Nigel MANSELL
 N.MANSELL
Ferrari
Nelson PIQUET
 N.PIQUET
Benetton Ford Cosworth
Alain PROST
 A.PROST
Ferrari

500o Gran Premio

LV Australian Grand Prix
Piena di sole
Adelaide
domenica 4 novembre 1990
81 giri x 3.780 km - 306.180 km
Affiche
F1
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Affaire Senna: saison II

Les plaies ouvertes par la seconde collision entre Ayrton Senna et Alain Prost ne sont pas prêtes de se refermer, en tout cas entre les deux hommes, car les structures sont moins sensibles. Ferrari condamne mollement les actions du Brésilien. Gianni Agnelli a certes téléphoné à Jean-Marie Balestre pour se plaindre de sa conduite. Mais Fiat et Ferrari ne souhaitent pas réclamer de sanction, peut-être afin de ménager l'avenir. Après tout, la Scuderia espère toujours engager Senna, un jour ou l'autre... Cependant, Prost digère très mal cet incident. En Australie, le Français refuse de parler aux journalistes et reste le plus souvent enfermé dans sa chambre d'hôtel. « Alain a besoin de calme et d'un environnement amical », déclare Cesare Fiorio qui, en fait, ne recueille aucune confidence de son pilote. Bien sûr, la presse fait ses choux gras de cet inquiétant mutisme. « Prost sur le point de tout plaquer ! » titre L'Équipe. A Adélaïde, la rumeur de sa retraite anticipée court le paddock. Fiorio s'en inquiète mais Prost refuse de démentir. « A chacun de se débrouiller, de porter sa croix... » lâche-t-il devant Patrick Grivaz de France Inter.

 

Pour sa part, Ayrton Senna rayonne. Libéré de la pression du combat pour le titre mondial, il vient de passer quelques jours en Malaisie. Le moral et l'aplomb gonflés à bloc, il balaie toutes les accusations portées contre lui et juge, contre toute évidence, son rival responsable de l'accrochage de Suzuka. Puis, impitoyable, il passe aux attaques personnelles. « Prost, je l'ai battu en 88 et 89, je l'ai aussi battu cette année », dit-il avec animation. « Ses critiques, c'est de la m**** ! C'est un énergumène qui a choisi une bonne fois pour toutes de se plaindre. De tout et de tout le monde. Il se plaint depuis 1988. De moi, de Honda, de McLaren. Puis, il est parti chez Ferrari. Il s'est alors plaint de ses pneus, de Berger, d'Alesi, du management de son équipe, de Mansell, et encore de moi. Il parle beaucoup trop et sème le bordel en interprétant tout à sa façon. »

 

Pour ne rien arranger, Jackie Stewart envenime un peu plus la situation au cours d'un entretien télévisé très tendu avec Ayrton Senna. L'Écossais a sévèrement critiqué le Brésilien dans les jours qui ont suivi Suzuka: « Ce qu'il a fait n'est pas correct, c'est antisportif et dangereux. Je crois que Prost pensait être suffisamment en tête pour emprunter la trajectoire de course idéale, en se déportant vers l'extérieur de la piste avant d'enrouler le virage à droite. Ce qui a tenté Senna. Ce fut la seule petite erreur d'Alain. Pressé d'en finir et manquant de réflexion, Senna a cru qu'il s'agissait d'une porte ouverte... » Au cours de leur entretien, Stewart accable son interlocuteur de reproches et l'accuse de mettre en danger la vie de ses adversaires. Refusant toujours de se remettre en question, Senna le renvoie dans ses cordes: « - Tes commentaires sont merdiques, je ne veux plus te voir, plus d'interview ! Fini ! - Tu ne peux pas nier tous les accrochages dans lesquels tu as été impliqué ! » répond Stewart. « Si, je démens ! Je ne cause jamais d'accrochages, ce sont les autres qui viennent à moi ! » réplique Senna qui semble perdre tout sens de la mesure.

