Une tournée nord-américaine réduite
Le Grand Prix du Canada n'a pas lieu cette saison suite à une mésentente entre la FOCA et l'ancien commanditaire de l'épreuve, les brasseries Labatt. En effet, en 1986 Bernie Ecclestone a décidé de changer de partenaire et de signer avec les bières Molson. Or Labbatt exploite le circuit Gilles-Villeneuve selon un contrat d'exclusivité avec la ville de Montréal et refuse de se faire évincer. Ecclestone entame donc un bras de fer avec Labbatt, et l'épreuve canadienne n'aura pas lieu tant que le litige restera en suspens.
En vue de cette édition 1987, les organisateurs du Grand Prix de Détroit ont refait le revêtement de la piste et ont raboté les bosses qui depuis 1982 étaient sources de plaintes continuelles de la part des pilotes. « Nous avons réalisé de gros efforts, mais certaines choses resteront impossibles à résoudre » reconnaît Robert McCabe, le « parrain » de l'épreuve. Les énormes murs de béton ceinturent toujours un tracé parsemé de courts virages à angles droits. Aussi ce rendez-vous ne gagne rien en popularité. Son contempteur le plus bruyant est Alain Prost, qui ne cache même pas sa répulsion aux journalistes américains et aux sponsors.
John Barnard enflamme la Scuderia
Le 14 juin, le Sunday Times publie un long entretien accordé par John Barnard au journaliste Neil Lyndon. Le récit de cette entrevue nous montre un Barnard désabusé, prodigue en critiques acerbes envers le fonctionnement de la Scuderia qu'il juge archaïque. Selon lui, le travail est organisé à Maranello en dépit du bon sens et les ingénieurs italiens ne s'épuisent pas à la tâche ! Des propos évidemment mal accueillis de l'autre côté des Alpes. A Détroit, l'orage gronde autour du stand Ferrari. Les mécaniciens italiens sont furieux. Marco Piccinini essaie tant bien que mal de calmer ses troupes. Tâche difficile, car Barnard entreprend de purger l'équipe technique à son profit. Ainsi, si Michele Alboreto travaille avec un ingénieur transalpin, Maurizio Nardone, c'est Gordon Kimball, un ancien lieutenant de Barnard chez McLaren qui s'occupe de la voiture de Gerhard Berger. D'où la colère du « parti italien » qui accuse l'ingénieur londonien de favoriser Berger au détriment d'Alboreto. Celui-ci se défend en accusant Lyndon d'avoir déformé ses propos, ce que l'intéressé dément formellement.
Finalement, il revient à Piero Lardi-Ferrari de dénouer la crise, car la santé du Commendatore se dégrade. Il n'est évidemment pas question de se séparer de John Barnard, considéré comme le meilleur ingénieur du monde. A Piccinini de faire « avaler la pilule » à ses collaborateurs. De son côté, Alboreto rechigne à renouveler son contrat pour la saison 1988. Enzo Ferrari le presse en ce sens, mais entretient en parallèle des contacts avec Alain Prost et Nigel Mansell. Par bonheur, dans cette ambiance tendue, les deux pilotes de l'écurie refusent toute polémique. La jovialité de Berger et l'affabilité d'Alboreto cimentent à bien des égards une Scuderia en pleine tourmente.
Présentation de l'épreuve
Toutes les machines sont équipées d'une nouvelle « pop-off valve » testée par Nigel Mansell à Spa-Francorchamps. Celle-ci ne posera aucun souci de fonctionnement. Gabriele Cadringher étudie en parallèle la conception de la future bride pour la saison 1988 qui devra limiter la pression des turbos à 2,5 bars.
