Polémique entre Jochen Rindt et Colin Chapman
Lors du Grand Prix d'Espagne, Graham Hill et Jochen Rindt ont été victimes de deux sérieux accidents après que leurs très larges ailes arrière se sont vraisemblablement effondrées. Ces stabilisateurs sont désormais perçus comme des sources importantes de danger, car en cas de rupture, la voiture peut devenir incontrôlable et partir dans une folle embardée. C'est ce qui est arrivé à Montjuïc aux deux pilotes Lotus. Rindt fait part de son inquiétude dans une lettre à Colin Chapman qui « fuite » rapidement dans la presse. Le pilote autrichien pense que Chapman ne porte pas assez d'attention à la solidité de ses bolides, d'autant plus qu'avant Barcelone il a déjà été victime d'un bris de suspension lors d'une épreuve de Formule 2 sur le Nürburgring. Les termes sont assez virulents : « Colin, je cours en Formule 1 depuis maintenant cinq ans au cours desquels je n'ai fait qu'une seule erreur (j'ai percuté Chris Amon à Clermont-Ferrand) et j'ai connu un seul accident à Zandvoort à cause d'une panne de boîte de vitesses. J'ai toujours essayé de me tenir à l'écart de tout incident. Cette situation a changé subitement lorsque j'ai rejoint votre équipe. [...] Vous devriez passer plus de temps à surveiller le travail de vos mécaniciens. [...] Je ne peux piloter qu'une voiture dans laquelle j'ai pleine confiance, et je sens que le seuil de défiance sera bientôt atteint. »
Chapman n'apprécie pas du tout l'initiative de son pilote et émet des doutes sur les causes des deux accidents. Il refuse d'admettre la moindre erreur. Il est vrai que les 49B sont dans un tel état que toute enquête sérieuse est impossible... De son côté, la presse anglaise prend fait et cause pour Chapman et égratigne Rindt, qui brille peut-être en Formule 2 mais qui jusqu'ici n'a pas été capable de triompher en Formule 1. Réponse de l'intéressé : « Je suis le premier pilote Lotus qui ne soit pas britannique. Pour les Anglais, si je me tue, ce sera de la malchance. Je vois les choses différemment... »
Interdiction des ailerons arrière
Le jeudi 15 mai au matin, les deux directeurs de course du circuit monégasque, Paul Frère et Charles Deutsch, réunissent les constructeurs présents et leur demandent de réduire les dimensions de leurs ailerons. Selon eux, le danger ne concerne pas tant les pilotes que les spectateurs, généralement installés très près de la piste en Principauté. Que se passerait-il si un morceau de métal s'envolait dans les tribunes ? Lors de cette réunion, « quelqu'un » propose de démonter purement et simplement ces éléments, et cette position est défendue par Franco Gozzi pour Ferrari, Tony Rudd pour BRM et Bruce McLaren. Jack Brabham s'y oppose, tandis que Matra et Lotus ne sont pas représentées. Colin Chapman est toujours à Indianapolis pour les essais des 500 Miles. En revanche, Ken Tyrrell contre-attaque fermement et affirme que si les stabilisateurs sont bannis, la course ne pourra pas compter pour le championnat du monde, puisque cette interdiction ne figure pas dans le code sportif. Les commissaires se concertent et finissent par donner raison à Tyrrell. Les ailerons sont donc autorisés pour les essais du jeudi après-midi. Fin du premier acte.
Sur ces entrefaites, arrive sur le Rocher Maurice Baumgartner, le président de la Commission sportive internationale, rapidement mis au courant des palabres de la matinée. Celui-ci est un adversaire résolu des appendices aérodynamiques. Il réunit d'urgence le bureau exécutif de la CSI qui entérine l'interdiction des ailerons arrière pour ce Grand Prix. Les ailerons avant et les déflecteurs sont tolérés « pour autant que leur hauteur ne dépasse pas celle de la partie supérieure de la voiture à cet endroit et que la largeur ne dépasse pas les plans délimités par les faces intérieures des pneus et des roues avant. » Cette mesure suscite un vif mécontentement dans les garages, notamment chez Matra, mais le président Baumgartner reste ferme. Il ne tient pas à revoir des accidents similaires à ceux qui se sont produits en Espagne.
