La Formule 1 arrive au Canada, première étape d'une longue tournée nord-américaine composée de trois Grands Prix en un mois. Le Grand Prix de Monaco et ses résultats contestés occupent encore toutes les pensées. La FISA a entériné les résultats et la victoire d'Alain Prost tout en blâmant Jacky Ickx pour sa décision d'interrompre la course dans des conditions maladroites.
Ce Grand Prix à Montréal est à nouveau un grand succès populaire et tout le monde loue la gentillesse et le professionnalisme des organisateurs. De plus de nombreuses activités sont proposées aux participants, notamment un match de football opposant les pilotes aux journalistes (victoire 8 à 1 des premiers...) Néanmoins, rien ne dit que cette épreuve sera encore au rendez-vous en 1985. Les exigences financières de Bernie Ecclestone paraissent trop élevées aux autorités locales. « Ecclestone c'est comme le CO2. Il nous empoisonne, mais on ne peut pas vivre sans lui... » susurre un journaliste québécois facétieux.
Les Renault reçoivent de nouveaux échangeurs d'air ainsi qu'un dispositif de réchauffage de l'essence auparavant réfrigérée. Ceci doit permettre de porter le carburant à la température souhaitée. On retrouve ce système sur les Lotus 95T et les Ligier JS23.
Chez Brabham, c'est véritablement la désolation: l'équipe de Bernie Ecclestone affiche un zéro pointé après six courses. Elle a cassé une vingtaine de turbos BMW depuis le début de la saison. Tout le monde constate que Paul Rosche a beaucoup maigri depuis quelques mois... Ces pannes sont dues à des soucis de refroidissement. Gordon Murray essaie de résoudre le problème en installant un radiateur d'huile secondaire dans le museau de la BT53. L'air frais pénètre au-dessus du nez pointu et est dirigé directement vers l'arrière. La carrosserie a aussi été retouchée au niveau des pontons et du capot-moteur. De manière plus anecdotique, Corrado Fabi tient toujours le volant de la deuxième voiture en l'absence de son grand frère Teo.
Patrick Head planche sur une Williams FW10 tout en carbone, mais voici la FW9B dévolue à Keke Rosberg. Ce bolide possède une voie plus large, une suspension arrière corrigée et une aérodynamique rappelant curieusement la McLaren MP4/2. La carrosserie est « pincée » sur le train postérieur pour mieux écouler l'air et éviter les perturbations provoquées par la rotation des roues.
Cela va mal chez ATS : à Monaco Manfred Winkelhock a démoli l'A6 qui lui servait de mulet. Il devra disputer les trois épreuves nord-américaines avec la seule A7. Günther Schmidt, plus irritable que jamais, s'est emparé de la direction technique. L'ambiance au sein de l'équipe allemande est étouffante. « Je pourrais en écrire moi-même un best-seller... » soupire Winkelhock.
La crise couve aussi chez Euroracing où l'on se bat pour réduire la consommation du très gourmand V8 Alfa Romeo. L'avenir paraît sombre et il se murmure que la firme milanaise pourrait arrêter les frais en fin de saison. En attendant, elle a décidé de se passer des services de Carlo Chiti, dont la faconde n'avait d'égal que l'incompétence. Il est remplacé à la direction technique par Giovanni Tonti, un ingénieur en provenance de Lancia.
Chez Arrows, Thierry Boutsen conduit à nouveau l'A7 BMW dont l'empattement a été réduit. Dave Wass a découpé l'arrière de la carrosserie pour mieux refroidir le quatre cylindres allemand. Enfin Dave Kelly a corrigé l'aérodynamique des RAM 02 en abaissant le capot-moteur.