Honda apporte une nouvelle évolution de son V6 baptisée GE2, délivrée à Williams comme au Team Lotus. Chez celui-ci, Gérard Ducarouge a procédé à un profond remaniement aérodynamique de la 99T. La voiture jaune arbore de nouvelles sorties d'échappement qui passent à travers les extracteurs, avec de petites dérives sur les côtés, comme sur la Williams FW11B. L'aileron arrière a des cloisons plus larges pour accroître la déportance. Enfin, la Lotus possède des protections supplémentaires devant les pontons. La Ferrari utilise désormais un différentiel Gleason ainsi qu'une crémaillère de direction plus précise, mais plus lourde. L'Arrows-Megatron a subi un amaigrissement de quinze kilos et possède de nouvelles écopes de freins. Les Tyrrell possèdent des flancs sensiblement modifiés, en forme de flèche sur l'avant. Les Ligier-Megatron ont perdu dix à douze kilos grâce à la réduction des surfaces de refroidissement, radiateurs et échangeurs, explique l'ingénieur Claude Galopin.
Ford dévoile une version métamorphosée de son V6 grâce aux efforts combinés de son département électronique et de Cosworth. Ceux-ci sont parvenus à annuler le temps de réponse du moteur sans diminuer sa puissance. Tous les domaines ont pour cela été retouchés: mécanique interne, équipement électronique, turbos Garrett etc.
Ambiance de fin de règne chez Brabham. Bernie Ecclestone étant décidé à vendre l'écurie, les ingénieurs quittent le navire en masse. John Gentry et David North lui ont ainsi remis leur démission. En outre, le retrait de BMW à la fin de la saison est pratiquement certain, le constructeur bavarois refusant d'entamer la construction d'un moteur atmosphérique 3,5 litres.
Lamborghini paraît décidée à se lancer en Formule 1 et pour cela recrute d'anciens responsables de Ferrari. Daniele Audetto est ainsi nommé directeur du service compétition tandis que Mauro Forghieri est chargé de construire un moteur. Son lancement est prévu pour la saison 1989. Autre projet en cours de développement: John Macdonald, l'ancien propriétaire de l'écurie RAM, a racheté les Benetton-BMW de 1986 et envisage de les faire courir pour son propre compte d'ici la fin de la saison. Le jeune Italien Emmanuele Pirro aurait été choisi pour conduire ces vieux bolides.
Les qualifications
Mansell domine son sujet vendredi comme samedi et obtient sa quatrième pole position en cinq courses. Senna redouble d'habileté sur ce tracé tortueux mais rend une seconde et demie au Britannique. Sa place en première ligne n'est cependant pas menacée par Piquet (3ème), victime de soucis de boîte de vitesses et de toute façon peu à l'aise sur cette piste. Boutsen (4ème) démontre les qualités du nouveau moteur Ford, mais concède encore trois secondes à Mansell. Affaibli par une mauvaise grippe, Fabi est seulement huitième. Comme chaque année ici, les McLaren manquent d'adhérence. Ce problème est si aigu que les MP4/3 embarquent 150 litres de carburant en essais pour améliorer l'appui... Prost (5ème) bougonne, tout comme Johansson (11ème). Les Arrows-Megatron (Cheever 6ème, Warwick 10ème) confirment qu'il faut compter avec elles sur ce genre de piste. Les Ferrari (Alboreto 7ème, Berger 12ème) sont cette fois très en retrait.
Patrese (9ème) réconforte une écurie Brabham agacée par les nombreux « exploits » de de Cesaris (17ème). Le jeune Romain exécute plusieurs tête-à-queue avant d'emboutir la Lotus de Nakajima samedi après-midi... Le Japonais de Lotus (24ème), peu habitué à ce type de tourniquet urbain, n'est absolument pas dans le coup. Les Tyrrell de Palmer et de Streiff réalisent un joli exploit en occupant la septième ligne avec leurs V8 aspirés. Elles précèdent les Zakspeed de Brundle (15ème) et de Danner (16ème). Chez Minardi, Nannini (18ème) aurait pu faire beaucoup mieux sans une panne de moteur. Il était dixième lors des essais officiels du vendredi ! Son collègue Campos, remis de son accident monégasque, se classe 25ème. Caffi (Osella) est 19ème, juste devant la Lola-Ford d'Alliot. Le désarroi règne au sein d'une équipe Ligier qui n'en finit pas de payer la rupture de son contrat avec Alfa Romeo. Arnoux (21ème) et Ghinzani (23ème) encerclent la March de Capelli. Fabre et son AGS sont bons derniers. A cause d'un terrible sous-virage, ils concèdent quatorze secondes à Mansell, neuf secondes à la Tyrrell de Palmer...
