Riccardo PATRESE
 R.PATRESE
Williams Renault
Ayrton SENNA
 A.SENNA
McLaren Honda
Michele ALBORETO
 M.ALBORETO
Tyrrell Ford Cosworth

472o Gran Premio

XIII Gran Premio de Mexico
Piena di sole
Città del Messico
domenica 28 maggio 1989
69 giri x 4.421 km - 305.049 km
Gara interrotta dopo 2 giri a seguito di un incidente, ripartita per la distanza originale.
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Gerhard Berger, ou le retour du miraculé

Malgré son prompt rétablissement, Gerhard Berger doute jusqu'au bout de pouvoir disputer ce Grand Prix du Mexique. Le 10 mai, Ferrari annonce en effet l'engagement conditionnel de Nicola Larini. Quelques jours plus tard, le jeune Toscan est à Maranello pour essayer la Ferrari 640. Afin de dédommager Enzo Osella, Cesare Fiorio propose de lui prêter l'essayeur « maison », le Finlandais Jyrki Järvilehto, dit JJ Lehto. Mais ce dernier refuse de faire le déplacement au Mexique sans avoir la certitude de rouler. Car en effet, Berger est bien résolu à faire son retour le plus vite possible. Le 23 mai, il tourne à Fiorano avec l'aval du docteur Benigno Bartoletti, le médecin de la Scuderia. L'Autrichien souffre mais parvient à couvrir la distance d'un Grand Prix. Du coup, Ferrari fait machine arrière et le réengage pour Mexico, sous réserve d'un dernier examen médical sur place.

 

« Je suis un coureur frustré », admet Berger. « Avec cent mètres à Rio et trois tours à Imola, ma saison n'a guère été remplie. Cela dit, je suis surpris que Ferrari ait voulu me remplacer... » Flanqué de Willy Dungl, c'est sous une chaleur étouffante qu'il débarque sur l'autodrome des frères Rodríguez. Au bloc médical, il rencontre le docteur Roberto Castañón Romo qui examine longuement ses brûlures aux mains, en voie de cicatrisation. Il obtient finalement le feu vert tant espéré. Berger jubile. Pour Larini en revanche, c'est la désillusion. Il doit retourner à son Osella. En guise de consolation, Fiorio l'invite à passer le week-end dans le stand Ferrari. « Pour moi, le rêve est quand même fini... » soupire l'Italien aux cheveux en brosse.

 

Présentation de l'épreuve

Perché à 2200 mètres d'altitude, le circuit de Mexico revêt un nouvel intérêt du fait de la généralisation des moteurs atmosphériques. Le handicap dû à l'altitude se chiffre à environ 120 chevaux. Selon Heini Mader, qui prépare la quasi-totalité des V8 Ford-Cosworth DFR, ses clients vont devoir composer avec une puissance digne de la Formule 3000. La raréfaction de l'air entrave aussi le refroidissement des moteurs. Les ingénieurs élargissent les entrées d'air et installent de nouveaux radiateurs. Côté aérodynamique, ils hésitent entre privilégier la vitesse pure et la tenue de route, très altérée sur ce bitume bosselé. Contrairement aux autres années, le piège principal pour les coureurs n'est pas la sortie de la parabolique mais son entrée où, faute d'un revêtement ondulé, les monoplaces manquent cruellement d'adhérence. Jonathan Palmer sort ainsi rudement à cet endroit samedi après-midi.

 

Minardi lance sa M189 conçue conjointement par Aldo Costa et Nigel Cowperthwaite. Celle-ci propose une coque très resserrée avec un réservoir placé derrière le pilote et non plus enveloppant comme sur la M188. Les pontons sont larges et situés très bas pour éviter les turbulences aérodynamiques. Les amortisseurs avant se trouvent en position horizontale, au-dessus des jambes du pilote. A noter enfin une nouvelle livrée associant le noir, le blanc et le jaune. Deux modèles sont présents pour Pierluigi Martini et Luis Pérez-Sala.

 

La Benetton B189 a effectué ses premiers tours de roue mais n'est pas présente. En effet, après mille kilomètres parcourus au banc d'essais sans problème, le nouveau V8 Ford a cassé son vilebrequin dès son installation sur le châssis !

