Fils de Jos Verstappen, l'ancien pilote Benetton et Arrows, Max possède la double nationalité belge par sa mère, Sophie Kumpen, ancienne pilote de kart. Avec de telles familles, le jeune Max est donc prédestiné au sport automobile dès sa naissance. De 2002 à 2013 il grimpe les échelons en karting jusqu'à devenir champion du monde dans la catégorie KZ1, plus haut niveau de compétition en karting. A seize ans, Max fait donc ses débuts en monoplace et est surveillé de très près par de nombreux observateurs qui voient en lui le futur Michael Schumacher. En Florida Winter Series, sa première compétition officielle, il réalise le meilleur tour dès sa première course, part en pole pour la troisième, et gagne la sixième ! Il prend ensuite part au championnat d'Europe de F3 chez Van Amersfoort Racing, et gagne dès le deuxième meeting à Hockenheim. A Spa et au Norisring, il enchaîne même six victoires consécutives et concurrence le Français Esteban Ocon. Il gagnera encore trois courses cette année-là, mais un manque de maturité couplé à une trop grande fougue lui font commettre beaucoup d'erreurs, et il ne termine "que" troisième du championnat.
Cependant, ces impressionnants débuts attisent les convoitises des plus grandes écuries de Formule 1; ainsi Mercedes et Red Bull souhaitent toutes deux le recruter dans leur programme de développement. Dès le mois d'août, Max est confirmé en tant que pilote titulaire chez Toro Rosso, pour sa deuxième saison de monoplace seulement ! Un choix très étonnant, mais il faut rappeler que des pilotes comme Räikkönen, Button ou Alonso n'étaient pas beaucoup plus expérimentés à leur arrivée dans la catégorie reine.
Alors qu'il n'a que dix-sept ans et demi, Max devient le plus jeune pilote à prendre le départ d'un Grand Prix, effaçant des tablettes Jaime Alguersuari, dont il bat le record de près de deux ans ! Il part 11e de sa première course, et au fil des abandons, se retrouve en sixième position ! Malheureusement, le V6 Renault de sa STR10 rend l'âme avant l'arrivée. Il peut se venger en Malaisie où après une excellente course, il franchit le drapeau à damier en septième position, et devient le plus jeune pilote de l'histoire à marquer des points. Une mésaventure similaire à l'Australie lui arrive en Chine alors qu'il pouvait finir huitième. La suite de la saison est moins bonne pour le Néerlandais, qui enchaîne les courses moyennes et les erreurs de pilotage, alors que son Carlos Sainz Jr. se distingue par une plus grande régularité, bien qu'il semble moins rapide.
À partir du Grand Prix de Hongrie et pour le reste de la saison, Max peut se féliciter d'une grande régularité. Avec un total de 49 points, il termine 12e sa première année en Formule 1. Démarqué de son coéquipier Carlos Sainz Jr., il se forge aussi une image de pilote agressif, comme en témoignera sa pénalité après Monaco pour conduite dangereuse.
Débuts fracassants chez Red Bull
La saison 2016 de Verstappen est marquée par un transfert inattendu dans l'écurie sœur. Inattendu, mais pas surprenant, compte tenu du talent qu'on lui attribue depuis ses plus jeunes années. Après trois Grand Prix dans les points, le crash mouvementé de Daniil Kvyat en Russie convainc la direction de Red Bull de remplacer le pilote russe par son étoile montante. Max ne tarde pas à confirmer les attentes reposant sur lui en remportant la victoire dès sa première course dans l'équipe de Milton Keynes, et en devenant le plus jeune pilote victorieux en Formule 1 à 18 ans, 7 mois et 15 jours.
Le reste de la saison est tout aussi marquant, tant par les réussites (six podiums dont quatre secondes places), que par ses attaques (comme en Belgique ou il s'attire les foudres des pilotes Ferrari du fait d'une conduite offensive qui restera non pénalisée). Cumulant les records de précocité et une incroyable fougue lorsqu'il s'agit de dépasser ses adversaires notamment dans des conditions extrêmes, il remporte les trophées de "personnalité de l'année", après avoir été "meilleur Rookie" la saison passée, et d'Action de l'année (pour la troisième fois consécutive) à la remise des prix de la FIA. Il termine 5e au classement pilote et permet avec Ricciardo (3e) de redonner la seconde place du classement constructeur à son écurie.
