Clap de fin pour le Paul-Ricard
C'est officiel depuis quelques semaines: le Grand Prix de France déménagera en 1991 du Castellet à Magny-Cours. Le tracé nivernais a été entièrement rénové récemment et est désormais prêt à accueillir une compétition automobile d'envergure mondiale. Un transfert éminemment politique puisque la Nièvre est la terre d'élection du Président de la République François Mitterrand. Tous les travaux ont ainsi été réalisés avec de l'argent public. Beaucoup dénoncent aussi l'influence souterraine de Guy Ligier, grand ami de Mitterrand, et dont les ateliers jouxtent le circuit... Comble de l'ironie, Philippe Gurdjian, l'actuel promoteur du Paul-Ricard, sera l'organisateur du futur événement, avec la triple bénédiction de l'Élysée, de Jean-Marie Balestre et de Bernie Ecclestone. C'est Jean Glavany, le conseiller spécial du président de la république pour les affaires sportives, qui l'a débauché.
Pour sa dernière édition, le Grand Prix de France au Castellet s'offre de nouveau travaux et notamment un bitume refait à neuf, très lisse et peu abrasif. Les infrastructures de qualité attirent un public varié et enthousiaste. La billetterie dépasse le cap des 100 000 spectateurs payants sur l'ensemble du week-end. Un succès dont se targuent Patrick Ricard et Jean-Marie Laborde, le directeur de la société Ricard, lors d'un important dîner offert à Jean-Marie Balestre et Bernie Ecclestone sur l'île de Bendor. La famille Ricard veut sauver son circuit. Elle propose une alternance avec Magny-Cours. Ecclestone refuse catégoriquement et Balestre fait la sourde oreille. Malgré les efforts de Patrick Ricard, de François Chevalier et de toutes leurs équipes pour faire de ce rendez-vous une réussite complète, la Formule 1 désertera la Côte d'Azur à compter de la saison suivante.
Les déboires de Larrousse et Ligier
Comme un pied de nez à la fatalité (ou au pouvoir politique...) Gérard Larrousse inaugure le 5 juillet les nouvelles installations, ateliers et bureaux, de son équipe à Signes, en retrait du circuit Paul-Ricard. C'est l'aboutissement d'une longue suite de péripéties. De nombreux obstacles se sont dressés sur le chemin de Larrousse. Par exemple, le Conseil général du Var a reçu une note l'avertissant de la « fragilité » d'Espo-Larrousse. Ces amabilités participent à la « guéguerre » qui oppose les deux principales écuries françaises, Ligier et Larrousse, dont l'arrière-plan est à la fois sportif et politique. Si la première bénéficie du plein appui du gouvernement socialiste, la seconde est protégée par des responsables politiques de droite, de l'UDF ou du RPR. Gérard Larrousse a soutenu Jacques Chirac lors de l'élection présidentielle 1988, ce qui explique peut-être ces désagréments...
Malgré le soutien de Jean-Marie Balestre et les pressions de ses amis politiques, Guy Ligier doit se faire une raison: il n'obtiendra pas le V10 Renault en 1991. La Régie oppose début juillet une fin de non-recevoir à ses avances. Toujours impulsif, le Vichyssois répand sa bile contre le constructeur dans un entretien au magazine Auto Hebdo. Avec ironie, Bernard Casin, le directeur-général de Renault Sport, réplique que Ligier ne devrait pas s'inquiéter: si son équipe est si bonne, elle n'aura aucun problème à trouver un motoriste ! Il rappelle en outre que ce sont les Bleus qui, en 1986, ont rompu leur précédent contrat avec Renault. Du reste, Frank Williams et Patrick Head refusent absolument que leur partenaire fournisse une autre équipe, d'autant plus que ce début de saison 1990 est décevant. « Nous ne sommes pas prêts à équiper deux teams sans conséquence pour notre compétitivité », admet Bernard Dudot.
