Alain PROST
 A.PROST
McLaren Honda
Ayrton SENNA
 A.SENNA
McLaren Honda
Thierry BOUTSEN
 T.BOUTSEN
Benetton Ford Cosworth

462o Gran Premio

IV Magyar Nagydij
Nuvoloso
Hungaroring
domenica 7 agosto 1988
76 giri x 4.014 km - 305.064 km
Affiche
F1
Coupe

Lo sapevate?

Pilota
Costruttore
Motore

Ferrari: réorganisation du staff technique

Le nouveau directeur-général de Ferrari Pier Giorgio Capelli remodèle le département technique de la Scuderia, placé sous la férule de John Barnard qui jouit de la pleine confiance de Gianni Agnelli. Trois nouveaux secteurs sont ainsi créés. Le département moteurs, chargé de « dégrossir » le futur V12, sera dirigé en binôme par Pierguido Castelli et l'expérimenté Ildo Renzetti. Celui des châssis sera confié à Gordon Kimball, le bras-droit de Barnard, tandis que le Français Henri Durand s'occupera de l'aérodynamique.

 

Dans le même temps, les jours de Marco Piccinini à la direction sportive paraissent comptés. Fiat n'attend que la disparition d'Enzo Ferrari, dont l'état de santé empire de jour en jour, pour le remercier...

 

Rumeurs de transferts: Alboreto chez Williams, Patrese vers Benetton ?

Le marché des transferts est jusqu'ici peu actif, mais il y a pourtant encore de très bonnes places à glaner. Ainsi le deuxième baquet chez Williams est disponible puisque Riccardo Patrese, constamment dominé par Nigel Mansell cette saison, ne devrait pas être conservé. Michele Alboreto est le favori pour lui succéder. Son protecteur le comte Zanon est ainsi aperçu à Budapest en compagnie de Frank Williams, de même que son agent Domingo Piedade. Pour l'heure, Williams annonce le recrutement de Martin Brundle comme pilote de développement pour la future Williams-Renault. Absent du paddock depuis fin 87, l'Anglais s'est reconverti en Endurance et partage une Jaguar XJR-9 avec Eddie Cheever, avec succès puisque leur tandem a remporté les 1000 kilomètres de Monza et de Silverstone.

 

Benetton-Ford cherche également un remplaçant à Thierry Boutsen. D'après certaines rumeurs, elle pourrait faire appel à Keke Rosberg qui se languit dans sa retraite et a récemment repris le volant d'une McLaren à l'occasion d'une démonstration lors du GP de Yougoslavie de moto. Mais Benetton lorgne aussi sur Patrese qui bénéficie de l'appui de son ami Alessandro Nannini. Les deux Italiens se connaissent bien en effet pour avoir été coéquipiers chez Lancia en Groupe C pendant trois ans.

 

Présentation de l'épreuve

La troisième édition du Grand Prix de Hongrie est un nouveau succès populaire. Comme l'an passé, de nouveaux ressortissants des démocraties populaires (Tchécoslovaques, Allemands de l'Est...) se précipitent pour assister à ce spectacle mercantile, symbole du capitalisme libéral occidental. Comme la billetterie affiche complet, Bernie Ecclestone en profite pour augmenter ses tarifs et réclame plus d'un million de dollars aux organisateurs ! Par ailleurs, le président de la FOCA a repris ses négociations avec les dirigeants soviétiques et souhaite organiser un Grand Prix à Moscou à l'horizon 1992.

 

Fragilisé par le cuisant échec de la JS31, Michel Tétu choisit de quitter Ligier-Gitanes en ce début août. L'ingénieur français ne se sentait pas à l'aise dans le futur organigramme préparé par Guy Ligier et Jean-Pierre Paoli, et qui le cantonnait dans des fonctions subalternes à l'usine de Magny-Cours. Tétu reprend donc sa liberté. Ce départ ouvre la voie à Frank Dernie, le prochain directeur technique de l'équipe. Sauf que celui-ci ne donne plus de nouvelles à son futur employeur depuis deux semaines...