 

Jean-Marie Balestre est absent en Australie, comme il l'était au Japon, et cela vaut mieux car aucune des parties en présence n'aurait des choses sympathiques à lui dire. On sait quelles sont ses relations avec Senna. Mais Prost est également dépité de constater l'absence de réaction fédérale face à cet attentat. Balestre s'est contenté de désigner une commission spéciale qui sera chargée de visionner les Grands Prix de cette tumultueuse saison 90, afin de consigner tous les incidents... et d'en tirer des leçons pour l'avenir. Autant dire que rien ne sera fait pour canaliser l'énergie de certains pilotes responsables de nombreuses collisions, au hasard Berger, Mansell et bien sûr Senna, ou pour sanctionner les ostrogoths du fond de la grille habitués à gêner leurs concurrents, comme Alliot ou de Cesaris.

 

Présentation de l'épreuve: On ferme !

Cet ultime manche du championnat 1990 est aussi le 500ème Grand Prix de l'Histoire de la Formule 1. Le gouvernement de l'Australie Méridionale avait prévu à cette occasion de grandes festivités qui sont annulées à cause d'un conflit entre la FISA et l'État australien du Queensland. C'est un avatar de la guerre qui oppose depuis un an la FISA et la FOCA au championnat CART. La compétition américaine organisera en effet à compter de l'an prochain une épreuve dans le célèbre pôle touristique de Surfers Paradise, ce qui déplaît souverainement à Bernie Ecclestone, acharné à détruite toute concurrence à « son » business. Comme la Confédération australienne du sport automobile ne prend pas partie en leur faveur, MM. Balestre et Ecclestone boycottent le rendez-vous d'Adélaïde. En revanche, le patron du CART Bill Stokkan est bien présent...

 

Malgré tout, les organisateurs australiens ordonnent une belle parade de voitures anciennes, avec notamment une Alfetta et une Mercedes W196 pilotée par Juan Manuel Fangio en personne. Ils réunissent par ailleurs les pilotes pour la traditionnelle « photo de famille » de fin d'année, puis, sur la même image, Juan Manuel Fangio, Jack Brabham, Denny Hulme, Jackie Stewart, James Hunt, Nelson Piquet et Ayrton Senna. Soit dix-huit titres de champion du monde. Alain Prost n'a pas voulu se prêter au jeu...

 

Si les titres mondiaux sont attribués, ce Grand Prix d'Australie n'est pas tout à fait dépourvu d'enjeux. Au classement des pilotes, la médaille de bronze n'est pas encore décernée et peut revenir à Berger (40 points), Piquet (35 pts), Boutsen (32 pts) ou Mansell (31 pts). La troisième position du classement des équipes est depuis Suzuka la propriété de Benetton-Ford (62 pts), mais Williams-Renault (54 pts) espère encore la récupérer.

 

Un mois après son terrible accident de Jerez, Martin Donnelly est sorti du coma et entame une longue rééducation. Quant à Alessandro Nannini, il a retrouvé la sensation de ses bras mais lui aussi ne sera pas apte à se mouvoir sans aide (sans même parler de repiloter un jour) avant des mois. Pour le remplacer chez Benetton, Flavio Briatore et Michael Kranefuss aimeraient engager Michael Andretti, le brillant fils de Mario, mais celui-ci est sous contrat avec Carl Haas pour 1991 et ne pourra sans doute pas se libérer. Roberto Moreno a donc de bonnes chances de conserver son volant.

 

L'incertitude plane toujours quant au futur du Team Lotus. Après le départ de Camel, Clive Chapman cherche désespérément de nouveaux commanditaires, et des rumeurs alarmistes annoncent que la mythique écurie de Ketteringham Hall ne sera pas au départ du prochain championnat. D'autres bruits évoquent une fusion avec la future équipe Jordan Grand Prix. En tout cas, plusieurs techniciens et mécaniciens ont remis leur démission, et c'est avec un staff très réduit que Lotus aborde ce rude hiver.

