien sûr une cinquième victoire consécutive, mais Craig Pollock répète à l'envi que Villeneuve « prépare quelque chose ». Le ciel est couvert en ce froid dimanche d'avril. Cela n'a pas découragé les 150 000 Allemands venus encourager Schumacher et priant pour qu'il triomphe ici, comme l'an dernier. Tous les pilotes prévoient une course à deux arrêts (sauf Diniz, qui ne doit stopper qu'une fois).
Départ: Hill manque complétement son départ, ce qui permet à Villeneuve de s'emparer des commandes. Coulthard bondit depuis la troisième ligne et se porte à la hauteur du Québécois, sans pouvoir le doubler. Il emmène derrière lui Barrichello et Schumacher, qui a été gêné par Hill. Suite à une défaillance de leur frein électronique (destiné à parer à tout départ volé), les Benetton d'Alesi et de Berger restent scotchées une longue seconde avant de démarrer. Par bonheur, personne ne les percute. Katayama cale son moteur et met les gaz avec beaucoup de retard, poussé par des commissaires... et quelques-uns de ses mécaniciens, ce qui est prohibé.
1er tour: Villeneuve mène devant Coulthard, Barrichello, Schumacher, Hill, Häkkinen, Brundle, Frentzen, Irvine et Herbert. Alesi est seulement treizième. Berger est victime d'une crevaison et rejoint les stands pour remplacer ses pneus.
2e: Alesi déborde Verstappen après la ligne de chronométrage, puis demeure à l'intérieur et retarde au maximum son freinage pour surprendre Salo. L'Avignonnais est bien trop optimiste: il harponne violemment la Tyrrell et échoue dans le bac à graviers avec une suspension avant-gauche pliée. Très chanceux, Salo parvient à continuer après avoir traversé le dégagement. Schumacher se défend à la petite chicane face aux attaques de Hill.
3e: Villeneuve compte deux secondes et demie d'avance sur Coulthard. Hill harcèle Schumacher sans trouver d'ouverture. Frentzen prend la septième position à Brundle.
5e: Villeneuve devance de quatre secondes un quatuor composé de Coulthard, Barrichello, Schumacher et Hill. Irvine est en difficulté puisqu'il se fait doubler par Herbert et Verstappen.
6e: Hill prend l'aspiration de Schumacher dans la ligne droite de départ/arrivée, se décale à l'intérieur et s'empare de la quatrième place. L'Anglais se lance aux trousses de Barrichello. Panis tente de faire l'intérieur à Irvine à la chicane, mais l'Irlandais lui claque la porte au nez. La Ligier heurte la Ferrari et l'expédie en tête-à-queue.
7e: Villeneuve est en tête devant Coulthard (4.1s.), Barrichello (5s.), Hill (5.5s.), Schumacher (6.2s.), Häkkinen (7.3s.), Frentzen (9.1s.), Brundle (11.6s.), Herbert (13.6s.) et Verstappen (14.2s.). Panis et Irvine rejoignent les stands et mettent, tous deux, pied à terre. Leurs suspensions ont trop souffert de leur collision.
8e: Complétement isolé en avant-dernière position, Berger améliore le record du tour à chaque passage. Son objectif est maintenant de rattraper la Minardi de Fisichella...
9e: Villeneuve roule une seconde au tour plus vite que ses poursuivants. Hill bute sur Barrichello sans pouvoir passer. Häkkinen se rapproche de Schumacher.
10e: Coulthard décramponne le groupe Barrichello - Hill - Schumacher - Häkkinen, désormais rattrapé par Frentzen.
11e: Hill tente de faire l'intérieur à Barrichello à la petite chicane, puis le contourne par l'extérieur dans la dernière courbe. Cependant le Brésilien, bien servi par son puissant moteur Peugeot, garde l'ascendant à la réaccélération.
