Gerhard BERGER
 G.BERGER
McLaren Honda
Ayrton SENNA
 A.SENNA
McLaren Honda
Nelson PIQUET
 N.PIQUET
Benetton Ford Cosworth

511o Gran Premio

XLIX Grand Prix de Belgique
Piena di sole
Spa-Francorchamps
domenica 25 agosto 1991
44 giri x 6.940 km - 305.360 km
Affiche
F1
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Gachot au cachot

Mardi 13 août 1991, Bertrand Gachot est convoqué par le tribunal de Southwark à Londres pour répondre d'une agression commise le 10 décembre 1990 contre un chauffeur de taxi londonien nommé Eric Court. Il est également accusé d'avoir fait usage d'une bombe lacrymogène au gaz CS interdite au Royaume Uni. Lorsqu'il arrive outre-Manche, le Franco-Belge apprend que son affaire est mal engagée: le puissant syndicat des taxis londoniens s'est mobilisé pour réclamer une peine exemplaire. Sur le conseil de ses avocats, il choisit de plaider non-coupable, mais le tribunal a constaté qu'il avait tenté de se défaire de son fameux aérosol, ce qui tendrait à prouver qu'il savait être en infraction. Gachot subit un interrogatoire d'une heure avant que le jury ne délibère. Relativement serein, il s'attend à une peine avec sursis. Le verdict est un coup de massue: il est condamné à 500 livres sterling de dommages et intérêts... et à dix-huit mois de prison ferme !

 

Gachot, incrédule, est immédiatement écroué à la prison de Brixton, au sud de Londres, sans doute la plus vieille et la plus insalubre d'Angleterre. La sévérité de la peine étonne tout le monde, y compris le plaignant. Rodolphe Gachot, le père du pilote, et Kate Palmer, sa petite amie, s'entretiennent avec les avocats pour organiser une riposte: soit une libération sous caution, soit une interjection en appel. Le malheureux prisonnier devient en quelques jours plus célèbre pour ses déboires que pour sa carrière sportive. En Belgique, des pétitions circulent en sa faveur, mais elles n'émeuvent pas l'intransigeante justice britannique: le 20 août, la cour de justice de Londres valide le jugement de Southwark. Gachot peut encore faire appel, mais en attendant, il reste au cachot.

 

Entrée en scène de Michael Schumacher

Eddie Jordan prend vigoureusement la défense de son pilote, mais il doit bien lui trouver un suppléant. Avec son associé Ian Phillips, il songe à Stefan Johansson, l'éternel intérimaire, et à Alessandro Zanardi, l'actuel leader du championnat international de F3000. Mais il noue aussi des contacts avec Jochen Neerpasch, le directeur de la compétition de Mercedes, et Willy Weber, le manager du jeune pilote allemand Michael Schumacher. Âgé de 22 ans, ce gaillard timide, à la mâchoire volontaire et au front interminable, n'est pas un inconnu. Ancienne star du karting, il a remporté le championnat d'Allemagne de F3 l'an passé et est surtout protégé par Mercedes. Il court pour la marque allemande en sports prototypes et a récemment disputé les 24 heures du Mans sur une C11, en compagnie de ses deux compères du « Junior team », Karl Wendlinger et Fritz Kreutzpointner. Schumacher est non seulement très doué mais sa rage de vaincre ne connaît aucune limite. Il a ainsi remporté le dernier Grand Prix de Macao de F3 en jetant dehors son rival Mika Häkkinen...

 

Mercedes désire placer ses jeunes poulains en F1, dans l'optique d'un futur engagement dans la discipline, et saisit l'occasion offerte par Jordan. Bien sûr, ce dernier est sensible à certains arguments. Neerpasch lui offre 400 000 deutsche marks, réglés par la marque de bonbons Tic-Tac, en échange de la participation de Schumacher au GP de Belgique. Jordan accepte et convie l'heureux élu à une courte séance d'essais à Silverstone. Au bout de quatre tours, il fait stopper Schumacher: celui-ci tourne si vite qu'il pourrait abîmer l'auto ! Impressionné, l'Irlandais veut lui faire signer un contrat à long terme. Mais, conseillé par Weber et Neerpasch, le jeune homme élude la question et répond qu'il ne paraphera un éventuel contrat qu'après le GP de Belgique.

