Eddie CHEEVER
 E.CHEEVER
Renault
René ARNOUX
 R.ARNOUX
Ferrari
Patrick TAMBAY
 P.TAMBAY
Ferrari

381o Gran Premio

XXII Grand Prix du Canada
Piena di sole
Montréal
domenica 12 giugno 1983
70 giri x 4.410 km - 308.700 km
Affiche
F1
Coupe

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Veto mitterrandien au Grand Prix de Paris

Le faramineux projet du Grand Prix de Paris imaginé par Bernard Giroux semble en voie d'être validé par la FISA et la FFSA. Dans le paddock de Montréal son promoteur Jean-Pierre Jabouille affiche son optimisme et affirme que les Formules 1 débouleront sur les Champs-Élysées en août 1984. Hélas, il devra déchanter à son retour en Europe : les ministres de la Culture et de l'Environnement Jack Lang et Huguette Bouchardeau refusent de signer les dérogations nécessaires. Le président Mitterrand était de toute façon hostile à cette idée.

 

Le Grand Prix de Paris n'existera que dans la fiction, puisque le dessinateur Jean Graton en tirera un album de la célèbre série de bande dessinée Michel Vaillant.

 

Arnoux et Prost, deux Tricolores dans le doute

C'est un René Arnoux très amer et avide de revanche qui arrive au Québec. A Détroit, il tenait la victoire jusqu'à ce qu'un fil électrique sectionné le coupe dans son élan. Une des plus grosses déceptions de sa carrière. En outre, il ne totalise que huit points au championnat du monde contre vingt-trois à son équipier et rival Patrick Tambay. Arnoux est attentif aux bruits qui courent au-delà des Alpes. Contrairement à ses habitudes, Enzo Ferrari n'a pas révélé ses intentions pour la saison suivante lors du Grand Prix de Monaco. L'un des deux Français de la Scuderia pourrait être menacé par l'émergence de Michele Alboreto, le vainqueur de Détroit, nouveau chouchou de la presse italienne. Celui-ci a été discrètement approché par des hommes de Maranello...

 

Le leader du championnat Alain Prost revient de deux jours d'escapade en pleine nature avec son ami Jacques Laffite. Revigoré physiquement, le Forézien n'a toutefois pas digéré sa mauvaise course dans le Michigan. « Notre stratégie 83 est de terminer les courses, de privilégier autant la fiabilité que la rapidité. Je laisse stupidement filer les points. A quoi ça sert alors de finir comme à Détroit si je ne marque rien ? » En parallèle, Prost commence à discuter avec Renault de la prolongation de son contrat pour 1984. Son intermédiaire est Xavier Richard, employé de l'International Management Group, l'organisme de Mark H. McCormack qui gère les carrières de nombreux sportifs, dont Prost. Paul Lufkin, un autre affidé de McCormack, propose même au pilote français et à son équipe de participer aux 500 Miles d'Indianapolis l'année suivante.

 

Présentation de l'épreuve

La FISA et la FOCA ont annulé le Grand Prix de Suisse de Dijon-Prenois ainsi que le Grand Prix de New-York, tous deux prévus en fin de saison. Il fallait trouver une course de secours, et finalement la FISA a attribué le Grand Prix d'Europe au circuit de Brands-Hatch pour le 25 septembre.

 

Un an après sa mort, le souvenir de Gilles Villeneuve est toujours très ancré dans les mémoires. Aussi est-ce avec enthousiasme que les Québécois voient Jacques Villeneuve, le frère cadet du héros disparu, tenter de nouveau sa chance au départ d'un Grand Prix. Moyennant 65 000 dollars, il a acheté à John Macdonald le baquet de la RAM-March, pour une seule épreuve. Ses chances de qualification sont maigres vue la piètre qualité de sa voiture. Mais Villeneuve a parcouru quelques tours de roue à Mosport pour se familiariser avec elle.