Le Grand Prix
La pluie a perturbé les essais, et dimanche matin la brume enveloppe la capitale du Michigan. L'échauffement se déroule sur une piste humide qui permet à Mansell de se distinguer à nouveau en signant le meilleur chrono. De Cesaris poursuit son « récital » en commettant un nouveau tête-à-queue suivi d'un surrégime... En début d'après-midi, des nuages bas et une forte chaleur engendrent un niveau d'humidité inconfortable. Fabi et Palmer changent de voitures peu avant le démarrage.
Départ: Mansell s'élance idéalement et franchit le premier virage en tête devant Senna, Piquet et Cheever. Fabi déborde son équipier Boutsen. Johansson abîme une cloison d'aileron avant contre l'Arrows de Warwick.
1er tour: Alboreto et Prost doublent Boutsen. Nakajima escalade l'arrière de la March de Capelli au second virage. Puis, devant le Congress Center, il est percuté par la Minardi de Campos et part en tête-à-queue. Mansell est premier devant Senna, Piquet, Cheever, Fabi, Alboreto, Prost, Boutsen, Berger et Warwick.
2e: Mansell s'échappe facilement devant Senna pendant que Piquet est menacé par Cheever. Campos et Nakajima regagnent les stands pour abandonner, leurs bolides étant trop endommagés.
3e: Cheever dépasse Piquet. Fabi repousse une attaque d'Alboreto à la sortie du tunnel. Piquet est victime d'une crevaison à l'avant-gauche. Il s'arrête chez Williams pour changer ses Goodyear et reprend la piste en vingt-et-unième position. De Cesaris renonce en prétextant que sa seconde vitesse lui échappe.
4e: Mansell a trois secondes d'avance sur Senna. Fabi emmène un peloton comprenant Alboreto, Prost, Boutsen, Berger, Warwick, Johansson, Patrese et Palmer. Caffi s'arrête dans un virage, en panne de boîte de vitesses. Son Osella est poussée vers une échappatoire par les commissaires.
5e: Mansell précède Senna (4s.), Cheever (11s.), Fabi (12s.), Alboreto (13.5s.), Prost (14.2s.), Boutsen (15s.), Berger (16s.), Johansson (17s.), Palmer (17.6s.) et Patrese (18s.). Ghinzani stoppe chez Ligier pour colmater une fuite à son système de commande d'embrayage.
6e: Fabi menace Cheever. Patrese repasse devant Palmer, avant de partir en tête-à-queue... et d'oublier de freiner. La Brabham heurte la Tyrrell au moment où celle-ci essayait de se faufiler. L'Italien parvient à repartir tandis que Palmer regagne son stand pour faire réparer un tirant de suspension.
7e: Dans le droit qui suit les stands, Fabi se déporte à l'intérieur pour doubler Cheever qui ne le voit pas. Les deux bolides entrent en contact, et la roue arrière-droite de l'Arrows arrache la calandre de la Benetton. Cheever et Fabi ralentissent et regagnent les stands. Boutsen dépasse Prost.
8e: Mansell a six secondes d'avance sur Senna. Johansson prend l'avantage sur Warwick. Cheever reprend la piste après avoir changé ses roues. En revanche, Fabi renonce car les points de fixation de son aileron ont été arrachés.
9e: Piquet poursuit une belle remontée et occupe désormais le treizième rang derrière la Tyrrell de Streiff.
10e: Mansell devance Senna (5s.), Alboreto (28s.), Boutsen (29s.), Prost (33s.), Berger (35s.), Johansson (35.6s.), Warwick (42s.), Patrese (46s.), Nannini (56s.), Streiff (56.5s.) et Piquet (57s.).
11e: Piquet se débarrasse dans la même boucle de Streiff puis de Nannini.
12e: Alboreto et Boutsen se battent pour la troisième place. Warwick heurte un muret et endommage sa suspension arrière-gauche. Il regagne les stands clopin-clopant. Capelli s'immobilise dans une échappatoire, moteur muet après que sa batterie a été fendue par Nakajima au départ.