 

Les Ferrari sont rigidifiées au niveau de l'ensemble cockpit - réservoirs latéraux. Il semble en effet qu'un de ces éléments se soit désolidarisé lors de l'accident de Berger à Imola, provoquant ainsi ce spectaculaire incendie. Les 640 adoptent aussi une prise d'air périscope, dispositif désormais présent sur tous les modèles sauf la Benetton. Ce n'est pas un effet de mode: le V12 Ferrari souffre d'un sérieux déficit d'alimentation en air. Il développe ainsi 630 chevaux au banc mais les pilotes ont l'impression d'en disposer beaucoup moins. Les choses devraient donc s'améliorer à Mexico.

 

L'AGS dispose d'un nouvel aileron avant et de pontons latéraux à flux interne. Ross Brawn retouche le capot-moteur de l'Arrows qui n'est plus qu'une vaste boîte à air. L'écurie Coloni n'est présente que pour éviter des sanctions financières. Le gros des troupes est resté aux ateliers de Passignano pour achever la conception de la nouvelle voiture qui doit débuter à Montréal. Christian Vanderpleyn a fait le déplacement avec une poignée de mécaniciens. Les Rial adoptent une livrée intégrant du bleu pâle et du blanc. Gunther Schmidt est encore une fois très énervé: ses voitures ont été endommagées par des caisses qui étaient transportées par-dessus durant le transport en avion, et Bernie Ecclestone refuse de le dédommager.

 

Essais et qualifications

Brundle, Modena et Caffi se tirent sans surprise de la pré-qualification. En revanche, Larini et son Osella sont éliminés au profit de l'Onyx de Johansson. Ghinzani est disqualifié pour avoir omis de se présenter au contrôle de pesée. Gachot, Foitek, Weidler, Schneider, Suzuki, Winkelhock et Raphanel sont éliminés.

 

La pluie perturbe la séance d'essais de samedi après-midi et piège quelques pilotes. Senna réalise sans peine sa septième pole position consécutive, la trente-troisième de sa carrière, ce qui lui permet d'égaler le record de Jim Clark. Le Brésilien (1'17''876''') ne s'est jamais laissé approcher par un Prost dépité (1'18''773'''). Les Ferrari de Mansell (3ème) et du courageux Berger (6ème) sont rapides mais rencontrent une avalanche d'avaries de toute sorte. A la surprise générale, la nouvelle March se montre plutôt à l'aise sur les bosses. Capelli obtient une excellente quatrième place. Hélas, son collègue Gugelmin rencontre de graves problèmes de transmission et ne parvient pas à se qualifier. Un fâcheux incident de parcours. Les Williams-Renault (Patrese 5ème, Boutsen 8ème) ne brillent guère par manque de grip. En revanche, Alboreto hisse la Tyrrell 018 à une septième place inespérée. Jamais une Tyrrell n'avait été aussi bien qualifiée depuis... 1983 ! Palmer se contente du quatorzième rang après sa sortie de route.

 

Modena est neuvième avec sa Brabham-Judd, loin devant Brundle (20ème) qui est gêné par l'averse de samedi. Warwick prend la dixième place malgré un accident vendredi. Cheever (24ème) est toujours aussi peu à l'aise dans l'étroit cockpit de l'Arrows. Chez Ligier, Grouillard (11ème) réalise une nouvelle performance encourageante. Arnoux (25ème) stoppe lui ses efforts samedi après que son fond plat s'est élimé... Les Dallara (de Cesaris 12ème, Caffi 19ème) rencontrent plusieurs soucis techniques. Les vieilles Benetton (Nannini 13ème, Herbert 18ème) paraissent de plus en plus dépassées. Cela va toujours aussi mal chez Lotus: si Nakajima (16ème) connaît des essais sans histoire, Piquet est aux prises avec un affreux sous-virage et se classe vingt-sixième et dernier ! Alliot (16ème) qualifie la Lola-Lamborghini, et une fois encore Dalmas est éliminé. Le jeune Varois n'y est pour pas grand-chose car il a perdu pas moins de huit courroies d'alternateur en deux jours ! Tarquini est 17ème avec l'AGS survivante. Johansson (20ème) offre à l'Onyx sa première qualification.

 

La nouvelle Minardi n'est pas au point. Il faut découper sa carrosserie pour assurer son refroidissement. Martini (21ème) ne brille pas mais parvient à se qualifier, contrairement à Pérez-Sala. Danner (23ème) permet à Rial de retrouver le chemin de la grille. Enfin, Moreno ne parvient pas à sauver sa pataude Coloni.