Présentation de l'épreuve
Pas de changement chez Matra : dépourvues d'aileron, les MS80 conservent leurs déflecteurs à l'avant. Une MS10 de réserve est amenée par Ken Tyrrell, et certains espèrent que Johnny Servoz-Gavin s'installera à son volant. Peine perdue : le jeune pilote français se contente de regarder rouler ses camarades. Un peu en retrait depuis le début de l'année, Jean-Pierre Beltoise espère briller sur le Rocher : « D'abord il fait beau, ensuite sur ce circuit normal avec une corde à droite, je souffrirai moins de mon bras qu'à Barcelone où la corde est à gauche. » Faut-il rappeler que « Bébel » pilote avec un bras gauche bloqué ?
Jochen Rindt blessé, Colin Chapman le remplace par Richard Attwood qui a fini second du GP de Monaco l'année précédente sur une BRM. Hill pilote une 49B munie de simples bavolets à l'avant, et à partir du dimanche d'une tôle faisant office de stabilisateur arrière. Attwood conduit un ancien modèle 49 possédant seulement des appuis à l'avant. Impressionné par les blessures au visage subies par Rindt à Montjuïc, Hill a décidé de se munir d'un casque intégral qui conserve sa couleur bleu nuit.
Peu de modifications chez McLaren qui s'adapte bien à la suppression des ailerons : Bruce retire ses moignons à l'avant, au contraire de Hulme. Un déflecteur est monté autour du radiateur d'huile de la M7C de McLaren. Hulme n'est pas du tout en forme : victime d'une grippe tenace, il a un point de congestion pulmonaire et respire avec difficulté. Les deux BRM disposent de V12 à quarante-huit soupapes. La voiture d'Oliver possède des déflecteurs au contraire de celle de Surtees. A peine remis d'une intoxication alimentaire, Chris Amon a le choix entre deux Ferrari ce week-end. Il utilise celle surmontée d'un « becquet » qui ressemble à l'arrière « queue de pie » monté sur la Lotus de Graham Hill ici même en 1968. Le Néo-Zélandais est victime d'ennuis d'alimentation résolus par l'installation d'une nourrice au-dessus du moteur.
John Cooper a prononcé la dissolution de son écurie, faute de financement. C'est la fin d'une superbe équipe qui a notamment introduit en Formule 1 la révolution du moteur arrière et permis à Jack Brabham d'acquérir deux titres mondiaux en 1959 et 1960. Toutefois, Vic Elford pilote une vieille Cooper-Maserati T86B engagée par l'équipe de Colin Crabbe, Antique Automobiles, qui porte bien son nom...
Autre engagement privé, celui du Suisse Silvio Moser au volant d'une Brabham BT24 à moteur Ford qu'il a achetée à Frank Williams. Cette voiture étonne par son arceau de sécurité placé très haut, qui contraste avec le petit gabarit de Moser.
Les qualifications
Les chronos réalisés le jeudi avec les ailerons sont annulés par les organisateurs. Les véritables essais commencent donc le vendredi, avec des voitures « nues », ou presque.
Stewart domine les séances et réalise sa première pole position avec un temps d'1'24''6'''. Bien qu'il ait cassé successivement ses deux voitures, Amon se classe second et apparaît comme le seul adversaire sérieux de l'Écossais. Beltoise est troisième, ce qui est sa meilleure qualification depuis le début de la saison, et partage la seconde ligne avec Hill, quadruple vainqueur en Principauté. Siffert se classe cinquième devant Surtees dont la BRM est en progrès. Les équipiers Ickx et Brabham se partagent la quatrième ligne. Courage obtient une belle neuvième place devant l'intérimaire Attwood. Les McLaren ne sont pas très performantes ici : Bruce et Hulme sont repoussés en sixième ligne. Oliver est treizième au volant de la seconde BRM officielle, tandis que sans surprise Rodríguez, Moser et Elford peuplent le fond de la grille avec leurs antiquités.
Malgré la pole position de Stewart et les excellents chronos de Beltoise, Ken Tyrrell n'est pas du tout rassuré car les cardans de ses machines se sont montrés fragiles lors de ces essais.
