Nigel MANSELL
 N.MANSELL
Williams Honda
Ayrton SENNA
 A.SENNA
Lotus Renault
Alain PROST
 A.PROST
McLaren TAG Porsche

417o Gran Premio

XLIII Grand Prix de Belgique
Molto variabile
Spa-Francorchamps
domenica 15 settembre 1985
43 giri x 6.940 km - 298.420 km
Gran Premio originariamente previsto per il 2 giugno ma rinviato a causa del deterioramento della superficie.
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Retour à Spa, ou les désillusions de Michele Alboreto

Ce Grand Prix de Belgique se déroule trois mois après l'annulation de la course du 2 juin provoquée par la dégradation du revêtement du circuit de Spa. Un nouveau bitume a été coulé depuis et les pilotes se plaignent de son manque d'adhérence ! A croire qu'ils ne sont jamais contents...

 

La situation sportive a bien évolué depuis le printemps. A cette époque, Michele Alboreto avait signé la pole position et sa Ferrari apparaissait comme la voiture la plus efficace. Chez McLaren, on tentait de résoudre un important problème de traction qui entravait les performances de la MP4/2B. Quatre mois plus tard, la Scuderia se bat désespérément pour rendre à la 156 sa compétitivité passée. Un combat perdu, comme l'explique Michele Alboreto à Gérard Crombac: « Par suite de ruptures de moteurs trop fréquentes, il a fallu diminuer la puissance du V6 et de ce fait, pour ne pas se faire larguer en ligne droite, les Ferrari tournent avec un appui aérodynamique insuffisant qui rend le châssis instable et dégrade le comportement des pneus. »

 

Alboreto a abandonné lors du Grand Prix d'Italie et compte désormais douze points de retard sur Alain Prost à quatre épreuves du terme de la saison. Bien que tout ne soit pas perdu pour lui, le pilote italien est touché au moral. Il n'est pas habitué à disputer la couronne mondiale, au contraire d'Alain Prost. Alboreto est très sensible à la pression environnante. Il paraît soucieux, tourmenté, et ne parvient pas à aborder cet enjeu avec la sérénité nécessaire. Par ailleurs, Michele est un « gentil », un pilote honnête, parfaitement loyal, et n'est pas donc pas très bien armé pour un tel combat. Par exemple, il ne lui viendra jamais à l'idée de répandre dans la presse des « petites phrases » destinées à provoquer ou à déstabiliser psychologiquement l'adversaire, art dans lequel excellent Piquet ou Lauda... et où Prost n'est pas malhabile.

 

GP d'Afrique du Sud: ira, ira pas ?

La tenue d'un Grand Prix en Afrique du Sud continue de soulever les passions. Ce pays est en effet embrasé par un conflit racial qui menace de déboucher sur une guerre civile. Pour protester contre la politique d'Apartheid menée par Pretoria, plusieurs pays comme la Suède, la Finlande et le Brésil demandent à la Fédération internationale d'annuler la course. Certains réclament à leurs pilotes et écuries ressortissants de ne pas se rendre à Kyalami. C'est notamment le cas du gouvernement français par la voix du ministre des Sports Alain Calmat. Entreprise d'État, Renault annonce qu'elle obéira à l'injonction du ministre. Ligier devrait opiner dans le même sens.

 

Dans ce contexte, la conférence de presse que tient Jean-Marie Balestre à Francorchamps est très attendue. Le président de la FISA estime qu'il n'y a pas lieu d'annuler le Grand Prix pour des raisons éthiques, puisque le gouvernement sud-africain n'impose aucune discrimination raciale autour de cet événement. Il y a assurément peu de chances de voir un pilote noir se présenter au départ... En ce qui concerne la sécurité, Balestre affirme que la FISA dispose d'observateurs sur place et que, si la situation dégénérait, l'épreuve serait bien entendu annulée. Un problème plus épineux est soulevé par Bernie Ecclestone: celui de la retransmission télévisée qui pourrait ne pas être assurée par le plupart des chaînes de télévision occidentales. Par exemple, en France, Antenne 2 ne diffusera pas le GP d'Afrique du Sud sur ordre du pouvoir socialiste. Si d'autres chaînes l'imitaient le préjudice financier causé à la FOCA pourrait être énorme.