La course se déroule le même week-end que les 24 heures du Mans. Certains pilotes, retenus dans la Sarthe, ne peuvent effectuer le déplacement. C'est le cas de Jonathan Palmer qui laisse son baquet chez RAM à un revenant, Mike Thackwell, déjà aperçu en 1980 chez Tyrrell et actuel leader du championnat d'Europe de F2. Chez Spirit, Mauro Baldi abandonne son volant au Néerlandais Huub Rothengatter, soutenu par Marlboro et quelques sponsors hollandais dont le circuit de Zandvoort. Cet engagement laisse dubitatif car Rothengatter n'a pas mis les pieds dans une monoplace depuis quelques courses de F2 en 1981 ! Ne doutant de rien, l'impétrant espère prendre définitivement la place de Baldi : « La moindre contribution financière sera la bienvenue... » glisse-t-il au journaliste Patrick Camus.
Samedi après-midi, l'ombrageux Michele Alboreto se prend le bec avec le journaliste italien Eugenio Zigliotto qui a commis un article critiquant son exil fiscal en Suisse. Les deux hommes en viennent aux mains, et le plumitif expédie un direct dans la figure d'Alboreto ! Les badauds empêchent celui-ci, la lèvre en sang mais toujours désireux d'en découdre, de riposter...
A ce jour, Enzo Ferrari a gardé le mutisme le plus absolu sur ses intentions pour 1985. La nouvelle popularité de Michele Alboreto de l'autre côté des Alpes excite les ambitions de deux pilotes italiens, Andrea de Cesaris et Elio de Angelis, ouvertement candidats à un volant chez les Rouges. Marco Piccinini ne dément pas les rumeurs, mettant ainsi une certaine pression sur les épaules de René Arnoux.
Les qualifications
Blessé au péroné à Monaco, Patrick Tambay décide malgré tout faire le déplacement à Montréal après quelques intenses séances de physiothérapie. Mais après trois petits tours d'essais le vendredi, il ressent de si fortes douleurs à la jambe gauche qu'il décide sagement de déclarer forfait : « Il me manque quelques séances. Si je ne suis pas à 100 % de mes moyens, il est inutile de penser à quoique ce soit d'autre qu'à finir mon traitement. » Gérard Larrousse aurait pu alors faire appel au pilote d'essais Philippe Streiff, mais celui-ci se trouvant au Mans, seul Derek Warwick porte les couleurs de Renault ce week-end.
La lutte pour la pole position oppose Prost à Piquet. Le Français est le plus rapide le vendredi, mais il casse un moteur le lendemain, laissant la place à la corde à un Piquet très valeureux. Le Brésilien améliore de trois secondes la pole d'Arnoux en 1983, et redonne de l'espoir à l'équipe Brabham, bien que son collègue Fabi cadet ne soit que seizième. Lauda se contente du huitième rang après avoir essentiellement tourné sur le mulet. Bonnes performances des Lotus : de Angelis est troisième, Mansell septième. Toutefois la fiabilité des V6 Renault laisse à désirer, chez les Anglais comme au sein de l'équipe d'usine. Pas moins de onze moteurs sont cassés les vendredi et samedi. Ainsi, après avoir rencontré de gros soucis de tenue de route et changé trois fois de voiture, Warwick place la Renault RE50 au quatrième rang. Les Ferrari sont toujours aussi rétives : Arnoux et Alboreto peuplent la troisième ligne.
Sur sa lancée de Monaco, Senna décroche une superbe neuvième place sur ce tracé qu'il découvrait. Le pauvre Cecotto est en revanche de plus en plus démotivé : il n'est que vingtième, à quatre secondes de son équipier... Les Ligier-Renault (de Cesaris 10ème, Hesnault 13ème) se comportent plutôt bien malgré des soucis de turbos. Les Alfa Romeo (Cheever 11ème, Patrese (14ème) sont dans le ventre mou. Accablé de pannes sur son seul et unique engin, Winkelhock peut s'estimer heureux de sa douzième position. Chez Williams, la version « B » de la FW9 n'a pas fait long feu. La tenue de route des voitures blanches et vertes est toujours aussi désastreuse. Rosberg (15ème) et Laffite (17ème) sont très désappointés. Boutsen se classe au dix-huitième rang avec son Arrows-BMW. Son compère Surer est vingt-troisième. Ghinzani est 19ème au volant de l'Osella-Alfa. Les Tyrrell (Brundle, encore souffrant de accident monégasque, 21ème, Bellof 22ème) devancent les turbos Hart de Rothengatter, Thackwell et Alliot.
