Alain PROST
 A.PROST
McLaren TAG Porsche
Gerhard BERGER
 G.BERGER
Benetton BMW
Ayrton SENNA
 A.SENNA
Lotus Renault

435o Gran Premio

X Gran Premio de Mexico
Piena di sole
Città del Messico
domenica 12 ottobre 1986
68 giri x 4.421 km - 300.628 km
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F1
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J-M. Balestre impose le retour des moteurs atmosphériques

Vendredi 3 octobre 1986, Jean-Marie Balestre organise une conférence de presse au siège de la FFSA, place de la Concorde à Paris, encadré par Bernie Ecclestone à sa droite et Piero Lardi-Ferrari à sa gauche. Ce triumvirat a arrêté le sort de la Formule 1. Balestre commence son exposé par un réquisitoire contre la suralimentation qui selon lui est responsable de tous les maux actuels du sport. Il condamne à mort les turbos maudits: ils seront bridés en 1987, considérablement limités en 1988 et enfin bannis en 1989. Au cours des deux prochaines saisons, deux formules cohabiteront donc: d'une part des voitures à moteurs turbos munis d'une valve de contrôle de pression (à quatre bars), d'autre part des voitures à moteurs atmosphériques de 3,5 litres. Les turbos à étages sont interdits. La limite maximale des réservoirs demeure de 195 litres, pour la saison 1987 seulement.

 

Cette révolution, imposée de manière autoritaire, fait grincer des dents. La salle de conférence s'anime. Mais Balestre a prévu une surprise à ses auditeurs. Soudain, les lumières s'éteignent et sur un écran de télévision apparaissent les traits d'Enzo Ferrari. Le patriarche de Maranello a enregistré son allocution sur cassette. D'une voix chaleureuse, il s'affirme partisan de l'évolution de la réglementation de la F1, de la réforme de la motorisation, de l'amélioration des normes de sécurité etc. « Nous sommes les seuls à être en Formule 1 depuis l'année de sa création, en 1950 » rappelle le Commendatore. Fort de cette caution de poids, Balestre peut contrer les oppositions éventuelles de Frank Williams, Ron Dennis, et surtout de Porsche et de Honda. L'assemblée plénière de la FIA vote sans surprise en faveur de ces mesures.

 

Après une courte période de flottement, les principaux motoristes (Honda, Porsche, Alfa Romeo et évidemment Ferrari) sont contraints de se rallier à la « nouvelle » Formule 1. Le renoncement de Renault, pionnier du turbo, fut le signal de cette capitulation. Sur le plan financier, les constructeurs ne sont plus en mesure de poursuivre cette quête effrénée de la performance. En outre, les pilotes ne souhaitent plus conduire ces monstres surpuissants dans des conditions de sécurité précaire. L'accident mortel d'Elio de Angelis fut un tragique avertissement. Les artifices destinés à réduire la puissance des bolides, et notamment la limitation de la consommation, n'ont pas atteint leurs objectifs et ont de plus dénaturé l'essence même de la compétition de monoplaces. Le retour progressif aux moteurs atmosphériques pourrait donc être le point de départ d'un renouveau de la F1.

 

Retour au Mexique pour la Formule 1

Le dernier Grand Prix du Mexique en 1970 avait viré à la pantalonnade à cause de l'indiscipline du public mexicain qui avait envahi les abords de la piste pour suivre l'épreuve. Une situation extrêmement dangereuse qui heureusement ne fit pas d'autre victime qu'un malheureux chien qui se jeta sous les roues de la Tyrrell de Jackie Stewart... Mais après un tel désastre, il ne fut plus question de revenir au Mexique pendant quinze ans. En 1985, un consortium d'hommes d'affaires du cru réunit cependant dix millions de dollars et propose à Bernie Ecclestone de rénover l'Autodrome des frères Rodríguez afin d'organiser un Grand Prix l'année suivante. Du moment que la valise de billets est suffisamment lourde, Ecclestone accepterait d'organiser une épreuve sur la Lune. Marché conclu.