La Scuderia Italia achève une saison calamiteuse, avec zéro point au compteur. Elle devra donc sans doute subir les pré-qualifications en 1991, mais espère des jours meilleurs grâce au moteur Judd. En outre, Emmanuele Pirro a prolongé son contrat et sera associé au jeune Finlandais JJ Lehto, protégé de Keke Rosberg et de Marlboro.

 

Renault lance la « spécification 3 » de son V10 qui apporte de meilleures performances tout en réduisant la consommation. Brabham abandonne sa boîte de vitesses transversale pour revenir à la boîte longitudinale. Depuis quelques Grands Prix, les disques de frein fournis par la firme française Carbone Industrie fleurissent dans le paddock et font concurrence au dispositif britannique Heatco. Ils semblent donner satisfaction puisque même le « so british » Ken Tyrrell décide de les monter sur ses voitures.

 

Essais et qualifications

A cause de la canicule qui s'abat samedi sur Adélaïde, beaucoup de pilotes réalisent leurs meilleurs chronos dès le vendredi. Senna est absolument souverain et réalise sa dixième pole de la saison (1'15''671'''). Bien que quelque peu grippé, Berger l'accompagne en première ligne mais concède cinq dixièmes. Les Ferrari (Mansell 3ème, Prost 4ème) manquent de grip mais ne sont qu'à six dixièmes de la position de pointe. Pour sa dernière course avec Tyrrell, Alesi se hisse au cinquième rang, loin devant Nakajima (13ème). Les Williams-Renault (Patrese 6ème, Boutsen 9ème) ne brillent pas par manque de motricité dans les virages lents, un lourd handicap sur ce circuit. Les Benetton-Ford de Piquet (7ème) et de Moreno (8ème) occupent la quatrième ligne.

 

Grâce à la bonne tenue des pneus Pirelli, Martini place sa Minardi au dixième rang. Morbidelli (20ème) est plus loin par manque d'expérience. Les Lotus (Warwick 11ème, Herbert 16ème) ne sont pas trop mal qualifiées après un vendredi noir marqué par de nombreuses pannes. Larini achève un mini-exploit en signant le douzième chrono avec sa médiocre Ligier. Alliot n'est que dix-neuvième à cause d'un moteur poussif. Les Leyton House-Judd (Capelli 14ème, Gugelmin 16ème) ne font curieusement pas mauvaise figure sur ce tracé bosselé. De Cesaris (15ème) se met plutôt en vedette avec sa Dallara. Son équipier Pirro (21ème) voit ses temps du samedi annulés à cause d'un aileron non conforme. Les Brabham (Modena 17ème, D. Brabham 25ème) fonctionnent mieux avec leurs boites traditionnelles. Malgré un défaut de motricité, Grouillard (22ème) et son Osella arrachent leur ticket d'entrée. Larrousse frôle la correctionnelle: Bernard (23ème) et Suzuki (24ème) rencontrent une avalanche de pannes et le mulet sous-vire horriblement ! Leur qualification tient de l'exploit. Tarquini (26ème) sauve son AGS, contrairement à Dalmas qui a cassé son moteur.

 

Arrows achève sa catastrophique saison par une double élimination: ni Caffi ni Alboreto n'ont pu transcender une A11 en perdition. Gachot et Coloni concluent enfin leur triste collaboration: aucune qualification en seize Grands Prix ! Mais où le Franco-Belge pouvait-il dénicher les trois secondes qui le séparent de la vingt-sixième place ?...

 

Le Grand Prix

Deux semaines après Suzuka, le briefing des pilotes débouche sur un nouvel incident. Cette fois, c'est Alain Prost qui claque la porte ! Roland Bruynseraede et les commissaires sportifs prodiguent en effet aux coureurs leurs recommandations pour éviter les incidents, sans faire la moindre allusion à l'accrochage du Japon. Très irrité, Prost choisit de bouder la suite de la réunion. Mal lui en prend: il écope d'une réprimande officielle pour son comportement ! Inutile de souligner qu'il s'aligne au départ avec le moral dans les chaussettes. Son meilleur temps lors du warm-up ne le déride pas...