Divorce Subaru - Coloni
Le partenariat Coloni-Subaru n'aura pas duré six mois. Les deux parties décident de se séparer, chacune accusant l'autre de n'avoir pas respecté le contrat de mariage. Les griefs sont nombreux de part et d'autre: châssis lourd et défectueux, Flat 12 élaboré avec les pieds par Motori Moderni, absence complète de résultats... « Subaru n'a pas tenu ses engagements », explique Enzo Coloni. « Non seulement les moteurs ne sont pas compétitifs, mais ils nous sont livrés au compte-gouttes. Tout était pourtant clair au départ. Or, du jour où Subaru est devenue mon associé à 50%, rien n'est arrivé. Je devais recevoir un V12 étroit le 31 mars dernier, je n'ai même pas vu de maquette pour modifier mon châssis ! C'est ridicule de faire de la F1 ainsi ! »
Yoshio Takaoka, le directeur de la compétition de Subaru, rejette la faute sur Coloni. Il affirme que sa firme a injecté cinq millions de dollars dans la petite scuderia en échange d'une complète restructuration qui n'a pas eu lieu. En tout cas, Subaru rétrocède à Coloni la moitié du capital de l'équipe et dissout la société mixte Subaru-Coloni le 6 juillet. L'équipe italienne poursuivra la saison avec la Flat 12 pendant quelques courses, avant de revenir au bon vieux V8 Ford-Cosworth...
Présentation de l'épreuve
Claudio Langes a toujours un pied dehors chez Eurobrun... mais pas de remplaçant ! On parle pour le suppléer du Canadien Allen Berg ou du Norvégien Harald Huysmans qui conduit pour Brun en Sport-Protos. Mais le premier n'a pas de budget et le second attend sa super-licence. Le très gentil Langes fait donc toujours de la figuration pour épargner une amende à son écurie. Au moins, il fait de beaux voyages...
Le manager irlandais Eddie Jordan prépare l'arrivée en Formule 1 de son écurie pour 1991 et obtient de Cosworth la fourniture des V8 HB à 75° actuellement utilisés par Benetton. Un joli coup pour Jordan bien que ces moteurs ne bénéficieront pas de l'électronique Ford.
Leyton House confirme le départ du jeune aérodynamicien Adrian Newey, durement affecté par les échecs de ses 891 et 901 et excédé par la pression d'Akira Akagi qui lui demandait de finir la conception de la future 911 à moteur Ilmor pour le début de l'hiver. Un programme impossible à respecter puisqu'il lui fallait à la fois assembler un nouveau châssis, de nouvelles études aérodynamiques, un moteur inconnu et une nouvelle boîte transversale imaginée par Gustav Brunner. Ce dernier reprend la direction de l'ensemble des travaux avec l'assistance de Chris Murphy, en provenance de Lola. Les deux hommes se connaissent puisqu'ils ont collaboré ensemble chez Maurer en Formule 2. Leyton House perd aussi son codirecteur et ingénieur Tim Holloway. Quant au team manager Ian Phillips, il est cloué au lit par une méningite virale.
Newey ne reste pas les bras croisés puisqu'il rejoint aussitôt Williams. Il devient l'adjoint de Patrick Head chargé des études aérodynamiques. Une recrue de choix pour l'écurie de Didcot. Chez AGS, l'ingénieur suisse Peter Wyss travaille désormais avec Gabriele Tarquini en lieu et place de Claude Rouelle, parti avec Hugues de Chaunac.
Humilié par la récente proposition de Cesare Fiorio (une prolongation de contrat d'un an en échange d'une diminution de salaire), Nigel Mansell boude ostensiblement son équipe. Ferrari arrive ici avec quatre monoplaces, dont deux mulets équipés du V12 037 destiné à disputer les qualifications. McLaren amène aussi quatre châssis munis de V10 Honda version « frottements réduits ». Williams apporte une nouvelle suspension avant à mono-amortisseur testée par Riccardo Patrese à Silverstone. Ce système est proche de celui imaginé par Michel Costa pour l'AGS. Il s'agit d'un combiné transversal « flottant ». Le poussoir des deux demi-trains agit de chaque côté de l'amortisseur. Brabham reçoit enfin sa boîte transversale et le train postérieur qui va avec, mais uniquement sur le mulet destiné à Stefano Modena.