 

Alain Prost ne fait pas mystère de son mécontentement à l'issue de ces qualifications. Il s'enferme avec Ron Dennis et Osamu Goto pour de longs conciliabules. Cette fois, le Français laisse de côté la diplomatie: il déclare sans ambage qu'Honda favorise Senna à son détriment. Les dénégations de ses deux interlocuteurs ne le rassurent en rien.

 

Le Grand Prix

Le soleil est de retour dimanche. Prost est le plus rapide lors de l'échauffement devant Senna, mais du fait de la forte chaleur la grande inconnue réside dans le choix des gommes pour la course. Prost prend quatre pneus Goodyear « C » tendres tandis que Senna sélectionne deux C à droite et deux « B » médiums à gauche. Les Ferrari chaussent quatre C, les Williams quatre B. Chez Pirelli, on prend des pneus tendres à droite et des durs à gauche.

 

Départ: Les McLaren partent médiocrement. Mansell s'intercale entre Senna et Prost. Le Brésilien garde l'avantage devant le Britannique tandis que Berger efface Patrese puis Prost. Plus loin, de Cesaris entre en contact avec Alliot. Le Romain passe par la pelouse. Nakajima est poussé par Brundle et se retrouve en tête-à-queue dans l'herbe. Le Japonais cale et abandonne sa Lotus.

 

1er tour: Prost repasse devant Berger. Senna mène devant Mansell, Prost, Berger, Patrese, Alboreto et Boutsen. Capelli est au ralenti. Modena part en travers dans la parabolique. Il entraîne avec lui la Ligier de Grouillard, sort dans les graviers et se fracasse violemment contre les glissières. Surpris par le désordre, Caffi exécute un tête-à-queue au même endroit. Par bonheur tout le monde l'évite.

 

2e: Modena sort sans peine de son épave, mais le drapeau rouge est brandi. C'est une bonne opportunité pour Capelli qui a cassé une canalisation de frein.

 

Les deux premiers tours sont annulés et la course va recommencer à zéro avec un nouveau départ. La grille originelle est reconstituée. Modena et Nakajima sautent dans leurs mulets. Capelli prend la voiture de Gugelmin et s'élancera depuis la voie des stands.

 

Deuxième départ: De nouveau Mansell tente de se faufiler entre Senna et Prost, cette fois sans succès. Et tandis que le Brésilien et le Français virent en tête au premier freinage, Berger déborde finalement son équipier.

 

1er: Senna mène devant Prost, Berger, Mansell, Patrese, Boutsen, Alboreto, Warwick, Nannini et de Cesaris.

 

2e: Profitant de ses pneus tendres, Prost ne lâche pas Senna d'une semelle. Capelli n'a décidément pas de chance: il casse un cardan et n'aura de nouveau parcouru que quelques kilomètres.

 

3e: Prost reste dans les échappements de Senna qui ne parvient pas à s'enfuir. Nannini dépasse Warwick et Grouillard double de Cesaris.

 

5e: Moins d'une seconde sépare les deux McLaren-Honda. Les Ferrari restent dans leur sillage.

 

6e: Senna devance Prost (0.7s.), Berger (2.9s.), Mansell (3.6s.), Patrese (6.6s.), Boutsen (7.4s.) et Alboreto (8.8s.).

 

7e: Berger commence à avoir du mal à sélectionner ses vitesses. Mansell le double au bout de la longue ligne droite. Tarquini prend la dixième place à Grouillard.

 

8e: De Cesaris est déjà aux stands pour changer de pneus. Les Pirelli semblent se dégrader très rapidement ici.

 

10e: Senna est bloqué par de Cesaris après les Esses. L'Italien se rabat devant le Brésilien et manque de peu de l'accrocher. Il s'écarte finalement au virage suivant. Palmer revient au garage Tyrrell et abandonne en panne d'accélérateur.

 

11e: Senna devance Prost (0.4s.), Mansell (3.8s.), Berger (6.8s.), Patrese (9.6s.), Boutsen (10.1s.), Alboreto (11.6s.), Nannini (17.1s.), Warwick (25.6s.), Tarquini (26s.), Grouillard (29.1s.) et Johansson (32.5s.). Les pneus tendres d'Herbert sont déjà abîmés. Le jeune Anglais fait halte chez Benetton pour chausser des « B ».