Devant l'intense domination des Mercedes, le pilote Néerlandais se voit particulièrement soumis à un affrontement direct avec les Ferrari de Vettel et Räikkönen. Cumulant sept abandons, dont trois consécutifs Verstappen se retrouve 6e de la saison 2017, bien qu'il remporte deux victoires, soit une de plus que Ricciardo.
En 2018, après un début de saison en dents de scie, alternant podiums et abandons, Verstappen décroche la première victoire en Autriche, d'une Red Bull sur son propre circuit. Le championnat du Néerlandais sera marqué par divers accrochages, parfois avec son propre coéquipier. Mais l'image la plus marquante demeure celle du Grand Prix du Brésil. Percuté par Ocon, alors qu'il était leader de la course, le pilote Red Bull vient littéralement agresser le Français en le bousculant après l'avoir rejoint à la pesée. Quatrième du championnat, à trois points de Räikkönen, il semble de plus en plus bâti pour venir décrocher un championnat du Monde dans les années à venir, comme en témoignent les cinq podiums (dont une victoire) qu'il décroche sur les cinq dernières courses.
Une montée en puissance inégalée
Pour le Championnat 2019, l'écurie Red Bull modifie sérieusement son schéma d'attaque. Devenu numéro 1 de l'équipe après le départ de Ricciardo chez Renault, le néerlandais est assisté de Pierre Gasly, lui aussi grand espoir de la Formule 1. De plus, le moteur TAG Heuer (qui n'est d'autre qu'un moteur Renault rebadgé) laisse place au moteur Honda, que les journalistes remettent en doute considérablement pour ses performances. Pourtant, la firme japonaise va briller bien mieux que prévu. Auteur d'une seconde victoire d'affilée en Autriche, complétée d'une seconde manche remportée en Allemagne, Verstappen s'inscrit dans le top 5 pendant 12 courses consécutives. Deuxième en Hongrie, il n'a alors que 7 points de retard sur Bottas, deuxième du championnat. L'écart se creuse en Belgique ou Max abandonne. La fin de saison est plus aléatoire. Au Grand Prix du Brésil, Max Domine la course avec panache et retrouve l'inattendue Toro Rosso de Pierre Galsy sur le Podium, celui-ci ayant laissé sa place dans l'écurie première à Alex Albon.
L'exercice 2020 de Verstappen est marqué d'une statistique édifiante : le néerlandais termine systématiquement sur le podium ou par un abandon (à l'exception du Grand Prix de Turquie où il termine 6e). Auteur de onze podiums de deux victoires, au Grand Prix du 70e anniversaire de la Formule 1 et lors de la manche de clôture à Abou Dhabi, il subit comme le reste du plateau la domination de Lewis Hamilton. Bien que les résultats d'Albon semblent plutôt moyens (7e du classement final), Red Bull reprend la deuxième place du championnat et, face à la déroute des Ferrari qui terminent la saison au plus bas, semble devenir le challenger numéro aux titres mondiaux.
Un premier titre mondial contesté...
Après une troublante saison sous le signe de la pandémie. Il semblerait que les compteurs soient remis à zéro entre les deux grandes puissances de la grille. Les deux premières courses de la saison en témoignent, Max et Lewis sont tour à tour vainqueurs ou deuxièmes, séparés par un point de meilleur tour en course pour le nouveau septuple champion du Monde. Deuxième au Portugal et en Espagne, il profite d'un Grand Prix de Monaco particulièrement en son avantage pour prendre la victoire et la tête du championnat pour la première fois de sa carrière. La guerre est donc déclarée avec la firme à l'étoile. Victime d'une crevaison à Baku alors qu'il devance de loin tout le peloton, c'est Sergio Pérez (qui a rejoint Red Bull après sa remontée fantastique en fin de saison dernière) qui l'emporte dans une non-lutte avec Hamilton, sorti seul de piste à la relance de la course.