 

Présentation de l'épreuve

Sans doute échaudé par l'annulation du printemps, le public belge ne se déplace pas en masse, ce qui attriste Ecclestone qui est le promoteur de l'épreuve. Les pilotes se plaignent de la présence d'une seule rangée de vieux pneus à l'endroit de l'accident de Stefan Bellof, par ailleurs signalé par deux énormes gerbes de fleurs. Mais Derek Ongaro ne veut rien entendre et affirme que ce type d'accident étant tout à fait exceptionnel, il est inutile de rajouter une protection supplémentaire.

 

Après avoir fait l'impasse sur le Grand Prix d'Italie, Zakspeed fait son retour en Belgique avec comme pilote l'Allemand Christian Danner qui remplace Jonathan Palmer, blessé à la cheville lors des 1000 kilomètres de Spa. A 27 ans, Danner s'est distingué en Formule 3000 et dispute le titre du champion d'Europe à Mike Thackwell. Ses débuts sont cependant laborieux car Zakspeed ne dispose pas d'un bon matériel. « Le fonctionnement du moteur est très irrégulier, explique-t-il. Avec sa pompe mécanique et son système classique, l'injection est soit trop riche, soit trop pauvre. Pas de juste milieu... »

 

Brabham adopte définitivement le déflecteur inférieur inspiré de Toleman. En outre, Gordon Murray remonte pour un temps les volets mobiles apparus au Canada afin de protester contre les conduits de refroidissement de freins utilisés par sept équipes dont Ferrari, McLaren et Williams, et également assimilables à des éléments aérodynamiques mobiles. Harvey Postlethwaite retouche la Ferrari avec une frénésie qui n'est pas sans rappeler celle qui animait Mauro Forghieri l'année précédente. Les 156 disposent désormais d'ailerons arrière additionnels et de déflecteurs verticaux avant. La machine d'Alboreto est munie d'un déflecteur inférieur type Toleman. Le seul mulet présent est configuré comme lors du Grand Prix avorté du mois de juin.

Les Alfa Romeo adoptent l'aileron arrière inférieur mis à la mode par Toleman et depuis récupéré par Ferrari. RAM a désormais recours à l'essence utilisée par Toleman depuis le GP de France pour lutter contre la détonation. Seule la voiture de Philippe Alliot est engagée car l'équipe n'a plus assez de moteurs pour Kenny Acheson !

 

L'écurie Beatrice est absente, officiellement parce qu'elle n'était pas inscrite au « premier » Grand Prix de Belgique du mois de juin. Mais certains supputent qu'après les débuts catastrophiques de la Lola-Hart à Monza, Carl Haas a préféré remettre ses ingénieurs au travail pour quelques temps... Quant à Alan Jones, il a été condamné par la justice britannique pour conduite en état d'ivresse sur la voie publique...

 

Niki Lauda blessé

Vendredi matin, Lauda regagne les stands lorsque son accélérateur reste ouvert à Blanchimont. L'Autrichien percute les rails à faible allure mais un retour de volant tord son poignet droit. Il regagne Vienne en hâte où une radiographie confirme qu'il souffre d'une fêlure. Il rejoint ensuite sa famille à Ibiza.

 

Lauda blessé, Ron Dennis lui cherche un remplaçant et fait appel à John Watson qui a piloté pour McLaren de 1979 à 1983. Le Nord-Irlandais débarque aussitôt dans les Ardennes, mais il ne pourra courir que si tous les autres participants ratifient une pétition en sa faveur. Dennis se heurte au refus de Marco Piccinini qui est évidemment bien content de ne trouver qu'une seule Marlboro en face de lui. Beau joueur, Dennis avoue que s'il s'était trouvé dans la situation du directeur de Ferrari, il aurait agi de même...