Le Grand Prix
Un grand soleil illumine l'île Notre-Dame ce 17 juin 1984. Les Ferrari sont les plus véloces lors de l'échauffement. Nouveau contretemps chez Lotus : il faut monter en hâte un moteur neuf sur la 95T de Mansell. « Pour bien faire, il faudrait aussi changer celui de de Angelis, mais c'est impensable, car nous n'aurions plus assez pour Détroit... » soupire Gérard Ducarouge.
Départ: Piquet prend un envol moyen et se fait doubler par Prost puis attaquer par la Lotus de de Angelis et les deux Ferrari. Il parvient finalement à contenir celles-ci.
1er tour: Piquet reprend l'avantage sur Prost au virage n°9. Le Français se rend compte que son moteur « tire » mal. Alboreto double de Angelis à l'épingle du Casino, puis le pilote Lotus est dépassé par Arnoux. Piquet mène donc devant Prost, Alboreto, Arnoux, de Angelis, Warwick, Mansell, Lauda, Senna et de Cesaris.
2e: Piquet a une seconde d'avance sur Prost. Lauda puis Senna doublent Mansell.
3e: Piquet mène devant Prost (1.5s.), Alboreto (3.8s.), Arnoux (4.2s.), de Angelis (7s.), Warwick (8.5s.), Lauda (9s.) et Senna (10s.). De Cesaris prend la neuvième place à Mansell.
4e: Piquet ménage ses freins en carbone. Prost et les Ferrari gardent le contact avec lui. Lauda double Warwick.
5e: Piquet, Prost, Alboreto et Arnoux roulent en peloton. Lauda est le grand animateur de ce début de course: il prend la cinquième place à de Angelis.
7e: Lauda grignote son retard sur le quatuor de tête. Warwick menace de Angelis.
8e: Piquet porte son avance sur Prost à deux secondes. Le Français subit une forte pression de la part d'Alboreto. Arnoux est sur les talons de son équipier. Hesnault entre à son stand pour renoncer, en panne de turbo.
9e: Warwick attaque de Angelis qui change plusieurs fois de trajectoire pour conserver sa position.
10e : Piquet est en tête devant Prost (2s.), Alboreto (2.5s.), Arnoux (3.8s.), Lauda (13s.), de Angelis (22.6s.), Warwick (22.8s.), Senna (27.7s.), de Cesaris (35.5s.), Mansell (32.7s.), Cheever (34.3s.), Rosberg (34.4s.) et Winkelhock (37.7s., privé d'embrayage).
11e: Le moteur d'Alboreto tombe en panne à cause d'un circuit d'alimentation défaillant. L'Italien stoppe dans le gazon et libère Prost d'un poids important. Rosberg déborde Cheever.
12e: Piquet devance Prost (2s.), Arnoux (3s.), Lauda (13s.), de Angelis (22s.) et Warwick (23s.). Ghinzani abandonne avec une boîte de vitesses bloquée.
13e: Prost se rapproche de Piquet et sème Arnoux. Warwick déborde de Angelis sur la ligne de chronométrage puis se rabat autoritairement devant la Lotus dans la première courbe. Mansell puis Rosberg doublent de Cesaris.
14e: Arnoux entre aux stands pour changer de pneus (9.6s.). Les gommes tendres qu'il avait choisies sont déjà usées. Il ressort septième juste derrière Senna.