Avec trois victoires à la suite en France et en Autriche (qui accueille deux manches de suite), l'avance de Verstappen déchaîne les foules et les passions. Les marées orange de supporters sont aussi bien présentes à Silverstone où Max remporte la première course de qualification sprint de l'histoire de la F1 ; format qu'il ne cessera pourtant de contester. Le dimanche, lors de la course principale il est victime d'une sortie de piste violente suite à un dépassement particulièrement osé d'Hamilton dans le virage de Copse. Le Britannique reprend alors 24 points au Néerlandais dans cette opération et seuls 8 points les séparent au championnat. Ce week-end particulièrement musclé n'a cessé de mettre en opposition les deux pilotes, qui s'affrontent désormais dans les médias avec un ton plus incisif. Leurs nombreux dépassements ont pour autant donné lieu à beaucoup de spectacle dont se félicite les promoteurs et défenseurs des courses sprint.
En Hongrie, le haut du peloton est pulvérisé par un Bottas peu méfiant de son freinage sous une pluie battante. La voiture de Max est sévèrement handicapée et il peinera à garder le rythme suffisant pour décrocher les 2 points de la neuvième place. Mais Hamilton a été victime d'une stratégie curieuse de Mercedes le laissant seul au départ de la relance de course. Du fait de sa bataille avec Alonso, le Britannique est empêché de remporter la victoire et concède 7 points aux pilotes Alpine. En Belgique, Verstappen remporte la victoire devant Russel sur Williams, un curieux cadeau, puisque le Grand Prix se résume en un seul tour officiel sous Safety Car. Privé de la moitié des points dans ces conditions, il reste deuxième du championnat, puis redevient leader à Zandvoort en décrochant une victoire très attendue devant son public. À ce moment, Verstappen devient aussi le plus victorieux des pilotes sans couronne mondiale en dépassant Stirling Moss.
À Monza, la rivalité se joue dans les stands, puis dans les graviers. Légèrement en retard après son changement de pneus, Max tente de dépasser un Hamilton à très longue portée dans le virage 1. L'accrochage quelques mètres plus loin se résume en une image époustouflante : la Red Bull grimpe littéralement la Mercedes et manque de peu d'écraser le casque d'Hamilton, sauvé par le halo. La seule chose que viennent de gagner les deux pilotes dans cette mésaventure, c'est une rivalité digne du duel Prost-Senna. Peut-on dire qu'il y a désormais égalité dans le partage des responsabilités entre Silverstone et Monza ? Personne ne pourra le dire dans l'absolu, les fans sont de plus en plus divisés. Ce qui est sûr, c'est que jamais le championnat du Monde n'a été aussi intense dans l'ère hybride et depuis la domination des flèches d'argent.
Pénalisé à la suite de son offensive sur Hamilton en Italie, Max est dernier de la grille à Sotchi, l'écurie profitant des trois places en moins sur la grille pour changer le moteur de la Red Bull. Sur une fin de course animée pour cause d'averse, il termine deuxième derrière Hamilton. De nouveau leader du championnat en Turquie, il arrache ensuite la victoire à Austin et au Mexique. Au Brésil, c'est au tour d'Hamilton de changer de moteur et partir dixième. La remontée du Britannique dans le peloton entraîne une nouvelle confrontation avec "Mad Max", qui le pousse hors de la piste. Les échanges sur piste sont aussi très tendus en Arabie Saoudite où Verstappen est percuté légèrement par le Septuple Champion du Monde suite à un freinage brutal.
Une telle épopée ne pouvait se clore que par un final explosif, mais c'est aussi en ce sens que le sport est parfois meurtri par un simple fait de jeu. Pour la manche finale sur le circuit de Yas Marina, les deux pilotes rivaux sont à égalité parfaite de points. C'est situation ne s'était déjà produite qu'en 1974 entre Fittipaldi et Regazzoni, à l'avantage du Brésilien. Si la course se joue à celui qui termine devant l'autre, Verstappen possède plus de victoires que Lewis, qui lui donne l'avantage en cas de double abandon. Et ce double abandon, beaucoup le prédisent. On se rappelle alors Suzuka en 1990, où Senna percute Prost volontairement pour arracher le titre des mains du Français. Mais le pilote Red Bull peut-il se permettre de jouer un jeu aussi dangereux devant les yeux du monde entier ?