 

Nelson Piquet, candidat aux Bleus

Le futur de Nelson Piquet, 39 ans, pose question. Déçu par les médiocres prestations des Benetton-Ford, le Carioca réclame sept millions de dollars à Flavio Briatore pour poursuivre leur collaboration. L'Italien refuse vivement car il sent que son pilote a de nouveau perdu sa motivation et surtout flaire d'autres proies. Du coup, jeudi 22 août, dans le paddock de Francorchamps, Piquet se rend au motor-home Ligier en compagnie de son conseiller, le journaliste italien Adriano Costa. Le triple champion du monde porte officiellement sa candidature à un volant chez les Bleus en 1992. Guy Ligier exulte: bien que son écurie n'ait plus inscrit un point depuis deux ans et demi (!), elle est encore capable d'attirer un nom illustre ! Il se persuade que Piquet est séduit par le projet de « grande écurie française » qu'il désire monter avec Renault et Elf. En fait, plus prosaïquement, le Brésilien espère que Gitanes sera plus généreuse que Camel et que le V10 Renault sera plus performant que le V8 Ford...

 

La possible arrivée de Piquet pose plusieurs questions. D'abord, quid de Thierry Boutsen et d'Érik Comas ? Tous deux possèdent un contrat en bonne et due forme pour 1992. Par ailleurs, Nelson retrouverait chez les Bleus Frank Dernie et Gérard Ducarouge, qui ne sont pas précisément ses meilleurs amis. Enfin, l'« Écurie bleue » ne doit-elle pas se monter avec Alain Prost ? Ce dernier a certes d'autres chats (italiens) à fouetter en ce moment. « Aller chez Ligier en combinaison de pilote ne m'intéresse pas », lâche-t-il par ailleurs, au cas où le père Guy n'aurait pas compris qu'il ne viendra qu'en échange des clefs de la maison.

 

Pendant ce temps-là, Flavio Briatore esquisse son duo de pilotes pour 1992. Il offre un pré-contrat à Ivan Capelli, las des déboires de Leyton House, mais vise une plus grosse pointure. Le Milanais n'est qu'un second choix. Le solide mais trop limité Roberto Moreno devrait prendre la porte avec son compère Piquet. Tom Walkinshaw désire en effet recruter l'expérimenté Martin Brundle, qu'il a fait courir en Protos avec TWR.

 

Présentation de l'épreuve

L'incarcération de Bertrand Gachot suscite une vague d'indignation dans le milieu du sport. Son très efficace fan-club organise ainsi une manifestation devant l'ambassade du Royaume Uni à Bruxelles, à laquelle prend part Thierry Boutsen. A Spa-Francorchamps, Kate Palmer vend aux pilotes des t-shirts de soutien à son compagnon, flanqués de deux inscriptions: « Gachot why ? » et « God save the British ». La seconde est évidemment fort mal interprétée par les sujets de Sa Gracieuse Majesté. Lorsque la jeune femme veut tenir une conférence une presse, elle est tout bonnement expulsée par les services de la FOCA !

 

Sans surprise, Williams s'apprête à renouveler les contrats de Nigel Mansell et de Riccardo Patrese pour 1992. Cette nouvelle estomaque Ayrton Senna qui lorgnait sur la FW14, la meilleure voiture du plateau selon lui. Il se répand en commentaires peu amènes sur Frank Williams. Ron Dennis se réjouit bien au contraire de conserver le Brésilien et peut-être de préserver ainsi quelques millions de dollars que celui-ci aurait été en droit de lui réclamer...

 

Eddie Jordan n'est pas longtemps heureux d'avoir mis la main sur Michael Schumacher: quelques jours avant la course, un huissier se présente à l'usine de Silverstone pour saisir son matériel. L'Irlandais est accusé d'avoir empoché 7,5 millions de francs belges pour faire courir en F3 un de ses poulains, Philippe Adams. L'accord ne s'est pas concrétisé mais Jordan n'a pas rendu l'argent. Adams a porté plainte et obtenu gain de cause. Le tribunal a donc prononcé la saisie. Pour s'en sortir, Jordan emprunte la somme à Bernie Ecclestone qui puise dans la caisse de la billetterie spadoise ! Comme un malheur ne vient jamais seul, le partenariat entre Ford et l'écurie verte devrait prendre fin à l'issue de cette saison. Jordan réclamait en effet pour 1992 le V8 de série V actuellement utilisé par Benetton, mais Michael Kranefuss - « conseillé » par Flavio Briatore - ne lui accordait que la série IV. Du coup, il pourrait récupérer le V12 Yamaha, à condition de réunir un budget satisfaisant, ce qui est encore loin d'être le cas...