 

Le tracé n'est guère modifié depuis 70. Le difficile virage d'Espiral disparaît, remplacé par une chicane, de même que l'épingle de Horquilla. Les Esses reçoivent deux virages supplémentaires. Cette nouvelle physionomie n'altère en rien la sélectivité du parcours, incarnée par la terrible courbe parabolique relevée. Le circuit est complétement ceinturé d'une double rangée de grillages renforcés de fils de fer barbelé. Les tribunes sont rénovées afin d'accueillir 60 000 personnes. Toutefois les pilotes se plaignent des nombreuses bosses qui parsèment le circuit, et notamment à l'entrée et à la sortie du « banking ». Les trains arrière des voitures sont très malmenés. En outre, l'asphalte est très sale: la moindre roue hors de la trajectoire, et c'est la glissade garantie !

 

Par ailleurs, l'autodrome est perché à 2 250 mètres d'altitude et, comme jadis à Kyalami, le comportement des moteurs suralimentés s'en trouve altéré. « A cette altitude, explique Bernard Dudot, l'air est environ 20% moins dense qu'au niveau de la mer. Une puissance de 900 chevaux est donc ramenée à 720 ch. En théorie, car les turbos peuvent compenser tout ou partie de cet handicap. Si l'on peut par exemple augmenter la pression de 4 à 5 bars, le tour est joué. » Mais cette surpression se paie généralement très cher au niveau des températures de fonctionnement...

 

Gordon Murray quitte Brabham

A Mexico, tout le monde constate l'absence de Gordon Murray dans le stand Brabham. Bernie Ecclestone lui a en effet sa liberté. Suite à l'échec de la Brabham BT55, les relations se sont beaucoup dégradées entre les deux hommes. Ecclestone étant accaparé par son activité de promoteur, Murray assurait de facto la direction de l'écurie et ne peut donc qu'assumer l'incroyable échec de cette saison 1986, la pire de l'histoire de l'écurie. Ecclestone et Murray décident de se séparer d'un commun accord. L'ingénieur sud-africain pensait se tirer d'affaire avec un gros dédit, puisque lors de son engagement en 1973 Ecclestone lui avait permis de prendre certaines parts dans l'écurie. Seulement, aucun contrat en bonne et due et forme ne fut signé ! Ecclestone peut donc flouer à loisir son ex-collaborateur et lui remet un simple chèque de 30 000 livres ! Devant les récriminations de Murray, il joue les grands seigneurs et lui offre de partir avec une des Brabham de sa conception...

 

Présentation de l'épreuve

A deux manches du but, la lutte pour le titre mondial concerne encore Nigel Mansell (70 pts), Nelson Piquet (60 pts) et Alain Prost (59 pts). Mansell aborde bien sûr ces épreuves avec le statut de favori et peut remporter la couronne mondiale dès ce GP du Mexique. Il doit cependant tenir compte du complexe barème de points qui l'obligera à en retrancher deux ou trois, puisque seuls les onze meilleurs résultats de la saison seront comptabilisés au final. Prost décomptera lui deux fois un point, ce qui est plus avantageux. Piquet n'est pas concerné puisqu'il a abandonné plus souvent que ses deux rivaux. En bref, pour devenir champion du monde à Mexico, Mansell doit inscrire deux points de plus que Prost et Piquet. Une tâche qui paraît assez aisée, mais l'Anglais n'affiche pas une confiance excessive.

 

Le paddock vante la qualité d'organisation des Mexicains. Jean-Marie Balestre est ainsi traité comme un roi avec dix-huit domestiques à sa disposition ! Mais ces hôtes de luxe se méfient du grand mal latino-américain, popularisé par la Coupe du Monde de football de juin 86... la tourista ! Ils s'en prémunissent via un régime strict à base de féculents et de thé. Mais vendredi soir, Nigel Mansell commet la bêtise de s'empiffrer lors du repas d'anniversaire de Murray Walker... Résultat: le lendemain, le leader du championnat du monde, blanc comme un linge, passe plus de temps aux WC que dans sa Williams... Nigel essaie de bien se réhydrater en faisant venir spécialement de l'eau minérale depuis la Grande-Bretagne ! Les coureurs ne s'inquiètent pas uniquement d'éventuels dérèglements intestinaux. Avec toutes ses bosses, le circuit de Mexico est très éprouvant sur le plan physique. Les plus fragiles, comme Ayrton Senna, se plaignent de crampes après seulement une quinzaine de tours.

