Renault - I.M.G.: partenariat manqué
Début août, la Régie n'a toujours pas trouvé de sponsor pour son écurie de Formule 1. Sur les conseils de Jackie Stewart, François Guiter, l'âme de l'association Renault-Elf depuis dix ans, sollicite Mark H. McCormack, le puissant patron de l'International Management Group. McCormack propose de mettre Renault en relation avec son gigantesque réseau d'agents et dirigeants d'entreprises... en échange d'une garantie de base comme rémunération. Toujours obnubilé par sa mission épuratrice, Georges Besse repousse cette proposition. McCormack revient alors à la charge et suggère de financer à hauteur de dix millions de dollars le matériel de l'écurie. Le reste viendrait d'un sponsor de complément que lui et Stewart se chargent de dénicher. Mais le quai du Point-du-Jour demeure sourd à ces avances.
L'espoir de sauver Renault-Elf s'amenuise. Un signe ne trompe pas : lorsque les journalistes demandent à Jean Sage quels coureurs il compte engager pour 1986, il lève les yeux au ciel...
Ligier s'emporte contre Renault
Après avoir accueilli le Grand Prix d'Europe en 1984, le nouveau Nürburgring est cette année l'hôte du Grand Prix d'Allemagne. Cette piste aseptisée ne suscite l'enthousiasme ni des pilotes ni des spectateurs. Durant tout le week-end les gradins demeureront clairsemés.
Le circuit de l'Eifel ne rappelle pas de bons souvenirs à Guy Ligier qui a failli y perdre la vie en 1967. Dix-huit ans plus tard, bien d'autres préoccupations assombrissent son humeur. Il n'a pas les moyens de poursuivre son partenariat avec Renault. Deux entretiens avec Gérard Toth ont douché ses espérances. Les V6 Renault lui coûteraient vingt-cinq millions de francs en 1986, le double du prix de 1985 ! Par ailleurs, ni Lotus ni Tyrrell ne vont subir cette substantielle augmentation. Ligier est furax. En désespoir de cause, il discute avec Alfa Romeo, BMW, Honda... L'ancien rugbyman se résigne : « Tant pis, si je ne peux pas m'en tirer, je n'alignerais qu'une seule voiture en 1986. Avec Laffite... » Comme aux premières heures.
Vendredi à midi, Ligier invite Mansour Ojjeh à prendre l'apéritif avec lui. Entre deux verres de cognac, il lui demande si par hasard il ne pourrait pas avoir un moteur TAG-Porsche à bas prix. En effet, Ojjeh a quelques actions dans les Automobiles Ligier, la fabrique de voiturettes... Surviennent Gérard Larrousse, Michel Tétu et Bernard Giroux. « Les mecs, on n'a plus de moteurs pour 86 ! Elle est bien bonne non ? leur lance le père Ligier. Après Matra, Renault, je n'ai vraiment pas de veine avec les industriels français ! »
Le court-métrage de François Hesnault
Une troisième Renault, de modèle RE60, participera à cette course afin de tester un nouveau système de caméra embraquée destiné aux retransmissions télévisées. Le dispositif conçu par Thomson et patronné par Elf comprend une micro-caméra fixée à droite du réservoir, un émetteur attaché au baquet et une petite antenne placée sur le réservoir. Un hélicoptère piloté par Henri Pescarolo en personne relaiera les images en direct. Bernie Ecclestone et sa société FOCA TV espèrent ainsi révolutionner la diffusion des Grands Prix. Les premiers résultats sont très concluants.
Pour conduire cette troisième Renault, Elf a sélectionné François Hesnault, préféré à Philippe Streiff et Alain Ferté qui semblaient avoir une meilleure cote. Hesnault aurait déboursé 800 000 francs pour devenir l'opérateur le plus rapide du monde. La caméra le gêne-t-elle ? « Faut faire avec... confie le grand François. De toute façon, caméra ou pas, je souffre d'un manque énorme d'adhérence sur le train avant. Le sous-virage est tel que les pneus de qualif' se détruisent en un demi-tour ! » Chut, si Georges Besse écoutait...