Le Grand Prix
Le samedi se déroule l'épreuve de Formule 3 remportée par le Suédois Ronnie Peterson sur Tecno devant son compatriote Reine Wisell sur Chevron. A noter les bons résultats des Français Jean-Pierre Jabouille (3ème) et Patrick Depailler (5ème) aux volants des Alpine-Renault.
Pour la première fois depuis dix ans, Louis Chiron ne donnera pas le départ de la course. L'ancien champion, âgé de 70 ans, est jugé trop vieux pour cet emploi, d'autant plus que sa façon de se placer au milieu de la piste pour abaisser le drapeau était si dangereuse, « que c'est un miracle qu'il ne se soit jamais fait renverser », affirme Jackie Stewart dans un sourire. C'est l'ingénieur Charles Deutsch, le cofondateur de la célèbre marque DB, qui remplira cet office.
La course se déroule sous un ciel couvert mais pas menaçant. Panique chez Lotus : un clou est découvert dans un pneu arrière de la voiture de Hill quelques minutes avant le coup d'envoi. La roue est remplacée en hâte.
Départ : Charles Deutsch abaisse le drapeau monégasque et les bolides démarrent. Stewart conserve le premier rang devant Amon, Beltoise et Hill. Oliver et Elford entrent en contact à l'abord de Sainte-Dévote. Le pilote BRM doit s'arrêter avec une suspension avant-droite pliée.
1er tour : Stewart et Amon s'échappent en tête, suivis par Beltoise, Hill, Siffert, Ickx, Surtees, Courage, Brabham et McLaren.
2e : Hill déborde Beltoise au Gazomètre pendant que Courage double Surtees.
3e : Stewart et Amon se détachent nettement. Le moteur de Siffert cafouille et le Suisse est dépassé par Ickx.
4e : Stewart a deux secondes d'avance sur Amon. Courage prend la sixième place à Siffert.
6e : Stewart mène devant Amon (2.5s.), Hill (11s.), Beltoise (11.5s.), Ickx (13s.), Courage (15s.), Siffert (18s.), Surtees (20s.), Brabham (21s.), McLaren (22s.), Hulme (23s.) et Attwood (24s.). Rodríguez, Moser et Elford sont déjà très attardés.
8e : L'avance de Stewart sur Amon s'accroît et se chiffre désormais à cinq secondes et demie.
9e : Attwood tente d'intimider Hulme au virage du Gazomètre mais le Néo-Zélandais ne flanche pas.
10e : Surtees et Brabham s'accrochent à l'entrée du tunnel. La roue arrière-gauche de l'Australien est arrachée. Surtees s'arrête au niveau du front de mer, suspensions détruites, mais Brabham franchit le tunnel sur trois roues avant de s'immobiliser avant la chicane. Attwood dépasse Hulme.
11e : Stewart précède Amon (9s.), Hill (18s.), Beltoise (18.6s.), Ickx (22.5s.), Courage (23.5s.), Siffert (36s.), McLaren (42s.), Attwood (44s.) et Hulme (47s.). Rodríguez, Moser et Elford ont déjà concédé un tour !
13e : Stewart s'envole et porte son avance sur Amon à sept secondes. Ickx et Courage bataille pour la cinquième place.
15e : Stewart devance Amon (12s.), Hill (24s.), Beltoise (26s.), Ickx (31s.) et Courage (32s.).
16e : Stewart réalise le meilleur tour de la course : 1'25''1'''. Courage se montre dans les rétroviseurs d'Ickx. Moser regagne son stand pour renoncer avec un demi-arbre de roue cassé. Il venait de doubler Rodríguez qui lui s'arrête au Portier car son moteur a explosé.
17e : Amon ne parvient plus à sélectionner ses vitesses. Il gare sa Ferrari au virage du Portier où se trouvent déjà les BRM de Surtees et de Rodríguez.
18e : Stewart est maintenant confortablement installé au commandement avec vingt-quatre secondes d'avance sur Hill et Beltoise, toujours en bagarre.
20e : Stewart est premier devant Hill (28s.), Beltoise (29s.), Ickx (37s.), Courage (38s.), Siffert (56.6s.), McLaren (1m. 03s.) et Attwood (1m. 16s.).