 

12e: Les pneus de Prost se dégradent. Senna commence à creuser l'écart sur son équipier. Deux secondes les séparent. Derrière les Ferrari, Patrese résiste à Boutsen pour conserver sa cinquième place. Alboreto garde à distance un Nannini exposé à du sous-virage.

 

13e: Johansson s'empare de la onzième place aux dépens de Grouillard. L'Onyx fait des étincelles pour sa première apparition en course.

 

15e: Senna est premier devant Prost (4s.), Mansell (5.2s.), Berger (10.1s.), Patrese (14.9s.), Boutsen (16.7s.), Alboreto (19s.) et Nannini (26s.). Le moteur Lamborghini d'Alliot bafouille. Le Français regagne son stand pour remplacer sa centrale de gestion.

 

16e: Prost est désormais sous la menace de Mansell. Boutsen s'immobilise dans le gazon suite à une coupure d'allumage sur sa Williams. Alliot repasse par les stands pour faire examiner son moteur qui ne fonctionne pas mieux. De Cesaris fait quant à lui contrôler sa Dallara qui souffre de vibrations. Sa direction a été faussée lors de la touchette avec Alliot.

 

17e: Senna s'envole et tourne en 1'22''018'''. Berger gagne son stand. Sa boîte semi-automatique ne fonctionne plus: c'est l'abandon. Après un excellent début d'après-midi, Johansson abandonne privé d'embrayage.

 

18e: Le pneu avant-gauche de Prost est cloqué. Le Français peine à se maintenir devant un Mansell incisif. Bien plus loin, Tarquini sur son AGS menace l'Arrows de Warwick.

 

20e: Prost arrive aux stands pour changer de pneumatiques. Il prend trois Goodyear « C » et un « B » à l'avant-droit. L'arrêt est long. Le Français perd quatorze secondes et repart sixième.

 

21e: Senna précède Mansell (6.7s.), Patrese (21.3s.), Alboreto (24.6s.), Prost (33.4s.), Nannini (34.8s.), Warwick (46.7s.), Tarquini (47.3s.), Grouillard (54.7s.) et Cheever (1m. 03s.). Herbert remplace ses gommes pour la seconde fois.

 

21e: De Cesaris renonce suite à une panne de pompe à essence.

 

22e: Mansell est aussi rapide que Senna. L'intervalle ne varie donc pas entre les deux premiers. Prost abaisse le record de tour: 1'21''724'''.

 

24e: Prost remonte sur Nannini. Après cinq (!) arrêts et vérifications infructueux, Alliot rejoint son garage. Les hommes de Daniel Champion décèlent enfin la cause des maux du V12 Lamborghini: la rupture d'un capteur d'allumage sur le volant-moteur.

 

25e: Senna est leader devant Mansell (5.4s.), Patrese (24.2s.), Alboreto (28.8s.), Nannini (38.3s.) et Prost (39s.).

 

26e: Prost dépasse Nannini au premier virage et se retrouve cinquième.

 

28e: Senna compte sept secondes de marge sur Mansell. Plus loin, Patrese garde Alboreto à distance.

 

30e: Senna est devant Mansell (6.4s.), Patrese (28s.), Alboreto (34.3s.), Prost (40.2s.), Nannini (45.7s.), Warwick (1m.), Tarquini (1m. 01s.), Grouillard (1m. 17s.), Cheever (1m. 18s.).

 

32e: Prost tente de rattraper Patrese et Alboreto, mais il s'aperçoit qu'une nouvelle cloque se forme sur son pneu arrière-gauche ! Un mauvais réglage est vraisemblablement à l'origine de ce phénomène récurrent.

 

33e: Senna porte à huit secondes son avance sur Mansell qui est bouchonné par Nakajima.

 

35e: Prost s'arrête de nouveau aux stands pour remplacer ses gommes. L'arrêt dure une quinzaine de secondes à cause d'une roue avant-droite récalcitrante. Le Français repart huitième.

 

36e: Prost revient en piste juste devant Senna qui a un presque un tour d'avance. Warwick abandonne suite à une panne allumage. Tarquini se retrouve sixième.

 

37e: Prost s'efface devant Senna au premier virage. Nakajima perd l'usage de son troisième rapport et quitte la route. Le Japonais renonce.