Présentation de l'épreuve
Jean-Marie Balestre rencontre les principaux team managers pour leur parler sécurité et réduction des coûts. Le président de la fédération internationale aimerait diminuer la puissance des moteurs et ralentir la course technologique effrénée dans laquelle se sont lancés les grands motoristes, Ferrari, Renault, Honda, BMW et TAG-Porsche. Les moteurs coûtent de plus en plus cher aux artisans, et c'est là le sens de la polémique soulevée par Guy Ligier. Pour l'heure, Bernie Ecclestone se tait. Mais la FOCA est résolument opposée à une nouvelle réforme réglementaire. Seule Renault serait, selon certains bruits, plutôt favorable à une réduction de la cylindrée, mais sera-t-elle encore en Formule 1 en 1986 ? Au nom de Ferrari, Marco Piccinini balaie l'argument sécuritaire, et affirme que plutôt que d'entraver les recherches des ingénieurs, la FISA devrait plancher sur l'amélioration des circuits et la sécurité passive.
Toleman a engagé Piercarlo Ghinzani pour conduire une seconde Toleman, mais ses débuts sont reportés au GP d'Autriche, faute de pneus Pirelli disponibles. Enzo Osella remplace Ghinzani par le Hollandais Huub Rothengatter qui apporte dans ses bagages quelques centaines de milliers de florins qui permettront à l' « autre » Scuderia de finir la saison.
Chez McLaren, le moteur TAG-Porsche arbore maintenant des turbos KKK symétriques et repositionnés. Les Lotus reçoivent enfin des dispositifs de contrôle de consommation fournis par Renault. De Angelis bénéficie d'une radio embarquée. Du côté d'Alfa Romeo, suivant l'exemple de Cheever à Silverstone, les deux voitures sont des châssis 1984 améliorés. La Toleman est munie d'un nouveau système électronique d'allumage. Les Williams reçoivent de nouveaux embrayages afin de mieux encaisser la phénoménale puissance du moteur Honda. Piquet a signé le meilleur temps lors des essais privés qui se sont déroulés sur le Ring et vise donc la victoire. Les Brabham-BMW sont gréées d'ailerons biplans aux larges dimensions. Zakspeed a retiré son injection électronique trop peu fiable. Enfin, Matin Brundle et Stefan Bellof échangent leurs voitures. Ken Tyrrell confie la 014 à moteur turbo Renault au jeune Allemand, l'Anglais récupérant à son grand déplaisir la vieille 012 à moteur Cosworth.
Le patron de Renault Sport Gérard Toth n'a décidément pas beaucoup d'amis dans le paddock. Samedi matin, une vive altercation l'oppose à Peter Warr, et il faut les séparer avant qu'ils n'en viennent aux mains. On ignore la raison de leur dispute, mais il semblerait que Toth n'ait pas apprécié les déclarations désobligeantes de Senna et de Angelis à l'endroit de Renault après leurs médiocres essais.
Les qualifications
Elles se déroulent sur un coup de dé. Le vendredi, le ciel est très nuageux et l'averse menace. Teo Fabi sort immédiatement et décroche le meilleur temps. Puis la pluie s'abat sur le circuit. Le samedi est aussi une journée arrosée, et du coup le petit Italien obtient la première pole position de sa carrière, la première aussi de l'écurie Toleman et du moteur Hart. Pole chanceuse, mais il faut souligner la qualité du châssis Toleman et des pneus Pirelli bien adaptés aux grandes courbes.
Autre surprise: Johansson se hisse pour la première fois en première ligne, loin devant Alboreto (huitième). Chez McLaren, Prost est troisième et précède à nouveau Lauda (12ème) qui a mal utilisé ses pneus de qualifications. Les Williams-Honda n'ont pas effectué d'essais préliminaires ici et leurs pilotes (Rosberg 4ème, Mansell 10ème) ont pataugé pour trouver les bons réglages en très peu de temps. Senna se classe cinquième malgré un grave problème de pompe à essence qui l'a longtemps immobilisé aux stands. De Angelis (7ème) s'est démené avec un V6 poussif. Les Brabham (Piquet 6ème, Surer 11ème) sont ralenties par un moteur BMW qui manque de souplesse. Patrese se classe neuvième au volant de l'Alfa Romeo 184TB tandis que Cheever (18ème) a encore cassé plein de turbos, aussi bien sur l'ancienne voiture que sur le modèle 85 de secours. Les Ligier-Renault (Laffite 13ème, de Cesaris 14ème) déçoivent, tout comme les Arrows-BMW (Boutsen 15ème, Berger 17ème). Les performances des Renault sont proprement désastreuses: Tambay est 16ème, Warwick 20ème, Hesnault 23ème...