21e : Beltoise franchit l'épingle du Gazomètre lorsqu'un croisillon de cardan casse sur sa Matra. Le Français se laisse glisser jusqu'à son stand où il met pied à terre.
23e : A la sortie du tunnel, Stewart ralentit et emprunte l'échappatoire de la chicane. Comme sur la voiture de Beltoise, un cardan vient de se briser. Les deux Matra-Ford sont hors-jeu pour la première fois de l'année, et Hill récupère la première place.
24e : Hill occupe la première place avec douze secondes de marge sur Ickx, quatorze secondes sur Courage.
25e : Hill prend un tour à Hulme qui n'est pas du tout en forme à cause de sa maladie.
26e : Courage se rapproche d'Ickx et convoite la deuxième place.
27e : A la sortie de l'épingle, Ickx est aux prises avec un levier de vitesses récalcitrant. Courage en profite pour déborder la Brabham. Pendant ce temps-là, Hill accroît son avance.
28e : Ickx parvient de nouveau à sélectionner correctement ses vitesses et recolle à Courage.
30e : Ickx tente de déborder Courage par l'extérieur avant le Gazomètre. L'Anglais se laisse dévier à gauche et ferme la porte à son adversaire. Ickx monte sur ses freins, donne un coup de volant à gauche, plus plonge à droite pour faire l'intérieur à la Brabham. Mais Courage a déjà amorcé sa courbe et reste devant. Les deux voitures se frôlent.
31e : Hill est premier devant Courage (13s.), Ickx (14s.), Siffert (24s.), McLaren (30s.), Attwood (41s.) et Hulme (-1t.). Elford a deux tours de retard.
32e : Ickx attaque Courage avant le Gazomètre et lui reprend la seconde place de haute lutte. Les deux jeunes coureurs enthousiasment le public.
34e : Courage demeure au contact d'Ickx et lorgne toujours sur la deuxième place. Plus loin, Attwood remonte sur McLaren.
36e : Dix-huit secondes séparent Hill du duo Ickx - Courage. Siffert concède trente secondes au leader. Attwood est un peu ralenti par un pommeau de levier de vitesses mal fixé.
38e : Courage demeure sur les talons d'Ickx. McLaren et Attwood sont en embuscade pour mettre la pression sur Siffert dont le moteur a tendance à ratatouiller.
40e : A mi-chemin, Hill est en tête devant Ickx (20.2s.), Courage (21.7.), Siffert (34s.), McLaren (40.4s.), Attwood (48.7s.), Hulme (-1t.) et Elford (-2t.).
42e : Courage éprouve quelques crampes passagères qui lui font peu à peu perdre le contact avec Ickx.
43e : Hill ménage sa Lotus et n'attaque pas outre-mesure. Aussi, l'intervalle avec Ickx demeure stable autour de vingt secondes. McLaren se rapproche dangereusement de Siffert.
45e : Hill devance Ickx (19s.), Courage (22s.), Siffert (36s.), McLaren (39s.) et Attwood (47s.).
46e : Malgré la cacophonie produite par son V8, Siffert en a « encore sous le pied » et accroît son avance sur McLaren. Attwood remonte peu à peu sur le Néo-Zélandais.
47e : Hill prend un second tour à un Hulme véritablement héroïque, à bout de souffle mais toujours derrière son volant.
48e : Vingt-et-une secondes séparent Hill et Ickx. Courage concède vingt-six secondes au premier.
49e : Ickx s'arrête avant le tunnel avec un porte-moyeu cassé. Dans sa fougue, le jeune Belge a t-il escaladé un trottoir ? Il abandonne en tout cas la seconde place à Courage.
50e : Hill est premier devant Courage (26s.), Siffert (39s.), McLaren (47s.) et Attwood (51s.).
51e : Courage est toujours victime de crampes. Encouragé par une importante délégation suisse, Siffert oublie le bruit de son moteur et tente de remonter sur le jeune Anglais.
52e : Siffert passe à l'attaque et réalise son meilleur chrono de l'après-midi : 1'26''2'''. Il roule environ dans les mêmes chronos que Hill.