15e : Rosberg exécute une brillante remontée et dépossède Mansell de la huitième place. Le Finlandais se déchaîne au volant d'une Williams pourtant équipée des pneus les durs qu'ils soient.
16e: Une seconde d'écart entre Piquet et Prost. Redoutant une énième défaillance de son turbo BMW, Piquet conduit prudemment. Arnoux menace Senna pour la sixième place.
18e: Deux secondes entre Piquet et Prost. Avantagé par ses pneus neufs, Arnoux prend la sixième place à Senna. Rosberg se rapproche de ces deux pilotes.
19e: Rosberg double Senna.
20e: Piquet précède Prost (2s.), Lauda (13s.), Warwick (37s.), de Angelis (41s.), Arnoux (45s.), Rosberg (48s.), Senna (50s.) et Mansell (51s.). Plus loin, de Cesaris et Cheever s'expliquent sévèrement avec Bellof à leurs trousses.
22e: Arnoux est le plus rapide en piste. Le voici revenu derrière de Angelis. Rothengatter roule cahin-caha avec une boîte à moitié cassée. Il s'arrête au stand Spirit.
23e: Arnoux prend la cinquième place à de Angelis à l'épingle du Casino.
24e: Piquet et Prost sont empêtrés dans un gros peloton de retardataires comprenant C. Fabi, Boutsen, Cecotto, Patrese et Brundle.
25e: Toujours deux secondes d'écart entre Piquet et Prost. Lauda n'est plus qu'à dix secondes du pilote Brabham. Arnoux est désormais à la poursuite de Warwick.
26e: Piquet a mieux géré le trafic que Prost. Lauda est derrière le « groupe Fabi » et a désormais son équipier en point de mire.
27e: Prost est gêné par Fabi. Arnoux double Warwick à l'épingle.
28e: Lauda s'est défait des retardataires. Mansell prend la huitième place à Senna. Cheever a semé de Cesaris, désormais attaqué par Bellof et Laffite.
30e: Piquet est leader devant Prost (4.5s.), Lauda (10.4s.), Arnoux (45.6s.), Warwick (49.5s.), de Angelis (58.8s.), Rosberg (1m. 01s.), Mansell (1m. 06s.), Senna (1m. 10s.) et Cheever (1m. 19s.).
31e: Thackwell renonce par la faute d'une panne de turbo. Il occupait la vingt-et-unième position.
32e: Lauda est très rapide et rattrape Prost. Le turbo Honda de Laffite rend l'âme et contraint le Français à quitter la course.
33e: La course est finie pour les hommes de Frank Williams: Rosberg subit une panne de pompe à essence et rejoint Laffite sur la liste des abandons. Rothengatter reprend la piste avec plus de dix tours de retard.
34e: Lauda est revenu à quatre secondes de Prost, aux prises avec un moteur de plus en plus mou. De Cesaris est aux stands pour changer de pneus: il chute du dixième au dix-septième rang.
35e : Piquet n'est guère tranquille. En effet, la chaleur évacuée par le nouveau radiateur d'huile situé dans le nez de la Brabham communique une très forte chaleur au pédalier, placé juste derrière. Les bottines du Brésilien se consument peu à peu, ce qui le fait beaucoup souffrir
36e: Deux secondes d'intervalle entre Piquet et Prost. Lauda est à sept secondes du leader. En lutte pour la neuvième place, Bellof rate son freinage à l'épingle et évite de peu d'accrocher Cheever.
38e: Piquet maintient son avance sur Prost. Lauda s'est encore rapproché de son équipier. Mansell menace de Angelis. Le Romain bouchonne sans vergogne son équipier, pourtant bien plus rapide.
39e: Suite à un choc avec Arnoux, Patrese tape le rail par l'avant. L'Italien s'extirpe sans mal de son Alfa Romeo détruite. Fabi s'arrête aux stands pour changer de pneus.
40e: Lauda n'est plus qu'à trois secondes de Prost. Boutsen tombe en panne de moteur et s'arrête dans l'herbe.
