Jusqu'à l'âge de quatorze ans, Adrian Sutil suit les traces de son père, musicien, grâce à ses talents de pianiste. A ce moment-là, il découvre le karting et décide de changer radicalement de voie et n'a dès l'ors qu'un objectif : arriver en formule 1.
Jusqu'en 2000 il accumule de l'expérience, et, cette année-là, il prend la troisième place du championnat allemand ICA. En 2001, il est champion d'Europe de karting avec l'équipe Birel. En 2002, il passe en formule Ford, où il va faire douze pole positions, gagner douze courses... en douze courses ! En 2003, il change à nouveau de compétition et pars prendre la sixième place du championnat Allemand de formule BMW avec tout de même deux pole positions et quatre podiums durant cette saison.
En 2004, il grimpe un échelon, puisqu'il parvient en F3 Euroseries, où il va rester discret. Mais l'année suivante, profitant de la supériorité en piste des voitures de son équipe ASM, Adrian et son équipier Lewis Hamilton vont dominer la saison. Et même si Hamilton a grandement dominé le jeune pilote Munichois, ce dernier finit vice-champion avec deux poles, mais aussi deux victoires et onze podiums.
En 2006, il court quelques courses en A1 GP durant l'hiver, mais décide de partir en F3 Japonaise, et il remporte le championnat. L'Allemagne ayant trouvé un nouveau prodige à l'instar de Sebastian Vettel, il est remarqué par l'équipe Midland, et cette année 2006 marque un tournant puisqu'il est engagé comme troisième pilote à trois reprises (Nurburgring, Magny-cours et Suzuka).
Soutenu par Spyker, Adrian aurait pu être pilote d'essai à plein temps dans la petite équipe néerlandaise, pour seconder Albers et Monteiro. Mais Tiago Monteiro n'est finalement pas prolongé pour 2007, et Spyker engage Adrian Sutil, malgré une équipe enthousiaste et un moteur Ferrari, la saison d'Adrian se présentait comme difficile : son équipier étant considéré comme une valeur montante, et pourtant...
Adrian, même s'il ne marque qu'un point, réussi à dominer son équipier sur la première partie de saison, en qualification, comme en course. Son équipier néerlandais sera même licencié peu après la course britannique, remplacé par Markus Winkelhock.
Il est tout naturellement reconduit pour la saison suivante chez Force India, ex-Spyker, grâce à ses performances convenables en 2007, et sera confronté pour cette nouvelle saison, à l'expérimenté Fisichella.
Il réalise des performances assez moyennes, liées notamment à la VJM01 qui n'est pas au niveau de ses concurrents. Il occupe assez souvent la dernière ligne, au côté de son équipier Giancarlo Fisichella. Sa saison est ponctuée par des abandons fréquents, onze sur dix-huit Grands Prix. Il réalise cependant un exploit pendant sa saison. Lors du Grand Prix de Monaco, Adrian part dix-huitième mais des conditions météorologiques difficiles et un peu de chance lui permettent de pointer aux avant-postes, à la quatrième place jusqu'au soixante-septième tour, où il se fait harponner par Kimi Räikkönen. Ainsi se finit le rêve d'Adrian, qui était aux portes du premier podium de sa courte carrière, et surtout qui était dans les points.
Cette occasion ne se représente pas pour le pilote allemand, qui finit sa saison avec un compteur vierge, et avec pour meilleur résultat une maigre treizième place. Il est néanmoins conservé pour l'année 2009, toujours aux côtés du vétéran Fisichella.
Cette nouvelle saison s'annonce bien mieux pour Adrian. Dès la course en Australie, il est aux portes de la Q2, finissant seizième à quelques centièmes de son équipier. Il finit à la porte des points, neuvième, après une course solide et après la disqualification d'Hamilton. Il confirme les performances de la VJM02 dès le Grand Prix de Chine, où il pointe à la sixième place avant d'avoir un accident, mettant un terme à ses espérances de points. S'en suit un petit passage à vide, mais son Grand Prix national le voit à la septième place sur la grille de départ. Il réalise un très bon début de course, et est deuxième avant son ravitaillement. Il retrouve cependant son grand ami finlandais Räikkönen à la sortie des stands, qui abime son aileron avant, écartant le pilote allemand des points. Il termine à une bonne onzième place en Belgique, mais il est éclipsé par son coéquipier Fisichella qui offre la première pole position et le premier podium à Force India. A Monza, il se qualifie en deuxième position, et réalise une course très solide, derrière Räikkönen durant tout le Grand Prix. Il finit quatrième, et marque cinq points bien mérités. Il signe au passage son premier meilleur tour en course, et le premier de son équipe. En fin de saison , malgré des bons résultats en qualification, il ne parvient pas à concrétiser en course. Il finit la saison à la dix-septième place du championnat du monde. Au vu de ses bonnes performances, il est convoité durant l'intersaison par des équipes de renommée comme Renault, mais il rempile finalement chez Force India pour la saison 2010, aux côtés de Vitantonio Liuzzi.