 

Il règne une chaleur torride sur Adélaïde en ce 4 novembre. On relève 47°C sur le bitume. Pirelli monte du coup ses pneus durs, mais chez Goodyear on fait confiance aux pneus D « super-tendres ».

 

Départ: Senna démarre sans problème, contrairement à Berger qui doit louvoyer pour rester devant Mansell. Suivent Prost, Alesi et Piquet.

 

1er tour: Piquet double Alesi sur Flinders Street. Puis Patrese dépasse l'Avignonnais dans Brabham Straight. Senna mène devant Berger, Mansell, Prost, Piquet, Patrese, Alesi, Boutsen, Moreno et Warwick.

 

2e: Berger coupe accidentellement son allumage après Wakefield Street. Lorsqu'il le réenclenche, il est trop tard: Mansell en a profité pour s'emparer de la seconde place. Prost et Piquet menacent ensuite le pilote autrichien.

 

3e: Senna compte deux secondes d'avance sur Mansell. Piquet fait l'intérieur à Prost au bout de Brabham Straight. La Benetton-Ford affiche la meilleure vitesse de pointe à cet endroit: 285 km/h.

 

4e: Piquet est aux trousses de Berger. Plus loin, Alesi résiste aux assauts de Boutsen.

 

5e: Senna devance Mansell (1.7s.), Berger (7s.), Piquet (7.6s.), Prost (9s.), Patrese (13s.), Alesi (14s.) et Boutsen (15s.).

 

7e: Senna porte son avance sur Mansell au-dessus des deux secondes. Piquet est sous l'aileron de Berger. Suzuki abandonne suite à une rupture de différentiel.

 

9e: Piquet déborde Berger au bout de la longue pleine charge et s'empare de la troisième place.

 

10e: Senna est devant Mansell (1.7s.), Piquet (6s.), Berger (7s.), Prost (8.7s.), Patrese (10.8s.), Alesi (12s.), Boutsen (12.7s.), Moreno (16s.) et Warwick (18s.).

 

12e: Mansell revient à moins d'une seconde de Senna. Berger résiste à Prost. Tête-à-queue sans conséquence pour Brabham.

 

14e: L'intervalle est fixe entre Senna et Mansell. Patrese se rapproche du trio Piquet - Berger - Prost.

 

15e: Senna abaisse le record du tour (1'21''303''') et tente de s'échapper. Ce chrono est battu par Boutsen (1'21''290''') qui est toujours bloqué derrière Alesi...

 

16e: Senna et Mansell rencontrent les premiers attardés, Brabham, Tarquini et Grouillard.

 

17e: Senna s'est mieux sorti des dépassements que Mansell: trois secondes les séparent maintenant.

 

18e: La Ferrari semble décidément plus rapide que la McLaren: en un tour, Mansell reprend une seconde au leader. Larini réalise un excellent début de course puisqu'il prend la onzième place à Capelli.

 

19e: Emporté par sa fougue, Larini part en tête-à-queue sur Rundle Road, escalade le gros vibreur, décolle et retombe dans l'échappatoire. Par chance, la Ligier est intacte. Larini redémarre mais a perdu huit positions.

 

20e: Mansell est juste derrière Senna. Brabham n'a plus de freins: il part en tête-à-queue au premier virage et doit renoncer. Changement de pneus pour Modena.

 

21e: Gêné par Morbidelli, Patrese exécute un demi-tête-à-queue au premier freinage et fusille ainsi ses pneus.

 

22e: Senna devance Mansell (0.7s.), Piquet (9s.), Berger (13s.), Prost (14.6s.), Boutsen (21.5s.), Moreno (35s.) et Warwick (51s.). Patrese chausse des gommes neuves. Alesi effectue une pirouette sous la pression de Boutsen. Il revient lui aussi à son stand pour changer de pneus. Morbidelli renonce après avoir cassé sa boîte de vitesses.