41e: Mansell attaque de Angelis à l'épingle, sans succès. C'est l'abandon pour C. Fabi dont le turbo est en panne.
42e: Lauda est juste derrière Prost. Mansell s'impose enfin face à de Angelis. Cheever double Senna. De Cesaris revient privé de freins au garage Ligier.
44e: Piquet prend un tour aux deux Lotus. Lauda parvient à surprendre Prost et s'empare de la deuxième place.
45e: Dans le grand S qui conduit à l'épingle sud, de Angelis sort de la route et part dans la poussière. Il revient en piste assez imprudemment et oblige Lauda à mettre deux roues dans les graviers pour éviter un contact.
47e: Piquet précède Lauda (7s.), Prost (8s.), Arnoux (1m. 05s.), Warwick (1m. 13s.), Mansell (-1t.), de Angelis (-1t.), Cheever (-1t.) et Bellof (-1t.).
48e: Lauda est gêné par Mansell et le dépasse à grand-peine.
50e: Six secondes entre Piquet et Lauda. Prost sélectionne difficilement son quatrième rapport et doit ménager ses freins. Il concède quinze secondes à Piquet. Arnoux perd de la puissance à cause d'un échappement cassé: il baisse le rythme et doit abandonner la quatrième place à Warwick qui le double à l'épingle.
52e : Prost rend maintenant près de vingt secondes à Piquet. Warwick se rend compte que sa tenue de route se dégrade sérieusement. Mansell rattrape Arnoux.
53e: Mansell double Arnoux qui a beaucoup levé le pied.
54e : L'écart est stable entre Piquet et Lauda, tandis que Prost lâche complètement prise. Bellof s'arrête brièvement aux stands.
55e: Piquet réalise le meilleur tour en course: 1'28''763'''. Bellof est arrêté sur un bas-côté avec un demi-arbre de roue brisé. Son équipier Brundle est au stand Tyrrell pour changer de pneus et lester sa voiture.
56e: Soupçonnant une crevaison lente d'être à l'origine de sa mauvaise tenue de route, Warwick s'arrête chez Renault pour changer ses pneus. Il redémarre en huitième position.
57e: Mansell a perdu l'usage de son second rapport. Quant à Arnoux, une consommation excessive le contraint à sérieusement décélérer.
58e: Arnoux se fait dépasser par de Angelis et Cheever.
59e: L'écart est de huit secondes entre Piquet et Lauda. Warwick est de retour aux stands pour faire vérifier sa suspension. Il s'arrête vingt secondes et repart.
60e: Piquet est premier devant Lauda (7.5s.), Prost (47.8s.), Mansell (-1t.), de Angelis (-1t.), Cheever (-1t.), Arnoux (-1t.), Senna (-2t.), Winkelhock (-2t.) et Brundle (-2t.). Warwick revient à son stand et cette-fois-ci il doit mettre pied à terre. Déséquilibrée dans ses appuis, sa Renault a en fait perdu son carénage inférieur.
61e: Mansell ne peut plus sélectionner ses rapports de boîte. Cheever et de Angelis lui passent devant. Surer abandonne en panne de moteur.
63e: Piquet souffre le martyr à cause de la chaleur qui lui brûle les pieds. Il envisage à chaque tour d'abandonner avant de se raviser. Lauda remonte sur lui. Prost a énormément ralenti et compte maintenant près d'une minute de retard sur les deux leaders.
65e: Quatre secondes entre Piquet et Lauda. Cheever est contraint de s'arrêter sur le bord de la piste car il n'a plus d'essence dans son réservoir. Une grosse erreur de calcul de l'équipe Alfa Romeo qui lui coûte deux points.
66e: Mansell est de retour à la cinquième place mais demeure sous la menace d'Arnoux qui, s'il doit ménager sa consommation, possède au moins une boîte de vitesses en état de marche...