 

38e: Mansell améliore le record du tour (1'20''859''') mais rend maintenant dix secondes à Senna.

 

40e: Senna est leader devant Mansell (10.5s.), Patrese (38s.), Alboreto (43s.), Nannini (1m.), Tarquini (1m. 19s.), Prost (-1t.), Cheever (-1t.), Grouillard (-1t.), Brundle (-1t.) et Modena (-1t.).

 

41e: Mansell fixe définitivement le meilleur tour en course: 1'20''420'''. Dans le sillage de son équipier, Prost rattrape facilement l'AGS de Tarquini.

 

43e: Une fumée blanche s'échappe de la Ferrari de Mansell. L'Anglais poursuit sa route. Senna et Prost débordent Tarquini.

 

44e: Mansell se range dans le gazon avant les Esses, moteur fumant. Cesare Fiorio invoquera une énième panne de la boîte de vitesses, mais il semble bien que le V12 italien soit en cause.

 

45e: Senna est premier devant Patrese (39.7s.), Alboreto (44.1s.), Nannini (1m. 07s.), Prost (-1t.) et Tarquini (-1t.).

 

46e: Patrese se fait une frayeur dans la Parabolique: il récupère sa Williams après une dangereuse glissade.

 

48e: Herbert rejoint une nouvelle fois les stands pour signaler qu'il a perdu son troisième rapport. Comme il n'y a rien à faire, ses mécaniciens le renvoient en piste avec des pneus neufs.

 

50e: Les deux McLaren roulent toujours de concert, mais une boucle les sépare. Senna mène devance Patrese (38.8s.), Alboreto (43.7s.), Nannini (1m. 09s.), Prost (-1t.), Tarquini (-1t.), Cheever (-1t.) et Grouillard (-1t.).

 

52e: Alboreto maintient une certaine pression sur Patrese dont la Williams n'est pas parfaitement équilibrée mais est bien plus puissante que la Tyrrell.

 

54e: Patrese prend sept secondes d'avance sur Alboreto qui est aux prises avec du trafic.

 

55e: Senna roule devant Patrese (40.3s.), Alboreto (48.5s.), Nannini (1m. 12s.), Prost (-1t.) et Tarquini (-1t.).

 

56e: Prost suit toujours Senna comme son ombre, sans pouvoir le doubler. Il ne remonte ainsi que très lentement sur Nannini.

 

57e: Martini casse son moteur dans l'Ese Moises Solana. Il se range dans l'herbe mais répand une large traînée d'huile.

 

58e: Senna glisse sur l'huile laissée par Martini et part au large au premier virage. Prost en profite pour le doubler et se lance ainsi à la poursuite de Nannini.

 

60e: Senna précède Patrese (38.1s.), Alboreto (43.3s.), Nannini (1m. 06s.), Prost (1m. 19s.), Tarquini (-1t.), Cheever (-1t.), Grouillard (-1t.), Brundle (-1t.) et Modena (-1t.).

 

61e: Au bout d'une demi-heure de réparations, Alliot reprend la piste avec un moteur en état de marche afin d'au moins rallier l'arrivée.

 

62e: Senna lève le pied pour soulager la mécanique. Il compte une trentaine de secondes d'avance sur Patrese. Alboreto est à trente-six secondes du leader. Prost reprend environ deux secondes par tour à Nannini.

 

64e: Prost revient à moins de quinze secondes de Nannini mais paraît trop loin pour le rattraper.

 

65e: Senna précède Patrese (26s.), Alboreto (34s.), Nannini (1m. 02s.), Prost (1m. 15s.) et Tarquini (-1t.).

 

67e: L'intervalle entre Senna et Patrese tombe à vingt-trois secondes. Pas d'inquiétude néanmoins pour le Pauliste qui maîtrise parfaitement la situation.

 

69ème et dernier tour: Ayrton Senna remporte sa troisième victoire d'affilée. Patrese termine deuxième et offre ainsi son premier podium à l'association Williams-Renault. Alboreto obtient une très belle troisième place. Nannini finit quatrième. Prost doit se satisfaire des deux points de la cinquième place. Tarquini empoche un point pour AGS. Cheever, Grouillard, Brundle, Modena, Piquet, Danner, Caffi, Arnoux et Herbert terminent aussi cette course.