 

Brabham perd donc le moteur Yamaha car le groupe japonais Middlebridge n'a pas suffisamment investi dans son développement. Par ailleurs, l'équipe abandonne l'usine de Chessington, qui était seulement louée à Bernie Ecclestone et vient d'être vendue à Yamaha. Elle se réimplante à Milton Keynes. Dennis Nursey, le représentant de Middlebridge, assure que Brabham poursuivra l'aventure en 1992 avec des V10 Judd, mais le moral est au plus bas.

 

Minardi ne roulera plus Ferrari en 1992. C'est probablement la Scuderia Italia qui héritera du V12 au cheval cabré. Giancarlo Minardi reconnaît qu'il n'a pas trouvé de quoi régler la facture que lui a présentée Maranello: « Je n'ai déniché aucun sponsor. Je n'ai pas pu honorer mon contrat à 100 %, du coup il s'achèvera bientôt. Je me dis aujourd'hui que ce moteur était trop lourd pour mon équipe, trop coûteux à gérer. Il réclamait certains investissements financiers, techniques et humains que je ne récupérerai jamais. » Pour parler trivialement, Minardi regrette que Ferrari ne lui ait pas fourni le mode d'emploi de son moteur ! L'équipe de Beppe Lucchini sera peut-être mieux lotie...

 

Les McLaren MP4/6 sont munies d'une nouvelle coque allégée. Elles sont en revanche dépourvues de boîte semi-automatique. Ce dispositif ne devrait finalement être introduit qu'en 1992. Des trompettes d'admission à hauteur variable apparaissent sur le V12 Honda. Ce système offre une plus grande puissance maxi en position basse, un meilleur couple dans les moyens régimes en position haute. Il permet aussi de suivre l'évolution de l'accord acoustique admission - échappement en fonction des régimes. Ferrari a testé ces pièces en Hongrie avant de les ôter, mais McLaren et Honda poursuivent l'expérimentation en Belgique. En revanche, Renault ne suit pas cette voie: « C'est un système lourd, compliqué, à la fiabilité discutable », déclare ainsi Bernard Dudot. Pendant ce temps-là, la guerre des chimistes se poursuit, et Agip introduit pour la première fois un carburant spécial destiné à Ferrari, baptisé F16. Enfin, afin de pallier à ses sempiternels problèmes de freins, Williams remplace ses étriers Brembo par des AP qui s'avèrent sensiblement plus fiables.

 

Après deux courses d'absence, Johnny Herbert fait son retour dans la deuxième Lotus, mais son programme japonais n'est pas terminé, et Michael Bartels le remplacera de nouveau lors des GP d'Italie et d'Espagne.

 

Essais et qualifications

Les Brabham-Yamaha dominent sans peine les pré-qualifications. Suivent la Fondmetal de Grouillard et la Footwork de Caffi. Alboreto est éliminé après avoir subi deux crevaisons, de même que ses deux compatriotes d'AGS, Tarquini et Barbazza, qui sont sortis de la piste. Chaves et sa Coloni - faut-il toujours le préciser ?- roulent sans espoir.

 

Senna est d'ordinaire souverain à Spa-Francorchamps et ne faillit pas à sa réputation. Il signe sa cinquante-huitième pole position en dominant les deux sessions officielles. Berger casse deux moteurs samedi et se classe quatrième. Les Ferrari manquent toujours de puissance, mais Prost (2ème) prend place en première ligne grâce au déclassement de Patrese. Alesi (5ème) est en train de faire la pole lorsqu'il est bloqué par un attardé. Le week-end est difficile pour Williams. Vendredi, Mansell se plaint des freins et de son moteur, Patrese de sa boîte. Le lendemain, les FW14 retrouvent leur efficacité. Patrese réalise le second temps, mais il est disqualifié car lors du contrôle technique les commissaires s'aperçoivent que sa marche arrière ne fonctionne pas ! Il s'agit d'une grave erreur de la part des mécaniciens, et Frank Williams présente de plates excuses au pilote italien. Celui-ci partira dix-septième avec son chrono du vendredi. Mansell se trouvera sur le troisième rang. Les Benetton-Ford (Piquet 6ème, Moreno 8ème) sont en net regain de forme.