Force India a beaucoup progressé durant l'hiver et la nouvelle monoplace est capable de jouer régulièrement les points. Adrian va enfin faire preuve de régularité et obtenir un grand nombre de places d'honneurs puisqu'il parvient à terminer huit fois dans les dix premiers. Il réalise de beaux Grand Prix, comme en Malaisie où, quatrième sur la grille, il finit cinquième. Surtout il parvient à entrer six fois de suite dans les points entre le Grand Prix d'Espagne et de Grande-Bretagne. Solide et volontiers batailleur, il domine également sans problème Liuzzi. En fin de saison, la Force India commence à perdre de la compétitivité et il se met moins en valeur, même s'il termine de nouveau cinquième à Spa. Mais à part quelques bévues, comme en Corée où il accroche stupidement Kobayashi, cette saison 2010 apparaît en quelque sorte pour lui comme celle de la maturité. Il finit le championnat onzième avec quarante-sept points inscrits, soit deux fois plus que son coéquipier.
Comme à chaque inter-saison, son nom est régulièrement cité sur le marché des transferts. Cette fois, on le voit rejoindre Renault ou Mercedes pour 2011. Mais l'équipe Force India étant en pleine progression, il n'a aucune raison d'aller voir ailleurs. Il reste donc avec l'écurie indienne, où il est associé au jeune Britannique Paul di Resta.
Adrian marque deux points dès l'ouverture de la saison à Melbourne, suite à la disqualification des deux Sauber. Il termine onzième en Malaisie, juste derrière Paul Di Resta, puis rallie toujours l'arrivée hors des points jusqu'au Grand Prix de Monaco, où il obtient une belle septième place. Entre temps, Adrian est mis en examen à cause d'un incident à la soirée du Grand Prix de Chine, où il casse sa flûte à champagne sur le cou d'Eric Lux, ce qui lui vaudra plusieurs points de suture. L'allemand, toujours sous cette affaire, abandonne au Canada, suite à une course chaotique, mais termine neuvième à Valence. Il réalise une autre performance lors de son Grand Prix national, sixième, termine septième en Belgique, huitième sur le tracé nocturne de Singapour, et enchaîne d'autres bons résultats, la plupart du temps devant son équipier. Adrian clôt sa saison avec quarante-deux points, obtient la neuvième place au classement final, ce qui en fait sa meilleure saison.
Malheureusement, sans doute à cause de l'affaire Lux, le pilote allemand est remplacé par son compatriote Nico Hülkenberg, troisième pilote Force India. Sutil ne dispute pas la saison 2012, et espère retrouver un volant en 2013, peut-être même pour remplacer Hülkenberg, parti chez Sauber.
Après une année sur la touche, Adrian retrouve le volant de titulaire chez Force India en 2013. L'allemand était en concurrence avec Jules Bianchi pour obtenir le poste mais son expérience et la connaissance de la maison ont été préférées à la jeunesse du niçois. Sa saison démarre sur les chapeaux de roue en Australie, car il mène pour la première fois de sa carrière un Grand Prix, mais ne termine que septième. Il abandonne en Malaisie puis en Chine, percuté par Gutiérrez, termine deux fois treizième mais revient sur le devant de la scène avec une magnifique course à Monaco, récompensée par une cinquième place. Il est également septième en Angleterre mais n'atteindra plus jamais la Q3 et réalise une deuxième moitié de saison dans le ventre mou du peloton, avec deux neuvième places comme meilleur résultat... Sa saison est décevante et il termine quatorzième, dix-neuf points derrière Di Resta. Force India engage Pérez et Hülkenberg pour 2014 et Adrian doit se trouver une autre écurie.
Hülkenberg et Adrian s'échangent leurs baquets et il se retrouve donc chez Sauber en 2014, l'année du retour au V6 Turbo. Ses espoirs sont légitimes car la Sauber de 2013 fut très performante aux mains d'Hülkenberg. Mais la C33 est un désastre, et Adrian et Gutiérrez peinent à s'extirper de la Q1 et abandonnent régulièrement en course. Le pilote allemand échoue à la porte des points en Australie, et termine également onzième en Hongrie, ce qui sera son meilleur résultat de l'année. De plus, ses erreurs sont fréquentes, car seulement deux de ses huit abandons sont causés par un problème mécanique. A Suzuka, sous une pluie torrentielle, il sort de la piste et assiste tristement à l'accident de Jules Bianchi qui percuta la grue venue évacuer la Sauber un tour plus tôt. A Austin, il décroche sa première Q3 de l'année mais s'accroche avec Pérez dans les premiers tours. Ainsi s'achève la pitoyable année 2014. Avec zéro point au compteur, il est presque cocasse d'imaginer qu'il avait fait mieux avec Spyker en 2007...
Il dispose toutefois d'un contrat avec Sauber mais Nasr et Ericsson sont nommés pilotes pour 2015. Il est annoncé candidat chez Manor-Marussia mais il n'en est rien, et Sutil quitte la F1, marqué par l'accident de Bianchi. Il s'en va néanmoins avec un record : le plus grand nombre de courses disputées sans le moindre podium, 128.
Charles, Chuck, Tony, Paolo