 

Pour compenser les effets de l'altitude, toutes les équipes adoptent des turbocompresseurs de dimensions accrues qui n'empêcheront guère l'accroissement les temps de réponse, au grand désespoir des pilotes. Renault apporte un moteur EF15C « spécial altitude » réservé à Senna et à Arnoux. TAG-Porsche fait exception en préférant réviser le programme de gestion électronique de son V6. A noter que les Brabham BT55 sont munies de prises d'air de type « schnorkel ».

 

Les qualifications

Le jeudi est consacré à des essais de reconnaissance qui voient Senna devancer les Williams de près d'une seconde. Berger est le plus rapide de la séance chronométrée du vendredi après-midi. Mais le lendemain, Senna réplique en s'adjugeant sa quinzième pole position dans circonstances exceptionnelles. Le Pauliste ne décroche en effet la timbale que cinq minutes avant le drapeau à damiers, après une longue interruption due à l'accident de Rothengatter. Volant littéralement sur le circuit, il débouche de la Parabolique à une vitesse supersonique, mais dérape sur une bosse... Aussi incroyable que cela puisse paraître, « Magic » conserve la maîtrise de sa Lotus et conclut un chrono inatteignable d'1'16''990 !

 

Les Williams-Honda de Piquet et de Mansell se classent respectivement deuxième et troisième. Berger est repoussé au quatrième rang. Comme Senna, l'Autrichien exécute d'impressionnantes acrobaties, sa Benetton sous-virant terriblement. Son compère Fabi est seulement neuvième. Les moteurs BMW sont ici très performants puisque les Brabham de Patrese (7ème) et de Warwick (7ème) brillent comme jamais cette saison. McLaren se heurte à d'importants soucis de mise au point tandis que les nouveaux moteurs apportés par Porsche ne donnent pas grande satisfaction. Prost est seulement sixième, Rosberg onzième. Chez Haas, Tambay obtient une flatteuse huitième place, très loin devant Jones (15ème), accablé par une cascade de ruptures de turbos.

 

Les pilotes Ligier ont connu des essais mouvementés. Vendredi, Alliot (10ème) sort de la route en quittant la parabolique et atterrit dans une pile de vieux pneus. Arnoux (13ème) collectionne les ennuis de moteurs. Il est notoire que les Ferrari n'aiment pas les bosses, et elles confirment ce défaut à Mexico ! Selon l'expression de Maurice Hamilton, les F186 rebondissent comme des « yoyos en folie » ! Par ailleurs, le V6 italien répond avec beaucoup trop de retard. Dans ce contexte, Alboreto (12ème) et Johansson (14ème) ont du mérite à demeurer en piste. Du côté de Tyrrell, Brundle (16ème) se réjouit car il disposera enfin d'un moteur EF15C pour la course. Son collègue Streiff se classe 19ème. Sur la neuvième ligne, on retrouve Dumfries (17ème) et Palmer (18ème) sur sa Zakspeed. Rothengatter (23ème) est victime samedi d'un spectaculaire accident provoqué par la perte de l'écrou de sa roue arrière-gauche. La Zakspeed s'écrase dans les protections à haute vitesse. Le Néerlandais s'en tire sans mal mais, faute de mulet, il est contraint de déclarer forfait pour la course. On retrouve ensuite les Arrows (Danner 20ème, Boutsen 21ème), les Minardi privées de gros turbos (de Cesaris 22ème, Nannini 24ème) et enfin les Osella (Ghinzani 25ème, Berg 26ème).

 

Le Grand Prix

Dimanche 12 octobre, le temps est nettement plus chaud que les jours précédents. Berger réalise le meilleur chrono du warm-up avec des pneus Pirelli tendres qui ne seront cependant pas utilisables en course. L'Autrichien choisit en effet de se munir d'enveloppes dures afin de ne pas effectuer la moindre halte aux stands. Chez Goodyear, on prend des pneus C à l'avant des C' à l'arrière. L'équipe Williams se singularise par panachages originaux: C à l'avant et B à l'arrière pour Piquet, B à l'arrière-gauche et C' à l'arrière-droit pour Mansell.