 

Le jeune Schumacher crève l'écran. Il signe le cinquième temps vendredi après-midi et devance son équipier de de Cesaris de près d'une seconde. Un curieux incident l'oppose à Prost qui, suite à un freinage raté, l'oblige à faire un gros écart pour éviter l'accrochage. Convoqué par les commissaires, le blanc-bec ose rejeter l'entière responsabilité de l'incident sur son aîné ! Samedi soir, Schumacher est septième sur la grille, avec sept dixièmes d'avance sur de Cesaris (11ème).

 

Minardi a amélioré son châssis, mais si Martini (9ème) en tire un excellent parti, Morbidelli (19ème) sort deux fois dans les décors et se fait mal au dos. Modena hisse sa Tyrrell-Honda à la dixième place. Nakajima (22ème) se qualifie avec le mulet suite à un tête-à-queue. Les pilotes Leyton House, Capelli (12ème) et Gugelmin (16ème), déplorent un manque de grip. Les Brabham-Yamaha (Blundell 13ème, Brundle 16ème) se retrouvent en milieu de grille après des essais sans histoire. La Scuderia Italia est frappée par une épidémie de casses moteurs. Lehto (14ème) est plus épargné que Pirro (25ème). Des problèmes d'adhérence affectent les Ligier. Boutsen (18ème) ne peut briller à domicile et Comas (26ème) sort à Blanchimont. L'écurie Larousse manque d'argent et, partant, de pièces détachées. Bernard (20ème) se sauve contrairement à Suzuki (27ème), éliminé pour un petit centième. Grouillard (23ème) qualifie une Fomet enfin bien équilibrée. Les Lotus (Herbert 21ème, Häkkinen 24ème) surnagent malgré un V8 Judd asthmatique. Les Lamborghini manquent d'effet de sol. Elles doivent monter de gros ailerons pour compenser, ce qui les condamne sur les pistes rapides. Van de Poele et Larini ne sont pas qualifiés, tout comme Caffi dont la la Footwork est dépourvue de stabilité.

 

Le Grand Prix

Le soleil et le public sont au rendez-vous de ce Grand Prix de Belgique. Les fans de Bertrand Gachot ne désarment pas et descendent sur le bitume pour y peindre des messages de soutien au prisonnier de Londres.

 

Le warm-up est dominé par les Williams qui, malgré leurs positions peu avantageuses sur la grille, s'affirment comme favorites. La grande majorité des coureurs part en pneus tendres, Goodyear ou Pirelli. Alesi se singularise une fois de plus en chaussant des Goodyear « B » durs ». Il souhaite en effet rééditer son parcours « non-stop » d'Hockenheim.

 

Départ: Senna démarre bien et conserve le commandement devant Prost, Mansell, Berger, Piquet et Schumacher.

 

1er: Schumacher grille son embrayage dans la montée de l'Eau Rouge. La course est déjà terminée pour le néophyte. Piquet dépasse Berger aux Combes. Senna mène devant Prost, Mansell, Piquet, Berger, Alesi, Modena, de Cesaris, Moreno et Capelli. Patrese est seizième.

 

2e: Mansell attaque Prost dans Kemmel et le déborde au virage des Combes. Patrese déborde Morbidelli, Lehto et Martini. Gugelmin renonce suite à une panne de moteur.

 

3e: Une seconde sépare Senna et Mansell. Arrivé à La Source, Prost se range sur le bas-côté: suite à une rupture de canalisation d'essence, sa Ferrari prend feu ! Le triple champion du monde quitte son habitacle fort marri. Patrese double Boutsen et Brundle.

 

4e: Mansell chasse Senna qui déplore une perte de puissance. Piquet garde à distance Berger et Alesi. Pirro change déjà de gommes.