Bellof hisse la Tyrrell-Renault au 19ème rang: « A Silverstone, on était à quatre secondes et demie de la pole, on n'est plus qu'à trois secondes ! » s'exclame le jeune Allemand, débordant d'optimisme. Son collègue Brundle (26ème) rend lui dix secondes pleines au poleman... Les RAM-Hart (Alliot 21ème, Winkelhock 22ème) sont toujours confrontées aux mêmes problèmes avec leurs moteurs. Palmer et Rothengatter occupent l'avant-dernière ligne. Martini s'est qualifié samedi sur le mouillé après avoir été victime vendredi d'un spectaculaire accident après les S. Le pauvre pilote Minardi a été mêlé à tant d'incidents cette saison qu'on le surnomme désormais « Martini on the rocks »...
Ces surprenants essais mettent en avant Teodorico Fabi, Milanais de 30 ans, déjà à moitié chauve, surnommé « Droopy » à cause de son éternel sourire triste. Jusqu'ici Fabi aîné était traité avec un brin de condescendance par les journalistes et même par certains de ses pairs. Il n'a inscrit que neuf points durant sa carrière en F1 mais n'a jamais eu un matériel très au point entre les mains. Outre-Atlantique, il a obtenu la pole position à Indianapolis en 1983. Sa position de ponte est d'une seconde inférieure à celle signée par Piquet en 1984, preuve de son talent. Cette performance révèle les qualités du châssis Toleman concocté par l'excentrique Rory Byrne et son jeune adjoint Pat Symonds. Elle souligne aussi les progrès réalisés par le moteur Hart depuis qu'il a adopté l'injection électronique. Enfin, elle satisfait Benetton qui est depuis quelques mois l'actionnaire majoritaire de l'écurie et envisage d'en prendre intégralement le contrôle pour 1986.
Le Grand Prix
En marge de la course est disputée une sympathique course de karting opposant les épouses et compagnes des pilotes. C'est Mme Surer, la top-modèle Jolanda Egger, qui triomphe devant Mmes. Boutsen et Palmer.
Ce dimanche d'août est gris mais sec. Fabi est violemment sorti de la route samedi sous la pluie et doit donc se rabattre sur son mulet. L'Italien est pessimiste car le temps frais ne devrait pas être favorable aux pneus Pirelli. Il y a fort peu d'alternatives dans le choix des gommes: chez Pirelli et chez Goodyear, on prend des enveloppes tendres.
Départ: Fabi reste scotché à cause de son embrayage et ne s'élance qu'au bout de deux bonnes secondes. Johansson prend l'avantage pour quelques instants, puis Senna et Rosberg abordent en tête le premier virage. Au freinage, Alboreto heurte son équipier à l'arrière-droit. L'Italien continue sans dommage mais le Suédois est aussitôt victime d'une crevaison. Au même endroit, Laffite et de Cesaris entrent en contact. Si le Français poursuit sa route, le Romain renonce avec une barre d'accouplement cassée.
1er tour: Rosberg déborde Senna dans la montée avant la chicane. Le Finlandais mène donc en cette fin de tour devant Senna, Alboreto, de Angelis, Prost, Piquet, Mansell, Fabi, Patrese et Laffite. Johansson entre au stand Ferrari avec son pneu arrière-droit déchapé.
2e: Johansson chausse un nouveau train de pneus et repart dernier... juste devant Rosberg et Senna.
3e: Mansell prend la sixième place à Piquet. Boutsen dépasse Laffite. Alliot est aux stands pour faire rebrancher un fil d'allumage.
4e: Rosberg et Senna s'enfuient au commandement. Le groupe de chasse comprend Alboreto, de Angelis et Prost. Les téléspectateurs peuvent suivre en caméra embarquée la bataille que mène Hesnault contre Palmer pour conserver sa vingtième place.