12e: Villeneuve précède Coulthard (7.8s.), Barrichello (10.5s.), Hill (11s.), Schumacher (11.7s.), Häkkinen (12.3s.), Frentzen (13.5s.), Brundle (17.6s.), Herbert (18.7s.), Verstappen (19.4s.), Diniz (28.5s.) et Salo (29s.).
14e: Hill maintient la pression sur un Barrichello imperturbable. Il esquisse une estocade à la chicane mais part de trop loin et doit monter sur ses freins. A la réaccélération, Schumacher en profite pour s'infiltrer à l'intérieur, cependant l'Anglais lui ferme la porte.
16e: Villeneuve possède dix secondes de marge sur Coulthard. À treize secondes, Barrichello contient Hill et Schumacher.
18e: Villeneuve devance Coulthard (12.1s.), Barrichello (15.7s.), Hill (16.1s.), Schumacher (16.8s.), Häkkinen (17.7s.), Frentzen (19s.), Brundle (23.7s.), Herbert (26s.) et Verstappen (26.7s.).
20e: Villeneuve porte son avantage sur Coulthard à treize secondes. Frentzen passe chez Sauber pour un premier pit-stop (8.2s.), puis repart entre Verstappen et Diniz.
21e: Hill laisse filer Barrichello et doit se défendre contre Schumacher. Salo dépasse Diniz. Arrêts-ravitaillements pour Verstappen et Lamy.
22e: Hill entre aux stands pour ravitailler et prendre de nouvelles gommes. Ressentant des vibrations sur son train arrière, il demande aussi à ses mécaniciens d'examiner sa voiture. Cela fait perdre vingt secondes au leader du championnat. Il repart juste derrière Brundle et Herbert qui viennent eux-mêmes de s'arrêter.
23e: Quatorze secondes séparent Villeneuve de Coulthard. Schumacher fait halte chez Ferrari pour ravitailler (7.7s.) et ne perd qu'une position au profit de Häkkinen. Berger, toujours avant-dernier, effectue aussi un pit-stop.
24e: Coulthard observe son premier arrêt, aussitôt imité par Barrichello. Le Brésilien reste immobilisé assez longtemps (12s.). Désormais onzième, Hill est aux trousses de Herbert.
25e: Coulthard quitte les stands juste devant Schumacher. L'Allemand attaque aussitôt l'Écossais et le déborde dans la courbe Valvoline. Désormais troisième, le pilote Ferrari est le grand bénéficiaire de cette première salve d'arrêts. Arrêts pour Rosset, Fisichella et Katayama.
26e: Brièvement second, Häkkinen effectue un arrêt-éclair (6.6s.) et reprend la piste entre Schumacher et Coulthard. Villeneuve apparaît dans la pit-lane en fin de boucle. Hill dépasse Herbert.
27e: Villeneuve stoppe chez Williams pour son premier arrêt (9s.) et garde les commandes de la course, huit secondes devant Schumacher. Hill s'agite derrière Brundle, lui-même gêné par Diniz qui n'a pas ravitaillé.
28e: Schumacher est plus rapide que Villeneuve et lui reprend une seconde par tour. Le Canadien peine à faire chauffer ses pneus. Hill prend l'ascendant sur Brundle et bute aussitôt sur Diniz. Derrière Brundle trépignent Herbert et Verstappen.
29e: Hill fait l'intérieur à Diniz dans la descente vers la courbe Dunlop. Mais le Brésilien ne regarde pas ses rétroviseurs et prend la corde avant d'apercevoir Hill sur sa droite. L'Anglais freine en catastrophe, escalade la bordure, et embrasse la roue avant-droite de la Ligier. Tous deux sortent dans le sable puis reprennent la piste derrière le trio Brundle - Herbert - Verstappen. Salo et Diniz ravitaillent en fin de tour.
30e: Villeneuve est premier devant Schumacher (3.8s.), Häkkinen (8.5s.), Coulthard (12.5s.), Barrichello (17.1s.), Frentzen (20.8s.), Brundle (33.1s.), Herbert (35s.), Verstappen (35.6s.), Hill (38.7s.) et Salo (43.7s.).