 

5e: Senna mène devant Mansell (0.6s.), Piquet (5s.), Berger (7.2s.), Alesi (8s.), Modena (10.5s.), de Cesaris (11s.), Moreno (14s.), Capelli (15s.) et Patrese (16s.).

 

6e: Patrese double Capelli aux Combes et se retrouve neuvième.

 

7e: Mansell est dans la boîte de Senna mais ne trouve pas l'ouverture. Patrese poursuit son ascension et se défait de Moreno.

 

8e: La lutte se précise pour la septième place entre Modena, de Cesaris et Patrese. Nakajima attaque Bernard au freinage des Combes mais manque totalement sa manœuvre. La Tyrrell échoue dans les graviers dans un nuage de poussière.

 

9e: Berger ne peut suivre Piquet à cause d'un moteur poussif. Alesi demeure sur ses talons. De Cesaris prend la sixième place à Modena. Comas a crevé sur les débris laissés par Nakajima et doit changer de pneus.

 

10e: Senna mène devant Mansell (0.6s.), Piquet (8.6s.), Berger (11.5s.), Alesi (12.4s.) et de Cesaris (17.3s.). Patrese prend la septième place à Modena à La Source.

 

12e: Senna résiste toujours à la pression de Mansell. Boutsen perd une de ses roues. Il parvient à regagner les stands pour prendre quatre pneus neufs et repart au vingt-et-unième rang.

 

14e: Le duo de Cesaris - Patrese fait la jonction avec Berger et Alesi. Un tour après avoir dépassé Moreno, Capelli s'arrête dans l'herbe, en panne de moteur.

 

15e: Senna entre dans les stands à la fin de ce tour pour changer de pneus. Il repart après dix secondes d'arrêt, suite à un petit contretemps sur la roue arrière-droite. Il déboule devant de Cesaris et Patrese en pleine bagarre.

 

16e: De Cesaris assaille Senna dans Kemmel. Le Brésilien lui barre la route très fermement. Après un tour très rapide, Mansell s'arrête pour changer de pneus (7.4s.).

 

17e: Mansell reprend sa route entre Berger et Alesi, mais surtout devant Senna. Piquet est le nouveau leader. Plus loin, Mansell déborde Berger aux Fagnes. L'Autrichien pénètre dans les stands en fin de tour.

 

18e: L'arrêt de Berger s'éternise à cause de la roue avant-gauche qui ses mécaniciens peinent à fixer. Il repart huitième au bout de seize secondes, puis accélère trop fort en quittant la pit-lane et exécute un tête-à-queue. Il redémarre sous le nez de Modena qui vient lui aussi de changer de gommes. Piquet chausse des Pirelli neufs en fin de tour et se retrouve sixième. Arrêts aussi pour Patrese (7.2s.) et Moreno (12s.).

 

19e: Mansell mène devant Alesi (2.5s.), Senna (4.7s.), de Cesaris (6s.), Piquet (18s.), Patrese (25s.), Modena (37s.) et Berger (39s.). Arrêts de Martini et de Grouillard.

 

20e: De Cesaris passe par les stands pour changer ses enveloppes et ressort devant Patrese.

 

21e: Mansell s'échappe à coups de records du tour. Senna grappille quelques centièmes sur Alesi qui, rappelons-le, a prévu de ne pas s'arrêter. Patrese déborde de Cesaris par l'extérieur aux Combes. Brundle et Morbidelli remplacent leurs gommes.

 

22e: Mansell ralentit en fin de tour. Une panne électrique perturbe le fonctionnement de sa boîte de vitesses et de son moteur. Alesi le dépasse à l'Arrêt de Bus, bientôt imité par Senna.

 

23e: Mansell stoppe sa Williams avant l'Eau Rouge. Voilà un tournant du championnat. Bernard quitte aussi la course à cause d'une défaillance de sa boîte de vitesses. Berger dépasse Modena.

 

24e: Alesi mène devant Senna (2.3s.), Piquet (13s.), Patrese (19s.), de Cesaris (19.5s.), Berger (28s.), Modena (32s.), Moreno (40s.), Martini (44s.) et Häkkinen (58s.).

 

25e: Patrese et de Cesaris reviennent sur Piquet qui souffre avec ses pneus. Comme d'habitude, les Pirelli s'encrassent facilement. Berger abaisse le record du tour (1'56''070''').