6e: Rosberg est en tête devant Senna (1.7s.), Alboreto (5s.), de Angelis (5.3s.), Prost (6.1s.) et Mansell (10.2s.). Septième, Piquet peine à résister à Fabi et doit accroître sa pression de suralimentation.
8e: Victime d'une panne de boîte de vitesses, Patrese revient aux stands pour abandonner. Palmer renonce aussi après la rupture d'une courroie d'alternateur.
9e: L'écart entre Rosberg et Senna commence à fondre. Alboreto est sous la menace de de Angelis et Prost. Winkelhock s'arrête dans l'herbe, moteur cassé. Hesnault abandonne aussi, embrayage grillé.
10e: Rosberg est premier devant Senna (1.1s.), Alboreto (7.1s.), de Angelis (7.3s.), Prost (7.9s.), Mansell (12.1s.), Piquet (14.3s.), Fabi (14.7s.), Boutsen (16.2s.), Lauda (18.2s.), Laffite (20.3s.), Cheever (28.1s.), Berger (28.4s.) et Bellof (30.1s.).
11e: Alliot se gare dans l'herbe à côté de son équipier car il n'a plus de pression d'huile.
12e: Senna est revenu à moins d'une seconde de Rosberg qui a perdu de l'adhérence.
14e: Rosberg mène devant Senna (0.8s.), Alboreto (6.7s.), de Angelis (7.4s.), Prost (7.9s.) et Mansell (10.5s.). Suivent Piquet, Fabi, Boutsen et Lauda.
16e: A l'épingle Dunlop, Senna fait l'intérieur à Rosberg et s'empare de la première place. Surer a commis un surrégime au départ et préfère abandonner avant que son moteur explose.
17e: Senna a construit une avance de neuf dixièmes sur Rosberg.
18e: Malgré une voiture instable, Rosberg se maintient dans le sillage de Senna.
19e: Alboreto et de Angelis luttent toujours pour la troisième place sous le regard de Prost. Celui-ci roule prudemment car son moteur coupe par intermittence
20e: Senna devance Rosberg (2.2s.), Alboreto (8.9s.), de Angelis (9.8s.), Prost (10.7s.), Mansell (16.7s.), Piquet (18.6s.), Fabi (19.3s.), Boutsen (19.9s.), Lauda (20.9s.) et Laffite (23.1s.). Tambay part en tête-à-queue dans la dernière courbe et cale. C'est l'abandon. Le Cannois était quatorzième.
22e: Senna précède Rosberg (4.1s.), Alboreto (10.4s.), de Angelis (10.9s.), Prost (11.8s.) et Mansell (16.4s.).
24e: Piquet s'arrête devant l'allée des stands avec un moteur fumant. Il sort de sa voiture et éteint lui même le début d'incendie en arrachant un extincteur des mains d'un commissaire.
25e: Senna a dorénavant sept secondes d'avance sur Rosberg. Se dirige-t-il vers son premier succès sur piste sèche ?
26e: Warwick entre aux stands et abandonne à cause d'une panne d'allumage. Les trois Renault sont hors course.
27e: Senna est au ralenti. Il rejoint les stands et met pied à terre. C'est son quatrième abandon consécutif, cette fois-ci à cause d'un joint de transmission surchauffé. Rosberg récupère la première place.
28e: Rosberg possède une marge de quatre secondes sur le trio Alboreto - de Angelis - Prost. Débarrassé de Piquet, Fabi est maintenant aux trousses de Mansell.
29e: Fabi est contraint de renoncer après une panne d'embrayage. Lauda entre dans les points.
30e: Rosberg est devant Alboreto (4.3s.), de Angelis (4.8s.), Prost (5.4s.), Mansell (12.5s.), Lauda (13.5s.), Boutsen (18.7s.), Laffite (19s.), Berger (50.9s.), Bellof (1m. 04s.) et Johansson (1m. 08s.). Cheever et Rothengatter changent de pneumatiques.
31e: Prost peine à suivre le rythme d'Alboreto et de Angelis. Son moteur manque de souffle à cause d'une canalisation fendue entre un turbo et un échangeur.