 

Avec dix points au compteur à mi-parcours, Arrows connaît un des meilleurs crus de son histoire mais rencontre pourtant de sérieuses difficultés d'ordre technique. L'excellent châssis dessiné par Ross Brawn n'est pas en cause. En revanche, le quatre cylindres Megatron, ex-BMW, conçu en 1981, souffre de son âge avancé. Sa centrale de gestion électronique n'est plus fabriquée et aucune cartographie précise ne peut être programmée. Derek Warwick et Eddie Cheever gèrent donc leur consommation « au doigt mouillé ». En outre, l'atelier d'Heini Mader manque de pièces détachées et doit se rabattre sur les sous-traitants de BMW. Enfin, dans le but d'accroître la puissance, le motoriste Gerd Schuman tente d'augmenter la pression de suralimentation... ce qui porte un coup fatal à la fiabilité du bloc... Par ailleurs, Arrows n'a toujours pas de motorisation pour l'an prochain. Jackie Oliver reste très discret sur le sujet, et il n'est malheureusement pas impossible que son écurie doive se contenter en 1989 d'un modeste V8 Cosworth ou Judd.

 

Harvey Postlethwaite et Jean-Claude Migeot ont pris leurs fonctions chez Tyrrell avec pour mission de concevoir une voiture plus stable que la très médiocre 017. Ils devront aussi tirer le meilleur parti du peu puissant V8 Ford-Cosworth DFR. Le souci est que Ken Tyrrell n'a pas de financement pour cet ambitieux programme. Il compte sur le concours de Camel avec lequel il négocie pour recevoir un gros pécule. Le cigarettier est en effet déçu par les mauvais résultats de Lotus et aimerait miser sur un autre cheval. Mais rien n'est signé avec Tyrrell.

 

Les traits creusés, l'œil vide, une barbe de trois jours sur les joues, Nigel Mansell ne paraît pas dans son assiette ce week-end. Il déclare que son fils aîné Leo lui a transmis... la varicelle ! Une maladie bénigne mais épuisante. Et c'est pour ne pas écorcher ses boutons qu'il ne se rase plus... Sacré Nigel...

 

Ce tracé de Budapest, composé de nombreux virages tortueux et techniques, convient particulièrement aux monoplaces à moteur atmosphérique. Le revêtement peu adhérent pénalise les grosses cavaleries des turbos qui usent ainsi plus facilement leurs gommes. Dotées de moins d'appuis, plus légères que leurs rivales et jouissant d'une consommation libre, les voitures « aspirées » bénéficient donc d'une épreuve taillée sur mesure. Mais sera-ce suffisant pour vaincre les imbattables McLaren-Honda ?

 

Les turbines du moteur Honda sont désormais fabriquées en céramique, ce qui est censé diminuer son poids et donc son temps de réponse. John Judd introduit une autre version de son V8 avec de nouveaux arbres à cames. Le motoriste anglais confirme par ailleurs qu'il est en train de concevoir un nouveau moteur pour la saison 1989. Gérard Ducarouge rajoute à sa Lotus 100T une calandre dotée de « bavettes » derrière les roues avant. La Coloni de Tarquini est allégée de sept kilos grâce à une carrosserie neuve.

 

Essais et qualifications

La séance de pré-qualification de vendredi matin se déroule sous une pluie battante. Larini et son Osella sont éliminés, injustement selon le pilote italien, car la direction de course raccourcit la séance de quatre minutes pour permettre l'évacuation de la Zakspeed accidentée de Ghinzani. Larini estime qu'il aurait pu améliorer son chrono sans cette interruption et court se plaindre auprès des commissaires, mais ceux-ci l'envoient promener...