 

Après la course

Au drapeau à damiers, Henri Cochin, Claude Galopin et le modeste commando AGS bondissent de joie. Cette sixième place de Gabriele Tarquini répare l' « injustice » d'Imola où l'écurie varoise a cru pendant quelques heures accrocher son premier point depuis plus d'un an. Très élégant, le jeune pilote italien dédie cette performance à Philippe Streiff qui n'a toujours pas retrouvé l'usage de ses membres.

 

Michele Alboreto est également radieux. « Alors, il paraît que j'avais perdu ma combativité ? » lance-t-il bravache aux journalistes transalpins qui ne l'ont pas épargné ces derniers mois. Il offre à l'équipe Tyrrell son premier podium depuis six ans ! « Nous courons comme nous le pouvons, mais nous sommes là ! » déclare un Ken Tyrrell soudain très volubile. « Chez moi, nous ne sommes qu'une soixantaine, avec une demi-douzaine de techniciens, rien de plus » explique cet éternel passionné qui, à 65 ans, n'envisage pas le moins du monde de fermer boutique. Observation des Italiens: avec Alboreto, Harvey Postlethwaite et Jean-Claude Migeot, trois anciens de Ferrari, le « vieux Ken » ne se débrouille pas mal...

 

Chez Ferrari justement, l'heure n'est pas à la fête. Nigel Mansell s'irrite de ces pannes récurrentes. « Ce n'est pas comme ça que nous allons rejoindre les McLaren ! » s'écrie-t-il. Cesare Fiorio préfère plutôt souligner la splendide performance de Gerhard Berger, trente-cinq jours seulement après son dramatique accident d'Imola. « Sa classe et sa bravoure sont intactes. C'est ce que je retiens en premier lieu » affirme le directeur de la Scuderia. Berger hoche la tête. Il a souffert bien plus qu'il ne l'a montré. Il part se reposer à Acapulco à l'invitation de son ami Walter Wolf.

 

Alain Prost accuse Honda

Un Brésilien en cache un autre: peu après la cérémonie du podium, Ayrton Senna apprend que son ami et mentor Emerson Fittipaldi vient, à 42 ans, de remporter les mythiques 500 Miles d'Indianapolis au volant d'une Penske-Chevrolet. « C'est un grand jour pour le Brésil ! » s'exclame le Pauliste.

 

Alain Prost est doublement irrité. Tout d'abord contre ses mécaniciens qui selon lui ont remplacé trop lentement ses pneus. Mais surtout contre Honda. « Ayrton et moi ne marchons pas sur le même registre, dit-il. Lorsque je le suivais dans son aspiration, je ne parvenais même pas à lui reprendre un mètre, malgré mes pneus neufs. Il y avait au moins 5 km/h d'écart. Honnêtement, mon choix de pneus n'était pas le bon, je l'avoue. Mais à partir du moment où l'on se bat tous les deux pour la victoire, le matériel doit être identique. Or depuis quelques temps je doute. Je suis très, très frustré. Lésé ? La réponse est oui. C'est tout. » En outre, il s'avère que Prost a consommé sept litres de moins de Senna, ce qui accrédite l'idée que son moteur serait moins puissant que celui du Brésilien.

 

Les allégations de Prost suscitent une nouvelle tempête médiatique qui ne tourne pas en sa faveur. Prost a de nombreux détracteurs, surtout dans la presse française, qui se complaisent à le dépeindre sous les traits d'un mauvais perdant, d'un aigri, d'une « pleureuse ». De son côté, Ron Dennis se dispense de tout commentaire mais penche en faveur de Senna. Il choie le Brésilien depuis 1988 comme il choyait Prost en 1984 lorsque celui-ci affrontait Niki Lauda. Meurtri, le Français se renferme sur lui-même et ne fait pas mystère de son intention de quitter Marlboro-McLaren à l'issue de cette saison.

 

Pour l'heure, Senna caracole en tête du classement mondial avec trois victoires et vingt-sept points, contre aucun succès et vingt unités pour Prost. Selon bien des commentateurs, il ne fait plus guère de doute que cette saison 1989 sera une promenade de santé pour « Magic ». McLaren-Honda domine le championnat des constructeurs avec 47 points, très loin devant Benetton-Ford (11 pts), Ferrari, Williams-Renault (9 pts) et... Tyrrell-Ford (7 pts) !

Tony