 

26e: Alesi creuse l'écart sur Senna et croit venue l'heure de sa première victoire en Grand Prix. Le moteur de Häkkinen casse dans la descente vers Rivage et le Finlandais termine sa course dans les graviers.

 

27e: Senna monte ses vitesses en abordant le raidillon lorsque soudain, en voulant enclencher la quatrième, il se retrouve au contraire sur la seconde. Le moteur commet un gros surrégime. Senna lâche l'accélérateur, cherche une vitesse, la trouve et se relance, mais entretemps le groupe emmené par Piquet l'a rattrapé. Boutsen change de pneus. Comas est lâché par son vilebrequin et quitte la course.

 

28e: Piquet est juste derrière Senna qui a retrouvé l'usage de ses 3e, 4e, 5e et 6e vitesses. Derrière les Brésiliens se pressent aussi Patrese et de Cesaris.

 

29e: Alesi compte dix secondes de marge sur Senna qui emmène avec lui un « trio d'anciens » comprenant Piquet, Patrese et de Cesaris.

 

30e: Patrese déborde Piquet dans Kemmel mais loupe son freinage aux Combes, tire tout droit dans la terre... et repart derrière de Cesaris. Morbidelli met pied à terre à cause d'une panne d'embrayage.

 

31e: Le moteur d'Alesi serre dans le raidillon de l'Eau Rouge. Un ressort de soupape a lâché. L'Avignonnais est extrêmement déçu car la victoire lui tendait les bras. Senna récupère le commandement. De Cesaris attaque Piquet dans Kemmel et le passe autoritairement aux Combes. Voici le fantasque Romain au deuxième rang.

 

32e: Senna précède de Cesaris (2.5s.), Piquet (4.1s.), Patrese (5.3s.), Berger (9.9s.), Modena (21.2s.), Moreno (24s.), Martini (1m. 05s.), Lehto (1m. 07s.) et Blundell (1m. 10s.).

 

33e: De Cesaris se rapproche de Senna et entrevoit une incroyable victoire pour Jordan. Patrese trépigne derrière Piquet car il voit Berger grossir dans ses rétroviseurs.

 

34e: Patrese déborde Piquet dans Kemmel. Modena s'immobilise à cause d'une fuite d'huile qui engendre un début d'incendie.

 

35e: Senna compte trois secondes d'avance sur de Cesaris. Mais Patrese remonte sur ces deux pilotes, tout comme Berger qui se débarrasse sans peine de Piquet. Lehto stoppe dans les graviers, en panne de moteur.

 

36e: Moreno fait halte chez Benetton pour chausser un troisième train de pneus. Il ne perd pas sa sixième place.

 

37e: Senna devance de Cesaris (3s.), Patrese (5.5s.), Berger (6.5s.), Piquet (15s.), Moreno (45s.), Martini (1m. 17s.), Blundell (1m. 20s.), Herbert (1m. 24s.), Brundle (1m. 55s.) et Pirro (1m. 56s.).

 

38e: Senna porte son avantage sur de Cesaris à quatre secondes. Il se méfie néanmoins car son pneu avant-gauche est cloqué.

 

39e: Senna perd du temps en prenant un tour à Brundle et à Pirro, en bagarre pour la dixième place. Berger attaque Patrese qui rencontre des soucis de freins. Martini est bloqué en quatrième et se fait doubler par Blundell et Herbert. L'Italien finira l'épreuve à petite allure.

 

40e: Brundle résiste avec acharnement aux assauts de Pirro, malgré un moteur fumant. Ce faisant, tous deux gênent de Cesaris. Moreno réalise le meilleur tour en course (1'55''161'''). Blundell et Herbert luttent pour le gain de la septième place.

 

41e: Cinq secondes entre Senna et de Cesaris. Patrese est parvenu à se défaire de la paire Brundle - Pirro, mais pas Berger qui perd un temps fou derrière la Brabham.

 

42e: Énorme déception chez Jordan: le moteur de de Cesaris part en fumée, probablement suite à une surchauffe. Le Romain se gare dans la pelouse. Pendant ce temps-là, la boîte de Patrese se bloque en cinquième. La Williams émet une fumée inquiétante. Berger déborde le Padouan à Stavelot. Blundell grimpe dans la zone des points.