Leyton House a testé à Silverstone un nouvel ensemble aérodynamique: pontons, fond plat et extracteurs neufs. « Les résultats sont exceptionnels: motricité et équilibre parfaits ! » déclare Ivan Capelli. La CG901 s'annonce très performante sur les pistes lisses et rapides du Castellet et de Silverstone. Un bon résultat serait bienvenue pour Leyton House car, comme Ligier et BMS-Dallara, cette écurie n'a inscrit aucun point depuis le coup d'envoi de la saison et est donc menacée des pré-qualifications à compter du GP d'Allemagne.
Essais et qualifications
La séance de pré-qualification est dominée par les Lola de l'écurie Larrousse, suivies par des AGS très à l'aise sur ce nouveau revêtement. Il apparaît en revanche que les pneus Pirelli sont ici inefficaces. Grouillard échoue ainsi au volant de son Osella, de même que Moreno et son Eurobrun. Langes fait acte de présence. La Coloni-Subaru de Gachot tombe en panne dans son premier tour lancé. C'est encore pire pour la Life: Giacomelli est à pied dès sa sortie des stands !
Mansell offre à Ferrari sa première pole position depuis deux ans avec un chrono record exceptionnel d'1'04''402'''. La Ferrari exploite enfin parfaitement les pneus tendres de qualification. Fortement gêné par Caffi et Modena le vendredi, Prost rencontre des problèmes de moteur le lendemain et se contente de la quatrième place. Les McLaren se comportent mal sur le bitume lisse. Leurs pneus s'échauffent trop rapidement et perdent toute adhérence. Senna (3ème) travaille dès samedi pour la course tandis que Berger (2ème) recherche patiemment les bons réglages et n'échoue qu'à un dixième de Mansell. Benetton tâtonne dans ses réglages. Nannini décroche tout de même le cinquième temps. Piquet n'est que neuvième car ses Goodyear se dégradent trop vite. Les Williams-Renault déçoivent. Patrese est sixième. Boutsen, huitième, casse un moteur et se fait peur lorsqu'il crève dans la ligne droite du Mistral, sans rien toucher heureusement. La nouvelle suspension ne donne pas satisfaction et est abandonnée samedi soir.
Non-qualifiées à Mexico, les Leyton House-Judd brillent au Castellet: Capelli se classe septième, Gugelmin dixième ! Un miracle ? Non: le châssis CG901, calamiteux sur les bosses, tient excellemment la route sur les « billards » grâce à une suspension stable, une très faible garde au sol, une bonne motricité et un rendement aérodynamique constant. Bien réglées, les Lola-Lamborghini (Bernard 11ème, Suzuki 14ème) se mettent en valeur. Les Ligier sont plutôt performantes en version qualifications. Alliot est douzième malgré une figure vendredi matin, Larini dix-neuvième. Les Tyrrell (Alesi 13ème, Nakajima 15ème) ne sont pas à leur aise à cause de moteurs asthmatiques et de pneus Pirelli trop fragiles. Les Lotus-Lamborghini (Warwick 16ème, Donnelly 17ème) souffrent successivement de survirage et de sous-virage. Chaussées par Goodyear, les Arrows (Alboreto 18ème, Caffi 22ème) auraient fait bonne figure sans leurs éternels problèmes de fiabilité. La nouvelle boîte Brabham n'est pas au point et Modena (20ème) l'abandonne pour la course. D. Brabham (25ème) se qualifie sans gloire.
Chez Dallara, de Cesaris (21ème) sort vendredi au virage du Pont et Pirro (24ème) subit des pannes de moteur. Les Minardi manquent de développement et de vitesse de pointe. Elles glissent vers les bas-fonds. Martini est vingt-troisième et Barilla manque sa qualification. Le Varois Dalmas arrache le vingt-sixième et dernier ticket d'entrée sur la grille au volant d'une AGS revigorée. Son collègue Tarquini n'a pas cette chance. Faute d'argent, les Onyx n'effectuent plus aucun essai et le paient. La voiture n'a pas de motricité, et Lehto et Foitek sont éliminés.