 

23e: Bernard met pied à terre avec une boîte de vitesses bloquée. Les deux Larrousse sont hors-jeu.

 

24e: Mansell demeure sur les traces de Senna. Piquet est maintenant isolé au troisième rang, tandis que Prost se contente de suivre Berger. L'Autrichien n'est pourtant pas au mieux car il souffre de la jambe droite.

 

25e: Mansell roule en 1'20''761'''. Nakajima et Grouillard font changer leurs enveloppes. De Cesaris quitte l'épreuve après une panne d'allumage.

 

28e: Senna est bouchonné par Nakajima qui s'écarte très tardivement. Patrese prend la huitième place à Warwick.

 

29e: Après Magic, c'est Mansell qui se défait non sans mal de Nakajima. Gugelmin tire tout droit au virage n°5, freins bloqués, et achève son après-midi dans le sable.

 

30e: Alesi dépasse Warwick. En fin de tour, Senna mène devant Mansell (2.4s.), Piquet (11.6s.), Berger (15s.), Prost (16.5s.), Boutsen (27.6s.), Moreno (45.7s.), Patrese (53s.), Alesi (59.2s.), Warwick (59.9s.), Capelli (1m. 07s.) et Martini (1m. 08s.).

 

31e: Senna tourne en 1'19''783''' et garde maintenant Mansell à distance. Patrese revient sur Moreno. Le Carioca n'a pas mis assez d'appuis sur sa Benetton et ses pneus se détériorent.

 

32e: Mansell réplique à Senna (1'19''765''').

 

33e: Patrese est dans la roue de Moreno. Arrêt pneus pour Tarquini.

 

35e: Senna et Mansell tombent sur un trafic très dense. L'intervalle entre eux oscille entre deux et quatre secondes.

 

36e: Moreno arrive chez Benetton pour chausser des pneus neufs. Il repart devant Warwick. Dans le dernier virage, Alesi appuie à la fois sur l'accélérateur et le frein ! Il exécute un tête-à-queue et perd une position au profit de Warwick qui n'a plus d'embrayage.

 

37e: Senna devance Mansell (3.8s.), Piquet (12s.), Berger (15.5s.), Prost (17.6s.), Boutsen (34.6s.), Patrese (48s.) et Moreno (1m. 05s.). Alesi repasse devant Warwick. Martini fait remplacer ses gommes Pirelli.

 

38e: Mansell est gêné par Grouillard et dresse le poing à l'intention du Grenoblois.

 

39e: Senna creuse à nouveau l'écart sur Mansell, repoussé à cinq secondes.

 

41e: Encore un record du tour signé Senna (1'19''387'''). Mansell lui rend maintenant sept secondes et demie.

 

42e: Onzième depuis le départ, Capelli change ses gommes et laisse ainsi passer Herbert et Nakajima.

 

43e: Mansell est en délicatesse avec ses pneus. Il se loupe entre Flinders et Wakefield Street et se retrouve dans l'échappatoire. Il retrouve le circuit au prix d'un 360°, sous le nez de Piquet.

 

44e: Mansell accuse maintenant seize secondes de retard sur Senna et voit Piquet accroché à ses basques.

 

45e: Senna précède Mansell (17s.), Piquet (17.5s.), Berger (24.1s.), Prost (25.2s), Boutsen (52.4s.), Patrese (1m. 06s.) et Moreno (-1t.). Warwick abandonne après que son témoin de pression d'huile s'est allumé. Par ailleurs, sa boîte se bloquait en troisième.

 

46e: Piquet déborde Mansell par l'intérieur du premier virage. L'Anglais frôle derechef la catastrophe dans une embardée au bout de Brabham Straight.

 

47e: Mansell est « en vrac » dans tous les virages. Berger et Prost reviennent sur lui. Capelli abandonne, commande d'accélérateur grippée.