32e: Rosberg précède Alboreto (4.6s.), de Angelis (6s.), Prost (6.6s.), Mansell (14.5s.) et Boutsen (18.1s.). Lauda regagne les stands en toute hâte car une de ses roues arrière menace de se détacher. Il redémarre en douzième position avec des pneus neufs.
33e: De Angelis s'aperçoit que son voyant de pression d'huile clignote. Selon toute vraisemblance, son V6 Renault est à l'agonie... Pourtant le pilote Lotus ne baisse pas sa cadence et s'impatiente même derrière Alboreto, visiblement moins rapide que lui. Johansson s'empare de la neuvième place aux dépens de Bellof.
34e: Boutsen et Laffite se bagarrent pour la sixième place. Abandon de Rothengatter, en panne de boîte de vitesses.
35e: Rosberg a monté un pneu B à l'arrière-gauche de sa Williams qui ne lui offre pas une bonne adhérence. Son avance sur le groupe Alboreto - de Angelis - Prost commence à baisser.
37e: Rosberg est leader devant Alboreto (3.3s.), de Angelis (4s.), Prost (4.3s.), Mansell (13.8s.), Boutsen (18.1s.) et Laffite (19s.).
38e: Alboreto et ses deux poursuivants sont revenus à moins de trois secondes de Rosberg.
39e: Laffite prend la sixième place à Boutsen qui a usé ses pneus.
40e: Rosberg n'a plus que deux secondes d'avance sur Alboreto. Bellof s'arrête pour changer de pneus et n'est désormais plus que douzième, derrière Lauda.
41e: Comme il était à craindre, le moteur de de Angelis explose à l'épingle. C'est le premier abandon de la saison pour le jeune Italien.
43e: Alboreto et Prost grignotent leur retard sur Rosberg. Deux secondes les séparent du Finlandais.
44e: Rosberg, Alboreto et Prost sont maintenant regroupés.
45e: Pressé par Prost, Alboreto attaque Rosberg à l'épingle, sans réussite. Prost tente d'en profiter pour dépasser la Ferrari mais n'y parvient pas. Plus loin, Rosberg sort très mal de la chicane et permet à Alboreto de se rapprocher. Celui-ci plonge à l'intérieur de la dernière courbe. Rosberg tasse l'Italien qui escalade le vibreur mais se fraie tout de même un chemin. Le Finlandais vire au large, ouvrant ainsi aussi la voie à Prost.
46e: Johansson dépasse Berger et se retrouve septième. Laffite rattrape Mansell. Cheever abandonne dans l'herbe avec un turbo cassé.
48e: Laffite menace désormais la quatrième place de Mansell.
50e: Alboreto est premier devant Prost (1.4s.), Rosberg (9.5s.), Mansell (18.4s.), Laffite (18.8s.), Boutsen (29s.), Johansson (1m. 06s.), Berger (1m. 11s.), Lauda (-1t.) et Bellof (-1t.).
51e: Neuvième, Lauda est l'homme le plus rapide en piste et remonte vers la zone des points.
52e: Malgré un moteur peu performant et des freins usés, Prost est sur les talons d'Alboreto et semble en mesure de le doubler.
53e: Lauda effectue le tour le plus rapide de la course: 1'22''806'''.
54e: Boutsen s'arrête aux stands pour changer de pneumatiques et repart sans avoir perdu sa sixième place.
56e: Prost aimerait attaquer Alboreto mais ses freins sont très fragiles. La moindre erreur pourrait lui être fatale.
57e: Prost n'est qu'à six dixièmes d'Alboreto. Rosberg rencontre des problèmes de freins et ralentit. Il entre aux stands pour changer de pneus et repart cinquième. Laffite double Mansell et se retrouve troisième. Johansson exécute un tête-à-queue lorsque sa pédale de frein va au plancher. Il peut se relancer mais a perdu toute chance d'inscrire des points.
58e: Dans l'ultime courbe, Prost prend l'aspiration derrière Alboreto, mais ses roues arrière se bloquent et il part en tête-à-queue. Par bonheur, il ne cale pas et redémarre, mais il vient d'abandonner la victoire. Mansell accroît sa pression de turbo et repasse devant Laffite.
59e: Alboreto compte désormais quatorze secondes d'avance sur Prost. Laffite double Mansell sur la ligne de chronométrage. Lauda dépasse Berger.