 

C'est un John Watson tout faraud qui se promène dans l'allée des stands. La reine Élisabeth II vient de le nommer membre de l'Ordre de l'Empire britannique, une récompense de prestige. « Wattie » n'atteint cependant pas le rang de Jack Brabham, qui lui est « officier » de l'Ordre depuis 1979, et a donc doit au titre de « Sir ».

 

Quelques modifications techniques. Alfa Romeo découpe son capot-moteur pour mieux refroidir son turbo. Les Brabham-BMW arborent un nouveau type de capot-moteur, laissant une place plus importante au travail de l'aileron. Les profils déporteurs intérieurs sont encore plus courts et s'arrêtent devant la suspension arrière. L'aileron arrière des Ferrari 126 C2B, dont ce devrait être la dernière course, possède ici trois volets contre quatre à Détroit. Les RAM ont été quelque peu modifiées depuis Spa, avec notamment des ailerons de type Williams. Enfin Guy Ligier a annoncé que la suspension oléopneumatique des JS21, trop compliquée à utiliser, serait abandonnée après cette course.

 

Les qualifications

Les Ferrari dominent les séances d'essais. Arnoux s'octroie une nouvelle fois la pole position sans difficulté. Faute de pression, il s'amuse aussi à bouchonner Cheever et de Angelis qui s'en plaindront amèrement. Tambay a cassé un turbo et se contente du quatrième rang. Prost partira en première ligne et précède Piquet de justesse. Les comparses Patrese et Cheever se partagent la troisième ligne. Winkelhock a choisi la nouvelle configuration de son ATS-BMW et ne s'en plaint pas puisqu'il se place au septième rang, à néanmoins plus de deux secondes d'Arnoux. De Cesaris hisse son Alfa Romeo en huitième position tandis que Baldi, semble-t-il laissé pour compte par son équipe, est vingt-sixième et dernier.

 

Les Williams (Rosberg 9ème, Laffite 13ème) se comportent mieux qu'à Détroit malgré un sous-virage toujours vif. Chez Toleman-Hart Giacomelli (10ème) devance pour une fois Warwick (12ème). Des problèmes de traction frappent les Lotus de de Angelis (11ème) et de Mansell (18ème). Les Arrows de Surer (14ème) et de Boutsen (15ème) se comportent bien. Jarier a travaillé dur pour améliorer la Ligier et obtient une convenable seizième place. Boesel n'est que vingt-quatrième. Alboreto (17ème) a cassé le DFY amélioré au volant d'une Tyrrell instable. Sullivan (22ème) continue de végéter. Les McLaren (Lauda 19ème, Watson 20ème) sont toujours aussi dépourvues d'adhérence. Les Theodore (Guerrero 21ème, Cecotto 23ème) ne brillent pas ici. Fabi (25ème) qualifie l'Osella-Ford tandis que Ghinzani est éliminé avec l'Osella-Alfa. Enfin, malgré tous ses efforts, Jacques Villeneuve manque la qualification pour quatre dixièmes de seconde.

 

Le Grand Prix

Lors du warm-up, les mécaniciens de Ferrari doivent changer le moteur d'Arnoux. La Scuderia équipe Arnoux et Tambay de pneus Goodyear tendres de type « C », en espérant que les larges ailerons des 126 empêcheront celles-ci de glisser et donc d'user avec excès leurs gommes. Un grand soleil inonde l'Île Notre-Dame ce 12 juin 1983. Cependant le déroulement des événements est contrarié par une gigantesque panne de courant qui frappe Montréal en début d'après-midi. La course débute ainsi avec 40 minutes de retard sur l'horaire prévu.

 

Départ: Arnoux prend un bon envol, suivi par Prost. Patrese jaillit depuis la troisième ligne et se place devant son équipier Piquet. Viennent ensuite Tambay et Cheever. Victime d'un souci technique, Surer part dans l'herbe pour éviter de se faire accrocher.

 

1er tour: Patrese déborde Prost à la première chicane. Arnoux mène devant Patrese, Prost, Piquet, Tambay, Cheever, de Cesaris, Giacomelli, Winkelhock et Rosberg. Jarier a perdu l'usage de ses vitesses tandis que Surer regagne les stands cahin-caha car une flasque s'est brisée entre le différentiel et le cardan de son Arrows. Ils abandonnent tous les deux.