31e: Häkkinen écope d'un « stop-and-go » de dix secondes pour avoir dépassé la vitesse autorisée dans les stands.
32e: Schumacher se rapproche toujours de Villeneuve. Häkkinen observe sa pénalité et tombe au sixième rang.
33e: Hill s'empare de la neuvième position aux dépens de Verstappen.
34e: Schumacher est quelque peu gêné par Lamy dans sa remontée sur Villeneuve. Deux secondes et demie séparent les deux leaders.
36e: Schumacher est revenu à une seconde de Villeneuve, lequel tombe sur Diniz. Le Brésilien s'écarte de mauvaise grâce.
37e: Villeneuve et Schumacher se débarrassent de Rosset et se retrouvent presque roue dans roue. Plus loin, Hill se défait de Herbert et remonte vers les points.
38e: Villeneuve précède Schumacher (0.7s.), Coulthard (16.4s.), Barrichello (18.4s.), Frentzen (26.9s.), Häkkinen (27.2s.), Brundle (33.5s.), Hill (36.7s.), Herbert (40.4s.), Verstappen (41.6s.) et Salo (42.4s.).
39e: Häkkinen chasse Frentzen pour le gain de la cinquième place. Verstappen abandonne suite à une panne de boîte de vitesses. Il était de toute façon mécontent de la tenue de route de son Arrows.
41e: Schumacher file le train de Villeneuve, malgré une Ferrari sous-vireuse. Toutefois le Canadien ne commet pas d'erreur et reste devant.
42e: Häkkinen dépasse Frentzen dans la courbe Dunlop. L'Allemand regagne ensuite son stand pour effectuer son deuxième ravitaillement (7.8s.), puis reprend la piste entre Salo et Berger.
43e: Hill stoppe pour la seconde fois chez Williams (8.2s.) et parvient à ressortir sous le nez de Frentzen qui bataillait avec l'attardé Katayama. Salo et Lamy passent aussi aux stands.
44e: Faute de trouver l'ouverture sur Villeneuve, Schumacher rejoint son stand pour son second pit-stop (8.5s.), puis rejoint la piste à quelques encablures de Coulthard. Häkkinen repasse aux stands (8.4s.) et se retrouve devant Hill. Berger effectue lui aussi son deuxième arrêt... et cale au redémarrage. L'Autrichien abandonne ainsi vingt secondes.
45e: Schumacher bute sur Coulthard et perd un temps précieux. Barrichello fait escale chez Jordan pour remettre de l'essence et des pneus neufs. Arrêts aussi pour Herbert, Rosset et Katayama.
46e: Villeneuve arrive chez Williams pour son deuxième et dernier ravitaillement (8.3s.). Il reste premier car Schumacher vient seulement d'être délivré de Coulthard qui observe lui aussi son second arrêt (7.8s.). L'Écossais cède provisoirement la troisième place à Brundle.
47e: Villeneuve compte trois secondes d'avance sur Schumacher qui n'a pas abdiqué et le recolle aisément. Brundle exécute son deuxième arrêt et repart septième. Hill retrouve les points. Ravitaillement aussi pour Fisichella.
49e: Schumacher est revenu à moins de deux secondes de Villeneuve. Hill prend la cinquième place à Häkkinen.
50e: Le limitateur de Häkkinen est déréglé car le Scandinave est encore frappé d'un « stop-and-go » pour excès de vitesse dans la pit-lane.
51e: Schumacher fait la jonction avec Villeneuve. Häkkinen subit sa seconde punition de l'après-midi et dégringole au dixième rang.
52e: Villeneuve devance Schumacher (0.4s.), Coulthard (29.2s.), Barrichello (31.1s.), Hill (34.7s.), Brundle (47s.), Frentzen (56s.), Salo (1m.), Herbert (1m. 01s.) et Häkkinen (1m. 05s.).