60e: Mansell reprend la troisième place à Laffite qui cette fois ne pourra pas riposter.
61e: Alboreto est leader devant Prost (20.6s.), Mansell (40.1s.), Laffite (40.5s.), Boutsen (1m. 04s.), Johansson (1m. 22s.), Lauda (-1t.), Berger (-1t.), Bellof (-1t.), Martini (-3t.) et Brundle (-4t.). Rosberg abandonne suite à une fuite d'un joint de frein arrière.
62e: Lauda suit Alboreto qui revient sur Johansson. Celui-ci s'écarte au virage Ford pour laisser passer son équipier et l'Autrichien en profite pour lui subtiliser la sixième place.
63e: Mansell perd peu à peu toute sa pression de suralimentation. Il redevient une cible facile pour Laffite.
64e: A l'abord de l'épingle, Laffite déborde Mansell par l'intérieur et s'empare de nouveau de la troisième place. Désormais dépourvu de freins, Johansson se fait dépasser par Berger.
65e: Mansell est quasi au ralenti. Il tente tout de même de finir la course mais Boutsen le dépasse.
66e: Lauda remonte comme une fusée sur Mansell. Martini tombe en panne d'essence.
67ème et dernier tour: Lauda dépasse Mansell in extremis.
Michele Alboreto remporte sa cinquième victoire, onze secondes devant Prost. Revenu de très loin sur la grille, Laffite obtient son deuxième podium consécutif. Boutsen rapporte une excellente quatrième place pour Arrows. Lauda entre dans les points pour la seconde fois seulement cette saison, suivi par Mansell. Berger, Bellof, Johansson et Brundle sont les autres pilotes à rallier l'arrivée.
Après la course
Le prince de Metternich présente les lauriers à Michele Alboreto. L'Italien a mené une course calme, résistant sans broncher aux assauts de de Angelis puis profitant des ennuis de Senna et de Rosberg. Il sait qui est son véritable rival : « J'ai réfléchi toute la nuit sur la manière de surprendre Prost au départ. J'avais pour idée de le précéder le plus tôt possible pour le contraindre à attaquer. » Il se dirige ensuite vers Stefan Johansson pour s'excuser de l'avoir harponné lors de l'envol: « Tu ne peux pas savoir à quel point je regrette, vraiment... » Le Suédois ne lui en veut pas, mais commence à en avoir assez d'être percuté au départ.
Alain Prost se console en pensant aux six points emmagasinés qui valent mieux qu'un abandon... « Alboreto a fait une belle course. Il a surtout pris un bon départ. Moi, j'ai été gêné par Fabi qui a complètement raté le sien. Ajoutez à cela la quasi-impossibilité de doubler sur un circuit pareil et vous pouvez imaginer la difficulté du jeu. » Lorsque le pilote français regagne son hélicoptère, des tifosi haineux l'insultent et l'interpellent : « Tu ne seras pas champion cette année ! » Prost hausse les épaules. Il a d'autres soucis en tête, et notamment les faiblesses du moteur TAG-Porsche.
Le plus heureux est encore Jacques Laffite qui a mené une course épique ponctuée de superbes passes d'armes avec Thierry Boutsen et Nigel Mansell. « Il n'y a que le vieux pour me faire un truc pareil ! s'exclame Guy Ligier. Il a sauvé l'honneur de mon fournisseur de moteur, vous savez, celui qui me laisse tomber ! » Il est vrai que seuls les Bleus permettent au V6 Renault d'inscrire des points ce week-end. Mais cela, Laffite s'en moque, ravi de pouvoir enfin sabler le champagne. À presque 42 ans, il a retrouvé la fougue de ses plus belles années. Et ce n'est pas fini: « Vous verrez à Zeltweg les mecs, je suis comme chez moi là-bas, même les truites ont peur ! » rigole Jacquot.
La lutte pour le titre mondial se poursuit entre Alboreto (46 pts) et Prost (41 pts). Après son abandon, de Angelis concède maintenant dix-neuf points au pilote Ferrari. Au classement des constructeurs, Ferrari a encore dix-neuf longueurs d'avance sur McLaren.
Tony