14e: Mansell accroît son avance et relègue Senna à huit secondes. Le Brésilien se rend compte que sa pédale de freins devient très molle et baisse son rythme dans l'espoir de retrouver des freins efficaces.
15e: Boutsen rencontre à son tour des problèmes de freins. Il se retrouve menacé par Prost et Berger.
16e: Ghinzani revient chez Ligier pour faire purger son circuit d'embrayage. Il sera obligé de refaire cette opération quatre fois !
17e: Treize secondes entre Mansell et Senna. Piquet dépasse Patrese sur West Jefferson Avenue. Tous deux doublent ensuite Johansson qui roule au ralenti. Brundle regagne les stands pour changer de pneus lorsqu'un de ses turbos explose. Un épais nuage de fumée surplombe l'allée des stands. Brundle reprend curieusement la piste quelques instants plus tard.
18e: Johansson se gare aux stands pour faire changer sa platine d'allumage et perd deux minutes dans cette opération. Warwick reprend la piste, mais il casse aussitôt un cardan et doit renoncer. Streiff dépasse Nannini.
19e: Prost double Boutsen. Brundle s'arrête sur le bas-côté avec un moteur en feu.
20e: Mansell précède Senna (18s.), Alboreto (32s.), Prost (33s.), Boutsen (37s.), Berger (38s.), Piquet (58s.), Patrese (1m. 09s.), Streiff (1m. 30s.), Danner (1m. 40s.) et Nannini (-1t.).
21e: Prost se rapproche d'Alboreto dont la boîte de vitesses fonctionne mal. Berger prend la cinquième place à Boutsen.
22e: « Tout baigne » pour Mansell qui compte maintenant vingt secondes d'avance sur Senna. Nannini n'est encore une fois pas récompensé de ses efforts. Il met pied à terre, boîte de vitesses bloquée.
24e: Vingt-deux secondes entre Mansell et Senna. Prost et Berger sont désormais blottis derrière la Ferrari d'Alboreto.
25e: Prost et Berger dépassent Alboreto à Atwater Street. La boîte de vitesses de l'Italien vient de rendre l'âme.
26e: Senna a retrouvé ses freins et a repris quatre secondes à Mansell. Piquet revient dans les échappements de Boutsen. Alboreto abandonne.
27e: Piquet prend l'avantage sur Boutsen. Plus loin, Cheever réapparaît au dixième rang après avoir effacé Arnoux.
29e: Senna remonte sur Mansell et ne lui concède plus que quatorze secondes. Cheever double Danner. L'Allemand roule prudemment à cause d'une injection défaillante.
30e: Mansell est tête devant Senna (13s.), Prost (29s.), Berger (34s.), Piquet (50s.), Boutsen (59s.), Patrese (-1t.), Streiff (-1t.), Cheever (-1t.) et Danner (-1t.).
31e: Patrese s'arrête chez Brabham pour changer de pneus et faire resserrer son harnais qui s'est détaché !
33e: Berger s'arrête chez Ferrari pour chausser des pneus neufs et reprend la piste en cinquième position, derrière Piquet.
34e: Mansell s'engouffre dans la voie des stands pour chausser des pneus frais. Malheureusement, ses mécaniciens peinent à remplacer sa roue arrière-droite. L'Anglais reprend la piste après dix-huit secondes d'arrêt en troisième position.
35e: Senna est désormais premier devant Prost (18.3s.), Mansell (22.4s.), Piquet (43.7s.), Berger (48.8s.) et Boutsen (1m. 10s.). Second arrêt de Patrese, toujours pour remettre en place les points d'attaches de son harnais !
36e: Mansell est reparti le couteau entre les dents et abat un chrono exceptionnel: 1'40''535''' ! Il est déjà revenu derrière Prost. Boutsen change ses pneus et redémarre sans avoir perdu la sixième place.
37e: Mansell prend la seconde position à Prost. Il rend vingt-sept secondes à Senna.
39e: Senna réalise le meilleur chrono du jour: 1'40''464'''. Il se rend compte que son rythme est bon, que ses pneus et ses freins sont en bon état et que Mansell ne remonte pas. Il choisit donc de reporter son passage aux stands. McLaren ordonne à Prost de passer par les stands pour prendre de nouveaux pneus. Le Français obéit et repart sans avoir cédé le troisième rang.