53e: Villeneuve se défait difficilement de l'attardé Fisichella, ce qui permet à Schumacher de se montrer dans ses rétroviseurs. Hill affole le chronomètre à chaque passage et remonte sur Barrichello.
55e: Les tribunes encouragent bruyamment Schumacher dans son duel contre Villeneuve. Hill réalise le meilleur tour de la journée (1'21''363''').
56e: Hill évolue dorénavant dans les échappements de Barrichello. En difficulté, Frentzen est sous la pression d'un trio comprenant Salo, Herbert et Häkkinen.
57e: Frentzen part en tête-à-queue au premier freinage et échoue dans le bac à graviers. L'Allemand garde cependant le contrôle de sa Sauber et parvient à rejoindre la piste, mais il a perdu plusieurs positions. Salo, qui le suivait de près, doit ralentir et se fait dépasser par Herbert et Häkkinen.
58e: Schumacher demeure dans le sillage de Villeneuve. Il se rapproche du Canadien dans les portions sinueuses, mais à la réaccélération la puissance du V10 Renault fait la différence. Hill s'empare de la quatrième place aux dépens de Barrichello. Frentzen repasse par les stands pour changer de roues.
60e: Hill pourchasse Coulthard pour le gain de la troisième position. Frentzen abandonne: son train avant a subi trop de dégâts lors de son excursion hors-piste.
61e: Villeneuve mène devant Schumacher (0.5s.), Coulthard (30.5s.), Hill (30.8s.), Barrichello (33s.), Brundle (52.4s.), Herbert (1m. 13s.), Häkkinen (1m. 15s.), Salo (1m. 17s.), Berger (1m. 20s.), Diniz (-1t.) et Rosset (-1t.).
62e: Une demi-seconde sépare toujours Villeneuve de Schumacher. Tous deux se rapprochent de Berger qui est aux trousses de Salo. Coulthard résiste farouchement à Hill malgré des attardés peu coopératifs.
63e: Berger prend la neuvième place à Salo, lequel est aussi rattrapé par les deux leaders.
64e: Schumacher tente en vain de surprendre Villeneuve par l'extérieur de la courbe Dunlop. Plus loin, Salo s'écarte devant les leaders. Coulthard verrouille toutes les issues devant Hill, ce qui démontre la vélocité du moteur Mercedes.
65e: Villeneuve et Schumacher prennent un second tour à Katayama. Désespérant de doubler la Williams, le champion allemand retarde de plus en plus ses freinages. Barrichello remonte sur Coulthard et Hill.
66e: Villeneuve et Schumacher débordent Rosset sur la ligne de chronométrage. Le pilote Ferrari en profite pour saisir l'aspiration des deux autres machines, mais la Williams est trop puissante. Villeneuve reste devant.
67ème et dernier tour: Coulthard, Hill et Barrichello finissent l'épreuve dans un mouchoir. Le Brésilien tente même de dépasser le leader du championnat dans les derniers mètres, mais celui-ci tient ferme.
Jacques Villeneuve résiste jusqu'au bout à Schumacher et triomphe dès son quatrième Grand Prix de Formule 1. Schumacher échoue à 762 millièmes du Québécois. Coulthard termine troisième, Hill quatrième, un souffle devant Barrichello. Brundle prend le dernier point, son premier pour Jordan. Herbert, Häkkinen, Berger, Salo, Diniz, Katayama, Rosset, Lamy et Fisichella coupent aussi la ligne d'arrivée.
Les deux Tyrrell sont disqualifiées après l'arrivée. Salo est sanctionné car il manque 1,5 kilo à sa monoplace sur la balance et Katayama paie le zèle de ses mécaniciens qui l'ont poussé pour lui permettre de démarrer.
Après la course: la première de Villeneuve Jr.