Le Grand Prix
L'épreuve de Formule 3 est dominée par Laurent Aïello au volant de sa Ralt-VW. Il devance Ludovic Faure et Olivier Panis. En Formule Renault, c'est l'ancien champion du monde de karting Emmanuel Collard qui triomphe.
Lors du briefing des pilotes, Jean-Marie Balestre et Ayrton Senna amorcent une réconciliation. Le Brésilien accepte en effet une main tendue par le président de la FIA, lequel affirme que les rancœurs du passé sont oubliées.
Le soleil est au rendez-vous sur la Côte d'Azur: 27°C dans l'air, 40 °C au sol. Prost réalise le meilleur chrono du warm-up devant Mansell. Senna sort de la route au raccordement de l'École. Le choix des pneus est problématique vue le manque d'adhérence. McLaren, Williams et Nannini sélectionnent des pneus durs, Ferrari et toutes les autres équipes des tendres. Mais tout le monde prévoit un arrêt en course, exceptée Leyton House.
Départ: Mansell fait patiner ses roues tandis que Berger s'élance parfaitement. Le Britannique conserve malgré tout son avance sur l'Autrichien. Senna est mal parti mais parvient à contrer une attaque de Nannini et demeure troisième. Mauvais départ de Prost qui se retrouve sixième derrière Patrese. En voulant éviter Boutsen, Capelli touche son équipier Gugelmin et endommage légèrement le capot-moteur de celui-ci.
1er tour: Berger déborde Mansell dans la ligne droite du Mistral et s'échappe aussitôt. Suivent Senna, Nannini, Patrese, Prost, Boutsen Piquet, Alesi, Capelli, Alliot et Gugelmin.
2e: Senna fait l'extérieur à Mansell avant la courbe de Signes. Les deux McLaren-Honda sont en tête. Nannini menace Mansell à son tour. Prost attaque Patrese.
3e: Berger devance Senna (1.3s.), Mansell (2.3s.), Nannini (3s.), Patrese (4.4s.), Prost (4.7s.), Boutsen (6s.) et Piquet (6.5s.).
4e: Senna tente de rattraper Berger. Mansell est dans les griffes d'un Nannini très incisif. Bernard prend la onzième place à Alliot.
6e: Senna est revenu à une seconde de Berger. Prost harcèle Patrese en vain.
7e: Berger, Senna, Mansell et Nannini se regroupent en trois secondes. Le duo Patrese - Prost ne rend que six secondes au leader.
8e: Boutsen rentre au stand Williams-Renault pour abandonner, moteur éteint. Pirro casse un disque de frein au bout de la ligne droite de départ. Il part en vrille, n'heurte heureusement personne, et s'immobilise sur le bas-côté dans un nuage de fumée.
9e: Les McLaren abîment rapidement leurs gommes. Berger et Senna ne creusent pas l'écart sur leurs poursuivants.
10e: Berger précède Senna (0.7s.), Mansell (1.8s.), Nannini (2.6s.), Patrese (4.5s.), Prost (5s.), Piquet (8.5s.), Alesi (10s.), Capelli (11s.) et Bernard (17s.).
12e: Les intervalles se sont considérablement réduits en tête. Il n'y a que six secondes entre Berger et Prost. Les McLaren s'échappent à l'accélération mais manquent d'adhérence dans les portions sinueuses.
14e: Senna demeure dans le sillage de Berger. Prost est dans l'ombre de Patrese qui se défend avec sa fougue habituelle.
15e: Prost tente de déborder Patrese dans le double droit du Beausset, mais l'Italien ferme la porte. Les deux hommes voient revenir Piquet, Alesi et Capelli.