 

2e: Prost et Piquet mettent la pression sur Patrese. De Angelis regagne son stand avec une tringlerie d'accélérateur grippée.

 

3e: Rosberg prend la neuvième place à Winkelhock.

 

4e: Patrese est menacé par Prost, mais le Français doit aussi surveiller Piquet dans ses rétroviseurs.

 

5e: Piquet surprend Prost dont le moteur manque d'allant, et s'empare ainsi du troisième rang. Tambay vient aussitôt menacer le pilote Renault. Giacomelli perd trois places aux profits de Rosberg, Winkelhock et Laffite.

 

6e: Arnoux mène devant Patrese (2.8s.), Piquet (3.9s.), Prost (5s.), Tambay (6s.), Cheever (6.5s.), de Cesaris (12s.) et Rosberg (12.4s.). De Angelis reprend la piste pour seulement un tour avant d'abandonner. Son équipier Mansell arrive aux stands afin de changer ses pneumatiques. Il juge sa 92 inconduisible.

 

7e: Rosberg est en bagarre avec de Cesaris pour le gain de la septième place. Un peu plus loin, Laffite menace Winkelhock.

 

8e: Rosberg attaque de Cesaris à chaque virage, mais ne peut jamais se déporter dans les lignes droites car le moteur turbo Alfa Romeo est le plus rapide. Toutefois celui-ci perd aussi du régime en surchauffant. Giacomelli se fait doubler par Warwick et Watson.

 

9e: A l'épingle du Casino, Rosberg évite de percuter de Cesaris, qui lui « claque » la porte au nez.

 

10e: Arnoux accroît son avance et précède Patrese (4s.), Piquet (5s.), Prost (6.5s.), Tambay (7.8s.) et Cheever (8.5s.). Suivent très distancés de Cesaris, Rosberg, Winkelhock, Laffite, Warwick et Watson.

 

11e: A l'épingle, Rosberg attaque de Cesaris par l'intérieur. Comme souvent, l'Italien ne s'intéresse pas à ce qu'il se passe derrière lui et les deux voitures se touchent, la Williams escaladant légèrement l'arrière de l'Alfa. Rosberg peut repartir mais se fait déborder à sa gauche par Winkelhock, à sa droite par Laffite. Le Français et l'Allemand vont franchir la ligne droite suivante côte à côte. Laffite finit par s'imposer. Watson dépasse Warwick.

 

12e: Tambay dépasse Prost par l'extérieur peu avant l'épingle. Plus loin, Winkelhock repasse Laffite. Surpris par un freinage de Giacomelli, Lauda part en tête-à-queue et ne peut pas repartir, moteur calé. Le double champion du monde était quinzième.

 

13e: Arnoux continue de s'échapper. Prost est désormais attaqué par Cheever. Les pneus arrière du Français se dégradent. Tambay part à la poursuite des Brabham.

 

14e: Cheever attaque Prost à la première chicane, sans succès. Finalement, en toute fin de tour, Prost laisse passer son équipier. Rosberg prend la huitième place à Laffite.

 

15e: Arnoux devance Patrese (9s.), Piquet (11s.), Tambay (12s.), Cheever (17s.) et Prost (19s.). Winkelhock prend la septième place à de Cesaris. Rosberg et Laffite sont juste derrière le jeune Italien.

 

16e: Piquet rentre à son stand à faible allure : son câble d'accélérateur vient de se rompre. Le Brésilien met pied à terre. Tambay récupère la troisième place. Rosberg parvient enfin à dépasser de Cesaris à l'épingle.

 

17e: Tambay tente de menacer Patrese. Rosberg attaque Winkelhock. A l'épingle du Casino, Laffite s'impose face à de Cesaris. Sullivan s'arrête chez Tyrrell pour réparer l'attache de son aileron arrière.