 

43e: Senna roule vers la victoire avec trois secondes d'avance sur son équipier Berger. La boîte de Patrese est en train de mourir. Riccardo laisse passer Piquet.

 

44ème et dernier tour: Berger est si rapide qu'il termine dans les roues de son équipier. Moreno double Patrese à son tour.

 

Ayrton Senna remporte sa sixième victoire de la saison, sa quatrième consécutive à Spa-Francorchamps. Berger est deuxième et donne ainsi à McLaren-Honda un doublé quelque peu heureux. Piquet se classe troisième, suivi par son équipier Moreno. Patrese rallie difficilement l'arrivée en cinquième position. Blundell décroche le point de la sixième place, le premier de la paire Brabham-Yamaha. Herbert, Pirro, Brundle, Grouillard, Boutsen et Martini rejoignent aussi l'arrivée.

 

Après la course

Ayrton Senna et Gerhard Berger retrouvent Ron Dennis sur le podium et reçoivent les trophées des mains de Jean-Marie Balestre. Les deux pilotes McLaren ignorent superbement Nelson Piquet. Ce dernier se venge quelques instants plus tard lors de la conférence de presse: il feint de dormir pendant que Senna répond aux questions des journalistes !

 

Ce triomphe des McLaren-Honda est pour le moins chanceux, mais Senna ne boude pas son plaisir: « Justice m'est rendue ! Ce succès compense mes échecs de Silverstone et d'Hockenheim ! » Il ne se fait cependant aucune illusion sur la supériorité des Williams et les défauts de sa machine: « La concurrence avait pris de gros risques techniques dans l'espoir de nous battre. Dommage pour Mansell qui était vraiment le plus rapide. Sans son pépin, il aurait été impossible d'aller le chercher. » Gerhard Berger n'est lui pas convaincu par le moteur Honda et ses nouvelles trompettes: « Mon moteur a perdu de la puissance dès les premiers tours et il m'était impossible de faire un dépassement. Un moteur de m****, quoi ! » Toutefois, les boys de Ron Dennis peuvent s'enorgueillir d'avoir réussi un bel hold-up. Grâce à ce 10-0 contre Mansell, Senna s'octroie une avance de vingt-deux points au championnat des conducteurs, tandis que chez les constructeurs McLaren précède Williams de seize longueurs.

 

La liste des désappointés est fort longue au soir de ce Grand Prix. Williams a de nouveau été victime de sa boîte de vitesses électronique. Nigel Mansell voit ses espoirs de titre mondial s'amenuiser et Riccardo Patrese peste devant la presse italienne: « Quand Senna a un problème, il gagne ! Quand nous avons un problème, nous abandonnons ! » « C'est un coup dur. Nous venons de perdre une bataille importante dans la course pour le titre », reconnaît Bernard Dudot.

Le désarroi est complet chez Ferrari. Grâce à sa stratégie judicieuse, Jean Alesi pensait tenir sa première victoire. « Je crois qu'une soupape a lâché... » soupire-t-il. « Mais n'invoquons pas la malchance quand il n'y a pas lieu d'en parler. Cette panne n'est pas le fruit du hasard. » Dépité par ce troisième abandon consécutif, Alain Prost fuit les journalistes. La Scuderia est plus que jamais dans la nasse.

 

Enfin, Andrea de Cesaris demeure prostré dans le stand Jordan, l'œil hagard, sa combinaison dégrafée sur les genoux. « Je n'ai même pas la force de me déshabiller... » murmure-t-il, tandis qu'Eddie Jordan lâche une bordée de jurons. Tous deux pouvaient entrevoir le podium, et même la victoire. Néanmoins, Jordan se console en se disant qu'il a mis la main sur une véritable pépite, ce jeune Schumacher dont tout le monde parle. Avec son avocat, il lui concocte déjà un beau contrat. Et Gachot ? Mais avant même son arrestation, celui-ci savait que le margoulin irlandais lui réclamait trois millions de dollars en échange d'une prolongation ! Ce que Jordan ignore, c'est que Schumacher a aussi tapé dans l'œil de plus finaud que lui: un certain Flavio Briatore...

Tony