 

Lors du briefing d'avant-course, Alain Prost demande avec malice à Derek Ongaro s'il serait possible de dénicher un drapeau marron spécialement pour Nigel Mansell, au cas où ce dernier aurait quelques « ennuis » durant la course. Une plaisanterie un peu lourde qui ne fait pas rire l'intéressé, toujours pâle et fébrile. Gerhard Berger affiche aussi une petite mine. Il a 38,5 °C de fièvre mais jure que cela n'a rien à voir avec la tourista...

 

Départ: Mansell ne parvient pas à enclencher la première vitesse et reste immobile. Par bonheur, tout le monde l'évite et il démarre une fois que le peloton est passé. Senna et Piquet parcourent côte à côte la longue ligne droite, le premier à droite, le second à gauche. Piquet tente d'intimider son compatriote et leurs roues se frottent. Senna bloque ses roues au premier freinage, ce qui permet au pilote Williams de prendre le commandement. Suivent Berger, Prost, Alboreto, Alliot et Brundle. Ces trois derniers ont réalisé des départs exceptionnels. Tambay tente de faire l'intérieur à Brundle mais glisse à l'extérieur.

 

1er tour: Tambay heurte Arnoux à l'Ese del Lago et atterrit en tête-à-queue dans les graviers. C'est déjà terminé pour le Cannois. Piquet mène devant Senna, Berger, Prost, Alboreto, Alliot, Brundle, Patrese, Dumfries et Warwick. Mansell est dix-huitième.

 

2e: Berger menace Senna. Dumfries double Patrese tandis que Johansson et Arnoux passent devant Warwick. Mansell dépasse Boutsen, Streiff et Palmer.

 

3e: Piquet, Senna, Berger et Prost roulent très groupés. Johansson prend la neuvième place à Patrese. Rosberg dépasse Warwick pendant que Mansell se heurte à Fabi.

 

4e: Mansell efface successivement Fabi et Warwick.

 

5e: Piquet mène devant Senna (1.5s.), Berger (2.2s.), Prost (2.7s.), Alboreto (4.8s.), Alliot (7.8s.), Brundle (9.5s.) et Dumfries (12s.). Rosberg double Arnoux. Fabi rejoint son garage avec un moteur ne tournant plus que sur trois cylindres. Sa distribution est endommagée et il doit renoncer.

 

6e: Rosberg double Patrese. Derrière lui surgit la tornade Mansell qui emporte Arnoux puis Patrese.

 

7e: Prost négocie mieux la Parabolique que Berger et le déborde par l'intérieur sur la ligne de chronométrage. Un trio Johansson - Rosberg - Mansell revient sur Dumfries.

 

8e: Piquet a une seconde d'avance sur Senna. Berger se retrouve sous la menace d'Alboreto. Ghinzani met pied à terre car son V8 Alfa Romeo a des ratés.

 

9e: Johansson et Rosberg doublent Dumfries. Streiff abandonne à cause d'un turbo hors d'usage.

 

10e: Piquet est leader devant Senna (1.7s.), Prost (3.5s.), Berger (4.9s.), Alboreto (6.6s.), Alliot (12s.), Brundle (16s.), Johansson (17s.) et Rosberg (18s.). A vingt secondes, Mansell a doublé Dumfries au premier virage.

 

11e: Alboreto regagne le stand Ferrari avec un turbo cassé et sort de sa voiture. Jones change ses pneus.

 

12e: Johansson dépasse Brundle. Dans sa remontée, Mansell a cloqué son pneu avant-gauche et s'arrête chez Williams pour changer de roues. Il repart en dix-septième position.

 

13e: Piquet maintient toujours Senna et Prost à distance. Rosberg s'empare de la septième place aux dépens de Brundle.