 

Les qualifications

Prost obtient sa deuxième pole de la saison. Le moteur Porsche rend pourtant 20 km/h au Honda ou au BMW au sommet des Combes, mais cela ne fait que mettre en valeur le talent du pilote français et la qualité du châssis McLaren. Senna rencontre de nombreux problèmes de moteur et ses pneus arrière se dégradent trop rapidement. Mais il obtient tout de même le deuxième temps, à moins d'un dixième de la pole ! En proie aux mêmes soucis de pneus, de Angelis est neuvième. Si la Brabham-BMW est rapide (le moteur allemand de qualification délivrerait 1300 chevaux !), elle est aussi terriblement « vicieuse » et il faut tout le talent d'un Piquet pour l'amener en troisième position. Surer n'est que douzième. Alboreto réalise le quatrième temps au volant d'une Ferrari « version Monza ». Johansson s'est classé second des essais du vendredi, mais une panne de moteur le relègue au cinquième rang. Les Arrows-BMW sont en forme: Boutsen est sixième, Berger huitième. Les performances des Williams-Honda (Mansell 7ème, Rosberg 10ème) sont plutôt médiocres. Mais Mansell peut s'estimer heureux d'être sorti sans mal d'un incident peu banal: lors de la séance de vendredi, son volant s'est détaché dans la très rapide courbe de Pouhon ! Par un effort surhumain, Nigel est parvenu à ramener sa voiture sans encombre aux stands...

 

Fabi se classe onzième avec une Toleman-Hart dont, comme à l'accoutumée, la puissance ne vaut pas la tenue de route. Son collègue Ghinzani est seizième. Les pilotes Renault (Tambay 13ème, Warwick 14ème) font de leur mieux au volant d'une RE60 mal équilibrée. Chez Alfa Romeo, Patrese (15ème) précède nettement Cheever (19ème) qui a cassé un moteur, un turbo... et un embrayage. Les Ligier-Renault de Laffite et de Streiff, trop sous-vireuses, se partagent la neuvième ligne. La RAM-Hart fonctionne mieux grâce à son nouveau carburant et Alliot l'amène en vingtième position. Brundle est vingt-et-unième au volant de la seule Tyrrell-Renault engagée. Suivent Danner, Rothengatter et Martini.

 

Le Grand Prix

Dimanche matin, une forte averse s'abat sur Francorchamps. Elle cesse avant le départ, mais la piste est humide et tous les pilotes s'élancent en pneus rainurés. Il fait également très frais: le thermomètre pointe à treize degrés. L'après-midi commence mal pour Alboreto qui doit monter dans son mulet à cause d'une fuite d'essence sur sa voiture de course. En panne de boîte, Danner s'élance depuis les stands au volant de la Zakspeed de secours. Victime d'un accident lors du warm-up, Rothengatter s'installe dans l'Osella FA1F modèle 84.

 

Départ: Très bon envol de Senna qui déborde Prost, imité en cela par Piquet. Mais à La Source, le pilote Brabham mord sur la bordure, part en tête-à-queue, fait un 360° et sème la panique dans le peloton. Par bonheur, tout le monde parvient à l'éviter. Senna mène devant Prost, Alboreto et Mansell.

 

1er tour: Mansell déborde Alboreto à Pouhon. Senna mène devant Prost, Mansell, Alboreto, Johansson, Boutsen, Rosberg, de Angelis, Berger et Warwick. Piquet est reparti et navigue en seizième position. Danner ne s'élance qu'à la fin de ce tour.

 

2e: Les pilotes demeurent prudents car si la trajectoire n'est plus que légèrement mouillée, d'imposantes flaques d'eau parsèment l'asphalte. Alboreto rencontre des problèmes d'embrayage et se fait successivement dépasser par Johansson, Boutsen, Rosberg et de Angelis.

 

3e: Mansell est sur les talons de Prost. Berger déborde Alboreto. Rosberg rentre aux stands pour chausser des pneus slicks et repart en vingt-et-unième position. Le Finlandais tente un sacré pari car la piste est encore assez humide.

 

4e: Mansell attaque Prost dans la ligne droite de Kemmel et le déborde par l'intérieur aux Combes. Alboreto tombe en panne d'embrayage: c'est terminé pour l'Italien qui perd sans doute ainsi ses dernières chances de titre.