 

Le soleil refait son apparition pour les sessions qualificatives de vendredi et de samedi. Le premier jour, Prost précède les Benetton et les Williams, comme prévu très en verve sur ce tracé. Mais le lendemain les cartes sont rebattues. Senna arrache la 24ème pole position de sa carrière devant cinq voitures dotées de moteurs atmosphériques ! Mansell, deuxième, ne rend qu'un petit dixième au Brésilien. Son collègue Patrese se classe sixième. Les Benetton-Ford de Boutsen (3ème) et de Nannini (5ème) seront des outsiders redoutables, tout comme les March-Judd de Capelli (4ème) et de Gugelmin (8ème). Il faut attendre le septième rang pour revoir Prost qui se plaint d'un épouvantable sous-virage. Les Ferrari souffrent du manque de souplesse de leur moteur. Berger est neuvième, Alboreto, victime de deux pannes de sa centrale de gestion, seulement quinzième...

 

Les bolides propulsés par le modeste V8 Ford-Cosworth profitent de ce circuit pour se mettre enfin en valeur. Caffi démontre la qualité du châssis Dallara en se hissant au dixième rang. Les Minardi sont mieux qualifiées que jamais: Pérez-Sala est 11ème, Martini 16ème. De Cesaris et sa Rial ne sont en revanche que dix-huitièmes, faute d'avoir trouvé de bons réglages. Les plus faibles équipes du camp suralimenté sont à la peine. Les Lotus-Honda sont particulièrement instables. Piquet (13ème) est longtemps immobilisé par des problèmes de freins. Nakajima (19ème) se contente de se qualifier... Les Arrows-Megatron (Warwick 12ème, Cheever 14ème) n'existent pas non plus.

 

Vendredi après-midi, Dalmas est victime d'une terrible collision avec l'Eurobrun de Larrauri. Suite à une mésentente, la Lola part en tonneaux et atterrit dans les graviers, complétement détruite. Indemne, le Varois tente le lendemain de se qualifier avec le mulet et y parvient de la plus brillante des façons. Dix-septième, il relègue son collègue Alliot (20ème) à une demi-seconde ! Palmer (21ème) partage la onzième ligne avec la Coloni de Tarquini qui retrouve enfin une place sur la grille. Streiff (23ème) se qualifie de justesse après avoir rencontré de nombreux problèmes de moteur. Les deux Ligier (Johansson 24ème, Arnoux 25ème) arrachent cette fois leur ticket d'entrée. Modena (26ème) souffle la dernière place qualificative à son équipier Larrauri.

 

Bailey est encore une fois éliminé (c'est la sixième fois cette saison !), tout comme les deux Zakspeed de Ghinzani et de Schneider.

 

Le Grand Prix

Prost déniche enfin les bons réglages dimanche matin et réussit le meilleur chrono de l'échauffement. Il espère au moins remonter à la seconde place en course, et pourquoi ne pas aller titiller Senna. Lee Gaug ne prévoit pas de changement de pneus en course, à condition que les monoplaces s'élancent avec des enveloppes rodées et gonflées à une pression bien précise.

 

Départ: Mansell prend un meilleur envol que Senna mais, mal placé à l'extérieur, il laisse le Brésilien virer en tête au premier freinage. Patrese déborde Nannini, puis Boutsen dans la première courbe. Capelli rencontre des problèmes de boîte et manque son départ, à l'instar de Prost, seulement neuvième. Également mal parti, Pérez-Sala percute Dalmas et endommage son aileron avant.

 

1er tour: Senna mène devant Mansell, Patrese, Boutsen, Nannini, Berger, Capelli, Gugelmin, Prost et Caffi. Pérez-Sala s'arrête chez Minardi pour remplacer son museau.

 

2e: Mansell reste dans le sillage de Senna. Prost déborde Gugelmin devant les stands.

 

3e: Une demi-seconde seulement sépare Senna et Mansell. Le moteur de Capelli bafouille. Le jeune Italien regagne les stands pour faire examiner sa centrale de gestion électronique.