 

15e: Johansson prend l'avantage sur Alliot. Patrese laisse passer Warwick, Arnoux et Boutsen. Nannini effectue un tête-à-queue sans conséquence au premier freinage.

 

16e: Piquet précède Senna (2.6s.), Prost (3.8s.), Berger (6s.), Johansson (21.4s.), Alliot (22s.), Rosberg (22.3s.) et Brundle (26s.).

 

17e: Prost met la pression sur Senna. Rosberg fait l'intérieur à Alliot au premier virage et rattrape avec brio un début d'embardée de son train arrière. Dumfries et Arnoux changent de pneumatiques.

 

18e: Les pneus Goodyear s'usent manifestement plus vite que les Pirelli. Les pilotes équipés de gommes américaines rencontrent du grainage et du sous-virage.

 

20e: Berger se rapproche de Senna et de Prost car ses enveloppes sont en meilleur état. Second arrêt pour Jones.

 

21e: Piquet est en tête devant Senna (1.9s.), Prost (3.1s.), Berger (5.2s.), Johansson (17.7s.) et Rosberg (20.2s.). Mansell est revenu au treizième rang.

 

22e: Mansell prend la douzième position à Palmer. Jones s'arrête encore chez FORCE pour faire examiner son moteur.

 

24e: Prost est dans la roue de Senna. Patrese et Mansell dépassent Boutsen.

 

25e: Alliot stoppe aux stands pour changer ses roues. Les pneus Pirelli sont très endurants... Sauf ceux choisis par Ligier ! Warwick double Brundle.

 

26e: Piquet, Senna et Prost se tiennent désormais en deux secondes. Berger se met à l'écart pour préserver ses pneus. Avec un peu de chance, il n'aura pas à les changer, au contraire du trio de tête !

 

27e: Piquet distance quelque peu Senna et Prost, menacés par Berger. Brundle observe un long changement de gommes et chute au quatorzième rang.

 

29e: Piquet mène devant Senna (1.2s.), Prost (2.3s.), Berger (3s.), Johansson (18s.), Rosberg (20s.), Warwick (55s.), Patrese (1m. 04s.), Mansell (1m. 07s.) et Palmer (1m. 14s.). Arrêt pneus pour Boutsen.

 

30e: Prost entre aux stands pour prendre des pneus tendres neufs (11s.) et retrouve le circuit en sixième position.

 

31e: Senna est de retour derrière Piquet. Arrêts de Boutsen et de Jones.

 

32e: Piquet s'arrête chez Williams et change ses roues (8.3s.). Rosberg troque lui aussi ses anciennes gommes contre des neuves, mais l'opération dure vingt-quatre secondes à cause d'une roue arrière-gauche récalcitrante. Palmer change de pneus.

 

33e: Senna mène désormais avec une seconde d'avance sur Berger. Johansson est troisième à vingt secondes. Piquet a repris la piste devant Prost. Rosberg est victime d'une crevaison de son pneu arrière-gauche. Croyant à une erreur de son mécanicien lors du précédent arrêt, le Finlandais revient à son stand, gare sa McLaren en vrac... et sort de son cockpit fou furieux.

 

35e: Une seconde et demie sépare Senna et Berger. Chez McLaren, la MP42/C de Rosberg a reçu des pneus neufs et est prête à repartir. Mais lorsque Steve Nichols vient ordonner au Finlandais de se remettre au volant, il reçoit en réponse un coup de coude dans l'estomac ! Brundle doit changer une seconde fois ses pneus.

 

36e: Senna s'arrête aux stands et chausse des Goodyear frais en sept secondes. Il parvient à repartir en seconde position devant Piquet et Prost. Johansson observe aussi un changement de pneus et se retrouve entre les Brabham de Warwick et de Patrese. Mansell a encore abîmé ses pneus et effectue un second arrêt en huit secondes. Il recule en dixième position.

 

37e: Berger est en tête de la course et ne prévoit pas de changer ses pneus. Il a vingt-trois secondes de marge sur Senna.

 

38e: Warwick renonce suite à une panne de moteur. Il occupait la cinquième place.