16e: Nouvelle attaque de Prost sur Patrese au Beausset, et nouvel échec. La Ferrari a plus d'appuis que la Williams et ne peut donc pas dépasser facilement dans les lignes droites.
17e: Berger mène toujours devant Senna (0.9s.), Mansell (1.5s.), Nannini (2.3s.), Patrese (4.5s.), Prost (4.9s.), Piquet (6s.), Alesi (7.1s.), Capelli (7.4s.), Bernard (17s.) et Gugelmin (17.2s.). Larini remplace le premier ses pneus après un tête-à-queue.
19e: Mansell se loupe au premier virage et manque de déraper. Nannini tente de le surprendre mais part de trop loin pour réussir. Capelli essaie de faire l'intérieur à Alesi au même endroit. L'Avignonnais résiste et les deux voitures évitent de peu la collision. Gugelmin prend la dixième place à Bernard.
20e: Berger devance Senna (0.6s.), Mansell (1.5s.), Nannini (2.3s.), Patrese (4.4s.), Prost (4.7s.), Piquet (7.3s.), Alesi (8.2s.), Capelli (8.8s.), Gugelmin (17.7s.), Bernard (20s.), Suzuki (21s.) et Alliot (24s.).
21e: Piquet effectue son changement de pneus à la fin de ce tour en huit secondes. Il ressort quinzième. Cela prouve que les pneus tendres souffrent sur ce revêtement surchauffé.
23e: Capelli attaque Alesi devant les stands mais le pilote Tyrrell ne fléchit pas. L'Avignonnais entre finalement aux stands en fin de tour pour prendre des pneus frais. Capelli est l'homme le plus rapide en piste et remonte sur Patrese et Prost.
24e: Berger, Senna, Mansell et Nannini sont dans un mouchoir de poche. Alesi quitte les stands mais s'immobilise après quelques centaines de mètres, différentiel cassé. Caffi renonce aussi suite à un bris de suspension arrière. Donnelly change de gommes.
26e: Berger contient un Senna de plus en plus impatient. Capelli fait la jonction avec le duo Patrese - Prost. Arrêt pneus pour Nakajima.
27e: Nannini tente de « croiser » Mansell au virage du raccordement mais l'Anglais lui ferme la porte. Les deux bolides se frottent. Prost change ses pneus (7.6s.) dans un arrêt-éclair. Le champion du monde ressort neuvième derrière les March de Capelli et Gugelmin. Modena et Bernard remplacent leurs pneus usés.
28e: Senna déborde Berger par l'intérieur au premier freinage. Mansell attaque aussitôt l'Autrichien. Ce dernier change ses pneus à la fin de ce tour en compagnie de Nannini. L'arrêt de Berger est très long (12s.) à cause d'un problème à l'arrière-gauche. Le pilote McLaren ressort onzième. Prost, Nannini et Piquet sont devant lui. Changement de pneus également pour Brabham et Warwick.
29e: Senna est en tête devant Mansell à deux secondes. Suivent Patrese et Capelli qui sont en bagarre.
30e: Senna entre aux stands. Le changement de la roue arrière-gauche prend beaucoup de temps et l'opération dure en tout seize secondes. Le Brésilien repart huitième devant Berger, mais derrière Prost et les deux Benetton. Mansell est en tête. Suzuki et de Cesaris passent par les stands.
31e: Mansell stoppe à son tour, laissant Patrese à la première place. Il Leone reste immobilisé durant dix secondes. Il se retrouve sixième entre Nannini et Piquet.
32e: Patrese devance Capelli (0.3s.), Gugelmin (10s.), Prost (14s.), Nannini (18s.), Mansell (21s.), Piquet (25s.), Senna (26s.) et Berger (27s.).
33e: Capelli attaque Patrese au premier virage et le dépasse par l'intérieur. Le jeune Italien est en tête de la course. Patrese change ses pneus à la fin de ce tour et reprend la piste à la dixième place.