 

4e: Senna peine à se défaire de Mansell. Il fait le trou dans les accélérations grâce à son turbo, mais l'Anglais le rattrape dans les virages serrés. Prost est aux trousses de Berger. Palmer quitte la course suite à une coupure électrique sur son moteur.

 

5e: Senna précède Mansell (0.6s.), Patrese (1.7s.), Boutsen (2.6s.), Nannini (3.7s.), Berger (4.8s.), Prost (5.6s.) et Gugelmin (7s.).

 

6e: Capelli observe un second arrêt, toujours afin de résoudre ses problèmes électroniques.

 

7e: Mansell est collé derrière Senna. Patrese, Boutsen et Nannini demeurent dans le sillage des leaders.

 

8e: Les cinq premiers se tiennent en trois secondes. Streiff heurte Nakajima par l'arrière. Il rejoint ensuite les stands pour faire examiner sa suspension et remplacer ses roues. Capelli regagne pour de bon son garage.

 

9e: Martini et Piquet luttent pour la douzième place et entrent en contact au premier virage. Le Brésilien part en tête-à-queue. L'Italien se range dans le gazon avec une suspension pliée. Piquet reprend la piste et regagne péniblement les stands avec une calandre endommagée. Streiff quitte les stands avant de s'immobiliser un peu plus loin car ses mécaniciens ont mal fixé sa roue avant-gauche...

 

10e: Senna, Mansell, Patrese, Boutsen et Nannini roulent ensemble. Prost prend l'avantage sur Berger. Piquet rejoint les stands pour changer de pneus et d'aileron avant. Hélas, lorsqu'il repart, il s'aperçoit qu'il n'a plus d'embrayage et cale après une dizaine de mètres. Ses mécaniciens le poussent alors vers le stand pour le faire repartir avec le démarreur portatif, ainsi que le stipule le règlement. Le Carioca redémarre ainsi avec une boucle de retard.

 

11e: Senna précède Mansell (0.3s.), Patrese (0.9s.), Boutsen (1.2s.), Nannini (1.7s.), Prost (3s.), Berger (4.1s.), Gugelmin (7.1s.), Caffi (11.3s.), Warwick (16.3s.), Alboreto (21.9s.) et Cheever (24.3s.).

 

12e: Blotti derrière Senna, Mansell se déporte à l'extérieur dans le rapide gauche au sommet de la côte. Mais en sortant de la courbe, il roule sur la bordure et effectue un spectaculaire 360° ! Il demeure sur la piste mais laisse passer Patrese et Boutsen. Dans le même temps, Prost se défait de Nannini.

 

13e: Senna compte une seconde et demie d'avance sur Patrese. Prost bute dorénavant sur Mansell qui s'annonce coriace à doubler. Berger déborde Nannini.

 

15e: Senna est premier devant Patrese (1.8s.), Boutsen (2.6s.), Mansell (5s.), Prost (5.8s.), Berger (7.5s.), Nannini (8.5s.), Gugelmin (12s.) et Caffi (18s.). Alboreto prend la dixième place à Warwick.

 

17e: Deux secondes séparent Senna et Patrese. Le Pauliste mène un rythme modéré car sa consommation d'essence est trop élevée. Mansell et Prost sont actuellement les pilotes les plus rapides. Ils sèment Berger et Nannini.

 

18e: Les écarts se resserrent en tête. Patrese et Boutsen se rapprochent de Senna.

 

19e: Johansson tire tout droit dans la pelouse au sommet de la butte après la rupture de son câble d'accélérateur. Il rejoint son garage au petit trot pour renoncer.

 

21e: Senna devance Patrese (0.8s.), Boutsen (1.4s.), Mansell (3.1s.), Prost (3.9s.), Berger (7.9s.) et Nannini (8.8s.).