 

18e: Rosberg prend la sixième place à Winkelhock. Cecotto revient aux stands à très faible allure avec un couple conique cassé et abandonne

 

19e: Winkelhock s'arrête au stand ATS pour ravitailler en essence et changer de pneus. Il repart en quinzième position.

 

20e: Second changement de pneus et ravitaillement pour Mansell qui vivote à la dernière place.

 

21e: Arnoux a douze secondes d'avance sur Patrese, lequel est menacé par Tambay.

 

23e : Arnoux commence à perdre du temps car des cloques se forment sur ses pneus tendres. Il précède Patrese (7s.), Tambay (9s.), Cheever (13s.), Prost (21s.), Rosberg (59s.), Laffite (1m. 01s.), de Cesaris (1m. 04s.) et Watson (1m. 12s.).

 

25e: Tambay tente de doubler Patrese dans une chicane mais sent son moteur bafouiller. Il doit lever le pied, laisse filer l'Italien et voit Cheever revenir. Passage aux stands de Fabi.

 

27e: Arnoux précède Patrese (8s.), Tambay (9s.), Cheever (13s.) et Prost (24s.). Fabi rentre à son garage en panne de moteur.

 

28e: Cheever est maintenant juste derrière Tambay dont le moteur continue de bafouiller. Le moteur italien est victime de « vapor-lock ». Guerrero renonce suite à une avarie de son moteur. Les deux Theodore sont hors course.

 

29e: Cheever double Tambay et le sème rapidement. Le Cannois est très lent.

 

30e: Arnoux mène devant Patrese (9s.), Cheever (12s.) Tambay (21s.), Prost (27s.), Rosberg (1m. 04s.) et Laffite (1m. 05s.). Suivent de Cesaris, Watson et Warwick.

 

31e: Watson prend la huitième place à de Cesaris. Mansell s'arrête encore à son stand pour changer de gommes. Les Pirelli utilisés par Lotus ont un comportement catastrophique sur cette course.

 

32e: Patrese se rapproche à huit secondes d'Arnoux mais est bientôt gêné par du trafic. Tambay se souvient de l'existence dans son cockpit d'une manette servant à purger le système d'alimentation en cas d'ébullition. Il l'actionne et miracle : le moteur cesse de bafouiller. Il peut de nouveau rouler pleins gaz !

 

33e: Prost et de Cesaris entrent aux stands pour ravitailler et changer de pneus. Le Français ne perd aucune place tandis que l'Italien redémarre en douzième position. Boesel change aussi de pneus.

 

34e: Laffite s'arrête chez Williams (13.5s.) et reprend la piste sans avoir perdu sa septième place. Ravitaillement de Warwick qui repart derrière de Cesaris.

 

35e: Arnoux s'arrête chez Ferrari pour effectuer un ravitaillement sans histoire. Il chausse des Goodyear B plus durs que les C, trop friables. Il repart en quatrième position, laissant le commandement de l'épreuve à Patrese.

 

37e: Patrese possède dix secondes de marge sur Tambay. Cheever stoppe au stand Renault pour ravitailler (14.1s.). Il ressort quatrième, loin devant Prost. Ravitaillement aussi pour Rosberg qui ne perd aucune position et demeure sixième. Boesel abandonne après la rupture d'un roulement de moyeu.

 

38e: Patrese s'engouffre dans les stands. Son arrêt est très rapide (12s.), mais il repart tout de même loin derrière Arnoux. Tambay est le nouveau leader. Mansell change pour la quatrième fois de pneus.

 

39e: Laffite perd l'usage de sa troisième vitesse et doit abandonner. Tambay s'arrête pour ravitailler (15s.) et repart en quatrième position. Arnoux est de retour en tête. Giacomelli observe son ravitaillement.

 

40e: Arnoux mène devant Patrese (11.8s.), Cheever (17.8s.), Tambay (24.8s.), Prost (47.9s.), Rosberg (1m. 14s.), Watson (-1t.) Boutsen (-1t.), Alboreto (-1t.) et de Cesaris (-1t.). Ravitaillement de Baldi.