34e: Les deux Leyton House-Judd de Capelli et Gugelmin sont en tête de la course... et ne prévoient pas de changer leurs pneus ! La garde au sol très basse de la CG911 permet en effet une usure minimale. Les machines turquoise, qui n'étaient pas qualifiées à Mexico, sont en route vers le doublé ! Changement de gommes pour Alboreto.
35e: Capelli compte neuf secondes d'avance sur Gugelmin qui voit Prost revenir sur ses talons. Le Français a fait une excellente opération en anticipant son arrêt puisqu'il a « sauté » cinq machines ! Senna prend la sixième place à Piquet.
36e: Alliot et Dalmas sont les derniers à changer leurs enveloppes.
37e: Capelli a huit secondes d'avance sur Gugelmin. Prost est juste derrière le Brésilien, gêné par de Cesaris à un tour.
39e: Prost se montre dans les rétroviseurs de Gugelmin. Nannini n'est qu'à une seconde et demie du Français.
40e: Capelli précède Gugelmin (6.8s.), Prost (7.4s.), Nannini (9.8s.), Mansell (13s.), Senna (17.3s.), Piquet (21.3s.), Berger (22.7s.), Patrese (32.1s.), Bernard (41.6s.), et Suzuki (42.1s.).
41e: Martini s'arrête sur le bas-côté devant les stands, allumage cassé.
42e: Prost harcèle Gugelmin mais doit se méfier des attardés. Il évite ainsi de peu l'Arrows d'Alboreto au S de l'École. Plus loin, Berger bute sur la Benetton de Piquet.
43e: Nannini rattrape Gugelmin et Prost. Piquet commet un surrégime mais son moteur Ford tient le coup. Mieux, le Carioca garde Berger à distance ! Les deux Lola de Bernard et Suzuki luttent pour la dixième place. Le Japonais dépasse son équipier.
44e: Capelli mène devant Gugelmin (8.2s.), Prost (8.8s.), Nannini (9.8s.), Mansell (14.4s.), Senna (18.5s.), Piquet (21s.) et Berger (24s.).
46e: L'écart est stable entre les Leyton House. Nakajima change une seconde fois de Pirelli.
47e: Prost temporise derrière Gugelmin afin de ne pas fusiller ses gommes neuves. Cependant Nannini n'est qu'à une seconde...
49e: Prost commet un léger travers au freinage du raccordement. Nannini pique à l'intérieur mais le Français parvient à rester devant.
50e: Capelli précède Gugelmin (8.7s.), Prost (9.3s.), Nannini (10s.), Mansell (18s.), Senna (20s.), Piquet (23s.), Berger (24s.) et Patrese (30s.).
52e: Dans la ligne droite du Mistral, Prost prend l'aspiration de Gugelmin et tente de passer à Signes. Mais l'assaut est trop périlleux, et le pilote brésilien conserve sa position. Nannini reste dans le sillage des deux hommes. Les Lotus dévorent leurs pneus Goodyear. Warwick doit en changer pour la seconde fois.
53e: L'avance de Capelli sur ses poursuivants se réduit. Le Milanais rencontre des vibrations dans son train avant, conséquence de la touchette du départ. Huitième, Berger klaxonne derrière un Piquet inflexible.
54e: Prost dépasse Gugelmin après la ligne de chronométrage et s'empare de la seconde place.
55e: Capelli devance Prost (5.3s.), Gugelmin (6.4s.), Nannini (6.9s.), Mansell (13.3s.) et Senna (15s.).
56e: Prost est gêné par Alliot en lui prenant un tour. Le pilote Ligier lui ferme dangereusement la porte dans Signes avant de s'écarter dans le double-droit du Beausset. Senna poursuit Mansell. De Cesaris quitte la route dans le S de Bendor. Il traverse les graviers puis reprend sa route.
58e: En tête de la course, Capelli est gêné par la Lotus de Donnelly. Prost ne lui concède plus que trois secondes. Nannini dépasse Gugelmin, sans gloire: le moteur Judd du Brésilien est en train de rendre l'âme. Senna prend la cinquième place à Mansell.
59e: Gugelmin regagne son stand pour renoncer. Le capot-moteur de la Leyton House ayant été endommagé au départ, le V8 a surchauffé.