 

48e: Senna possède vingt secondes de marge sur Piquet. Mansell décide enfin de remplacer ses pneus (7s.) et repart en cinquième position. Prost est sous l'aileron de Berger.

 

49e: Berger glisse à l'entrée de Brabham Straight, monte sur le trottoir et emprunte les dégagements. Prost saisit cette opportunité pour s'emparer de la troisième place.

 

50e: Senna mène devant Piquet (23.1s.), Prost (30.5s.), Berger (35s.), Mansell (41.7s.), Boutsen (1m. 01s.), Patrese (1m. 11s.), Moreno (-1t.), Alesi (-1t.), Herbert (-1t.), Nakajima (-1t.) et Martini (-1t.).

 

52e: Senna augmente son avance sur Piquet. Vingt-cinq secondes séparent désormais les deux Brésiliens. Mansell refait son retard sur Berger. Alesi change pour la seconde fois de Pirelli.

 

54e: Les leaders sont aux prises avec des attardés. Mansell recolle à Berger.

 

56e: Vingt-sept secondes entre Senna et Piquet. Nakajima manque son freinage au virage n°5, quitte la route et heurte la barrière de pneus. C'est fini pour le Nippon.

 

57e: Mansell fait l'intérieur à Berger à la grande épingle et glane ainsi la quatrième place.

 

59e: Senna est premier devant Piquet (31s.), Prost (42s.), Mansell (53s.), Berger (55s.), Boutsen (1m. 12s.), Patrese (1m. 20s.), Moreno (-1t.), Alesi (-1t.), Martini (-1t.) et Larini (-1t.). Herbert renonce suite à une rupture d'embrayage.

 

61e: Senna mène un rythme d'enfer et rattrape Patrese pour lui prendre un tour. En fin de parcours, la McLaren fond sur la Williams avant la dernière épingle, mais se fait ensuite lâcher à l'accélération. Senna aurait-il un problème de freins ?

 

62e: Senna aborde le virage n°13 lorsque sa boîte passe soudainement de la troisième au point mort. Toutes roues bloquées, la McLaren traverse le bac à sable et percute de plein fouet la rangée de pneumatiques. Le champion du monde ne remportera ce dernier Grand Prix de la saison.

 

63e: Piquet est en tête mais peine à se défaire de Modena qui zigzague devant sa Benetton. Le moteur de Tarquini prend feu sur Brabham Straight. L'Italien gare son AGS sur le bas-côté. Senna rejoint les stands à pied et salue le public.

 

65e: Piquet mène le Grand Prix devant Prost (7s.), Mansell (13s.), Berger (24s.), Boutsen (45s.) et Patrese (1m. 03s.). Le feu a été circonscrit sur la voiture de Tarquini.

 

66e: L'intervalle entre Piquet et Prost diminue, mais Mansell est le plus véloce sur la piste et remonte sur son équipier.

 

68e: Prost juge ses pneus trop usés pour maintenir ce rythme. Il réduit sa cadence et voit Mansell grossir dans ses rétroviseurs.

 

70e: Piquet précède Prost (12s.), Mansell (15.3s.), Berger (31.7s.), Boutsen (47.3s.), Patrese (1m. 05s.), Moreno (-1t.), Alesi (-1t.), Martini (-1t.) et Larini (-1t.). Abandon de Pirro, moteur serré.

 

71e: Voici Mansell dans la roue de Prost qui n'entend pas résister à son équipier.

 

73e: Prost ouvre la voie à Mansell dans Brabham Straight. Le Britannique se lance maintenant aux trousses de Piquet.

 

75e: Mansell réalise le meilleur tour de la course (1'18''203'''). Il ne rend plus que huit secondes au leader.

 

76e: Mansell appuie sur le champignon: il reprend quatre secondes à Piquet dans cette boucle !