 

23e: Patrese repousse les attaques de Boutsen pendant que Prost se montre dans les rétroviseurs de Mansell. La jonction est faite entre les deux tandems. Le moteur de Caffi explose. C'est une grosse désillusion pour le jeune Transalpin qui occupait une excellente neuvième place.

 

24e: Patrese, Boutsen et Mansell sont revenus sur les talons de Senna. Prost se tient un peu en retrait. De Cesaris dépasse Warwick.

 

25e: Senna prend un second tour à Piquet. Patrese perd en revanche du temps à doubler la Lotus et ralentit ainsi son groupe de poursuivants. Nannini regagne les stands. Sa boîte à eau s'est fendue et le moteur Ford a surchauffé. L'Italien jette l'éponge.

 

26e: Senna tombe maintenant sur Pérez-Sala qui ignore ses rétroviseurs et le bouchonne pendant un demi-tour. Patrese, Boutsen, Mansell et Prost reviennent menaçants derrière le meneur.

 

27e: Pérez-Sala s'efface devant le quintet des leaders. Berger rejoint bientôt ceux-ci grâce au trafic.

 

28e: Prost fait l'extérieur à Mansell dans la ligne droite principale et s'empare ainsi de la quatrième place. Boutsen est sa prochaine cible, mais celui-ci est très rapide et menace Patrese.

 

29e: Prost distance Mansell et se rapproche du duo Patrese - Boutsen. De Cesaris était revenu jusqu'au neuvième rang, mais il abandonne après avoir cassé un cardan.

 

30e: Senna mène devant Patrese (1.6s.), Boutsen (1.7s.), Prost (3.4s.), Mansell (5.6s.), Berger (6.6s.), Gugelmin (13.9s.), Alboreto (24.2s.), Warwick (59.8s.), Cheever (1m. 07s.), Alliot (-1t.) et Nakajima (-1t.).

 

31e: Le moteur Judd de Patrese se met à pétarader. Boutsen prend l'avantage sur l'Italien en passant devant les stands. Prost attaque à son tour Patrese dans les virages suivants, mais celui-ci se défend avec sa hargne habituelle.

 

32e: Suite à un dysfonctionnement électronique, le V8 de Patrese ne fonctionne plus correctement. Prost, Mansell et Berger dépassent la Williams.

 

33e: Senna est leader devant Boutsen (2s.), Prost (7.9s.), Mansell (10.4s.), Berger (13.3s.), Patrese (15s.) et Gugelmin (17s.).

 

34e: Prost abaisse le meilleur tour en course à 1'34''100''' et met ainsi la pression à la fois Boutsen et sur Senna. Patrese reste en piste malgré un moteur qui émet un bruit affreux.

 

35e: L'intervalle est stable entre Senna et Boutsen. Prost roule en 1'31'' et revient à quatre secondes du Bruxellois. Arnoux se gare à l'entrée des stands avec un moteur en flammes. Les commissaires éteignent l'incendie.

 

37e: Senna mène devant Boutsen (1.9s.), Prost (5s.), Mansell (17.3s.), Berger (18.8s.), Patrese (30.2s.), Gugelmin (38s.) et Alboreto (48s.).

 

38e: Mansell stoppe chez Williams pour chausser des pneus neufs (10s.). Il redémarre en septième position devant Alboreto.

 

39e: Prost abaisse à nouveau le record du tour: 1'30''763'''. Il consomme moins d'essence que Senna et peut donc se permettre de passer à l'offensive.

 

40e: Senna n'a plus qu'une seconde et demie d'avance sur Boutsen, trois secondes sur Prost.

 

41e: Senna peine à se défaire de l'Arrows de Cheever, ce qui permet à Boutsen de revenir dans son aspiration. Prost est lui-même derrière la Benetton. Alboreto abandonne suite à une nouvelle panne électronique sur son moteur, la troisième du week-end.

 

43e: Senna prend un peu de champ sur Boutsen, désormais très menacé par Prost. Mansell remonte sur Gugelmin.