Max Verstappen est en pole position, mais rate le départ et laisse la main à Hamilton qui s'échappe. Grâce au soutien de Pérez, qui retiendra le Britannique un long moment, Verstappen tend à rattraper son adversaire. Mais c'est la sortie de piste de Latifi qui va considérablement changer la donne. La course est sous régime de Safety Car, et Mercedes compte bien qu'elle se termine ainsi. Max est rentré au stand pour un train de pneus neufs, alors qu'Hamilton reste en tête. Devant une certaine insistance de la direction de course Red Bull, le directeur de course Michael Masi, libère les voitures retardataires entre les deux concurrents. La course va être relancée alors que les autres retardataires n'ont pas repris leur tour. Mercedes est sous le choc, Verstappen est à quelques centimètres d'Hamilton et compte bien le dévorer à la relance avec ses pneus frais. Malgré la lutte inespérée du Champion du Monde, Max attaque son rival et franchit la ligne en tête.
Si ce Grand Prix fera partie sans doute des épreuves de Formule 1 les plus contestées, Max Verstappen est bien champion du Monde. Le Néerlandais n'est coupable en aucune manière de ce que la direction de course a pu faire, et la stratégie Red Bull s'est avérée payante même si elle demeure très chanceuse.
...Un second démesuré !
La saison 2022 sera bien plus paisible en ce qui concerne les rivalités de circuits. Après avoir rejoint trente-trois pilotes de légende au panthéon de de Formule 1, "Super Max" troque enfin son numéro 33 (coïncidence ?) contre le privilégié numéro 1... Très peu utilisé par son prédécesseur. Après un petit brouillard suite à la décision de Mercedes de contester ou non le titre 2021 (ce qui ne se fera pas), le pilote Red Bull est fin prêt à défendre sa couronne. Red Bull, qui a concédé le titre constructeur à Mercedes, cherche à profiter de sa montée en puissance pour aller chercher le doubler, en comptant principalement sur son prodige, mais aussi sur Pérez. Car Hamilton est bien entendu décidé à aller chercher sa huitième étoile, mais le Mexicain va vite s'avérer être un candidat bien plus logique devant le non-rythme des Mercedes.
Verstappen débute donc le championnat avec de nouvelles statistiques survoltées. En effet, il a, au cours de la saison passée, doublé son nombre de victoires en carrière (10 avant le démarrage, 20 après le sacre). Il est aussi devenu le plus jeune pilote à remporter 50 podiums à seulement 23 ans, et détient le record de 18 podiums en une saison. Il a aussi signé un contrat record pour rester chez Red Bull jusqu'en 2028. Pourtant, le lancement est désastreux. Au premier Grand Prix de la saison, les deux Red Bull abandonnent suite à des problèmes moteurs. Après une victoire en Arabie Saoudite, le moteur du numéro 1 casse à nouveau en Australie. À Imola, il s'adjuge néanmoins le maximum de points possible en une course du fait des 8 points obtenu par la victoire du nouveau format sprint, du point du meilleur tour en course, et des 25 points de la victoire le dimanche, soit 34 points record.
La suite de la saison se résume en une très nette domination. Si Charles Leclerc, est en début de saison le leader du championnat, il est rattrapé par le Néerlandais en trois Grand Prix. Vainqueur à Monaco, Pérez peut encore être un challenger au titre jusqu'en Azerbaïdjan, puis laisse définitivement le champion du Monde s'échapper. Verstappen survole le championnat en cumulant cinq victoires consécutives en Europe.
Au Grand Prix du Japon, à la suite d'une course raccourcie par la pluie et à l'attribution de point confuse, Max apprend de la bouche de Johnny Herbert qu'il est champion du Monde. Doutant de l'information, on lui confirme qu'il est détenteur d'une deuxième couronne quelques minutes plus tard avant le podium. Le Néerlandais ne relâche pas pour autant la pression et décroche trois victoires sur les quatre dernières manches de la saison. Recordman du nombre de victoires en une saison avec 15 succès, ainsi que du nombre total de point jamais inscrits dans une année avec 454 points. Max est le pilote de tous les records.
Pour 2023, Verstappen s'annonce comme le meilleur prétendant au titre, même si Red Bull déclare ne pas s'opposer à Pérez dans une éventuelle quête de celui-ci.
Lucas / Grégoire