60e: Capelli n'a plus qu'une seconde et demie d'avance sur Prost. Mansell change de nouveau ses pneus et tombe au huitième rang.
61e: Capelli est premier devant Prost (0.4s.), Nannini (8s.), Senna (11.4s.), Mansell (17.5s.), Piquet (26.7s.), Berger (28.3s.), Patrese (30.7s.), Suzuki (57.7s.), Bernard (1m. 03s.), Donnelly (-1t.) et Nakajima (-1t.).
62e: Prost évolue à un peu moins d'une seconde de Capelli. L'Italien réalise pourtant son meilleur tour de la course (1'08''373'''). Dalmas s'arrête chez AGS pour faire réparer sa tringlerie de boîte qui s'est grippée. Donnelly change de pneus.
64e: Prost n'est plus qu'à six dixièmes de Capelli. Il voudrait doubler dans le double-droit du Beausset où la 641 est plus rapide que toute autre. Mansell conclut le meilleur chrono de la journée (1'08''012''') et se lance à la poursuite de Patrese.
65e: Prost colle à Capelli dans la ligne droite du Mistral, sans succès. Nakajima abandonne après avoir cassé sa transmission.
67e: Capelli mène devant Prost (0.6s.), Nannini (8.9s.), Senna (12.4s.), Piquet (33.4s.), Berger (36s.), Patrese (41s.), Mansell (44s.), Suzuki (1m.) et Bernard (-1t.).
69e: Mansell dépasse Patrese sur la ligne de chronométrage. Quelques mètres plus loin, Berger rate son freinage à l'École et retrouve la piste au niveau de Mansell. Il coupe la route sans ménagement à son ancien coéquipier.
70e: Prost perd du temps en doublant Suzuki et Modena à cause d'un moteur un peu poussif. Son retard sur Capelli s'élève maintenant à deux secondes et sept dixièmes.
72e: Capelli est toujours en tête devant Prost (2.1s.), Nannini (6.7s.), Senna (10.5s.), Piquet (34.4s.), Berger (38.6s.), Mansell (39.5s.) et Patrese (41s.).
73e: Le moteur de la Ferrari de Mansell part en fumée dans Signes. Le Britannique se range dans les graviers. Prost a repris plus d'une seconde au leader.
74e: Capelli s'aperçoit que sa pression d'huile commence à baisser. Le V8 Judd hoquette. Va-t-il tenir le coup jusqu'à l'arrivée ? Croyant avoir trop consommé, Capelli enclenche sa pompe à essence électrique, mais les coupures continuent.
75e: Prost est revenu dans les roues de Capelli. Il est paré pour porter le coup de grâce au jeune Transalpin.
76e: Prost prend l'aspiration de Capelli dans la ligne droite du Mistral et tente de le déborder au Beausset, à l'extérieur puis à l'intérieur, mais l'Italien tient bon. Nannini renonce suite à une coupure électrique sur sa Benetton. Senna grimpe sur le podium.
77e: Capelli n'est qu'à quatre tours de la victoire mais son moteur est en train de casser. Prost s'apprête à lancer une ultime banderille.
78e: Blotti derrière l'aileron de Capelli, Prost lui fait l'intérieur dans le double-droit et cette fois son adversaire ne peut rien faire. Le Français prend la tête du Grand Prix. Il creuse tout de suite un grand écart sur la Leyton House.
79e: Prost file vers le centième succès de Ferrari en Grand Prix. Capelli a considérablement levé le pied pour préserver son moteur. Senna est trop loin pour le menacer.
80ème et dernier tour: Alain Prost remporte le Grand Prix de France pour la cinquième fois de sa carrière. Capelli décroche une superbe seconde place. Senna se contente de la troisième position. Piquet a su préserver son moteur et empoche trois points supplémentaires. Berger se classe cinquième. Patrese est sixième après un week-end piteux pour Williams-Renault. Suivent Suzuki, Bernard, Alliot, Alboreto, Warwick, Donnelly, Modena, Larini, de Cesaris, Brabham et Dalmas. De Cesaris est disqualifié peu après car sa monoplace n'atteignait pas le poids réglementaire.