 

5e: La trajectoire s'assèche. Piquet, Surer, Laffite et Streiff s'arrêtent aux stands pour chausser des pneus slicks. Senna mène devant Mansell (3.2s.), Prost (4.8s.), Johansson (13.1s.), Boutsen (15s.) et de Angelis (16.4s.). Puis viennent Berger, Warwick, Tambay et Brundle.

 

6e: Le soleil commence à apparaître. Rosberg est revenu au seizième rang et est l'homme le plus rapide en piste. Johansson s'arrête pour mettre des slicks et repart onzième.

 

7e: Rosberg vole sur la piste: le voici douzième. Fabi, Cheever et Ghinzani troque les pneus rainurés contre des slicks.

 

8e: Senna a cinq secondes d'avance sur Mansell. Tambay s'arrête au stand Renault pour prendre des pneus lisses et ressort onzième derrière Rosberg. A l'abord des Combes le moteur de Johansson serre et envoie le Suédois en tête-à-queue: la course est terminée pour les Ferrari. Au même instant Ghinzani sort de la piste et finit sa course dans le rail. Rothengatter est quant à lui arrêté au niveau de La Source. Grâce aux commissaires, il peut se relancer. Changements de gommes pour Patrese et Danner.

 

9e: Senna, Mansell et Prost entrent aux stands pour chausser des slicks, laissant de Angelis et Boutsen en tête. Mansell repart le premier, suivi par Senna. Mais le Brésilien, très entreprenant, déborde aussitôt la Williams dans la descente vers l'Eau rouge. La Lotus est équipée d'un train de Goodyear rodés et préchauffés, ce qui a facilité ce dépassement. Warwick s'arrête également pour changer de pneus. Rosberg est septième après avoir doublé Alliot et Brundle. En fin de tour, Senna et Mansell effacent Boutsen qui entre aux stands.

 

10e: Senna dépasse de Angelis aux Combes. Mansell n'a ensuite gère de mal à se défaire de l'Italien. Rosberg remonte à bride abattue. Il double Berger puis Prost. En fin de tour, Senna devance Mansell (2.1s.), de Angelis (12.5s.), Rosberg (13.4s.), Prost (14.2s.), Berger (24.7s.), Boutsen (27.3s.), Tambay (34.1s.), Alliot (37.7s.), Warwick (41.8s.) et Cheever (56.3s.).

 

11e: La piste demeure traître: Mansell exécute un tête-à-queue à La Source mais il repart aussitôt sans perdre de place. De Angelis s'arrête pour monter des enveloppes lisses. Après un beau début de course, Alliot change ses pneus. Lorsqu'il redémarre, il se fait surprendre par ses pneus froids, perd le contrôle de sa RAM dans la descente avant l'Eau rouge et tape le mur, à la grande fureur de John Macdonald.

 

12e: Senna a dorénavant sept secondes d'avance sur Mansell. Rosberg est troisième et récolte ainsi les fruits de son arrêt prématuré. Prost le suit de près. Le reste du peloton est très distancé. Berger est chez Arrows pour prendre des slicks.

 

14e: La piste s'assèche. Senna est le premier pilote à tomber sous la barre des 2'06'', battant ainsi le meilleur tour en course réalisé par de Cesaris en 1983. Prost se rapproche de Rosberg. Brundle change ses pneus.

 

15e: Senna mène devant Mansell (9.4s.), Rosberg (15.8s.), Prost (16.2s.), Boutsen (48.6s.) et Tambay (1m. 02s.). Suivent de Angelis, Warwick (tous deux en bagarre), Cheever et Berger.

 

17e: Senna est inattaquable et laisse Mansell à onze secondes. De Angelis casse un turbo et abandonne. Quoiqu'il en soit, il ne pouvait guère briller aujourd'hui car il avait réglé sa Lotus pour piste sèche. Danner renonce suite à des problèmes de transmission.

 

18e: Warwick est sous la menace de Cheever, toujours très bon sur piste humide. Piquet est dixième après avoir dépassé Berger.

 

19e: Une averse s'abat dans la zone des stands et au sommet des Combes. Brundle rencontre de graves problèmes de tenue de route et change pour la seconde fois de gommes.