55e : Siffert est revenu à dix secondes de Courage qui souffre beaucoup au volant de sa Brabham. Attwood poursuit son effort et rattrape McLaren.
57e : Courage réplique à Siffert en réalisant son propre meilleur chrono (1'25''8''').
58e : Hill signe le meilleur chrono de son après-midi : 1'25''8'''. Attwood est revenu sur les talons de McLaren.
59e : Attwood s'empare de la quatrième place aux dépens de McLaren.
61e : A une vingtaine de tours de l'arrivée, Hill est premier devant Courage (28s.), Siffert (38s.), Attwood (50s.), McLaren (51s.) et Hulme (-1t.). Il n'y a que sept véhicules en piste.
63e : Courage continue d'attaquer et sème définitivement Siffert qui doit prendre soin de son moteur.
65e : Siffert ne tourne plus que sur sept cylindres. Attwood s'en rapproche assez rapidement.
68e : L'écart diminue faiblement entre Hill et Courage. Il descend à vingt-quatre secondes. Attwood est à dix secondes de Siffert.
70e : Hill est en tête devant Courage (23s.), Siffert (36s.), Attwood (45s.), McLaren (1m. 24s.), Hulme (-2t.) et Elford (-5t.).
71e : Hill prend un tour à McLaren.
73e : Siffert hausse sa cadence pour se mettre à l'abri d'un retour d'Attwood, toujours redoutable en fin de Grand Prix.
75e : Courage est revenu à moins de dix-sept secondes de Hill, très prudent. Le vétéran britannique n'a aucune inquiétude et préserve simplement sa mécanique.
77e : L'intervalle ne diminue plus entre Hill et Courage. Attwood a renoncé à rattraper Siffert et baisse son rythme.
79e : A deux tours du but, Hill possède encore dix-huit secondes d'avance sur Courage et a donc la victoire dans sa poche.
80ème et dernier tour : Graham Hill remporte pour la cinquième fois le Grand Prix de Monaco. Courage décroche une superbe deuxième place qui ravit la jeune écurie Williams. Siffert grimpe sur son premier podium de la saison. Attwood conclut son intérim par une belle quatrième position. McLaren termine cinquième devant son ami Hulme qui a réalisé un véritable exploit. « The Bear » a tenu les deux heures de course avec un souffle court. Elford termine bon dernier avec six tours de retard.
Après la course
Hill reçoit une belle ovation après ce nouveau succès qui fait définitivement de lui le « roi » des rues de Monte-Carlo. Un roi qui reçoit les félicitations du prince Rainier et de la princesse Grace. Revenu d'Indianapolis, Colin Chapman est là pour sabler le champagne avec son pilote. Graham Hill est rayonnant et affirme avoir réalisé sa meilleure course depuis des lustres. Depuis... sa victoire à Monaco l'année précédente, peut-être ? Hill souligne aussi que sa mécanique a bien tenu le coup, ce qui n'est pas anodin car, sans partager la colère de son coéquipier Jochen Rindt, il s'inquiète également de la préparation des Lotus et commence à se méfier de certaines initiatives de son patron.
Richard Attwood est aussi chaleureusement remercié par Chapman. Monaco réussit décidément beaucoup à ce pilote assez mésestimé.
Pendant ce temps-là, c'est aussi la fête dans le petit stand de l'équipe de Frank Williams. La seconde place de Piers Courage équivaut à une victoire. Les deux jeunes amis nourrissent de grandes ambitions. Williams rêve de faire de Courage un champion du monde. Celui-ci en a certainement le talent : sa superbe prestation et son âpre duel avec Jacky Ickx ont montré tout son brio. L'exploit de Courage fait aussi plaisir à son ami Jochen Rindt, en convalescence. Les deux hommes sont en effet très proches, ainsi que leurs épouses respectives Nina et Sally, sujets favoris des photographes des circuits...
La victoire de Hill relance le championnat du monde puisqu'avec 15 points l'Anglais se rapproche de Stewart (18 points). McLaren occupe la troisième position avec dix unités. En ce qui concerne la coupe des constructeurs, Matra-Ford (18 pts) précède Lotus-Ford (15 pts) et McLaren-Ford (12 pts). La Scuderia Ferrari n'a toujours pas ouvert son compteur.
Tony