 

41e: Cheever et Tambay remontent sur Patrese dont la transmission est fragile. Mansell est encore arrêté à son stand.

 

42e: Tambay réalise le meilleur tour de la course (1'30''851'').

 

44e: Arnoux devance Patrese (15s.), Cheever (18s.), Tambay (21s.), Prost (51s.) et Rosberg (1m. 17s.). De Cesaris est victime d'une panne de moteur et rentre à son garage. Winkelhock exécute un tête-à-queue au virage de la Concorde.

 

45e: Patrese se fait peu à peu rattraper par Cheever et Tambay. Giacomelli s'arrête dans l'herbe après que son moteur Hart a rendu l'âme.

 

46e : Après avoir usé six trains de pneus de Pirelli, Mansell décide d'abandonner la course...

 

47e: Patrese ne compte plus que deux secondes d'avance sur Cheever. Tambay se positionne en embuscade derrière ces deux pilotes.

 

48e: Cheever est juste derrière Patrese. Tambay est une seconde derrière le pilote Renault.

 

50e: Après l'épingle de l'Île, Cheever prend l'aspiration derrière Patrese puis le déborde par l'intérieur de la chicane suivante. Tambay se place aussitôt dans le sillage de l'Italien et le dépasse dans la courte ligne droite au milieu du circuit.

 

51e: Patrese a du mal à sélectionner ses vitesses. Il se fait doubler par Watson et Sullivan qui sont attardés. Le moteur de Warwick explose et l'oblige à s'arrêter sur le bas-côté. Les commissaires de piste interviennent pour éteindre la fumée s'échappant de la Toleman.

 

52e : Patrese est très lent et devient une proie facile pour Prost.

 

53e: Arnoux est premier devant Cheever (22s.), Tambay (23s.), Patrese (37s.), Prost (58s.) et Rosberg (1m. 19s.).

 

55e: Prost déborde Patrese qui n'a pas cherché à résister. Le Français n'est pourtant pas à la fête car sa cinquième vitesse saute par intermittence.

 

56e: Rosberg double à son tour Patrese. Prost est victime d'une crevaison à l'avant-gauche. Il repasse par le stand Renault pour changer sa roue et repart en sixième position après un arrêt d'une vingtaine de secondes.

 

57e: Patrese ramène sa Brabham aux stands et abandonne. Prost grimpe à la cinquième place et Watson entre dans les points. Winkelhock s'arrête aux stands avec un moteur qui désamorce. Ses mécaniciens le font repartir malgré l'irruption à l'arrière de l'ATS de quelques flammes, heureusement rapidement éteintes par le vent.

 

58e : Malgré une voiture difficile à conduire, Cheever garde Tambay à bonne distance. Le Français doit être prudent car ses pneus se cloquent. Watson surveille le retour de Boutsen dans ses rétroviseurs.

 

60e: Arnoux mène devant Cheever (36s.), Tambay (49s.), Rosberg (1m. 22s.), Prost (-1t.), Watson (-1t.), Boutsen (-1t.), Alboreto (-1t.), Sullivan (-2t.), Winkelhock (-2t.) et Baldi (-3t.).

 

62e: Boutsen met la pression sur Watson et convoite son premier point.

 

64e: Arnoux n'a plus rien à craindre de ses adversaires. Il précède nettement Cheever (39s.) et Tambay (51s.). Cependant il doit surveiller son moteur qui génère un peu de « vapor-lock », comme celui de son équipier précédemment.

 

65e: Boutsen est derrière Watson mais ne trouve pas le moyen de le dépasser. Dans la ligne droite précédant la première chicane, le Belge se déporte à l'intérieur mais Watson se rabat, arrachant le morceau gauche de l'aileron avant de l'Arrows.

 

66e: Boutsen peut continuer avec son nez endommagé mais ne pourra plus menacer Watson qui lui a joué là un drôle de tour.