67e : Piquet devance Lauda (3.8s.), Prost (1m. 10s.), de Angelis (-1t.), Mansell (-2t.), Arnoux (-2t.), Senna (-2t.) et Winkelhock (-2t.).
68e: Lauda est revenu à trois secondes de Piquet. Le Brésilien va-t-il tenir jusqu'au bout ?
69e: Lauda a encore gagné une seconde par rapport à Piquet.
70e: Nelson Piquet tient bon, remporte sa première victoire de la saison... et ouvre enfin son compteur de points ! Lauda échoue au deuxième rang devant Prost. De Angelis termine quatrième. Dans les derniers mètres, Arnoux surprend Mansell et lui chipe la cinquième place. L'Anglais doit se contenter du sixième rang mais peut s'estimer heureux d'être à l'arrivée. Quant à Arnoux, il tombe en panne sèche quelques mètres après la ligne ! Senna finit septième et précède Winkelhock qui rallie l'arrivée pour la première fois de l'année. Brundle, Cecotto et Alliot sont les autres pilotes classés. Rothengatter termine à quatorze tours du vainqueur.
Après la course
En sortant de sa voiture, Piquet boitille du pied droit, le visage révulsé. Son chef mécanicien Charlie Whiting lui retire sa bottine avec empressement et découvre une vilaine cloque sous le pied du Brésilien, à moitié évanoui sous le coup de la douleur. Sommairement pansé, Piquet peut cependant apparaître sur le podium en compagnie de ses amis Lauda et Prost. « Au niveau du pédalier, c'était une véritable fournaise, raconte Nelson. C'est vite devenu insupportable. Mon pied droit s'est mis à enfler et à me faire terriblement souffrir. A tel point que je criais ma douleur à chaque fois que je passais devant les stands. » Son compatriote Ayrton Senna n'est pas en meilleure posture : victime d'une profonde déshydratation, le frêle Pauliste reste en observation durant quelques heures à l'infirmerie.
Ce succès de la Brabham-BMW à la régulière relance l'intérêt du championnat. Les McLaren-TAG-Porsche auraient-elles enfin trouvé un adversaire à leur mesure ? En outre, ce podium est un triplé Michelin. La firme clermontoise a remporté six des sept premières courses de championnat du monde.
Peu de changement aux classements: Prost compte une solide marge de 8,5 points sur Lauda. Chez les constructeurs McLaren possède plus de trente points d'avance sur Ferrari, tandis que Brabham a enfin inscrit ses premières unités. Lotus prend la troisième place à Renault.
Classements (avant la disqualification des Tyrrell):
| Pilotes | |
| Constructeurs | |
1. | Prost | 32.5 pts | 1. | McLaren-TAG-Porsche | 56.5 pts |
2. | Lauda | 24 pts | 2. | Ferrari | 25.5 pts |
3. | Arnoux | 16.5 pts | 3. | Lotus-Renault | 20.5 pts |
4. | de Angelis | 15.5 pts | 4. | Renault | 20 pts |
5. | Warwick | 13 pts | 5. | Williams-Honda | 11 pts |
6. | Rosberg | 11 pts | 6. | Brabham-BMW | 9 pts |
7. | Alboreto | 9 pts | 7. | Tyrrell-Ford-Cosworth | 7 pts |
8. | Piquet | 9 pts | 8. | Alfa Romeo | 6 pts |
9. | Tambay | 7 pts | 9. | Toleman-Hart | 4 pts |
10. | Bellof | 5 pts | 10. | Ligier-Renault | 2 pts |
11. | Mansell | 5 pts | 11. | Arrows-Ford-Cosworth | 1 pt |
12. | Senna | 4 pts |
13. | Patrese | 3 pts |
14. | Cheever | 2 pts |
15. | Brundle | 2 pts |
16. | de Cesaris | 2 pts |
17. | Boutsen | 1 pt |
Tony