40e: Alliot menace Arnoux pour le gain de la dixième place. Surpris par un freinage du Grenoblois, le Vovéen heurte l'arrière de la Ligier et atterrit dans un dégagement, contre le muret de béton. Il abandonne sa Lola tandis qu'Arnoux peut poursuivre sans dommage.
41e: Senna devance Mansell (33s.), Prost (57s.), Piquet (59s.), Berger (1m.), Boutsen (-1t.), Streiff (-1t.), Cheever (-1t.), Danner (-1t.) et Arnoux (-2t.).
42e: Malgré ses gommes neuves, Prost ne peut résister au retour d'un Piquet déchaîné.
43e: Prost et Piquet arrivent sur la ligne de chronométrage derrière les retardataires Streiff et Fabre. En se gênant mutuellement, les deux jeunes Français ralentissent Prost. Piquet en profite pour faire l'intérieur à la McLaren et s'empare de la troisième position au premier freinage. Boutsen est bloqué en cinquième vitesse. Il effectue un court arrêt au stand Benetton pour dégripper son sélecteur de vitesses.
44e: Les temps de Mansell sont très erratiques et varient parfois de cinq secondes ! Patrick Head tente de contacter son pilote par radio mais celui-ci ne répond que par des gémissements. Il souffre d'une terrible crampe à la jambe droite ! Arnoux change ses enveloppes.
45e: Mansell concède trente-six secondes à Senna. Streiff perd sa roue arrière-droite devant les stands et renonce alors qu'il occupait la première place dans la catégorie atmosphérique. La roue folle traverse la piste, et heureusement tout le monde l'évite.
46e: Senna précède Mansell (41s.), Piquet (1m. 04s.), Prost (1m. 09s.), Berger (1m. 14s.) et Cheever (-1t.).
48e: Senna constate que ses gommes ne sont pas usées et décide d'aller au bout sans s'arrêter ! Mansell souffre le martyr et voit Piquet le rattraper au rythme de trois secondes par boucle.
50e: Senna est devant Mansell (57s.), Piquet (1m. 06s.), Prost (1m. 10s.), Berger (1m. 16s.), Cheever (-1t.), Boutsen (-2t.), Danner (-2t.), Arnoux (-3t.) et Patrese (-3t.).
51e: Piquet est maintenant sur les talons de Mansell. Prost et Berger se rapprochent également du Britannique.
53e: Piquet et Prost passent devant Mansell. Complétement épuisé, Nigel songe à abandonner. Patrese dépasse Arnoux.
54e: Senna possède une minute d'avance sur Piquet. Berger rattrape Mansell. Revenu du diable Vauvert, Johansson double Arnoux puis Patrese.
55e: Boutsen regagne son garage pour abandonner. Il n'a plus d'embrayage et son disque de frein arrière-droit a explosé ! Les Benetton-Ford paraissent décidément très fragiles...
56e: Prost réalise d'excellents chronos (1'41''340''') et semble en mesure de menacer Piquet. Berger prend la quatrième place à Mansell.
57e: Piquet réplique à Prost (1'41''196''') et lui signifie que lui lancer la chasse est inutile. Par ailleurs, le Carioca reprend plusieurs secondes par tour à Senna qui se contente désormais de ménager son moteur et ses pneumatiques.
58e: Une petite averse tombe sur le Congress Center mais elle n'aura pas le temps d'humidifier l'asphalte.
60e: Senna est premier devant Piquet (46s.), Prost (49s.), Berger (1m. 03s.), Mansell (1m. 21s.), Cheever (-2t.), Danner (-3t.), Johansson (-3t.), Patrese (-3t.) et Arnoux (-3t.).
61e: Johansson s'empare de la septième place aux dépens de Danner.
62e: Humiliation suprême pour Mansell: il concède un tour à Senna ! Une heure plus tôt, il caracolait en tête loin devant son rival...