Un Villeneuve réapparaît sur la plus haute marche du podium, quatorze ans après la mort tragique de Gilles à Zolder. Le jeune Jacques a accompli une course haletante, résistant près de quarante tours à un Michael Schumacher pressant. Tétanisé par l'effort, il quitte son habitacle avec précaution. Erwin Göllner, le kinésithérapeute de Damon Hill, devra décontracter ses muscles avant qu'il puisse recevoir son trophée. Villeneuve Jr. embrasse ensuite son mentor Craig Pollock, son ingénieur Jock Clear et tous les membres de l'écurie Williams. « Je ne m'inquiétais pas de Schumacher tant que la piste était dégagée, assure-t-il, mais je redoutais une attaque de sa part lorsque j'arrivais derrière un retardataire. Remporter la victoire de cette façon, juste devant un pilote de cette trempe, donne un excellent feeling. Je préfère une course comme celle-là plutôt qu'un cavalier-seul ! » Fidèle à lui-même, Villeneuve refuse, même à cette occasion, de convoquer outrageusement la mémoire de son père: « Là où il se trouve, il doit sûrement être heureux, mais je veux dédier cette victoire au team. » Modeste et peu mondain, le transfuge de la Formule Indy n'animera pas le paddock au soir de ce premier succès. D'abord parce que Frank Williams et Patrick Head n'apprécient guère les grands raouts. Ensuite parce que l'intéressé est déjà rentré chez lui ! « Le soir de sa victoire à Indianapolis, nous avions organisé une fête somptueuse en son honneur », raconte Craig Pollock. « Mais, ne le voyant pas, nous l'avons cherché partout. Il était dans la cuisine en train de jouer à un jeu électronique ! »
Grâce à cette victoire, Villeneuve (22 points) revient à seulement onze longueurs de son équipier Damon Hill (33 pts) qui a connu une course très mouvementée. « Un départ complétement loupé, puis à partir de là, tout s'est mal passé », raconte le Britannique. « Impossible de doubler Barrichello ! J'ai senti alors d'étrangers vibrations à l'arrière, comme si j'avais crevé. Je suis rentré pour qu'on regarde tout ça consciencieusement. » Puis il s'est frotté à Pedro Diniz (qui l'accuse d'avoir esquissé une attaque suicidaire !) avant de ferrailler avec David Coulthard: « Notre bagarre a duré six tours, et heureusement elle s'est bien terminée. J'aurais préféré finir troisième, mais les trois points pris aujourd'hui seront peut-être d'une importance capitale le jour des comptes venus. » Hill a acquis la sagesse des champions.
Michael Schumacher n'a pas encore remporté sa première victoire pour Ferrari, mais sa seconde place, dans les échappements de Villeneuve, est tout de même très satisfaisante. « Je n'ai rien dit à Michael, je me suis contenté de l'embrasser ! » plastronne Jean Todt. Reste à savoir ce que cette performance doit au talent de l'Allemand, toujours insatisfait de la tenue de son bolide... Pendant ce temps-là, dans le stand Benetton, Flavio Briatore s'emporte contre ses pilotes après cette course désastreuse. Il propose ainsi à Bruno Michel, l'administrateur de Ligier, de lui céder gratuitement Jean Alesi ! Une boutade certes, mais qui traduit bien le malaise régnant dans cette écurie.
Enfin, la troisième place de David Coulthard consolide à point nommé l'association McLaren-Mercedes que l'on disait vacillante. « Cela ne pouvait pas mieux tomber pour nous ! » confirme l'Écossais, radieux. S'il regrette les pénalités ayant frappé Mika Häkkinen, Norbert Haug, le directeur de Mercedes Motorsport, est ravi de ce résultat en terre allemande: « C'est de loin notre meilleure prestation de l'année. Avec le podium de David, nous franchissons une étape. » Prochain objectif ? Rattraper Benetton-Renault et, pourquoi pas, Ferrari au classement des constructeurs.
Tony