Après la course: Force 100 pour Ferrari, résurrection pour Capelli
Sur le podium, Ayrton Senna et Alain Prost s'ignorent ostensiblement. Le Brésilien félicite tout de même Ivan Capelli mais s'éclipse avant la douche au champagne. Prost n'en a cure et se laisse aller à une joie insouciante: « Capelli m'a posé beaucoup de problèmes. Mais il a été correct jusqu'au bout. J'ai simplement guetté le moment favorable. Certes, il a tardé à se dessiner. Capelli ne commettait aucune erreur. Mais enfin, j'y suis arrivé. » S'il n'oublie pas les problèmes rencontrés durant la course (moteur faiblard à cause d'un souci d'alternateur), il affirme que la Ferrari est dorénavant plus efficace que la McLaren-Honda et que le titre mondial est pleinement envisageable. Dans le même temps, une Scuderia en pleine effervescence célèbre sa centième victoire en quarante ans de championnat du monde. « J'accorde une certaine signification aux nombres », reconnaît Prost. « Ce centième succès est un repère fantastique pour Ferrari. Pour moi, en comparaison de celui de Mexico, il est plus important. J'ai vaincu en pleine sérénité, en portant mon effort décisif au bon moment, sachant que ma voiture me permettait une offensive programmée. L'équipe a récupéré toute sa motivation. Et la suite du championnat nous promet de bonnes surprises. »
De son côté, Ivan Capelli n'est pas trop déçu de son échec final et ironise: « C'est la deuxième fois que Prost me souffle la victoire sous le nez. Il y était déjà parvenu en 1988 à Estoril. J'aimerais bien qu'il prenne sa retraite... » Des tifosi lui adressent une pancarte « Ferrari, prendi Capelli » (Ferrari, engagez Capelli !). « Allez le dire de ma part à Cesare Fiorio ! » rétorque l'intéressé avant d'éclater de rire. Non-qualifiées à Mexico, les Leyton House (ex-March) ont ressuscité au Castellet pour le plus grand bonheur d'« Ivan le Terrible », pilote fin et calculateur, mais jusqu'ici peu récompensé de sa patience. Son ami Maurício Gugelmin n'a pas non plus démérité. « Autant je suis déçu de mon abandon, autant je suis heureux pour Ivan et l'équipe. Il était, je crois, grand temps... » commente le Brésilien, beau joueur. Le pari de couvrir toute la distance avec des pneus tendres grâce à l'excellente tenue de route du châssis s'est avéré remarquablement payant. Aussi, au moment de son abandon, aux trois quarts de l'épreuve, Gugelmin avait encore des gommes en parfait état ! Si les modifications apportées par Gustav Brunner et Chris Murphy expliquent cette transformation, ceux-ci n'auraient rien pu faire sans les qualités intrinsèques du châssis conçu par Adrian Newey.
Chez McLaren, Ayrton Senna, lèvres serrées, interpelle Ron Dennis: « C'est la deuxième fois de suite que je suis battu sur une question de pneumatiques. Ici, je n'avais pas besoin d'en changer. J'aurais très bien pu terminer comme l'a fait Capelli... et gagner. » Le Pauliste, comme son équipier Berger, déplore aussi des arrêts aux stands très mal exécutés. McLaren est en plein doute. La MP4/5B souffre d'un problème d'exploitation que Neil Oatley et Tim Wright ne parviennent pas à situer. Senna, qui négocie la prolongation de son contrat, leur met une forte pression sur les épaules.
Senna (35 points) garde le commandement du championnat mais Prost (32 pts) se rapproche de plus en plus. McLaren-Honda (65 pts) est toujours première chez les constructeurs. Ferrari (50 pts) grignote son retard. Benetton-Ford (23 pts) est maintenant seule troisième devant Williams-Renault (21 pts).
Tony