 

20e: Senna précède Mansell (12.2s.), Rosberg (18.4s.), Prost (19.8s.), Boutsen (1m. 01s.), Tambay (1m. 18s.), Warwick (1m. 20s.), Cheever (1m. 22s.), Piquet (1m. 46s.), Fabi (1m. 47s.), Berger (1m. 51s.), Laffite (1m. 52s) et Surer (1m. 59s.).

 

22e: A cause de l'averse, le rythme au tour diminue d'environ dix secondes. Surer part en tête-à-queue juste devant Mansell qui parvient à l'éviter. Le Suisse repart. Warwick double Tambay.

 

23e: La pluie cesse. Senna est le plus rapide tandis que Prost a nettement ralenti. Rosberg sème le Français et rattrape Mansell.

 

24e: Senna est d'une incroyable aisance dans ces conditions changeantes. Il devance Mansell (18s.), Rosberg (20s.) et Prost (30s.).

 

25e: Rosberg est derrière Mansell. Depuis le début de la course, Tambay se débattait avec une boîte trop dure qui rompt définitivement. Fabi abandonne également suite à la rupture de son câble d'accélérateur. Laffite prend la neuvième place à Berger.

 

27e: Duel de moustachus: Rosberg est dans les échappements de Mansell mais ne parvient pas à trouver l'ouverture car la piste est encore humide hors trajectoire. Cheever voit sa boîte se bloquer en cinquième vitesse et doit abandonner. Il était septième.

 

28e: Rosberg est sous l'aileron de Mansell qui demeure stoïque. La bravoure des deux hommes force l'admiration du public.

 

29e: Tandis que Senna caracole en tête et que les deux Williams se bagarrent, Prost mène un train de sénateur. Il rend plusieurs secondes au tour au leader mais compte plus d'une minute d'avance sur Boutsen.

 

30e: Senna est premier devant Mansell (13.3s.), Rosberg (17.4s.), Prost (50.8s.), Boutsen (1m. 37s.), Warwick (1m. 49s.), Piquet (-1t.), Laffite (-1t.), Berger (-1t.), Streiff (-1t.) et Surer (-1t.).

 

31e: Rosberg est toujours dans le sillage de Mansell. Patrese est à son stand à cause d'un souci avec son boîtier électronique.

 

32e: Douze secondes entre Senna et les Williams. Rosberg tente de dépasser par Mansell par l'extérieur à la sortie de Rivage, mais l'Anglais ferme la porte. Surer prend le meilleur sur Streiff.

 

33e: Rosberg ralentit au niveau de l'Eau Rouge car la prise d'air de son frein avant-gauche s'est cassée. Déconcentré par la disparition de son équipier dans ses rétroviseurs, Mansell tire tout droit aux Combes. La Williams décolle sur la bordure, ratisse l'herbe mais revient intacte en piste. Rosberg regagne les stands.

 

34e: Rosberg s'arrête à son stand pour faire arracher le conduit qui entravait ses freinages. Il change aussi ses pneus et repart après un changement de pneus en quatrième position, derrière Prost mais loin devant Boutsen. Patrese renonce à cause de la défaillance de son boîtier électronique.

 

35e: Remis de ses émotions, Mansell concède maintenant une trentaine de secondes à Senna.

 

36e: La lutte pour la sixième place se précise entre Warwick et Piquet. Tous deux remontent sur Boutsen qui perd peu à peu l'usage de ses rapports de boîte.

 

37e: Senna paraît se promener, mais en réalité il est aux prises avec un moteur qui coupe par intermittence. Il n'a cependant rien à craindre de Mansell qui souffre d'une côte, séquelle de son accident du Castellet, et ne cherche qu'à rallier l'arrivée.

 

38e: Le soleil fait son apparition. La piste est complètement sèche et les temps s'améliorent. Prost se réveille et réalise le meilleur tour en course: 2'01''730'''.

 

39e: Warwick puis Piquet débordent Boutsen. Laffite change de pneus.