63ème et dernier tour: Ayrton Senna remporte le GP de Détroit pour la seconde année consécutive. Piquet et Prost l'encadrent sur le podium. Berger finit quatrième pour la troisième fois de la saison. Mansell sauve deux points après avoir vécu un véritable calvaire. Cheever termine sixième. Johansson, Danner, Patrese, Arnoux, Palmer et Fabre rallient l'arrivée, de même que Ghinzani qui a toutefois concédé douze tours au leader.
Après la course
Un commissaire de piste tend un drapeau brésilien à Senna qui boucle ainsi son tour d'honneur en brandissant ses couleurs nationales. En achevant et en remportant cette course si difficile avec un seul train de pneus, « Magic » a réalisé un nouvel exploit. Mieux encore, il s'empare de la première place du championnat du monde. « Il m'épatera toujours, confie Gérard Ducarouge. Nous n'avions pas fixé de moment précis pour changer de pneus. Ayrton devait nous avertir... » Avec Lee Gaug, il observe les quatre pneus de la Lotus victorieuse. Ils sont encore en bon état ! « Il les a tous bluffés ! » s'exclame Ducarouge. Cette prouesse est-elle à mettre à l'actif de la suspension active ? Pas nécessairement, car Alain Prost et Nigel Mansell reconnaissent plus tard que leurs changements de gommes n'étaient que des mesures de précaution et se révélèrent superflus.
Senna, Piquet et Prost sont conduits vers le podium par un pick-up où a pris place le journaliste de CBS Chris Economaki. Senna lui raconte sa course: « Après une quinzaine de tours, ma pédale de freins est devenue très molle. Me souvenant que j'avais tapé le mur il y a deux ans en étant confronté au même problème, j'ai baissé la cadence en espérant récupérer mes freins. Heureusement, c'est ce qui s'est produit. Je n'ai pas été étonné quand Nigel a stoppé, puisque tout le monde était censé changer de roues. Quand il a repris la piste, il était important pour moi de connaître à quelle cadence il allait pouvoir rouler. J'ai été très bien informé par mon équipe, et j'ai pu ainsi comparer mon propre rythme au sien [...] La voiture se comportait bien, et les pneus et les freins étaient O.K. maintenant qu'elle s'était allégée. Alors j'ai attaqué de plus en plus. Et après une dizaine de tours, comme tout allait toujours bien, j'ai décidé de courir non-stop. »
Nelson Piquet et Alain Prost se satisfont de terminer sur le podium ce Grand Prix qu'ils détestent. Nigel Mansell quant à lui ne fera pas de déclaration d'après-course. Il sort de son cockpit tel un automate puis s'écroule sous l'effet d'une terrible douleur à la jambe droite. A bout de forces, soutenu par ses mécaniciens, il est transporté vers les stands pour récupérer. Cette scène pitoyable suscite de nouvelles critiques à l'encontre du pauvre pilote anglais. En effet, s'il possède une carrure massive, sa forme physique est très perfectible. Nigel préfère fréquenter les greens de golf que les salles de sport... Sa nonchalance lui a joué ici un fort mauvais tour. Il aurait en effet très facilement gagné ce Grand Prix sans cette défaillance. Et ceci n'échappe pas aux discrets mais très perspicaces observateurs envoyés par Honda...
Comme l'an passé après sa victoire à Détroit, Senna prend la première place du championnat avec 24 points. Il devance Prost (22 pts), Piquet (18 pts), Johansson (13 pts) et Mansell (12 pts). Marlboro-McLaren (35 points) conserve le commandement au classement des constructeurs devant Canon-Williams (30 pts), Camel-Lotus (27 pts) et Ferrari (17 pts). Le « Doc » Jonathan Palmer prend les commandes de la « Seconde Division » aux dépens de son équipier Philippe Streiff.
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Trophée Jim Clark |
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Trophée Colin Chapman |
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1. |
J. Palmer |
27 pts |
1. |
Tyrrell-Ford-Cosworth |
48 pts |
2. |
P. Fabre |
22 pts |
2. |
AGS-Ford-Cosworth |
22 pts |
3. |
P. Streiff |
21 pts |
3. |
Lola-Ford-Cosworth |
15 pts |
4. |
P. Alliot |
15 pts |
4. |
March-Ford-Cosworth |
6 pts |
5. |
I. Capelli |
6 pts |
Tony