 

39e: Senna et Piquet s'aperçoivent que leurs nouveaux trains de pneus se dégradent déjà. Prost est plus économe car son moteur a des ratés. Il veut absolument éviter une seconde halte car il redoute de caler au redémarrage. Jones abandonne suite à un problème de transmission.

 

40e: Berger est premier devant Senna (22.3s.), Piquet (31.2s.), Prost (32.6s.), Johansson (1m. 04s.), Patrese (-1t.), Alliot (-1t.), Mansell (-1t.), Palmer (-1t.) et de Cesaris (-1t.). Arrêt de Danner.

 

42e: Prost déborde Piquet dans la ligne droite qui mène l'Ese del Lago. Nannini change ses gommes.

 

43e: Loin de rattraper Berger, Senna perd au contraire du temps sur la Benetton. Ses pneus avant sont cloqués. Mansell reprend à Piquet le tour de retard qu'il avait concédé.

 

45e: Piquet entre aux stands pour mettre d'autres pneus neufs (8.1s.). Il ressort en cinquième position derrière Johansson.

 

46e: Berger est proche de prendre un tour à Piquet. Senna regagne les stands pour prendre un troisième jeu de Goodyear (7.9s.). Il cède ainsi la seconde place à Prost.

 

47e: Berger mène désormais avec trente-cinq secondes d'avance sur Prost. Dans le stand Benetton, Peter Collins ordonne à ses mécaniciens de rester tranquilles. Aucun arrêt n'est prévu pour la n°20.

 

48e: Senna se retrouve sous la menace de Johansson, mais celui-ci est gêné par le retardataire Boutsen.

 

49e: Après s'être défait de Boutsen, Johansson tombe sur... de Cesaris. Fidèle à sa réputation, le Romain le bouchonne sans vergogne, et se rabat même devant la Ferrari à l'entrée de la Parabolique ! Johansson s'en débarrasse finalement dans la longue pleine charge.

 

50e: Berger est premier devant Prost (35.6s.), Senna (1m. 06s.), Johansson (1m. 08s.), Piquet (1m. 17s.), Patrese (-1t.), Alliot (-1t.), Mansell (-1t.), Palmer (-2t.), de Cesaris (-2t.), Boutsen (-2t.) et Arnoux (-2t.).

 

52e: Piquet se rend compte que ses pneus ne tiennent décidément pas la distance. Mansell revient sur Alliot.

 

53e: Troisième changement de pneus pour Piquet (6.5s.). Le Brésilien cède ainsi la cinquième place à Patrese. A la sortie de la Parabolique, Alliot dérape sur une bosse et sa Ligier se met à l'équerre. Le Français parvient à reprendre son contrôle et à repartir, mais Mansell en a profité pour le dépasser.

 

54e: Berger n'a pas des pneus en bon état et est incommodé par la fièvre. Il aurait le temps de changer de gommes mais préfère rester en piste. Il n'a rien à craindre de Prost dont le moteur tourne sur cinq cylindres. Dumfries abandonne avec une batterie à plat.

 

55e: Berger est en tête devant Prost (33.7s.), Senna (1m. 01s.), Johansson (1m. 02s.), Patrese (-1t.), Piquet (-1t.), Mansell (-1t.) et Alliot (-1t.). Boutsen et Arnoux passent devant de Cesaris.

 

57e: Johansson est revenu dans les roues de Senna. Mansell a désormais Piquet en point de mire... mais entre eux se trouve Prost qui refuse de laisser l'Anglais se dédoubler !

 

59e: Berger peine à se défaire de Boutsen. Mansell dépasse Prost et menace Piquet dont le système de freinage est déséquilibré par la rupture d'un conduit de refroidissement.

 

60e: Berger mène devant Prost (30.3s.), Senna (56.5s.), Johansson (57s.), Patrese (-1t.), Piquet (-1t.), Mansell (-1t.) et Alliot (-1t.).

 

62e: Johansson convoite la troisième place détenue par Senna. Piquet et Mansell luttent pour la sixième place.

 

63e: Mansell réalise le meilleur chrono depuis le début de l'épreuve en 1'19''441'''.