 

44e: Mansell s'empare de la sixième position aux dépens de Gugelmin.

 

45e: Senna compte trois secondes de marge sur Boutsen qui résiste toujours à Prost. Berger est isolé au quatrième rang, à vingt secondes. Mansell et Gugelmin rattrapent Patrese.

 

47e: Prost se blottit dans le sillage de Boutsen dans la ligne droite principale et lui fait l'intérieur au premier freinage. Le Français est maintenant second, à deux secondes de son coéquipier.

 

48e: Prost revient à moins d'une seconde de Senna. Tous deux reviennent sur les attardés Tarquini et Alliot, l'un derrière l'autre

 

49e: Senna et Prost entament la ligne droite de départ derrière Alliot et Tarquini. Victime de soucis de boîte de vitesses, Alliot ralentit soudainement. Tarquini se décale à droite, au moment où Senna choisit de le déborder. L'Italien aperçoit ensuite la McLaren et se décale à gauche. Senna le double puis l'imite pour négocier au mieux l'épingle. Prost entrevoit alors une trouée à l'intérieur. Il appuie son freinage et dépasse son équipier... mais sa trajectoire s'élargit. Il roule sur la gomme morte. Sans hésiter, Senna freine, braque à droite, accélère, « croise » Prost... et conserve la première place !

 

50e: Mansell et Gugelmin doublent Patrese dont le moteur ratatouille. En fin de boucle, Senna est premier devant Prost (1.2s.), Boutsen (2.6s.), Berger (22.3s.), Mansell (48.8s.), Gugelmin (49.9s.), Patrese (50.1s.), Warwick (-1t.), Cheever (-1t.) et Nakajima (-1t.).

 

51e: Prost ne s'avoue pas vaincu et réalise le meilleur chrono du jour (1'30''639'''). Il n'est qu'à huit dixièmes du leader.

 

53e: Une demi-seconde sépare les deux pilotes McLaren. Boutsen leur concède quatre secondes.

 

54e: Prost est plus proche que jamais de Senna mais, faute de retardataires, n'a pas l'opportunité de porter une nouvelle attaque.

 

56e: Gugelmin menace Mansell pour le gain de la cinquième place. Jusqu'ici excellent onzième, Tarquini rencontre de terribles vibrations sur son train arrière et dégringole au classement.

 

57e: Prost n'est plus qu'à trois dixièmes de Senna. Cheever quitte la course après avoir perdu l'usage de ses freins.

 

59e: Boutsen se rapproche sensiblement des McLaren. Prost ressent des vibrations provenant de son pneu avant-gauche. Mansell revient chez Williams pour changer une nouvelle fois de pneus (12.5s.) et tombe au huitième rang.

 

60e: Prost lève le pied pour ménager ses pneus avant qui se sont peut-être encrassés dans son travers du 49ème tour. Il laisse Senna filer vers la victoire.

 

61e: Senna prend un tour à Patrese qui a beaucoup ralenti pour préserver son V8. Mansell regagne son garage et renonce, visiblement épuisé par sa varicelle...

 

63e: Senna précède Prost (3.7s.), Boutsen (5.4s.), Berger (58s.), Gugelmin (1m. 23s.), Patrese (-1t.), Warwick (-1t.), Nakajima (-2t.), Dalmas (-2t.) et Piquet (-2t.)

 

65e: Quatre secondes entre Senna et Prost. Boutsen demeure dans le sillage du Forézien.

 

66e: Comme Cheever, Warwick regagne les stands avec des disques de freins élimés... au point qu'il ne parvient même pas à s'arrêter ! Les mécaniciens d'Arrows le poussent vers le garage.

 

67e: Senna conclut son tour le plus rapide de l'après-midi: 1'30''964'''. Il relègue Prost à six secondes. Modena exécute un tête-à-queue au pied de la colline, mais il pourra repartir.