 

40e: Piquet double Warwick et prend ainsi la cinquième place. En sortant des stands, Laffite heurte une glissière avec sa roue arrière droite. Sa suspension est brisée et il s'arrête sur le bas-côté.

 

41e: Senna roule vers la victoire devant Mansell (30.4s.), Prost (55.1s.), Rosberg (1m. 13s.), Piquet (-1t.), Warwick (-1t.), Boutsen (-1t.), Berger (-1t.), Surer (-1t.) et Streiff (-1t.).

 

42e: Boutsen ne verra pas l'arrivée car sa boîte de vitesses et son différentiel ont rendu l'âme. Le public applaudit tout de même le pilote belge qui a effectué un très beau Grand Prix.

 

43ème et dernier tour: Ayrton Senna remporte sa deuxième victoire après avoir dominé ce très difficile Grand Prix. Le Brésilien est si heureux que, contrairement à la tradition spadoise, il effectue un tour d'honneur. Mansell est deuxième et obtient son meilleur résultat de la saison ainsi que son premier podium pour Williams. Prost assure une troisième place très précieuse dans la lutte pour le titre. C'est aussi son septième podium d'affilé. Le valeureux Rosberg est quatrième. Piquet est remonté jusqu'au cinquième rang. Sixième, Warwick inscrit le premier point de Renault depuis deux mois. Berger, Surer, Streiff, Martini et Brundle rallient l'arrivée tout comme Rothengatter, mais celui-ci n'est pas classé. Il s'est en effet débattu durant tout l'après-midi avec une boîte de vitesses défaillante.

 

Après la course

La cérémonie du podium est assez curieuse: ne bénéficiant visiblement pas d'enregistrement de l'hymne brésilien, les autorités belges ne proposent à Ayrton Senna que le God save the Queen. Cela importe peu au Pauliste qui a accompli une nouvelle chevauchée fantastique sur une piste changeante sans commettre la moindre petite faute. « Ce gars-là m'épate, il ira très loin... » commente laconiquement Gérard Ducarouge. Senna regrette uniquement ses sempiternels problèmes de moteur, mais loue le châssis de l'ingénieur français: « Cette Lotus fut aussi facile à conduire qu'un vélo ! » dit-il dans un sourire. La joie est immense dans le stand Lotus. Le champagne coule à flots tandis que Senna partage un énorme gâteau à la crème avec Gérard Ducarouge qui fête ses vingt ans de mariage avec Colette.

 

L'autre héros du jour est Nigel Mansell qui a remporté un combat épique contre son coéquipier Keke Rosberg. Terrassé par de violentes douleurs intercostales, il ne peut s'extraire seul de son bolide après l'arrivée. Mais son courage suscite l'admiration de tous, et notamment de Frank Williams qui aime les « durs à cuire » dans son genre.

 

Alain Prost a mené une course très prudente, « laudéenne », dans des conditions climatiques qu'il apprécie peu: « Oui c'est vrai, ma course a sans doute été trop sage, mais en tout cas payante [...] Je n'ai pas couru comme je l'aime. Sur le sec, personne ne m'aurait rejoint. J'ai assuré. Et les points qui s'ajoutent, ils sont bien à moi. »

 

Les Ferrari n'ont pas fait illusion longtemps à Spa-Francorchamps. « Nous avons perdu trois voitures dans la même journée, en dix tours... » constate amèrement Marco Piccinini. On se demande pourquoi la Scuderia n'est pas venue ici avec un mulet « version Monza ». Reclus dans son motorhome, Michele Alboreto avoue ne plus croire en ses chances de titre. Il espère simplement pouvoir gagner encore une course d'ici la fin de l'année.

 

Prost fait un pas supplémentaire vers le titre de champion du monde. Il compte maintenant seize points d'avance sur Alboreto et peut donc être sacré trois semaines plus tard à Brands-Hatch en inscrivant trois points de plus que l'Italien. Grâce à ce succès, Senna chipe la troisième place du championnat à son équipier de Angelis. Chez les constructeurs, McLaren-TAG-Porsche porte son avance sur Ferrari à six points. Lotus-Renault est troisième. A la quatrième place, Williams-Honda creuse l'écart sur Brabham-BMW.

Tony