 

64e: Berger précède Prost de trente-deux secondes. Piquet riposte à Mansell en signant le meilleur chrono de la course: 1'19''360'''.

 

65e: Un panache de fumée s'élève dans le sillage de la Ferrari de Johansson. Le Suédois s'arrête dans le gazon avec un turbo cassé. Patrese dérape sur l'huile répandue par la Ferrari et tire tout droit à l'Ese del Lago. L'Italien s'enlise dans le sable et abandonne. Piquet récupère ainsi la quatrième place. Alliot entre dans les points.

 

66e: Mansell fait tout son possible pour dépasser Piquet. En effet, selon le barème en vigueur, la cinquième place qu'il occupe ne lui rapporterait rien... au contraire d'une quatrième place ! Arnoux abandonne, moteur cassé.

 

67e: Palmer tombe en panne d'essence et ne verra pas l'arrivée.

 

68ème et dernier tour: Gerhard Berger remporte sa première victoire en F1, la première aussi de l'écurie Benetton. Prost termine second devant Senna. Piquet finit quatrième, Mansell cinquième. Alliot est sixième et empoche son premier point en F1. Boutsen, de Cesaris, Danner, Brundle, Nannini et Berg rallient également l'arrivée. Les Minardi terminent une course pour la première fois de l'année ! Piquet reconvertit sa Williams en taxi puisqu'il embarque Johansson et Arnoux sur ses pontons tandis qu'Alliot, tombé en panne sèche, se perche sur son arceau !

 

Après la course

C'est un Gerhard Berger très éprouvé qui dresse sa haute silhouette sur le podium. Il trouve néanmoins la force d'entendre les hymnes autrichien et britannique, puis savoure la douche au champagne en compagnie de Prost et de Senna. Le team Benetton, ex-Toleman, connaît également la liesse. « Cela fait six ans que j'attends cette journée ! » s'exclame Alex Hawkridge, le patron de cette petite écurie britannique qui a franchi bien des écueils avant de parvenir au sommet. Elle a une lourde dette envers l'ingénieur Rory Byrne, personnage excentrique mais brillant qui depuis deux ans conçoit des châssis innovants et performants. Hélas, ce succès survient alors que Benetton va devoir se séparer de Berger, de BMW et de Pirelli. « Sans garantie de moteur pour 1987, je n'avais aucun moyen de retenir Berger... » soupire l'administrateur Davide Paolini.

 

Berger doit ce succès à des pneus Pirelli plus résistants que les Goodyear, mais il fut longtemps dans le doute. « Je n'étais pas certain de pouvoir aller au bout sans changer de roues, explique-t-il. Ce ne fut qu'après avoir passé le cap de la mi-course, lorsque j'ai constaté que l'adhérence était encore correcte que j'ai compris que j'avais une chance d'y arriver. Alors, à partir de ce moment, je me suis efforcé de ménager mes pneus au maximum [...] Je suis particulièrement heureux d'avoir pu offrir un tel cadeau d'adieu à l'équipe Benetton. C'est la meilleure façon de la quitter. »

 

Si Nelson Piquet et Nigel Mansell sont très déçus de leur course, Alain Prost a « sauvé les meubles » avec brio compte tenu de son moteur défaillant. Il faudra cependant que Porsche présente enfin un matériel irréprochable en Australie.

 

Au classement mondial, Mansell est toujours en tête avec 72 points, en fait 70 puisque les deux points inscrits à Mexico seront rétrocédés au final. Prost, avec 65 unités, devra sans doute en retrancher deux également. Piquet est troisième avec 63 points et n'est pas concerné par ce décompte. Le titre mondial pourrait donc se jouer à Adélaïde selon des calculs complexes, mais Mansell part en tout cas nettement favori. Terminer dans les trois premiers l'assurerait de la couronne quoique que fassent ses deux rivaux. Chez les constructeurs, le trio de tête sera formé par Williams-Honda (135 points), McLaren-TAG (87 pts) et Lotus-Renault (57 pts). La quatrième place se jouera entre Ferrari (33 pts) et Ligier-Gitanes (29 pts). Benetton-BMW occupe le sixième rang avec 19 points.

Tony