 

68e: A deux tours du but, Arnoux possède quarante secondes d'avance sur Cheever.

 

70ème et dernier tour: René Arnoux remporte sa cinquième victoire en F1, sa première pour Ferrari. Cheever est deuxième et obtient son meilleur résultat de la saison. Tambay décroche la troisième place. Handicapé par son moteur atmosphérique, Rosberg obtient une très satisfaisante quatrième position. Prost n'a pas eu une bonne voiture pour cette course et se satisfera de la cinquième place. Watson obtient le dernier point. Il devance Boutsen, Alboreto, Sullivan, Winkelhock et Baldi.

 

Danny Sullivan est disqualifié par les autorités sportives car sa Tyrrell était trop légère de quatre kilos.

 

L'ATS de Winkelhock prend feu sitôt la ligne franchie et l'Allemand doit se passer de tour d'honneur. Il sera raccompagné en taxi par Baldi. Giacomelli a assisté à la fin de la course derrière les glissières de sécurité. Dans le tour d'honneur, il fait du stop pour regagner les stands. Rosberg s'arrête et accepte de le « prendre en croupe ». Hélas, l'Italien ne s'agrippe pas suffisamment à la Williams et lorsque Keke met les gaz... il tombe sur le bitume ! Les commissaires l'aident à se relever puis le conduisent vers l'infirmerie du circuit. Très sonné, Giacomelli en est quitte pour une jambe et un bras droits sérieusement contusionnés. Le « Panda » est bien le premier pilote à être tombé d'une Formule 1...

 

Après la course

Comme chaque année, c'est Pierre Desjardins, le représentant du groupe Labatt, commanditaire du Grand Prix, qui préside la cérémonie du podium. Il remet un trophée qui semble bien trop lourd pour le frêle Néné Arnoux... Plus sérieusement, ce dernier profite de sa victoire pour rendre hommage à son ami Gilles Villeneuve. Il est aussi rassuré par ce premier succès pour Ferrari après un début de championnat difficile : « J'avais vraiment besoin de ça. Chez Ferrari, on ne pense qu'à vaincre. Un pilote qui ne gagne pas devient un objet de curiosité, puis de critique pour l'opinion italienne. Et à Maranello on n'aime pas beaucoup ce genre de situation... » C'est aussi une revanche sur son échec du dimanche précédent : « Rien n'est plus pénible que de perdre quand on a le succès dans la main. Et à Détroit, je l'avais... »

 

Satisfaction aussi pour Eddie Cheever qui avec cette seconde place fait quelque peu oublier la façon dont Alain Prost le domine depuis le début de l'année. Ce résultat vient à point nommé car Gérard Larrousse hésite à reconduire l'Américain pour 1984. Nelson Piquet n'affiche pas sa jovialité habituelle. Il n'a inscrit que trois points au cours de cette tournée nord-américaine et perdu deux occasions de prendre le commandement du championnat à Prost. Si son pilotage est désormais irréprochable, le Brésilien n'a pas beaucoup de chance. La Brabham BT52, pour rapide qu'elle soit, manque encore de fiabilité.

 

Après la collision entre Keke Rosberg et Andrea de Cesaris, on s'attendait à une explosion de colère de la part du Finnois. Mais celui-ci est décidément toujours aussi imprévisible : loin d'en vouloir à son adversaire, il s'attribue la responsabilité de l'incident ! Charlie Crichton-Stuart est moins indulgent envers de Cesaris : « Ce mec est un vrai con ! » éructe le conseiller de Frank Williams.

 

Le championnat du monde est toujours aussi serré après cette course. Prost (30 pts) conserve la première place avec trois points d'avance sur Tambay et Piquet ex æquo. Toujours aussi régulier, Rosberg n'est qu'à cinq points du Français. Grâce à son succès, Arnoux (17 pts) se replace dans la course au titre. Chez les constructeurs, Ferrari fait un bond en avant et rejoint Renault à la première place avec 44 points. Williams compte neuf points de retard sur ces deux équipes, Brabham-BMW dix-sept points.

Tony