 

68e: Un tuyau d'échappement se casse sur la Benetton de Boutsen. Le Belge doit diminuer sa cadence et ne pourra donc pas menacer les McLaren en fin de course.

 

69e: Les vibrations à l'avant de la McLaren n°11 provenaient du roulement de roue. Elles ont disparu, et Prost repart à l'attaque. Il reprend une demi-seconde à son équipier.

 

70e: Senna est premier devant Prost (6.1s.), Boutsen (13.5s.), Berger (1m. 14s.), Gugelmin (-1t.), Patrese (-1t.), Nakajima (-2t.), Dalmas (-3t.), Piquet (-3t.) et Modena (-3t.).

 

72e: L'intervalle entre Senna et Prost se réduit à cinq secondes.

 

73e: Piquet prend la huitième place à Dalmas. Pérez-Sala double Modena.

 

74e: Prost jette ses dernières forces dans la bataille et revient à deux secondes de Senna.

 

75e: Prost semble encore croire en ses chances de victoire. Il reprend encore huit dixièmes à son rival.

 

76ème et dernier tour: Prost est sur les talons de Senna, mais celui-ci ne commet aucune erreur lui permettant de porter une dernière estocade.

 

Ayrton Senna remporte sa troisième victoire d'affilée avec seulement une demi-seconde d'avance sur Prost. Boutsen termine troisième après une fort belle course. Berger finit quatrième et se contente d'avoir évité la panne sèche. Gugelmin ramasse deux points pour March. Patrese termine sixième malgré un moteur qui fait un horrible tintamarre. Nakajima, Piquet, Dalmas, Pérez-Sala, Modena, Alliot et Tarquini coupent aussi la ligne d'arrivée.

 

Après la course

Grâce à cette belle remontée sur ce circuit où dépasser est très délicat, Alain Prost démontre qu'il n'a rien perdu de sa pugnacité. Mais il a hélas manqué sa manœuvre hardie de dépassement sur Ayrton Senna. « Quand on n'a pas la baraka, il faut s'accommoder de ce que l'on peut entreprendre... » maugrée-t-il. Prost est persuadé d'être plus rapide que son rival en course. Le problème est qu'il n'a pas su bien équilibrer sa machine aux essais, d'où sa mauvaise position sur la grille de départ et sa défaite finale. Mais le « Professeur » a réponse à tout et affirme que, dimanche matin, Senna s'est approprié tous les « bons réglages » qu'il avait découvert la veille au soir pour ainsi atténuer ses propres problèmes de tenue de route...

 

Ayrton Senna revient quant à lui sur la passe d'armes qui l'a opposé à son équipier. « Ce n'est pas moi qui fermerait la porte au nez de mon équipier, affirme-t-il, mais sa manœuvre fût osée. J'ai retenu mon souffle tout en donnant un petit coup de volant pour lui faire un peu de place. Sinon, nous serions tous les deux partis dans le décor. Un moment difficile. Comme d'ailleurs toute la course. La pression n'a jamais baissée. »

 

Les McLaren-Honda n'ont pas particulièrement brillé lors de cette course très âpre mais elles signent pourtant leur septième doublé de la saison. Comme d'habitude hélas, les voitures à moteur aspiré ont manqué de fiabilité. Sans son problème d'échappement, grâce à ses réserves d'essence, Thierry Boutsen aurait peut-être pu menacer les flèches rouges et blanches dans les derniers tours...

 

Prost et Senna sont désormais ex æquo au championnat avec 66 points chacun, mais on le sait, ce tableau est trompeur puisqu'au final seuls les onze meilleurs scores compteront. L'important est le nombre de victoires, et dans ce domaine, le Brésilien creuse l'écart sur le Français en menant par 6 à 4. Au classement des constructeurs, Benetton-Ford (22 pts) consolide sa troisième place aux dépens de Lotus-Honda (16 pts) et d'Arrows-Megatron (10 pts).

Tony