 

77e: Piquet commet une faute d'inattention et emprunte le dégagement dans la courbe de Malthouse. Heureusement pour lui, Mansell était dans le trafic. Il repart une seconde devant la Ferrari.

 

78e: Piquet et Mansell sont roues dans roues et prennent un tour à Patrese. Prost commet à son tour un « tout-droit » sans conséquence. Berger est trop loin pour le menacer.

 

80e: Piquet contient Mansell à une seconde et paraît se diriger vers la victoire.

 

81ème et dernier tour: Piquet et Mansell abordent Brabham Straight derrière Modena. Le Brésilien double facilement la Brabham. A l'abord de l'épingle, Mansell fait l'intérieur à l'Italien mais ne reprend pas sa ligne, retarde son freinage... Il veut passer en force ! Piquet plonge alors à la corde, contraignant Mansell à tout bloquer pour éviter l'accrochage. Les moustaches de la Ferrari frôlent les échappements de la Benetton. Mansell s'en sort grâce à l'échappatoire. La course est jouée.

 

Nelson Piquet remporte sa seconde victoire consécutive devant Mansell. Prost conclut une course très terne au troisième rang. Berger finit quatrième. Les Williams-Renault de Boutsen et de Patrese prennent les derniers points. Moreno, Alesi, Martini, Larini, Alliot et Modena rallient l'arrivée, tout comme Grouillard qui concède tout de même sept boucles de retard.

 

Après la course: Piquet console Prost

Ce succès de Nelson Piquet lui offre la troisième place du championnat des pilotes, belle récompense d'une saison très régulière: le triple champion du monde a fini douze fois dans les points. Par ailleurs Benetton-Ford termine sur le podium de la coupe des constructeurs, devant Williams-Renault. Flavio Briatore, John Barnard et Gordon Message se congratulent. C'est le meilleur résultat de l'équipe italo-britannique. « Nous avions bien préparé notre coup », déclare Piquet pour résumer son après-midi. « Grâce aux performances aérodynamiques de notre châssis, nous avons pu limiter l'appui et favoriser ainsi la vitesse de pointe. J'ai rapidement pu passer Patrese, puis Prost et Berger au freinage. Mansell s'est viré devant moi. Derrière Senna, c'était plus dur: si je forçais le rythme pour revenir, je demandais trop aux pneus. J'ai donc décidé de temporiser. Quand Senna a disparu, j'étais loin devant Mansell. J'étais relax, trop peut-être. Nigel est revenu tout près, il a fallu réagir. J'ai attaqué comme un sourd dans les deux derniers tours, et j'ai gagné ! »

 

Dernière péripétie de la guerre Prost - Senna, en conférence de presse d'après-course, un journaliste questionne le Français sur les raisons de sa colère lors du briefing. Prost refuse de lui répondre. Piquet vient à sa rescousse: « Alain en a marre de tout ça ! Je peux le comprendre. L'attaque dont il a été victime à Suzuka est indigne d'un sportif. Rien ne peut la justifier. Prost est écœuré par l'absence de suite donnée à cette véritable agression. Au briefing, on nous fait la morale en nous promettant des sanctions qui ne viennent jamais. Tout cela n'est pas normal. » Prost se contente de remercier le Brésilien par un léger sourire. Il a hâte de rentrer chez lui, en Suisse...

 

C'est à nouveau dans une ambiance délétère que s'achève cette saison 1990 qui a certes offert aux spectateurs de merveilleux Grands Prix, mais restera entachée par son honteux épilogue de Suzuka. Les passionnés, les puristes, les chantres du « fighting spirit », sont dépités par la tournure lamentable prise par la rivalité opposant les deux meilleurs pilotes du monde. De cela, un petit homme n'en a cure. En faisant son bilan annuel, Bernie Ecclestone s'aperçoit que les recettes télévisées n'ont jamais été aussi bonnes. Voilà un merveilleux cadeau et un beau contentement pour le soixantième anniversaire du « Napoléon de la Formule 1 »...

Tony